Concurrence et culture sur
l'autoroute canadienne de
l'information :
Gestion des réalités de transition
Le 19 mai 1995
© Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
No de catalogue BC92-53/1995
ISBN 0-662-61811-4
Bureaux du CRTC
Adresse postale :
Ottawa (Ontario) K1A 0N2
Adresse sur Internet :
http://www.crtc.gc.ca
Emplacement des bureaux :
Immeuble central
Les Terrasses de la Chaudière
1, promenade du Portage
Hull (Québec) J8X 4B1
Tél. : (819) 997-0313
ATS : (819) 994-0423
Fax : (819) 994-0218
Place Montréal Trust
1800, avenue McGill College, porte 1920
Montréal (Québec) H3A 3J6
Tél. : (514) 283-6607
ATS : (514) 283-8316
Fax : (514) 283-3689
275, avenue Portage, porte 1810
Winnipeg (Manitoba) R3B 2B3
Tél. : (204) 983-6306
ATS : (204) 983-8274
Fax : (204) 983-6317
Immeuble Banque de Commerce
1809, rue Barrington, porte 1007
Halifax (Nouvelle-Écosse) B3J 3K8
Tél. : (902) 426-7997
ATS : (902) 426-6997
Fax : (902) 426-2721
Centre Standard Life
121, rue King Ouest, porte 820
Toronto (Ontario) M5H 3T9
Tél. : (416) 954-6273
ATS : (416) 954-8420
Fax : (416) 954-6343
800, rue Burrard, C.P. 1300, Porte 1380
Vancouver (Colombie-Britannique) V6Z 2G7
Tél. : (604) 666-2111
ATS : (604) 666-0778
Fax : (604) 666-8322
Lettre
L'honorable Michel Dupuy
Ministre du Patrimoine canadien
15, rue Eddy
Édifice Jules Léger
Les Terrasses de la Chaudière
Hull (Québec)
K1A 0M3
- et -
L'honorable John Manley
Ministre de l'Industrie
235, rue Queen
11e étage, est
Ottawa (Ontario)
K1A 0H5
Messieurs les Ministres,
J'ai l'honneur de vous présenter, conformément au
décret C.P. 1994-189, le rapport du Conseil de la radiodiffusion
et des télécommunications canadiennes, rapport intitulé
«Concurrence et culture sur l'autoroute canadienne de l'information
: Gestion des réalités de transition».
Le président,
Keith Spicer
Mandat
Mandat du Parlement confié au CRTC
A. La Loi sur la radiodiffusion, 1991
«...le système canadien de radiodiffusion devrait
favoriser l'épanouissement de l'expression canadienne en
proposant une très large programmation qui traduise des
attitudes, des opinions, des idées, des valeurs et une
créativité artistique canadiennes, qui mette en
valeur des divertissements faisant appel à des artistes
canadiens et qui fournisse de l'information et de l'analyse concernant
le Canada et l'étranger considérés d'un point
de vue canadien...la programmation offerte par les entreprises
de radiodiffusion devrait être de haute qualité...»
Sous-alinéas 3.(1)d)(ii) et g)
«La réglementation et la surveillance du système
[canadien de radiodiffusion] devraient être souples et...
pouvoir aisément s'adapter aux progrès scientifiques
et techniques;... [et] permettre la mise au point de techniques
d'information et leur application ainsi que la fourniture aux
Canadiens des services qui en découlent...»
Paragraphe 5.(2)
B. La Loi sur les télécommunications, 1993
«...la politique canadienne de télécommunication
vise à... favoriser le développement ordonné
des télécommunications partout au Canada en un système
qui contribue à sauvegarder, enrichir et renforcer la structure
sociale et économique du Canada et de ses régions...
[et] favoriser le libre jeu du marché en ce qui concerne
la fourniture de services de télécommunication et
assurer l'efficacité de la réglementation, dans
le cas où celle-ci est nécessaire...»
Alinéas 7.a) et f)
Table des Matières
Introduction
Chapitre 1 : La culture et la concurrence -- Consolider les acquis
Chapitre 2 : La concurrence et les installations
1. Accès aux réseaux de distribution
a) Réseau téléphonique local
b) Transférabilité des numéros
c) Restructuration des tarifs
d) Accès aux réseaux de câblodistribution
e) Interfonctionnalité et interconnexion
2. Garanties concurrentielles
a) Compagnies de téléphone
b) Séparation structurelle dans le secteur de la programmation
c) Séparation structurelle dans le secteur de la distribution
3. Transition vers la concurrence durable
4. Questions de propriété
a) Propriété étrangère
b) Loi sur Bell Canada
c) Sociétés d'État provinciales
Chapitre 3 : Le contenu : confirmation des valeurs canadiennes
1. Questions de définitions
2. Ordonnances d'exemption
3. Outils et instruments
4. Nouvelles entreprises de programmation
a) Nouveaux services inscrits à l'horaire
b) Services de véritable vidéo sur demande (VSD)
c) Démarche d'attribution de licences d'exploitation de
nouvelles entreprises de programmation dans un milieu concurrentiel
d) Préoccupations d'ordre social
5. Nouvelles entreprises de distribution
a) Questions de distribution
b) Appui pour les services canadiens en place
c) Contributions aux émissions canadiennes
Chapitre 4 : Les lieux publics dans un monde numérique
1. Universalité
2. Éducation
3. Accès communautaire
Chapitre 5 : Autres questions
1. Protection de la vie privée
2. Droits d'auteur
Annexe I - Glossaire
Annexe II - Décret en Conseil
Introduction
Le présent rapport est soumis au gouvernement du Canada
suite à une demande que Son Excellence le gouverneur général
en conseil a adressée au CRTC (décret C.P. 1994-1689
du 11 octobre 1994) de réunir de l'information, de demander
des avis, de fournir une analyse critique et de présenter
un rapport au gouvernement sur un certain nombre de questions,
dans la mesure où elles visent le champ de compétence
du Conseil, ayant trait à l'élaboration de politiques
sur le contenu et la concurrence pour les nouvelles technologies
et les nouveaux services de communications qui composeront l'«autoroute
de l'information». Le gouvernement veut que ce rapport soit
le complément des travaux en cours de son Conseil consultatif
sur l'autoroute de l'information et l'aide à établir
son cadre de politique en matière de télécommunications
et de radiodiffusion.
En réponse à la demande du gouvernement, le Conseil
a amorcé un vaste exercice de consultation publique. Tel
qu'établi dans l'avis public CRTC 1994-130 du 20 octobre
1994, le Conseil a tenu un processus de présentation d'observations
par écrit en deux étapes. Les parties intéressées
ont ainsi eu l'occasion de formuler des observations par écrit
sur les mémoires déposés au cours de la première
étape. Au total, le Conseil a reçu 1 085 mémoires.
Ce volet de l'exercice de consultation publique s'est achevé
le 13 février 1995.
Du 6 au 31 mars 1995, le Conseil a tenu, dans la région
de la Capitale nationale, une audience publique avec comparution
au cours de laquelle les parties intéressées ont
été invitées à élaborer sur
leurs observations écrites. Au total, 78 parties ont participé
au volet comparution de cette audience publique.
«Le mot convergence a souvent été considéré
comme un «mot à proscrire» ayant toujours eu
des connotations monopolistiques. Même si la convergence
est une question qui revient constamment dans les débats
de l'industrie des télécommunications, elle doit
être considérée comme positive, comme une
chance d'offrir de nouveaux services et débouchés
commerciaux à la population canadienne.»
Dave Fittler, étudiant
Les trois grands secteurs d'intérêt public que le
gouvernement a cernés dans le décret sont la concurrence,
les installations et le contenu. Au chapitre de la politique sur
la concurrence, on s'entend généralement sur le
principe directeur voulant qu'une concurrence «juste»
et «durable» soit dans l'intérêt des consommateurs.
Par exemple, il est manifeste que les consommateurs désirent
des modes de distribution de rechange plus compétitifs.
Toutefois, tel que constaté dans le décret, l'implantation
de telles solutions de rechange devrait être assujettie
à des garanties pour s'assurer que la concurrence est juste
et efficace et n'entraîne pas l'élimination de segments
de l'industrie.
Sur un plan plus général, on s'inquiète de
ce qu'un modèle concurrentiel pour la fourniture d'installations,
de produits et de services puisse compromettre d'importants avantages
publics et objectifs de politiques enchâssés dans
les cadres de réglementation actuels des télécommunications
et de la radiodiffusion. Ces inquiétudes ont soulevé
des questions au sujet de la capacité d'un modèle
purement concurrentiel de faire en sorte que les particuliers
jouissent de l'accès universel à coût abordable
tant aux services de communications essentiels qu'aux nouveaux
services de pointe liés à l'autoroute de l'information.
Dans le cas des régions rurales et isolées, un thème
qui revient est la nécessité de modèles de
rechange à la concurrence, notamment l'attribution d'une
licence à un seul fournisseur de service, la propriété
partagée ou l'utilisation conjointe d'installations par
les fournisseurs, ou d'autres mesures qui viendraient favoriser
l'expansion et la viabilité des communications dans ces
régions.
Pour ce qui est de la concurrence entre les fournisseurs d'installations
de distribution, on est généralement d'accord avec
la vision du gouvernement d'un réseau de réseaux
interconnecté et interfonctionnel. Toutefois, des divergences
ressortent au sujet des modalités d'interconnexion ainsi
que de la mesure dans laquelle on pourrait adopter des normes
ou s'y plier dans un milieu concurrentiel et dans le cadre de
technologies uniques.
«Dans la nouvelle économie axée sur les
connaissances, notre isolement géographique ne doit pas
ajouter à nos frais de marketing et de distribution. En
notre qualité d'exportateurs de ressources d'information,
nous pouvons livrer concurrence au reste du monde sur un pied
d'égalité. Comme ces nouvelles industries en sont
encore à leurs premiers balbutiements, c'est le moment
idéal pour nous d'élaborer notre propre expertise
et de percer dans le domaine.»
Ministère de l'Éducation, de la Culture et de l'Emploi,
Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest
Quant au contenu, presque toutes les parties sont convenues qu'il
faudrait obliger les entreprises de distribution et de programmation
de radiodiffusion concurrentes à appuyer la création
et la distribution de services canadiens. La plupart des parties
ont avancé que toutes les entreprises de distribution devraient
affecter des fonds au développement et à la production
de services canadiens, tandis que les entreprises de programmation
devraient continuer à acquérir des émissions
canadiennes et à investir dans ce genre d'émissions.
De nombreuses parties favorisent l'appui de nouveaux services
multimédias de pointe. Sur le plan de la distribution,
les parties préconisent que toutes les entreprises de distribution
soient tenues de distribuer certains services canadiens clés,
d'offrir l'accès à tous les services de programmation
canadiens et de se conformer à des politiques d'assemblage
visant à garantir une forte présence culturelle
canadienne.
Certains ont avancé que la définition de radiodiffusion
devrait être rétrécie de manière à
exclure certains services multimédias et autres. Toutefois,
les parties sont pour la plupart d'avis que la définition
de radiodiffusion doit rester générale pour faire
en sorte que les nouveaux services multimédias et autres
qui sont considérés comme de la programmation et
qui peuvent contribuer aux objectifs de la Loi sur la radiodiffusion
puissent effectivement jouer ce rôle. Elles sont toutefois
conscientes qu'il pourrait se révéler difficile,
voire impossible, de s'attendre à ce que certains nouveaux
services à contenu contribuent à ces objectifs et
qu'il serait ainsi raisonnable que le Conseil exempte les exploitants
de ces services de l'obligation de détenir une licence.
L'accès des fournisseurs de contenu aux systèmes
de distribution concurrents et l'achat de droits d'exclusivité
sont deux questions qui soulèvent aussi des préoccupations
et sur lesquelles il faut se pencher pour garantir une concurrence
juste et durable, en particulier dans le cas où des fournisseurs
de réseaux de distribution possèdent ou contrôlent
des services à contenu. La capacité des distributeurs
d'assurer la sécurité de l'information acheminée
sur leurs réseaux et de protéger la vie privée
des usagers reste une question importante.
«Ce projet de société se doit d'être
à l'image des possibilités canadiennes. Ce n'est
que par la reconnaissance des particularismes régionaux
et de la diversité culturelle que parviendra à s'épanouir
l'unité et la vitalité canadienne, car la culture
c'est ce qui donne à cette civilisation son caractère
et sa valeur.»
Bernard Benoist et Ann Gauthier
Les francophones sont préoccupés par la capacité
de l'autoroute de l'information de refléter l'identité
culturelle des consommateurs de langue française. Ils ont
proposé diverses mesures correctives et garanties, notamment
des moyens d'assurer l'accès à des blocs ou volets
de services de langue française seulement, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur du Québec,
ainsi que la création de services de programmation de langue
française supplémentaires et l'élaboration
d'outils de navigation de langue française pour aider les
usagers à accéder à l'information électronique.
On a aussi proposé la création d'un réseau
d'information qui permettrait la communication entre usagers francophones,
non seulement au Canada mais partout dans le monde.
Les groupes autochtones et les représentants du Nord du
Canada ont souligné qu'à leur avis, il faut sans
tarder inclure leurs régions dans l'élaboration
de l'autoroute de l'information. À cause du coût
élevé des déplacements, de l'isolement et
de l'absence de services sociaux, il faut mettre à niveau
l'infrastructure de communications en temps opportun, si l'on
veut que les autochtones et les autres qui résident dans
le Nord et les régions isolées puissent profiter
sur le plan socio-économique des nouveaux services de communications.
Les parties ont aussi fortement insisté sur le fait que
des mesures de soutien s'imposent pour la fourniture de services
de communications essentiels sur de grandes distances, en particulier
dans les secteurs de la santé et de l'éducation.
Des groupes représentant les personnes handicapées
ont fait valoir que les constructeurs de l'autoroute de l'information
devraient faire en sorte que la technologie appropriée
soit en place pour en permettre l'accès à tous les
Canadiens.
Le Conseil tient à remercier tous ceux qui ont participé
à cette importante instance publique, notamment : les abonnés
du câble et du téléphone; les groupes de consommateurs
et d'intérêt public; les gouvernements; les associations
de l'industrie; les compagnies de téléphone; les
titulaires de licences de distribution et de programmation de
radiodiffusion; les autres producteurs et distributeurs de services
à contenu; et les parties actives dans les technologies
de distribution de rechange. Leurs observations par écrit
et de vive voix ont grandement aidé le Conseil dans la
rédaction du présent rapport au gouvernement.
Le Conseil tient également à remercier ses employés
dont le talent extraordinaire n'a d'égal que la discipline.
Puisés dans tous les secteurs de son organisation -- notamment
Radiodiffusion, Télécommunications et Contentieux
--, ils ont «convergé» sous la main de fer gantée
de velours de Diane Rhéaume, directrice générale,
Analyse de la radiodiffusion. Ils ont travaillé le soir
et la fin de semaine, composant avec des échéances
impossibles, pour nourrir et stimuler les conseillers d'analyses
éclairées et de conseils judicieux. Nous leur exprimons
à tous notre plus vive gratitude.
Chapitre 1 : La culture et la concurrence -- Consolider les
acquis
L'autoroute de l'information, c'est plus que le câble et
le fil de cuivre; c'est une métaphore traduisant la promesse
et l'incertitude qui entoure l'émergence d'un réseau
mondial de communications dont les moteurs sont l'innovation,
la concurrence et la technologie. L'autoroute relie l'acquis en
communications aux aspirations pour l'avenir, cimente l'économie
et la culture de façons qui canalisent les énergies
créatrices des Canadiens et ouvre des carrefours au commerce
international de biens et services d'information. Tout au cours
de l'histoire du Canada, les décideurs ont eu conscience
de l'importance des communications pour la souveraineté
économique et culturelle et se sont évertués
à construire des routes reliant toutes les régions
du pays. Leurs efforts visaient à bâtir un pays nord-américain
doté de valeurs distinctives. L'accroissement de la concurrence
dans les télécommunications et la radiodiffusion
peut se faire d'une manière qui sous-tende l'audacieuse
vision du pays sur laquelle nos réseaux de communications
reposent. Le message qui se dégage nettement des centaines
de Canadiens qui ont participé à cette instance,
c'est qu'ils veulent des fenêtres sur leurs propres collectivités,
ainsi que sur le monde.
«Un raisonnement qu'il faut rejeter, c'est la position
fataliste selon laquelle la mondialisation rend dépassées
toutes les politiques nationales.»
Programme McLuhan dans Culture & Technology
Le Conseil partage l'avis du gouvernement selon lequel la concurrence
dans les installations et les services est la clé de la
création de richesses et d'idées dans l'économie
de l'information. Toutefois, dans un pays de la taille du Canada,
le fait de s'en remettre exclusivement aux forces du marché
pour façonner l'élaboration de produits culturels
pourrait fort bien compromettre le maintien de voix et d'idées
canadiennes sur nos systèmes de communications. Bien que
le nouveau système doive inclure des voies rapides d'accès
aux marchés mondiaux, nos propres marchés ne profiteront
de la mondialisation que si nous consolidons les acquis.
Comme un grand nombre de participants l'ont souligné, le
Canada se situe à l'avant-plan des pays qui visent à
promouvoir la diversité et la concurrence dans les communications
comme outil de stimulation du choix, de l'innovation et de la
croissance. Grâce à ses politiques de réglementation,
le Conseil a activement fait la promotion de la concurrence dans
la fourniture de services de télécommunications,
d'information et de radiodiffusion. Depuis 1982, le Conseil a
accru le choix en attribuant des licences à plus de 30
nouvelles entreprises canadiennes de télévision
payante, de télévision à la carte et d'émissions
spécialisées et en autorisant la câblodistribution
de tout un éventail de services américains par satellite.
Les radiodiffuseurs conventionnels se trouvent ainsi à
oeuvrer dans un marché intensément compétitif,
mais ils n'en continuent pas moins de réussir à
offrir une impressionnante gamme d'émissions canadiennes
de qualité.
«Nous sommes ici aujourd'hui non pas parce que le système
de radiodiffusion est un échec, mais parce qu'il est une
réussite.»
Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR)
Pour ce qui est de la diversité et de la qualité,
les Canadiens jouissent d'un choix plus réel sur leurs
petits écrans que les citoyens de tout autre pays au monde.
Les Canadiens sont parvenus à une telle réalisation
dans un marché sensiblement plus petit que celui de n'importe
quel autre de ses principaux partenaires commerciaux. Les Canadiens
veulent et méritent un choix accru. Le Conseil est d'avis
qu'à cette fin, un modèle plus compétitif
pour les services tant de distribution que de programmation s'impose.
Un tel modèle doit tenir compte des réalités
canadiennes. De nombreux Canadiens ont, dans le cadre de sondages
et dans leurs observations au Conseil, signalé qu'ils veulent
non seulement un choix accru de services étrangers, mais
aussi de services canadiens. Le Conseil estime que, pour réaliser
ce voeu, il ne suffit pas d'attribuer des licences d'exploitation
de nouvelles entreprises ou de nouveaux services, mais il faut
aussi accroître le choix dans la manière dont les
services sont groupés et distribués.
«Les réseaux communautaires créent du contenu
canadien fourni par des Canadiens ordinaires à des Canadiens.»
Internet Public Interest Research Group
Dans son potentiel de fourniture de services de radiodiffusion,
l'autoroute de l'information est tout aussi évolutionniste
que révolutionnaire. L'interactivité est riche de
promesses, mais les sondages révèlent que la demande
des consommateurs pour des services interactifs est incertaine.
L'interactivité et la vidéo sur demande (VSD) ne
remplaceront pas le système de radiodiffusion actuel, mais
elles ajouteront sans aucun doute de nouvelles dimensions à
la manière dont nous consommons des services d'information
et de divertissement. Pour que les Canadiens puissent bénéficier
d'un choix accru, l'entrée en concurrence doit être
réglementé d'une manière qui contribue au
système canadien de radiodiffusion et à l'élaboration
d'émissions de qualité. Il est donc crucial que
nous soyons conscients des limitations financières de notre
marché et que nous ne perdions pas de vue nos réalisations,
en succombant aux promesses mal définies d'un choix illimité
qui sont souvent davantage dogme que substance, davantage théorie
universelle que réalité canadienne.
La politique du gouvernement favorise une concurrence juste, efficace
et durable dans les installations et les services. Pour atteindre
ces objectifs généraux, il faut absolument abattre
les obstacles à la concurrence qui se dressent par suite
du pouvoir de monopole ou de la position de dominance des compagnies
de téléphone et des entreprises de câblodistribution.
Comme les organismes de réglementation et les législateurs
des États-Unis et d'autres pays l'ont reconnu, si la concurrence
doit être durable, il faut établir des règles
qui permettent une concurrence réelle dans les marchés
du service téléphonique local et de la câblodistribution
et qui assurent aux fournisseurs de services un accès équitable
aux abonnés du câble comme aux abonnés du
téléphone.
Les règles de transition proposées dans le présent
rapport visent à abattre rapidement les obstacles qui pourraient
empêcher les nouveaux fournisseurs de services de livrer
réellement concurrence. Nous ne cherchons pas des moyens
de ralentir l'avènement d'une concurrence durable, mais
bien de l'accélérer.
