Passer au contenu de la page

La Commission canadienne du blé

la force des Prairies dans le monde

Qui sommes-nous

Historique

L'histoire de la Commission canadienne du blé (CCB) prend sa source dans l'expérience des agriculteurs de l'Ouest avant la Première Guerre mondiale. À l'époque, nombre d'entre eux se considéraient les otages des compagnies de chemins de fer, des compagnies de silos et de la Bourse des grains de Winnipeg pour tout ce qui avait trait à la livraison, à la pesée, au classement et à la tarification de leurs produits. Les producteurs souhaitaient obtenir plus de pouvoirs et de protections aussi au sein du réseau de ventes de leur grain. Ils en étaient arrivés à accorder une grande confiance au mouvement coopératif et à l'intervention du gouvernement pour répondre à leurs besoins propres et c'est dans ce sens qu'en 1905, ils établissaient la Grain Growers Grain Company tout en exerçant pression sur les gouvernements des Provinces pour que les compagnies de silos soient en leurs mains et sur le gouvernement fédéral jusqu'à ce qu'ila adopte la Loi sur le grain canadien 91-912, qui faisait de la Commission canadienne des grains l'agent autorisé en charge de la pesée et du classement du grain.

Lorsque survint la première Guerre mondiale, le gouvernement fédéral se vit contraint d'intervenir directement dans la vente de grain et c'est dans ce sens qu'il établit le BGS ou Conseil des commissaires du grain, qui fonctionna entre 1917 et 1919. Le marché du blé à Winnipeg était suspendu en 1917 et c'est ce BGS qui prit à son compte l'entier contrôle des opérations d'achat, de vente et de tarification du blé destiné à l'exportation.

À la fin de la guerre, le gouvernement fédéral remplaçait le BGS par la Commisison canadienne du blé pour la commercialisation de la récolte 1919. Le mandat de la CCB consistait à vendre le blé sur les marchés domestique et internationaux à des prix correspondant aux tarifs mondiaux. Ceci signifiait que la Commission ne pouvait déterminer le prix définitif du blé vendu ni la part qui revenait à chacun des producteurs avant qu'aient été compilées toutes les ventes de l'année.

Pour remédier à cette insécurité, la Commission mit en place un système de paiements en deux temps. Les producteurs toucheraient d'abord un paiement initial à la livraison de leur blé au silo et un paiement final en fin de campagne, une fois que les résultats de la campagne en 1919 seraient connus. Le paiement initial représentait un prix plancher garanti par le gouvernement fédéral, tout déficit devant être absorbé par le gouvernement fédéral.

La CCB de 1919-20, tout comme le BGS avant elle, passait pour une mesure extraordinaire tant pour le gouvernement fédéral que pour les représentants de la classe politique qui avaient appuyé sa constitution et par conséquent ne devait pas survivre en temps de paix. C'est pourquoi la CCB était abolie en 1920 après un an d'exercice. Toutefois, en un an, la formule avait suscité l'enthousiasme des agriculteurs ainsi que des organisations agricoles dans tout l'Ouest canadien. Ces organismes s'opposaient à l'abolition de la CCB en 1920 et elles se mirent immédiatement à presser le gouvernement pour qu'il la réinstitue. Face au refus du gouvernement, les agriculteurs réagirent en créant en 1923 un 'Wheat Pool' dans chaque province. Ces Pools mirent en place une agence de coordination des ventes de blé; le système de paiements était comparable à la formule initiée par la CCB en 1919-20.

Les Pools fonctionnèrent pendant quelques années, mais le gouvernement fédéral dut à nouveau intervenir dans le commerce du grain après l'effondrement des marchés et la crise de 1929. Les marchés du blé chutèrent à de tels niveaux que les Wheat Pools ne pouvaient espérer des marchés ce qu'ils avaient versé à titre de paiement initial en 1929 et l'un après l'autre risquaient la banqueroute. À partir de 1930, le gouvernement fédéral dut intervenir en apportant aux banques des Wheat Pools des garanties de leurs prêts aux Pools tout en garantissant le paiement initial des Pools aux producteurs. Dans ces circonstances, le gouvernement fédéral décidait de placer l'un des siens à la tête de l'Agence centrale de commercialisation. Au début des années 30, le gouvernement fédéral espérait encore que son intervention dans le commerce des grains serait de courte durée et qu'il serait prochainement capable de s'en extirper pour laisser les mains libres au secteur privé. Lorsqu'il s'avéra dès 1935 que sa présence dans ce secteur serait plus longue qu'initialement prévu, le fédéral décida d'entériner la situation en formalisant la Commission canadienne du blé, dont la loi était signée le 5 juillet 1935. Comme pour la CCB de 1919, toutes pertes encourues par la CCB seraient absorbées par le fédéral , tandis que tous profits seraient restitués et distribués aux producteurs ayant livré du blé à la CCB.

