TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 5 mars 1997
M. White (Fraser Valley-Ouest) 8649
Mme Brown (Oakville-Milton) 8649
M. Chrétien (Saint-Maurice) 8651
M. Chrétien (Saint-Maurice) 8651
M. Chrétien (Saint-Maurice) 8651
Mme Tremblay (Rimouski-Témiscouata) 8652
Mme Tremblay (Rimouski-Témiscouata) 8652
M. Chrétien (Saint-Maurice) 8652
M. Martin (LaSalle-Émard) 8653
M. Axworthy (Winnipeg-Sud-Centre) 8653
M. Chrétien (Frontenac) 8656
M. Chrétien (Frontenac) 8656
M. Chrétien (Saint-Maurice) 8657
Mme Tremblay (Rimouski-Témiscouata) 8658
M. Speaker (Lethbridge) 8659
Projet de loi C-378. Adoption des motions de présentation etde première lecture 8662
Projet de loi C-379. Adoption des motions de présentationet de première lecture 8662
M. White (Fraser Valley-Ouest) 8662
Projet de loi C-380. Adoption des motions portantprésentation et première lecture 8662
Mme Tremblay (Rimouski-Témiscouata) 8662
M. White (Fraser Valley-Ouest) 8663
8647
CHAMBRE DES COMMUNES
Le mercredi 5 mars 1997
La séance est ouverte à 14 heures.
_______________
Prière
_______________
Le Président: Comme tous les mercredis, nous allons chanter
notre hymne national sous la direction, aujourd'hui, du député de
Wetaskiwin.
[Note de l'éditeur: Tous les députés se lèvent et chantent Ô
Canada.]
______________________________________________
DÉCLARATIONS DE DÉPUTÉS
[
Traduction]
M. Jim Hart (Okanagan-Similkameen-Merritt, Réf.):
Monsieur le Président, j'interviens au nom des électeurs
d'Okanagan-Similkameen-Merritt qui s'inquiètent du projet de
loi concernant la protection des espèces en péril, que les libéraux
ont présenté. Les membres de l'association canadienne des éleveurs
de bovins s'opposent à ce projet de loi, parce qu'il entraînera une
dévaluation de leurs terres, mais ne prévoit pas l'indemnisation
nécessaire.
Le gouvernement entend imposer son processus arbitraire de
rétablissement des espèces, au lieu d'écouter les Canadiens visés.
Un gouvernement réformiste aurait élaboré un projet de loi en
partant de la base, soit en consultant les Canadiens visés. Nous
aurions expliqué en détail le processus de planification du
rétablissement ainsi que la contribution prévue des propriétaires
fonciers. Nous aurions réglé la question de l'indemnisation à
prévoir en cas de dévaluation des terres, avant de présenter le projet
de loi. Nous aurions établi un fonds géré à la fois par les secteurs
privé et public.
Dans tous les domaines, les Canadiens ont besoin d'un nouveau
départ, y compris un processus de protection environnementale bien
pensé. Encore une fois, les libéraux ont manqué à leurs
engagements, mais, après les prochaines élections, ce sont les
ministres libéraux qui s'ajouteront à la liste des espèces en péril.
* * *
M. Len Taylor (The Battlefords-Meadow Lake, NPD):
Monsieur le Président, les délégués qui ont assisté à l'assemblée de
la Fédération canadienne de l'agriculture, récemment, ont tenu à
faire entendre très clairement un message important au sujet du
recouvrement des coûts. Les producteurs de pommes de terre de
l'Île-du-Prince-Édouard, les producteurs de blé des Prairies et les
pomiculteurs de la Colombie-Britannique disent tous la même
chose: le gouvernement fait fausse route.
Les agriculteurs de l'ensemble du Canada auront cette année un
revenu net plus faible à cause d'autres orientations politiques du
gouvernement. Comme s'il ne suffisait pas que les revenus soient
plus faibles et les coûts des intrants plus élevés, le gouvernement
accumule les frais supplémentaires qu'il impute aux agriculteurs,
depuis les frais d'inspection jusqu'aux frais de pilotage. On dirait
que ce gouvernement libéral fort peu sympathique a décidé de
transformer les frais aux usagers en source de recettes.
Il est temps de réévaluer l'effet cumulatif des mesures prises et,
en consultant la Fédération canadienne de l'agriculture et d'autres
organismes agricoles, de revoir tout le dossier du recouvrement des
coûts.
* * *
M. Bill Graham (Rosedale, Lib.): Lundi, monsieur le Président,
les habitants de six municipalités de la région de Toronto ont rejeté
la proposition du gouvernement de l'Ontario de fusionner ces
municipalités en une mégalopole. On comprend les résultats de ce
vote quand on considère la substance de cette proposition et le
processus fondamentalement antidémocratique dont elle était
accompagnée.
Les électeurs de Toronto ont rejeté une proposition qui, tout en
prétendant remédier aux problèmes d'administration de la région de
Toronto, ne tient aucun compte des avis les meilleurs de tous les
spécialistes de l'administration municipale. Ils ont rejeté une
proposition qui crée un monstre gigantesque, incapable de répondre
aux véritables besoins de la région et beaucoup trop éloigné de ses
administrés pour leur rendre des comptes. Ils ont rejeté une
proposition foncièrement mal conçue visant à financer les
programmes d'aide sociale et de logement à partir de l'assiette
fiscale municipale.
Mike Harris et son gouvernement devraient tenir compte du
message. Les intérêts supérieurs de la région de Toronto, qui
compte pour 25 p. 100 du PIB de notre pays, sont en jeu. Le temps
est maintenant venu d'abandonner le sectarisme politique et d'unir
nos efforts pour trouver des solutions pratiques à ce problème très
important.
8648
[Français]
M. Maurice Godin (Châteauguay, BQ): Monsieur le Président,
l'année dernière, en janvier 1996, la ville de Châteauguay a connu
d'importantes inondations parce que l'aéroglisseur de la Garde
côtière canadienne était en réparation et qu'il ne pouvait donc pas
libérer l'embouchure de la rivière.
Devant l'illogisme de cette situation, je suis intervenu à plusieurs
reprises auprès du ministre des Pêches et des Océans pour qu'il
s'assure de modifier l'horaire d'entretien de cet appareil afin que
l'aéroglisseur soit, à l'avenir, disponible durant les mois de janvier,
février et mars.
Cette année, lors de la période de redoux que nous avons vécue le
21 février dernier, l'aéroglisseur a pu répondre à l'appel. En effet, le
capitaine de l'aéroglisseur, M. Bruno Dufour, le confirmait, et je
cite: «Cette année, on n'a pas voulu prendre de chance. L'engin a été
remisé en novembre afin de répondre à toute éventualité en
janvier.»
Je suis donc très heureux pour les citoyens et citoyennes de
Châteauguay qui n'ont pas eu à vivre de nouvelles inondations.
* * *
[
Traduction]
M. Joe Comuzzi (Thunder Bay-Nipigon, Lib.): Monsieur le
Président, M. Don McKinnon, du nord-ouest de l'Ontario, a
récemment été fait membre de l'Ordre du Canada. M. McKinnon a
reçu cette très haute distinction parce qu'il a découvert, délimité et
développé Hemlo, un des plus grands gisements d'or au monde.
Hemlo est situé dans le nord-ouest de l'Ontario, à 25 milles environ
à l'est de Marathon. Sa découverte a donné naissance aux mines
d'or Williams, David Bell et Golden Giant.
Depuis 1985 jusqu'à maintenant, la production de ces
exploitations a eu des retombées de plus de 4,5 milliards de dollars
dans la région. Cette découverte a déclenché un grand
développement économique dans le nord-ouest de l'Ontario. Je puis
en témoigner. Lorsque je pratiquais le droit pour la firme Weiler,
Maloney et Nelson, de Thunder Bay, j'ai contribué à ouvrir le
premier cabinet juridique à Marathon et j'ai vu de mes yeux les
bienfaits qu'un développement comme celui-là apporte à une
région.
(1405)
Je pourrais raconter d'autres histoires, mais pas aujourd'hui, à
propos de l'ouverture de ce cabinet juridique. Tous les habitants de
la région se joignent sûrement à moi, leur député, pour féliciter. . .
Le Président: Le député de Lincoln.
M. Tony Valeri (Lincoln, Lib.): Monsieur le Président, l'Institut
féminin, cette organisation de renommée mondiale fondée à Stoney
Creek, célèbre son centenaire en 1997.
Première organisation de son genre à être créée dans une région
rurale de l'Ontario, l'institut a servi de tremplin, sur les plans social
et éducationnel, aux femmes vivant en milieu rural à une époque où
elles avaient peu de chances de découvrir le monde qui existait en
dehors de leur quotidien.
L'institut a permis à des femmes d'étudier la médecine,
l'architecture et le processus législatif, pour ne nommer que
quelques disciplines.
Cent ans plus tard, l'Institut féminin est actif partout dans le
monde, puisqu'il regroupe au-delà de 6 millions de femmes
provenant de plus de 80 pays. Mettant l'accent sur le travail
communautaire et le leadership, les membres de l'institut
consacrent généreusement leur temps à un vaste éventail de projets
et de causes.
Stoney Creek, localité au passé très riche, a grandement profité
du travail des membres de l'institut qui ont appuyé Battlefield
House, le Erland Lee Home et le Westfield Heritage Centre, à titre
tant de bénévoles que de solliciteurs de fonds.
À l'instar d'innombrables Canadiens, je rends hommage aux. . .
Le Président: Le député d'Erie.
* * *
M. John Maloney (Erie, Lib.): Monsieur le Président, en 1996,
les agents de douane du Canada ont saisi près de 700 millions de
dollars de drogues, marchandises de contrebande, boissons
alcoolisées et produits du tabac, de même que plus de 2 000 armes à
feu.
Revenu Canada emploie à l'heure actuelle quelque 3 200 agents
de douane aux postes de douane et bureaux d'entrée de tout notre
vaste pays. Ces fonctionnaires capables et compétents s'occupent
de tout, depuis la collecte des droits jusqu'aux enquêtes sur la
contrebande de drogues, en passant par l'application de la
réglementation de santé publique.
Dans la guerre à la contrebande et à toutes ses répercussions
nuisibles, les agents de douane du Canada sont en quelque sorte à la
première ligne de feu. Travaillant en collaboration avec la GRC et
d'autres autorités de police nationales et internationales, les
hommes et les femmes du service des douanes de Revenu Canada
contribuent grandement à faire que nos localités, nos rues et nos
foyers restent des endroits sûrs.
8649
Je rends hommage à ces travailleurs dévoués de tout le Canada et
surtout à ceux qui travaillent au pont de la Paix, à Fort Erie, dans ma
circonscription. Félicitations messieurs dames pour votre excellent
travail!
* * *
[
Français]
M. Michel Guimond (Beauport-Montmorency-Orléans,
BQ): Monsieur le Président, je veux rendre hommage aux
producteurs et productrices agricoles de la circonscription de
Beauport-Montmorency-Orléans qui, par leur travail,
contribuent à nourrir les populations québécoise et canadienne.
Comme bien d'autres travailleurs et travailleuses, les
producteurs agricoles de l'est du Canada ont vu leurs conditions de
travail se détériorer, ont subi des augmentations de prix importantes
dans les dernières années et une diminution considérable de leurs
revenus.
Pour réussir à maintenir leur production, ils n'ont d'autre choix
que de s'endetter et de continuer à travailler d'arrache-pied. Grâce à
leur courage et à leur détermination, les produits continuent
d'abonder sur les tablettes de nos marchés. Ces hommes et ces
femmes ont hérité de nos ancêtres le goût du travail et de la réussite.
Le gouvernement libéral actuel doit prendre les mesures
nécessaires pour favoriser la production agricole, secteur vital pour
notre économie et notre population.
Nous, députés du Bloc québécois, tenons à les féliciter de leur
persévérance, de leur ardeur au travail et de la qualité de leurs
produits.
* * *
[
Traduction]
M. Randy White (Fraser Valley-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, j'ai vécu l'autre jour une expérience à vous faire dresser
les cheveux sur la tête. Je sais que les libéraux prétendent qu'ils vont
remporter les prochaines élections et que les conservateurs pensent
même avoir une chance d'effectuer un retour.
Monsieur le Président, je puis vous dire que, parce que quelques
éléments du gratin de notre pays pensent cela, il ne faut pas croire
pour autant que le Canadien moyen qui travaille d'arrache-pied ou
l'étudiant ou l'aîné partagent cet avis.
Comprenez-moi bien. On me dit que ces vieux partis ne sont pas
branchés sur la réalité. Ils ne représentent plus le Canadien moyen.
Ce pourrait être simplement une rumeur, mais j'ai la nette
impression que les libéraux qui sont au pouvoir aujourd'hui ne le
seront plus demain.
Le Président: Je vous rappelle, chers collègues, que vous ne
pouvez pas vous servir d'accessoires à la Chambre. Comme je ne
savais pas s'il s'agissait ou non d'un couvre-chef permanent, je ne
suis pas intervenu.
(1410)
Mme Bonnie Brown (Oakville-Milton, Lib.): Monsieur le
Président, au mois de février, quand les ministres fédéral et
provinciaux des Finances sont parvenus à une entente pour modifier
le Régime de pensions du Canada, ils ont réglé un problème qui
aurait dû l'être il y a dix ans.
Ils ont respecté les priorités que les Canadiens ont formulées au
cours des consultations. Il en est résulté que tous les pensionnés du
RPC et tous les membres du régime âgés de plus de 65 ans, au 31
décembre 1997, ne sont pas touchés par les modifications. Ceux qui
touchent maintenant des prestations d'invalidité, des prestations de
survivant ou des prestations mixtes ne sont pas touchés non plus.
Toutes les prestations versées en vertu du RPC continueront d'être
pleinement indexées selon l'inflation et l'âge de la retraite restera le
même.
Les Canadiens ont confiance dans le RPC réformé. Ils savent
maintenant qu'ils pourront compter sur ce régime quand ils
prendront leur retraite. Voilà un autre exemple d'une fédération qui
marche.
* * *
Mme Mary Clancy (Halifax, Lib.): Monsieur le Président, à
l'approche de la Journée internationale de la femme, je constate
qu'un grand nombre de femmes pratiquent la médecine, alors que,
dans le passé, bien des gens ne les pensaient pas capables d'exercer
cette profession.
Je vois des femmes exercer la fonction de législateur, alors que,
dans le passé, bien des gens disaient que les femmes ne devraient
pas avoir le droit de vote. Je vois des femmes qui sont devenues
ingénieures, alors que le monde prétendait que seuls les hommes
pouvaient bâtir des ponts. En effet, le ministre des Travaux publics
est en train de construire le plus long pont du monde. Je suis fière de
ces femmes qui relèvent des défis, qui réalisent leurs rêves et qui
écoutent leur coeur.
Plus de 40 p. 100 des petites entreprises canadiennes
appartiennent à des femmes et le nombre d'entrepreneures croît à un
rythme de loin supérieur aux plus optimistes prédictions des
prévisionnistes. Les femmes ont élevé la voix à cause du manque
aigu de ressources consacrées à la recherche sur les problèmes de
santé terrassant les femmes et elles ont été entendues. Le
gouvernement a établi cinq centres d'excellence pour la santé des
femmes, dont un à Halifax, à l'Université de Dalhousie, pour
combler les lacunes de la recherche sur la santé des femmes au
Canada.
* * *
[
Français]
Mme Eleni Bakopanos (Saint-Denis, Lib.): Monsieur le
Président, la Semaine internationale des femmes nous donne
l'occasion d'honorer tous ceux et celles qui travaillent à l'égalité
des femmes dans la société canadienne. C'est également le moment
de penser aux défis que nous avons relevés par le passé et de faire
face à ceux qui nous préoccupent toujours aujourd'hui, tels que la
santé des femmes.
8650
[Traduction]
Chaque année, 5 000 Canadiennes meurent du cancer du sein et
des milliers d'autres, chez qui la maladie a été diagnostiquée,
doivent subir d'innombrables heures de radiothérapie pour avoir
des chances de survivre. Pensons également aux répercussions
économiques et affectives de la maladie sur les familles des
malades.
Je tiens à saluer l'organisation Hellenic Friends du personnel
auxiliaire de l'hôpital Royal Victoria de Montréal qui, par des dons
et activités comme son thé annuel auquel j'ai eu le plaisir d'assister,
contribue à alléger les souffrances de ceux et celles qui souffrent du
cancer. Les efforts des membres de l'organisation ont permis
d'acheter pour l'hôpital un système d'immobilisation de patient,
qui facilite les traitements de radiothérapie pour les patients, en
particulier les femmes qui sont atteintes du cancer du sein.
[Français]
Pendant cette Semaine internationale des femmes, démontrons
notre appui à cette cause en portant un ruban rose.
* * *
M. Paul Mercier (Blainville-Deux-Montagnes, BQ):
Monsieur le Président, l'enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions.
Il en est de même du projet de loi C-71. C'est une bonne, c'est une
excellente intention, certes, de la part du gouvernement, que de
vouloir lutter contre le tabagisme.
Mais quel pavé, dites-moi, quel inutile et désastreux pavé que de
vouloir, à cette fin, pratiquement empêcher les compagnies de
tabac, seules intéressées à le faire, de commanditer les événements
sportifs et culturels qui font partie du patrimoine du Québec et qui
sont vitaux pour son économie. Les importantes manifestations
d'hier, à Montréal notamment, démontrent hors de tout doute, le
désaveu populaire que mérite ce projet de loi.
Décidément, notre ministre de la Santé est bien mal inspiré quand
il se met en tête de protéger notre santé. Il y a quelques mois, il
voulait nous empêcher de manger du camembert. Aujourd'hui, il
s'en prend à nos commerçants, à nos sportifs, à nos artistes, aux
finances de nos villes. Que faire pour ramener au bon sens notre
ministre?
* * *
[
Traduction]
Mme Val Meredith (Surrey-White Rock-South Langley,
Réf.): Monsieur le Président, à compter du mois prochain, la GRC
diffusera sur Internet la liste des dix criminels les plus recherchés.
Toutefois, dans la première édition qui paraîtra, seulement deux des
dix criminels sont des Canadiens, la majorité étant composée
d'Américains. Ce n'est pas étonnant, compte tenu des piètres
résultats obtenus par le gouvernement actuel dans la lutte contre les
immigrants illégaux et les pseudo-réfugiés qui ont des dossiers
criminels.
Y a-t-il un seul autre pays qui permettrait à un criminel
dangereux qui s'est échappé d'un autre pays de demander le statut
de réfugié et qui le relâcherait en attendant la prochaine audition?
Faut-il s'étonner que ce criminel en fuite ne se présente pas à son
audition? Il n'est pas surprenant que les fugitifs américains tentent
de venir au Canada.
(1415)
La ministre du Patrimoine canadien devrait peut-être s'en mêler
car un contenu canadien de seulement 20 p. 100 ne fait sûrement pas
son affaire. Je puis lui donner l'assurance que nous ne manquons
pas de criminels au Canada au point de devoir en faire venir des
États-Unis.
* * *
M. Jack Iyerak Anawak (Nunatsiaq, Lib.):
[Note de l'éditeur: Le député parle en inuktitut.]
[Traduction]
Le mois dernier, le Fonds international pour la protection des
animaux a rendu publique une bande vidéo particulièrement
alarmante qui montre des incidents qui se seraient produits en 1996
dans le cadre de la chasse aux phoques à Terre-Neuve.
Cette bande fait actuellement l'objet d'une enquête. Quand des
preuves suffisantes auront été réunies, les contrevenants seront
poursuivis.
Les chasseurs de phoques inuit et les autres chasseurs
responsables ont été choqués et dégoûtés par ce vidéo. Il est
absolument répugnant de voir des animaux traités d'une manière
aussi brutale et stérile. Quand les Inuit chassent le phoque, ils
utilisent toutes les parties de l'animal.
Je prie instamment les Canadiens et la communauté
internationale de ne pas mettre tous les chasseurs de phoques dans le
même sac à cause des présumés gestes répréhensibles de
quelques-uns. La grande majorité des chasseurs de phoques
procèdent de façon responsable et humaine.
Les vidéos à sensation produits par les organisations de
protection des droits des animaux sont une menace pour les Inuit et
les collectivités de Terre-Neuve qui essaient simplement de
survivre.
[Note de l'éditeur: Le député parle en inuktitut.]
* * *
[
Français]
M. Stéphane Bergeron (Verchères, BQ): Monsieur le
Président, au cours des derniers jours, de violents séismes ont
frappé le nord-ouest de l'Iran, ceux-ci auraient fait près de 1 000
morts, 2 500 blessés, 40 000 sans-abri, et le bilan ne cesse de
s'alourdir.
En mon nom personnel et au nom du Bloc québécois, je tiens à
offrir mes plus sincères condoléances à toutes les familles
éprouvées par la perte d'êtres chers. Nous ne pouvons rester
insensibles à la vue de tous ces gens plongés dans le désarroi et la
souffrance, ainsi qu'aux tragiques paysages qu'ont laissés derrière
eux ces terribles tremblements de terre.
Nous sympathisons profondément avec la population iranienne
que cette épreuve afflige, d'autant plus que les recherches pour
venir en aide aux sinistrés doivent être menées dans des conditions
extrêmement difficiles, sous la neige et dans un froid intense.
8651
Nous demandons donc au gouvernement canadien de prendre les
dispositions nécessaires pour venir en aide aux victimes du
tremblement de terre.
______________________________________________
8651
QUESTIONS ORALES
[
Français]
M. Michel Gauthier (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le
Président, dans tous les médias du Québec, on fait état du projet
gouvernemental anti-tabac et les opinions, de façon générale, sont
nettement en faveur d'un assouplissement des dispositions en ce qui
concerne la commandite et la rediffusion d'événements sportifs et
culturels associés aux compagnies de tabac. Plus personne ne
comprend la rigidité excessive du gouvernement, une rigidité qu'on
considère inutile.
Est-ce que le premier ministre ne réalise pas qu'alors qu'il a un
très bon dossier entre les mains, son gouvernement, à cause de son
intransigeance, est en train de tout gâcher, et même, il est en train de
s'aliéner des milliers de citoyens qui sont fraîchement acquis à la
lutte contre le tabac? Est-ce que le premier ministre ne comprend
pas cela?
Le très hon. Jean Chrétien (premier ministre, Lib.): Monsieur
le Président, la préoccupation du gouvernement, c'est avant tout la
santé des jeunes. Tout le monde comprend que la publicité sur le
tabac influence grandement les jeunes qui commencent à fumer à
13, 14 et 15 ans, et c'est pire au Québec qu'ailleurs.
D'ailleurs, lorsque nous avons présenté ce projet de loi, il y a
quelques mois, le ministre de la Santé du Québec nous reprochait de
ne pas aller assez loin. J'ai pris connaissance d'un avant-projet de
loi sur le tabac présenté par M. Rochon, et je cite l'extrait de
l'article 22 qui va beaucoup plus loin que ce que nous avons
proposé: «Tout financement d'activités ou d'installations sportives,
culturelles ou sociales, directement ou indirectement, ayant pour
objet de promouvoir le tabac, de quelque manière que ce soit, est
interdit.» Peut-être que nos amis d'en face devraient arrêter de faire
de la politique avec cela et examiner sérieusement le problème.
Nous avons démontré une certaine flexibilité. Les compagnies
demandaient un délai de trois ans, nous leur avons accordé une
période d'ajustement de deux ans. Toutefois, le problème demeure
entier.
Nous n'avons pas fait cela parce que cela nous plaît, on le fait
parce que notre devoir est de prendre les moyens pour protéger la
santé des jeunes Québécois. Je sais qu'en toute circonstance, le Bloc
québécois fait de la politique plutôt que de s'occuper de l'intérêt des
jeunes au Québec.
Des voix: Bravo!
(1420)
M. Michel Gauthier (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le
Président, ce n'est pas une grande marque de courage de la part du
premier ministre que de se réfugier derrière d'autres personnes,
d'autres projets présentés ailleurs pour justifier sa propre action. Ce
n'est pas une grande marque de courage. C'est lui qu'on interroge
ici, qu'il laisse Jean Rochon à Québec. C'est à lui qu'on pose des
questions.
C'est de lui qu'on veut savoir ceci: en faisant preuve d'autant
d'intransigeance, pourquoi le premier ministre travaille-t-il aussi
mal, braque-t-il toute la population contre lui et est-il en train de
faire échouer, en quelque sorte, les progrès qui ont été faits dans la
lutte contre le tabac? Il ne réalise pas qu'il est en train de faire le
contraire de ce qu'il prêche.
Le très hon. Jean Chrétien (premier ministre, Lib.): Monsieur
le Président, le chef de l'opposition essaie de plaire à tout le monde;
nous, nous prenons nos responsabilités, et ce sont des
responsabilités très graves. Quand le ministre québécois de la Santé
parle, c'est parce qu'il a, lui, la responsabilité des gens qui doivent
se faire soigner.
Je vous lis une lettre de M. Mario Laurin de Val-d'Or qui m'est
adressée. M. Laurin lutte contre le cancer du poumon dû au
tabagisme. Je cite sa lettre: «La santé de nos enfants est sûrement la
chose la plus précieuse au monde; il faut la protéger, s'il le faut, par
des lois. Monsieur le premier ministre, je vous encourage à tenir
tête aux compagnies de tabac et à faire adopter le projet de loi C-71
sur la lutte contre le tabagisme.»
Je pourrais vous en citer d'autres de gens qui ont un cancer causé
par le tabagisme. Je l'ai dit ce matin, si on fait de la publicité pour
les adultes qui fument, on peut tolérer, mais pas lorsqu'on s'attaque
aux jeunes de 13, 14 et 15 ans. Les représentants des compagnies de
tabac savent que, lorsque quelqu'un n'a pas commencé à fumer à 19
ans, la plupart du temps, il ne commence jamais.
M. Michel Gauthier (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le
Président, je ne sais pas si le terme suivant est parlementaire.
Puis-je utiliser le terme démagogie ici?
Des voix: Oui.
Le Président: Non, vous ne pouvez pas l'utiliser.
M. Gauthier: Monsieur le Président, je manque de mots pour
dire au premier ministre ce que je pense de lui, dans ce cas. Mais je
vous dirai que tout le monde concourt aux objectifs de réduire la
consommation de cigarettes, tout le monde au Canada.
Là où ça ne va pas, c'est qu'il y a différents moyens d'y arriver. Il
y a des moyens plus acceptables que d'autres, et d'autres qui ont
moins d'effet.
Le premier ministre du Canada ne comprend-il pas qu'un jeune
qui va à l'Omnium de tennis Du Maurier a beaucoup plus envie,
quand il revient chez lui, de se faire acheter une raquette qu'un
paquet de cigarettes?
Des voix: Bravo!
Le très hon. Jean Chrétien (premier ministre, Lib.): Monsieur
le Président, j'imagine que Du Maurier dépense de l'argent pour
aider la compagnie Spalding. Voyons donc! Si la compagnie de
tabac fait de la publicité, c'est qu'elle obtient les résultats voulus.
8652
Nous voulons garder le Grand Prix et les activités au Canada,
comme tout le monde. Par contre, nous n'allons pas plus loin que les
autres pays. La France a des règlements de même nature et on y tient
des événements Grand Prix; c'est la même chose en Australie, où
une course aura lieu cette fin de semaine. On y a adopté des lois très
sévères, et le Grand Prix aura lieu dimanche prochain.
Nous voulons garder la compétition. D'ailleurs, les compagnies
auront droit de faire de la commandite sur les lieux. De plus, on leur
accorde un délai de deux ans en plus pour s'adapter. Mais nous
avons décidé que nous allions prendre les moyens, au Canada, pour
que la publicité sur le tabac n'atteigne pas les jeunes de 13, 14 et 15
ans, et nous allons continuer dans cette voie. Les compagnies
peuvent faire de la publicité sur le site, mais pas auprès des jeunes
de 13, 14 et 15 ans.