Dans la rédaction du présent rapport pour le gouvernement,
le Conseil s'est aussi guidé sur les considérations
suivantes :
- Les nouveaux services de radiodiffusion ne peuvent plus se
contenter d'offrir «du pareil au même»; ils doivent
contribuer à accroître le choix et la diversité.
- Il faut abattre les obstacles à la concurrence dans
la distribution, de sorte que les fournisseurs de services à
contenu ainsi que le public aient accès à coût
abordable et sans discrimination à tous les réseaux
de l'autoroute de l'information.
«Notre vision, c'est avoir des installations dotées
d'un raccordement à large bande qui soutiendra la communication
interactive pour les affaires, l'éducation et les arts.»
Don MacKenzie, Festival Place
- L'autoroute de l'information englobera une gamme de technologies
de distribution terrestre et sans fil et de nombreux fournisseurs
de services raccordés de façon à satisfaire
les demandes croissantes des entreprises et établissements
canadiens, ainsi que des consommateurs à domicile, au bureau
ou sur la route.
- Pour que la concurrence soit juste et durable, il faut que
les consommateurs aient un choix accru parmi les distributeurs
de services de télécommunications et de radiodiffusion,
y compris le câble, le téléphone, le sansfil,
le satellite de radiodiffusion directe (SRD) à domicile
et autres.
- Il ne doit y avoir aucune période de transition fixe
avant que les compagnies de téléphone ne soient
autorisées à livrer concurrence dans les marchés
principaux des entreprises de câblodistribution. Elles doivent
être autorisées à accéder au marché
de la câblodistribution aussitôt qu'on aura supprimé
les obstacles à une concurrence réelle dans le marché
du service téléphonique local. Les questions de
rééquilibrage des tarifs [Note 1 : Le rééquilibrage
des tarifs consiste à augmenter les prix des services locaux
qui sont subventionnés par les revenus provenant de l'interurbain
et à réduire les subventions que paient les fournisseurs
de services interurbains.] et d'interfinancement, dont le Conseil
est actuellement saisi, doivent être réglées
afin de faciliter la concurrence.
- Le Conseil est disposé à examiner, sans délai,
des demandes d'autres entreprises de distribution éventuelles.
- Les fournisseurs de services à contenu doivent avoir
accès à coût abordable et sans discrimination
aux réseaux de distribution pour que les Canadiens puissent
bénéficier dans toute la mesure possible d'un choix,
d'une diversité et d'innovation accrus dans les services
canadiens.
- La séparation structurelle [Note 2 : La séparation
structurelle consiste à établir une compagnie distincte,
mais affiliée, pour exploiter un secteur d'activité
donné. Elle est une solution à la question de l'interfinancement
ou de la préférence indue.] de la distribution et
du contenu pour les fournisseurs de services de radiodiffusion
et l'accès non préférentiel aux réseaux
de distribution sont essentiels afin de garantir la diversité
et le choix en radiodiffusion et en télécommunications.
- D'ici à ce qu'il existe une capacité suffisante
de transmission sur les réseaux de câblodistribution
et à ce qu'on établisse des règles transparentes
relatives à l'accès pour empêcher une préférence
indue, les affiliées [Note 3 : Affiliées
: des compagnies sont affiliées si l'une possède
ou contrôle l'autre ou si les deux sont possédées
ou contrôlées par la même société
mère.] des câblodistributeurs autorisés ne
doivent généralement pas se voir attribuer des licences
d'exploitation d'entreprises de programmation autres que pour
des services de radio et de télévision en direct,
pas plus qu'ils ne doivent être autorisés à
acquérir la propriété ou le contrôle
de ce genre d'entreprises.
- Les affiliées de compagnies de téléphone
et de câblodistribution seraient admissibles à détenir
des licences d'entreprises de programmation en vue d'exploiter
des services de VSD dès que le Conseil aura approuvé
des tarifs de tonalité vidéo [Note 4 : La
«tonalité vidéo» désigne la distribution
de l'information sur large bande bidirectionnelle ou «commutée»
(par opposition à la large bande unidirectionnelle ou «spécialisée»);
elle constituera la plate-forme technologique des services de
vidéo sur demande. Un système de communications
commuté en est un qui permet l'échange d'information
bidirectionnelle, de point à point.] permettant l'accès
sans discrimination à leurs réseaux respectifs par
tout autre fournisseur de VSD.
«La réalité, c'est que personne n'achète
de fils, d'infrastructure ou d'antennes paraboliques pour ce qu'ils
sont, mais pour le contenu. Les signaux de radiodiffusion ne sont
rien sans la programmation.»
Canadian Independent Record Production Association (CIRPA)
- La concurrence ne saurait à elle seule offrir les avantages
de l'autoroute de l'information à toutes les régions
du Canada. Les Canadiens veulent l'assurance qu'ils auront accès
à coût abordable à l'autoroute de l'information.
Pour ce faire, les gouvernements et les distributeurs devront
conserver certaines subventions et adopter des démarches
coopératives pour bâtir l'infrastructure des communications
et établir l'accès public aux services de communications
essentiels, en particulier dans les régions isolées
et mal desservies.
- Les services de programmation doivent continuer à être
autorisés d'une manière qui tienne compte de la
taille du marché et fasse en sorte que les producteurs
actuels et futurs disposent de ressources suffisantes pour produire
des émissions canadiennes de qualité.
- Les contributions de toutes les entreprises de radiodiffusion
aux objectifs de la Loi sur la radiodiffusion doivent être
justes et équitables.
- Les systèmes de distribution concurrents doivent permettre
l'accès ouvert à leurs installations. Les gouvernements
doivent promouvoir activement l'élaboration de normes ouvertes/interfonctionnelles
pour l'autoroute de l'information, mais ils ne doivent pas en
exiger pour l'instant.
Chapitre 2 : La concurrence et les installations
Le gouvernement a demandé au Conseil de se pencher sur
les questions suivantes concernant la concurrence et les installations
:
«Combien de temps faudratil pour que soient mises en oeuvre
la politique du gouvernement au sujet de l'interconnexion et de
la compatibilité ainsi que celles visant la location, la
revente et le partage des installations de câblodistribution
qui ne servent pas à la radiodiffusion?»
«Quelles conditions, s'il en est, et quels mécanismes
devraient être mis en vigueur pour assurer une coopération
réelle ainsi qu'une concurrence équitable?»
«Quelles mesures, de transition ou autres, faudraitil
adopter pour assurer une concurrence équitable à
long terme? Ces mesures pourraient comprendre des restrictions
quant aux secteurs d'activité et à la propriété
réciproque pendant la période de transition.»
«À cause de la taille limitée du marché
canadien et des ressources dominantes et du pouvoir de marché
de quelques gros intervenants, la libre concurrence sans garanties
convenables pourrait renforcer les tendances monopolistiques plutôt
que de favoriser l'entrée en concurrence de nombreux nouveaux
intervenants.»
Shaw Communications
La plupart des parties sont favorables à un accroissement
de la concurrence, à la condition que l'on adopte des mécanismes
adéquats visant à protéger notre identité
culturelle. La plupart ont reconnu la nécessité
de prévoir des garanties pour empêcher que les compagnies
de téléphone et les entreprises de câblodistribution
se livrent une concurrence injuste, nécessité que
reconnaissent également les organismes de réglementation
et les législateurs aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Le Conseil soutient la concurrence dans les télécommunications,
la distribution de radiodiffusion et les services de programmation,
sous réserve de ces garanties. Des réseaux concurrents
pour la distribution des services dans les foyers (téléphone,
câble, SRD, et distribution sans fil) doivent être
élaborés pour que la concurrence soit juste et durable.
Pour que cela se produise, il faut réduire la puissance
des compagnies de téléphone et des entreprises de
câblodistribution en raison de leur situation quasi monopolistique
dans leurs principaux secteurs d'activité. Il faut donc
adopter des garanties pour assurer l'accès juste et équitable
et éviter l'interfinancement. En particulier, il faut adopter
des règles pour assurer l'efficacité de la concurrence
du service téléphonique local et l'accès
non préférentiel aux systèmes de câblodistribution.
Le Conseil a favorisé énergiquement la concurrence
dans toutes sortes de services de télécommunications
et de radiodiffusion afin de créer un choix plus vaste
et une plus grande diversité pour les consommateurs. En
télécommunications, les clients peuvent désormais
acheter de l'équipement terminal et des services interurbains
et autres, de toute une gamme de sources. En radiodiffusion, le
Conseil a attribué des licences à plus de 30 entreprises
canadiennes de télévision spécialisée,
payante et à la carte depuis 1982. En outre, le Conseil
a autorisé la distribution au Canada de nombreux services
américains.
Le dossier de cette instance laisse fortement entendre que les
Canadiens veulent un plus vaste choix dans l'assemblage et la
distribution des services de radiodiffusion. Bien que le gouvernement
et la politique de réglementation aient, jusqu'à
une époque récente, soutenu la câblodistribution
comme outil principal permettant d'atteindre les objectifs de
la Loi sur la radiodiffusion, le cadre de réglementation
du Conseil, qui est en train d'évoluer, appuie désormais
l'élaboration de technologies de distribution concurrentes,
notamment la mise au point de la tonalité vidéo
par les compagnies de téléphone. Depuis maintenant
plusieurs années, le Conseil exempte également les
entreprises qui exploitent des systèmes de télévision
par satellite à antenne collective (STSAC) de l'obligation
de détenir des licences de distribution de radiodiffusion.
En juin 1993, le Conseil a aussi fait clairement savoir qu'à
son avis, le service de radiodiffusion directe du satellite au
foyer est un support important pour la distribution de services
en concurrence avec la câblodistribution.
«La distribution de services déjà en place
et de nouveaux services, y compris des services encore inconcevables,
peut se faire en utilisant les réseaux d'au moins deux
industries qui ont déjà atteint la maturité
: les télécommunications et la câblodistribution.
Les distributeurs éventuellement concurrents auront recours
non seulement aux technologies «sur fil» -- les fibres
optiques, le câble coaxial, même les paires de cuivre
torsadées--, mais aussi aux technologies «sans fil»
actuelles et nouvelles comme le cellulaire et les réseaux
de communications personnelles, les satellites de radiodiffusion
directe conventionnelle et à basse orbite terrienne, ainsi
que la câblodistribution sans fil.»
Telus Corporation
En septembre 1994, à la suite de vastes audiences publiques,
le Conseil a institué un cadre exhaustif pour les télécommunications
(l'instance sur le cadre de réglementation; la décision
Télécom CRTC 94-19). Ce cadre se fonde sur le principe
voulant que l'on réponde parfaitement à l'intérêt
public si l'on offre des services concurrentiels de télécommunications
de base et d'information novateurs et qu'on les rend accessibles
à tous les secteurs du grand public et si les installations
utilisées pour offrir ces services sont ouvertes à
toutes sortes de prestataires de services éventuels selon
des modalités et des conditions raisonnables. Cette politique
reconnaît que le secteur des télécommunications
est devenu un moteur essentiel de l'activité économique
et sociale, depuis le commerce électronique jusqu'à
la création de communautés virtuelles, telles que
le réseau Internet, qui transcendent l'éloignement
géographique et les frontières politiques. Les éléments
de preuve présentés par de nombreuses parties intéressées
pendant l'instance sur le cadre de réglementation ont amené
le Conseil à conclure que ces phénomènes
reposent sur une véritable révolution politique,
économique et culturelle dans laquelle Canadiens et Canadiennes
se redéfinissent eux-mêmes et redéfinissent
leur environnement, selon des façons et à un rythme
qui défient la capacité des organismes de réglementation
et des gouvernements à exprimer et à définir
ces phénomènes. La présente instance sur
l'évolution de l'autoroute de l'information raffermit ces
conclusions.
Une concurrence accrue et durable est indispensable à l'élaboration
de l'autoroute de l'information. Dans une économie d'information,
la demande de services de communications exprimée par les
consommateurs s'étend depuis le simple service de tonalité
d'envoi et d'accès à Internet jusqu'à la
télévision traditionnelle et aux applications multimédias.
Selon le Conseil, des fournisseurs multiples, plutôt que
des monopoles, pourront le mieux répondre à cette
demande variée.
La concurrence est généralement considérée
comme le meilleur moyen de stimuler le choix, l'innovation, l'efficience,
l'amélioration du service, la baisse des prix et la croissance
économique. Toutefois, pour s'en remettre davantage aux
forces du marché, il faut tenir compte des autres objectifs
des lois sur la radiodiffusion et les télécommunications.
Par exemple, les avantages de la concurrence pourraient ne pas
rejaillir également sur tous les abonnés dans toutes
les régions. Il faudra sans doute faire appel à
une certaine forme de financement par subventions pour assurer
l'accès à coût abordable à l'autoroute
de l'information. Il faudra aussi recourir à des interventions
de l'État et partager l'infrastructure pour que certaines
régions du Canada puissent un jour avoir accès aux
services à large bande interactifs. De plus, comme le fait
observer le décret, il faut promouvoir les objectifs en
matière de contenu culturel et de propriété
de la Loi sur la radiodiffusion.
Il est essentiel que nous tenions compte de l'économie
de la radiodiffusion dans ce pays, soit aussi bien la taille réduite
de l'auditoire et du bassin de recettes publicitaire disponibles
que la quantité limitée d'heures de loisirs et de
revenu disponible des consommateurs. En s'en remettant exclusivement
aux forces du marché dans le secteur de la radiodiffusion,
on porterait atteinte aux fondements économiques de nos
industries culturelles. La réglementation et le financement
de la production des émissions ont donné lieu à
une véritable amélioration de la qualité
et de la diversité des services sur nos petits écrans,
plus que n'importe où ailleurs dans le monde. La concurrence
sur l'autoroute de l'information doit ouvrir de nouveaux horizons
pour l'accroissement de la diversité et non pas effriter
la diversité qui existe déjà. Les mécanismes
visant à promouvoir la production des produits et des services
à contenu canadien et l'accès à ces produits
et services sont explorés plus en détail au chapitre
3.
1. Accès aux réseaux de distribution
«L'assurance de réseaux ouverts à tous les
utilisateurs canadiens et à tous les fournisseurs de services
sur un pied d'égalité, y compris les propres services
des réseaux, est essentielle si le Canada veut suivre le
rythme de l'évolution de l'autoroute de l'information mondiale
et espère exporter des services d'information plutôt
que de simplement en devenir un consommateur.»
Michael Kedar
La technologie et la concurrence donnent naissance à toutes
sortes de formes de distribution, par exemple les SRD et d'autres
services de distribution sans fil. Au Canada, toutefois, les réseaux
existants de téléphone et de câblodistribution
continuent de représenter les systèmes les plus
courants pour la distribution des télécommunications
et des divertissements, respectivement, dans les foyers. Ces industries
conservent une grande puissance monopolistique et, sans garanties,
elles pourraient exercer un contrôle important sur les modalités
et les conditions d'accès à leurs systèmes
de distribution. Ainsi, pour veiller à ce que les Canadiens
récoltent tous les avantages de la concurrence, il faut
prendre des mesures pour modérer la puissance commerciale
des compagnies de téléphone et des entreprises de
câblodistribution.
a) Réseau téléphonique local
Le réseau téléphonique local est le goulot
[Note 5 : Un goulot est un service, une fonction ou une installation
du réseau téléphonique local soumis à
l'heure actuelle à un certain degré de contrôle
monopolistique, que les concurrents ne peuvent reproduire de façon
économique, mais dont ils ont besoin pour livrer concurrence.
La mesure dans laquelle les éléments du réseau
réunissent les caractéristiques d'un goulot fera
bientôt l'objet d'un examen dans le cadre de l'instance
sur la concurrence dans la téléphonie locale.] prépondérant
dans le système de communications, en raison de son caractère
interactif universel. Ensemble, les compagnies de téléphone
contrôlent l'accès commuté à presque
tous les foyers et commerces du pays et offrent des connexions
aux abonnés partout dans le monde. Ces facteurs font en
sorte que, jusqu'au déploiement général des
réseaux à large bande bidirectionnels, le réseau
téléphonique local restera le principal moyen d'interaction
sur l'autoroute de l'information.
«Notre culture, c'est à la fois le message et son
partage. L'autoroute de l'information offre beaucoup d'autres
façons de partager la culture canadienne et, par conséquent,
beaucoup d'autres occasions d'élaborer et de transmettre
des messages canadiens ou du contenu canadien.»
Telus Corporation
Le Conseil a adopté, dans la décision Télécom
CRTC 94-19, une politique cadre qui favorise la concurrence, l'accès
réciproque et l'interfonctionnalité [Note
6 : L'interfonctionnalité désigne la connexion de
réseaux permettant au trafic de se déplacer efficacement
d'un réseau à un autre.] sur tous les marchés
des télécommunications; il a aussi amorcé
un certain nombre d'instances pour élaborer des mécanismes
pertinents afin de donner effet à ces politiques. À
l'heure actuelle, le Conseil est en train de tenir son instance
sur le partage de la base tarifaire, qui consiste en un vaste
examen des répartitions de coûts entre les services
monopolistiques et concurrentiels, de l'investissement consacré
aux réseaux à large bande interactifs et de la réduction
du financement du service local (rééquilibrage des
tarifs). On s'occupe actuellement des préparatifs des instances
visant à examiner la concurrence locale, notamment les
règles pour le dégroupement [Note 7 : Le
dégroupement consiste à offrir les éléments
ou les services distincts du réseau téléphonique
local de façon dégroupée (ou élément
par élément), afin de favoriser une concurrence
durable.] et l'interconnexion. Le Conseil s'attend à ce
qu'une instance sur le plafonnement des prix [Note 8 :
Le plafonnement des prix est une solution de rechange pour la
réglementation traditionnelle du taux de rendement. Le
plafonnement des prix met l'accent sur les niveaux de prix, plutôt
que sur le rendement de l'investissement. Il vise à récompenser
la productivité et à atténuer les préoccupations
au sujet du surinvestissement inutile et des répartitions
de coûts inadéquates.] ait lieu au printemps 1996.
La politique de réglementation appuie la concurrence sur
le marché téléphonique local. Cependant,
le Conseil ne s'attend pas à ce que la concurrence se déroule
à grande échelle tant que les obstacles à
l'entrée, technologiques et autres, n'auront pas été
réduites et que les modalités et les conditions
de participation au marché téléphonique local
ne seront pas suffisamment claires pour permettre aux nouveaux
venus de mettre au point des plans d'affaires viables. Selon
le Conseil, l'achèvement du processus de concurrence locale,
prescrit dans la décision Télécom CRTC 94-19,
est une condition préalable essentielle à la concurrence
sur tous les marchés dans le cadre de l'autoroute de l'information.
L'ouverture à la concurrence dans le marché téléphonique
local enclenchera le processus qui permettra d'apporter des solutions
de rechange à l'un des goulots les plus importants, soit
le circuit d'accès local [Note 9 : Le circuit d'accès
local est la ligne spécialisée entre le centre de
commutation de la compagnie de téléphone et les
locaux ou le domicile de l'abonné.] reliant chacun des
abonnés au réseau téléphonique commuté.
Il est essentiel de régler un grand nombre des questions
qui s'articulent autour de la concurrence sur le marché
téléphonique local avant d'approuver toute demande
de licence de distribution de radiodiffusion présentée
par les compagnies de téléphone (c'est-à-dire
l'accès au secteur de la câblodistribution de base).
Lorsqu'on aura apporté une solution aux problèmes
de concurrence locale, le Conseil serait généralement
prêt à attribuer des licences aux compagnies de téléphone,
sous réserve des garanties exposées ci-après.
Étant donné que la fourniture des installations
de tonalité vidéo pour la distribution des services
de radiodiffusion est manifestement une fonction d'entreprise
de télécommunications, les compagnies de téléphone
devraient être autorisées à continuer d'aménager
des platesformes de tonalité vidéo. Pour ce qui
est de la fourniture de services de vidéo sur demande au
moyen de ces platesformes, les compagnies de téléphone
peuvent participer à des essais de VSD en vertu des critères
exposés dans l'ordonnance d'exemption du Conseil (avis
public CRTC 1994-118). Les affiliées des compagnies de
téléphone seraient admissibles à détenir
des licences d'entreprises de programmation pour des services
de VSD, dès que le Conseil aura approuvé, en vertu
de la Loi sur les télécommunications, un
tarif garantissant que tout autre fournisseur de VSD ait accès
sans discrimination à la plate-forme.
