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Évaluation formative de l'Initiative de l'industrie de la langue

Direction générale de la vérification et de l'évaluation
Industrie Canada

Mai 2006

Sommaire

Contexte

L'Initiative de l'industrie de la langue (IIL) a été créée en 2003 sous le Plan d'action pour les langues officielles annoncé la même année, lequel est doté d'un cadre d'imputabilité et de trois axes de développement (l'éducation, les communautés et la fonction publique). L'industrie de la langue comprend trois principaux secteurs : la traduction, la formation linguistique et les technologies langagières.

À son lancement, la justification de l'IIL reposait sur le principe que la capacité de l'industrie de la langue à répondre à l'accroissement futur de la demande provoqué par le Plan d'action serait grandement mise en péril par les quatre problèmes ou défis suivants : fragmentation de l'industrie, manque de visibilité, pénurie de ressources humaines et manque de recherche et développement (R-D) et de compétences en technologies langagières. Ces problèmes/défis avaient été identifiés avant le lancement de l'IIL par le secteur privé à l'occasion des consultations sur l'industrie de la langue menés dans le cadre de la Stratégie d'innovation.

Sous le Plan d'action, Industrie Canada a reçu un montant total de 10 millions de dollars pour la mise en oeuvre de la composante de l'IIL qui vise les activités de réseautage et de coordination ainsi que le marketing et le développement d'images de marque sur une période de cinq ans (2003-2008). Ces deux volets incluent un Secrétariat responsable de la coordination et de la tenue d'activité axées sur le développement de l'industrie (études, missions commerciales, etc.), du programme de l'Industrie de la langue (PIL) et d'un paiement de transfert destiné au fonctionnement de l'Association de l'industrie de la langue (AILIA). L'IIL inclut un montant additionnel de 10 millions de dollars pour améliorer la R-D et les compétences dans le secteur des technologies langagières. Cette composante de l'Initiative est administrée par le Conseil national de recherche du Canada (CNRC) et ne fait cependant pas partie de la présente évaluation.

Éléments à évaluer et méthode

Industrie Canada a demandé une évaluation formative de l'IIL. L'évaluation a porté sur des éléments concernant la pertinence, la conception et l'exécution, les progrès et les résultats et la rentabilité (analyse sommaire) de l'Initiative. Les éléments à évaluer et les questions à examiner pour chacun (dix-huit questions au total) ont été préalablement identifiés dans le Cadre de gestion et de responsabilisation axé sur les résultats (CGRR) et précisés par le personnel de l'Initiative pour les fins de la présente évaluation.

La méthode utilisée pour cette évaluation formative comprenait les éléments suivants :

  • un examen des documents et des renseignements disponibles sur l'Initiative;
  • des entrevues avec dix-sept répondants-clés;
  • un sondage auprès d'une sélection de bénéficiaires du PIL et d'entreprises s'étant retirées ou dont la demande a été refusée (trente-huit répondants au total);
  • une analyse intégrée de l'information provenant des trois éléments précédents.

L'évaluation a couvert les trois secteurs de l'industrie de la langue, c'est-à-dire la traduction, la formation linguistique et les technologies langagières. Bien que l'élément Innovation technologique de l'IIL, lequel inclut le rôle et fonctionnement du Centre de recherche en technologies langagières (CRTL), soit sous la responsabilité du CNRC et ne fasse pas directement partie de cette évaluation, les liens de complémentarité et la coordination entre le CNRC/élément Innovation technologique d'une part et l'IIL/élément Mise en valeur du potentiel de l'industrie de la langue d'autre part ont été inclus dans l'étude.

Conclusions et recommandations

L'énoncé détaillé des principales conclusions de l'évaluation et recommandations sont présentées à la section suivante. Afin de simplifier les actions à entreprendre par l'IIL dans le but de répondre aux recommandations, ces dernières sont classées en trois catégories :

  • critique au succès de l'Initiative (critique);
  • fortement suggérée pour améliorer la gestion de l'Initiative (fortement suggérée); et,
  • suggérée pour répondre à des faiblesses mineures observées (mineure).