(1425)
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Témiscouata, BQ):
Monsieur le Président, en France, ils ont des compagnies comme
Renault et Ligier, et en Australie, malgré la loi sévère, ils ont fait
une exception pour le Grand Prix d'Australie. C'est pour cela que le
Grand Prix va avoir lieu. Alors, par sa stratégie erronée, le premier
ministre se trompe de cible.
En voulant s'attaquer à la consommation de cigarettes, le premier
ministre admet-il qu'il met vraiment en péril plusieurs festivals et
événements sportifs, principalement à Montréal, Toronto et
Vancouver?
[Traduction]
L'hon. David Dingwall (ministre de la Santé, Lib.): Monsieur
le Président, par votre intermédiaire, je veux dire à la députée que
l'ancien président du comité organisateur du Grand Prix au Québec
a déclaré ceci: «Je trouve très gênantes les tentatives de chantage
faites en ce moment autour du Grand Prix. Je sais de quoi je parle
puisque j'ai été président du comité organisateur du Grand Prix en
1991.»
Je peux très bien comprendre pourquoi les députés bloquistes
sentent le besoin de prendre position des deux côtés de la question
en même temps, mais je tiens à dire à la députée que les enfants du
Québec sont beaucoup plus importants que n'importe lequel des
événements dont elle fait mention.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Témiscouata, BQ):
Monsieur le Président, les enfants du Québec sont tellement
importants que j'ai consacré 35 ans de ma vie à leur éducation, non à
la coercition des enfants.
Puisque le premier ministre ne veut pas comprendre, je serai très
claire. L'article 31 du projet de loi a trois alinéas, dont a) et c) qui
disent la même chose, et b) qui contredit a) et c). Le premier
ministre peut-il s'engager dans cette Chambre à tout mettre en
oeuvre pour que le paragraphe b) soit éliminé de l'article 31, et à
permettre la diffusion du Grand Prix, dont je suis amateur, en fin de
semaine?
[Traduction]
L'hon. David Dingwall (ministre de la Santé, Lib.): Monsieur
le Président, je suis heureux d'apprendre que la députée a consacré
35 ans de sa vie à l'enseignement. J'espère qu'elle continuera
d'enseigner aux enfants du Québec les risques associés à la
cigarette.
Il convient ici de souligner que l'Institut national du cancer du
Canada a déclaré ceci au sujet de la publicité: «Il y a tout lieu de
croire que les jeunes sont sensibles à la publicité sur la cigarette et
se laissent influencer.»
Aux États-Unis, la Food and Drug Administration a déclaré: «La
publicité reposant sur les images est particulièrement efficace
auprès des jeunes, car l'information véhiculée par les images est
plus susceptible de marquer les jeunes que l'information véhiculée
par tout autre moyen.»
Je tiens à dire à la députée que les bloquistes peuvent bien ignorer
ces avis et accuser le gouvernement d'être déraisonnable, mais elle
sait très bien que le gouvernement fait preuve de prudence et agit de
façon raisonnable. Nous avons prévu un délai de mise en oeuvre
pour toutes les personnes touchées. En outre, nous sommes
différents de la province de Québec en ce sens que nous
n'interdisons pas la commandite.
Des voix: Bravo!
* * *
M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, lorsque le gouvernement libéral a mis en place le régime
d'assurance-maladie en 1965, il a promis de payer 50 p. 100 des
coûts approuvés. C'est à cette condition que des provinces comme
l'Alberta et l'Ontario ont accepté de participer au régime.
Trente-deux ans plus tard, la participation financière du
gouvernement fédéral au régime d'assurance-maladie est tombée à
16 p. 100. Le premier ministre actuel, qui se dit un ardent défenseur
de l'assurance-maladie, a réduit de 40 p. 100 le financement des
soins de santé depuis son accession au pouvoir.
(1430)
Monsieur le Président, le premier ministre peut bien verser des
larmes de crocodile au sujet de la fermeture de l'Hôpital Montfort,
rejeter le blâme sur Mike Harris et prétendre que c'est une question
d'unité nationale, mais c'est lui qui est le principal responsable des
fermetures d'hôpitaux d'un bout à l'autre du pays.
Voici ma question: comment le premier ministre peut-il
continuer de rejeter le blâme sur les autres pour les fermetures
d'hôpitaux et les files d'attente lorsque c'est lui qui a réduit de 40 p.
100 le financement des soins de santé?
Le très hon. Jean Chrétien (premier ministre, Lib.): Monsieur
le Président, comme d'habitude, le chef du troisième parti se trompe
8653
dans ses chiffres. Nous n'avons pas réduit les paiements de transfert
de 40 p. 100. Le ministre des Finances pourra donner des détails à ce
sujet.
Nous devions absolument assainir les finances publiques. C'est
ce même chef de parti qui nous disait que nous n'allions pas assez
vite. Vous vous souvenez lorsque nous avons dit aux Canadiens que
nous atteindrions l'objectif de 3 p. 100 en trois ans? Il voulait que
nous éliminions complètement le déficit en trois ans. Cela nous a
pris trois ans pour atteindre notre objectif. Maintenant, nous avons
les taux d'intérêt les plus bas en 35 ans, et tous les gouvernements
provinciaux profitent du fait que leurs frais de dette ont diminué
grâce aux mesures prises par notre gouvernement pour assainir les
finances publiques.
En passant, le chef du troisième parti devrait peut-être nous faire
un compte rendu du succès de sa campagne contre Ralph Klein en
Alberta.
M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, le premier ministre et le gouvernement avaient des choix
à faire dans le budget fédéral. Ils ont choisi de réduire le
financement des soins de santé de 40 p. 100 depuis 1993. Le premier
ministre peut trouver 2 milliards de dollars par année pour verser en
subventions à la SCHL. Il peut trouver de 850 millions à 1 milliard
de dollars par année à verser en subventions à la SRC. Il peut trouver
300 millions de dollars par année à verser en subventions à VIA
Rail. Il peut trouver plus de 2 milliards de dollars par année à verser
en subventions à des sociétés comme Bombardier et d'autres, qui
reçoivent des subventions aux entreprises. Par contre, le premier
ministre réduit le financement des soins de santé de presque 4
milliards de dollars par année.
Les subventions aux sociétés d'État et aux entreprises sont-elles
plus importantes pour le gouvernement du premier ministre que la
santé des Canadiens?
L'hon. David Dingwall (ministre de la Santé, Lib.): Monsieur
le Président, on n'a jamais vu un politicien faire volte-face aussi
souvent. Je veux vous signaler ainsi qu'aux autres députés que c'est
ce même député qui, en mars 1995, a pris la parole à la Chambre
pour critiquer le ministre des Finances, qui venait d'assurer aux
provinces un financement prévisible de 25,1 milliards de dollars
pour les soins de santé.
En mars 1995, le chef du troisième parti, dans un amendement à
une motion de défiance, a blâmé le gouvernement parce qu'il
n'avait pas réussi à éliminer de façon rapide et décisive le déficit
dans un délai d'un an.
Personne ne fait volte-face aussi souvent. Il dit quelque chose le
lundi et autre chose le vendredi.
M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, dans le document du Parti réformiste intitulé «Nouveau
départ pour les Canadiens», nous proposons de faire des réductions
dans presque tous les autres secteurs pour accroître de plus de4 milliards de dollars par année le financement versé par le
gouvernement fédéral au titre des soins de santé. Il y a certains
ministres à la Chambre qui sont passés maîtres dans l'art de réduire
le financement des soins de santé. Il s'agit du premier ministre, du
ministre des Finances et du ministre de la Santé.
Regardez leur feuille de route et voyez ce qu'ils ont enlevé aux
provinces dans le secteur des soins de santé: 85 millions de dollars à
Terre-Neuve, 20 millions de dollars dans la petite province de
l'Île-du-Prince-Édouard, 103 millions de dollars au
Nouveau-Brunswick, 1,2 milliard de dollars au Québec et 1,3
milliard de dollars en Ontario.
(1435)
Comment le gouvernement peut-il prétendre être le défenseur de
l'assurance-maladie lorsque le premier ministre et le ministre des
Finances ont réduit de presque 4 milliards de dollars le financement
des soins de santé?
L'hon. Paul Martin (ministre des Finances, Lib.): Monsieur le
Président, au moment de notre accession au pouvoir, les transferts
aux provinces étaient déjà à la baisse depuis près d'une décennie. À
notre arrivée au pouvoir, nous avons fait une série de réductions
dans nos propres dépenses qui nous ont permis, dans le dernier
budget, de dire aux provinces non seulement que la réduction des
transferts était terminée, mais aussi que la nouvelle formule
permettrait en fait aux transferts d'augmenter au cours des années à
venir.
Le chef du Parti réformiste ne cesse de parler de réductions.
Permettez-moi de citer un extrait du programme «Nouveau départ
pour les Canadiens» du Parti réformiste. Voici ce que dit le Parti
réformiste: «En plus des réductions de transferts existantes, le Parti
réformiste, en accédant au pouvoir, réduira immédiatement de trois
milliards et demi de dollars le Transfert canadien en matière de
santé et de programmes sociaux.» Comment appelez-vous cela?
* * *
[
Français]
M. Benoît Sauvageau (Terrebonne, BQ): Monsieur le
Président, ma question s'adresse au ministre des Affaires
étrangères.
Hier, à Washington, le ministre des Affaires étrangères
rencontrait pour la première fois le nouveau secrétaire d'État
américain, Mme Madeleine Albright. La visite du ministre avait,
entre autres, pour but de préparer la rencontre prochaine du premier
ministre et du président américain.
Le ministre peut-il rendre compte des discussions qu'il a eues
avec son homologue américain au sujet de la Loi Helms-Burton?
L'hon. Lloyd Axworthy (ministre des Affaires étrangères,
Lib.): Monsieur le Président, nous avons eu un bon échange de
points de vue sur plusieurs sujets. Nous avons eu un accord sur de
nombreux sujets concernant la coopération, par exemple avec Haïti,
l'élargissement de l'OTAN, et d'autres choses.
Mais certainement, nous avons eu l'occasion d'exprimer encore
notre réaction contre la Loi Helms-Burton et nous continuerons
d'exercer des pressions contre cette loi.
M. Benoît Sauvageau (Terrebonne, BQ): Monsieur le
Président, depuis plusieurs mois, on discute, on s'exprime et on fait
des choses, mais on ne pose pas beaucoup de gestes concrets.
Je vais tenter une deuxième chance vers le ministre du
Commerce international. En fin de semaine dernière, pour se
soumettre à la législation américaine anti-cubaine, Wal-Mart
retirait de ses étalages canadiens des pyjamas cubains.
8654
Le ministre convient-il que la crédibilité de l'action
gouvernementale est sérieusement entachée et que le seul moyen de
la rétablir est de faire appliquer rigoureusement la loi canadienne?
[Traduction]
L'hon. Arthur C. Eggleton (ministre du Commerce
international, Lib.): Monsieur le Président, pour ce qui est de
Wal-Mart, des représentants du ministère de la Justice étudient
actuellement la situation. Nous attendons des entreprises
canadiennes qu'elles respectent la loi canadienne. C'était le but des
modifications que nous avons apportées à la Loi sur les mesures
extraterritoriales étrangères.
Comme l'a dit le ministre des Affaires étrangères, nous
continuons de nous opposer à la loi Helms-Burton et à l'application
extraterritoriale de la loi américaine. Nous croyons que ce principe
est fondamentalement mauvais sur le plan du commerce
international.
* * *
M. Grant Hill (Macleod, Réf.): Monsieur le Président, les
fermetures d'hôpitaux sont comme un boulet au pied du
gouvernement libéral.
Je voudrais m'approcher très près de la cour du ministre de la
Santé. En Nouvelle-Écosse, l'an dernier, on a fermé 25 p. 100 des
lits d'hôpital. Il est intéressant de remarquer que pendant la même
période les listes d'attente se sont allongées de 25 p. 100.
Est-ce que le ministre de la Santé va admettre que la politique de
son gouvernement, qui a réduit de 40 p. 100 les paiements de
transfert, est directement responsable de l'allongement des listes
d'attente dans la province qu'il représente?
(1440)
L'hon. David Dingwall (ministre de la Santé, Lib.): Monsieur
le Président, comme beaucoup d'organismes responsables l'ont dit
en ce qui concerne les dépenses de santé, je ne nommerai que le
Forum national, le Canada vient en deuxième place au sein de
l'OCDE à ce chapitre.
Le député a une mémoire très sélective et il oublie de dire à la
Chambre que sous notre gouvernement, sous la direction du
ministre des Finances, pour cet exercice seulement, nous allons
donner aux provinces plus de 8,6 milliards en paiements de
péréquation. Par ailleurs, la réduction des taux d'intérêt que nous
avons pu obtenir par notre saine gestion financière économisera 1,6
milliard de plus aux provinces.
Ce n'est pas une question de financement. Dans toutes les
provinces, c'est une question de gestion du régime de santé.
M. Grant Hill (Macleod, Réf.): Monsieur le Président, c'est la
deuxième fois que nous entendons qu'il s'agit seulement d'un
problème de gestion.
Qu'est-ce que les libéraux ont fait de l'argent qui devrait aller aux
hôpitaux? La première chose que le ministre de la Santé a faite, c'est
essayer de détourner des fonds dans sa propre province. La
deuxième c'est de donner 33 000 dollars à la Cape Breton Yacht
Association.
Le Parti réformiste redonnerait simplement cet argent aux
hôpitaux, ce qui ferait une différence, à n'en pas douter.
Est-ce que le ministre de la Santé va admettre que la politique de
son gouvernement est responsable de l'allongement des listes
d'attente dans sa propre province?
L'hon. David Dingwall (ministre de la Santé, Lib.): Monsieur
le Président, c'est une journée intéressante. Le 17 octobre 1995, le
député disait: «L'assurance-maladie, c'est mauvais pour tout le
monde.» Le 23 novembre il changeait d'avis. Il disait alors qu'elle
était importante pour tous les Canadiens. Puis, en mars 1996, le très
distingué, très éloquent et très coloré chef de son parti disait: «Il
continuera à y avoir des réductions dans les transferts sociaux.»
Le Bloc québécois a l'habitude de faire beaucoup de cinéma,
mais je ne pensais pas que le Parti réformiste ait pris aussi cette
habitude.
* * *
[
Français]
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Monsieur le
Président, ma question s'adresse au secrétaire d'État au Bureau
fédéral de développement régional pour le Québec.
Depuis plus d'un an déjà, le fédéral s'obstine à ne pas reconduire
l'entente-cadre sur le développement économique régional avec le
Québec. Pendant ce temps, les ententes sectorielles ont pris fin et ce
sont maintenant les régions du Québec qui en souffrent.
Le gouvernement fédéral s'engage-t-il dès maintenant à faire
preuve de bonne volonté en vue de conclure des ententes en matière
de développement régional avec le Québec, comme il l'a fait
récemment en ratifiant des ententes avec le Nouveau-Brunswick et
la Nouvelle-Écosse?
L'hon. Martin Cauchon (secrétaire d'État (Bureau fédéral de
développement régional (Québec)), Lib.): Monsieur le Président,
mon prédécesseur au sein du Bureau fédéral de développement
régional avait écrit, à deux ou trois reprises, au gouvernement du
Québec, justement pour en venir à signer un accord
d'harmonisation en termes d'interventions au niveau du
développement régional dans la province.
Malheureusement, à l'époque, les deux ou trois tentatives ont été
déclinées de la part du gouvernement du Québec qui ne voulait pas
conclure d'entente d'harmonisation. À ce moment-là, on en était à
l'époque préréférendaire et, surtout, il ne voulait pas montrer que le
système fédéral fonctionnait bien.
8655
Ce que nous avons fait, de notre côté, c'est de mettre sur pied une
nouvelle programmation qui fait que le Bureau fédéral de
développement régional intervient en fonction de sa plus-value, en
fonction de ses champs de compétence.
Présentement, nous sommes prêts à aller de l'avant avec la
province de Québec pour discuter d'harmonisation, même s'il y a
déjà harmonisation sur le terrain, parce que nous avons été
clairvoyants et nous avons voulu servir l'intérêt de la population.
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Monsieur le
Président, je ne sais pas si c'est ce que ça veut dire, le fédéralisme
rentable, qui fonctionne bien, mais quand les libéraux ont pris le
pouvoir en 1993, près des deux tiers de l'argent dépensé par le
fédéral au Québec en matière de développement régional passait par
le biais de l'Entente sur le développement économique régional.
Aujourd'hui, trois ans plus tard, c'est moins du tiers. Le fédéral
préfère intervenir directement en passant par-dessus la tête du
Québec et des régions.
Le secrétaire d'État s'engage-t-il, dès maintenant, à cesser ses
stratégies de contournement et à négocier de bonne foi avec le
Québec et ce, au nom de l'intérêt supérieur des régions du Québec?
(1445)
L'hon. Martin Cauchon (secrétaire d'État (Bureau fédéral de
développement régional (Québec)), Lib.): Monsieur le Président,
en ce qui concerne les fonds investis pour le développement
régional, les fonds investis dans la province de Québec se
comparent avantageusement à ceux investis dans l'ensemble des
autres régions au Canada.
Maintenant, ce qui fait mal aux députés de l'opposition, c'est
que, comme ils ont refusé, il y a environ un an et demi, de signer un
accord d'harmonisation avec le gouvernement canadien, on a mis
en place une structure de développement régional qui fait l'affaire
de la population et qui rencontre les besoins des gens. On a 13
bureaux régionaux au sein du Bureau fédéral et on a 55 sociétés
d'aide au développement des collectivités. Parce que nous avons
compris et que maintenant, la population commence à comprendre,
cela leur fait mal. Pourquoi? Parce que l'harmonisation,
maintenant, même si elle ne veut pas être réalisée par le
gouvernement du Québec, elle est en train d'être réalisée par les
organismes eux-mêmes au niveau local. C'est ça, le fédéralisme
rentable.
* * *
[
Traduction]
M. Bob Mills (Red Deer, Réf.): Monsieur le Président, le Parti
réformiste a reçu d'intéressants documents, que je voudrais
déposer.
Une voix: Ils ont enfin reçu du courrier après trois ans et demi.
Le Président: Je vous demanderais de ne pas brandir des
documents.
M. Mills (Red Deer): Monsieur le Président, je m'excuse. Je ne
faisais qu'imiter certains ministres.
Ce document prouve que Bob Fowler, l'ami du premier ministre
et bénéficiaire d'une nomination politique par ce dernier, a violé la
Loi sur la protection des renseignements personnels quand il a, de
manière abusive, émis des documents visant à ternir la réputation du
colonel Michel Drapeau. Aussi incroyable que cela puisse paraître,
il a agi ainsi pour empêcher le colonel Drapeau de présenter
légalement une demande d'accès à l'information au ministère de la
Défense nationale.
Le premier ministre tiendra-t-il enfin M. Fowler responsable de
ses actes et le rappellera-t-il sur-le-champ à Ottawa?
L'hon. Douglas Young (ministre de la Défense nationale et
ministre des Anciens combattants, Lib.): Monsieur le Président,
le député a dit qu'il était prêt à mettre les documents auxquels il fait
allusion à la disposition de tous les députés.
Nous serons très heureux d'examiner ces documents et de voir ce
qu'ils renferment parce que, d'après mon expérience, ce que les
députés de ce parti brandissent à la Chambre et ce à quoi ils font
allusion sont souvent très différents de ce qu'on trouve quand ils
finissent par déposer les documents.
M. Bob Mills (Red Deer, Réf.): Monsieur le Président, on a de la
difficulté à croire le ministre à ce chapitre quand on sait qu'il ne
dépose même pas les documents le jour où il les brandit.
La présentation de demandes de renseignements est le droit
légitime de tous les Canadiens, mais le colonel Drapeau s'est
approché de trop près de la vérité. C'est pourquoi M. Fowler a
décidé d'en finir avec lui. En fait, M. Fowler a même adressé cette
lettre empoisonnée illégale au sujet du colonel Drapeau au SCRS,
au ministère de la Justice et au ministère du Revenu national. Il a
violé la Loi sur la protection des renseignements personnels en
adressant cette lettre illégale, et cela est inacceptable.
Comment le gouvernement peut-il justifier qu'une telle personne
représente le Canada aux Nations Unies devant la communauté
internationale?
L'hon. Douglas Young (ministre de la Défense nationale et
ministre des Anciens combattants, Lib.): Monsieur le Président,
le député a fait plusieurs observations dans sa question, y compris
une allusion à des lettres empoisonnées et illégales.
Le député connaît fort bien le Règlement. Il arrive souvent que
des députés que l'on considère comme honorables laissent entendre
à la Chambre que certaines personnes ont commis des actes
illégaux. Je le répète, l'expérience montre que ces députés hésitent
beaucoup à faire ce genre d'allégations à l'extérieur de la Chambre
où ils ne jouissent plus de la protection de celle-ci.
8656
[Français]
M. Jean-Guy Chrétien (Frontenac, BQ): Monsieur le
Président, ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture.
Le ministère de l'Agriculture a récemment signifié à l'industrie
de la viande et de la volaille, ainsi qu'à celle des produits des fruits
et légumes transformés, son intention d'abandonner le régime
obligatoire d'enregistrement et d'approbation des étiquettes et des
recettes de ces produits.
Compte tenu du fait que l'industrie est prête à payer une part juste
et équitable des frais d'utilisation pour continuer d'obtenir les
services fournis depuis 1959 par son ministère, le ministre
s'engage-t-il à maintenir ces services et à ne pas les éliminer
prochainement?
(1450)
[Traduction]
L'hon. Ralph E. Goodale (ministre de l'Agriculture et de
l'Agroalimentaire, Lib.): Monsieur le Président, comme le sait le
député, nous avons entrepris, dans le cadre du plan d'alignement
des entreprises de la Direction générale de la production et de
l'inspection des aliments, une démarche en cinq points concernant
la question du recouvrement des coûts et des frais d'utilisation.
L'imposition de frais d'utilisation est la dernière option que nous
envisagions si les quatre autres solutions que nous étudions sont
écartées.
La proposition du député qui suggère d'imposer certains frais
pour certains services est intéressante. Notre ministère est toujours
prêt à étudier toutes les suggestions qui lui sont faites et à se montrer
raisonnable et flexible. Je vais prendre en considération la
proposition du député et voir si elle est réalisable.
[Français]
M. Jean-Guy Chrétien (Frontenac, BQ): Monsieur le
Président, je rappelle au ministre de l'Agriculture que l'industrie est
prête à payer un juste prix pour obtenir les mêmes services que
présentement.
Est-ce que le ministre reconnaît qu'il fait fausse route avec cette
recommandation d'abolir ces services à court terme, alors qu'une
étude commandée par son propre ministère conclut que cela va
entraîner une baisse du respect des normes en matière d'étiquetage
et de recettes de ces produits, et, de plus, risquerait de mettre en
péril la santé de nos concitoyens, notamment celle des jeunes?
[Traduction]
L'hon. Ralph E. Goodale (ministre de l'Agriculture et de
l'Agroalimentaire, Lib.): Monsieur le Président, je peux assurer à
la Chambre, au député et à tous les Canadiens que durant le
processus de modification du système d'inspection des aliments, la
santé et la sécurité des Canadiens demeureront notre priorité
absolue, comme elles l'ont toujours été et le seront toujours.
M. Tony Ianno (Trinity-Spadina, Lib.): Monsieur le
Président, ma question s'adresse à la ministre responsable de
l'habitation.
Le logement social est important pour des milliers de Canadiens.
En Ontario, le gouvernement Harris prévoit céder aux municipalités
sa responsabilité à l'égard du logement social. De nombreuses
familles vivent dans la peur et l'insécurité en pensant à cette
possibilité.
Quelle garantie la ministre peut-elle donner aux résidents des
logements sociaux de l'Ontario pour leur assurer que le
gouvernement du Canada ne va pas les abandonner et qu'ils
continueront d'avoir accès aux logements abordables qu'ils
méritent? La ministre pourrait-elle apaiser leurs craintes?
L'hon. Diane Marleau (ministre des Travaux publics et des
Services gouvernementaux, Lib.): Monsieur le Président, hier, j'ai
eu l'honneur de signer, avec l'une des provinces, la première
entente sur le transfert de l'administration des logements sociaux.
J'invite les gens à examiner de près cette entente; ils constateront
qu'elle comporte six principes et un cadre redditionnel très strict.
Nous voulons que les provinces puissent accomplir davantage
avec l'argent que nous dépensons en fusionnant leur administration
à la nôtre.
Dans le cas de l'Ontario, j'ai écrit au ministre responsable pour
l'aviser qu'il appartenait à la province de nous montrer comment
son plan respecterait les principes et le cadre redditionnel en
question. Si le plan de cette province n'est pas conforme, nous
n'effectuerons pas le transfert.
* * *
Mme Val Meredith (Surrey-White Rock-South Langley,
Réf.): Monsieur le Président, il y a moins de deux semaines, quand
le gouvernement a déposé la partie III de son Budget des dépenses,
le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration prévoyait des
dépenses inférieures de 40 millions de dollars à celles de l'an
dernier.
Les efforts du gouvernement actuel en matière de responsabilité
financière semblent toutefois ne devoir durer que deux semaines,
puisque la ministre demande aujourd'hui un montant additionnel de
88 millions de dollars dans le budget des dépenses supplémentaire.
La ministre pourrait-elle expliquer à la Chambre pourquoi les
dépenses de son ministère ont fait un bond de plus de 15 p. 100 en
moins de deux semaines?
Mme Maria Minna (secrétaire parlementaire de la ministre
de la Citoyenneté et de l'Immigration, Lib.): Monsieur le
Président, le ministère se charge de l'établissement des immigrants
qui arrivent au Canada.
Ces dernières années, nous avons eu de nombreuses discussions
avec les provinces concernant les programmes d'établissement.
C'est en grande partie les sommes allouées aux provinces aux fins
des programmes d'établissement qui justifient la hausse demandée.
8657
(1455)
Mme Val Meredith (Surrey-White Rock-South Langley,
Réf.): Monsieur le Président, ces discussions durent depuis des
années. Même si ce cadeau, payé avec l'argent des contribuables,
n'est rien d'autre qu'un effort du gouvernement pour se faire
réélire, il reste que toutes les provinces ne sont pas traitées sur le
même pied.
Par exemple, le Québec reçoit 3 294 $ par immigrant pour son
établissement. Malgré une hausse de 20 millions de dollars des
dépenses fédérales, la Colombie-Britannique ne recevra que
1 035 $ par immigrant.
Si la ministre n'est pas prête à accorder un financement égal à
toutes les provinces, serait-elle au moins disposée à accorder à la
Colombie-Britannique, à l'Ontario et à l'Alberta les garanties
prévues dans l'accord Canada-Québec?
Mme Maria Minna (secrétaire parlementaire de la ministre
de la Citoyenneté et de l'Immigration, Lib.): Monsieur le
Président, la députée demande ce genre d'aide depuis un bon bout
de temps. D'ailleurs, nous avons reçu toutes sortes de demandes.
Toutes les provinces ont des programmes d'établissement. Si la
députée laisse entendre que nous ne devrions pas intensifier le
programme d'établissement pour arrêter le flux d'immigrants qui
viennent s'établir au Canada, c'est inacceptable.
Le gouvernement répond simplement aux demandes que les
provinces lui présentent depuis quelques années. C'est bon pour les
immigrants. Les programmes sont nécessaires et ils seront mis en
oeuvre.
* * *
[
Français]
M. René Canuel (Matapédia-Matane, BQ): Monsieur le
Président, ma question s'adresse au ministre des Pêches et des
Océans.
La semaine dernière, le ministre des Pêches et des Océans a
dévoilé le résultat de son dernier exercice d'improvisation
printanier dans le domaine de la pêche aux crabes. En effet, pour la
troisième année consécutive, le ministre a diminué les quotas de
capture alloués aux pêcheurs québécois. Au total, le ministre a retiré
928 tonnes de crabes des neiges, ce qui représente une perte totale
de 15 millions de dollars pour cette industrie.