Pour stimuler une concurrence durable sur le marché téléphonique
local, il faut se pencher sur les questions suivantes et les résoudre
:
- Les taux, les modalités et les conditions selon lesquels,
sur tous les marchés, les concurrents assureront le raccordement
de leurs réseaux dans les installations centrales (co-implantation);
- Les taux, les modalités et les conditions selon lesquels
les éléments du réseau local (transmission,
commutation [Note 10 : La commutation est le processus
d'acheminement du trafic d'un abonné à un autre
sur des réseaux identiques ou différents. Tel que
déjà mentionné, un réseau commuté
permet au trafic de se déplacer de façon bidirectionnelle.],
signalisation [Note 11 : La signalisation est le processus
fonctionnel qui permet d'identifier et d'acheminer les appels
dans le cadre du réseau téléphonique.] et
circuits d'accès locaux) doivent être offerts aux
concurrents de façon distincte ou «dégroupée»;
- L'élaboration de tarifs d'interconnexion complets qui
constitueront le fondement économique et le moyen permettant
d'échanger le trafic, notamment le règlement des
questions ayant trait à l'accès aux poteaux, aux
conduites et aux droits d'emprise, ainsi que d'autres questions
comme l'assistanceannuaire, la facturation, l'attribution des
numéros, l'accès aux bases de données et
la rémunération de l'accès réciproque.
b) Transférabilité des numéros
Un grand nombre de parties ont soutenu que, pour qu'il y ait une
concurrence réelle dans le marché du service téléphonique
local, il faut élaborer des mécanismes qui permettront
aux abonnés de conserver l'usage de leurs numéros
de téléphone actuels lorsqu'ils décident
de changer de fournisseur dans une zone de desserte locale (transférabilité
des numéros). Le Conseil estime que la transférabilité
des numéros stimulerait la concurrence dans la fourniture
du service téléphonique local. Il fait aussi état
des efforts que les décideurs des États-Unis et
du Royaume-Unis ont déployés pour établir
la transférabilité des numéros. La question
de la transférabilité des numéros doit être
examinée dans le cadre des instances portant sur la concurrence
locale, et il faut trouver des solutions afin de faciliter la
concurrence. Toutefois, le Conseil sait que les questions d'ordre
technique entourant la transférabilité des numéros
exigent des éclaircissements et que des solutions provisoires
pourraient s'imposer pour faciliter un degré acceptable
de transférabilité à bref délai.
c) Restructuration des tarifs
«On ne voudra sûrement pas favoriser les grands
centres urbains au détriment des régions pour qui,
l'autoroute de l'information représente une opportunité
sans précédent. Qu'il s'agisse d'activité
économique, de création d'emplois ou de la possibilité
de retenir les jeunes dans leurs villes et villages, les régions
ne prendront effectivement avantage de la concurrence que si on
leur en donne pratiquement la chance.»
Daniel Bénéteau, Québec-Téléphone
La structure tarifaire actuelle des compagnies de téléphone
fait obstacle à l'entrée en concurrence. Dans la
décision Télécom CRTC 94-19, le Conseil a
conclu qu'il faut prendre des mesures pour réduire les
subventions grâce à un programme qui permettrait
de rapprocher les prix des coûts réels. En particulier,
le Conseil fait observer ce qui suit :
- L'importance du financement du service local est contestée
à l'heure actuelle dans l'instance sur le partage de la
base tarifaire. Si on décide qu'il est trop élevé,
il faudra sans doute le réduire d'une façon ou d'une
autre pour permettre une concurrence efficace.
- Si les prix du service local d'affaires dans les centres urbains
sont déjà égaux aux coûts ou s'en rapprochent,
ceux des services de résidence sont inférieurs aux
coûts. Les prix du service local dans les régions
rurales sont inférieurs à ceux des centres urbains,
même si le service dans les régions rurales coûte
généralement plus cher. La concurrence sur le marché
local pourrait accroître les pressions exercées pour
réduire le financement transféré à
partir des abonnés du service d'affaires à ceux
du service de résidence et des régions urbaines
aux régions rurales (restructuration des tarifs).
- Indépendamment de ce qui précède, il
faudra continuer de recevoir du financement par subventions pour
promouvoir l'accès à coût abordable, dans
certaines circonstances. La nécessité de maintenir
un certain degré de subvention pourrait obliger à
adopter des mécanismes réglementaires visant à
définir l'importance et la nature adéquates des
subventions, à déterminer les concurrents et les
services qui effectueront les paiements et qui bénéficieront
d'un soutien et à établir la façon dont les
subventions seront administrées dans un contexte plus concurrentiel.
Il faut se pencher sur le traitement des subventions dans le contexte
de la concurrence locale afin d'aider les nouveaux venus éventuels
à formuler leurs plans d'entreprise.
- Bien que toute forme de subvention fasse obstacle à
l'entrée en concurrence, il est difficile de vérifier
l'importance de cet obstacle. Tout dépendrait de la proximité
des prix et des coûts sur les marchés de base où
la concurrence se déroulera en premier lieu, de la question
de savoir si les coûts des concurrents se comparent aux
coûts de la technologie téléphonique et de
la rentabilité du groupement d'un certain nombre de services
(service local, service interurbain, données et divertissements)
dans un seul et même ensemble.
Les régimes de rééquilibrage des tarifs et
de récupération et de répartition des subventions
doivent être établis clairement pour faciliter la
concurrence. Ces questions seront examinées à la
fois dans le cadre de l'instance sur le partage de la base tarifaire,
actuellement en cours, et lors d'autres instances cette année
sur les questions de concurrence locale définies cidessus.
d) Accès aux réseaux de câblodistribution
«La question centrale dont le Conseil est saisi dans la
présente instance, c'est de savoir quand cette entrée
en concurrence pourra s'accomplir sur une base soutenue qui ne
viendra pas compromettre l'atteinte des objectifs de la Loi sur
la radiodiffusion.»
Association canadienne de télévision par câble
(ACTC)
Le câble est la forme la plus répandue d'accès
à large bande dans les foyers. La concurrence dans le domaine
de la distribution évolue, mais les entreprises de câblodistribution
exercent toujours un contrôle sur la distribution de la
plupart des services à large bande et elles contrôlent
effectivement un goulot pour la fourniture de services de divertissement
au foyer. La puissance commerciale actuelle des entreprises de
câblodistribution permet d'accorder un traitement de faveur
aux services à large bande affiliés. En raison de
la possibilité d'accorder un traitement de faveur, surtout
si l'on tient compte de la capacité de canaux limitée,
il faut adopter des règles d'accès plus complètes
pour faire face aux questions de prix, de placement et de groupement.
Ultimement, la compression vidéo numérique (CVN),
les tarifs des entreprises de télécommunications
pour l'accès au service VSD et la concurrence exercée
par les entreprises de transmission par satellite et les compagnies
de téléphone réduiront les possibilités
permettant d'accorder des traitements de faveur. D'ici là,
aucune affiliée d'une entreprise de câblodistribution
ne doit être autorisée à détenir une
licence pour une entreprise de programmation vidéo facultative.
Cette restriction générale devrait rester en vigueur
jusqu'à ce qu'on adopte des règles globales d'accès
visant à interdire le traitement de faveur et que la capacité
de canaux soit suffisante pour s'assurer que les radiodiffuseurs
non affiliés auront les mêmes droits d'accès
que ceux qui sont offerts aux services appartenant au câble.
Dans le cas du véritable service de VSD, ce droit d'accès
nécessiterait l'établissement de tarifs non préférentiels
de tonalité vidéo pour les entreprises de télécommunications.
Les compagnies de téléphone ont proposé que
l'on rende obligatoire l'accès à une partie de la
capacité de largeur de bande d'un système de câblodistribution
(partage de la largeur de bande) et à la prise de service
de l'abonné (soit le câble qui part de la rue et
qui se rend jusqu'au domicile ou aux locaux de l'abonné),
pour que ces compagnies puissent participer au secteur de la distribution
de radiodiffusion plus rapidement et plus économiquement.
«Des garanties réglementaires s'imposent pour protéger
les droits non seulement des fournisseurs de services, mais aussi,
chose tout aussi importante, ceux des consommateurs canadiens.»
TORSTAR
Comme signalé ci-après, si les réseaux doivent
être interfonctionnels pour permettre aux abonnés
d'échanger l'information, le Conseil ne juge pas que
le partage obligatoire de la largeur de bande ou l'accès
à la prise de câble, comme le proposent les compagnies
de téléphone, soient nécessaires ou souhaitables.
On pourra mieux assurer une concurrence juste et durable en faisant
appel à d'autres moyens, comme la création de réseaux
de rechange pour fournir les services aux abonnés.
Le Conseil convient qu'il est essentiel d'assurer l'accès
non préférentiel des services de programmation aux
réseaux de câblodistribution, mais il ne considère
pas que le même accès doive être obligatoire
pour les distributeurs concurrents. L'élaboration d'autres
systèmes de distribution dans les foyers constitue le meilleur
moyen de réaliser une concurrence durable et un accès
équitable, puisque ces systèmes de rechange éliminent
les goulots et réduisent les possibilités de préférence
indue. En outre, le Conseil ne considère pas l'infrastructure
de câblodistribution existante comme une installation aussi
indispensable que le réseau téléphonique
commuté, compte tenu des priorités et des restrictions
de distribution imposées en vertu de la Loi sur la radiodiffusion.
«Les télécommunications (voix, données,
télévision, inforoute) ne sont pas et ne peuvent
pas être restreintes par des frontières nationales.»
Mick O'Meara, New Technology Training Ltd.
Selon le Conseil, c'est en faisant appel au processus de négociation,
grâce auquel on peut conclure des ententes répondant
aux intérêts économiques des deux parties,
qu'on peut le mieux assurer l'interconnexion et le partage des
installations de câblodistribution. Cette communauté
d'intérêts peut intervenir dans les régions
rurales ou sur les petits marchés où il est très
probable que les distributeurs décident qu'il est logique,
sur le plan économique, de partager une infrastructure
commune. Dans l'avis public CRTC 1993-74 qui a suivi l'audience
du Conseil au sujet de la structure de la radiodiffusion, on a
encouragé les industries de la câblodistribution
et de la téléphonie à faire un tour d'horizon
des possibilités de coopération pour l'utilisation
partagée des infrastructures de réseau. Ces projets
pourraient s'avérer un élément essentiel
de l'aménagement de l'autoroute de l'information sur les
petits marchés au Canada.
e) Interfonctionnalité et interconnexion
Selon le décret, un des principaux objectifs de la politique
du gouvernement consiste à établir un super réseau
interconnecté et interfonctionnel pour permettre l'acheminement
du trafic entre les réseaux. L'interfonctionnalité
oblige à adopter, au sein des industries et entre elles,
des normes de transmission et autres pour permettre aux abonnés
des réseaux de distribution concurrents de s'échanger
tous les types de trafics et d'y avoir accès.
Le Conseil appuie vigoureusement la vision du gouvernement au
sujet d'un super réseau interconnecté et interfonctionnel
dans un contexte de concurrence. Ce type de modèle permettrait
manifestement d'accroître les avantages apportés
aux abonnés, en leur permettant de passer de façon
transparente d'un distributeur ou d'un service à contenu
concurrent à un autre.
Le Conseil a appuyé l'élaboration, dans l'ensemble
de l'industrie, de normes techniques pour les communications au
Canada, afin d'accroître au maximum les avantages offerts
aux consommateurs. Le cadre de télécommunications
du Conseil se fonde sur le principe de l'ouverture et de la réciprocité
de l'accès. Or, il est difficile de prescrire des normes
pour l'élaboration de réseaux à large bande,
de serveurs et de produits, étant donné le caractère
expérimental de nombreux services, le rythme de changement
de la technologie et l'évolution des stratégies
commerciales. Les systèmes de distribution concurrents
ont des incitatifs à s'efforcer de se distinguer sur le
plan technique pour conquérir une part du marché.
Les différentes démarches visant à mettre
au point des boîtes de décodage constituent un exemple
de ce phénomène.
Même si, sur l'autoroute de l'information, les entreprises
pourront décider de mettre au point des applications exclusives
pour servir certains marchés, le Conseil estime qu'on encouragera
les systèmes à s'interconnecter afin de permettre
d'échanger les communications entre les abonnés
de différents systèmes. Le Conseil fait observer
à cet égard que l'accès aux réseaux
téléphoniques locaux se fonde sur des normes et
des règles ouvertes visant à assurer un accès
non préférentiel. La nécessité d'échanger
le trafic et de s'interconnecter avec le réseau téléphonique
public constituera un important stimulant pour assurer l'interfonctionnalité.
Le Conseil appuie le principe de l'interfonctionnalité
et de l'interconnexion. Il faut recourir à des mécanismes
de réglementation pour donner effet à l'interconnexion
entre les systèmes téléphoniques et assurer
l'accès, par les fournisseurs de contenu, aux réseaux
de distribution ou aux services de tonalité vidéo.
Toutefois, des mécanismes précis de réglementation
visant à obliger l'interconnexion et l'interfonctionnalité
entre les entreprises de distribution de radiodiffusion pour la
distribution de services de programmation ne seraient pas conformes
à l'objectif qui consiste à favoriser la concurrence
dans les installations. Il serait préférable de
laisser aux parties en cause le soin de négocier les modalités
de l'interconnexion.
«Depuis des décennies, les Canadiens et leurs gouvernements
permettent à la technologie de les prendre par surprise.
Le moment est aujourd'hui venu de faire front commun dans cette
démocratie et de dicter à la technologie la manière
dont nous lui permettrons de fonctionner dans nos vies plutôt
que la manière dont nous conviendrons de satisfaire à
ses exigences.»
Patricia Herdman
On peut soulever des arguments comparables pour ce qui est de
l'exigence réglementaire en vigueur du Conseil, qui oblige
les exploitants d'entreprises de câblodistribution à
être propriétaires et exploitants de leurs propres
têtes de ligne, amplificateurs et prises d'abonnés
sur le marché local, conformément à l'article
4 du Règlement de 1986 sur la télédistribution.
Cette exigence a pour but d'assurer que l'exploitant d'une entreprise
de câblodistribution est en mesure d'exercer un contrôle
adéquat sur ses activités de façon à
permettre de réaliser les objectifs en matière de
radiodiffusion. Le règlement en vigueur prévoit
une exception à cette politique dans les cas où
on peut démontrer que cette exception sert l'intérêt
public. Le Conseil estime que, tel que le règlement existe
à l'heure actuelle, il constitue moins un obstacle à
la concurrence qu'une importante garantie pour le système
de radiodiffusion dans un contexte concurrentiel.
Parallèlement, le Conseil estime que les fils du câble
et du téléphone installés à l'intérieur
des locaux ou du domicile de l'abonné réunissent
les caractéristiques d'une installation essentielle. Dans
le cas d'un certain nombre de compagnies de téléphone,
la responsabilité de ce câblage interne a déjà
été transférée à l'abonné
du téléphone. Le Conseil propose que l'on élabore
des mesures visant à s'assurer que tous les abonnés
du téléphone et du câble aient la liberté
de raccorder ce câblage interne aux systèmes des
fournisseurs de services de leur choix. Il fait remarquer,
toutefois, que la propriété et le contrôle
du câblage intérieur soulèvent un certain
nombre de questions réglementaires et juridiques sur lesquelles
il faudrait peut-être se pencher afin de donner effet à
cette proposition.
Il faudrait élaborer des normes, notamment des normes
visant à permettre aux personnes handicapées d'avoir
accès aux installations, en faisant appel à la coopération
et à la négociation, sous réserve de l'orientation
et de l'encadrement assurés en général par
Industrie Canada. Cela dit, en approuvant des normes, le gouvernement
devrait être conscient du fait que l'adoption prématurée
d'une démarche concurrentielle en particulier par rapport
à une autre pourrait favoriser ou défavoriser la
distribution de produits canadiens sur l'autoroute de l'information,
surtout si l'on tient compte du fait que l'on continue de mettre
au point de l'équipement et des applications techniques.
De préférence, il faudrait attendre avant de créer
des normes, qu'un marché technique et un consensus commercial
clairs se fassent jour.
2. Garanties concurrentielles
a) Compagnies de téléphone
Comme nous l'avons fait observer ci-dessus, il faut se pencher
sur la résolution des questions qui s'articulent autour
de la concurrence locale avant qu'on puisse délivrer des
licences de radiodiffusion aux compagnies de téléphone.
En outre, dans le cas des sociétés d'État
telles que la SaskTel et le Manitoba Telephone System (le Manitoba
Tel), la participation au marché devrait reposer sur des
garanties réglementaires visant à éviter
les avantages concurrentiels injustes qui pourraient découler
de leur situation unique de sociétés d'État.
Un grand nombre de petites compagnies de téléphone
indépendantes qui sont exploitées dans des régions
rurales et isolées n'ont jamais connu la concurrence. La
concurrence dans les territoires de certaines de ces compagnies
de téléphone indépendantes est en voie d'être
examinée dans le cadre d'une instance distincte. Le Conseil
estime que, sans concurrence dans son secteur d'activité,
une compagnie de téléphone de ce genre ne devrait
généralement pas être autorisée à
livrer concurrence sur le marché de la câblodistribution.
Des exceptions pourraient être autorisées dans le
cas des communautés ou des régions non desservies
ou encore lorsque la participation de la compagnie de téléphone
prend la forme d'une entreprise conjointe avec le titulaire de
licence d'une entreprise existante de distribution de radiodiffusion.
b) Séparation structurelle dans le secteur de la programmation
«La technologie permet aujourd'hui de séparer la
fourniture du service et l'exploitation de l'infrastructure. Or,
ce que la technologie rend possible, le gouvernement devrait en
faire une obligation.»
Charles Sirois/Claude E. Forget
De nombreuses parties à cette instance ont laissé
entendre que les compagnies de téléphone, en raison
de leur taille et de leur prépondérance, ne devraient
être autorisées à détenir des licences
de radiodiffusion que sous réserve de restrictions rigoureuses
imposées à la participation, notamment l'adoption
de plafonds de prix et la séparation structurelle. Comme
il l'a annoncé dans la décision Télécom
CRTC 94-19, le Conseil compte imposer des plafonds de prix à
partir du 1er janvier 1998. Le Conseil s'attend à amorcer,
au printemps 1996, une instance sur cette question. De nombreuses
parties ont également proposé que les compagnies
de téléphone et les entreprises de câblodistribution
soient assujetties à des garanties fondées sur les
règles de transparence de l'accès et sur la séparation
de la distribution et du contenu afin d'éviter d'accorder
une préférence indue ou d'exercer une discrimination
en faveur de services à contenu affiliés.
Si le Conseil appuie le principe des ententes de transparence
pour ce qui est de l'accès, il ne considère pas
que la séparation structurelle constitue une garantie nécessaire
à l'égard des compagnies de téléphone
ou des entreprises de câblodistribution qui fournissent
des services hors programmation. Dans la décision Télécom
CRTC 94-19, le Conseil s'est penché sur cette question
dans la mesure où elle touche les compagnies de téléphone
et a conclu que les garanties telles que les tarifs d'accès
équivalent suffisaient à permettre aux compagnies
de téléphone de tirer parti des avantages de l'intégration
et de fournir des services d'information fondés sur le
contenu. La concurrence, la technologie et la mondialisation des
marchés ont atténué les préoccupations
soulevées par le fait qu'un même fournisseur puisse
contrôler le circuit d'information. Dans un contexte de
concurrence régi par l'accès ouvert et le dégroupement,
les compagnies de téléphone peuvent apporter un
concours important à l'élaboration de services novateurs
et perfectionnés.
La séparation structurelle n'est pas nécessaire
dans le cas des services hors programmation fournis par la câblodistribution.
À l'heure actuelle, les services d'information ou hors
programmation (services en direct, affaires bancaires à
domicile et accès au réseau Internet) ont tendance
à être interactifs et à être distribués
sur une bande étroite. On ne peut pas considérer
les entreprises de câblodistribution comme des fournisseurs
essentiels d'installations, puisqu'elles ne contrôlent pas
de réseaux interactifs. Le gouvernement a demandé
au Conseil d'examiner les questions relatives aux lignes directrices
sur l'accès pour la distribution à large bande dans
le cadre d'une instance distincte.
«Ce but, renforcer la souveraineté et l'identité
culturelle canadiennes, sera dans l'avenir atteint par la production,
non pas par la prestation. L'agent de la circulation...ne peut
plus suffire à la tâche.»
Jerry Good, professeur
Bien que la séparation structurelle ne doive pas être
une condition préalable à la fourniture de services
hors programmation, il faudrait généralement exiger
la séparation structurelle chez tous les distributeurs
qui sont en mesure d'accorder une préférence indue
à l'égard de la prestation de services de programmation.
Les économies d'envergure découlant de l'intégration
des fonctions de programmation et de production sont négligeables,
et toutes les économies éventuelles seraient éclipsées
par les préférences dont pourraient bénéficier
ceux qui fournissent des services de programmation de façon
intégrée.
L'absence d'économies d'envergure importantes favorise
une politique de séparation structurelle pour tous les
distributeurs qui sont en mesure d'exercer une prépondérance
sur le marché. On peut s'attendre à ce que les entreprises
de câblodistribution conservent leur prépondérance
sur le marché dans le secteur de la distribution à
large bande. En outre, la solidité financière et
la puissance monopolistique des compagnies de téléphone
soulèvent des préoccupations générales.
Par conséquent, toutes les activités de ces distributeurs
dans le domaine de la programmation devraient être exercées
par l'entremise de filiales structurellement distinctes et être
soumises aux règles de transparence de l'accès et
à des conditions de licence pertinentes, notamment celles
qui ont trait à la propriété et au contrôle.
Il est utile de faire observer que les compagnies de téléphone
ne se sont pas opposées au principe de la prestation des
services de programmation par l'entremise de filiales distinctes.
Au cours de la période de transition, ou, dans le cas
de la VSD, jusqu'à ce que des tarifs de tonalité
vidéo soient approuvés, on devrait plafonner à
une participation avec droit de vote d'au plus 29,9 %, et à
une participation sans droit de vote inférieure au point
de contrôle, conformément aux règlements en
vigueur du Conseil en matière de radiodiffusion, l'investissement
de ces distributeurs dans les entreprises de services vidéo
de programmation facultatifs.