Pertinence

En général, les répondants estiment que l'Initiative est pertinente et que l'investissement du gouvernement fédéral doit continuer. Cependant, l'équipe d'examen constate que la définition du lien entre l'IIL et le Plan d'action pour les langues officielles a besoin d'être redéfini. Au départ, la pertinence de l'IIL en tant qu'élément du Plan reposait en partie sur l'anticipation d'une hausse de la demande nationale pour les produits et services linguistiques dans les quatre secteurs de l'industrie. Or l'évaluation a démontré que l'incidence du Plan d'action pour cette demande n'est pas appuyée par des données formelles. L'équipe d'examen remarque également que l'Initiative met davantage l'emphase sur la notion de multilinguisme que sur celle du bilinguisme, élément central du Plan d'action qui inclut le développement des communautés de langue officielle minoritaire. En conséquence, la pertinence de l'IIL dans le contexte du Plan d'action pourrait en être affectée.

Recommandation : Que l'IIL éclaircisse les éléments liés à son positionnement par rapport au Plan d'action pour les langues officielles, plus spécialement sur le plan de la demande de biens et services linguistiques et du support aux communautés de langue officielle minoritaire et, au besoin, redéfinisse ce positionnement. (Critique)

La pertinence de l'IIL repose également sur sa capacité à surmonter les quatre défis caractérisant l'industrie de la langue (fragmentation, pénurie des ressources humaines, visibilité et R-D). L'évaluation a permis d'observer que si la plupart des répondants s'entendent sur l'existence de ces défis, on perçoit peu les nuances quant à leur nature, impact et applicabilité aux divers secteurs. Cette lacune pourrait s'expliquer en partie par un nombre insuffisant d'études entreprises par l'IIL destinées à approfondir le contexte de ces quatre défis.

Recommandation : Que l'IIL enrichisse et supporte davantage l'information concernant les quatre défis de l'industrie de la langue quant à leurs définitions, particularités par secteur et impacts et qu'elle communique cette information aux intervenants-clés de l'industrie. (Critique)

Conception et exécution de l'IIL

Bien que la conception et l'exécution de l'IIL soient satisfaisantes dans l'ensemble, des améliorations à la fois mineures et majeures sont toutefois requises.

Secrétariat :

L'équipe d'examen a noté que contrairement à ses composantes, l'IIL est peu visible auprès des répondants-clés comme entité à part entière. Ce fait a tendance à diminuer la compréhension de la cohésion d'ensemble des activités de l'IIL et du positionnement stratégique l'IIL.

Recommandation : Que l'IIL augmente sa visibilité auprès des intervenants-clés de l'industrie de la langue en communiquant de façon efficace : son mandat, ses objectifs, son positionnement stratégique, ses activités et ses résultats anticipés afin d'augmenter la compréhension de la cohésion d'ensemble de ses activités et de son positionnement stratégique. (Fortement suggérée)

En ce qui regarde l'ensemble des activités du secrétariat, l'évaluation démontre que l'équipe a été à l'origine de nombreuses études, activités et outils visant à faire avancer la compréhension de la problématique de l'industrie canadienne de la langue, à augmenter sa visibilité et à mieux la positionner à l'étranger (foires et missions). La seule lacune à cet effet est que les efforts accordés au développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire, plus spécialement au sort des entreprises de l'industrie de la langue issues de ces communautés, sont peu documentés.

Recommandation : Que l'IIL documente plus clairement la place qu'il accorde au développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire, plus spécialement au sort des entreprises de l'industrie de la langue issues de ces communautés. (Fortement suggérée)

Malgré le bien-fondé des missions commerciales et participations aux foires commerciales, on dénote qu'une orientation stratégique visant à illustrer l'ensemble des activités internationales passées et futures n'est pas clairement documentée.

Recommandation : Que l'IIL envisage de mieux documenter la stratégie relative au développement des marchés étrangers pour l'industrie canadienne de la langue (priorités commerciales gouvernementales, etc.), ainsi que l'information de base (historique, indicateurs, etc.) pour chaque marché ciblé. (Fortement suggérée)

Enfin, tout indique que le secrétariat devrait augmenter la surveillance concernant l'utilisation des contributions financières versées aux bénéficiaires du PIL de façon efficace sans trop alourdir le processus et circonstancier davantage ses rapports annuels.