Afin de cesser le va-et-vient des emplois et des ressources d'une
province à l'autre, le ministre peut-il s'engager à garantir la
quote-part traditionnelle du Québec, au lieu de la diminuer, comme
il le fait depuis trois ans?
[Traduction]
L'hon. Fred Mifflin (ministre des Pêches et des Océans, Lib.):
Monsieur le Président, le député parle du secteur de la pêche le plus
lucratif de la côte est, dans la région de l'Atlantique.
Il parle d'une industrie qui exploite une ressource, mais qui se
divise en deux factions principales, soit les crabiers traditionnels et
les crabiers non traditionnels. Nous devons également traiter avec
les provinces Maritimes et avec la province de Québec. Chaque
année, les négociations commencent et durent fort longtemps.
Depuis le 19 juin 1996, des négociations se poursuivent avec les
diverses entreprises, avec les divers syndicats, avec les crabiers
traditionnels et les crabiers non traditionnels, ainsi qu'avec les
provinces.
Il y a deux semaines, toutes les parties en sont arrivées à une
entente, chacune faisant autant de compromis que possible pour
parvenir à un plan d'exploitation du crabe qui puisse satisfaire
autant de monde que possible quand chacun met de l'eau dans son
vin.
Quant au plan concernant le Québec, on a fait tous les compromis
possibles pour que le Québec, le Nouveau-Brunswick,
l'Île-du-Prince- Édouard et tous les pêcheurs intéressés en arrivent
au meilleur plan possible.
* * *
M. John Williams (St-Albert, Réf.): Monsieur le Président, le
premier ministre a dit ici, il y a 45 minutes, que son gouvernement
n'avait pas sabré dans les soins de santé.
Je me permets de citer le document intitulé «Repenser le rôle de
l'État» que le gouvernement lui-même a publié le 20 février 1997.
Au chapitre des principaux transferts aux autres ordres de
gouvernement, les dépenses réelles du Transfert canadien en
matière de santé et de programmes sociaux se chiffraient à 16,8
milliards de dollars en 1993-1994, montant qui passe à 12,5
milliards de dollars en 1997-1998 et qui baissera à 11,8 milliards de
dollars l'année suivante.
Compte tenu de cette preuve irréfutable, le premier ministre
va-t-il revenir sur son affirmation qu'il ne sabre pas dans les soins
de santé et admettre qu'il a induit la Chambre en erreur?
Des voix: Oh, oh!
(1500)
Le Président: Je vais autoriser cette question si le très honorable
premier ministre veut y répondre.
Le très hon. Jean Chrétien (premier ministre, Lib.): J'ai dit
oui, monsieur le Président. J'ai reconnu que nous avons sabré dans
les soins de santé, mais j'ai dit qu'il ne s'agissait pas d'une
réduction de 40 p. 100. Bien sûr que nous avons sabré dans ces
dépenses.
Le Parti réformiste trouve que nous ne le faisions pas
suffisamment. Comme l'a dit il y a quelques minutes le ministre des
Finances, le Parti réformiste réduirait les dépenses de 3,5 milliards
de dollars si jamais il formait le gouvernement. Mais je tiens à
rassurer les Canadiens: N'ayez crainte, il ne formera jamais le
gouvernement.
* * *
M. John Solomon (Regina-Lumsden, NPD): Monsieur le
Président, ma question s'adresse au ministre du Commerce
international.
8658
Le ministre de la Santé a dit hier que la protection des brevets
pendant 20 ans qui est prévue dans la loi C-91 ne peut pas être
modifiée, en raison des obligations du Canada en matière de
commerce international. Par la suite, des spécialistes en droit
international ont dit que le Canada peut amender cette loi pour que
les Canadiens puissent bénéficier de médicaments d'ordonnance
moins coûteux en vertu du paragraphe 1709(2) de l'ALENA traitant
de l'ordre public et du paragraphe 27(2) du code de l'OMC.
Le ministre peut-il nous dire si des exceptions favorisant l'intérêt
public sont autorisées aux termes de ces paragraphes ou de tout
autre article de l'ALENA et de l'OMC, en ce qui a trait aux brevets
pharmaceutiques ou à toute autre propriété intellectuelle?
L'hon. Arthur C. Eggleton (ministre du Commerce
international, Lib.): Monsieur le Président, selon notre
interprétation du paragraphe 1709(2) de l'ALENA et des articles de
l'OMC concernant la propriété intellectuelle, nous avons très peu de
latitude pour apporter quelque modification que ce soit à nos lois
actuelles. Ces dispositions traitent de circonstances très urgentes et
ne nous permettent pas de revenir aux dispositions d'octroi
obligatoire de licences qui datent d'avant 1993.
* * *
M. Alex Shepherd (Durham, Lib.): Monsieur le Président, ma
question s'adresse au ministre de l'Environnement.
Les gaz d'échappement des véhicules constituent une source
importante de pollution atmosphérique. Les Canadiens ne veulent
pas mettre leur vie en danger chaque fois qu'ils sortent de chez eux.
Que fait-on pour que les Canadiens puissent respirer un air plus sain
à l'avenir, et le ministre a-t-il pu obtenir la collaboration des
provinces dans la poursuite de cet objectif?
L'hon. Sergio Marchi (ministre de l'Environnement, Lib.):
Monsieur le Président, permettez-moi de remercier mon collègue
d'avoir soulevé cette question.
Les gaz d'échappement des véhicules constituent la principale
cause de pollution atmosphérique dans nos villes. C'est pourquoi le
gouvernement a annoncé que, avec la sortie des modèles de l'année
prochaine, les normes pour les gaz d'échappement au Canada seront
les plus rigoureuses de tous les pays.
Avec la nouvelle génération de normes pour les gaz
d'échappement des véhicules, nous devons entrer dans une nouvelle
génération de carburants plus propres. C'est pourquoi le
gouvernement a pris des mesures audacieuses au sujet du MMT, du
benzène et du soufre.
La circulation routière relève des provinces. Les vieilles voitures
polluent dix fois plus que les neuves. C'est pourquoi l'Ontario, par
exemple, devrait cesser de parler de cette question et commencer à
agir en mettant sur pied un programme d'inspection et d'entretien
des véhicules, pour que nous puissions tous mieux respirer.
Le Président: Je signale aux députés la présence à la tribune de
Son Excellence Hennadii Udovenko, ministre des Affaires
étrangères de l'Ukraine.
Des voix: Bravo!
(1505)
Le Président: Je vais d'abord m'occuper d'un rappel au
Règlement dont j'ai été avisé. Il découle de la période des questions.
Je vais ensuite fournir une réponse à la question de privilège qui a
été soulevée hier.
* * *
[
Français]
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Témiscouata, BQ):
Monsieur le Président, à la période des questions orales, quand le
chef de l'opposition a parlé de démagogie, vous vous êtes levé et
vous n'avez pas voulu qu'il utilise ce terme de nouveau.
Personnellement, j'aimerais que vous regardiez les «bleus», parce
qu'à la fin de son intervention, le ministre de la Santé a sans doute
dépassé sa pensée en me traitant d'hypocrite.
Le Président: Je vais regarder les «bleus», comme on dit, je vais
m'en informer pour voir ce qui s'est passé et je reviendrai à la
Chambre, si c'est nécessaire.
[Traduction]
Il y a un autre rappel au Règlement. Est-ce que cela découle de la
période des questions d'aujourd'hui?
M. Bob Mills (Red Deer, Réf.): Monsieur le Président, j'ai parlé
d'un document durant la période des questions. Puis-je le déposer
maintenant?
Le Président: Cette requête peut être agréée si la Chambre y
consent à l'unanimité. Permission est-elle accordée au député de
proposer la motion?
Des voix: D'accord.
Le Président: Y a-t-il consentement unanime pour que le député
dépose le document dont il a parlé?
Des voix: D'accord.
* * *
[
Français]
Le Président: Hier, le député de Laurier-Sainte-Marie a
soulevé une question de privilège. Il a été averti que nous aurions,
sinon une réponse, du moins une explication ou un petit discours
expliquant ce qui s'était passé. Dès maintenant, j'accorde la parole
à
8659
notre ami, l'honorable secrétaire parlementaire du leader du
gouvernement à la Chambre des communes.
[Traduction]
M. Paul Zed (secrétaire parlementaire du leader du
gouvernement à la Chambre des communes, Lib.): Monsieur le
Président, hier, le leader du Bloc à la Chambre, le député de
Laurier-Sainte-Marie, a soulevé une question de privilège. Je veux
répondre à certains arguments qu'il a fait valoir et qui concernent un
document qu'il a déposé à la Chambre hier.
Dans son intervention, le député a parlé d'une annonce qui est
parue dans un quotidien québécois et il a établi une analogie entre
celle-ci et une autre sur la TPS qui remontait à 1989. Il a dit que
cette publicité était aussi inadéquate que celle de 1989, car elle
laissait sous-entendre qu'une certaine mesure législative était en
vigueur et qu'elle mentionnait des dispositions particulières qui
étaient censées avoir déjà force de loi alors que le projet de loi n'est
même pas encore adopté. C'est ce que le député a dit à la Chambre
lorsqu'il a soulevé sa question de privilège.
Je reconnais qu'il existe un précédent, mais je pense que la
question dont nous sommes saisis aujourd'hui est complètement
différente, car l'annonce actuellement en cause ne fait mention
d'aucune disposition de quelque loi ou projet de loi que ce soit.
Les publicités qui sont parues dans les médias canadiens
présentent un certain nombre de faits sur des problèmes de santé liés
au tabagisme. Les publicités ne prétendent pas que des dispositions
d'un projet de loi sont déjà en vigueur. Monsieur le Président, après
un examen attentif des versions anglaise et française, vous
constaterez que c'est le cas. La version française des publicités
invite les lecteurs à appuyer la loi anti-tabac. En anglais, on parle de
la «anti-tobacco legislation». Un puriste extrémiste pourrait
soutenir que la traduction française aurait dû être «le projet de loi»
et que le texte anglais aurait dû parler de «bill».
(1510)
Cependant, il ne faut pas oublier qu'il s'agit de publicité et
l'utilisation d'expressions courantes qui ne sont pas nécessairement
d'une précision totale est fréquente en publicité. Pour le citoyen
ordinaire, le sens de l'expression est toutefois très clair. En français,
on entend souvent le mot «loi» utilisé à la place de «projet de loi»,
même s'il n'est pas adopté, tout comme, en anglais, on utilisera le
mot «legislation» à la place de «bill», même si, au sens strict, un
«bill» n'est pas «legislation» tant qu'il n'a pas été promulgué.
Bien des choses montrent que ces publicités ne prétendaient en
aucun cas que le projet de loi C-71, qui est encore à l'étude, avait été
promulgué.
L'article 1 du projet de loi nous donne des indications très
importantes dans cette question de privilège. Il s'agit du titre
abrégé. En anglais, c'est «Tobacco Act» et en français, c'est «Loi
sur le tabac». Dans les publicités, on dit «anti-tobacco legislation»
et «loi anti-tabac», ce qui n'est pas le titre abrégé ni aucun des titres
du projet de loi à l'étude.
En conclusion, les publicités ne nuisent en rien à la capacité de la
Chambre d'examiner le projet de loi. Aucun numéro de projet de loi
ou titre abrégé ne renvoie au projet de loi à l'étude et aucune
disposition de quelque projet de loi que ce soit n'y est mentionnée.
Elles décrivent plutôt un problème public sérieux et exhortent les
citoyens à appuyer une loi non précisée pour régler ce problème.
Cela ne nuit en rien à la capacité de la Chambre de s'acquitter de son
devoir et, sauf votre respect, je dirai que la question de privilège
n'est pas fondée. Il n'y a eu aucune atteinte aux privilèges des
députés.
M. Ray Speaker (Lethbridge, Réf.): Monsieur le Président, je
voudrais appuyer la question de privilège soulevée par le député de
Laurier-Sainte-Marie. Il y a eu une violation qu'il y a tout lieu de
signaler.
Monsieur le Président, je me permets de vous renvoyer à une
décision qu'avait prise le Président Fraser ici même à la Chambre
pendant le débat sur la TPS, la taxe sur les produits et services, et
aux observations qu'il avait faites à cet égard. Je crois savoir
qu'avant l'adoption du projet de loi sur la TPS, le gouvernement de
l'époque avait fait paraître des annonces dans les journaux
indiquant que le projet de loi avait été adopté par le Parlement et
qu'il constituait la loi du pays. Cette pratique constituait
certainement une violation du privilège parlementaire.
L'annonce que j'ai présentement sous les yeux fait la même
chose. On peut y lire ce qui suit: «J'appuie la loi anti-tabac». Or,
cette mesure ne fait pas encore partie du recueil des lois. Nous
assistons donc encore une fois au même genre de violation que celle
soulevée par le leader du Bloc québécois à la Chambre.
Monsieur le Président, je vous rappellerai également les propos
qu'avait tenus le député qui est actuellement le leader du
gouvernement à la Chambre, M. Herb Gray. Il avait alors déclaré au
sujet de. . .
(1515)
Le Président: Je rappelle au député qu'il ne doit pas nommer le
député par son nom. Son titre du ministre suffit.
M. Speaker (Lethbridge, Réf.): Monsieur le Président, j'en
prends note. Je voulais simplement indiquer de façon très précise à
quel leader parlementaire je faisais référence. C'est ce que j'ai
compris de la décision.
Le leader à la Chambre de l'opposition libérale à l'époque est
maintenant le leader du Parti libéral, qui forme présentement le
gouvernement. En se reportant à l'annonce concernant la TPS, il
avait dit que cette visait à suggérer que le Parlement avait déjà pris
des dispositions, car aux yeux des Canadiens, c'est de cette façon
qu'une mesure fiscale comme celle-là est adoptée et qu'elle entre en
vigueur. Ainsi, cette pratiquait constitue un outrage au Parlement
8660
puisque cela équivalait à une fausse représentation du rôle de la
Chambre.
Le Président Fraser avait déclaré ce qui suit au sujet de ces propos
et de l'annonce:
Cette annonce ne constitue peut-être pas un outrage à la Chambre au sens étroit de
la procédure, mais je crois qu'elle est mal conçue et qu'elle porte ombrage à la noble
tradition en vigueur dans cette Chambre. Si nous ne protégeons pas nos traditions,
nos libertés seront menacées et nos conventions bafoueront les privilèges des
députés modernes et responsables des deux côtés de la Chambre. Cette façon d'agir
est contestable et ne devrait pas se répéter.
Cette déclaration s'adressait aux députés qui siègent aujourd'hui
à la Chambre et qui étaient présents lorsque le Président Fraser l'a
faite.
La chose se produit de nouveau. C'est inacceptable. Monsieur le
Président, cela constitue une violation du privilège et je vous
demande de statuer en conséquence.
M. Bob Kilger (Stormont-Dundas, Lib.): Monsieur le
Président, j'étais ici à l'époque. Ces publicités étaient très
différentes de celles qu'on a vues hier dans certaines publications.
La publicité ne dit pas que la loi a été adoptée ou qu'elle va entrer
en vigueur à une certaine date. On n'y mentionne pas les effets ou
conséquences qu'aurait la loi, comme le faisait la publicité sur la
TPS.
Il ne sert à rien de comparer ces publicités avec celles sur la TPS à
l'origine de la décision du Président Fraser, qui était excellente et
que j'appuyais.
Pour ce qui est de la question de privilège, je ne vois rien dans ces
publicités qui porte atteinte au privilège de quelque député que ce
soit relativement à la mesure législative que la Chambre a examinée
hier et qu'elle examinera de nouveau très bientôt.
Monsieur le Président, si vous comparez les deux questions, vous
constaterez que la question de privilège ne se pose pas.
M. John Nunziata (York-Sud-Weston, Lib.): Monsieur le
Président, le ministre de la Santé présente un réquisitoire très
convainquant au sujet des effets dévastateurs de la cigarette pour
notre pays. J'ai remarqué ce message, publié dans un journal de ce
matin. C'est intitulé «Je commandite la santé de nos enfants». Ce
message énumère un certain nombre de faits.
Il affirme: «Au Canada, chaque année, 256 000 jeunes
commencent à fumer, en moyenne à 14 ans. La moitié d'entre eux
vont fumer toute leur vie. Un décès sur cinq est lié au tabac. Les
maladies liées au tabac coûtent plus de 3,5 milliards de dollars au
système canadien de soins de santé. Trois millions de Canadiens et
de Canadiennes en vie aujourd'hui mourront d'une maladie liée au
tabac.»
Si c'est vrai, si ce sont là les conséquences du tabagisme au
Canada, et si le ministre est sincère, c'est sûr qu'il faudrait interdire
la cigarette. L'importation et la vente de cigarettes devraient être
illégales.
Le message recommande ensuite au lecteur d'appuyer la loi
anti-tabac. Cette recommandation est trompeuse, parce que le projet
de loi C-71 n'est pas anti-tabac. Il n'interdit pas l'importation et la
vente de cigarettes, cigares ou autres produits du tabac.
(1520)
Si le gouvernement et le ministre de la Santé font ce réquisitoire
sur l'effet dévastateur de la cigarette, pour être logiques, si un décès
sur cinq est attribuable au tabagisme et que les maladies liées à
l'usage du tabac coûtent 3,5 milliards de dollars par année au
système canadien de soins de santé, logiquement, ils ont le devoir et
l'obligation d'interdire le tabac au Canada. Il ne suffit pas
d'interdire la publicité sur les voitures sport et lors d'événements
culturels.
Si le ministre de la Santé est sincère, il devrait agir plutôt que de
simplement prendre position.
Le Président: On commence à s'engager dans un débat.
J'aimerais que vous vous en teniez à la question de privilège.
[Français]
M. René Laurin (Joliette, BQ): Monsieur le Président, il me
semble que la chose est assez simple. Dans la question de privilège
que nous avons soulevée, nous ne prêtons pas d'intentions
malicieuses aux représentants du gouvernement qui ont fait publier
ce message publicitaire. On ne dit pas qu'ils ont cherché à faire de la
fausse représentation. Pas du tout.
Le secrétaire parlementaire aujourd'hui, au lieu d'avouer
simplement l'erreur, tente de démontrer qu'on peut parler d'un
même document en le nommant à la fois «projet de loi» ou «loi».
S'il est vrai qu'on peut qualifier un même document de loi ou de
projet de loi, à l'avenir, on pourrait utiliser les deux expressions
constamment, et on ne saura plus où on en est. On ne déclare pas
qu'il y a eu mauvaise intention de la part du gouvernement, on dit
que le gouvernement a fait une erreur. S'il vous plaît, reconnaissez
donc votre erreur et présentez donc les excuses qui s'imposent.
[Traduction]
Le Président: J'entendrai une dernière intervention concernant
la question de privilège.
M. John Williams (St-Albert, Réf.): Monsieur le Président,
j'aimerais réfuter rapidement les arguments invoqués par le whip du
gouvernement qui prétend que cette question n'est pas vraiment
pertinente. Il aimerait nous faire croire que le gouvernement a
présumé du résultat du vote tenue à la Chambre. Le jour où le
gouvernement en place tiendra pour acquis le résultat d'un vote qui
se tient à la Chambre, une lourde menace pèsera sur la démocratie
dans notre pays.
J'aimerais attirer votre attention sur une décision que le Président
a rendue dans l'affaire de la TPS et qui est consignée à la page 4460
des Débats de la Chambre des communes du 10 octobre 1989. Il a
déclaré ce qui suit:
Dans ces conditions, la présidence estime qu'elle doit faire preuve d'une extrême
prudence pour ne pas restreindre indûment le pouvoir de la Chambre de s'occuper de
ce qui est perçu comme un cas d'outrage, compte tenu notamment des arguments qui
ont été présentés.
Il a ajouté:
8661
Je dois avouer que j'ai certains doutes pour ce qui concerne la présente affaire.
Normalement, il est d'usage pour les Présidents, en cas de doute, d'autoriser la
présentation d'une motion en bonne et due forme tendant à soumettre l'affaire à la
décision de la Chambre.
Par conséquent, je vous demanderais, monsieur le Président, de
rendre une décision qui témoignera du fait que le gouvernement
tient la démocratie pour acquise et d'autoriser la présentation d'une
telle motion.
Le Président: La question de privilège a été soulevée hier par le
député de Laurier-Sainte-Marie. Aujourd'hui, j'ai reçu des avis
d'éminents collègues de la Chambre et je suis sûr que vous me
donnerez le temps de les examiner.
Pour l'instant, je ne sais pas si j'ai les documents en anglais et en
français. Le secrétaire parlementaire a fait allusion à un document
en anglais. Je lui demanderais de bien vouloir le déposer pour que je
puisse en prendre connaissance.
Je vais étudier tout ce qui m'a été présenté aujourd'hui, ainsi que
les précédents établis par mon prédécesseur, le Président Fraser, qui
a été un Président très respecté, et par d'autres présidents qui se sont
prononcés sur des questions similaires. Comme nous le savons, il
n'arrive jamais que deux situations soient exactement pareilles.
C'est pour cette raison que je vais prendre mon temps avant de
rendre ma décision. Je consulterai la Chambre s'il le faut.
______________________________________________
8661
AFFAIRES COURANTES
(1525)
[Français]
M. Paul Zed (secrétaire parlementaire du leader du
gouvernement à la Chambre des communes, Lib.): Monsieur le
Président, conformément au paragraphe 36(8) du Règlement, j'ai
l'honneur de déposer, dans les deux langues officielles, la réponse
du gouvernement à neuf pétitions.
* * *
[
Traduction]
M. Jim Peterson (Willowdale, Lib.): Monsieur le Président,
j'ai l'honneur de présenter le huitième rapport du Comité
permanent des finances.
Il porte sur le projet de loi C-70, qui remplit deux fonctions.
D'abord, il apporte un certain nombre de modifications,
clarifications et changements à la TPS. Ensuite, facteur plus
important encore, il représente la première étape du processus
d'instauration d'une taxe de vente nationale harmonisée, qui
remplacera les dix taxes de vente actuelles par une seule. Ce projet
de loi est le premier pas en ce sens.
J'aimerais remercier les nombreux témoins qui ont comparu
devant le comité et fait des exposés. Je remercie aussi les députés
des trois partis, dont la députée de Beaver River, qui m'écoute
attentivement, qui ont collaboré avec nous assidûment et
efficacement. Je remercie aussi, comme toujours, le personnel de la
Chambre des communes qui a été exemplaire encore une fois. J'ai
l'honneur de déposer ce rapport dans les deux langues officielles.
M. Nunziata: Monsieur le Président, j'invoque le Règlement.
Durant sa présentation, le député a déclaré que ce rapport marquait
le début de l'harmonisation de la TPS d'un bout à l'autre du pays.
Cette déclaration est inexacte étant donné que plusieurs
provinces ont déjà annoncé très clairement qu'elles n'avaient pas
l'intention d'harmoniser leur taxe provinciale avec la TPS.
Le vice-président: Le député sait très bien que ce point est plutôt
un élément de débat.
[Français]
M. Richard Bélisle (La Prairie, BQ): Monsieur le Président, à
la suite des propos du président du Comité permanent des finances,
j'aimerais apporter quelques commentaires sur l'opinion dissidente
du Bloc québécois.
J'aimerais ajouter que le Bloc québécois appuie le concept
d'harmonisation des taxes de vente, mais déplore que le
gouvernement libéral gaspille le temps et l'énergie de tout le monde
avec un projet bâclé et inéquitable.
Dans l'état actuel des choses, la preuve n'est pas faite que le
projet de loi C-70 simplifie et améliore les choses. Au contraire,
concernant les règles d'affichage des prix, le consommateur pourra
se retrouver dans une situation où quatre prix différents pourraient
être affichés sur les produits dans un catalogue ou sur les tablettes
des commerçants.
Le projet de loi C-70 rendra la vie plus pénible à beaucoup
d'individus et d'entreprises. De grandes questions sont donc
demeurées sans réponse, du fait que les libéraux voient à leurs
intérêts électoraux avant ceux des contribuables. Aussi, nous
pensons que le gouvernement devrait refaire ses devoirs et revoir le
projet de loi C-70.
[Traduction]
Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.): Monsieur le
Président, j'ai l'honneur de présenter, dans les deux langues
officielles, le neuvième rapport du Comité permanent de la justice
et des questions juridiques.
Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 7 octobre 1996, le
comité a étudié le projet de loi C-55, Loi modifiant le Code criminel
(délinquants présentant un risque élevé de récidive), la Loi sur le
système correctionnel et la mise en liberté sous condition, la Loi sur
le casier judiciaire, la Loi sur les prisons et les maisons de
correction et la Loi sur le ministère du Solliciteur général. Le
comité a décidé d'en faire rapport avec des propositions
d'amendement.
Je remercie tous les témoins dont les excellentes présentations
nous ont permis de formuler ces amendements formidables.
Le vice-président: Chers collègues, pourrions-nous revenir au
dépôt de documents. Je voudrais déposer un rapport au nom du
Président.
Des voix: D'accord.
8662
[Français]
Le vice-président: J'ai l'honneur de déposer, conformément aux
articles du Règlement concernant le vérificateur général, le rapport
du Commissaire à l'environnement et au développement durable à
la Chambre des communes pour l'année 1997.
[Traduction]
Le rapport est renvoyé d'office au Comité permanent de
l'environnement et du développement durable.
* * *
M. Jag Bhaduria (Markham-Whitchurch-Stouffville, Lib.
dém.) demande à présenter le projet de loi C-378, Loi modifiant la
Loi sur l'immigration (qualité de résident permanent).
-Monsieur le Président, je suis très heureux de profiter de
l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour présenter mon projet
de loi d'initiative parlementaire. Je tiens à remercier le député de
York-Sud-Weston qui a parrainé cette mesure législative.
Le projet de loi vise à modifier l'article 24 de la Loi sur
l'immigration de façon à autoriser qu'une personne désirant
s'établir au Canada et y résider en permanence soit réputé résident
permanent si, avant 1970, elle a résidé au Canada pendant au moins
25 ans, avant de quitter le pays.
Cette modification répondrait aux préoccupations de nombreux
Canadiens qui ont séjourné à l'extérieur du Canada pendant un
certain temps et qui sont maintenant tenus de demander de nouveau
le statut de résident permanent avec tous les contrôles sécuritaires
que cela suppose. D'où les nombreux retards dus au processus
bureaucratique qui, dans bien des cas, peut se révéler fort lourd.
Mon projet de loi éliminerait donc un processus long et laborieux
en autorisant un agent de l'immigration à prendre la décision
d'accorder automatiquement le statut de résident permanent à la
personne qui a déjà satisfait aux conditions liées à l'obtention du
statut de résident permanent.
J'espère que les députés approuveront à l'unanimité.
(Les motions sont adoptées, le projet de loi est lu pour la
première fois et l'impression en est ordonnée.)
* * *
M. Randy White (Fraser Valley-Ouest, Réf.) demande à
présenter le projet de loi C-379, Loi modifiant le Code criminel
(arrestation des personnes qui manquent aux conditions de leur
libération conditionnelle, de leur libération d'office ou de leur
permission de sortir).
-Monsieur le Président, j'ai le privilège de déposer à la
Chambre un projet de loi d'initiative parlementaire visant à
modifier le Code criminel de manière à prévoir l'arrestation de ceux
qui manquent aux conditions de leur libération conditionnelle, de
leur libération d'office ou de leur permission de sortir.
Je dois d'abord saluer le dévouement et l'engagement des
membres du service de police de la ville d'Abbotsford, en
particulier l'agent Mike Novakowski, à qui nous devons ce projet de
loi. Grâce aux Mike Novakowski de partout au Canada, nous
finirons par garantir la sécurité dans les rues de nos collectivités.
