ONF - Portraits

Jacobus-Willen (Co) Hoedeman quitte l'école très jeune et s'engage dans l'industrie de l'imprimerie où, à 15 ans, il est préposé à la retouche de photographies.

Pendant les dix années suivantes, il travaille successivement pour une petite maison de cinéma de Haarlem, Multifilm, puis à Hilversum, chez Cinecentrum où on l'affecte à la section des trucages et des effets spéciaux. Faute de travail, on l'emploie à toutes sortes d'autres t‚ches : à la caméra, au laboratoire, au son, selon les besoins. En cours du soir, il fait les Beaux-Arts à Amsterdam et s'inscrit à l'école de photographie de La Haye. On lui confie des travaux de plus en plus complexes : enchaînements de séquences, maquettes, commerciaux (conception, décors, montage et réalisation).

En 1965, il vient s'établir au Canada et entre à l'ONF comme assistant à la production. En 1967-68, il réalise La Dérive des continents/Continental Drift, destiné uniquement aux écoles. Puis, le nouveau studio d'animation de la Production francaise lui permet de faire, comme il le qualifie lui-même, son premier vrai film, Maboule/Oddballs, suivi bientôt de Matrioska et de Tchou-tchou.

En 1970, il fait un stage de quatre mois en Tchécoslovaquie où il apprend les techniques du cinéma de marionnettes. ¿ son retour, son esprit curieux et inventif l'amène à s'intéresser à certaines légendes eskimo qu'il décide d'animer en étroite collaboration avec des Inuit de Equalit et de Povungnituk. Il en sortira quatre films: L'Homme et le Géant: une légende eskimo, Le Hibou et le Lemming: une légende eskimo, Le Hibou et le Corbeau: une légende eskimo et Lumaaq: une légende eskimo.

En 1978, il recoit un OscarÆ pour son film Le Ch‚teau de sable/The Sand Castle, une oeuvre qui ne veillit pas et s'attire encore aujourd'hui la faveur des enfants. Ce film a remporté vingt-deux prix au total. Hoedeman crée des personnages qui semblent venus d'un autre monde, plus souples et moins ressemblants aux créatures que l'on rencontrent sur la terre.

Pour Charles et Francois (1988), Co Hoedeman est parti des techniques d'animation de marionnettes de Mascarade (1985) et y a ajouté de nouvelles dimensions : des dessins animés en mouvement, de l'animation par ordinateur et un décor impressionnant. Le premier film traite du vieillissement et de la mort, alors que le second aborde les hauts et les bas de la création.

En 1992, Hoedeman dirige un atelier à l'École primaire Lafontaine, à Montréal. Il en sortira un film fait par les enfants, Les Droits de l'enfant à Montréal, dans lequel des enfants de 4 à 12 ans y donnent à voir leur propre perception des droits de l'enfant. La même année, il se penche sur le problème de la drogue dans L'Ours renifleur/The Sniffing Bear sur une idée venue d'un groupe de détenus amérindiens et inuit de l'institution la Macaza. Co Hoedeman travaille ensuite à un film sur l'écologie, Le Jardin d'Écos/The Garden of Écos, lancé en 1997, une fable sur la facon dont les conflits peuvent contribuer à rompre l'équilibre naturel des écosystèmes.

En 1998, 1999 et 2001, Co Hoedeman réalise trois très jolis contes pour enfants avec, comme personnage principal, Ludovic, un ourson en peluche qui nous fait vivre la magie de l'enfance: Ludovic - Une poupée dans la neige, Ludovic - un crocodile dans mon jardin et Ludovic - Des vacances chez grand-papa.

Avec le Thé‚tre de Marianne/Marianne's Theatre, achevé en 2004, le cinéaste s'amuse à superposer les niveaux de la représentation. D'entrée de jeu, on se retrouve sur la scène d'un grand thé‚tre où l'on assiste à la levée de rideau d'un castelet, celui de Marianne. La marionnettiste fait sortir du chapeau de son personnage magicien trois saltimbanques animés de main de maître par Co Hoedeman. Les tours d'adresse qu'exécutent ces trois acrobates témoignent du niveau de perfection atteint par l'artiste. Mais au delà du concept et de la dextérité du réalisateur, ce film dégage quelque chose d'onirique, de pur et de profondément tendre. Encore une fois, Co Hoedeman aura réussi le pari d'émerveiller tout autant les enfants d'aujourd'hui que ceux d'hier qui subsistent en nous.