Recommandation : Que l'IIL identifie un moyen efficace pour effectuer une meilleure surveillance de l'utilisation des contributions financières versées aux bénéficiaires du PIL. (Mineure)

Recommandation : Que l'IIL augmente le niveau de détail de ses rapports annuels de façon à rendre plus explicite les résultats, défis, priorités stratégiques, et autres. (Fortement suggérée)

AILIA :

Depuis son démarrage, l'Association a mis beaucoup d'emphase sur des activités visant à promouvoir le concept d'une industrie regroupant trois secteurs, ainsi que sur l'accroissement du nombre de ses membres. Elle est aussi bien engagée dans des activités destinées à faire avancer les questionnements relatifs aux ressources humaines. Toutefois, il semble que le positionnement de l'AILIA et ses retombées potentielles ne soient pas assez clairs ou pas assez expliqués aux intervenants-clés de l'industrie et aux organisations convoitées. De plus, l'équipe d'examen se questionne sur l'adéquation des ressources de l'AILIA. Selon le personnel de l'Association, le nombre de ressources est insuffisant pour répondre aux objectifs qu'elle s'est fixés. Finalement, il apparaît que l'AILIA ne sera pas en mesure d'atteindre l'autofinancement au terme de son entente avec Industrie Canada.

Recommandation : Que l'IIL intervienne auprès de l'AILIA pour que celle-ci définisse plus clairement son positionnement et les retombées qu'elle procure à ses membres et le communique de façon appropriée. (Fortement suggérée)

Comité directeur :

Le comité directeur de l'IIL ne répond pas encore aux attentes préalablement établies, à savoir : orienter et surveiller de façon pro-active les activités. L'équipe d'examen, à l'instar de personnes-clés de l'Initiative, croit qu'une meilleure représentation du secteur privé et d'experts de l'industrie de la langue au sein même du comité directeur en rehausserait le mandat. Cependant, un tel changement ne pourrait se faire que de façon graduelle.

Recommandation : Que l'IIL augmente graduellement la représentation du secteur privé et d'experts de l'industrie de la langue au sein de son comité directeur et s'assure par la suite que ce dernier répond aux attentes préalablement établies. (Mineure)

PIL :

Les entrevues avec les répondant-clés, le sondage auprès d'un échantillon de participants au PIL et la revue du résultat des consultations tenues par l'IIL à l'été 2005 indiquent clairement à l'équipe d'examen que le programme nécessite certaines modifications. Le constat le plus important est sans contredit le taux de participation nettement plus élevé des entreprises du secteur de la formation linguistique. Pour des raisons qui ne sont pas toutes connues, les critères d'admissibilité, les activités admissibles et l'incitatif financier (50 % des dépenses admissibles et montant maximum de 10 000 $) conviennent beaucoup mieux à ce secteur qu'à ceux de la traduction et des technologies langagières. Plusieurs mesures correctives ont été suggérées par les personnes consultées dans le but d'améliorer le programme. Ajoutons que le sondage auprès d'un échantillon de bénéficiaires a cependant révélé un haut taux de satisfaction.

Recommandation : Que l'IIL prenne les mesures nécessaires afin d'améliorer le PIL selon les suggestions émises lors des deux récents processus de consultation, incluant l'atteinte d'un meilleur équilibre entre les secteurs des taux de participation des entreprises. (Critique)

Coopération interministérielle et partenariats :

En général, les répondants-clés ont dit apprécier l'efficacité de la coopération interministérielle et des partenariats. On souhaite cependant un partenariat accru au sein du secteur de la formation linguistique, ainsi qu'avec le Bureau de la traduction et le Centre Asticou afin de réduire la fragmentation de l'industrie et faciliter l'essai de nouvelles technologies. À cet effet, l'équipe d'examen souligne que les réalisations et les objectifs quant aux partenariats souhaités ne sont pas clairement communiqués par l'IIL.