En vertu de ce projet de loi, la personne qui manque aux
conditions de sa libération conditionnelle, de sa libération d'office
ou de sa permission de sortir commet une infraction punissable par
procédure sommaire, au même titre que si elle contrevenait à une
ordonnance de probation.
Selon l'alinéa 495.(1)a) du Code criminel, un agent de la paix
peut arrêter sans mandat une personne qui a commis un acte
criminel ou qu'il trouve en train de commettre une infraction
criminelle. Par conséquent, ce projet de loi permet à un agent de la
paix d'arrêter sans mandat une personne qui manque à une
condition de sa libération conditionnelle ou de sa permission de
sortir.
La modification proposée à l'article 497 prévoit la détention de
cette personne, donne à la commission qui a accordé la libération
conditionnelle ou la permission de sortir, si elle le juge à propos,
l'occasion de demander la détention sous garde de la personne
jusqu'à ce qu'un mandat d'arrestation soit délivré, afin de faciliter
la révision de la libération conditionnelle ou de la permission de
sortir, conformément à la Loi sur le système correctionnel et la mise
en liberté sous condition.
(Les motions sont adoptées, le projet de loi est lu pour la
première fois et l'impression en est ordonnée.)
* * *
[
Français]
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Témiscouata, BQ)
demande à présenter le projet de loi C-380, Loi concernant la
désignation du jour de Louis Riel et annulant la déclaration de
culpabilité prononcée contre celui-ci le 1er août 1885.
-Monsieur le Président, je suis très honorée de déposer à
nouveau un projet de loi pour annuler la déclaration de culpabilité
de Louis Riel et pour essayer aussi de commémorer sa mémoire.
(1535)
Si ce projet de loi devait avoir la chance d'être étudié en
deuxième et en troisième lectures et d'être voté par cette Chambre,
nous pourrions dorénavant, le 16 novembre de chaque année,
commémorer la mémoire de Louis Riel, puisque ce projet de loi en
ferait le jour de Louis Riel pour l'ensemble du Canada.
(La motion est réputée adoptée, le projet de loi est lu pour la
première fois et imprimé.)
8663
[Traduction]
M. Lyle Vanclief (Prince Edward-Hastings, Lib.): Monsieur
le Président, j'ai deux pétitions à présenter à la Chambre
aujourd'hui.
Dans le premier cas, les pétitionnaires prient le Parlement
d'exhorter le gouvernement fédéral à se joindre aux gouvernements
provinciaux pour remettre en état le réseau routier national dès
1997.
M. Lyle Vanclief (Prince Edward-Hastings, Lib.): Monsieur
le Président, ma deuxième pétition a pour objet de demander au
Parlement de prouver la considération sincère du gouvernement à
l'égard des Canadiens en présentant et en adoptant la loi anti-tabac
telle que promise. Dans la mesure du possible, cette loi devrait
inclure les mesures décrites dans les plans.
[Français]
M. Paul Crête (Kamouraska-Rivière-du-Loup, BQ):
Monsieur le Président, il me fait plaisir de déposer une pétition
signée par 500 personnes de ma circonscription demandant au
Parlement d'adopter une loi qui imposerait un plafond aux taux
d'intérêt sur les cartes de crédit émises aux consommateurs par les
banques et les grands détaillants en regard du taux d'escompte de la
Banque du Canada.
[Traduction]
M. David Iftody (Provencher, Lib.): Monsieur le Président, j'ai
trois brèves pétitions que je résumerai, avec votre permission.
La première est signée par un certain nombre d'habitants de la
localité de Lac Brochet, dans ma circonscription. Très brièvement,
les pétitionnaires demandent à la Chambre de ne pas apporter au
Code criminel ni à la Charte des droits et libertés des modifications
qui porteraient à croire que la société approuve le mariage entre
personnes de même sexe.
M. David Iftody (Provencher, Lib.): Monsieur le Président, la
deuxième pétition que j'ai à présenter est signée par un certain
nombre d'habitants des localités de Blumenort, Morris et Rosenort,
dans la circonscription de Provencher. Les pétitionnaires veulent
signaler à la Chambre les répercussions négatives que la
pornographie peut avoir pour les hommes, les femmes et les
enfants. Ils demandent que l'on maintienne et que l'on fasse
appliquer les lois actuelles pour tous les Canadiens.
M. David Iftody (Provencher, Lib.): Monsieur le Président, les
signataires de la troisième pétition prient le Parlement de veiller à
ce que les dispositions actuelles du Code criminel du Canada
interdisant l'aide au suicide soient appliquées rigoureusement et de
s'abstenir d'apporter à la loi toute modification qui aurait pour effet
d'approuver ou de permettre l'aide ou l'encouragement au suicide,
ou encore l'euthanasie active ou passive.
La pétition est signée par un certain nombre d'habitants de
Morris et de la région de Niverville.
M. John Finlay (Oxford, Lib.): Monsieur le Président, je
présente une pétition signée par un certain nombre d'électeurs de
ma circonscription et de circonscriptions voisines. Les
pétitionnaires demandent au Parlement d'exhorter le gouvernement
fédéral à joindre ses efforts à ceux des gouvernements provinciaux
pour que nous puissions améliorer le réseau routier national.
M. Harold Culbert (Carleton-Charlotte, Lib.): Monsieur le
Président, j'ai l'honneur de présenter une pétition aux termes de
l'article 36 du Règlement. Plus d'une centaine de personnes de la
région de St. Stephen, au Nouveau-Brunswick, ont signé la pétition.
Elles demandent au Parlement de soutenir l'amorce immédiate de
négociations, qui devraient aboutir au plus tard en 2000, sur une
convention internationale établissant un calendrier exécutoire
d'élimination de toutes les armes nucléaires.
M. Dale Johnston (Wetaskiwin, Réf.): Monsieur le Président,
j'ai l'honneur de présenter, aux termes de l'article 36 du Règlement,
une pétition signée par 27 Albertains du centre de la province.
Les pétitionnaires affirment que 38 p. 100 du réseau routier
national laisse à désirer et que le Mexique et les États-Unis sont en
train d'améliorer leurs réseaux routiers nationaux. Ils ajoutent que
cela permettrait entre autres choses d'épargner des vies, d'éviter des
blessures et d'atténuer les problèmes de congestion. Ils demandent
donc au Parlement d'exhorter le gouvernement fédéral à joindre ses
efforts à ceux des gouvernements provinciaux pour qu'il soit
possible d'améliorer notre propre réseau routier national.
(1540)
M. Randy White (Fraser Valley-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, j'ai une autre pétition à présenter au nom des bons
citoyens de la Nouvelle-Écosse. Le premier ministre du Canada a
annoncé en juin 1996 qu'il favoriserait la dérivation du gazoduc de
l'île de Sable vers la ville de Québec. Les signataires s'opposent à
ce que le premier ministre décide de la destination du gaz naturel de
la Nouvelle-Écosse sans consulter la population de la province. Les
habitants de la Nouvelle-Écosse affirment leur droit de contrôler la
destination du gaz de l'île de Sable et demandent que le
gouvernement fédéral n'intervienne plus dans ce dossier.
8664
[Français]
M. Paul Zed (secrétaire parlementaire du leader du
gouvernement à la Chambre des communes, Lib.): Monsieur le
Président, je suggère que toutes les questions soient réservées.
Le vice-président: Est-on d'accord?
Des voix: D'accord.
______________________________________________
8664
INITIATIVES MINISTÉRIELLES
[
Traduction]
M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.) propose:
Que la Chambre condamne le gouvernement qui force les Canadiens à payer un
supplément supérieur à 70 p. 100 en primes du RPC, ce qui provoque une
augmentation des charges sociales, augmentation qui a un effet dévastateur sur la
création d'emplois, tout en se refusant à supprimer les subventions immenses que ces
mêmes Canadiens doivent supporter pour assurer le maintien du régime de pensions
en or des députés.
-Monsieur le Président, je suis heureux d'aborder cette motion
qui traite de l'augmentation de 70 p. 100 que le gouvernement
impose sur les cotisations au RPC. Permettez-moi avant tout de
faire un bref rappel des mesures que les libéraux et les
conservateurs ont prises au sujet du Régime de pensions du Canada.
Le régime a été créé en 1966 sous le gouvernement libéral de
Lester B. Pearson. À l'origine, il s'agissait d'un régime par
répartition. Bill Robson, de l'Institut C.D. Howe, l'a déjà critiqué en
le comparant à un régime pyramidal où les pensions versées aux
premiers investisseurs ne proviennent pas d'investissements dans
des actifs réels, mais de l'apport des investisseurs ultérieurs.
Le RPC existe depuis 31 ans et n'a jamais été géré par des entités
autres que les gouvernements libéraux ou conservateurs. Au fil des
ans, divers observateurs ont affirmé que le RPC allait droit à la
faillite et qu'il allait falloir augmenter de façon très nette les
contributions pour pouvoir verser les pensions promises, surtout à
la génération du baby-boom qui commence à vieillir.
Les gouvernements successifs ont négligé ce problème et la
situation s'est détériorée au point où des mesures draconiennes
s'imposaient. Le 14 février, soit quatre jours avant la présentation
du budget fédéral, le ministre des Finances a donc annoncé que les
cotisations au Régime de pensions du Canada passeraient de 5,8 à
9,9 p. 100 du revenu en six ans, ce qui représente une énorme hausse
de 73 p. 100 des charges sociales, la plus importante de toute
l'histoire de notre pays.
Il a aussi annoncé que, en dépit de la hausse des cotisations, les
prestations n'augmenteraient pas. Par conséquent, le travailleur
moyen va se trouver à payer 1 635 $ par année et l'employeur, un
autre montant de 1 635 $. Les travailleurs autonomes vont verser
les deux parts rien que pour toucher une pension annuelle de moins
de 9 000 $ en dollars de 1997.
Ce qui frappe le plus dans l'annonce du gouvernement, c'est ce
qu'elle ne contient pas. Premièrement, il n'est pas dit que c'est par
suite de la mauvaise gestion des gouvernements tant libéral que
conservateur que la situation du RPC s'est dégradée à ce point.
Comme on l'a fait remarquer, si c'était un régime privé de retraite et
non le RPC qui avait été aussi mal géré, ses gestionnaires seraient à
l'heure actuelle en train de fabriquer des plaques d'immatriculation
dans quelque pénitencier.
Deuxièmement, il n'y a aucune évaluation honnête des
répercussions négatives de la hausse de 70 p. 100 des charges
sociales, notamment sur les emplois, même si le ministre des
Finances a déjà reconnu que les charges sociales sont un cancer pour
les emplois.
Troisièmement, il n'y a aucune évaluation sérieuse des solutions
de rechange pour assurer un revenu de retraite à moindre coût aux
Canadiens, telles celles proposées par le Parti réformiste du Canada.
Dans le débat d'aujourd'hui, mes collègues et moi proposons
d'entreprendre ce que le gouvernement a négligé de faire,
c'est-à-dire évaluer d'abord les répercussions négatives d'une
hausse de 70 p. 100 des cotisations au RPC sur le plan de l'emploi.
Nous voulons que le ministre des Finances reconnaisse tout d'abord
franchement que la hausse de 70 p. 100 des cotisations au RPC est
une augmentation des charges sociales et qu'il dépose à la Chambre
les évaluations que son ministère a faites du nombre de pertes
d'emplois attribuables à cette hausse des charges sociales, afin que
nous puissions proposer des mesures de redressement.
(1545)
Dans l'exposé qu'il a présenté au Comité des finances le17 octobre 1994, le ministre des Finances a dit clairement que les
cotisations au RPC et au RRQ étaient des charges sociales et il a
reconnu leurs répercussions négatives sur l'emploi. Cependant,
maintenant qu'il a dû les hausser, le ministre des Finances nie tout
cela et dit exactement le contraire. Il prétend maintenant que les
cotisations au RPC ne sont pas des charges sociales.
Le ministre des Finances refuse, par exemple, de reconnaître le
bien-fondé des arguments avancés par le ministre de l'Industrie,
ministre qui doit bien connaître la question et qui a dit à la Chambre,
en 1991, que, quand on examine les charges sociales imposées aux
petites entreprises, il faut bien entendu inclure les cotisations de
l'employeur au Régime de pensions du Canada, ajoutant que toutes
ces charges sociales sont lourdes à assumer, notamment pour les
petites et moyennes entreprises.
Mais surtout, le ministre des Finances contredit catégoriquement
les opinions publiées par la division des prévisions de son ministère.
Je veux parler d'un document qu'un employé de cette division,M. Joe Italiano, a publié le 25 avril 1995 et qui s'intitule «Growth in
CPP and QPP contributions: Implications for employment and
participation». Dans ce document, M. Italiano définit clairement les
cotisations obligatoires au RPC et au RRQ comme des charges
sociales. Il a également étudié l'impact des hausses imposées par
les conservateurs entre 1986 et 1993 en ce qui concerne les charges
8665
sociales et a montré comment ces hausses avaient fait disparaître
26 000 emplois.
Nous exhortons donc le ministre des Finances à admettre
franchement et honnêtement que cette hausse de 70 p. 100 des
cotisations au RPC est une hausse sans précédent des charges
sociales et à déposer à la Chambre les évaluations faites par son
ministère-et nous savons que ces évaluations sont faites-quant
au nombre d'emplois qui disparaîtront à cause de cette hausse des
charges sociales afin que nous puissions proposer des
contre-mesures.
Bien qu'ils critiquent la solution mal conçue employée par le
gouvernement pour sauver le RPC, les réformistes sont loin de dire
qu'il n'y a rien à faire. Ce que nous proposons dans notre
programme pour un nouveau départ, c'est une réforme plus globale
que celle proposée par le gouvernement.
Nos propositions visant à assurer le revenu de retraite des
Canadiens sont fondées à la fois sur une réforme du Régime de
pensions du Canada, un élargissement du système de REER et un
allégement fiscal pour les personnes âgées à revenu faible ou
moyen. Durant la prochaine campagne électorale, nous montrerons
que, pour chaque dollar investi, nos propositions assurent un revenu
de retraite plus élevé que tout ce que le gouvernement a proposé
jusqu'à maintenant.
J'espère que les députés me poseront des questions sur cette
solution de rechange supérieure aux propositions du gouvernement
durant la période réservée aux questions et aux observations parce
qu'elle mérite que la Chambre l'examine de plus près.
Enfin, je terminerai en faisant quelques remarques au sujet de
l'autorité morale du gouvernement en ce qui concerne la réforme
des pensions. Pour gagner la confiance des personnes âgées, des
jeunes ou des membres vieillissants de la génération du baby-boom,
le gouvernement doit être perçu comme agissant de façon juste et
conforme à l'éthique sur la question de la réforme des pensions.
Le gouvernement libéral a manqué à son obligation d'agir de
façon juste et dans le respect des règles lorsqu'il a décidé que sa
priorité en matière de réforme des pensions serait non pas
d'améliorer le RPC, non pas d'améliorer les pensions des
Canadiens, mais bien de garantir une retraite dorée aux députés
libéraux et aux autres députés intéressés.
Qu'obtiennent les travailleurs canadiens ordinaires à l'âge de65 ans, après avoir versé 9,9 p. 100 de leurs gains au RPC? Une
maigre pension annuelle de 9 000 $. Qu'obtiennent les députés
libéraux, conservateurs, néo-démocrates et bloquistes qui ont
accepté de profiter du régime de pensions dorées, à compter de 55
ans? S'il vit jusqu'à l'âge de 75 ans, le député conservateur de
Sherbrooke touchera 4,3 millions de dollars, le député libéral de
Cap-Breton-Richmond-Est, 3,9 millions de dollars, le député
néo-démocrate de Winnipeg Transcona, 2,7 millions de dollars, et la
liste est longue.
(1550)
Nous avons constaté que, lorsqu'il s'agit de questions d'intégrité
et d'autorité morale, le gouvernement a des oeillères, ce qui pourrait
lui être fatal.
Le 5 février, j'ai demandé au premier ministre, à la Chambre, et
plus tard le même jour à son conseiller en éthique, en comité, s'ils
voyaient une atteinte à l'éthique, à l'intégrité, à la notion de bien et
de mal dans l'ingérence politique exercée relativement à l'enquête
sur les événements en Somalie, dans la condamnation de l'enquête
Krever, dans l'utilisation du ministère de la Justice pour mener une
chasse aux sorcières, et dans la promesse non tenue du premier
ministre d'éliminer la TPS.
Le premier ministre a dit ne pas comprendre ce dont je parlais,
mais la réponse du conseiller en éthique a été plus révélatrice. Mes
questions avaient trait à l'éthique, à la confiance du public, à
l'intégrité et à la notion de bien et de mal. À la séance du 5 février
1997 du Comité mixte spécial sur un code de conduite, il nous a dit
ce qui suit: «Je crois que ce sont des questions politiques, questions
abordées différemment par les partis d'opposition et le parti
ministériel. C'est l'essence même de notre régime démocratique.
C'est tout ce que je peux vous répondre.»
Il fait allusion des questions comme l'ingérence politique et la
dissimulation dans une enquête sur meurtre, l'obstruction dans le
cadre de l'enquête sur le sang contaminé qui a fait tant et tant de
victimes au Canada, l'abus de pouvoir dont s'est rendu coupable le
ministère de la Justice ainsi que le fait de ne pas avoir tenu ses
principales promesses électorales et refusé de l'admettre.
J'ajouterais à cette liste s'offrir une retraite dorée, mais ne pas en
faire autant pour les Canadiens. Aux yeux du premier ministre et de
son conseiller en éthique, il ne s'agit pas de questions de confiance,
d'intégrité ou de rectitude, mais de simples divergences d'opinion
sur des questions politiques.
Si telles sont les normes de probité du gouvernement, je crois
bien que jamais les Canadiens ne pourront se fier à lui pour garantir
l'équité et l'intégrité dans le dossier des pensions. Le gouvernement
n'a que lui-même, son aveuglement et ses actions intempestives à
blâmer pour la perte de ce droit.
En conclusion, je me souviens d'une certaine étude sur l'intégrité
et la politique britannique au XIXe siècle réalisée par D.C.
Somervell, un historien. L'étude portait sur deux hommes d'État
britanniques, en l'occurrence, William Gladstone, le moraliste pour
qui toute question dans laquelle il ne voyait ni bien ni mal était sans
intérêt, et Benjamin Disraeli, le pragmatiste qui, à l'autre extrême,
ne voyait ni bien ni mal dans aucune question, seulement des
divergences d'opinion.
À quelle conclusion M. Somervell est-il arrivé? À son avis, on
aurait tort de voir des questions d'ordre moral là où il n'en existe
pas, mais il est plus grave encore de refuser de les voir quand elles
se posent réellement.
C'est cette erreur plus grave que le gouvernement a commise en
faisant passer la sécurité de la vieillesse des parlementaires avant
celle de l'ensemble des Canadiens. Je prie par conséquent les
députés d'appuyer la motion dont la Chambre est saisie.
L'hon. Charles Caccia (Davenport, Lib.): Monsieur le
Président, il vaut la peine de souligner que, même s'il avait 20
minutes pour livrer son discours, le député de Calgary-Sud-Ouest
n'en a consacré que la moitié au sujet dont traite la motion inscrite
au Feuilleton, qui dit entre autres: «Que la Chambre condamne le
8666
gouvernement qui force les Canadiens à payer un supplément
supérieur à 70 p. 100 en cotisations au RPC» et ainsi de suite.
La déclaration est nettement trompeuse. Le fait que le député
consacre la moitié de son temps de parole à traiter du sang
contaminé, du détournement de la justice, de l'intégrité du
gouvernement et du code de conduite, plutôt que du Régime de
pensions du Canada, montre bien le manque de recherche de son
propos et du discours qu'on lui a préparé.
(1555)
De toute évidence, le député de Calgary ne connaît pas le dossier
et ceux qui ont rédigé son discours ont manqué d'inspiration, à tel
point qu'il a dû utiliser son temps en traitant de questions qui
n'étaient pas même pas visées par la motion.
Le député de Calgary induit en erreur les Canadiens en essayant
de les convaincre qu'il y a une hausse de 70 p. 100 des cotisations au
Régime de pensions du Canada. Le député de Calgary-Sud-Ouest
accepterait-il d'utiliser ses talents pour traiter de la proposition que
les dix provinces et le gouvernement du Canada ont approuvée, et
pour reconnaître que 70 p. 100 est un chiffre tout à fait erroné? La
réalité, c'est que l'augmentation pour l'employé va de 2,9 p. 100
des gains ouvrant droit à pension cette année à 3,5 p. 100 en 1999,
pour ensuite passer graduellement à 4,9 p. 100 d'ici 2003.
M. Manning: Monsieur le Président, je répliquerai aux
observations du député en en faisant trois de mon cru. Tout d'abord,
je n'ai pas utilisé tout le temps de parole qui m'était alloué parce
que j'estime que si l'on veut pratiquer l'économie au
gouvernement, cela commence par l'économie de paroles.
Deuxièmement, j'ai trouvé les observations du député
intéressantes parce qu'elles illustrent bien le dernier argument que
j'exposais. Le député ne voit manifestement aucun lien entre
obtenir de la population l'autorité morale pour réformer les
pensions et le fait que le gouvernement a perdu cette autorité morale
quand il a donné à son parti le régime de pensions des députés. Le
fait même que le député ne l'a pas compris et ne voit aucun lien
entre ce dossier et le régime de pensions des députés illustre
précisément les oeillères du gouvernement.
Quant à la question de fond, le Parti réformiste a bien examiné les
propositions sur lesquelles le ministre et les provinces se sont
entendues en matière de réforme du RPC. Nous sommes convaincus
qu'on ne peut réparer le RPC en nous attachant uniquement à ce
régime. Il faut élargir l'examen à tous les facteurs du revenu de
retraite. Voilà pourquoi notre proposition inclut les éléments
suivants que je prendrai une ou deux minutes pour expliquer.
Tout d'abord, la garantie que les aînés actuels, tous les Canadiens
âgés de 60 ans et plus, toucheront toutes les prestations que leur a
promises le RPC.
Deuxièmement, la proposition d'enrégimenter les Canadiens
encore jeunes dans un système de REER élargi, dans lequel ils
cotiseraient à des comptes d'épargne-retraite obligatoires et à l'abri
de l'impôt comme les REER. Ce régime produirait, bien sûr, des
prestations de retraite supérieures par dollar investi à tout ce qu'on
ait jamais proposé pour le RPC.
Troisièmement, pour les travailleurs plus âgés mais plus assez
jeunes pour accumuler un revenu de retraite suffisant au moyen
seulement des REER élargis, nous proposons une formule de
transition combinant le RPC et les REER élargis pour assurer des
prestations de retraite au moins équivalentes à celles du RPC sinon
meilleures.
Enfin, avec nos propositions d'allégement fiscal dans le cadre de
notre Nouveau départ, nous proposons de rayer en tout 1,2 million
de Canadiens, dont 300 000 aînés, du rôle fédéral des
contribuables, ce qui contribuerait à améliorer leur revenu de
retraite.
Compte tenu de l'ensemble de ces éléments, le RPC modifié, les
REER élargis et l'allégement fiscal accordé aux aînés, nous
soutenons que cet ensemble produira un revenu de retraite par dollar
investi supérieur à tout ce que nous avons vu proposer de la part du
ministre des Finances ou du gouvernement.
M. Harold Culbert (Carleton-Charlotte, Lib.): Monsieur le
Président, j'espère être bref, et j'espère aussi que le chef du Parti
réformiste le sera tout autant.
J'ai écouté avec soin l'exposé de cet après-midi. Je crois
comprendre que le député propose, entre autres choses, d'élargir le
REER.
(1600)
J'aimerais poser une question au chef du Parti réformiste après
son exposé de cet après-midi. Sait-il que le RPC, qui existe depuis
1966, comporte plusieurs aspects et en a-t-il tenu compte dans son
programme réformiste, Nouveau départ? Le régime n'est pas
strictement un régime de retraite. Il offre aussi des prestations
d'invalidité, une prestation de décès, une rente de réversion pour le
conjoint et les enfants si le cotisant décède. Est-ce que ce ne sont pas
là des éléments importants pour le Parti réformiste?
Je tiens également à signaler, étant donné les observations du
député, que le régime de retraite des députés a été modifié il y a un
an et demi. Ce régime compte trois éléments importants. L'âge
minimum de la retraite a été ramené ou plutôt porté à 55 ans. Il n'y
avait jusque-là aucun minimum. Les prestations ont été réduites de
plus de 20 p. 100, ce qui a permis d'économiser plus de 3 millions
de dollars en une seule année. Nous avons aussi éliminé le cumul.
D'ailleurs, le Parti réformiste pourrait vérifier la situation de ses
propres députés à cet égard-là.
M. Manning: Monsieur le Président, je suis ravi d'entendre ces
députés défendre le régime de retraite des députés. J'invite le député
à me suivre n'importe où au Canada. Nous allons rassembler un
millier de personnes. Le député pourra défendre le régime de
retraite des députés et je le contesterai. Je crois qu'il n'y aura pas de
doute sur ce que pensent les Canadiens à ce sujet.
Pour ce qui est de la question de fond que le député a posée au
début, lorsque je dis que nous proposons de garantir les prestations
du RPC pour la présente génération de personnes âgées et de
prendre des dispositions pour les autres, cela veut dire que nous
8667
avons l'intention de garantir tout l'éventail des prestations. Nous ne
parlons pas seulement du revenu de retraite.
Pour ce qui est des prestations de survivant, dans le cadre de ce
programme élargi de REER, nous proposons une nette amélioration
par rapport au RPC. Nous proposons d'améliorer le revenu de
retraite des conjoints survivants, en particulier des veuves âgées, en
faisant que les fonds investis dans le REER d'une personne décédée
puissent être transférés en franchise d'impôt au conjoint survivant.
Personne n'aurait à quémander. Une telle prestation de survivant
serait bien supérieure à celle qu'offre le RPC.
M. Julian Reed (Halton-Peel, Lib.): Monsieur le Président,
premièrement, je tiens à signaler au député d'en face que 400 des
600 ex-députés de la Chambre des communes qui vivent encore ne
reçoivent aucune pension.
Deuxièmement, il y a dans ma circonscription un jeune homme
qui souffre d'une incapacité permanente depuis l'âge de 31 ans.
Sans les prestations d'invalidité du RPC, cet homme n'aurait rien. Il
n'a pas de famille. Il n'a aucun autre moyen de subsistance.
M. Manning: Monsieur le Président, je le répète, nous avons
bien précisé que nous continuerions de verser les prestations du
RPC à la génération actuelle d'aînés. Par conséquent, le député a
tort de laisser entendre que nous nous attaquerions à leurs
prestations.
M. Chuck Strahl (Fraser Valley-Est, Réf.): Monsieur le
Président, j'invoque le Règlement. Dans son intervention, le député
de Davenport a utilisé, à deux ou trois occasions, l'expression
«induire en erreur» en parlant du Parti réformiste ou de son chef.
Selon le commentaire 49 de Beauchesne, c'est considéré comme
du langage antiparlementaire. Je me demande pourquoi vous avez
laissé le député utiliser cette expression, monsieur le Président, non
pas une fois, mais à plusieurs occasions.
Le vice-président: Il n'y a pas eu de recours au Règlement à ce
moment-là. Cela ne semble pas avoir soulevé de tollé à la Chambre.
Comme les députés le savent sûrement, à moins qu'il y ait une
vague de protestations presque immédiate à la Chambre, aucun mot
n'est à proprement parler antiparlementaire, à l'exception d'un que
nous connaissons tous.
Si le député le veut, j'examinerai les bleus et je reviendrai sur
cette question au besoin. Le critère déterminant est habituellement
la tempête de protestations que suscite l'emploi d'un mot. Je le dis à
regret au député, mais c'est le cas.