Cela dit, les compagnies de téléphone devraient,
par l'entremise de filiales distinctes sur le plan structurel,
être en mesure de prendre le contrôle d'entreprises
de radiodiffusion et de télédiffusion en direct
avant qu'on se penche sur les règles régissant la
concurrence dans le service téléphonique local.
Les stations en direct sont protégées par des règles
de distribution prioritaire; par conséquent, les questions
relatives au traitement de faveur dans la distribution ne se posent
pas. Les compagnies de téléphone pourraient accroître
la diversité et l'éventail des fonds à consacrer
à la programmation en étant propriétaires
de filiales de télédiffusion et de radiodiffusion
en direct. Toute demande proposant ce type de propriété
devrait être examinée selon son bienfondé
propre, sous réserve des préoccupations au sujet
de la propriété réciproque et de la concentration
des entreprises.
c) Séparation structurelle dans le secteur de la distribution
«Dans une économie d'abondance où les frais
d'accès ne sont pas exorbitants, l'incroyable pulsion et
besoin de la collectivité artistique de s'exprimer se traduira
par une plus grande quantité de «contenu canadien»
que jamais auparavant.»
M. V. Bernier
D'après la position des entreprises de câblodistribution,
une compagnie de téléphone devrait demander une
licence pour distribuer des émissions uniquement par l'entremise
d'une filiale distincte. Selon ce scénario, la compagnie
de téléphone louerait à bail les installations
à une filiale titulaire d'une licence de distribution,
sous réserve des tarifs d'entreprise pour la distribution
à large bande. Selon la principale raison fournie pour
justifier la séparation structurelle du distributeur titulaire
de licence et du réseau intégré, on voudrait
ainsi réduire les possibilités d'interfinancement.
Le Conseil n'est pas persuadé que cette démarche
soit nécessaire.
Premièrement, tous les éléments de preuve
laissent entendre que la tendance favorise les réseaux
intégrés [Note 12 : Les réseaux intégrés
offrent la capacité nécessaire pour distribuer la
voix, les images et les données sur les mêmes installations.]
sur l'autoroute de l'information. Telle est la nature du projet
Sirius [Note 13 : Sirius est l'appellation donnée
par l'Alliance des compagnies de téléphone Stentor
à son projet de construction d'un réseau à
large bande bidirectionnelle (ou commutée).] de l'Alliance
Stentor; cette tendance témoigne également des plans
de l'industrie de la câblodistribution. Donc, il est probable
que l'on perdrait des économies d'envergure si les compagnies
de téléphone devaient séparer structurellement
leurs activités de réseau et de distribution. Deuxièmement,
le plus grand risque d'interfinancement se produit pendant la
période au cours de laquelle on investit dans la distribution
à large bande en vertu de la réglementation du
taux de rendement. [Note 14 : La réglementation du
taux de rendement vise à permettre à une compagnie
de téléphone de réaliser un rendement raisonnable
sur sa base tarifaire (qui comprend les investissements en immobilisations
et les dépenses d'exploitation).] Les risques de mauvaise
répartition des coûts seront atténués
dans le cadre de la réglementation par plafonnement des
prix. Le Conseil réalise à l'heure actuelle un examen
circonstancié du projet Sirius et de l'investissement antérieur
dans la distribution à large bande dans le cadre de l'instance
sur le partage de la base tarifaire. Étant donné
que l'instance sur le partage de la base tarifaire est actuellement
en cours et que les plafonds de prix seront en vigueur d'ici 1998,
il ne semble y avoir aucune raison contraignante pour qu'une compagnie
de téléphone crée une filiale distincte aux
fins de présenter une demande de licence de distribution
de radiodiffusion. Toutefois, le Conseil n'écarte pas
cette possibilité et fait observer que, pour résoudre
les questions de propriété étrangère
ou de l'État, il pourrait sans doute s'agir d'une solution,
parmi d'autres, pour permettre à certaines compagnies de
téléphone de participer au marché.
3. Transition vers la concurrence durable
Le gouvernement a demandé au Conseil de se pencher sur
la questions suivante :
«Dans quels délais conviendraitil de passer à
un régime de concurrence équitable pour la prestation
des services de télécommunications et de radiodiffusion
aux Canadiens et aux Canadiennes?»
«... selon nous, il faut s'attendre à ce que les
facteurs décisifs pour la concurrence évoluent au
rythme du développement des marchés, des tendances
des consommateurs, des nouvelles technologies, des orientations
populaires et politiques, des valeurs sociales, des questions
d'ordre juridique et des conditions démographiques et économiques.»
Groupe Vidéotron
Les entreprises de câblodistribution sont d'avis qu'il ne
faudrait pas autoriser les compagnies de téléphone
à demander une licence d'entreprise de distribution de
radiodiffusion tant que (i) les marchés du service téléphonique
local ne seront pas ouverts pour permettre une concurrence durable;
et (ii) l'industrie de la câblodistribution ne sera pas
en mesure de financer les engagements actuels dans le domaine
de la radiodiffusion ainsi que sa participation au marché
du service téléphonique local. Les compagnies de
téléphone ont soutenu que la nécessité
d'attirer les investissements, de construire des réseaux
interactifs et d'obtenir l'approbation réglementaire créera
une période de transition naturelle qui s'étendra
sur plusieurs années.
Pour ce qui est des délais, nous estimons que des facteurs
comme la technologie, les forces du marché (notamment les
décisions d'investissement) et les instances de réglementation
déjà en cours créeront une période
de transition naturelle de trois à quatre ans avant que
les compagnies de téléphone commencent à
établir une présence remarquée sur le marché
de la câblodistribution. Nous ne nous attendons pas à
ce que les instances visant à régler les questions
liées à la concurrence dans la téléphonie
locale et à examiner la restructuration tarifaire exigent
plus que les 12 à 18 premiers mois de cette période
de transition.
Les consommateurs souhaitent la concurrence sur le marché
de base de la câblodistribution, ils la méritent
et ils l'auront. Tout en étant conscient que la technologie
et les forces du marché façonneront l'orientation
générale et l'échéancier de la concurrence,
le Conseil gérera la transition en penchant fortement vers
l'implantation de la concurrence dans les plus brefs délais
possibles. La nécessité perçue d'une protection
transitoire des activités de câblodistribution de
base s'explique essentiellement par les préoccupations
au sujet de la prépondérance commerciale des compagnies
de téléphone et de tout avantage dont elles pourraient
bénéficier dès le départ dans l'assemblage
du service téléphonique et des divertissements.
Toutefois, à la lumière de la prépondérance
de l'industrie de la câblodistribution par rapport aux autres
participants éventuels, il n'est aucunement nécessaire
de limiter la concurrence exercée par d'autres nouveaux
venus sur le marché de la distribution de radiodiffusion.
En outre, il faudrait permettre aux compagnies de téléphone
de demander des licences de distribution de radiodiffusion aussitôt
qu'on aura établi des règles visant à éliminer
les obstacles qui se dressent contre une concurrence efficace
sur le marché du service téléphonique local.
Il faudrait étudier sans tarder les demandes présentées
par d'autres distributeurs éventuels. Ces demandes
pourraient notamment porter sur les SRD, les systèmes de
distribution multipoints par micro-ondes ou d'autres technologies
de distribution.
«Notre vision, c'est le «mégamail virtuel»
où se retrouveront ensemble les téléachats,
le divertissement, l'apprentissage et l'interactivité.»
Media Buying Services Limited
Dans le cas des compagnies de téléphone, il faudrait
résoudre les questions essentielles liées à
la concurrence sur le marché téléphonique
local avant de les autoriser, elles ou leurs affiliées,
à posséder ou à contrôler des entreprises
de radiodiffusion distinctes d'une entreprise de télédiffusion
ou de radiodiffusion en direct. Comme noté ci-dessus, les
compagnies de téléphone devraient être autorisées
à continuer d'effectuer des essais de VSD et de construire
des plates-formes de tonalité vidéo. De plus, les
affiliées de compagnies de téléphone seraient
admissibles à détenir des licences d'entreprise
de programmation pour exploiter des services de VSD aussitôt
que le Conseil aurait approuvé un tarif de tonalité
vidéo pour les compagnies de téléphone. La
célérité avec laquelle le Conseil pourra
régler les questions entourant la téléphonie
locale et l'accès dépendra, dans une large mesure,
de la coopération des compagnies de téléphone.
La capacité des entreprises de câblodistribution
à moderniser leurs installations ou à adopter une
technologie téléphonique en particulier ne devrait
pas constituer une condition préalable à la concurrence
exercée par les compagnies de téléphone dans
le domaine de la distribution de radiodiffusion. En particulier,
l'incapacité des systèmes de câblodistribution
à acheminer le trafic téléphonique ne devrait
pas empêcher les compagnies de téléphone de
participer à la concurrence dans le secteur de la câblodistribution.
Les garanties réglementaires proposées dans le présent
rapport devraient constituer des messages clairs pour la collectivité
financière au sujet des règles destinées
à régir la concurrence sur l'autoroute de l'information.
Tel que signalé ci-dessus, il y aura probablement une période
de transition de trois à quatre ans avant que les compagnies
de téléphone ne fassent sentir vraiment leur présence
sur le marché principal de la câblodistribution.
Même dans ce cas, plusieurs années pourraient s'écouler
avant que le projet Sirius soit implanté dans la plupart
des régions du pays. Cela devrait donner aux entreprises
de câblodistribution un délai suffisant pour mettre
au point des stratégies concurrentielles et adopter les
technologies nouvelles. En outre, nombre des obstacles technologiques
à la véritable bidirectionnalité existent
dans les industries du téléphone et de la câblodistribution
à la fois. Enfin, s'il devenait manifeste que les compagnies
de téléphone disposent d'un avantage injuste ou
d'un avantage dès le départ dans la commercialisation
de la câblodistribution et du service téléphonique
groupés, on pourrait adopter des règles pour résoudre
la question. Ces règles se sont avérées efficaces
pour assurer la concurrence sur d'autres marchés concurrentiels.
Cette transition vers une concurrence durable donnera à
l'industrie de la câblodistribution un délai suffisant
pour mettre au point des stratégies concurrentielles dans
les secteurs plus vulnérables du marché.
4. Questions de propriété
Le gouvernement a demandé au Conseil de se pencher sur
la question suivante concernant la propriété :
«Serait-il approprié que toutes les entreprises de
télécommunications deviennent admissibles à
des licences de radiodiffusion sous réserve de se soumettre
aux règlements canadiens concernant la propriété
et aux règlements généralement applicables?
À l'intérieur de quelle période et en vertu
de quelles conditions pourraiton considérer cette possibilité?»
«Le Canada est maintenant reconnu comme le chef de file
mondial dans le développement de réseaux communautaires...
Le leadership des citoyens a créé une autoroute
de l'information concrète qui est déjà au
service des Canadiens.»
Internet Public Interest Research Group
Le Conseil fait observer que, même avec une politique qui
permettrait d'attribuer des licences aux compagnies de téléphone
pour exploiter des entreprises de distribution de radiodiffusion,
certaines compagnies de téléphone exerçant
leurs activités au Canada ne pourraient, en vertu de la
loi, être titulaires de licence de radiodiffusion.
a) Propriété étrangère
La Loi sur la radiodiffusion stipule que le système
canadien de radiodiffusion doit être, effectivement, la
propriété des Canadiens et sous leur contrôle.
Voilà pourquoi le gouvernement a adressé, le 10
décembre 1969, des Instructions au CRTC, qui établissent
à 20 % le niveau maximum admissible de participation étrangère,
à l'égard des actions avec droit de vote ou du capital
entièrement libéré d'une entreprise, pour
savoir si cette entreprise est admissible à une licence
de radiodiffusion. Dans le cas de la BCTel et de Québec-Téléphone,
la propriété étrangère dépasse,
à l'heure actuelle, le niveau de 20 % indiqué dans
les Instructions au CRTC.
L'exigence, énoncée dans la Loi sur la radiodiffusion
et selon laquelle le système canadien de radiodiffusion
doit être, effectivement, la propriété des
Canadiens et sous leur contrôle, est essentielle pour assurer
l'intégrité du système et doit être
maintenue. Par conséquent, le Conseil considère
que les activités de la BCTel et de Québec-Téléphone
en radiodiffusion ne pourraient se faire que par leur participation,
au seuil permis, dans une société qui serait la
propriété et sous le contrôle de Canadiens.
La distribution de services à large bande interactifs (par
ex., la tonalité vidéo) n'est pas une activité
de radiodiffusion. Par conséquent, on n'empêcherait
aucune compagnie de téléphone d'offrir l'accès
à des services vidéo sur demande et à d'autres
services évolués de façon intégrée.
b) Loi sur Bell Canada
À l'heure actuelle, la Loi sur Bell Canada interdit
à cette compagnie d'être titulaire d'une licence
de radiodiffusion. Étant donné que le Conseil est
d'avis que les compagnies de téléphone canadiennes
peuvent contribuer à l'atteinte des objectifs de la Loi
sur la radiodiffusion et qu'elles devraient être autorisées
à le faire, il recommande au gouvernement de modifier
la Loi sur Bell Canada afin de permettre à cette compagnie
d'être titulaire de licences de radiodiffusion.
c) Sociétés d'État provinciales
Selon des instructions du gouverneur en conseil, il est actuellement
interdit aux sociétés d'État provinciales,
telles que le Manitoba Tel et la SaskTel, d'être titulaires
de licences de radiodiffusion. Le Conseil considère que,
dans l'intérêt public, les gouvernements ne devraient
pas être admissibles à des licences de radiodiffusion.
Le Conseil fait observer que certaines provinces ont institué
des organismes responsables de la radiodiffusion d'émissions
à caractère éducatif à titre de sociétés
avec lesquelles elles n'ont pas de lien de dépendance et
qui ont été jugées admissibles, en vertu
de ces instructions, à détenir des licences d'exploitation
d'entreprises de radiodiffusion. On pourrait probablement s'inspirer
de modèles comparables dans le cas du Manitoba Tel et de
la SaskTel.
Chapitre 3 : Le contenu : confirmation des valeurs canadiennes
Le gouvernement a demandé au Conseil de se pencher sur
les questions suivantes en ce qui a trait aux préoccupations
suscitées par le contenu :
«Les définitions actuelles de la Loi sur la radiodiffusion
et de la Loi sur les télécommunications sont-elles
suffisamment claires pour permettre aux nouveaux services et aux
services naissants de se développer dans le cadre d'une
réglementation cohérente, ou est-il nécessaire
de revoir les définitions de termes tels que «radiodiffusion»
et «service de télécommunication»?»
«Les outils et les instruments prévus en vertu de
la Loi sur la radiodiffusion et de la Loi sur les télécommunications
permettentils de s'assurer que les services canadiens ou étrangers
offrant un contenu soient fournis de façon à promouvoir
les objectifs de la politique culturelle canadienne? Sinon, quelles
modifications faut-il y apporter?»
«En vertu de l'article 9.4 de la Loi sur la radiodiffusion,
le Conseil doit soustraire certaines entreprises à la réglementation
s'il estime qu'en respectant cette réglementation, elles
ne concourraient pas aux objectifs de la Loi. Serait-il pertinent
d'établir les critères particuliers qui pourraient
être utilisés pour déterminer les services
pouvant être exemptés? Dans ce cas, quels seraient
les critères sur lesquels on pourrait se fonder pour juger
ces services? Devrait-on faire une distinction entre les services
que le CRTC pourrait exempter sans autre avis et les services
que le CRTC continuerait d'exempter seulement après le
processus public habituel?»
«Serait-il pertinent que toutes les entreprises de télécommunications
deviennent admissibles à des licences de radiodiffusion
sous réserve des règles sur la propriété
canadienne et de la réglementation généralement
applicable? Dans quels délais et dans quelles conditions
pourraiton envisager cette possibilité?»
«En se penchant sur les questions ci-dessus, le Conseil voudra
peutêtre demander des avis sur les questions suivantes :
i) Comment les nouveaux créateurs et les nouveaux distributeurs
d'émissions audio, vidéo et d'autres services de
programmation devraient-ils contribuer à la création
et à la présentation d'émissions canadiennes?
ii) Dans quelle mesure la présence de nouveaux services
de programmation pourrait-elle avoir des répercussions
sur les radiodiffuseurs publics et privés canadiens?
iii) Comment les nouveaux services devraient-ils maintenir et
favoriser l'identité nationale et la souveraineté
culturelle?
iv) Comment les nouveaux distributeurs d'émissions audio,
vidéo et d'autres services de programmation devraient-ils
donner la priorité à la distribution d'émissions
canadiennes (audio, vidéo et autres)?»
«Ne soyez ni distraits ni hypnotisés par les tisserands
de rêves de l'autoroute de l'information. Une fois la fumée
dissipée, le contenu prévaudra.»
CHUM Ltd.
Dans la section Contexte du décret figure une déclaration
du gouvernement que presque tous les participants à l'instance
publique du Conseil ont appuyée et sur laquelle ils ont
insisté : «Nos politiques doivent encourager l'élaboration
d'un contenu canadien qui puisse soutenir la concurrence de ce
qu'il y a de mieux dans le monde, y compris en produits culturels
et didactiques et en produits de divertissement. Nos politiques
doivent également fournir un appui constant à nos
produits culturels en garantissant que les nouveaux services de
radiodiffusion offrant un contenu répondent aux objectifs
de la Loi sur la radiodiffusion en ce qui concerne la souveraineté
et l'identité culturelle du Canada et que leur mise en
oeuvre se fasse d'une façon qui contribue au renforcement
de la souveraineté et de l'identité culturelle du
Canada.»
L'article 3 de la Loi sur la radiodiffusion énonce
les objectifs détaillés d'un système de radiodiffusion
typiquement canadien. Or, il ne s'agit pas d'une loi poussiéreuse
et démodée, qui a été adoptée
à l'époque du radio cristal et du Victrola. Cette
loi exprime la volonté du Parlement, qui a été
étudiée, débattue et adoptée il y
a à peine quatre ans. Elle prévoyait à la
fois le rythme fulgurant de l'évolution technologique et
une explosion des services de radiodiffusion dans un contexte
de concurrence. Il n'empêche que les législateurs
s'en sont tenus à l'importance primordiale de maintenir
un système canadien offrant des émissions canadiennes
de qualité supérieure et qui, dans son intégralité,
renforce la souveraineté du Canada et sa propre identité
culturelle.
La Loi sur la radiodiffusion de 1991 est la dernière
née d'un ensemble cohérent de réactions aux
deux questions essentielles qui préoccupaient déjà
les Canadiens avant la naissance, en 1919, de la première
station de radio du Canada, XWA (aujourd'hui CIQC) à Montréal.
Comment le Canada peut-il créer et conserver un système
de radiodiffusion authentiquement canadien et comment ce système
peut-il assurer la disponibilité d'émissions canadiennes
de grande qualité et variées, en particulier malgré
l'invasion des produits culturels attrayants et peu coûteux
de nos voisins du Sud? Ces objectifs reposent tous deux sur la
conviction que les forces du marché dominé par les
États-Unis ne pourraient jamais garantir que «le Canada
puisse conserver ses ondes»; il faut plutôt s'en remettre
à des formes raisonnables d'intervention publique canadienne.
Comme le Canada lui-même, notre système national
de radiodiffusion n'est pas un accident du marché; c'est
un acte de volonté.
«... au bout du compte, les Canadiens veulent accéder
à du contenu canadien.»
Stentor
Les défis que doivent relever les Canadiens aujourd'hui,
à l'époque où nous nous adaptons à
une nouvelle ère de la technologie de l'information, ne
sont pas différents, en principe, de ceux que représentait
la radio dans les années 1920 et 1930, la télévision
dans les années 1940 et 1950, la câblodistribution
dans les années 1960 et 1970 et, enfin, les satellites
de communication dans les années 1970 et 1980. Dans chacun
de ces cas, des Américains ont d'abord offert de nouveaux
services attrayants. Quand le grand public canadien a réclamé
à bon droit l'accès à ces services, le gouvernement
a dû adopter des politiques pour veiller à ce que
des services nationaux intéressants et viables soient également
offerts dans le cadre de ce système.
Le système canadien de radiodiffusion, tel qu'il existe
aujourd'hui, est le fruit de plus de cinq décennies de
coopération entre le secteur public et le secteur privé,
de compromis entre l'idéalisme et le pragmatisme, d'équilibre
entre l'identité nationale et les forces du marché
continentaliste, et de concentration sur les principes de l'article
3 de la Loi sur la radiodiffusion.