Au fil des années, le mandat de la CCB a considérablement varié. Au début, les livraisons à la CCB s'effectuaient au choix du producteur et la CCB ne vendait que du blé. Puis, durant la Deuxième Guerre mondiale, la CCB obtint mandat de commercialiser l'ensemble des grains du Canada, oléagineux et maïs de l'Ontario compris. En 1943, les ventes à terme étaient suspendues et les livraisons à la CCB devenaient obligatoires.

En 1949, le Parlement canadien modifiait la Loi sur la CCB pour élargir le mandat de la Commission à la vente d'orge et d'avoine, mais ajoutait une disposition exigeant le renouvellement du mandat de la CCB tous les 5 ans par le Parlement. En 1966, cette disposition était abolie et la Loi sur la Commission canadienne du blé devenait partie intégrante et permanente de la législation. En 1974, les ventes d'une province à l'autre de blé, d'orge et d'avoine destinées à l'alimentation fourragère n'étaient plus la prérogative exclusive de la CCB. En 1989, la Commission perdait son mandat relativement à l'avoine, la laissant uniquement responsable de la vente de blé et d'orge à l'exportation et sur le marché de la consommation domestique humaine.

Durant les années 40, les activités de la CCB marquaient la transition d'une agence à titre optionnel en monopole. Les conditions économiques créées par la guerre avaient conféré d'importants pouvoirs à la CCB durant une période particulièrement tumultueuse pour l'agriculture canadienne. La Deuxième Guerre mondiale modifiait considérablement le profil de la vente de grains du Canada. Les principaux marchés de la CCB à l'époque étaient les pays d'Europe occidentale. L'occupation allemande avait pratiquement éliminé la plupart de ces marchés, ce qui laissait le Royaume-Uni comme le seul débouché en Europe de l'Ouest pour les grains canadiens.

Dans le même temps, la CCB se voyait aspirée par la politique du gouvernement en matière de contrôle des prix en temps de guerre. Dès le 1er août 1942, la CCB était responsable des stocks de semences de lin du gouvernement, qu'elle devait administrer et dont elle devenait le seul acheteur. La CCB obtenait également mandat d'acheter le soja à un prix fixe au compte de la Commission des prix en temps de guerre. Début 1943, on connaissait encore à peine le colza, mais l'huile en dérivant était indispensable à l'effort de guerre. La CCB fut persuadée d'agir au contrôle du prix de cette matière première et d'en accepter les livraisons: la production augmenta rapidement au cours des 5 années suivantes.

La guerre contribua sensiblement à modifier la demande en grains du Canada et contribua à l'évolution des marchés au début des années 40. Les États-Unis, dès lors premier exportateur au monde, était alors en fait le plus important client du Canada en blé et en grains fourragers durant cette période. Au fur et à mesure qu'augmentait la demande en grain de Grande Bretagne et des États-Unis se précisait l'escalade des cours sur les marchés américains et canadiens. Le gouvernement canadien avait pris l'engagement de contrôler les prix durant les années de guerre: la hausse des cours du blé compliqua les choses du point de vue du contrôle des prix tant que du point de vue de son souci d'aider ses alliés européens. La CCB, toujours agence à mandat optionnel, ne pouvait s'approvisionner en blé durant cette période des prix dans la mesure où les producteurs préféraient négocier au comptant avec les marchands du secteur privé. L'engagement du Canada de livrer du blé à ses alliés était en danger. Il paraissait de plus en plus évident qu'une intervention était nécessaire si le Canada souhaitait assurer l'approvisionnement en blé durant ces années de guerre. En septembre 1943, le gouvernement canadien suspendit les marchés du blé à la Bourse de Winnipeg et fit de la Commission canadienne du blé le seul récepteur officiel et agent exclusif à la commercialisation du blé de l'Ouest canadien.