(1605)
L'hon. Marcel Massé (président du Conseil du Trésor et
ministre responsable de l'Infrastructure, Lib.): Monsieur le
Président, je suis heureux d'avoir l'occasion d'exprimer ma ferme
opposition à la motion présentée par le Parti réformiste.
La motion présente clairement la position de l'opposition, à
savoir que celle-ci interprète la réforme du Régime de pensions de
Canada comme une attaque contre les entreprises et une mesure
fiscale stupide. Cette position est fondée sur la politique partisane,
et non pas sur des faits et la logique.
Je n'irai pas par quatre chemins. Nous devions prendre des
décisions difficiles à propos du RPC. Les modifications ne sont pas
sans douleur ni agréables, mais c'est ce qui arrive quand on tente de
réparer quelque chose qui aurait dû l'être il y a longtemps, des
décennies en fait. Ces modifications ne sont pas fondées sur des
décisions prises isolément et imposées sans consultation.
L'une des nombreuses réalités dont la motion de l'opposition ne
tient pas compte, c'est que le gouvernement fédéral et huit
provinces représentant une majorité appréciable de Canadiens se
sont entendus sur cette réforme. Cette réforme est l'aboutissement
d'un processus de consultation qui a duré un an, ainsi que d'intenses
discussions et négociations entre les deux ordres de gouvernement.
Par-dessus tout, cette réforme vise un objectif primordial et concret:
préserver et garantir un des piliers clés de notre système de pensions
national.
Le troisième parti peut se permettre de jouer avec les chiffres et
de faire avancer sa vraie cause, mais les gouvernements fédéral et
provinciaux devaient s'attaquer à un problème réel et trouver une
solution praticable. C'est ce que nous avons fait dans l'intérêt des
Canadiens d'aujourd'hui et des générations à venir.
Je tiens à rappeler à la Chambre que le Régime des pensions du
Canada intéresse tous les travailleurs canadiens et leurs familles.
C'est un régime obligatoire dont les cotisations sont retenues sur le
salaire et qui constitue un des piliers du régime de pensions l'État.
Les modifications proposées représentent un ensemble de réformes
équilibrées qui garantiront l'existence du RPC pour les Canadiens
maintenant et dans l'avenir. Et quand je dis qu'il sera là pour les
Canadiens, je veux dire non pas seulement pour verser une pension
aux travailleurs quand ils prendront leur retraite, mais aussi pour les
aider, leur famille et eux, en cas d'invalidité ou aider leur famille en
cas de décès.
Voilà ce dont le troisième parti ne tient pas compte dans ses
propositions. Le fait est qu'environ 30 p. 100 des prestations du
RPC vont à des travailleurs invalides ou aux survivants par suite du
décès d'un cotisant. Pour le Parti réformiste, toutefois, il semble
bien que ces personnes n'existent pas.
[Français]
C'est pourquoi je trouve indigne au plus haut point les
hypothèses sur lesquelles repose la motion présentée aujourd'hui
par les réformistes. Ces hypothèses ignorent, de façon éhontée, les
cotisations versées par les travailleurs et leurs employeurs en les
traitant comme s'il ne s'agissait que d'une vulgaire taxe sur la
masse salariale. Elles passent complètement à côté du véritable
enjeu, à savoir que les cotisations au Régime de pensions du Canada
garantissent une pension à chaque travailleur canadien. Les
cotisations au RPC constituent en ce sens un investissement
assurant aux travailleurs une retraite sûre et des prestations
adéquates, à la fois aux travailleurs atteints d'invalidité et à la
famille d'un cotisant décédé.
Les cotisations au RPC ne vont pas gonfler les recettes de l'État
et le gouvernement ne peut pas les utiliser pour ses dépenses. Bien
au contraire, les cotisations sont versées dans un fonds séparé d'où
sont puisées les prestations de pensions, d'invalidité et de
survivants. Dans le cadre des modifications proposées au Régime
de pensions du Canada, les fonds qui seront perçus à l'avenir seront
placés dans le meilleur intérêt des cotisants, afin d'obtenir de
8668
meilleurs rendements. Non seulement les Canadiennes et les
Canadiens récupéreront-ils la totalité de leurs cotisations, mais, en
outre, ils toucheront des montants accrus au titre de leurs pensions
et autres prestations.
(1610)
Ce ne sont pas là que de vaines paroles. Permettez-moi de
rappeler à cette Chambre que le régime fiscal traite bel et bien les
cotisations au RPC comme des prestations de pension. Dans le
calcul de l'impôt sur le revenu exigible, les cotisations sont, pour
les travailleurs, des crédits d'impôt et, pour les employeurs, des
déductions d'impôt.
Contrairement à ce qui se produit lors d'une hausse d'impôt, les
hausses de cotisations au RPC se traduisent en fait par une baisse
des recettes d'impôt et par une baisse tangible des recettes de l'État.
[Traduction]
La motion d'aujourd'hui ne tient pas compte de cela, et c'est de
propos délibéré. C'est une motion de complaisance présentée par
des gens qui préfèrent diviser les Canadiens, les générations et les
régions plutôt que de travailler à l'édification d'un avenir commun
meilleur. La motion donne à entendre que nous imposons des
hausses radicales des cotisations au RPC, mais ne dit pas que ces
hausses devraient être beaucoup plus élevées autrement. C'est parce
que la motion ne tient aucun compte des véritables problèmes du
RPC auxquels il a fallu s'attaquer.
L'actuaire en chef du régime a déclaré que celui-ci ne serait pas
financièrement viable si les cotisations restaient à leur niveau
actuel. C'est pourquoi il a fallu prendre des mesures énergiques qui
témoignent d'un souci de l'avenir. Le seul moyen juste de régler les
problèmes du RPC consiste à augmenter les cotisations dès
maintenant pour que les Canadiens puissent commencer à payer
assez pour couvrir les coûts de leur propre pension, plus une portion
juste et uniforme du passif non capitalisé accumulé au cours des 30
dernières années.
La cause des problèmes n'a rien de mystérieux. C'est que les
coûts des prestations du RPC ont augmenté plus rapidement que ce
qui avait été prévu en 1966, lorsque le régime a été créé, et ils
augmenteront en flèche lorsque les baby-boomers atteindront65 ans, vers 2011.
Je rappelle à la Chambre que la loi actuelle prévoyait déjà que le
taux des cotisations passerait à plus de 10,1 p. 100 en 2016. En
d'autres mots, les cotisations devaient pratiquement doubler. Mais
même là, l'actuaire en chef du régime a démontré que, si on ne
faisait rien, le RPC manquerait d'argent en moins de 20 ans. Sans
les nouvelles modifications, le taux des cotisations aurait dû passer
de ce 10,1 p. 100 à plus de 14 p. 100 des gains assurables pour
couvrir la flambée des coûts.
Il importe de reconnaître qu'en prenant immédiatement des
mesures pour corriger les problèmes du RPC, nous limitons le taux
des cotisations à un maximum de 9,9 p. 100. Ce taux pourra ensuite
demeurer stable tout en garantissant les mêmes prestations.
[Français]
L'augmentation des taux de cotisation au Régime de pensions du
Canada que nous avons annoncée n'est pas la première de toute une
cascade d'augmentations. Permettez-moi de le répéter, et j'insiste,
le taux de cotisation de 9,9 p. 100 que se partageront à part égale les
travailleurs et les employeurs est un niveau maximum qui ne devrait
jamais être dépassé. Les taux n'augmenteront pas de nouveau. Cette
hausse est inférieure au taux de 10,1 p. 100 qui était déjà projeté
suivant la loi existante, et c'est bien en deçà du niveau de 14,2 p. 100
qui aurait été nécessaire ni nous n'avions pas agi dès maintenant.
Certes, il est vrai que le taux de cotisation en 2003 sera d'environ
40 p. 100 supérieur au taux qui était prévu en vertu de la loi actuelle.
Mais du même souffle, grâce aux modifications que nous
proposons, le taux de cotisation en 2030 sera de beaucoup inférieur
aux prévisions qui avaient été faites. Il sera en fait de quelque 30 p.
100.
(1615)
Ce que cela veut dire, c'est que les générations futures, nos enfant
et nos petits-enfants, ne crouleront pas sous un fardeau de coûts
insupportables. Ce que cela signifie également, c'est que les
personnes d'âge moyen, dont les cotisations ont été inférieures aux
sommes nécessaires pour défrayer les prestations futures, verseront
désormais des cotisations plus équitables. Les travailleurs
canadiens plus jeunes, ainsi que les jeunes qui joindront la
population active, verseront des cotisations moins élevées que
prévu auparavant. Cela est également plus équitable.
Qu'en est-il des prestataires actuels du RPC? Pourquoi ces
personnes s'en tirent-elles sans que leur situation soit affectée? Il ne
fait pas l'ombre d'un doute que nombre des prestataires actuels
touchent des pensions beaucoup plus généreuses que ne l'auraient
permis les cotisations qu'elles ont versées. Telle est la réalité, mais
elles n'en sont pas responsables. S'il faut en imputer le blâme, c'est
au régime lui-même, qui n'a pas subi les modifications qui
s'imposaient par le passé, parce que les gouvernements précédents
n'ont pas eu le courage politique de prendre les décisions qui
s'avéraient nécessaires.
Voilà pourquoi notre proposition s'accompagne de mesures afin
que le Régime de pensions du Canada soit davantage imputable et
comporte des examens plus fréquents. Qui plus est, les nouvelles
initiatives, dans le cadre du régime, devront s'accompagner d'un
financement intégral avant d'aller de l'avant. Cependant, il ne serait
pas équitable d'imputer à nos aînés actuels, qui ont bâti leur plan de
retraite en fonction du régime en vigueur, des coûts rétroactifs.
Nous avons passé avec nos aînés un contrat et, au nom de l'équité,
nous devons honorer ce contrat.
Comme vous pouvez le constater, les modifications proposées au
Régime de pensions du Canada ne sont pas un affront aux
entreprises et aux contribuables. Elles ne sont pas une ponction
d'impôt de plus ni une combine du régime fiscal. Il s'agit au
contraire de mesures prudentes et essentielles qui vont tout à fait
dans le sens de notre performance établie dans la saine gestion des
finances publiques et qui répondent à notre engagement de faire
preuve d'équité en tout point.
Si nous avions failli à la tâche en ne prenant pas les décisions
difficiles qui s'imposaient, les plus jeunes générations auraient eu à
payer plus du double de ce qui les attend maintenant, et elles
n'auraient pas reçu un sou de plus en prestations. Cela n'aurait été ni
équitable ni abordable et, qui plus est, cela aurait été prohibitif.
Imposer un tel fardeau aux futurs cotisants aurait, selon toute
8669
probabilité, entraîné l'effondrement du régime. Nous devions
empêcher une situation aussi désastreuse de se produire.
[Traduction]
En agissant maintenant, nous plaçons le Régime de pensions du
Canada sur des bases financières sûres et stables pour l'avenir
prévisible. Comme je l'ai dit, les décisions concernant les
changements au RPC n'ont pas été prises de façon isolée. Elles
reflètent un véritable consensus national issu de consultations
publiques et d'un processus décisionnel auquel les provinces ont
participé à titre de partenaires à part entière.
Croyez-moi, aucun gouvernement, à quelque niveau que ce soit,
n'aime demander aux contribuables de payer plus cher pour les
mêmes services. Or, c'est un sacrifice que de nombreux Canadiens
ont dit aux gouvernements qu'ils étaient prêts à faire pour sauver le
régime auquel ils croient et sur lequel ils veulent pouvoir compter.
C'est ce qu'ils nous ont dit durant les consultations publiques qui
ont eu lieu le printemps dernier dans chaque province et chaque
territoire dans le cadre de l'examen fédéral-provincial du régime.
Les Canadiens ont dit clairement qu'ils tenaient au RPC. Ils nous
ont dit qu'ils voulaient qu'on le solidifie et non qu'on l'abolisse.
Durant l'examen, les provinces et nous avons évalué diverses
options et entendu des opinions de gens représentant les deux côtés
de la question. Nous avons examiné de nombreuses solutions, mais
n'avons retenu que celles qui ne compromettaient ni les prestations
des bénéficiaires d'aujourd'hui, ni celles des générations futures.
Nous avons écouté lorsque les Canadiens d'un bout à l'autre du pays
nous ont dit qu'ils tenaient au Régime de pensions du Canada, qu'ils
voulaient le sauver, mais sans toutefois imposer un fardeau injuste
aux plus jeunes générations. Il ne faut surtout pas oublier qu'il ne
s'agit pas ici de choisir de hausser les taux de cotisation, mais bien
de choisir de sauver le Régime de pensions du Canada.
(1620)
Les Canadiens ont demandé à leurs gouvernements d'assurer la
viabilité du RPC en renforçant ses bases financières, en améliorant
ses pratiques d'investissement et en réduisant les coûts. C'est
exactement ce que font les changements que nous avons proposés.
Avant de terminer, je veux parler brièvement d'un autre élément
de la motion d'aujourd'hui, un exemple de jeu politique qui montre
à quel point le troisième parti est désespéré. Les réformistes ont
tenté d'établir un lien entre les modifications prévues au Régime de
pensions du Canada et l'actuel régime de retraite des députés. En
fait, ils ne se sont pas contentés de comparer des pommes et des
oranges, ils ont comparé des pommes à des raisins surs.
Ai-je besoin de rappeler, monsieur le Président, que de nombreux
Canadiens, et pas seulement les députés, contribuent à un régime de
pensions. Pour tout cotisant, le revenu de pension représente une
rémunération différée et constitue donc une prestation acquise. Je
rappelle également que le régime de retraite des députés a été conçu
de manière à tenir compte du caractère aléatoire de la carrière
parlementaire, ce dont les députés réformistes auront d'ailleurs
l'occasion de se rendre compte d'ici quelques mois, de l'absence de
sécurité d'emploi et du fait que de nombreux députés voient leur
traitement diminuer considérablement lorsqu'ils entreprennent leur
carrière parlementaire. Le régime de retraite des députés, comme
tout autre régime de pensions offert par l'employeur, vise un groupe
précis de personnes et répond donc à leurs besoins.
Je signale que les cotisations des députés à leur régime de retraite
sont plus élevées que les cotisations normales à un régime de
pensions offert par l'employeur et qu'elles dépassent de loin les
cotisations exigées en vertu du Régime de pensions du Canada. Les
députés cotisent 9 p. 100 de leur masse salariale à leur régime de
retraite. Par comparaison, les cotisations des employés au Régime
de pensions du Canada en 1997 seront de 3 p. 100 des gains ouvrant
droit à pension. Ce pourcentage passera à 4,45 p. 100 au cours des
six prochaines années.
Je rappelle également à la Chambre que, en juillet 1995, dans un
contexte de gel des traitements parlementaires, le gouvernement a
modifié la Loi sur les allocations de retraite des parlementaires.
L'âge minimum ouvrant droit à la pension est maintenant de 55 ans
en vertu du nouveau régime. De plus, les prestations de retraite des
députés au titre des années de service accumulées à compter du13 juillet 1995 sont réduites de 20 p. 100. Le cumul des avantages a
été réduit dans la fonction publique fédérale, le seul secteur qui
relève de la compétence du gouvernement fédéral.
Ces changements allaient au-delà de la promesse faite par le
gouvernement dans le livre rouge de réformer les pensions des
députés et ont réduit considérablement les coûts connexes pour les
contribuables. En fait, plus de 3 millions de dollars ont été
économisés l'an dernier. Par ailleurs, le régime de retraite des
députés est, comme n'importe quel autre régime de pensions,
examiné régulièrement en vue d'équilibrer les besoins des députés
qui partent à la retraite et les coûts connexes.
En réalité, il ne s'agit pas d'établir une comparaison entre le RPC
et le régime de retraite des députés. C'est seulement se faire valoir
auprès des électeurs. La motion d'aujourd'hui tente d'écarter et de
diminuer les véritables changements apportés par les
gouvernements fédéral et provinciaux au régime de pensions des
travailleurs, des changements qui toucheront des millions de
Canadiens maintenant et dans les années à venir. Grâce à nos
efforts, les Canadiens peuvent planifier leur retraite en toute
sécurité, sans avoir à se demander si le RPC va subsister. Et bien, il
subsistera parce que nous avons agi. C'est ce genre d'action qui
soutient notre grand pays et que les Canadiens demandent et
attendent d'un gouvernement qui a coeur leur avenir.
(1625)
Je suis fier de ce que nous avons fait et je suis sûr que la vaste
majorité des Canadiens considèrent ces mesures comme une
importante réalisation, une réalisation totalement dans leur intérêt.
M. Ian McClelland (Edmonton-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, en toute déférence, je dirais, en ce qui concerne les
8670
observations du président du Conseil du Trésor à propos de l'équité
du régime de retraite des députés par rapport aux autres régimes de
pensions des Canadiens, que les Canadiens savent très bien que le
régime de retraite des députés est une mine d'or. Cela ne fait aucun
doute. Les gens sont au courant et savent de quoi il retourne.
Dans ses observations, le président du Conseil du Trésor a
précisé que les provinces avaient accepté les changements apportés
au Régime de pensions du Canada. C'est évident, puisqu'elles
contribuent à exploiter frauduleusement les Canadiens depuis 30
ans.
Ce que le président du Conseil du Trésor n'a pas dit, c'est que ce
Régime de pensions du Canada renouvelé à 9,9 p. 100 des revenus
aura pour particularité que les provinces auront le droit de reporter
leur dette pendant encore 20 ans. Par conséquent, ce régime ne
commencera pas à s'améliorer tout de suite. Nous allons retarder de
20 ans le moment de le rétablir ou de le solidifier.
Ma question porte sur l'équité du RPC. Le président du Conseil
du Trésor a dit, dans son intervention, que les Canadiens devaient
préparer l'avenir équitablement. Il incombe au président du Conseil
du Trésor, en tant que représentant du Parti libéral du Canada qui a
été au pouvoir durant au moins 20 des quelque 30 années où ce
régime a été en vigueur, de rendre des comptes quant à la mauvaise
gestion du régime, cause première de notre piètre situation.
Les actuaires et les démographes ne sont pas nés hier. Le régime
comporte des lacunes depuis le début, mais les libéraux n'ont pas pu
s'empêcher d'en profiter. Quel politicien serait capable de le faire?
Les modifications apportées au régime n'éliminent d'ailleurs pas ce
risque.
Si un jeune Canadien a un revenu moyen de 36 000 $ et qu'il
investit 3 p. 100 de ce revenu au taux d'intérêt moyen des40 dernières années, récupérera-t-il plus d'argent de cet
investissement de 3 p. 100 que n'en fera un autre Canadien en
plaçant près de 10 p. 100 de ses revenus dans le Régime de pensions
du Canada?
M. Massé: Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord
rappeler que la question qui est véritablement au centre du débat est
la réforme du Régime des pensions du Canada. Je suis parvenu à la
conclusion que le troisième parti, qui n'a vraiment rien à reprocher
à la réforme et qui devrait plutôt nous en féliciter ferait mieux de
trouver un autre sujet pour attirer l'attention.
Le troisième parti essaie jour après jour de trouver des failles
dans la réforme du RPC, mais il est maintenant clair que la
population trouve ces changements nécessaires. Les gens estiment
que les modifications apportées par le gouvernement, avec la
collaboration de huit provinces et en partenariat avec la vaste
majorité des Canadiens, sont excellentes. Elles remédient à la
situation, suppriment les imperfections et font en sorte que tous les
Canadiens auront droit à un régime de pensions convenable,
maintenant qu'il est correctement financé. C'est ça qui est
important.
Cependant, il faut prendre en considération le fait que certains
des collègues du député ont suggéré d'autres régimes pour les
parlementaires, entre autres de doubler le salaire des députés. Est-ce
vraiment la voie à suivre?
(1630)
M. Jim Silye (Calgary-Centre, Réf.): Monsieur le Président, je
suis heureux d'être à la Chambre aujourd'hui. Le député persiste à
parler de salaire alors que je parlais d'indemnité dans le débat sur ce
projet de loi.
Oui, j'estime qu'un député mérite une indemnité suffisante, mais
elle doit être imposable et connue de tous. Lorsque j'ai mentionné
un chiffre au sujet de ce que devrait être l'indemnité d'un député,
cela incluait tous les frais de déplacement. . .
Une voix: Non.
M. Silye: Si, retournez voir mon discours.
J'ajoutais aussi qu'un député devrait se constituer sa propre
pension, comme on le fait dans le secteur privé. Il ou elle pourrait
choisir de verser 5 p. 100 de son indemnité dans un fonds de pension
et le gouvernement contribuerait le même montant. La pension ne
devrait en aucun cas être meilleure que celles du secteur privé. C'est
la partie pension des indemnités que je préconise pour les députés.
Les libéraux peuvent torturer cela comme ils veulent. S'il s'agit
d'un choix, ce serait un investissement.
Le ministre des Finances et le ministre prétendent que cette
augmentation des cotisations au RPC, qui passent à 10 p. 100, est un
investissement. Si le taux est fixé par le gouvernement, c'est un
impôt ou une taxe. Lorsque les libéraux étaient dans l'opposition ils
appelaient cela des charges sociales, aujourd'hui ils appellent cela
un investissement.
Ce gouvernement est hypocrite et je voudrais mettre en cause la
logique de cette augmentation des cotisations au RPC. Il y a des
raisons de s'inquiéter du RPC. Les gens craignent qu'il n'y ait plus
d'argent lorsque viendra leur tour de recevoir une pension. Il y a
actuellement 39 milliards dans la caisse et le déficit est d'un
milliard par année et pourrait atteindre deux milliards; il faut donc
relever les cotisations.
Mais pourquoi aller si vite et si loin? Pourquoi ne pas avoir porté
les cotisations à 7 p. 100? Par ailleurs, vu que les charges sociales
nuisent à la création d'emplois, pourquoi n'ont-ils pas réduit les
cotisations à l'assurance-chômage, qui sont très élevées? La caisse
de ce régime accuse un excédent de 5 milliards qui atteindra bientôt
10 milliards. On devrait abaisser les cotisations à
l'assurance-chômage, remonter celles de l'autre programme s'il est
en péril, et maintenir le fonds de roulement à deux ans au lieu de le
porter à cinq ans.
On est allé trop loin. On a trop accru les prélèvements. Ces fortes
hausses d'impôt constituent un fardeau trop lourd pour l'économie.
En omettant de réduire le fonds de l'assurance-chômage, dont on
utilise l'excédent pour abaisser le déficit, on va tuer des emplois. La
stratégie de création d'emplois du gouvernement laisse beaucoup à
désirer.
8671
[Français]
M. Massé: Monsieur le Président, j'ai beaucoup de respect pour
mon honorable collègue qui vient de mentionner certains faits qui,
malheureusement, ne correspondent pas à la réalité. Je voudrais
citer ce qu'il disait, en avril 1995, lors du débat sur le projet de loi
C-85. Il disait ceci:
[Traduction]
«Nous devrions avoir une rétribution, une rémunération
équitable, celle d'un cadre supérieur. Qu'on nous paie 150,000 $ par
année, et nous nous occuperons de nos pensions.»
Ce ne sont pas tous les députés réformistes qui ont renoncé à la
pension malgré ce qu'ils ont dit. Nous avons exclu le cumul
d'avantages. Je dois dire que les députés réformistes de
Kootenay-Ouest, Nanaïmo-Cowichan, Saanich-Les
Îles-du-Golfe et Lethbridge. . .
M. Culbert: Ce sont des cumulards?
M. Massé: Ils reçoivent des pensions tout en touchant leur
salaire de député.
M. Culbert: Jamais.
M. Massé: Je suis scandalisé. Je ne peux pas croire que ceux qui
critiquent le cumul d'avantages, que nous avons retiré de la loi,
continuent malheureusement de le pratiquer.
Je comprends pourquoi le Parti réformiste a choisi de ne pas
souscrire au régime de pension des députés. C'est que les députés de
ce parti n'ont aucune chance d'y avoir droit un jour.
Le vice-président: Lorsqu'un député d'un autre parti désire
poser une question, le Président accorde normalement la parole à
l'autre côté.
M. Ian McClelland (Edmonton-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, j'aimerais rappeler au président du Conseil du Trésor que
le gouvernement doit assumer la responsabilité fiduciaire de gérer
les derniers publics comme il se doit. J'attire son attention sur le
Régime de rentes du Québec, les prestations d'invalidité et les
différences de style entre la gestion du Régime de rentes du Québec
et celle du Régime de pensions du Canada.
Le ministre voudrait-il expliquer à la Chambre et à l'ensemble
des Canadiens pourquoi, de 1986 à 1994, le nombre des demandes
de prestations d'invalidité a augmenté de 2 p. 100 dans le cas du
RRQ et de 92 p. 100 dans le cas du RPC?
(1635)
Le ministre voudrait-il expliquer également pourquoi, en 1976,
sur les 55 000 personnes inscrites au Régime de pensions du
Canada, 1 219 ont cessé de toucher des prestations d'invalidé, alors
qu'en 1995 sur les 300 000 personnes touchant une pension
d'invalidité, seulement 2 000 n'étaient plus admises aux
prestations d'invalidité? Est-ce cela que le ministre entend par une
gestion saine?
M. Massé: Monsieur le Président, je sais que le troisième parti a
acquis la triste habitude de chercher à embrouiller les gens avec des
chiffres et des questions qui n'ont rien à voir avec le sujet principal.
Or, ce qui importe vraiment, c'est que nous avons procédé à une
réforme qu'approuvent les Canadiens. Nous l'avons accomplie
avec l'appui de huit provinces, soit la grande majorité des
Canadiens. Nous l'avons effectuée après avoir tenu de vastes
consultations publiques qui ont permis à tous les Canadiens
d'exprimer leurs points de vue. Nous avons enfin réformé le
Régime de pensions du Canada. Nous avons voulu faire en sorte que
les jeunes, comme ceux qui nous observent depuis la tribune,
puissent toucher leurs prestations de retraite le moment venu.
C'est ce qui s'appelle un bon gouvernement.
[Français]
M. Paul Crête (Kamouraska-Rivière-du-Loup, BQ):
Monsieur le Président, avant de se prononcer sur la pertinence de la
motion du Parti réformiste, il est bon de rappeler que le Régime de
pensions du Canada ne s'applique pas au Québec où il y a un régime
parallèle, le Régime des rentes du Québec. Ce régime se compare
très avantageusement au Régime de pensions du Canada.
D'ailleurs, les recommandations actuelles du gouvernement fédéral
tiennent compte de la façon dont le Régime des rentes du Québec a
été géré et de la façon dont il devrait être géré dans le futur.
La motion du Parti réformiste fait une association qui semble un
peu démagogique entre le Régime de pensions du Canada et le
régime de pensions des députés. Si on a à débattre de la question du
régime de pensions des députés, on peut le faire, mais ce sont deux
questions très différentes. Ce qu'on doit faire, concernant le Régime
de pensions du Canada, c'est d'évaluer si les recommandations
faites par le gouvernement, et qui doivent être mises en place, sont
nécessaires, pertinentes et essentielles.
Ce régime de pensions n'a pas été modifié depuis plusieurs
années et a, aujourd'hui, des caractéristiques très différentes de
celles qui existaient quand il a été mis en place, entre autres, au
niveau démographique. Il y a un changement dans la courbe de la
population dont on doit tenir compte lorsqu'on apporte des
changements.
Il faut aussi assurer une équité dans la façon dont le fonds de
pensions fonctionne. Il y a, présentement, dans le régime, toute la
génération des baby-boomers, les gens qui ont entre 35 et 50, dont je
fais partie, et qui, s'il n'y a pas de corrections apportées au régime,
profiteront d'un régime de beaucoup supérieur à celui auquel ils
auront contribué. Des corrections sont nécessaires. Il faut que les35 à 50 ans, qui seront à la retraite dans 10, 15 ou 20, aient contribué
suffisamment et qu'on s'assure que, par l'augmentation de la
contribution, cela puisse être fait de façon satisfaisante.