Les Canadiens peuvent à juste titre être fiers de
leur système de radiodiffusion. Dans le monde entier, des
pays l'étudient et l'imitent. Nous avons pour voisin l'exportateur
de culture populaire et de médias de masse le plus fécond,
un dont les produits nous inondent, dans l'une de nos propres
langues officielles. Malgré cela, et sur un territoire
vaste où la population est dispersée, les Canadiens
ont accompli ce qui suit :
- établi des services de radio et de télévision,
des services éducatifs et des services communautaires financés
à même les fonds publics, dans les deux langues officielles;
- étendu les services de radiodiffusion publique à
plus de 97 % de la population;
- créé des services de radio et de télévision
traditionnels privés qui offrent aux Canadiens et aux Canadiennes
un large éventail de choix dans presque toutes les collectivités;
- créé des services de radio, de télévision
et spécialisés multilingues destinés à
la population multiculturelle du Canada, ainsi que des services
contrôlés par les peuples autochtones du Canada et
adaptés à leur culture;
- mis au point un système de câblodistribution
évoluée offert à 94 % des foyers canadiens;
et
- créé plus de 30 services de télévision
spécialisée et payante offerts aux abonnés
du câble.
«Les Canadiens, lorsqu'ils en ont le choix, optent pour
des émissions canadiennes de qualité.»
Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR)
Tous les intervenants ont vanté l'étendue et la
profondeur du système actuel de radiodiffusion et ont exhorté
le Conseil à faire des recommandations qui consolident
les acquis. Bien que les Canadiens veuillent clairement et légitimement
faire un choix à partir du plus large éventail de
services qui soient offerts sur l'autoroute de l'information,
ils ne veulent pas perdre leurs choix canadiens. Sur le marché
des idées, les Canadiens veulent être plus que des
consommateurs; ils veulent participer à un système
qui est le miroir de leur existence et de leurs valeurs.
Sous l'effet des exigences vigoureuses et claires exprimées
par le Parlement dans les lois successives sur la radiodiffusion,
le système canadien de radiodiffusion a évolué
pour réaliser un équilibre complexe entre les objectifs
socio-culturels et les forces du marché. L'exigence exprimée
par l'auditoire canadien pour ce qui est des émissions
et des services américains populaires est au coeur de cette
structure, en particulier pour le secteur privé. Les bénéfices
produits par les émissions et les services étrangers
offerts aux Canadiens et aux Canadiennes ont servi à financer
toutes sortes d'interventions d'intérêt public telles
que l'extension des services dans les régions éloignées
et la production d'émissions canadiennes souvent non rentables,
malgré leur succès d'estime. Cette situation existe
depuis les premiers jours de la radio et se poursuivra sans doute
au fur et à mesure du développement de l'autoroute
de l'information.
«Ne succombons pas à la fausse notion que le fait
de vouloir promouvoir notre souveraineté et notre identité
soit, d'une certaine façon, de la lâcheté
de la part de poules mouillées qui craignent la soidisant
concurrence. De fait, nous devrions prendre des mesures pour valoriser
et enrichir notre nationalité. Sinon, nous sommes des apatrides.
Nous ne sommes rien d'autres qu'un groupe de personnes qui se
trouvent par hasard à vivre côte à côte.»
Astral Communications Inc.
Les obligations imposées aux titulaires de licence canadiens
par le CRTC et les organismes qui l'ont précédé
découlent des lois sur la radiodiffusion et visent à
s'assurer que le système de radiodiffusion est la propriété
des Canadiens et est sous leur contrôle, que les titulaires
de licence offrent au public un nombre approprié d'émissions
et de services canadiens, qu'ils prennent la responsabilité
de leurs émissions, que toutes ces émissions soient
de qualité supérieure et, enfin, que les titulaires
jouent un rôle efficace pour ce qui est d'apporter une solution
aux motifs de préoccupation de notre société.
En contrepartie du respect de ces obligations, le système
canadien a mis au point différentes mesures pour appuyer
et protéger les titulaires de licence. Parmi ces mesures
figurent les règles de priorité relatives aux systèmes
de distribution, le soutien public de la production d'émissions
canadiennes et un système d'attribution de licences visant
à s'assurer qu'il existe des ressources suffisantes sur
le marché pour permettre aux titulaires de licence de s'acquitter
de leurs obligations.
Tel est donc l'équilibre délicat, entre les obligations
et le soutien, que le Conseil doit examiner pour répondre
aux questions du gouvernement sur le contenu. Le cas échéant,
lesquels de ces éléments faut-il éliminer
ou modifier, ou lesquels réaffirmer?
De l'avis de certains, l'époque précédente
était caractérisée par un spectre limité,
la surréglementation et des notions de service public qui
ont peut-être encouragé des attitudes de paternalisme
de la part des législateurs, des organismes de réglementation
ou même des radiodiffuseurs. Il est désormais évident
que ces attitudes ne peuvent survivre à une époque
caractérisée par une capacité quasi illimitée,
où le contrôle est de plus en plus confié
au consommateur.
Il n'empêche que les principes de l'identité nationale
partagée et de service public continuent d'être valorisés
sur le marché mondial. Partout dans le monde, et notamment
en Europe et en Asie, les pays s'efforcent de mettre au point
des formules pour accomplir ce que le Canada a déjà
réalisé. Tout l'art consiste à gérer
la transition sur la voie du nouveau contexte de façon
à ne pas perdre les valeurs essentielles que notre système
a instituées.
1. Questions de définitions
«... il devrait y avoir une solution panindustrielle au
Canada pour garantir la place des services de programmation et
du contenu canadiens pour les Canadiens.»
Cogeco Inc.
Les mémoires écrits ont permis de cerner la question
de savoir si la définition du terme «radiodiffusion»
dans la Loi sur la radiodiffusion devait être interprétée
au sens large ou étroit. À l'occasion de l'audience,
selon l'avis de la majorité, on était favorable
à une interprétation large et on a conclu qu'il
n'existait pas de motifs impérieux de revoir ces définitions.
Cependant, on s'accordait généralement à
reconnaître que l'application des critères énoncés
dans la définition du terme «radiodiffusion»
aux services nouveaux et naissants pourrait parfois poser des
difficultés.
On a défini comme problèmes éventuels des
questions comme la difficulté de définir ce qui
constitue des services à prépondérance de
textes, l'interprétation du terme de la Loi «pour
réception par le public» et l'importance de l'interactivité
pour ces interprétations.
«Pour participer dans le nouveau marché, les compagnies
devront agir parfois comme une entreprise de télécommunications,
parfois comme une entreprise de distribution; elles devront offrir
des services de radiodiffusion de même que des services
hors programmation. Les significations données aux mots
«radiodiffusion» et «télécommunications»
deviennent extrêmement importantes dans les circonstances.»
Stentor
Le Conseil a pris bonne note des préoccupations exprimées,
selon lesquelles les définitions actuelles de la Loi
sur la radiodiffusion s'étendront probablement à
de nombreux services nouveaux et naissants qui n'apporteraient
pas de concours important à la réalisation des objectifs
de cette loi. Le Conseil est d'accord pour dire que l'on pourrait
accélérer l'élaboration de certains services
nouveaux et naissants en modifiant la Loi sur la radiodiffusion
afin d'exclure ces services de son application. De surcroît,
ces exclusions ne porteraient pas atteinte à la réalisation
des différents objectifs énoncés au paragraphe
3(1) de la Loi.
Par conséquent, le Conseil recommande que la Loi
sur la radiodiffusion soit modifiée, peut-être
en apportant des changements pertinents à la définition
du terme «émission» de façon à
exclure, en plus des textes à prépondérance
alphanumérique, d'autres services qui, bien qu'ils soient
compris dans la définition du terme «radiodiffusion»,
n'apporteront pas un concours important, dans un avenir prévisible,
à la réalisation des objectifs de la Loi sur
la radiodiffusion.
Il pourrait s'agir de services tels que les cours interactifs
offerts par les institutions accréditées ou utilisés
par les institutions médicales, les services commerciaux
de bases de données multimédias en direct et les
documents multimédias à caractère éducatif
destinés aux établissements d'enseignement.
2. Ordonnances d'exemption
Dans le décret, le gouvernement demandait au Conseil d'examiner
la possibilité de définir des critères particuliers
afin d'établir les types de services qui seraient exemptés
et de savoir si certaines catégories de services pourraient
tirer parti d'un processus plus rationalisé, en continuant
d'appliquer le processus public habituel pour les demandes plus
importantes.
La plupart des parties à cette instance ont reconnu que
le Conseil devait essentiellement se concentrer sur les questions
liées directement à la promotion des objectifs de
la Loi sur la radiodiffusion. Nombreux sont les intervenants
qui étaient d'avis que les services qui n'ont pas de volet
ou d'objectif culturels démontrables devraient être
exemptés. De nombreux intervenants ont également
laissé entendre que le processus d'exemption encouragerait
l'expérimentation et accélérerait le lancement
de nouveaux services multimédias. Certaines parties étaient
d'avis qu'un nouveau processus public serait nécessaire.
Tel que déjà mentionné, la Loi sur radiodiffusion
est vaste et s'étend à toutes les activités
actuelles et éventuelles qui ne s'apparenteront pas à
la radiodiffusion traditionnelle ou qui ne répondront pas
aux objectifs culturels. C'est en partie la raison pour laquelle
la Loi exige que le Conseil exempte de l'obligation de détenir
une licence les personnes qui exploitent toute catégorie
d'entreprises, lorsque le Conseil est convaincu que cette licence
ne concourrait pas de façon importante à la réalisation
des objectifs de la politique sur la radiodiffusion énoncée
au paragraphe 3(1).
Le Conseil est parfaitement d'accord pour reconnaître que
le cadre de réglementation doit encourager, au lieu d'y
faire obstacle, le lancement de nouveaux produits et services
sur l'autoroute de l'information. Le moyen le plus simple d'éliminer
l'incertitude réglementaire éventuelle au sujet
de certains services nouveaux et naissants consiste à modifier
la Loi sur la radiodiffusion, conformément à
la description fournie dans la section précédente,
ce qui aurait pour effet de soustraire intégralement ces
services de l'application de la Loi.
Certaines parties ont lancé des mises en garde selon lesquelles
il ne faudrait pas permettre que le processus d'exemption devienne
un régime qui remplacerait généralement les
exigences normales d'attribution de licences pour les nouvelles
catégories de services. On s'est dit inquiet de ce que
les ordonnances d'exemption récentes du Conseil pour les
grandes catégories de services telles que les télé-achats
et les jeux vidéo puissent limiter sa capacité,
à l'avenir, d'obliger ces entreprises à apporter
une contribution au système de radiodiffusion. Toutefois,
les participants n'ont guère donné de conseils précis
au sujet des critères à appliquer pour déterminer
les services qui pourraient être exemptés. Par conséquent,
le Conseil amorcera une instance publique afin d'étudier
la question plus à fond, pour établir si on peut
traiter de façon plus rapide certaines catégories
de services.
3. Outils et instruments
Dans le décret, le gouvernement invite le Conseil à
donner son avis afin de savoir si les outils et les instruments
existants en vertu de la Loi sur la radiodiffusion et de
la Loi sur les télécommunications permettent
de s'assurer que les services à contenu sont offerts de
façon à promouvoir les objectifs culturels du Canada.
«Ce serait une erreur pour les entreprises de télécommunications
d'exclure les producteurs de contenu de l'élaboration du
contenu de l'autoroute de l'information.»
Canadian Magazine Publishers Association
Le Conseil fait observer que la politique du Parlement, telle
qu'elle est exprimée dans la Loi sur les télécommunications,
ne définit pas d'objectif culturel ou de contenu en particulier.
Bien que l'article 7 de la Loi «affirme le caractère
essentiel des télécommunications pour l'identité
et la souveraineté canadiennes...», les neuf objectifs
de principe énoncés dans cet article ne font pas
du tout allusion aux préoccupations culturelles. Par conséquent,
en cherchant à évaluer l'efficacité des outils
et des mécanismes existants pour favoriser les objectifs
culturels, le Conseil a mis l'accent sur les services à
contenu qui pourraient être visés par la définition
de «radiodiffusion».
Tel que noté ci-dessus, les observations soumises reconnaissent
et réaffirment largement que le système canadien
de radiodiffusion est une réussite. À l'évidence,
les mécanismes législatifs et réglementaires
mis au point au fil des années ont produit des retombées
positives. Pour l'avenir, comme l'indique le décret, tout
l'art consiste à remanier ces mécanismes pour s'adapter
à un «contexte où la prestation concurrentielle
des services offre aux consommateurs un choix sans précédent».
À titre de réponse générale à
la question posée dans le décret, le Conseil
considère que les outils et les instruments prévus
dans la Loi sur la radiodiffusion et dans la Loi sur
les télécommunications suffisent en réalité
à s'assurer qu'on peut offrir les services à contenu
de façon à promouvoir le objectifs de la politique
culturelle du Canada.
Par ailleurs, le Conseil fait observer que, dans le cadre législatif
en vigueur, un groupe de conseillers (les conseillers à
plein temps et à temps partiel ensemble) décident
des questions de radiodiffusion; un autre groupe (constitué
exclusivement des conseillers à temps plein) tranche les
questions de télécommunications. Le Conseil recommande
de modifier la loi afin d'éliminer cette distinction inutile.
4. Nouvelles entreprises de programmation
«L'auditoire, c'est à la fois le citoyen et le
consommateur.»
Programme McLuhan dans Culture and Technology
Tel que déjà noté dans le présent
rapport, l'une des caractéristiques du nouveau contexte
de l'information sera l'existence de magasins vidéos électroniques
offrant de véritables services de programmation VSD, y
compris des longs métrages. Même si la technologie
fait l'objet d'essais à l'heure actuelle dans différentes
villes, ces services ne sont pas offerts actuellement. Il faudrait
définir dès maintenant des lignes directrices claires
sur la façon dont ces services pourraient le mieux concourir
aux objectifs culturels du Canada. Ces lignes directrices aideront
les entreprises à mettre au point leurs plans d'entreprise.
Il est probable que la technologie qui permettra à un nombre
considérable de Canadiens et de Canadiennes d'avoir accès
à de véritables services VSD ne soit pas largement
disponible avant au moins trois à cinq ans. Même
lorsque ces services seront offerts, il n'est pas du tout évident
qu'ils seront populaires auprès des consommateurs. Les
éléments de preuve fournis par les intervenants
laissent entendre que les services de radiodiffusion sur demande,
à la différence des services interactifs du type
Internet, pourraient exercer un attrait limité.
Par conséquent, les services qui offrent une séquence
régulière de programmation, notamment les services
de télévision traditionnelle, spécialisée,
payante et à la carte, continueront probablement d'enregistrer
la plus forte croissance dans le domaine des nouveaux services
de programmation, du moins à moyen terme.
a) Nouveaux services inscrits à l'horaire
«Tout nouveau titulaire de licence d'exploitation d'une
entreprise de programmation ou d'une entreprise de distribution
devrait contribuer au moins autant au maintien de la souveraineté
et de l'identité culturelle du Canada que les exploitants
actuels de l'infrastructure, notamment les câblodistributeurs
et les radiodiffuseurs en direct.»
Association canadienne de télévision par câble
(ACTC)
La plupart des participants au processus public ont été
d'avis que les nouveaux services de programmation inscrits à
l'horaire devraient concourir aux objectifs culturels de la Loi
sur la radiodiffusion d'une façon équivalente
aux services réguliers existants. On considère que
les règlements et les politiques en vigueur en ce qui a
trait aux exigences en matière de contenu canadien et de
niveau de dépenses sont à la fois efficaces et équitables.
La participation au processus d'attribution de licences et le
respect de règles analogues permettront de s'assurer que
les nouveaux services de programmation inscrits à l'horaire
concourent aux objectifs culturels et industriels du Canada, et
favorisent en même temps l'identité nationale et
la souveraineté culturelle.
Le Conseil conclut donc que les nouveaux services de programmation
offrant une séquence régulière d'émissions,
qu'ils fassent l'objet de licence ou soient exemptés en
vertu de la Loi sur la radiodiffusion, devraient concourir
à la création et à la présentation
d'émissions canadiennes en respectant, en matière
de contenu canadien et de niveau de dépenses, des exigences
comparables à celles qui s'appliquent à l'heure
actuelle aux services existants du même type.
b) Services de véritable vidéo sur demande (VSD)
«Un secteur de la production vibrant, sain et novateur
se révélera avantageux pour tous les Canadiens,
sur les plans tant social qu'économique.»
International Multimedia Development Association
Dans l'avis public CRTC 1994-118 du 16 septembre 1994, le Conseil
définissait le service de VSD comme «un service
qui offre des émissions, au sens défini par la Loi
[sur la radiodiffusion], transmises par des moyens de télécommunications,
où chaque consommateur choisit les émissions particulières
qu'il recevra par l'entremise d'un appareil de réception
de radiodiffusion au moment de son choix».
L'élaboration et la diffusion de la technologie pour appuyer
les services de véritable VSD apporteront au contenu de
la radiodiffusion ce que le réseau Internet apporte à
la distribution de l'information aujourd'hui. Dans un univers
bidirectionnel à large bande, les consommateurs canadiens
auront facilement accès aux vidéothèques
partout ailleurs dans le monde comme au Canada. Les applications
multimédias transcenderont les frontières, en créant
des villages planétaires liés par une communauté
d'intérêts, et non seulement par le patrimoine et
la géographie. Le Conseil considère qu'il n'est
pas nécessaire d'attribuer des licences ou d'adopter une
réglementation pour la plus grande partie de cet univers
multimédia interactif.
Certaines parties ont soutenu qu'il faut considérer que
la programmation assurée dans un véritable mode
VSD est très différente de la programmation offerte
dans une séquence régulière. Les services
de quasi VSD, par exemple la télévision à
la carte, inscrivent leurs émissions à l'horaire
de façon séquentielle, sur plusieurs canaux. Même
si, selon le point de vue du téléspectateur, ces
services donnent l'impression d'offrir des émissions sur
demande, ces émissions ne sont offertes qu'à certaines
heures. Les services de quasi VSD peuvent donc offrir un certain
nombre d'émissions canadiennes dans le cadre de leur horaire.
Auparavant, cette capacité constituait un mécanisme
grâce auquel le Conseil s'est assuré que les services
de télévision à la carte concourent à
la présentation d'émissions canadiennes. Par ailleurs,
les services de véritable VSD ne sont pas inscrits à
un horaire régulier. Ces services s'apparenteront à
une librairie ou à une bibliothèque, où différents
programmes sont mémorisés sur des rayons électroniques
et où les clients ont accès aux titres qu'ils cherchent
en naviguant au moyen d'une série de menus.
Toutefois, à cause de leur nature et de leur ampleur, certaines
applications sur demande d'intérêt général,
notamment les longs métrages, peuvent et devraient être
réglementées dans le cas où cela concourrait
sensiblement aux objectifs culturels de la Loi sur la radiodiffusion.
On aura besoin d'importantes ressources financières pour
lancer et commercialiser les services de VSD de ce genre, notamment
pour acheter les droits d'émission, d'autant plus que ces
services auront probablement une structure organisationnelle semblable
à celles des radiodiffuseurs autorisés d'aujourd'hui.
Une autre question se pose, soit celle de savoir si les services
de VSD autorisés stockeront des émissions canadiennes
sur leurs rayons et comment les clients connaîtront l'existence
de ces émissions canadiennes.
Sur le marché de la VSD de l'avenir, l'espace sur les rayons
électroniques ne constituera pas un problème, et
les services concurrentiels de programmation de VSD auront manifestement
intérêt à mettre à la disposition de
leurs clients le plus grand nombre de titres possible. Toutefois,
selon le Conseil, au fur et à mesure qu'ils se développent,
il faudrait s'attendre à ce que les services de programmation
de VSD autorisés offrent le plus grand nombre possible
de titres canadiens dans les catégories d'émissions
offertes par le titulaire de licence. En outre, il faudrait s'attendre
à ce qu'ils apportent un concours direct à l'élaboration
et à la production d'émissions canadiennes. Des
mesures précises permettant de mettre en oeuvre ces politiques
devraient être établies à l'occasion des instances
pertinentes visant l'attribution de licences.
«Les nouveaux services média doivent être
évalués qualitativement, selon le service fourni,
par rapport à un continuum de sensibilité culturelle,
plutôt qu'exclusivement en fonction de principes et définitions
de réglementation établis.»
Nicola Bleasby, étudiant
Pour lancer avec succès des services sur demande interactifs,
il faudra compter essentiellement sur l'existence de systèmes
de navigation perfectionnés et conviviaux. Les principaux
concepteurs de matériel et de logiciels du monde entier
rivalisent à l'heure actuelle pour offrir ce qu'il y a
de mieux dans ce secteur. Les participants au processus public
étaient convaincus qu'il est essentiel de concevoir des
systèmes de navigation mettant en évidence le matériel
canadien.
Il faudrait donc encourager les requérants qui proposent
de lancer des entreprises de programmation de VSD autorisées
à adopter un système qui donne la priorité
aux émissions canadiennes dans les différentes catégories
que leur système peut offrir. Le Conseil recommande que
la conception de systèmes de navigation/menus canadiens
soit une priorité et qu'elle soit appuyée par la
politique du gouvernement.
c) Démarche d'attribution de licences d'exploitation
de nouvelles entreprises de programmation dans un milieu concurrentiel
«Bien que les considérations d'ordre commercial
pour les sociétés canadiennes multidistributrices
soient très importantes, leur bien-être doit être
envisagé de concert avec celui des producteurs, techniciens,
artistes et interprètes canadiens qui créent le
produit.»