Recommandation : Que l'IIL, de concert avec des intervenants-clés de l'industrie, identifie et définisse les partenariats jugés importants pour le développement de l'industrie de la langue. (Mineure)

Facteurs importants liés à l'atteinte des résultats :

Trois facteurs qui ont eu ou qui pourraient avoir un impact important pour l'atteinte des résultats de l'IIL ont été identifiés. Tout d'abord, le retard considérable du lancement du portail pour l'industrie de la langue a sans doute amoindri la visibilité du concept d'une industrie unique et du rôle de l'IIL dans cette industrie. Ce lancement doit se tenir prochainement. D'autre part, l'échec récent de la tentative d'harmonisation des normes et des spécifications nationales dans le secteur de la formation linguistique devrait être interprété comme une réticence de ce secteur à répondre aux défis qui caractérisent l'industrie de la langue ainsi qu'à reconnaître le rôle de l'IIL à cet égard. Enfin, le financement précaire du CRTL et son incapacité à influencer les décisions au sein du Centre de recherche de l'Initiative constituent une menace importante pour les résultats à moyen et long termes de l'IIL. La situation pourrait en effet compromettre la cohérence entre les recherches effectuées et les besoins réels de l'industrie.

Recommandation : Que l'IIL travaille avec ses partenaires, le CNRC et le Bureau de la traduction, afin de trouver une solution à long terme par rapport aux difficultés éprouvées par le CRTL. (Critique)

Progrès et résultats attribuables à l'IIL

Le Cadre de gestion et de responsabilisation axé sur les résultats (CGRR) de l'IIL présente les résultats immédiats, intermédiaires et finaux envers lesquels cette dernière s'était engagée. L'évaluation a démontré qu'il existe en général un retard dans l'atteinte de ces résultats. L'étude des résultats immédiats a amené l'équipe d'examen à constater que certains de ceux-ci n'ont pas été mesurés ou que l'outil de mesure n'existe pas ou n'est pas approprié. Dans le cas des résultats intermédiaires, la plupart ne sont pas atteints. Cette situation s'explique par le manque de temps consacré à cette activité par le personnel de l'IIL, par le lent départ de certaines activités et par les attentes trop ambitieuses pour l'arrivée de certains résultats. L'équipe d'examen reconnaît toutefois qu'il est courant d'en arriver à de telles constatations pour des programmes d'âge récent tel que l'IIL, puisque la gestion du rendement est rarement une priorité lors des premières années d'activité.

Recommandation : Que l'IIL mette à jour son CGRR afin d'actualiser les résultats et les indicateurs de rendement et s'assure d'avoir un système de gestion du rendement fonctionnant de façon appropriée. (Critique)

D'autres points à améliorer ont été constatés par l'équipe d'examen quant à la gestion du rendement. En tenant compte de son objectif initial, notons que l'AILIA accuse un retard dans l'accroissement du nombre de ses membres. Dans le cas du PIL, il semble difficile d'obtenir de l'information de la part des bénéficiaires sur l'impact de la contribution financière. Il existe également peu d'information permettant d'évaluer le taux d'accroissement de l'accès aux marchés nationaux et internationaux et leur développement. La même situation prévaut pour le niveau de connaissance du PIL par les représentants des communautés de langue officielle minoritaire.

Recommandation : Que l'IIL, dans sa mise à jour du système de gestion de rendement, établisse des indicateurs de rendement permettant de mesurer le taux d'accroissement de l'accès aux marchés nationaux et internationaux; ainsi que le niveau de connaissance du PIL par les représentants des communautés de langue officielle minoritaire. (Fortement suggérée)

Rentabilité de l'IIL

L'équipe d'examen estime qu'il est présentement trop tôt pour évaluer la rentabilité de l'IIL de façon précise. Bien que l'ensemble des constatations ne remet pas en cause la rentabilité à long terme de l'Initiative, certains éléments ont retenu l'attention. Il semble que l'autonomie financière de l'AILIA tel qu'anticipée pour la fin du 1er cycle de l'IIL devra être reconsidérée. La mesure du niveau de rentabilité du PIL, des missions organisées par le secrétariat et des diverses études et activités réalisées ou financées par l'IIL est largement tributaire des résultats atteints pour chacun. Or il a été discuté précédemment que le système de gestion du rendement requiert des correctifs.


Rapport final (PDF - 309 Ko - 46 pages)

Réponse de la direction (PDF - 61 Ko - 6 pages)

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