Par contre, il y a peut-être un élément dans la position du
gouvernement qui devrait être corrigé, et il le sera peut-être au
moment de l'étude des projets de loi. On aurait pu envisager de
baisser de façon très significative les cotisations
d'assurance-chômage et permettre une augmentation à court terme
plus rapide des cotisations au Régime de pensions du Canada. Cela
aurait eu comme résultat que les jeunes, aujourd'hui, assumeraient
pendant moins longtemps le fait que le régime ait besoin d'être
renfloué.
Plus on baisse les cotisations d'assurance-chômage, plus on peut
les remplacer, à ce moment-là, par une contribution équivalente au
Régime de pensions du Canada. Cette façon de faire ne créerait pas
d'impact négatif sur la masse salariale, ni sur les taxes qui peuvent
avoir, il ne faut pas le cacher, un effet sur l'emploi. Ce matin, je
8672
lisais qu'une étude du ministère des Finances évalue que cela
pourrait avoir coûté environ 26 000 emplois. Il y a là une question
d'équilibre et de gros bon sens. Il faut éviter de tomber dans la
démagogie.
Dans un tel régime de pensions, il est important d'assurer ce
qu'on appelle la pérennité intergénérationnelle, c'est-à-dire qu'il
faut qu'à travers le temps, à mesure que les gens contribuent,
chaque génération ait fait sa juste part de façon à ne pas être devant
un état de fait où les plus jeunes paieront de façon démesurée par
rapport aux gens plus âgés.
(1640)
Dans le contexte actuel, on sait que pour entrer sur le marché du
travail, pour essayer de se trouver un emploi stable, un emploi bien
rémunéré, c'est beaucoup plus difficile que dans le passé. Il faut
tenir compte de divers éléments et je pense que la baisse
significative de la cotisation de l'assurance-chômage, compensée
en totalité ou en partie par une augmentation du Régime de pensions
du Canada, aurait été une façon intéressante d'assurer une plus
grande équité au système et de permettre que les gens de différents
âges fasssent leur part correctement dans l'évolution du régime.
On doit également se poser la question de savoir si ce fonds, le
Régime de pensions du Canada, a une efficacité de rendement
suffisante. Dans la proposition qui est mise de l'avant par le
gouvernement, cela m'apparaît être la bonne voie, car on va
chercher le modèle qui a été développé au Québec, où on en a fait,
dès le début, au niveau du Régime des rentes du Québec, un fonds de
placement dans les placements de niveaux de risques différents, ce
qui a permis d'avoir un portefeuille et un taux de rendement
intéressants.
Pendant ce temps-là, le Régime de pensions du Canada a servi à
financer les provinces, ce qui peut être intéressant mais, par contre,
à des taux totalement insatisfaisants, ce qui, aujourd'hui, contribue
effectivement au fait qu'on ait une réserve insuffisante et qu'on soit
obligé d'augmenter les cotisations.
S'il y avait eu un meilleur taux de rendement, comme on a fait
avec les fonds de la Régie des rentes, possiblement qu'on aurait
moins augmenté les cotisations; par contre, il y aurait quand même
eu des effets démographiques à aplanir, à diminuer. Donc, on ne
peut pas dire que de ce côté, le gouvernement ait fait une démarche
qui soit inadéquate et inappropriée.
Au niveau de la Régie des rentes du Québec, il faut bien le voir,
c'est un des exemples qu'on peut donner à tous les Québécois et à
tous les Canadiens, que lorsque les Québécois ont la maîtrise sur
l'argent, sur les capacités d'investir et sur la façon de gérer ces
sommes, ils sont capables de faire aussi bien, sinon mieux que
n'importe qui au Canada, en Amérique du Nord ou un peu partout
dans le monde.
On a développé, au Québec, une expertise à un point tel
qu'aujourd'hui, dans les différentes modifications qui sont
proposées par le gouvernement fédéral, plusieurs sont déjà inscrites
dans le système québécois ou sont des propositions ayant été faites
lors de la consultation au Québec par rapport au Régime des rentes
du Québec.
Il faut se rappeler que dans les années 1960, alors que le
gouvernement du Québec était dirigé, à ce moment-là, par M. Jean
Lesage, qui avait une certaine compétence au niveau économique, il
y avait des experts comme M. Jacques Parizeau et M. Bernard
Landry qui étaient à ce moment-là conseillers auprès du
gouvernement. Ce sont tous des gens qui ont fait que le Québec s'est
donné un système qui lui a permis d'amasser des sommes
intéressantes et surtout de mettre sur pied un régime qui,
aujourd'hui, malgré ses petites faiblesses, fait quand même la fierté
des Québécois. Il permet de donner une rente à plusieurs Québécois
au moment où ils ne sont pas encore admissibles à la pension de la
vieillesse et qui leur permet aussi, de façon universelle,
malheureusement à l'exception des femmes qui étaient à la maison,
d'obtenir directement une rente satisfaisante.
Donc, il y a un élément de fierté pour le Québec de ce côté-là. Un
élément qui peut être pris en exemple et qui s'ajoute à plusieurs
autres secteurs, est, je pense, la Caisse de dépôt et de placement qui
a géré l'argent en conséquence. On peut penser aussi au Fonds de
solidarité des travailleurs. Donc, ce sont plusieurs initiatives de
nature économique qui ont été prises au Québec et qui font que nous
sommes capables de gérer notre argent de façon raisonnable.
Au niveau du Bloc québécois, ces commentaires viennent
appuyer le fait que, si la motion du Parti réformiste faisait l'objet
d'un vote, nous voterions contre. Je rappelle cette motion qui dit
ceci: «Que cette Chambre condamne le gouvernement qui force les
Canadiens à subir une augmentation de plus de 70 p. 100 du taux de
cotisations du RPC.» Il faut voir pourquoi il y a ce taux
d'augmentation. Est-ce qu'on a le choix de se fermer les yeux et de
ne pas renflouer le régime, et de faire que dans 10, 15 ou 20 ans, il
n'y aura plus du tout d'argent dans le régime?
(1645)
Je pense que ce sera une façon d'agir pour les Canadiens qui sont
touchés par le régime parce que, comme je le rappelais au début de
ma présentation, le Québec n'est pas couvert par le Régime de
pensions du Canada, il a son régime autonome, le Régime des rentes
du Québec. Je pense que les Canadiens, si leur fonds diminuait et
n'était pas renfloué, trouveraient que leur gouvernement a agi de
façon irresponsable et, en ce sens, les mesures qui sont sur la table
doivent être considérées.
Quand on dit que cela accroît l'impact sur la masse salariale, j'en
ai parlé un peu tantôt, oui, c'est vrai qu'il y a un effet sur la masse
salariale. Il faut voir à ce que ce soit le plus minime possible. La
proposition que je faisais de diminuer les cotisations
d'assurance-chômage en proportion est peut-être un élément qui
pourrait être mis de l'avant et qui pourrait être apporté comme
amendement à la proposition gouvernementale initiale, ce qui
permettrait d'avoir un régime qui ait le moins d'effets négatifs
possible sur l'emploi.
L'autre élément, c'est-à-dire lorsqu'on fait le lien avec le régime
de pensions des députés, je pense qu'il s'agit d'un élément un peu
plus démagogique. Il n'y a pas nécessairement de lien entre les
deux. Je pense qu'il faut regarder le Régime de pensions du Canada
comme une entité et s'assurer qu'il puisse être un régime efficace.
De ce côté-là, il y a plusieurs éléments à considérer.
Voyons, par exemple, les mesures proposées. On dit qu'aucun
des bénéficiaires actuels, soit des prestations de survivants ou
d'invalidité, ou des prestations combinées, ni les personnes âgées
de plus de 65 ans au 31 décembre 1997 ne seront touchés par les
8673
changements proposés. C'est une protection qu'on donne aux
personnes âgées. Est-ce qu'elle a été faite, teintée un peu par
l'approche des élections fédérales? Possiblement que le
gouvernement a tenu compte de cela, mais, au moins, cela assure
une certaine sécurité à ces personnes âgées et ne modifie pas le
régime auquel ils ont contribué. Je pense que c'est acceptable.
D'un autre côté, on dit que toutes les prestations au Régime de
pensions du Canada resteront entièrement indexées sur l'inflation.
Ça, c'est une bonne nouvelle, parce que le fédéral là-dessus va dans
la même direction que le Régime des rentes du Québec. C'est la
même chose pour l'âge de la retraite. Qu'elle soit normale,
anticipée ou tardive, elle restera inchangée. Encore là, c'est le
modèle du Régime des rentes du Québec.
Il y a un autre élément qui est aussi fait au Québec. C'est que le
fonds équivaut actuellement à deux années de prestations. On veut
faire passer ce fonds à une réserve pour cinq années de prestations.
Cela nous apparaît raisonnable. Les taux de cotisations vont aussi
augmenter au cours des six prochaines années pour atteindre 9,9 p.
100 en 2003 et vont rester stables ensuite. Cela assure la viabilité du
régime. C'est sûr que ce n'est jamais intéressant d'avoir à payer des
cotisations, mais lorsque les gens voient les avantages que cela peut
leur donner dans le futur, en tout cas au Québec, c'est quelque chose
qui, je crois, va faire consensus et avec lequel les gens sont prêts à
vivre facilement.
Par contre, il y a quelque chose qui constitue une mauvaise
nouvelle et qui devrait être pris en considération par le
gouvernement qui devrait essayer de trouver une nouvelle façon de
faire, c'est qu'il y a de nouvelles règles de calcul qui s'appliqueront
aux pensions combinées pour les personnes qui reçoivent à la fois
des prestations d'invalidité et de survivants ou des prestations de
retraite et de survivants. Ça, c'est une très mauvaise nouvelle et
j'invite le gouvernement à l'examiner de près. On retrouve là un peu
le même genre de situation qu'on a avec les pensions américaines
présentement.
Je vous donne l'exemple d'une dame qui reçoit des prestations de
survivants, parce que son conjoint est décédé, et qui devient
invalide. Elle a donc droit à des prestations pour invalidité. Sous le
régime actuel, cette dame reçoit les deux prestations complètes et
on peut comprendre effectivement que ce soit ainsi, parce que
lorsqu'on vit des situations pénibles de ce genre, on n'a pas à avoir
en même temps à vivre des situations économiques encore plus
pénibles. Alors, les nouvelles règles, elles, vont plafonner le
maximum auquel cette personne aura droit. Cela peut représenter
concrètement une prestation de 800 $ par mois au lieu de 1 200 $.
Je pense que c'est un point sur lequel on devra faire une bataille
pour s'assurer que cette iniquité ne se concrétise pas dans le projet
de loi. C'est injuste de pénaliser de la sorte les gens qui sont
victimes de malheurs de ce genre. À quelqu'un dont le conjoint est
décédé et qui, en plus, devient invalide, je pense qu'il faut donner un
minimum de sécurité financière et le fait de diminuer ses revenus ne
nous apparaît pas intéressant.
On nous dit aussi qu'on exigera une participation active plus
grande pour être admissible aux prestations d'invalidité. La
personne devra avoir cotisé pendant quatre des six dernières années
avant la demande de prestations.
(1650)
Au Québec, le régime est un peu plus généreux, c'est deux des
trois dernières années, ou cinq des dix dernières années. Je pense
qu'il faudra voir ce que témoins qui comparaîtront devant le Comité
des finances auront à dire sur les conséquences de cette mesure. À
première vue, cela risque d'évincer un nombre de cotisants qui
auront payé pour rien. On doit regarder cela sérieusement.
Effectivement, si quelqu'un a cotisé trois ans au cours des six
dernières années avant la demande de prestations, n'est pas
admissible et a payé des cotisations sans avoir droit aux avantages
du régime, je pense que c'est inacceptable, comme ça l'est pour la
réforme de l'assurance-emploi que, malheureusement, les libéraux
ont mise en place.
Cette réforme fera que les gens qui auront payé les cotisations de
façon régulière à l'assurance-chômage, particulièrement ceux qui
entrent sur le marché du travail et ont fait moins de 910 heures, ces
gens auront payé 600, 700 ou 800 heures de cotisations à
l'assurance-chômage et ne seront pas admissibles à
l'assurance-chômage.
C'est inacceptable et je pense qu'en ce qui concerne le Régime de
pensions du Canada il devrait y avoir le même genre de réserve pour
ne pas répéter l'erreur commise dans le cas de l'assurance-emploi.
Une chose est bonne dans le Régime de pensions du Canada, c'est
que les Canadiens recevront chaque année un relevé de leur compte
au Régime de pensions du Canada. Je pense que c'est une mesure de
responsabilisation. Cela permettra aux gens de voir combien ils y
mettent d'argent, de pouvoir planifier leur retraite et, possiblement,
de poser des questions pour savoir combien ils toucheront, pendant
combien d'années ils doivent encore contribuer encore, quel effet
cela a sur leur budget. Je pense que c'est une information concrète
qui sera très utile pour les différents utilisateurs du régime.
On dit qu'il y aura aussi un examen fédéral-provincial tous les
trois ans, plutôt que tous les cinq ans. C'est une bonne chose.
D'ailleurs le gouvernement du Québec est d'accord avec cela. Ça va
permettre d'éviter de perdre le contrôle sur l'évolution du régime et
de corriger le tir si des problèmes surviennent en cours de route.
S'il y a une leçon à tirer de l'évolution de ces fonds, de la Régie
des rentes du Québec, du Régime de pensions du Canada, dans les
vingt dernières années, c'est le fait que d'année en année, d'un
gouvernement à l'autre, on a tout le temps retardé la décision.
Aujourd'hui on se retrouve avec une augmentation importante de la
cotisation. S'il y avait eu obligation de révision de cette façon par le
passé, tous les trois ans, on aurait peut-être eu la chance de faire des
ajustements plus réguliers et d'avoir un régime dans lequel on doit
faire des changements moins draconiens. Je pense que ce serait
intéressant de pouvoir aller dans ce sens.
La motion du Parti réformiste, à première vue, dans un discours,
je dirais du coin de la rue, peut paraître intéressante mais elle doit
être analysée plus en détail. On n'est pas en train de parler de petits
détails, de peccadilles. On parle de choses très importantes, on parle
d'un régime de pensions qui a vécu pendant plusieurs années, qui
aura un futur pendant encore des dizaines d'années, des mesures
8674
importantes, et l'associer directement avec la façon dont les députés
sont traités m'apparaît un peu démagogique.
On a besoin par exemple de regarder le Régime de pensions du
Canada avec un oeil critique, entre autres, on a besoin de s'assurer
que le rendement soit supérieur et que si le rendement est supérieur,
si le fonds créé donne des rendements intéressants, les cotisants au
régime puissent en bénéficier.
De ce côté-là, même si le ministre a donné tout à l'heure une
assurance que c'est un régime qui était comptabilisé à part, on ne
voudrait pas, en aucune façon, qu'il se passe la même chose que
pour l'assurance-emploi où on a un surplus qui accumule des
milliards et des milliards de dollars. On sera rendu à 12, 18 ou 20
milliards de dollars et dans un régime d'assurance où les gens
cotisent, les employeurs et les employés n'ont aucun contrôle sur
l'état du surplus. Qu'est-ce qu'on fait avec le surplus. Est-ce qu'on
va baisser les cotisations?
Il ne faudrait pas que dans ce régime, si on réussit à rétablir la
situation économique du régime qu'il se reproduise la même chose.
En conclusion, le système canadien de revenu de retraite est
constitué de trois piliers: le Régime de pensions du Canada, la
Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti. Sur la
réforme proposée, nous n'avons pas de raison majeure de s'opposer
à la réforme, au contraire, sauf pour les éléments que j'ai énoncés
tantôt, notamment sur la question des prestations pour les invalides
et pour les survivants. Il faut que cela soit en complément avec les
autres piliers, comme le Supplément de revenu garanti et les
incitatifs fiscaux à l'épargne-retraite privée.
(1655)
Là-dessus, aujourd'hui, rappelons que quelqu'un qui verse
100 000 $ dans un REER, pour un contribuable qui gagne 100 000 $
par année, épargnera 313 $ en impôt fédéral, alors que celui que gagne
30 000 $ obtiendra 175 $, ce qui ne nous paraît pas un incitatif
intéressant. On a proposé un crédit d'impôt unanime de 268 $.
En conclusion, la motion ne peut faire l'objet d'une vote, mais il
nous paraît, à première vue, qu'elle ne devrait pas être acceptée de
la façon dont elle est rédigée. Si le Bloc avait eu à voter, il aurait
voté contre parce qu'elle ne fait pas preuve du sens de responsabilité
attendu par rapport à l'évolution d'un régime comme celui du
Régime de pensions du Canada.
[Traduction]
M. Paul Szabo (Mississauga-Sud, Lib.): Monsieur le Président,
je voudrais connaître l'opinion du député. Il m'a rappelé quelque
chose lorsqu'il a dit qu'il fallait que s'assurer que divers groupes
fassent leur part lorsqu'il s'agit de cotiser à un régime.
J'ai lu dans le Financial Post une statistique indiquant que les
retraités actuels touchent 8 $ de prestation pour chaque dollar qu'ils
ont versé dans le régime. De toute évidence, cela soulève des
questions sur ce qui est équitable pour quelles personnes et à quel
moment. Je demanderais au député de répondre à cette question très
simple et de la situer dans le contexte de son discours.
[Français]
M. Crête: Monsieur le Président, dans un régime de pensions
comme celui qu'on a devant nous, ce qu'il faut regarder pour voir
s'il est juste, ce sont deux éléments principaux dont l'équité, selon
le type de personnes qui en bénéficient, parce qu'il faut prévoir
toutes sortes de situations. Il y a des gens qui recevront leurs
prestations tout simplement parce que ce sont des personnes
rendues à l'âge admissible au régime, mais il y a des gens qui en
recevront dans des situations particulières, comme la situation d'un
invalide ou d'un survivant.
Par exemple, dans une couple, lorsqu'une des deux personnes
décède, et que l'autre garde la maison, la responsabilité, même seul,
implique des coûts qui sont les mêmes qu'auparavant. Donc, il y a
une matière d'équité qui doit être mise de l'avant et qui doit être
correcte, en fonction des valeurs sociales qu'on peut avoir dans un
pays comme le Canada, au Québec ou dans les autres provinces.
L'autre critère par rapport à la justesse du rendement est d'être
capable de voir si on a fait fructifier les fonds de ce régime de façon
adéquate. Si les gens ont payé des cotisations et qu'on n'en a pas
retiré vraiment le bénéfice maximal, on ne pourra pas redonner de
revenu satisfaisant. Dans ce sens, le fait de produire des états à
chacun des contribuants au régime, pour qu'il sache où il s'en va, le
fait de recevoir des rapports réguliers sur l'efficacité et la rentabilité
fait partie de l'évaluation du taux de rendement. Le rapport entre le
un dollar et les huit dollars, ce n'est pas nécessairement
automatique de voir si ce gain est satisfaisant.
Par une gestion plus adéquate, est-ce qu'on aurait pu faire que dix
dollars soient remis au membre plutôt que huit? Ou est-ce qu'avec
les huit dollars on a atteint le maximum? Il faut regarder ces
différents éléments.
L'équité et l'efficacité sont sûrement les deux éléments dont il
faut tenir compte dans la façon dont on détermine si le régime est
satisfaisant.
Un des éléments majeurs pour l'année 1997 et pour les années
futures est la question de l'équité intergénérationnelle, l'équité
entre les plus jeunes et les personnes plus âgées. Là-dessus, il y a
beaucoup de questions à se poser. J'en discutais d'ailleurs avec le
député de Témiscamingue, qui a la chance d'être dans la catégorie
des gens plus jeunes. Il me faisait des représentations disant
qu'aujourd'hui, de la façon dont les dépôts se font, quelqu'un qui a
25 ans aura à contribuer pendant toutes ses années de production à
un taux assez élevé. Il paiera toujours un montant assez significatif,
alors que, si on avait diminué les taux de cotisation à
l'assurance-chômage et augmenté rapidement la contribution au
Régime de pensions du Canada, de cette façon, on aurait été capable
de faire que les gens qui sont actuellement dans le régime mais qui
ont 40, 45, 50 ou 55 ans assument une responsabilité supérieure
parce que ce sont des gens qui vont contribuer du régime suivant ce
qu'ils ont contribué, ce qui est supérieur aux plus jeune.
Donc, cela fait partie des éléments qu'il faut considérer. Il faut
retenir le fait que les gens qui sont déjà dans le système ne seront pas
touchés ni pénalisés; ils ont droit au régime et c'est intéressant.
Mais pour les plus jeunes, on pourrait aller plus loin de ce côté.
8675
(1700)
[Traduction]
M. Ian McClelland (Edmonton-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, je suis toujours étonné du paradoxe: les députés du Bloc
défendent devant la Chambre des communes le droit de bénéficier
d'une pension du Canada, mais ils veulent en même temps que le
Québec se sépare du Canada. Ce paradoxe échappe peut-être aux
députés du Bloc, mais je peux vous assurer, monsieur le Président,
qu'il n'échappe pas aux gens de ma région.
Ce que je veux faire valoir au député du Bloc, c'est que, pour
avoir l'autorité morale de demander aux Canadiens de se serrer la
ceinture, nous, en tant que députés, devons prêcher par l'exemple.
Nous demandons aux Canadiens de cotiser deux fois plus pour
obtenir une pension moindre. Pourtant, nous estimons qu'il est très
acceptable que nous dépensions allégrement, comme nous l'avons
fait par le passé.
Ma question porte sur la vision différente que nous avons du
Canada. Cela ne veut pas dire qu'une vision soit meilleure qu'une
autre. Elle est seulement différente. Il s'agit de la mentalité qui
règne au Québec et du fait que l'augmentation des cotisations au
Régime de pensions du Canada n'a pas touché une corde sensible
dans cette province. Je demande au député de songer aux 45 p. 100
d'entreprises canadiennes, comme le signale la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, qui disent que les charges
sociales découragent considérablement l'embauche. Au Québec, le
chômage, notamment chez les jeunes, est désastreux. Quelle
conséquence cette augmentation des charges sociales aura-t-elle sur
l'emploi au Québec?
[Français]
M. Crête: Monsieur le Président, je peux vous dire que je n'ai
aucun problème avec les députés qui acceptent d'obtenir une
pension provenant du Régime de pensions du Canada même s'ils
sont députés du Bloc québécois, parce que j'ai été élu par la
population. J'ai obtenu 54 p. 100 des voix lors de mon élection.
Quand on m'a élu, c'est parce qu'on pensait que c'était la meilleure
façon d'être représenté au Parlement fédéral.
Donc, à ce que je sache, le Québec fait partie du Canada. À ce que
je sache, j'ai présentement un employeur au Canada et le régime
permet d'ailleurs aux députés qui le veulent de s'en retirer. C'est un
régime facultatif. Donc, je ne pense pas qu'on puisse remettre cela
en question.
Ma première fidélité va aux gens qui m'ont élu, aux gens qui ont
choisi d'avoir un député du Bloc québécois. Parce qu'il y en a eu 53
ou 54 ici, c'est la preuve qu'il y a un problème à régler par rapport à
la situation du Canada. Je pense que de ce côté-là, si on fait notre
travail correctement, les citoyens auront à choisir, aux prochaines
élections, s'ils trouvent qu'on le fait toujours correctement. Tous les
éléments sont sur la table et ils pourront décider en conséquence.
Pour ce qui est de la deuxième partie de sa question au sujet du
taux de chômage, je voudrais faire remarquer au député que j'ai fait
une suggestion dans mon discours qui dit qu'on pourrait rapidement
faire une diminution des contributions au régime de
l'assurance-chômage et pouvoir compenser en totalité ou en partie
cette diminution par une augmentation au Régime de pensions du
Canada. Au niveau du Québec, ils auront à voir quels sont les choix
qu'ils feront par rapport à cela. Il faut être capable d'évaluer quel est
l'impact réel en termes de diminution d'emplois pour savoir quel
est l'impact de cette mesure, si c'est 1 p. 100, 2 p. 100 ou 3 p. 100.
Mais c'est certain qu'au Québec et au Canada, les gens, lorsqu'ils
sont plus âgés, veulent s'assurer d'une pension adéquate et veulent
s'assurer que leurs jeunes en auront une. Les plus jeunes veulent
aussi s'assurer de pouvoir en avoir une. L'équilibre va se faire par
une consultation adéquate. Il y a des étapes à venir encore et je ne
crois pas qu'on soit rendus à un moment où on peut dénoncer le
projet de réforme qui est sur la table. Il faut l'analyser en détail et en
faire le meilleur régime possible pour que dans 15 ou 20 ans, quand
on portera un jugement, on puisse voir si les gouvernements ont agi
avec responsabilité dans ce dossier.
Le vice-président: Avant de donner la parole au député
d'Edmonton-Sud-Ouest, conformément à l'article 38 du
Règlement, je dois faire connaître à la Chambre les questions
qu'elle abordera au moment de l'ajournement, ce soir, à savoir:
l'honorable député de South Shore-L'économie du Canada
atlantique; l'honorable député de Saint-Boniface-La Société de
Radio-Canada; l'honorable député de
Lambton-Middlesex-L'Agence de réglementation de la lutte
antiparasitaire.
[Traduction]
M. Ian McClelland (Edmonton-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, notre débat d'aujourd'hui est particulièrement important
pour tous les Canadiens, surtout pour les plus jeunes. J'espère faire
ressortir cinq points dans mes observations. Le premier, c'est que le
Régime de pensions du Canada, même après une restructuration qui
l'a effectivement amélioré, est un placement médiocre pour tous les
cotisants, mais surtout pour les jeunes.
(1705)
Je voudrais signaler aussi que les charges sociales sont, pour
reprendre les termes de l'actuel ministre des Finances, un cancer
pour la création d'emplois-surtout pour les plus vulnérables de
notre société, les derniers embauchés et les premiers mis à pied. Tel
est l'effet cumulatif des charges sociales. Peu importe les mots que
nous employons pour déguiser la réalité, s'il s'agit d'une cotisation
ou d'une déduction obligatoire sur le salaire, c'est un prélèvement
fiscal qui mine la création d'emplois. C'est un mal que doivent
combattre les députés au Parlement fédéral et les députés de toutes
les assemblées législatives au Canada. Nous en avons la
responsabilité.
Un autre point que je tiens à signaler, c'est que le RPC demeure
un régime irresponsable. Il demeure un régime par répartition et à
prestations définies; on fixe les prestations que les cotisants
toucheront, mais les prestations n'ont aucun lien direct avec le
montant versé en cotisations.
8676
Je voudrais encore ajouter que, à moins que les cotisations au
RPC ne donnent un rendement beaucoup plus élevé, et étant donné
les changements à la planification de la retraite que doivent faire
toutes les personnes âgées à cause des modifications apportées à la
prestation pour personnes âgées, à la SV et au SRG, c'est-à-dire la
sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti qui
formeront désormais la prestation pour personnes âgées, cela veut
dire que presque tous les bénéficiaires du RPC se feront enlever par
le fisc la moitié de leurs prestations.
En 2001, lorsque la prestation pour personnes âgées entrera en
vigueur, toutes les personnes âgées seules qui atteindront l'âge de
65 ans recevront 11 420 $ par année sans impôt. Par contre, tous les
revenus supplémentaires, y compris les prestations de retraite et du
RPC seront imposés à 50 p. 100. C'est dire que, à moins que les
versements pour la retraite pendant les années d'activité ne
produisent un bien meilleur rendement sur l'investissement,
presque tout disparaîtra dans les coffres du fisc de toute manière.
Finalement, je tiens à faire ressortir le lien direct qui existe entre
le régime de pensions des députés et le régime de pensions du
Canada et les augmentations qui s'y appliquent.