American Federation of Musicians of the United States and Canada
Le gouvernement a, dans son décret, déclaré
que, bien qu'une concurrence vigoureuse ne puisse protéger
les entreprises individuelles, elle ne doit pas non plus mener
à l'extinction d'un secteur en particulier. Le Conseil
et son prédécesseur ont activement favorisé
l'implantation de nouveaux concurrents dans la fourniture de services
de programmation, notamment par l'attribution d'une licence au
réseau CTV dans les années 1960, à des stations
de télévision indépendantes dans les années
1970 et 1980 et à des entreprises de télévision
payante et d'émissions spécialisées dans
les années 1980 et 1990. L'augmentation du nombre et de
la gamme des services de programmation concurrents s'accélérera
avec l'introduction de la CVN, l'augmentation de la capacité
de transmission à large bande et la technologie adressable.
Le Conseil est confiant que les diverses composantes du système
de radiodiffusion sont résistantes et parfaitement capables
de relever les défis de la concurrence et de la technologie,
au sein d'un système géré sur une base générale
et destiné à garantir la présence constante
de choix canadiens intéressants.
Le Conseil accorde généralement le même traitement
aux services du même genre. Il existe des politiques générales
et des règlements applicables aux services conventionnels,
tandis que d'autres règles sont expressément taillées
sur mesure pour les entreprises d'émissions spécialisées,
de télévision payante et de télévision
à la carte. La démarche que le Conseil a adoptée
à l'égard des services de langue française
tient compte des caractéristiques uniques des marchés
que ces services servent. Sa capacité d'appliquer des instruments
réglementaires particuliers aux diverses composantes sectorielles
du système a permis à une multitude de services
de prospérer. Les politiques du Conseil portent également
sur la question de la représentation et de l'accès
des collectivités multiculturelles et autochtones. Il reste
essentiel qu'on continue d'appliquer des critères d'attribution
de licence expressément adaptés aux nouveaux services
et aux nouvelles technologies.
«Étant donné l'étroitesse relative
du marché francophone, il faut recourir à des mesures
spéciales pour assurer la prestation de services en langue
française. La politique d'assemblage des services devrait
donc ajouter des critères linguistiques aux critères
nationaux.»
Michèle Fortin, Société Radio-Canada
Pour ce qui est de l'avenir, le Conseil prévoit continuer
à appliquer les critères du marché lorsqu'il
examine des demandes de licences de nouveaux services conventionnels.
Ces services dépendent exclusivement des recettes de publicité
et ce sont ceux qui attirent les plus forts auditoires pour les
émissions canadiennes. Le Conseil s'attend à une
concurrence beaucoup plus vive dans le secteur des nouveaux services
spécialisés canadiens et étrangers, tant
dans leurs formes actuelles que nouvelles. Le Conseil devrait
donc conserver sa politique qui consiste à donner aux entrepreneurs
canadiens l'occasion de lancer des services dans des formules
de programmation spécialisées avant d'autoriser
la distribution au Canada de services étrangers du même
genre.
Le Conseil prévoit aussi la concurrence dans les secteurs
de la télévision à la carte, de la quasi
VSD et de la véritable VSD. De plus, il s'attend à
ce que le secteur de la télévision payante s'oriente
vers une structure concurrentielle plus viable, en particulier
avec l'avènement de la VSD et de la télévision
à la carte par satellite de radiodiffusion directe. Lorsqu'il
s'agit d'attribuer des licences à des entreprises concurrentes
de télévision à la carte ou de VSD offrant
des longs métrages, il serait raisonnable d'imposer des
conditions de licence interdisant l'acquisition des droits exclusifs
pour le Canada de tout film étranger ou canadien. En outre,
les préoccupations soulevées par les titulaires
d'entreprises de programmation actuelles concernant les incidences
possibles de nouveaux services de programmation sur leurs propres
services feraient l'objet d'un examen du Conseil au moment de
l'étude des demandes de licences d'exploitation de tels
services.
Dans le passé, le Conseil a généralement
limité la participation des câblodistributeurs particuliers
dans la propriété et le contrôle des entreprises
de programmation de télévision payante ou d'émissions
spécialisées. Les engagements des câblodistributeurs
relatifs à l'accès ont servi à faire en sorte
que, sous réserve de la capacité de transmission,
tous les services dans la langue de la majorité dans la
région desservie soient offerts à la grande majorité
des abonnés du câble. Toutefois, des inquiétudes
resteront au sujet de l'alignement des canaux, de la promotion,
de l'assemblage et du prix.
C'est pourquoi, et compte tenu que le câble restera probablement
le principal moyen de distribution tout au cours de la période
de transition, les affiliées d'entreprises de câblodistribution
ne doivent généralement pas être autorisées
à acquérir la propriété ou le contrôle
d'entreprises de programmation, sauf pour ce qui est de celles
qui offrent des services de radio et de télévision
en direct, car elles sont protégées par les règles
relatives à la distribution. Une fois que les questions
concernant l'accès sans discrimination et la capacité
de transmission auront été réglées,
cette restriction pourrait ne plus avoir de raison d'être.
Dans le cas de la VSD, les affiliées d'entreprises de câblodistribution
pourraient être autorisées à posséder
ou à contrôler de telles entreprises de programmation
quand un tarif applicable au service de tonalité vidéo
aura été approuvé; tous les fournisseurs
de VSD autorisés auront ainsi accès sans discrimination
à la plateforme de tonalité vidéo.
d) Préoccupations d'ordre social
«Dans un environnement de communications bilatérales,
chaque Canadien peut être un fournisseur de contenu.»
Conseil consultatif sur l'autoroute de l'information
Le Conseil exerce son pouvoir de réglementation pour influer
sur les pratiques des fournisseurs de services à contenu
dans certains secteurs considérés comme d'intérêt
général sur le plan social. Il s'agit notamment
de l'équilibre, de la violence dans les émissions,
de la représentation des hommes et des femmes, de la publicité
destinée aux enfants, de l'équité en matière
d'emploi et de l'accès aux émissions et aux services
pour les personnes handicapées. Divers instruments, par
exemple les codes d'autoréglementation, les attentes et
les conditions de licence, font en sorte que des normes minimales
soient respectées dans ces secteurs. En outre, les règlements
interdisent généralement la radiodiffusion de propos
ou de représentations offensants et un langage ou des images
obscènes.
Le Conseil affirme que ces préoccupations d'ordre social
restent pertinentes et importantes pour ce qui est des nouveaux
services de programmation et il compte faire en sorte que tous
les titulaires continuent à y réagir efficacement.
5. Nouvelles entreprises de distribution
Il ne fait aucun doute qu'une juste concurrence entre les entreprises
de distribution apportera de nombreux avantages au Canada. Les
abonnés jouiront d'une gamme encore plus étendue
de choix de services de programmation et hors programmation. Les
producteurs et les fournisseurs de services canadiens auront à
leur disposition des moyens supplémentaires d'atteindre
leurs auditoires. Les consommateurs profiteront de meilleurs prix
et services du fait que les distributeurs se livreront concurrence
pour obtenir une part du marché.
Toutefois, pour que les distributeurs puissent jouer un rôle
dans l'atteinte des objectifs de la Loi sur la radiodiffusion,
ils doivent faire en sorte que leurs abonnés se voient
offrir des choix canadiens d'une manière qui rende ces
services accessibles et intéressants. En outre, les distributeurs
autorisés doivent jouer un rôle pour ce qui est d'appuyer
la production d'émissions canadiennes et de garantir que
les citoyens des collectivités qu'ils desservent aient
des occasions d'accéder aux services publics et d'utiliser
les réseaux de distribution pour favoriser l'expression
et le dialogue communautaires.
a) Questions de distribution
Tout au cours des années 1970 et 1980, au fur et à
mesure que le câble devenait un véhicule de plus
en plus important pour la distribution de services de radiodiffusion
pour les Canadiens, le Conseil a élaboré un cadre
de réglementation destiné à garantir que
les câblodistributeurs accordent la priorité aux
services canadiens. Lorsque la câblodistribution de services
étrangers supplémentaires a été autorisée
et que de nouvelles entreprises canadiennes de télévision
payante et d'émissions spécialisées ont été
autorisées, le Conseil a rajusté le cadre de réglementation
de manière à faire en sorte que ces services canadiens
jouissent de toutes les chances raisonnables de réussite.
Les participants se sont généralement entendus pour
dire que ces politiques se sont révélées
efficaces pour donner aux abonnés accès à
une gamme remarquable de services de radiodiffusion, tout en favorisant
parallèlement une saine présence canadienne dans
un vaste éventail de formules de programmation. Les participants
ont appuyé le principe voulant que les nouveaux distributeurs
concurrents doivent respecter des règles relatives à
la distribution semblables à celles qui s'appliquent à
l'heure actuelle à la câblodistribution. Le Conseil
est d'accord avec cette position et il estime que tous les
distributeurs doivent être assujettis à des règles
et obligations semblables pour ce qui est de la prédominance
des émissions canadiennes, de la distribution prioritaire,
de l'assemblage, ainsi que de l'accès juste et équitable
aux sources de programmation. Toutefois, il est conscient
qu'au fur et à mesure de l'évolution du système
de radiodiffusion, les politiques de distribution visant à
appuyer les services canadiens devront changer.
Marchés francophones
De nombreux participants francophones ont proposé que les
services de langue française facultatifs soient groupés
dans un bloc, de sorte que les francophones qui désirent
obtenir des services dans leur langue puissent le faire sans devoir
aussi s'abonner à des services de langue anglaise. Il a
également été avancé que, pour les
francophones hors-Québec ainsi que les anglophones de cette
province, les services dans leurs langues respectives sont souvent
inaccessibles sans devoir payer pour un gros bloc de services
principalement dans la langue de la majorité.
«Notre télévision francophone se distingue
non pas par le nombre de services offerts -- c'est là l'apanage
du modèle américain -- mais plutôt par sa
capacité de produire des émissions qui collent à
la réalité de son public.»
Suzanne D'Amours, Association des producteurs de films et de télévision
du Québec
À l'heure actuelle, le bloc de services de base du câble
doit inclure tous les services prioritaires de langues anglaise
et française. En outre, du fait que les services de langue
française sont moins nombreux, les entreprises de câblodistribution
dans les marchés francophones offrent souvent des volets
mixtes de services spécialisés de langues anglaise
et française.
Le Conseil convient que les francophones devraient pouvoir avoir
accès à des blocs de services de langue française
facultatifs et il fait remarquer que le déploiement de
la technologie adressable devrait permettre aux distributeurs
d'offrir des blocs distincts de services taillés sur mesure
pour leurs abonnés francophones.
D'autres francophones ont préconisé la création
d'outils de navigation qui faciliteraient l'accès à
l'information et aux services en langue française. Le Conseil
appuie cet objectif et il encourage les producteurs et les distributeurs
à tenir compte de ces préoccupations lorsqu'ils
élaboreront des systèmes de navigation dans l'avenir,
de manière que les francophones puissent disposer de leurs
propres niches sur l'autoroute de l'information.
b) Appui pour les services canadiens en place
«À moins que le rôle du créateur et
du fournisseur de contenu soit au coeur de la politique canadienne,
les paramètres des technologies mêmes n'ont pas d'importance.»
Conférence canadienne des arts
Les radiodiffuseurs conventionnels qui ont participé à
cette instance appuient sans réserve un milieu de distribution
plus concurrentiel, mais ils ont fait remarquer le rôle
crucial que les titulaires d'entreprises de programmation publiques
et privées jouent dans l'atteinte des objectifs culturels
et industriels de la Loi sur la radiodiffusion. Selon eux,
pour que ces objectifs soient atteints dans un milieu futur caractérisé
par une concurrence encore plus grande, certaines politiques doivent
servir de pierres angulaires pour appuyer les entreprises de programmation
actuelles. Ces politiques, ont-ils soutenu, devraient inclure
l'assurance que les radiodiffuseurs conventionnels conservent
ou améliorent l'accès à leurs auditoires;
que le système consacre d'importantes ressources à
la production d'émissions canadiennes; que les droits des
titulaires à leurs émissions et à leurs signaux
sont respectés; et qu'il existe une concurrence juste et
une réglementation équitable.
Le Conseil est conscient du rôle clé que les radiodiffuseurs
conventionnels jouent dans l'inscription d'émissions canadiennes
à leurs grilles-horaires et dans les fonds consacrés
à ces émissions. En 1993, les radiodiffuseurs publics
et privés conventionnels ont compté pour plus de
75 % des dépenses consacrées aux émissions
canadiennes et pour plus de 90 % de l'écoute de ces émissions.
Bien que les services canadiens de télévision payante
et d'émissions spécialisées comptent pour
une part de plus en plus importante des dépenses au titre
des émissions canadiennes et de l'écoute de ces
émissions, le rôle central que jouent actuellement
les radiodiffuseurs conventionnels se poursuivra probablement
durant quelques années encore.
Dans ce contexte, le cadre de politique applicable aux entreprises
de distribution concurrentes doit appuyer les titulaires de licences
canadiens. De nombreux aspects de cet appui seront réglés
dans le cadre d'éventuelles instances, mais les énoncés
de politique ci-après soulignent l'importance que le Conseil
accorde à ces préoccupations et la manière
dont il s'en occupera dans l'avenir.
- Tous les distributeurs terrestres autorisés devront
offrir un service de base canadien qui sera fonction des priorités
relatives aux services de télévision établies
à l'article 9 du Règlement de 1986 sur la télédistribution.
Les distributeurs par satellite devront respecter des exigences
en matière de distribution taillées sur mesure pour
eux.
- Le Conseil est conscient qu'il importe pour tous les titulaires
de licences canadiens de protéger les droits de diffusion
qu'ils ont achetés. Par conséquent, le Conseil entend
tenir une instance publique en vue d'examiner la faisabilité
de mettre en oeuvre la substitution simultanée pour tous
les distributeurs et d'explorer des options de substitution évoluée,
ou non simultanée.
- Tel qu'il est exposé dans la section qui suit, le Conseil
estime que tous les participants dans la distribution de services
de programmation doivent contribuer à l'élaboration
et à la production d'émissions canadiennes.
c) Contributions aux émissions canadiennes
«Les autorités doivent concilier le bien individuel
caractérisé par un plus grand besoin d'interactivité
avec le monde extérieur et l'intérêt public,
caractérisé par le maintien de l'identité
culturelle des Canadiens francophones.»
Suzanne D'Amours, Association des producteurs de films et de télévision
du Québec
La Loi sur la radiodiffusion porte que «tous les
éléments du système doivent contribuer, de
la manière qui convient, à la création et
la présentation d'une programmation canadienne»
et que «toutes les entreprises de radiodiffusion sont
tenues de faire appel au maximum, et dans tous les cas au moins
de manière prédominante, aux ressources créatrices
et autres canadiennes pour la création et la présentation
de leur programmation...», à moins qu'une telle
pratique ne s'avère difficilement réalisable en
raison de la nature du service.
On est généralement en faveur de l'idée de
consacrer des ressources supplémentaires à la production
d'émissions canadiennes, en partant du principe que les
entreprises qui bénéficient de la capacité
de distribuer le vaste éventail de services à contenu
sur l'autoroute de l'information devraient apporter des contributions
financières directes à la production de contenu
canadien. Un consensus semblable se dégage pour ce qui
est du principe voulant que toutes les entreprises de distribution
autorisées apportent à la programmation canadienne
des contributions généralement comparables à
celles qui sont exigées à l'heure actuelle des câblodistributeurs
aux fins du canal communautaire et du fonds de production de l'industrie
de la câblodistribution.
Les nouvelles technologies et les réseaux de distribution
concurrents auront pour effet d'accroître le nombre de services
de programmation canadiens. Un grand nombre de nouvelles émissions
canadiennes doivent être disponibles pour que ces services
atteignent les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion.
Au fur et à mesure que les technologies de distribution
se perfectionneront, les consommateurs canadiens seront de plus
en plus en mesure de choisir des émissions sur demande.
Dans ce contexte, les émissions canadiennes doivent être
de la plus haute qualité et de la plus grande pertinence
pour être choisies et, ainsi, contribuer aux objectifs culturels
et industriels du gouvernement.
Dans l'avenir, tout comme dans le passé, les émissions
de divertissement canadiennes livreront directement concurrence
à la crème des émissions de partout dans
le monde et, en particulier, à celles que les É.-U.
ont à offrir. Par conséquent, pour être compétitifs,
les coûts de production des émissions canadiennes
doivent rester l'équivalent des coûts américains.
Toutefois, compte tenu de la population relativement peu nombreuse
du Canada, il est et restera impossible de recouvrer ces coûts
dans notre marché national. Du financement sous une forme
quelconque continuera de s'imposer pour aider à la production
d'émissions typiquement canadiennes.
Enfin, les mécanismes de financement public établis
par le gouvernement fédéral et les gouvernements
provinciaux ont manifestement contribué à l'élaboration
de ce qui est devenu un secteur de la production privée
créatif, efficient et fructueux. Cette réalisation
a prouvé que des programmes de soutien public bien conçus
peuvent fournir le stimulant voulu pour créer le type de
réussites commerciales qui doivent se répéter
au fur et à mesure que le Canada s'engage dans l'économie
d'information fortement compétitive. À eux seuls,
toutefois, les gouvernements seront incapables d'offrir l'appui
financier supplémentaire voulu pour garantir la disponibilité
d'émissions canadiennes dans le nouvel environnement de
la radiodiffusion.
Le Conseil estime que toutes les nouvelles entreprises de distribution
autorisées doivent contribuer à l'élaboration
et à la production d'émissions canadiennes.
Tout au cours de l'instance publique, le Conseil a reçu
des suggestions sur la manière dont une telle contribution
devrait être évaluée, le type de production
qu'elle devrait viser et qui devrait y avoir accès.
Pour ce qui est de la méthode d'établissement de
la contribution que les nouvelles entreprises de distribution
devraient apporter, le Conseil estime que le mécanisme
le plus juste consisterait à faire reposer la contribution
sur les recettes brutes provenant de leurs activités de
radiodiffusion. Le Conseil estime que l'établissement définitif
d'un ratio précis ne saurait se faire avant un complément
d'étude et de consultation avec les parties intéressées.
Cette année, l'industrie de la câblodistribution
contribuera environ 40 millions de dollars à la production
d'émissions canadiennes au moyen du fonds de production
de la câblodistribution qui a été établi
conformément à l'avis public CRTC 1993-74 concernant
la structure de l'industrie. Ce montant devrait augmenter au cours
des années subséquentes. Toutefois, les contributions
à ce fonds ne reposent pas sur les recettes brutes et elles
sont volontaires. Le Conseil estime qu'au moins jusqu'à
ce qu'une concurrence durable existe, la structure actuelle du
fonds de production de la câblodistribution doit rester.
Quant à l'utilisation qui serait le plus efficace pour
toutes nouvelles ressources de production, les participants ont
cerné deux grands besoins. Premièrement, on a avancé
qu'il continuera de falloir du financement pour les catégories
d'émissions canadiennes qui restent sous-représentées
à l'heure actuelle dans le système de radiodiffusion.
Le Conseil a cerné ces catégories comme étant
les dramatiques, les émissions de musique/variétés,
les émissions pour enfants et les documentaires. On a souligné,
toutefois, que certaines des formes de multimédias interactifs
en voie d'élaboration pourraient être considérées
comme étant de la radiodiffusion sur l'autoroute de l'information
et que leur élaboration et leur création devraient
être appuyées. De fait, un grand nombre des compagnies
de téléphone qui veulent livrer concurrence dans
la distribution de services de radiodiffusion ont exprimé
l'intention d'appuyer ces nouveaux secteurs de production. Le
Conseil estime que toutes nouvelles ressources pour les émissions
canadiennes doivent être affectées proportionnellement
tant à la production d'émissions conventionnelles
sous-représentées qu'à l'appui de nouvelles
formules d'émissions novatrices. Des lignes directrices
concernant la répartition de ces ressources ne sauraient
être données avant un complément d'étude
et de consultation avec les parties intéressées.
De plus, toutes nouvelles ressources doivent être accessibles
à tous les producteurs canadiens d'émissions admissibles.
Il s'agira probablement de producteurs indépendants pour
la plupart, mais il pourrait aussi y avoir des radiodiffuseurs
privés et publics dans les cas où ces derniers détiennent
les droits du projet en cause et où des mesures de sauvegarde
relatives aux opérations avec lien de dépendance
ont été prises.
Chapitre 4 : Les lieux publics dans un monde numérique
1. Universalité
«Il sera crucial pour les décideurs et les organismes
de réglementation de faire en sorte que toutes les voix
puissent être entendues -- qu'il y ait assez de place pour
tous sur l'autoroute.»
Commissaire à l'information et à la protection de
la vie privée de l'Ontario
L'accès public à coût abordable à l'autoroute
de l'information est une préoccupation clé. De nombreuses
parties ont utilisé l'expression «voie publique»
pour saisir cette notion, et les idées varient quant à
ce que cette dernière devrait comprendre. Les parties prévoient
que l'accès public sur l'autoroute de l'information iront
de la radiodiffusion publique et du canal communautaire du câble
à l'information commutée sur les gouvernements et
les services de santé, ainsi qu'aux services éducatifs
et aux réseaux communautaires, en passant par les installations
de courrier électronique, les bibliothèques et les
banques d'information, sans oublier les services destinés
aux autochtones.