Au lendemain de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Canada signa avec la Grande Bretagne un accord sur cinq ans visant à assurer la stabilité des prix du blé et l'on considéra prudent de conserver la CCB comme instrument aux fins d'exécuter cet engagement. Les responsables d'organisations agricoles,et une large majorité des producteurs de grain des Prairies suppoirtaient la formule de la CCB comme agence de commercialisation; c'est ce que confirma au moins en partie un plébiscite au Manitoba en 1951 sur la commercialisation de l'avoine et de l'orge par la CCB, plébiscite auquel 31 000 des 35 000 producteurs (89%) votèrent 'Oui' à la continuation de l'autorité exclusive de la CCB aux ventes d'orge et d'avoine.

Pour s'acquitter des différents mandats qu'elle avait obtenu durant la guerre, le personnel employé à la CCB s'accrut rapidement. De 35 au début des hostilités le nombre d'employés à la CCB passa à plus de 700 en 1946. À la fin des années 1950, la CCB était devenue une organisation très différente de celle qui avait été conçue en 1935. Aujourd'hui, la CCB compte un peu moins de 500 employés et employées dans ses bureaux à Winnipeg, Vancouver, Tokyo et Pekin, dont 18 Conseillers aux entreprises agricoles (en anglais: 'FBR') répartis sur l'ensemble des Prairies.

Les années 1950 virent le retour des États-Unis comme exportateur majeur de grains sur les marchés mondiaux. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis avaient concentré leurs efforts à assurer l'approvisionnement de leur marché domestique. Après la guerre, il y eut des ruptures de stocks de grain dans les pays récemment libérés et les États-Unis se virent dans l'incapacité de répondr à la demande. Au début, le Canada réussit à combler les lacunes, mais entre 1946 et 1950, la sécheresse réduisit considérablement les tonnages tandis qu'une forte hausse de la demande dans le monde achevait d'amenuiser les stocks.

Pour répondre à la demande de ses clients, la CCB au début des années 1960 se mit à vendre directement, au lieu de passer par des agents. Dans le même temps, la Commission commençait à signer des contrats d'approvisionnement à long terme. Le premier de ces conrats à long terme portait sur 2.5 ans d'approvisionnement à la Chine, en 1961. Cet accord portait sur la livraison de 3 à 5 millions de tonnes de blé. Cet accord était suivi en 1963 par une entente encore plus ambitieuse sur 3 ans avec l'Union soviétique.

Si la CCB fut une agence gouvernementale durant l'essentiel de son histoire, sa régie a subi récemment d'importants changements. De 1935 à la fin de 1998, la CCB était contrôlée et dirigée par trois à cinq commissaires, désignés par le gouvernement fédéral qui collectivement assuraient les fonctions de président-directeur général. À cette direction était associé un Comité consultatif composé de producteurs de grain des Prairies, dont la responsabilité consistait à faire entendre la voix des agriculteurs à la direction de leur agence de commercialisation. Ce Comité consultatif était recruté par nominations jusqu'en 1975, date à laquelle il devint électif. Au cours de la même année avaient lieu les premières réunions de producteurs destinées à contrôler la responsabilité de la CCB et assurer un lien direct entre la direction de la CCB et la base – les producteurs de grain des Prairies.

En 1998, en réponse à la pression exercée par les producteurs pour que la CCB se montre plus responsable vis-à-vis des producteurs, l'un des changements majeurs de son histoire vit le jour. Le 31 décembre 1998, un conseil d'administrtaion de 15 membres assumait l'entière régie de la CCB; un président-directeur général était désigné. Dix des quinze administrateurs sont élus par les producteurs de grain des Prairies et cinq, dont le président-directeur général sont toujours désignés par le gouvernement fédéral. Dans le cadre de cette nouvelle structure dite ' à régie partagée', la CCB a pu prendre ses distances d'avec le gouvernement fédéral et oeut ainsi se montrer plus responsable directement vis-à-vis des producteurs qu'elle a mandat de servir.

La CCB a inauguré le XXIème siècle forte de ses accomplissements en termes de commercialisation de l'orge et du blé des producteurs des Prairies.