J'ai longuement réfléchi avant de refuser d'adhérer au régime de
pensions des députés. Il s'agit d'un régime de pensions très
alléchant. Mon passage à la Chambre des communes aura un jour
des répercussions négatives sur ma famille et moi. Toutefois, je
constatais que les députés se trouvaient dans une position
particulièrement délicate. Nous en étions tous conscients, de même
que la population. Il nous fallait acquérir l'autorité morale
nécessaire pour dire aux électeurs que tous les Canadiens, jeunes et
vieux, devaient accepter de faire des sacrifices si nous voulions
léguer à nos petits-enfants un pays en meilleur état qu'il ne l'est
actuellement.
La seule façon pour nous d'acquérir cette autorité morale était
d'accepter de faire les premiers sacrifices. Nous devions prouver
que nous n'allions pas demander aux gens de faire ce que nous
disions, mais bien de faire ce que nous faisions, en donnant
l'exemple. Voilà ce que nous tentons d'accomplir. Nous ne voulons
pas faire la morale à qui que ce soit. Nous voulons avoir l'autorité
morale de demander aux Canadiens de se serrer la ceinture, parce
que notre génération se doit de léguer à ses petits-enfants un pays en
bien meilleur état qu'il ne l'est pour l'instant.
Lorsque nos enfants et nos petits-enfants auront à verser 10 p.
100 de leur revenu pour subventionner le Régime de pensions du
Canada, ils auront en même temps, comme nous le savons tous, à
payer des impôts pour rembourser une dette nationale de 600
milliards de dollars.
(1710)
Voilà l'héritage que nous nous apprêtons à laisser à nos enfants et
à nos petits-enfants. Nous demandons aux générations futures
d'assumer la responsabilité pour le Régime de pensions du Canada,
qui a un passif non capitalisé de 600 milliards de dollars, et nous
leur léguons en plus une dette de 600 milliards de dollars.
Le chômage au Canada atteint des sommets sans précédent. Le
taux de chômage se maintient à des niveaux jamais vus depuis la
grande crise. Simultanément, on augmente de façon considérable
les charges sociales. Toutes les évaluations objectives le prouvent et
tous les observateurs vous le diront, les charges sociales ont un effet
dévastateur sur l'emploi.
Si le Régime de pensions du Canada s'effondrait aujourd'hui, les
contribuables actuels et futurs devraient quand même payer quelque
600 milliards de dollars de droits en rente dont nous sommes
redevables et qui n'ont pas encore été versés. Ce passif non
capitalisé équivaut à notre dette nationale de 600 milliards de
dollars. Cela fait 30 ans que les parlementaires n'osent pas
s'attaquer à ce problème. Au lieu de cela, nous avons haussé le taux
de contribution pour construire un fonds sur cinq ans plutôt que
deux, tout en maintenant une méthode de financement par
répartition du régime. Cela signifie que chaque génération paie les
prestations de la génération qui la précède.
À un moment donné, un jour, quelqu'un devra tenir les
promesses qui ont été faites à l'égard des pensions de retraite.
Nous oublions que, au Canada, si le régime de pensions
s'effondrait demain, il faudrait continuer à verser des cotisations
annuelles pour payer les 600 milliards de dollars de prestations
acquises. Devant des cotisations proposées de 6 p. 100 en 1997, de
6,4 p. 100 en 1998, de 7 p. 100 en 1999 et de 9,9 p. 100 en 2003, la
promesse que les cotisations seront bloquées à 9,9 p. 100 doit être
considérée comme suspecte. Après tout, si le plein financement des
prestations d'un régime complètement effondré coûterait 8 ou 7 p.
100 par année, comment les cotisations pourraient-elles demeurer à
9,9 p. 100 si le passif non capitalisé continue de s'accroître?
Au cours de la période des questions, ces deux dernières
semaines, j'ai posé cette question directement aux membres du
Cabinet. Elle est évidemment restée sans réponse. J'ai demandé aux
ministres si, lorsque les cotisations au RPC atteindront 9,9 p. 100, le
gouvernement garantira qu'il n'y aura aucune autre hausse des
cotisations ni aucune baisse des prestations. Si la question est restée
sans réponse, c'est parce qu'ils ne peuvent pas y répondre. Ils n'en
savent rien. Je crains, toutefois, que c'est ce qui va arriver.
Lorsque le régime a été établi, au milieu des années 60, le taux de
cotisation était de 3,5 p. 100. Il est ensuite passé à 5,65 p. 100 et il
montera jusqu'à 9,9 p. 100. Il est donc raisonnable de supposer que
les taux continueront d'augmenter.
Ce qui est en question aussi, c'est le moment de la hausse. Notre
économie est-elle suffisamment saine pour que les employeurs
arrivent à payer 1 300 $ de plus tout en continuant à créer des
emplois? Pendant ce temps-là, la caisse de l'assurance-emploi
affiche un important excédent. C'est la différence entre
l'assurance-emploi et les cotisations au Régime de pensions du
Canada qui ont permis à l'Ontario de se maintenir à flot.
8677
(1715)
Je sais que le gouvernement dit que l'Ontario a donné son accord
parce qu'elle a réussi à lui soutirer une baisse de 10 p. 100 des
cotisations d'assurance-chômage en échange d'une augmentation
de 4 $ des cotisations au Régime de pensions du Canada. Je doute
fort que ce soit là une victoire dont le gouvernement de l'Ontario se
targuera pendant très longtemps.
Je signale, encore une fois, que cela se fait à un moment où un
Canadien sur dix est sans emploi, où bien des personnes sont
sous-employées et où 17 p. 100 des jeunes Canadiens sont sans
travail. Ce sont eux, je le répète, qui seront le plus durement
touchés.
Que l'on considère la hausse des cotisations au Régime de
pensions du Canada comme une augmentation des charges sociales
ou d'une cotisation à un régime de pensions, il reste que c'est un
coût que l'employeur doit obligatoirement assumer, ce qui
augmente ce qu'il en coûte pour créer un emploi.
Le gouvernement insiste sur le fait que le taux de cotisation de
9,9 p. 100 n'entre pas dans les charges sociales parce que c'est un
investissement. Donc, selon le gouvernement, il n'est pas
raisonnable de parler des effets désastreux que l'augmentation du
taux de cotisation au Régime de pensions du Canada aura sur
l'emploi. Je pense que c'est un argument erroné.
À moins que nous, parlementaires de quelque allégeance que ce
soit, ne soyons en mesure d'examiner honnêtement nos problèmes
et de composer avec la réalité telle qu'elle est, et non telle que nous
la souhaiterions, comment pouvons-nous résoudre ces problèmes?
Comment pouvons-nous nous leurrer et penser qu'une retenue
obligatoire sur le chèque de paie de tous les travailleurs canadiens
n'est pas une charge sociale? Il n'y a que deux personnes au Canada
qui croient que ce n'en est pas une.
Malheureusement, il se trouve que ces deux personnes sont le
premier ministre et le ministre des Finances. Il y a peut-être aussi le
secrétaire parlementaire du ministre des Finances qui a travaillé
tellement fort pour qu'on élabore cet ensemble de modifications au
Régime de pensions du Canada. J'espère que l'histoire le jugera
équitablement et avec beaucoup de compassion.
M. Benoit: Il aura besoin de compassion.
M. McClelland: Il en aura besoin. En créant des options, on
pourrait résoudre en partie le désaccord politique et social au sujet
du Régime de pensions du Canada. À notre avis, c'est à cet égard
que le gouvernement libéral nous a laissés tomber. Le
gouvernement doit faire preuve de leadership et pas simplement
réparer les pots cassés.
S'il nous a fallu plus de 30 ans pour en arriver là avec le Régime
de pensions du Canada, avec un déficit de 600 milliards de dollars,
pourquoi, diable, voudrions-nous continuer une journée de plus
dans cette voie? Pourquoi tenter de rapiécer un régime qui était, de
toute évidence, bancal depuis le début? Tout le monde le savait.
Pourquoi n'avons-nous pas déployé les efforts nécessaires pour que
ce régime soit bien plus utile aux générations futures? C'est la
question fondamentale. Pourquoi tenter de le rafistoler? Pourquoi
ne pas faire ce qu'il faut pour le réparer correctement?
J'ai dit plus tôt, au cours de la période des questions et des
observations, que le Régime de pensions du Canada était devenu
une irrésistible poule aux oeufs d'or pour les politiciens.
Le taux de participation du RPC pour l'invalidité a été
étonnamment élevé ces dernières années. Toutefois, à bien y penser,
cela n'est pas terriblement surprenant parce que ce taux a une
corrélation directe avec le marché du travail. Quand les emplois se
font rares, les gens font ce qu'il faut pour survivre.
(1720)
L'une des choses qu'ils ont faites, et c'est ce qui explique que le
taux de participation du RPC pour l'invalidité ait été si élevé, c'est
de s'en servir pour offrir une autre source de revenu. Après avoir
offert cette possibilité aux gens, le gouvernement ne peut plus
changer son fusil d'épaule et dire aux gens qu'il a le regret de la leur
enlever.
Depuis que le vérificateur général a déterminé, dans son rapport,
qu'il s'agissait là d'un problème particulièrement difficile pour le
RPC, la surveillance à cet égard est beaucoup plus sévère. Comme
je l'ai déjà dit, sur dix ans, le taux du RPC a augmenté de 92 p. 100
contre 2 p. 100 pour celui du RRQ.
Les personnes qui touchent des prestations pour invalidité de
manière systémique, à long terme, ne voulaient pas que les
dispositions du RPC en matière d'invalidité soient modifiées parce
qu'elles croyaient, à juste titre, qu'elles avaient déjà assez de
difficulté à se protéger contre les ravages causés par les réductions
des paiements de transfert pour la santé et les programmes sociaux
du Canada. Le rapport sur les personnes souffrant d'invalidité qu'a
présenté le député de Fredericton règle fort bien certains de ces
problèmes, et c'est tout à l'honneur du gouvernement.
Il existe une véritable différence entre les Canadiens nés avec une
invalidité systémique de longue durée, ou ceux qui l'ont contractée
lors d'un accident, et ceux qui touchent une pension d'invalidité
parce que c'est un privilège offert par le régime de pensions. Nous
avons combiné les deux. Les personnes handicapées préféreraient
que ce ne soit pas le cas, mais elles ne veulent pas faire trop de
vague pour le moment.
À mon avis, nous avons la responsabilité de protéger les
personnes handicapées. Cela ressort à nos valeurs communes. Cela
fait partie de nos responsabilités les uns envers les autres. C'est par
notre indépendance individuelle que nous renforçons notre
interdépendance. Cependant, nous ne devons pas mélanger les deux
catégories. Une assurance est une assurance. Le Régime de
pensions du Canada est un régime de pensions. En permettant que
ce régime devienne quelque chose qui n'avait pas été prévu à
l'origine, nous
8678
avons accru les pressions sur sa capacité de payer ce qu'il devait
payer, c'est-à-dire des pensions de retraite.
Si, en tant que société, nous jugeons bon d'accorder de l'argent
aux personnes handicapées, examinons honnêtement et
ouvertement la question pour déterminer quel est le meilleur moyen
et le plus économique de procéder et faisons en sorte que les
personnes qui ont besoin de prestations d'invalidité participent ou
non au programme.
Nous avons déjà dédoublé le système puisque toutes les
provinces ont une commission d'indemnisation des accidentés du
travail. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent
collaborer pour faire en sorte que chaque citoyen retire le rendement
maximum de nos placements communs. Par contre, il faut éviter
que les paliers de gouvernement se renvoient mutuellement les
responsabilités. Les citoyens ne devraient pas avoir à «magasiner»
pour déterminer où ils peuvent obtenir de l'aide. Ils ne devraient pas
avoir à souscrire une assurance-invalidité privée pour constater,
lorsqu'ils en ont besoin, qu'ils ne recevront rien avant de s'être
adressés au régime fédéral.
J'attends des questions sérieuses et réfléchies de mes vis-à-vis.
J'espère que, en posant leurs questions, ils garderont à l'esprit que
les jeunes Canadiens retireront un piètre rendement de leurs
investissements puisqu'ils devront aussi porter le fardeau de la
dette.
J'invite mes vis-à-vis à sortir leurs calculettes et à dire aux
Canadiens ce qu'ils retireraient s'ils plaçaient 1 000 $ par année
pendant 40 ans au taux de rendement moyen des marchés canadiens.
Qu'ils me disent ensuite que ce n'est pas préférable à ce que les
jeunes recevront du RPC à leur retraite.
(1725)
M. David Walker (Winnipeg-Nord-Centre, Lib.): Madame la
Présidente, je suis très heureux de participer à ce débat. Je n'ai
jamais vu un parti de l'opposition exposer si ouvertement sa plus
grande faiblesse en déclarant une journée de débat sur une idée qui
n'existe même pas. C'est une des grandes contradictions de ce
débat.
C'est un débat très sérieux. Les députés s'intéressent vivement à
la question. Un des principaux problèmes auxquels notre société est
confrontée est celui de l'insécurité économique. Les huit
gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral ont
finalement réglé la question de la sécurité économique du Régime
de pensions du Canada. C'est tout un exploit. Seulement trois chefs
politiques au Canada ont refusé de participer à cet exercice: le
premier ministre de la Saskatchewan, le premier ministre de la
Colombie-Britannique et le chef du troisième parti. Quelle bande de
vauriens! Aucun d'entre eux n'était prêt à assumer ses
responsabilités. Qu'ont-ils en commun? Leur refus d'accepter la
réalité arithmétique associée à la réforme du Régime de pensions du
Canada.
Dès le départ, les Canadiens nous ont supplié de faire quelque
chose au sujet de ce régime.
M. Epp: Dès 1966.
M. Walker: Oui. Devinez qui était le plus fier défenseur de ce
régime? Devinez qui a écrit au célèbre John Kroeker, dont le député
a parlé hier à la Chambre des communes, pour dire que c'était la
meilleure chose pour les Canadiens? Ernest Manning lui a écrit une
lettre personnelle pour dire que les Canadiens devraient défendre ce
régime, que c'était là la meilleure façon de protéger les travailleurs
dans une société moderne. C'est le père du chef du député. Il devrait
retourner en arrière pour voir où il était en 1965-1966. Si le député
faisait ses recherches, il comprendrait comment fonctionne ce
régime. Il devrait commencer à dire aux Canadiens, à 7 p. 100, ce
qu'il adviendra de ces 600 milliards de dollars sans le Régime de
pensions du Canada. Que feront les réformistes? Hausseront-ils les
impôts? Fermeront-ils les yeux? Qu'arrivera-t-il?
Les Canadiens auront de l'argent pour le Régime de pensions du
Canada en maintenant leur taux de cotisation à 9,9 p. 100, en
partageant le coût entre les employeurs et les employés. Les
réformistes mentionnent-ils les cotisations des employeurs dans
leur superfonds? Bien sûr que non. Ce qu'il y a de plus ridicule dans
toute cette histoire, c'est que les travailleurs paieraient 10 p. 100,
plus 7 p. 100 pour les obligations non acquittées.
Qu'obtiendraient-ils pour 17 p. 100? Un fonds commun de
placement à risque élevé administré par le Parti réformiste. Le
député a-t-il perdu la tête? Je voudrais entendre une réponse.
M. McClelland: Madame la Présidente, nous devons faire la part
des choses à l'endroit du député d'en face parce qu'il a le dossier en
main depuis un an et il doit certainement être épuisé, à en juger par
le ramassis de mesures qu'il a présentées aux Canadiens.
Le député tire beaucoup de capital politique du fait que les
premiers ministres provinciaux se soient joints à eux. Jesse James et
sa bande se sont unis et ont dévalisé les contribuables en repassant
cet odieux programme coûteux à la génération des jeunes
Canadiens. Heureusement que les libéraux ont pris l'initiative de la
Loi sur le contrôle des armes à feu, parce que rien ne peut nous
défendre contre les libéraux. Lorsqu'ils sonnent la charge et
viennent puiser dans nos poches, on peut être sûr qu'ils les videront.
Le gouvernement savait depuis 30 ans que le Régime de pensions
du Canada ne fonctionnerait pas. Les circonstances l'ont finalement
obligé à bâcler une alliance douteuse avec les gouvernements
provinciaux pour continuer de financer le régime pendant encore 20
ans au moyen d'obligations à long terme, comme il l'a fait à
l'origine. Les députés ministériels devraient en rougir de honte.
La présidente suppléante (Mme Ringuette-Maltais): Comme
il est 17 h 30, il est de mon devoir de faire savoir à la Chambre que
les délibérations relatives à la motion sont terminées. La Chambre
passe maintenant à l'étude des initiatives parlementaires inscrites
au Feuilleton d'aujourd'hui.
8679
8679
INITIATIVES PARLEMENTAIRES
[
Traduction]
Mme Brenda Chamberlain (Guelph-Wellington, Lib.)
propose:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait poursuivre et accroître ses
efforts pour traiter de l'économie souterraine, qui coûte aux Canadiens entre 23 et
156 milliards de dollars en pertes de revenus et de salaires, en élaborant, de concert
avec d'autres paliers de gouvernement, avec l'industrie et des syndicats, un plan
d'action comprenant une campagne de sensibilisation nationale et le recours accru à
des mesures exécutoires.
-Madame la Présidente, le Parti réformiste avait dit qu'il ferait
les choses différemment à la Chambre, mais comme nous le voyons,
vous devez veiller à maintenir l'ordre et je vous en remercie. Quand
on se donne le mal de faire une intervention, on doit pouvoir
s'attendre à ce que nos électeurs puissent l'entendre.
Je suis heureuse d'intervenir au sujet de la motion no 243 inscrite
à mon nom et demandant au gouvernement d'accroître ses efforts
pour combattre l'économie souterraine. Dans ma motion, je
demande au gouvernement d'envisager un plan d'action
comprenant une campagne de sensibilisation nationale et le recours
accru à des mesures exécutoires.
Dans le cadre de mes responsabilités en tant que présidente du
comité du développement économique du caucus libéral national,
j'ai récemment présidé un sous-comité chargé d'examiner cette
question. J'ai eu le plaisir de travailler avec la députée de Brampton,
le député de Vaudreuil, le député de St. Catharines et la députée de
Lambton-Middlesex, ici présente, qui prendra aussi la parole sur
cette motion.
Nous avons présenté un certain nombre de recommandations au
ministre des Finances avant la présentation du budget fédéral de
1997. Notre rapport s'intitulait «Our Future at Risk», car les effets
de l'économie parallèle constituent vraiment un danger pour notre
avenir. Ce que certains perçoivent que comme une activité anti-TPS
dépouille en réalité tous les Canadiens, parce que cela diminue les
recettes consacrées aux programmes sociaux, à la réduction du
déficit et aux avantages sociaux des travailleurs.
Ce qui est attirant pour certains, parce qu'ils trouvent le système
fiscal injuste, est vraiment injuste pour les Canadiens qui paient
honnêtement leurs impôts. L'économie souterraine met en danger
nos services sociaux, nos efforts de réduction du déficit et notre
avenir lui-même. C'est sûr que c'est facile de se plaindre des impôts
et de tenter de les éviter. C'est sûr que nos impôts sont élevés. C'est
important toutefois de se rappeler que ce sont les impôts qui
financent les soins de santé, l'enseignement, les services sociaux et
les régimes de pension gouvernementaux.
Quand on alimente l'économie parallèle, on n'enlève pas de
l'argent au gouvernement. On enlève des services aux malades, on
nuit à l'éducation de nos enfants et on réduit la pension de nos
personnes âgées. Revenu Canada croit que, parmi les cause de
l'économie parallèle, on a les taxes élevées, l'idée que le
gouvernement ne dépense pas son argent efficacement, la TPS et
l'idée que le régime fiscal est injuste.
Personne ne sait combien l'économie parallèle coûte réellement
aux Canadiens, même si l'on croit qu'elle représente au moins de
2,9 à 3,5 p. 100 du PIB et pourrait atteindre quelque 10 à 20 p. 100
du PIB. Que l'on croie que la vérité se situe à une extrémité ou à
l'autre de ces estimations, le gouvernement doit chercher plus
activement à combattre l'économie parallèle.
L'une des initiatives les plus importantes qui peut être prise
immédiatement est de faire l'éducation des Canadiens. Ils ignorent
ce que coûte réellement l'économie souterraine à notre pays.
Beaucoup ne se rendent pas compte de la menace qu'elle fait peser
sur notre avenir. Personne n'aime les taxes, bien sûr.
Il n'en demeure pas moins que le gouvernement doit s'assurer
que tout l'argent qui lui est dû lui est bien remis. On ne peut
qu'imaginer ce qui se passerait si tout l'argent qui disparaît dans
l'économie souterraine servait à éponger le déficit, à financer les
hôpitaux, l'éducation postsecondaire, la police et l'infrastructure.
Cet argent nous permettrait de faire ce que nous devons faire
beaucoup plus vite que des réductions d'impôts irresponsables.
(1735)
Faire la guerre à l'économie souterraine garantirait l'équité
fiscale. En aidant les contribuables honnêtes, nous assurerions la
préservation de nos programmes sociaux. Cela accélérerait la
réduction du déficit et le remboursement de la dette, ce que
demandent les Canadiens dans Guelph-Wellington et dans le reste
de ce grand pays.
Un certain nombre de ministères fédéraux travaillent activement
sur ce dossier. J'aimerais rendre hommage au travail du ministère
du Revenu national sous la direction du ministre actuel et de
l'ancien ministre, le député de Victoria. Le gouvernement a
annoncé l'embauche de huit cents vérificateurs de plus dans le
budget fédéral de 1996. Depuis 1993, le travail du ministère a
généré 1,7 milliard de dollars en recettes additionnelles, qui
auraient été perdues sans ces efforts.
Le ministère du Développement des ressources humaines a
entrepris une étude et le ministère des Finances continue de
chercher des moyens de protéger l'intégrité du régime fiscal.
L'un des meilleurs moyens de combattre l'économie souterraine
est la création de partenariats. J'ai le bonheur d'avoir, dans la
circonscription de Guelph-Wellington, bon nombre de personnes
et de groupes qui s'intéressent à la question, surtout dans le domaine
des métiers de construction, et qui sont prêts à collaborer avec le
gouvernement et les autres intervenants pour lutter contre les effets
de l'économie souterraine.
8680
Le gouvernement fédéral doit travailler de concert avec tous les
paliers de gouvernement, l'industrie, les syndicats et les autres
intervenants afin de trouver des solutions nouvelles et innovatrices.
Par exemple, bon nombre d'associations clés sont directement
touchées, notamment l'Association canadienne des bijoutiers,
l'association canadienne des commerçants, les syndicats, les
chambres de commerce, la Fédération des associations de
détaillants d'automobiles, les associations locales de constructeurs
et les associations touristiques.
Ceux qui prétendent que l'économie souterraine nuit à personne
devraient parler à des gens comme Joe Maloney et Phil Benson du
Département des métiers et de la construction. Ils savent que
certains de leurs membres sont en chômage à cause de l'économie
souterraine. Dans ces cas, l'économie souterraine a un double
impact négatif. D'une part, elle diminue les impôts légitimes qui
devraient être versés au gouvernement ainsi que les cotisations au
Régime de pensions du Canada, au Régime d'indemnisation des
victimes d'accidents du travail et au Régime d'assurance-emploi.
D'autre part, elle force des travailleurs aptes et disposés à travailler
à avoir recours au régime d'assurance-emploi, ce qui alourdit le
fardeau de ce régime.
À cela il faut ajouter le lourd tribut qu'elle impose à la société
mais que l'on ne saura jamais estimer à sa juste valeur en termes
monétaires. J'entends par là qu'elle prive le citoyen de la dignité
qu'il ressent quand il pourvoit à ses besoins et à ceux de sa famille.
Chaque fois que l'on s'en remet à l'économie souterraine pour
faire paver son allée, installer de nouvelles fenêtres, réparer sa
voiture ou se faire couper les cheveux, on prive un ami, un parent ou
un voisin de l'emploi qui lui est indispensable pour nourrir sa
famille.
L'économie souterraine a véritablement un visage humain et il
n'existe pas de solution simple pour la stopper. Personne ne peut se
vanter de posséder la solution miracle à ce problème. Sa solution
nécessite un travail d'équipe. C'est pourquoi je propose que tous les
Canadiens fassent leur part pour résoudre le problème.
Chez moi, à Guelph-Wellington, par exemple, il nous faut
collaborer ensemble pour chercher des solutions et, par-dessus tout,
trouver des réponses. À Guelph-Wellington, nos problèmes sont
résolus grâce à la coopération de tous. Dernièrement, l'Hôpital
général avait besoin d'un tomoscanner. L'achat a été réalisé parce
que des centaines de résidents de Guelph-Wellington, forts de la
générosité de nos gens d'affaires, ont travaillé ensemble pour
recueillir l'argent nécessaire pour se procurer un appareil qui
sauvera des vies.
À Guelph-Wellington, des solutions surgissent quand les
syndicats, l'industrie, les politiciens et les simples citoyens se
mettent d'accord pour les trouver. Il ne fait aucun doute que
l'économie souterraine est alimentée par un manque de confiance
dans la façon dont les gouvernements gèrent le trésor public. Certes,
ce manque de confiance dans la façon dont les deniers publics sont
administrés n'est pas sans fondement.
Au cours des neuf années qui ont précédé l'élection de l'actuel
gouvernement libéral, les Canadiens ont vu les ministres des
Finances conservateurs élaborer 33 prévisions de déficit et rater
leurs objectifs 33 fois sur 33. Les Canadiens ont vu la dette tripler ou
peu s'en faut au cours de ces neuf années. Tout ça est terminé. La
confiance a été restaurée. Bien sûr, il y a encore beaucoup de pain
sur la planche, mais nous avons remis un peu d'ordre dans la gestion
des deniers publics assurée par le gouvernement fédéral. Les
Canadiens savent maintenant que leur argent est dépensé en
fonction de leurs priorités et que nous ne sacrifions plus notre avenir
en dépensant exagérément.
(1740)
L'actuel ministre des Finances a prêté une oreille attentive et
nous dépensons maintenant selon nos besoins. Un budget équilibré
est à notre portée et bientôt le débat ne portera plus sur le montant de
notre déficit annuel mais plutôt sur la destination à donner à notre
excédent.
À ceux qui contribuent à l'économie souterraine en raison de la
mauvaise gestion je demande de regarder la réalité bien en face. Nous avons assaini nos finances. Nous avons prêté une oreille attentive et les deniers publics servent dorénavant à l'édification du plus beau pays au monde.
Pour lutter contre l'économie souterraine, il faudra établir des
partenariats. Lorsque les Canadiens se rendront compte qu'il est
dans notre intérêt-dans l'intérêt de tous les Canadiens-d'assurer
l'équité fiscale, nous pourrons commencer à éliminer le problème.
Les partenariats doivent engager tous les paliers de gouvernement,
l'industrie, les syndicats, les associations communautaires et les
citoyens.
Je sais que les industries les plus touchées, comme celle des
métiers du bâtiment, sont les premières à vouloir participer à tous
les efforts qui permettront de réduire non seulement l'économie
souterraine, mais également le chômage et le sous-emploi parmi
leurs travailleurs.
En fin de compte, l'économie souterraine a un visage humain.
Elle cause des épreuves aux travailleurs sérieux et compétents qui
perdent leur emploi parce que certains Canadiens décident d'éviter
de payer des impôts. Tous les contribuables honnêtes doivent
participer aux efforts visant à mettre un terme à l'économie
souterraine.
Comme notre collègue de Hillsborough, dans
l'Île-du-Prince-Édouard, me l'a écrit dans une lettre lorsque nous
préparions le rapport du sous-comité sur cette question: «Nous
devrions non seulement resserrer l'application de la loi, mais
également nous pencher sur les causes profondes de l'activité
économique souterraine.»
L'économie souterraine est issue autant des attitudes que de toute
autre chose. Nous nous rappelons tous l'époque où la conduite avec
facultés affaiblies était acceptée ou que nous fermions les yeux sur
ce problème. Il a fallu du temps avant que les attitudes ne changent.