Au fur et à mesure que la concurrence s'intensifiera, il
faudra repenser les démarches traditionnelles pour atteindre
les objectifs sociaux, si l'autoroute de l'information du Canada
doit être accessible et abordable. Il est peu probable que
les forces du marché puissent, à elles seules, faire
en sorte que les avantages de l'autoroute de l'information s'appliquent
uniformément à toutes les régions du Canada
ou satisfassent l'ensemble des exigences de l'intérêt
public. C'est donc dire que l'objectif de la politique relatif
à l'accès universel à coût abordable
ne pourra pas être atteint sans appui. La vision de l'autoroute
de l'information canadienne qui se dégage de l'expression
«voie publique» comporte de multiples facettes, et le
Conseil estime qu'il faudra divers moyens, notamment les forces
du marché, des subventions et de la coopération,
pour atteindre l'objectif de l'accessibilité universelle
à cette autoroute.
«Les vidéoconférences sont peut-être
le seul moyen pour un résident de Grise Fiord de voir un
médecin et vice versa.»
Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest
Le Conseil est d'accord avec les parties qui ont insisté
sur l'importance d'offrir au moins un point d'accès à
l'autoroute de l'information dans chaque localité. On s'occupe
de cet aspect dans le cadre de programmes gouvernementaux comme
SchoolNet. Le Conseil estime que les programmes visant à
fournir des points d'accès dans chaque localité,
à partir desquels les Canadiens peuvent se prévaloir
de divers services commutés de l'autoroute de l'information
pour une modique somme, sinon sans frais, constituent un important
aspect de la stratégie du gouvernement vers l'accès
universel.
Le sentiment d'urgence que de nombreuses parties ont souligné
concernant l'accès à l'autoroute de l'information
est accentué dans les régions isolées, notamment
le Nord, à cause du plus grand isolement, du coût
plus élevé des déplacements et de la plus
grande importance de l'autoroute de l'information pour l'expansion
économique de ces régions. Les parties ont ajouté
que les avantages susceptibles de résulter de l'autoroute
de l'information sont plus grands dans ces régions parce
qu'elle a la capacité de rétrécir la distance
qui, autrement, les sépare des nombreux services sociaux
et commerciaux considérés comme allant de soi dans
les centres urbains. Elles ont attiré en particulier l'attention
sur l'importance du lien entre les objectifs de la politique du
gouvernement relatifs à l'universalité à
coût abordable et la création d'emplois. C'est donc
dire que, même si les tarifs se rapprochent des coûts
dans les centres urbains, la réglementation et les politiques
du gouvernement devront voir à ce qu'il existe des subventions
directes et indirectes pour garantir un service universel à
coût abordable.
«Notre priorité doit être de relier nos localités
isolées. Nous n'avons pas les mêmes besoins de communications
que les grandes populations urbaines.»
Rosemarie Kuptana, Inuit Tapirisat du Canada
Même si le service universel est un objectif de la politique
de télécommunications, le service universel abordable
a toujours signifié l'accès au service téléphonique
local de base seulement. Le Conseil a entendu longuement parler
des intéressantes possibilités liées à
un grand nombre des nouveaux services de l'autoroute de l'information.
Il estime qu'avec le temps, au fur et à mesure que les
méthodes actuelles de fourniture de services céderont
le pas à la prestation électronique, certains services
interactifs ou sur demande fournis sur l'autoroute de l'information
pourraient en venir à être considérés
comme des services essentiels.
Depuis toujours, c'est en permettant aux fournisseurs de services
monopolistiques d'interfinancer des tarifs d'accès peu
élevés au moyen de tarifs plus élevés
pour leurs autres services qu'on atteignait l'universalité.
Par exemple, les tarifs du service téléphonique
local ont généralement été subventionnés
par les tarifs de l'interurbain.
Bien que les services téléphoniques de base puissent
continuer à être appuyés en partie par des
tarifs subventionnés, le Conseil estime que c'est aux gouvernements
qu'il incombe de prendre des décisions concernant le financement
et les priorités pour ce qui est de l'élaboration
de l'infrastructure sur l'autoroute de l'information dans les
régions où les coûts sont élevés.
Le Conseil continuera d'examiner la question de l'universalité
dans le contexte des demandes et requêtes qui lui sont présentées
(y compris, par exemple, celles de la Norouestel Inc. et de l'Arctic
Cooperatives Limited, dont il est actuellement saisi, visant à
câbler le Nord). Pour ce qui est des arguments de l'Ontario
Telephone Association, le Conseil estime que l'Association pourrait
lui présenter un projet si elle désirait offrir
le service de ligne individuelle aux abonnés du service
multiligne. Il examinera aussi, au cas par cas, des requêtes
de compagnies de téléphone indépendantes
en vue d'obtenir l'autorisation de desservir des secteurs de leur
territoire d'exploitation sans service de câblodistribution.
2. Éducation
«La technologie de l'information révolutionnera
l'enseignement et la formation pour les Canadiens, en donnant
aux éducateurs les moyens voulus pour offrir l'éducation
permanente.»
Association des collèges communautaires du Canada
Dans les mains des éducateurs et des étudiants,
l'interactivité multimédia qui caractérise
l'autoroute de l'information se révèle un nouvel
outil puissant. L'autoroute de l'information a commencé
à changé les rôles traditionnels des enseignants,
des étudiants et de tous les Canadiens qui s'intéressent
à l'éducation permanente. Les éducateurs
poussent l'expérience de l'apprentissage au delà
de la salle de classe et ils utilisent l'autoroute de l'information
en classe pour transformer leur mode d'enseignement.
De nombreux sondages révèlent que l'éducation
se veut une priorité clé pour les Canadiens. Le
Conseil convient que l'éducation est essentielle non seulement
en soi, mais aussi à cause des bénéfices
socio-économiques qu'elle tire de l'argent investi dans
la formation des citoyens du Canada. Toutefois, de nombreux établissements
d'enseignement ont, dans la présente instance, présenté
des mémoires mettant l'accent sur ce qu'ils considèrent
comme les coûts élevés des télécommunications.
Stentor est d'avis que ses actionnaires pourraient appuyer des
tarifs préférentiels pour l'éducation et
les services de santé. De plus, Stentor a déclaré
qu'il serait raisonnable que ses actionnaires investissent dans
l'élaboration d'applications qui seront accessibles sur
l'autoroute de l'information, notamment celles qui visent à
offrir un niveau supérieur de télé-enseignement.
Le Conseil estime que, dans certaines circonstances, des tarifs
pour des services de télécommunications qui sont
discriminatoires en faveur d'établissements d'enseignement
ou de services de santé peuvent être souhaitables
et ne pas se révéler anticoncurrentiels. Ce
serait le cas si des critères étaient établis
pour déterminer, entre autres choses, qui devrait profiter
de la discrimination. Il faudrait aussi démontrer que les
autres abonnés ne seraient pas appelés à
payer davantage et que les prix exigés couvrent les coûts.
Ce dernier critère ferait en sorte que l'établissement
de prix pour les établissements d'enseignement ou de services
de santé ne se fait pas au détriment de l'élaboration
d'un marché complètement concurrentiel.
Le Conseil entend solliciter des observations sur un projet reposant
sur ces critères.
3. Accès communautaire
Le développement du canal communautaire du câble
comme partie intégrante du système canadien de radiodiffusion
a fait en sorte que les Canadiens aient directement accès
à ce système pour exprimer leurs idées et
opinions. Le Conseil est d'accord avec l'opinion avancée
à l'audience qu'il importe [TRADUCTION] «d'appuyer
le local face au mondial». Il s'attend aussi à ce
que de nouvelles occasions d'élaborer la voie publique
se présentent d'elles-mêmes lorsque des parties intéressées
lui présenteront des demandes de licences d'exploitation
d'entreprises de distribution de radiodiffusion. Le Conseil
estime que toutes les entreprises de distribution de radiodiffusion
doivent apporter des contributions comparables aux débouchés
pour l'expression communautaire.
Lorsque de nouvelles parties lui présenteront des demandes
d'exploitation d'entreprises de distribution de radiodiffusion,
le Conseil s'attendra à ce qu'elles s'engagent à
faire de telles contributions. Dans un univers concurrentiel,
toutefois, les entreprises de distribution utiliseront différentes
technologies. C'est pourquoi le Conseil estime qu'il serait irréaliste
d'exiger une forme particulière de contribution. Plutôt,
les parties qui désirent exploiter de nouvelles entreprises
de distribution de radiodiffusion devraient lui proposer des démarches
novatrices d'expression communautaire, peutêtre au moyen
de l'intégration d'un dialogue et de véhicules communautaires
interactifs pour le partage de l'information. Ces propositions
viendraient compléter la contribution que les câblodistri
buteurs actuels apportent au moyen de leurs canaux communautaires.
Chapitre 5 : Autres questions
1. Protection de la vie privée
«Des normes élevées pour quelque chose comme
la protection de la vie privée n'empêchent pas l'innovation,
mais elles la guident.»
Conseil des consommateurs du Canada/Association des consommateurs
de la Région de la Capitale nationale
La protection de la vie privée et la sécurité
des réseaux sont deux des principes directeurs que le gouvernement
a cernés pour l'élaboration et la mise en oeuvre
de sa stratégie relative à l'autoroute de l'information.
Les parties ont aussi souvent souligné l'importance cruciale
de ces deux aspects pour l'élaboration de l'autoroute.
Le Conseil est du même avis.
Les parties n'ont pas, en règle générale,
fourni de détails sur des démarches possibles pour
la protection de la vie privée et la sécurité
des réseaux, mais il fallait s'y attendre, compte tenu
du mandat de l'instance. Le principal point de divergence entre
les parties qui ont formulé des observations approfondies
sur cette question a trait à la nécessité
de légiférer pour protéger la vie privée.
Le Conseil sait que le Conseil consultatif sur l'autoroute de
l'information examine de près les questions relatives à
la protection de la vie privée et l'autoroute de l'information
en vertu de son mandat et il estime que c'est à cet organisme
qu'il faut laisser le soin de régler ces questions. Pour
ce qui est des questions relatives à la sécurité
des réseaux, le Conseil estime qu'il conviendrait mieux
de les examiner dans le cadre d'autres tribunes. Il va sans dire
toutefois que, dans l'exercice de ses fonctions en télécommunications,
le Conseil continuera de s'occuper des questions relatives à
la protection de la vie privée, lorsqu'elles surgiront.
2. Droits d'auteur
«Les auteurs et les autres détenteurs de droits
doivent être dédommagés de l'utilisation de
leurs oeuvres.»
Association de l'industrie canadienne de l'enregistrement (CRIA)
Plusieurs intervenants ont formulé des observations sur
la question des droits d'auteur. La majorité des observations
à cet égard sont venues de représentants
de l'industrie de la production, qui demandaient ou appuyaient
la protection des droits d'auteur et de la propriété
intellectuelle. En règle générale, les parties
intéressées veulent obtenir l'assurance que les
aspects juridiques, technologiques et administratifs des droits
d'auteur seraient fonctionnels sur l'autoroute de l'information.
On a exprimé de l'inquiétude au sujet de la capacité
de la technologie numérique de produire des copies parfaites.
Les parties ont avancé que cela pourrait aboutir à
des violations de droits d'auteur et compliquer le processus d'obtention
de droits ou la négociation de versements de droits. Même
si le décret ne fait pas directement mention de la question
des droits d'auteur, les parties ont soutenu qu'il est implicite,
d'après les questions qui y sont soulevées au sujet
des moyens de faire en sorte que le contenu canadien soit appuyé,
qu'il faut garantir que les producteurs et les créateurs
soient adéquatement dédommagés pour l'utilisation
de leurs oeuvres. Les intervenants ont conclu que, faute de lois
strictes sur les droits d'auteur, les créateurs pourraient
ne pas vouloir placer leurs oeuvres dans le système, ce
qui ne servirait pas les objectifs culturels de la Loi sur
la radiodiffusion.
Le Conseil est conscient de la grande importance de la protection
des droits d'auteur et il porte ainsi ces préoccupations
à l'attention du gouvernement. Même si le Conseil
n'a pas, luimême, mandat d'intervenir dans de telles questions
en vertu de la Loi sur la radiodiffusion, le Conseil consultatif
sur l'autoroute de l'information a, pour sa part, chargé
un souscomité des droits d'auteur d'examiner la question.
Annexe I : Glossaire
Affiliées
Affiliées : des compagnies sont affiliées si
l'une possède ou contrôle l'autre ou si les deux
sont possédées ou contrôlées par la
même société mère.
Circuit d'accès local
Le circuit local est la ligne spécialisée entre
le centre de commutation de la compagnie de téléphone
et les locaux ou le domicile de l'abonné.
Commutation
La commutation est le processus d'acheminement du trafic d'un
abonné à un autre sur des réseaux identiques
ou différents. Tel que déjà mentionné,
un réseau commuté permet au trafic de se déplacer
de façon bidirectionnelle.
Dégroupement
Le dégroupement consiste à offrir les éléments
ou les services distincts du réseau téléphonique
local de façon dégroupée (ou élément
par élément), afin de favoriser une concurrence
durable.
Goulot
Un goulot est un service, une fonction ou une installation
du réseau téléphonique local soumis à
l'heure actuelle à un certain degré de contrôle
monopolistique, que les concurrents ne peuvent reproduire de façon
économique, mais dont ils ont besoin pour livrer concurrence.
La mesure dans laquelle les éléments du réseau
réunissent les caractéristiques d'un goulot fera
bientôt l'objet d'un examen dans le cadre de l'instance
sur la concurrence dans la téléphonie locale.
Interfonctionnalité
L'interfonctionnalité désigne la connexion de
réseaux permettant au trafic de se déplacer efficacement
d'un réseau à un autre.
Plafonnement des prix
Le plafonnement des prix est une solution de rechange pour
la réglementation traditionnelle du taux de rendement.
Le plafonnement des prix met l'accent sur les niveaux de prix,
plutôt que sur le rendement de l'investissement. Il vise
à récompenser la productivité et à
atténuer les préoccupations au sujet du surinvestissement
inutile et des répartitions de coûts inadéquates.
Rééquilibrage des tarifs
Le rééquilibrage des tarifs consiste à
augmenter les prix des services locaux qui sont subventionnés
par les revenus provenant de l'interurbain et à réduire
les subventions que paient les fournisseurs de services interurbains.
Réglementation du taux de rendement
La réglementation du taux de rendement vise à
permettre à une compagnie de téléphone de
réaliser un rendement raisonnable sur sa base tarifaire
(qui comprend les investissements en immobilisations et les dépenses
d'exploitation).
Réseaux intégrés
Les réseaux intégrés offrent la capacité
nécessaire pour distribuer la voix, les images et les données
sur les mêmes installations.
Séparation structurelle
La séparation structurelle consiste à établir
une compagnie distincte, mais affiliée, pour exploiter
un secteur d'activité donné. Elle est une solution
à la question de l'interfinancement ou de la préférence
indue.
Signalisation
La signalisation est le processus fonctionnel qui permet d'identifier
et d'acheminer les appels dans le cadre du réseau téléphonique.
Sirius
Sirius est l'appellation donnée par l'Alliance des
compagnies de téléphone Stentor à son projet
de construction d'un réseau à large bande bidirectionnelle
(ou commutée).
Tonalité vidéo
La «tonalité vidéo» désigne
la distribution de l'information sur large bande bidirectionnelle
ou «commutée» (par opposition à la large
bande unidirectionnelle ou «spécialisée»);
elle constituera la plate-forme technologique des services de
vidéo sur demande. Un système de communications
commuté en est un qui permet l'échange d'information
bidirectionnelle, de point à point.
Annexe II : Décret en Conseil
ATTENDU QUE le développement des nouvelles technologies
de communication, y compris l'autoroute de l'information, est
fondamental pour l'avenir du Canada;
ATTENDU QUE le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications
canadiennes a la responsabilité de réglementer plusieurs
éléments compris dans ces nouvelles technologies
de communication;
ATTENDU QUE l'article 14 de la Loi sur les télécommunications
et l'article 15 de la Loi sur la radiodiffusion prévoient
que le gouverneur en conseil peut demander au Conseil de la radiodiffusion
et des télécommunications canadiennes de faire rapport
sur toute question relevant de la compétence du Conseil
de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes;
ATTENDU QUE le gouverneur en conseil est d'avis qu'il est dans
l'intérêt public que le Conseil de la radiodiffusion
et des télécommunications canadiennes examine certaines
questions concernant les nouvelles technologies de communication;
et
ATTENDU QUE le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications
canadiennes a été consulté par le ministre
des Communications conformément au paragraphe 15 (2) de
la Loi sur la radiodiffusion;
À CES CAUSES, sur recommandation du ministre de l'Industrie,
Science et Technologie et du ministre des Communications et en
vertu de l'article 14 de la Loi sur les télécommunications
et de l'article 15 de la Loi sur la radiodiffusion, il
plaît à Son Excellence le gouverneur général
en conseil de demander au Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes de faire rapport
sur certaines questions décrites dans l'annexe ci-jointe,
dans la mesure où elles relèvent de la compétence
du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications
canadiennes et, s'il le juge opportun, de faire des recommandations
à ce sujet, avant le 28 février 1995.
ANNEXE
Demande de rapport adressée au Conseil de la radiodiffusion
et des télécommunications canadiennes (CRTC) par
le gouverneur en conseil en vertu de l'article 14 de la Loi
sur les télécommunications et de l'article 15
de la Loi sur la radiodiffusion
Le gouverneur en conseil demande au Conseil de la radiodiffusion
et des télécommunications canadiennes (CRTC) de
réunir de l'information, d'obtenir des opinions et de présenter
un rapport sur un certain nombre de questions, telles que décrites
ci-dessous, dans le mesure où elles relèvent de
la compétence du CRTC.
Le gouvernement a demandé au CRTC d'entreprendre cet examen,
estimant que ce processus permettra à tous les intéressés,
y compris le CRTC lui-même, de faire connaître leurs
vues. De plus, ce processus permettra au CRTC de procéder
à une analyse critique des prises de position des divers
intervenants. Compte tenu de l'importance cruciale des questions
à l'étude, il est essentiel de favoriser le plus
grand échange de points de vue possible et ce, préalablement
à l'adoption, par le gouvernement, de sa politique finale.
Contexte
Le terme «autoroute de l'information» décrit
un réseau de réseaux qui reliera foyers, entreprises
et établissements canadiens à une grande diversité
de services. L'autoroute de l'information fournira l'infrastructure
nécessaire à la nouvelle économie canadienne
fondée sur les connaissances. Son développement
sera donc d'une importance critique pour la compétitivité
de tous les secteurs de notre économie.
Le gouvernement a déjà annoncé que la stratégie
relative à l'autoroute de l'information reposera sur trois
grands objectifs :
- la création d'emplois grâce à l'innovation
et à l'investissement;
- la consolidation de la souveraineté et l'identité
culturelle du Canada;
- l'accès universel à coût abordable.
Les quatre principes suivants guideront l'élaboration et
la mise en oeuvre de cette stratégie :
- l'interconnexion et la compatibilité des réseaux;
- le développement concerté entre les secteurs
public et privé;
- la concurrence au chapitre du matériel, des produits
et des services;
- la protection de la vie privée et la sécurité
des réseaux.
Les assises de l'autoroute de l'information sont les industries
actuelles des télécommunications, de la télévision
par câble, de la radiodiffusion, de satellites et des communications
sans fil. Ces industries annoncent des plans pour le développement
ou le lancement de nouveaux services de communication ou d'information,
y compris de services offrant un contenu. Si ces plans sont mis
en oeuvre et si la demande est suffisante, les Canadiens et les
Canadiennes recourront de plus en plus aux technologies des communications
et de l'information pour l'enseignement, les divertissements,
les services sociaux, les opérations bancaires, les produits
culturels et une foule d'autres produits et services. Les discussions
actuelles sur ces nouveaux services possibles donnent une image
partielle de ce qu'offrira l'autoroute de l'information parce
qu'un grand nombre des services qui seront d'usage courant à
la fin du siècle ne sont pas encore disponibles et plusieurs
n'ont pas encore été imaginés.
Nous savons cependant que l'autoroute de l'information sera essentielle
au succès de la nouvelle économie canadienne de
l'information. Un grand nombre des services de l'autoroute de
l'information, y compris un certain nombre qui sont déjà
fournis, tels que les opérations bancaires électroniques,
les systèmes de stockage au moment adéquat et l'échange
électronique de données, deviendront d'une importance
critique pour la compétitivité de tous les secteurs
de l'économie, qu'il s'agisse d'exploitation des ressources
naturelles, des secteurs manufacturiers ou de services. L'autoroute
de l'information présentera à la fois de nouveaux
défis et de nouveaux débouchés pour les industries
culturelles canadiennes. Le déploiement et l'acceptation
des nouvelles technologies auront une importance cruciale pour
le rythme de mise en oeuvre des nouveaux services. Cependant,
la clarté des règles de base, surtout des politiques
et des règlements du gouvernement, sera tout aussi importante.
La valeur réelle que les Canadiens et les Canadiennes tireront
d'une économie fondée sur les connaissances dépendra
de ce qui circulera sur l'autoroute de l'information et de leur
capacité d'en faire usage. Nos politiques doivent encourager
l'élaboration d'un contenu canadien qui puisse soutenir
la concurrence de ce qu'il y a de mieux dans le monde, y compris
en produits culturels et didactiques et en produits de divertissement.
Nos politiques doivent également fournir un appui constant
à nos produits culturels en garantissant que les nouveaux
services de radiodiffusion offrant un contenu répondent
aux objectifs de la Loi sur la radiodiffusion en ce qui
concerne la souveraineté et l'identité culturelle
du Canada et que leur mise en oeuvre se fasse d'une façon
qui contribue au renforcement de la souveraineté et de
l'identité culturelle du Canada.
Le nouveau cadre de politique doit servir à renforcer la
souveraineté et l'identité culturelle du Canada.
Il doit reconnaître l'efficacité des mécanismes
actuels de soutien du contenu en vue de la consolidation de notre
industrie de la radiodiffusion et de nos industries culturelles
ainsi que le défi que pose l'adaptation de ces mécanismes
à un environnement où la prestation concurrentielle
de services offre aux consommateurs des choix sans précédent.
Les nouvelles technologies et l'autoroute de l'information ne
devraient pas simplement fournir des moyens plus efficaces de
transmettre aux Canadiens et aux Canadiennes un contenu étranger;
elles devraient également constituer des moyens puissants
d'élargir les marchés aux émissions et aux
produits culturels canadiens de toute première qualité.
La discussion qui suit vise en grande partie la vision du gouvernement
sur la concurrence, et il est essentiel que cette vision soit
bien comprise au départ. Le but du gouvernement est de
préserver et de promouvoir une concurrence équitable,
un cadre pour maintenir une concurrence vigoureuse -- une qui,
tout en protégeant les entreprises individuelles, ne menera
pas à l'extinction d'un secteur en particulier. La meilleure
façon d'y arriver est d'éliminer les situations
où un groupe de compétiteurs est dans une position
privilégiée, alors que d'autres sont défavorisés.
Ce principe s'applique autant aux entreprises en place qu'aux
nouveaux arrivants, ou transporteurs et fournisseurs de contenu,
ou tout autre groupe.
Installations
a) Politique
Dans une récente révision du cadre réglementaire
visant les compagnies de téléphone de Stentor qu'il
réglemente, le CRTC s'est engagé à un mode
de réglementation qui appuiera l'autoroute de l'information.
La reconnaissance du Conseil qu'il n'est plus suffisant d'évaluer
les besoins de télécommunications simplement en
fonction de services téléphoniques est parmi les
aspects les plus importants de cette décision. Conformément
aux objectifs de la Loi sur les télécommunications,
il faut plutôt envisager une gamme de services de télécommunications
utilisés par les Canadiens et les Canadiennes. Le Conseil
a également poursuivi l'objectif statutaire d'une plus
grande dépendance sur les forces du marché en demandant
aux compagnies de Stentor de prendre un certain nombre de mesures
pour améliorer l'accès aux installations de réseau.
L'une des forces du Canada réside dans le fait que l'industrie
de la télévision par câble et l'industrie
du téléphone disposent chacune de réseaux
qui atteignent presque tous les Canadiens et Canadiennes. Ensemble,
leurs réseaux locaux peuvent fournir la plupart des services
de communication de pointe qui existent ainsi qu'un bon nombre
de ceux qui apparaîtront sur le marché d'ici quelques
années.
Les systèmes de télévision par câble
sont des entreprises de radiodiffusion en vertu de la Loi sur
la radiodiffusion. Lorsqu'ils offrent des services hors programmation
au moyen des mêmes installations qu'ils utilisent pour la
radiodiffusion, ils sont également englobés dans
la définition du terme «entreprise canadienne»
en vertu de la Loi sur les télécommunications
(1993).
L'interconnexion et la compatibilité des installations
des réseaux de télévision par câble
qui servent à fournir des services de télécommunications
avec celles d'autres entreprises de télécommunications
propriétaires d'installations et d'autres fournisseurs
de services de télécommunications feront progresser
l'application de la stratégie fédérale relative
à l'autoroute de l'information.En conséquence, la
politique du gouvernement est la suivante :
- La coopération ou le partage entre les entreprises
de câblodistribution et les entreprises de télécommunications
devrait être permis;
- Les installations et la capacité de toutes les entreprises
de télécommunications sous juridiction fédérale,
incluant, dans toute la mesure du possible les installations et
la capacité des entreprises de câblodistribution
autorisées qui ne seront pas utilisées pour la transmission
de services de radiodiffusion, seront mises sans discrimination
à la disposition des fournisseurs de services et d'autres
entreprises de télécommunications, par le truchement
de baux, de reventes ou de partages;
- Les installations et la capacité, y compris les structures
de soutien, devraient, dans toute la mesure du possible, être
fournies d'une manière qui permette aux utilisateurs de
n'utiliser et ne payer que pour les parties de l'infrastructure
du réseau dont ils ont besoin.
Ce qui précède s'applique dans tous les cas, sauf
lorsque :
- cela est inopportun en raison des coûts ou des conditions
du marché;
- cela empêcherait une concurrence équitable;
- cela serait incompatible avec les objectifs de la Loi sur
la radiodiffusion, de la Loi sur les télécommunications
ou des deux.
b) Défi de la mise en oeuvre de la politique
Le gouvernement reconnaît que l'interconnexion et la compatibilité
des réseaux conçus à des fins différentes
poseront des défis technologiques et réglementaires.
C'est pourquoi le Conseil est prié de répondre aux
questions qui suivent :
- Combien de temps faudra-t-il pour que soient mises en oeuvre
la politique du gouvernement au sujet de l'interconnexion et de
la compatibilité ainsi que celles visant la location, la
vente et le partage des installations de câblodistribution
qui ne servent pas à la radiodiffusion?
- Quelles conditions, s'il en est, et quels mécanismes
devraient être en vigueur pour assurer une coopération
réelle ainsi qu'une concurrence équitable?
Contenu
a) Politique
Dans le contexte de l'autoroute de l'information, le gouvernement
est engagé à assurer la poursuite des objectifs
de la Loi sur la radiodiffusion relativement au contenu
culturel et à la propriété. L'article 3 de
la Loi présente la politique de radiodiffusion du
Canada y compris le rôle des radiodiffuseurs quant à
la création, à l'exposition et à la distribution
du contenu canadien. Il enjoint au système de radiodiffusion
de refléter, tel un miroir, les caractéristiques
de tous les Canadiens et Canadiennes, dans ses émissions
comme dans son fonctionnement, et d'encourager l'épanouissement
de l'expression canadienne. Il renferme des références
particulières, non seulement aux ressources créatives
et aux autres ressources canadiennes, mais aussi aux émissions
canadiennes de divertissement, aux émissions d'information
présentant un point de vue canadien et aux émissions
produites par le secteur canadien indépendant (qui fournit
un lien avec les programmes d'appui du gouvernement à la
production canadienne). La Loi de 1991 ordonne clairement
au CRTC de réglementer de façon à augmenter
la présence d'émissions canadiennes dans le système
de radiodiffusion chaque fois que cela est possible.
Tous les objectifs visés par la Loi sur la radiodiffusion
demeureront valides dans toute nouvelle contingence stratégique
ou réglementaire. Toutefois, dans le cadre de l'élaboration
d'une nouvelle politique concernant les nouveaux intervenants,
les nouveaux services et les nouvelles technologies, plusieurs
objectifs du système canadien de radiodiffusion doivent
être abordés d'une manière explicite :
- la propriété canadienne et le contrôle
canadien effectifs ainsi que la contribution appropriée
de la part de chaque entreprise de radiodiffusion à la
création et à la présentation d'émissions
canadiennes;
- le système canadien de radiodiffusion devrait servir
à sauvegarder, enrichir et renforcer le tissu culturel,
politique, social et économique du Canada; favoriser le
développement de l'expression canadienne en offrant un
large éventail d'émissions qui reflètent
les attitudes, les opinions, les idées, les valeurs et
la créativité artistique canadiennes en montrant
le talent canadien dans les émissions de divertissement
et en offrant de l'information et une analyse concernant le Canada
et les autres pays d'un point de vue canadien; servir les besoins
et les intérêts des hommes, des femmes et des enfants
du Canada (y compris l'égalité des droits, la dualité
linguistique, la nature multiculturelle et multiraciale de la
société canadienne et la place spéciale qu'occupent
les autochtones dans notre société) tout en reflétant
les circonstances et les aspirations de ces personnes; s'adapter
rapidement aux changements technologiques et scientifiques; et
- toutes les entreprises de radiodiffusion sont tenues de faire
appel au maximum, et dans tous les cas au moins de manière
prédominante, aux ressources -- créatives et autres
-- canadiennes pour la création et la présentation
de leur programmation, dans toute la mesure du possible.
La politique du gouvernement est la suivante :
- Les participants à l'autoroute de l'information apportent
des contributions équitables et appropriées à
la production et à la distribution de produits et de services
à contenu culturel canadien et à l'accès
à ceux-ci; et,
- le gouvernement continue de détenir les instruments
et les mécanismes nécessaires pour promouvoir le
contenu canadien.
b) Le défi de la mise en oeuvre de la politique
Le défi du gouvernement sera de trouver un moyen d'assurer
un appui continu à la production, à la distribution
et à la présentation d'émissions et de produits
culturels canadiens et, dans le cas des entreprises de radiodiffusion,
d'assurer le maintien de la propriété canadienne
et du contrôle canadien. Il est essentiel que tous les Canadiens
et les Canadiennes continuent à avoir accès à
des services de contenu de qualité, qu'il soit canadien
ou étranger. Toutefois, il faut continuer à accorder
la priorité à la distribution des produits culturels
canadiens et à l'accès à ceux-ci. Dans le
but d'assurer leur viabilité et leur disponibilité,
les producteurs canadiens de produits culturels doivent avoir
l'assurance d'obtenir du financement pour développer le
contenu et aussi avoir l'assurance que les Canadiens et les Canadiennes
seront capables d'avoir accès à ces produits.
Il est vital que le nouveau cadre de politique renforce les mécanismes
d'appui au secteur culturel canadien. Dans le contexte réglementaire
actuel, le secteur culturel canadien compte beaucoup sur le secteur
de la radiodiffusion canadienne pour obtenir de l'appui, principalement
par le truchement des obligations en matière de présentation
et de dépenses relativement au contenu canadien du secteur
de la radiodiffusion. Le défi sera de modifier les mécanismes
d'appui existants, au besoin, et d'en créer de nouveaux
qui, ensemble, permettront que le niveau actuel d'appui aux industries
culturelles canadiennes et la disponibilité de contenu
canadien soient au moins maintenus. Les nouvelles technologies
et l'autoroute de l'information poseront des défis pour
le secteur culturel, particulièrement au niveau de la concurrence
étrangère, mais elles offriront aussi aux fournisseurs
de contenu culturel canadien des occasions d'exploiter des marchés
pour de nouveaux services.
Dans son avis public CRTC 1994-118 du 16 septembre 1994, le CRTC
a exempté les essais techniques des «vrais» services
de la vidéo sur demande (VSD) des exigences de licence
en vertu de la Loi sur la radiodiffusion, trouvant ainsi
qu'un «service VSD est un service qui offre des émissions
telles que définies dans la Loi (sur la radiodiffusion)
qui sont transmises au moyen de télécommunications
où chaque consommateur choisit les émissions particulières
qu'il recevra par l'entremise d'un appareil de réception
de radiodiffusion au moment de son choix». Le Conseil a également
stipulé que les compagnies de téléphone peuvent
s'impliquer dans le contenu d'entreprises d'information, précisant
qu'une demande pour une licence de radiodiffusion sera nécessaire
lorsque le service est de la radiodiffusion en vertu de la Loi
sur la radiodiffusion. Au moment où les fonctions de
transport et de fourniture de contenu se croisent, la question
se pose à savoir si les définitions législatives
en place sont suffisamment précises.
Dans ce contexte, on demande au Conseil de répondre aux
questions suivantes :
- Les définitions juridiques de la Loi sur la radiodiffusion
et de la Loi sur les télécommunications sont-elles
suffisamment claires pour permettre aux nouveaux services et à
ceux qui émergent de se développer dans le cadre
d'une réglementation cohérente, ou est-il nécessaire
de revoir les définitions de termes tels que «radiodiffusion»
et «service de télécommunications»?
- Les outils et les instruments disponibles en vertu de la Loi
sur la radiodiffusion et de la Loi sur les télécommunications
assurentils que les services canadiens ou étrangers offrant
un contenu soient fournis de façon à promouvoir
les objectifs de la politique culturelle canadienne? Sinon, quelles
modifications seraient nécessaires?
- En vertu de l'article 9.4 de la Loi sur la radiodiffusion,
le Conseil pourra soustraire certaines entreprises à la
réglementation s'il estime que leur respect de la réglementation
est sans conséquence majeure pour l'atteinte des objectifs
de la Loi. Serait-il approprié d'établir
des critères particuliers qui pourraient être utilisés
pour déterminer quels services pourraient être exemptés?
Si c'est le cas, quels seraient les critères sur lesquels
se baser pour juger de tels services? Devrait-on faire une distinction
entre les services que le CRTC pourrait exempter sans autre avis
et les services que le CRTC continuerait d'exempter seulement
après la tenue du processus public habituel?
- Serait-il approprié que toutes les entreprises de télécommunications
deviennent admissibles à des licences de radiodiffusion
sous réserve de se soumettre aux règlements canadiens
concernant la propriété et aux règlements
généralement applicables? À l'intérieur
de quelle période et en vertu de quelles conditions pourrait-on
considérer cette possibilité?
- En se penchant sur les questions précédentes,
le Conseil voudra peut-être examiner les points suivants
et recueillir des observations à leur sujet :
i) Comment les nouveaux créateurs et les nouveaux distributeurs
d'émissions audio, vidéo et autres services de programmation
devraient-ils contribuer à la création et à
la présentation d'émissions canadiennes?
ii) Dans quelle mesure la présence de nouveaux services
de programmation pourrait-elle avoir des répercussions
sur les radiodiffuseurs publics et privés canadiens?
iii) Comment les nouveaux services devraient-ils maintenir et
favoriser l'identité nationale et la souveraineté
culturelle?
iv) Comment les nouveaux distributeurs d'émissions audio,
vidéo et autres services de programmation devraient-ils
donner priorité à la distribution d'émissions
canadiennes (audio, vidéo et autres)?
Concurrence
a) Politique
Depuis une dizaine d'années, les forces du marché
déterminent davantage la prestation des services de communication
au Canada et à l'échelle mondiale. La concurrence
stimule l'investissement et l'innovation et réduit l'écart
entre le développement et la diffusion des nouveaux produits,
services et technologies, d'où une diversification rapide
des produits et services offerts aux consommateurs. La concurrence
peut également contribuer à une réduction
des prix.
Le Canada a réalisé des progrès considérables
au niveau de la libre concurrence en ce qui a trait à la
vente d'équipements de terminaux de télécommunications
et à la revente des services de télécommunications.
D'autres initiatives relatives à la concurrence comprennent
l'octroi de licences à des fournisseurs de services de
communication cellulaires et personnelles concurrents, la mise
en vigueur de la concurrence sur le marché public du service
téléphonique interurbain ainsi que l'octroi de licences
à un nombre croissant de services de télévision
spécialisés et payants livrant concurrence aux radiodiffuseurs
conventionnels et se livrant concurrence entre eux. Plus récemment,
dans sa décision sur le cadre réglementaire, le
CRTC a déterminé qu'il pourrait mieux rencontrer
les objectifs de la Loi sur les télécommunications
en ouvrant tout les aspects de la téléphonie à
la concurrence. Le CRTC a également confirmé que
les compagnies de téléphone devraient pouvoir offrir
le service d'accès vidéo et, comme mentionné
plus haut, devraient pouvoir s'impliquer dans le contenu de services
d'information.
Un modèle de concurrence applicable aux installations canadiennes
de communication doit toutefois respecter les objectifs et les
principes de la stratégie de l'autoroute de l'information
ainsi que les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion
et de la Loi sur les télécommunications.
Le cadre réglementaire doit assurer le partage équitable
des obligations et des possibilités entre tous les participants,
c'est-à-dire offrir à tous les mêmes chances
de succès et risques d'échecs et ce, à la
mesure de leurs efforts.
La politique du gouvernement est la suivante :
- encourager une concurrence équitable et miser davantage
sur les forces du marché pour la prestation des installations,
produits et services;
- encourager le regroupement et l'interconnexion à l'échelle
nationale des systèmes des câblodistributeurs autorisés
sous licence afin de maximiser leur efficacité, dans la
mesure où cela n'est pas contraire au principe de l'accessibilité;
- mettre à jour les règles visant la propriété
canadienne des radiodiffuseurs autorisés sous licence afin
d'encourager l'investissement nécessaire pour accélérer
la mise en oeuvre des technologies de pointe et de multiplier
les services à contenu canadien en harmonisant les règles
qui s'appliquent à l'industrie de la radiodiffusion avec
celles qui régissent l'industrie des télécommunications;
- veiller à ce que quiconque exerçant à
la fois les fonctions d'une entreprise de radiodiffusion, au sens
de la Loi sur la radiodiffusion, et d'une «entreprise
canadienne» de télécommunications, au sens
de la Loi sur les télécommunications, soit
assujetti aux deux lois, pour les activités auxquelles
chacune s'applique respectivement.
b) Le défi de la mise en oeuvre de la politique
Étant donné que la concurrence équitable
dans la prestation des services de communication constitue l'objectif
à long terme, des questions se posent quant aux moyens
et au cadre de la mise en oeuvre de cette politique. Ce cadre
doit être conforme aux objectifs et aux principes de la
stratégie de l'autoroute de l'information. De plus, il
doit favoriser l'investissement et l'innovation en supprimant
les barrières à la concurrence qui n'ont plus leur
raison d'être. Toutefois, pour que la concurrence soit viable
à long terme, ce cadre doit également tenir compte
des disparités qui existent entre les concurrents éventuels,
en particulier entre les industries de câblodistribution
et du téléphone. Les initiatives stratégiques
devraient favoriser une concurrence équitable dans la prestation
des services au public. En outre, le cadre devrait servir à
renforcer notre souveraineté et notre identité culturelle
et par conséquent tenir compte des répercussions
de la concurrence accrue sur le système de la radiodiffusion.
En l'occurrence, le gouvernement estime qu'il convient de prendre
des mesures de transition afin d'établir un cadre stratégique
et un climat de confiance qui permettent aux entreprises de câblodistribution
et aux compagnies de téléphone assurant un service
local de faire des investissements de plusieurs milliards de dollars
dès maintenant et d'avoir une vision nette de l'avenir.
La suppression de certaines barrières à la concurrence
serait avantageuse pour les consommateurs et stimulerait les investissements
dans les deux industries, sans désavantager indûment
l'une ou l'autre. En outre, la confiance accrue qu'assurerait
une période de transition devrait permettre une concurrence
durable, ce qui est également dans l'intérêt
des consommateurs. Cela donnerait au gouvernement, au CRTC et
aux industries une certaine latitude pour adapter les mécanismes
de réglementation et les autres mécanismes de soutien
existants afin de tenir compte de l'évolution vers la concurrence
dans la prestation de tous les services de communication au foyer.
Les points de vue différeront quant à la durée
souhaitable de cette période de transition et quant aux
mesures de transition à adopter. La période de transition
devrait être assez courte pour encourager les industries
à agir le plus rapidement possible de façon à
faire bénéficier le public de la concurrence, mais
en même temps assez longue pour assurer la réalisation
de l'objectif d'une concurrence équitable.
Le gouvernement est d'accord avec la résolution récente
du CRTC à l'effet qu'il n'y a pas lieu de restreindre la
concurrence dans les activités sujettes à la Loi
sur les télécommunications. Le gouvernement
s'attend à ce qu'une période de transition soit
nécessaire pour mettre en oeuvre des mesures et des mécanismes
pour assurer une concurrence équitable et invite le CRTC
à faire des recommandations sur une période appropriée.
Au cours de la période de transition, il pourrait s'avérer
souhaitable de prendre des mesures en vue de protéger les
principales activités commerciales existantes des câblodistributeurs.
Dans ce contexte, il est demandé au CRTC de présenter
un rapport sur les questions suivantes :
- Dans quels délais conviendrait-il de passer à
un régime de concurrence équitable pour la prestation
des services de télécommunications et de radiodiffusion
aux Canadiens et aux Canadiennes?
- Quelles mesures, de transition ou autres, faudrait-il adopter
pour assurer une concurrence équitable à long terme?
Ces mesures pourraient comprendre des restrictions quant aux secteurs
d'activité et à la propriété réciproque
pendant la période de transition.
Les points de vue de tous les intéressés sur ces
questions, et sur toute autre question qui pourrait se poser dans
le cadre de cet examen, aideront le gouvernement à élaborer
des décisions de politique sur les sujets ci-haut abordés.
Le rapport du CRTC sera rendu public et communiqué par
les ministres de l'Industrie et du Patrimoine canadien au Conseil
consultatif sur l'autoroute de l'information. Après examen
du rapport du CRTC et des observations du Conseil consultatif,
le gouvernement prendra les mesures voulues à l'égard
des préoccupations de politique soulevées dans la
présente demande.
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