Des groupes comme Mothers Against Drunk Driving, qui ont une
section dans la circonscription de Wellington, ont contribué à
sensibiliser la population au point où la conduite avec facultés
affaiblies n'est plus acceptable. Rien de cela ne s'est fait du jour au
lendemain. Ces efforts ont nécessité du temps, mais nous vivons
maintenant dans une société où la conduite avec facultés affaiblies
n'est pas tolérée.
8681
Il en va de même pour l'économie souterraine. Nous ne pourrons
pas éliminer ce problème du jour au lendemain. Il faut faire preuve
de vigilance. Une stratégie à long terme s'impose. Il faut s'armer de
patience.
Un des moyens les plus efficaces dont nous disposons pour
informer la population, c'est la sensibilisation. Certaines personnes
offrent des solutions simples. Certes, toute promesse de réductions
fiscales générales peut être intéressante à court terme, mais elle est
extrêmement irréaliste à long terme.
J'ai exhorté le premier ministre et le ministre des Finances à
traiter de cette question dans le cadre de leur rôle de leaders.
Beaucoup de Canadiens ne sont tout simplement pas conscients de
l'ampleur du problème. Certains estiment que leur participation à
l'économie souterraine ne change pas vraiment grand-chose
puisqu'il s'agit seulement d'eux. Ce qu'ils ne comprennent pas,
c'est que, lorsque d'autres personnes travaillent également au noir,
le problème s'accentue. D'autres encore estiment que toute cette
question est trop complexe et trop accablante pour être comprise.
Récemment, le gouvernement du Québec a lancé une vaste
campagne de sensibilisation. La campagne met l'accent sur le fait
que la participation à l'économie souterraine prive nos enfants d'un
avenir. Dans un message publicitaire télévisé, on voit des gens
accroupis sous une table qui effectuent des opérations financières.
Tout au bout de la table, un enfant est assis tout seul. Le message est
simple. L'enfant ne profite pas du tout de l'activité souterraine. Ce
message indique aussi que l'avenir est menacé.
Comme je l'ai dit plus tôt, il faudrait aborder ce problème tous
ensemble. Il n'y aurait rien de mieux qu'une affiche de
l'Association canadienne de la construction à la porte d'un magasin
de matériaux de construction. Un message par une chambre de
commerce locale ou une note sur un tableau d'affichage d'une
entreprise serait aussi efficace.
(1745)
Encore une fois, je rappelle l'exemple de l'alcool au volant. Il a
fallu persister au nom d'un petit nombre pour changer les
mentalités.
Je voudrais dire un mot de la société de compensation pure, où il
n'y a plus d'espèces. Il ne fait aucun doute que notre système qui
consiste à payer en espèces pour des biens et des services est en train
de changer.
Dans la plupart des magasins de ma collectivité, on peut payer au
moyen d'argent comptant, d'une carte de crédit ou d'un chèque, ou
par Interac. Mondex, qui est d'ailleurs établi à Guelph, permet une
fascinante expérience de paiement sans espèces. Il y aura
certainement une incidence sur l'économie souterraine. Une carte
de débit du genre Interac laisse une trace, comme un chèque. Les
opérations peuvent être retracées.
Il ne fait aucune doute qu'avec la société de compensation pure,
peu importe si elle utilise un système Mondex ou un autre encore
plus étonnant, nous paierons des biens et des services d'une façon
différente d'ici quelques années. J'exhorte le gouvernement à
surveiller de près la situation.
La société de compensation pure devrait favoriser tout effort
pour réduire l'économie souterraine. J'espère que nous
travaillerons avec ceux qui mettront en oeuvre cette nouvelle
technologie, afin de décourager l'économie souterraine.
La question est complexe. Nous pouvons discuter de la taille de
l'économie souterraine ainsi que des secteurs qui sont le plus
touchés. Nous pouvons chercher des solutions. Mais une chose est
claire. Tant que les Canadiens participeront à l'économie
souterraine, notre avenir sera menacé. Il est facile de croire qu'il
s'agit d'éviter la TPS ou simplement de ne pas remettre plus
d'argent au gouvernement qui le gère si mal.
Mais participer à l'économie souterraine ne fait pas de tort au
gouvernement. Cela nuit aux services gouvernementaux et alourdit
le déficit et la dette. Participer à l'économie souterraine, c'est
fermer des lits d'hôpitaux, mettre à pied des enseignants et
compromettre les prestations des anciens combattants.
De plus, cela nuit à nos enfants puisque leur part de la dette
augmente chaque fois que quelqu'un évite de payer des impôts.
Cela empêche tous les gouvernements d'offrir les meilleurs
services aux contribuables et cela transforme des travailleurs
honnêtes en chômeurs ou en assistés sociaux, puisqu'ils n'arrivent
plus à nourrir leur famille.
Nous devons collaborer pour éliminer ce problème. Bien sûr, le
manque de confiance dans le gouvernement et dans sa capacité de
dépenser judicieusement et efficacement pouvait peut-être être
invoqué. Nous devons aller de l'avant.
Participer à l'économie souterraine ne fait qu'empirer la
situation. Cela nuit à tous les Canadiens, en particulier aux plus
vulnérables.
Les gouvernements doivent faire davantage pour trouver des
partenaires, rechercher des solutions et mettre un terme à ce
problème qui menace clairement notre avenir.
[Français]
M. Richard Bélisle (La Prairie, BQ): Madame la Présidente, la
députée de Guelph-Wellington a déposé en cette Chambre la
motion M-243 qui s'énonce ainsi, et je cite:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait poursuivre et accroître ses
efforts pour traiter de l'économie souterraine qui coûte aux Canadiens entre 23 et
156 milliards de dollars en pertes de revenus et de salaires, en élaborant, de concert
avec d'autres paliers de gouvernement, avec l'industrie et des syndicats, un plan
d'action comprenant une campagne de sensibilisation nationale et le recours accru à
des mesures exécutoires.
J'aimerais d'abord féliciter la députée pour son initiative de
demander au gouvernement fédéral d'intensifier sa lutte contre
l'économie souterraine, même si cette initiative se manifeste à la
suite, disons-le, des multiples demandes du Bloc québécois et des
actions entreprises par le gouvernement du Québec à cet effet.
8682
Le Québec a encore une fois pris les devants face au
gouvernement fédéral. Il y a déjà une campagne de sensibilisation
en cours au Québec, on n'a qu'à se rappeler la publicité à la
télévision où on voit un jeune enfant assis sur une table tandis que
des adultes échangent de l'argent sous cette même table.
Le Bloc québécois a souvent demandé au gouvernement fédéral
d'intensifier sa lutte contre l'économie souterraine, entre autres,
lors des analyses des rapports du vérificateur général par exemple,
et encore tout récemment dans le document présentant nos attentes
en vue du dernier budget du ministre des Finances.
(1750)
Nous estimions dans ce document que l'économie souterraine
représente, pour le gouvernement fédéral seulement, des pertes
fiscales annuelles pouvant atteindre six milliards de dollars; ce
chiffre provient d'une évaluation de Statistique Canada, et nous
prétendions alors que le gouvernement pouvait facilement
récupérer au moins 500 millions en engageant davantage
d'inspecteurs.
Le vérificateur général a déjà indiqué que le coût moyen de ses
inspecteurs est d'environ 35 000 $ en salaire, alors qu'ils
rapportent chacun en moyenne près d'un demi-million de dollars en
recettes fiscales supplémentaires annuellement.
Comme le disent si bien les économistes, le gouvernement serait
avisé d'embaucher ses travailleurs jusqu'au point où leur coût en
formation et en salaire soit égal à ce qu'ils rapportent en recettes
fiscales supplémentaires.
Actuellement, ils rapportent plus de dix fois plus que ce qu'ils
coûtent, ce qui implique que le ministère du Revenu aurait
davantage intérêt à engager un plus grand nombre de ces
travailleurs.
Il va de soi qu'une intervention concertée entre les provinces,
l'industrie et les syndicats a une meilleure chance de réussite
qu'une intervention unilatérale de la part du gouvernement fédéral.
Nous pensons que Québec va très certainement collaborer avec le
gouvernement fédéral dans ce dossier, puisqu'il s'agit d'un
phénomène qui affecte négativement les rentrées fiscales de tous les
paliers de gouvernement, alors qu'il n'y a qu'un seul palier de
contribuables. Si le gouvernement fédéral agit effectivement de
concert avec les autres intervenants et non en imposant de façon
brutale ses vues et ses intérêts sur le sujet, nous pensons que ce
projet est très viable et grandement souhaitable.
L'économie souterraine se partage en deux volets: il y a les
activités légales à la base mais qui ne sont pas déclarées au fisc,
comme le travail au noir, et il y a aussi les activités illégales et
criminelles, comme la vente de drogue et le commerce de voitures
volées.
Nous pensons qu'une campagne de sensibilisation devrait viser
surtout les gens susceptibles de se livrer aux activités de la première
catégorie et que le recours accru à des mesures exécutoires-par
exemple, des lois et inspections plus sévères-doit être envisagé
pour les deux catégories, en portant une attention particulière au
contrôle et à l'élimination des activités de la seconde catégorie.
Nous souscrivons entièrement à l'idée que, dans un pays où la
collectivité décide de s'offrir des services publics, les resquilleurs
et les «free riders», ceux qui évitent délibérément le fisc et qui font
tout pour ne pas payer leur juste part d'impôt, font preuve d'un
comportement antisocial. C'est pourquoi nous devons d'abord
sensibiliser les gens quant à la signification sociale des activités
souterraines tout en prévoyant des mesures actives de contrôle dans
les domaines où de telles activités se retrouvent plus fréquemment.
Il faut cependant éviter de tomber dans l'excès et considérer tous
les citoyens comme des fraudeurs et des resquilleurs potentiels.
Nous vivons dans un système où la présomption d'innocence
prévaut, et cela doit continuer ainsi. Toutefois, il faut trouver des
façons de contrer les individus qui, sciemment, se comportent en
mauvais citoyens.
Il faut éduquer et informer la population sur l'utilisation de leurs
taxes afin qu'ils n'aient pas l'impression de payer inutilement. Cela
implique que le gouvernement doit d'abord et avant tout donner
l'exemple et faire la preuve que cela est vrai. Les gens doivent être
convaincus que les mieux nantis et les grosses corporations paient
leur juste part d'impôt.
Les jeunes ne doivent pas se faire dire par le vérificateur général
que la mauvaise gestion des stocks leur coûte 1,25 milliard de
dollars, que le fédéral a payé 30 000 $ pour déplacer un navire afin
d'économiser 71 $ sur sa facture de réparation, ou encore que la
GRC a commandé 4 000 chapeaux de trop.
Dans ce sens, le gouvernement fédéral a encore beaucoup de
travail à faire. Il y a deux types de mesures pour enrayer le travail au
noir et l'évasion fiscale: les mesures dissuasives et les mesures
incitatives. Les principales mesures dissuasives sont
l'augmentation des contrôles et de la surveillance et l'augmentation
des amendes et pénalités, mais nous croyons que le gouvernement
fédéral devrait plutôt mettre l'accent sur les mesures incitatives,
dont les plus importantes sont la diminution du fardeau fiscal, la
déréglementation, la simplification des tâches des contribuables et
des mandataires du gouvernement face à la complexité du régime
fiscal, l'amélioration continue de l'administration publique, et
enfin l'amnistie fiscale, qui demeure cependant une mesure
exceptionnelle.
En conclusion, je considère que l'éducation est également une
mesure incitative, de même que le degré de visibilité des taxes à la
consommation, ainsi que la croissance de l'emploi, qui pourrait
réduire la pression qui s'exerce sur les contribuables.
(1755)
Toutes ces mesures devraient être intégrées dans un plan d'action
globale de lutte à l'économie souterraine. Malheureusement, les
actions des derniers mois et le dernier budget du ministre des
Finances nous démontrent, hors de tout doute, que le gouvernement
libéral n'est pas réellement intéressé à combattre ce fléau de l'éco-
8683
nomie souterraine, en dépit des efforts de la députée de
Guelph-Wellington.
[Traduction]
M. Herb Grubel (Capilano-Howe Sound, Réf.): Madame la
Présidente, je tiens à féliciter la députée de Guelph-Wellington et
ses collègues d'avoir cherché sérieusement à comprendre la nature
et l'ampleur de l'économie souterraine et d'avoir suggéré des
moyens de réduire l'ampleur de ce phénomène déplorable à
l'intérieur de notre économie.
En tant que professeur en économie, je me suis longtemps
intéressé à cette question. J'ai assisté à un certain nombre de
conférences internationales. Mon intérêt a été d'abord attiré sur
cette question lorsque j'ai rencontré un professeur de l'Université
du Wisconsin, Ed Feige, qui m'a raconté son expérience à cet égard.
À une époque où il habitait avec un parent, ce dernier est rentré un
soir à la maison avec un sac en papier brun. Il lui a demandé
naïvement ce qu'il y avait dans le sac, et l'autre a ouvert le sac qui
contenait de l'argent liquide. Ce parent exploitait un petit
commerce de détail et il avait rapporté ce jour-là à la maison une
bonne partie de ses bénéfices en espèces. Cet argent n'était pas
passé par la banque.
Cela m'a rappelé des souvenirs de mon enfance en Allemagne,
où mon père possédait une épicerie. Le soir, il baissait toutes les
toiles pour s'assurer que personne ne voie à l'intérieur, puis il tapait
de nouvelles données sur le ruban de la caisse enregistreuse pour
afficher pour la journée des recettes bien moindres dont le montant
était porté dans les livres officiels. Je sais, et tout le monde semble
savoir, que ce genre de pratiques étaient largement répandues. J'ai
cependant découvert à ces conférences qu'il en existait une très
grande variété. Il existait aussi un très large éventail d'évaluations
de l'importance de l'économie souterraine. Tout dépendait de la
méthodologie utilisée par les gens qui l'étudiaient. D'un côté, il y
avait Ed Feige qui disait qu'il y a tellement plus d'argent qui circule
ainsi dans l'économie qu'il n'y en avait auparavant pour un revenu
national donné, que cela devait servir à financer l'économie
souterraine. Il s'inspirait de cet exemple de son parent qui apportait
à la maison un sac en papier brun rempli d'argent. Il calcule que cela
doit représenter jusqu'à 15 p. 100 du revenu national, sinon
davantage.
Cependant, l'argument qui m'a paru le plus impressionnant et le
plus convaincant vient des spécialistes de Statistique Canada et
d'autres organismes nationaux de compilation de données. Je vais
vous faire un exercice rapide de taxinomie. Il y a l'économie
souterraine du troc, quand par exemple un dentiste accepte de se
faire approvisionner en poulets, à raison d'un par semaine, durant
dix semaines en échange de services dentaires. Ce genre de troc se
pratique indubitablement. Je rencontre de temps en temps des gens
qui me disent «vous êtes tellement naïf que vous ne saviez pas que
nous faisions cela». Mais étant donné la taille de l'économie, on
estime que ce genre d'activité est de très faible importance.
La deuxième source d'économie souterraine se présente dans le
contexte de la contrebande. L'exemple le plus remarquable à cet
égard a trait à l'orfèvrerie qui est frappée non seulement de la TPS et
de la TVP, mais aussi d'une surtaxe de luxe de 10 p. 100 très injuste
qui n'a tout simplement pas sa place à notre époque. Ce traitement
fiscal a créé une énorme économie souterraine. Au comité des
finances, nous avons entendu régulièrement les représentants de
l'industrie plaider auprès du gouvernement pour qu'il abandonne
cette taxe absurde. J'espère qu'il suivra ce conseil dès qu'il aura une
marge de manoeuvre. Cela pourrait lui procurer plus de recettes que
ce qu'il perd, car l'incitation à la contrebande disparaîtra. Quelle est
l'ampleur de l'économie souterraine?
(1800)
L'argument le plus décisif m'est venu de comptables du revenu
national qui ont déclaré savoir, à partir de certains faits, que c'est
dans la construction, la mécanique automobile, la confection, la
coiffure et d'autres secteurs semblables qu'on triche le plus.
Nous possédons des statistiques sur la taille de ces industries.
Elles peuvent être importantes aux yeux de certaines personnes,
mais il faut tenir compte de la taille de toute l'économie et comparer
ces industries à une raffinerie ou à une usine d'automobiles pour
constater qu'elles sont peu de chose. En fait, elles ne représentent
pas plus de 2 p. 100 du revenu national.
Une grande partie de ces activités sont menées par de grandes
entreprises, et une grande entreprise qui répare des voitures ne peut
pas tricher. Voyons le secteur des réparations domiciliaires. Des
entrepreneurs peuvent vous proposer une bonne affaire, sans TPS, si
vous voulez bâtir une annexe à votre maison. Mais n'oublions pas
que cet entrepreneur doit acheter les fenêtres, les portes et tous les
matériaux nécessaires. L'annexe peut coûter 10 000 $, mais la
valeur ajoutée par le constructeur ne dépasse probablement pas les
1 500 $ ou 2 000 $, et la TPS doit être payée sur tous les matériaux,
puisque le constructeur ne peut en demander le remboursement.
Selon moi, c'est un problème relativement mineur. Je crois que la
députée de Guelph-Wellington a nettement exagéré en disant que
l'avenir du Canada était menacé par l'économie souterraine. C'est
une vaste exagération.
Je voudrais profiter des quelques minutes qu'il me reste pour
avancer des solutions. La première serait une meilleure
information. Comment peut-on être contre? Mais quels résultats
peut-on prétendre obtenir lorsque le message va à l'encontre de
l'intérêt personnel? Nous savons que, en fin de compte, c'est
l'intérêt personnel qui l'emporte.
Il ne faut pas oublier, surtout dans de tels cas, qu'il s'agit de
crimes sans victime. Lorsqu'un crime ne fait aucune victime, il est
très difficile de parler de la moralité d'une action. La députée
pourrait prétendre que les gens devront payer plus d'impôts et que la
qualité des services en souffrira. Tout cela semble tellement
invraisemblable. La somme que l'individu ne déclare pas est
tellement minime que le simple citoyen est porté à essayer de
justifier les faibles répercussions que ce geste peut avoir sur la
société. Quoi qu'il en soit, sensibilisons la population, je n'ai rien
contre, mais n'y consacrons pas trop d'argent.
Ensuite, le ministère du Revenu national devrait resserrer ses
contrôles. Et cela entraînerait plus de vérifications, plus de
dénonciations, ainsi de suite. Ces mesures auront certainement des
avantages. Je m'inquiète non seulement des coûts, mais aussi de
l'envers de la médaille, c'est-à-dire de l'intervention accrue de
l'État. Nous confions des tâches à des êtres humains qui sont
imparfaits, qui
8684
pourraient commettre des fautes et abuser de leur pouvoir pour faire
la chasse à quelques individus. Cela comporte des risques énormes.
Créons des partenariats. C'est comme les campagnes de
sensibilisation, mais je doute que cela donne grand-chose. Après
avoir examiné la question, j'ai conclu que la seule façon infaillible
d'abolir l'économie souterraine est de réduire les avantages qu'elle
offre. Comment faudrait-il nous y prendre? En réduisant les taxes et
les impôts. Les contrevenants risqueraient de se faire pincer et de
souffrir de la désapprobation de la société. Ceux qui acceptent de
courir de tels risques continueront de s'adonner à ces activités
illégales tant que les avantages seront intéressants. Le contraire est
vrai également: si les avantages sont moins intéressants, il y aura
moins de gens qui se livreront à ces activités illégales.
(1805)
Cet argument s'ajoute aux nombreux autres arguments en faveur
de la réduction des taxes et des impôts, qui ne sera possible que si
les Canadiens acceptent de réduire l'appareil gouvernemental et de
revenir à l'autosuffisance au lieu de se tourner vers Ottawa et
d'appeler au secours dès la moindre petite crise. Voilà comment
nous devrions régler le problème que la députée mentionne dans sa
résolution.
M. Barry Campbell (secrétaire parlementaire du ministre des
Finances, Lib.): Madame la Présidente, je veux tout d'abord rendre
hommage à ma collègue, la députée de Guelph-Wellington, pour
l'excellence de son travail en tant que présidente du sous-comité du
caucus libéral national sur le développement économique. À la fin
de décembre 1996, ce sous-comité s'est réuni pour examiner la
question de l'économie souterraine, prenant la première d'une série
de mesures gouvernementales importantes visant à régler ce
problème.
Je me réjouis de l'occasion que m'offre cette motion de rappeler
les efforts que déploie constamment le gouvernement pour régler le
problème de l'économie souterraine. La question est fondamentale
pour l'intégrité du régime fiscal. Le gouvernement doit s'assurer
que les impôts dus sont payés afin que les Canadiens aient foi dans
l'équité fondamentale du régime fiscal.
Le régime fiscal canadien repose sur les principes de
l'autocotisation et de l'observation volontaire. La plupart des
Canadiens sont honnêtes et paient tous leurs impôts. En fait,
quelque 95 p. 100 des recettes fiscales sont perçues sans mesure
d'exécution directe. Mais il y a des secteurs de l'économie où
l'observation est plus faible et où le gouvernement doit concentrer
ses efforts. L'économie souterraine est de ceux-là.
L'économie souterraine en question est faite de transactions,
souvent au comptant, dont le revenu est peu ou pas déclaré aux fins
de l'impôt.
Cela n'a rien de romantique ni d'inoffensif. Simplement, nous
bénéficions tous des programmes économiques et sociaux financés
par nos gouvernements et lorsque des personnes ne paient pas leur
juste part d'impôts, les autres doivent payer davantage.
[Français]
L'économie souterraine, ce sont des entreprises qui font une
concurrence déloyale aux entreprises honnêtes puisqu'elles peuvent
offrir des prix plus bas aux consommateurs, ces entreprises ne
versant pas d'impôts ni de taxes et ne contribuant pas au Régime de
pensions du Canada, à celui de l'assurance-emploi ni à titre de
l'indemnisation des accidents du travail.
Dans un tel contexte, les entreprises honnêtes qui paient leur
juste part d'impôts et de taxes peuvent être contraintes de se
contenter de revenus moindres, voire de mettre des employés à pied
et certaines devront même fermer leurs portes.
Les consommateurs constituent eux aussi un élément du
problème de l'économie souterraine lorsqu'ils acceptent de payer
comptant pour obtenir un meilleur prix, ce qui permet à l'entreprise
ou à la personne de métier de camoufler l'opération et de se
soustraire à toute imposition. Ce genre de comportement est
préjudiciable à tous les consommateurs et à tous les membres de
notre société.
En effet, les recettes gouvernementales perdues ne peuvent être
consacrées à des services essentiels au bien-être de tous les
Canadiens et de toutes les Canadiennes comme la santé, l'éducation
et les autres programmes sociaux.
[Traduction]
L'économie souterraine est un problème que nous ne pouvons pas
négliger et que nous ne négligeons pas. Je me permets de vous
expliquer ce que notre gouvernement et Revenu Canada ont fait et
les progrès qui ont été accomplis depuis 1993.
Le plan d'action que le gouvernement a mis au point et en oeuvre
insiste lourdement sur l'observation volontaire et les choses qui
l'appuient. C'est un plan qui assure un équilibre entre les activités
de partenariat, d'éducation et de service et une exécution rehaussée.
Je signale que notre stratégie à l'égard de l'économie souterraine
vise à promouvoir le principe sur lequel repose notre régime fiscal,
à savoir, l'observation volontaire.
Du point de vue économique, c'est une stratégie intelligente.
Cela coûte moins cher au gouvernement de faire en sorte que les
contribuables paient leurs impôts volontairement que d'envoyer
Revenu Canada faire des enquêtes et des vérifications auprès des
gens qui ne respectent pas la loi.
Dans ce contexte, l'éducation est un outil important dans la lutte
contre l'économie souterraine. Grâce aux efforts qu'il a déployés à
cet égard, Revenu Canada a réussi à sensibiliser davantage la
population aux conséquences de l'économie souterraine et de
l'évasion fiscale. Des exposés ont été présentés aux organismes
communautaires et aux organisations de gens d'affaires. Des
séances d'information ont été tenues dans les universités, les
collèges et les écoles secondaires. Les fonctionnaires de Revenu
Canada rendent visite aux gens d'affaires dans diverses localités
d'un bout à l'autre du Canada pour les informer de leurs efforts en
vue de lutter contre ce problème et pour les encourager à respecter
les règles.
Durant ces visites, on donne de l'information sur les services
offerts par le ministère, on répond aux questions et on aide les
entreprises afin qu'il soit plus facile pour elles de se conformer aux
8685
divers régimes fiscaux. Je suis heureux de dire que, au cours des
deux dernières années, le personnel de Revenu Canada s'est rendu
dans plus de 100 localités et a rencontré plus de 21 000 gens
d'affaires.
(1810)
Un autre élément important du plan d'action de Revenu Canada
consiste à informer les contribuables de ce qui arrive lorsqu'ils
n'ont pas déclaré tous leurs revenus et qu'ils veulent corriger cette
erreur.
[Français]
En vertu de la politique de divulgation volontaire de Revenu
Canada, tous ceux qui prennent part à l'économie souterraine, de
même que d'autres qui n'ont pas observé la loi, peuvent corriger
toute omission à l'égard de leurs revenus déclarés au ministère.
Cette politique est fondée sur un principe simple: si une
divulgation est faite de façon volontaire, c'est-à-dire avant que le
ministère n'ait commencé une vérification ou n'ait entrepris
d'autres mesures d'exécution, aucune pénalité ni aucune sanction,
comme une poursuite pour évasion fiscale, ne sera imposée. La
personne sera simplement tenue de payer les impôts dus, plus les
intérêts.
[Traduction]
Certains ont fait valoir qu'une amnistie fiscale temporaire
pourrait aider à résoudre le problème de l'économie souterraine. Un
programme de cette nature récemment mis à l'essai dans l'État de
New York a remporté un certain succès.
La politique de divulgation volontaire de Revenu Canada vaut
encore mieux que tout programme d'amnistie temporaire étant
donné qu'elle est permanente. Ceux qui sont entraînés dans
l'économie souterraine n'ont pas à rester dans l'ombre pendant
plusieurs années parce qu'ils espèrent et attendent une occasion de
se réhabiliter sans craindre de faire l'objet de poursuite au criminel
et de se voir infliger des amendes. La politique de divulgation
volontaire de Revenu Canada est une approche sensée qui permet à
l'État de percevoir des impôts lui revenant légitimement et qui s'est
avérée un succès ces dernières années, comme en témoigne le fait
que le nombre de divulgations volontaires a triplé depuis 1993. Les
gens peuvent faire des divulgations volontaires en communiquant
avec tout bureau de Revenu Canada.
L'application de la loi est indiscutablement un élément
fondamental de notre lutte contre l'économie souterraine. C'est
pour cette raison que Revenu Canada a affecté plus de 1 200
vérificateurs à la recherche de ceux qui ne produisent pas de
déclarations d'impôt et des non-inscrits aux fins de la TPS, ainsi
qu'à la réalisation de vérifications auprès de petites entreprises dans
des secteurs où la loi est très peu observée. On a formé des équipes
de vérification qui axent spécialement leurs efforts sur des secteurs
comme la construction, la rénovation domiciliaire, la bijouterie, la
vente et la réparation d'autos, l'industrie touristique et d'autres
secteurs de services, des secteurs où il est possible de pratiquer
l'évasion fiscale par le biais de l'économie souterraine.
Revenu Canada utilise beaucoup la technologie de pointe qui lui
permet de recouper des données provenant de diverses sources,
notamment des banques de données municipales et provinciales, et
d'identifier ceux qui ne produisent pas de déclarations d'impôt ainsi
que les non-inscrits aux fins de la TPS. L'an dernier, cela a contribué
à identifier plus de 500 000 non-déclarants et non-inscrits aux fins
de la TPS.
Pour améliorer ces activités, dans le budget de 1996, le ministre
des Finances a annoncé que 800 vérificateurs supplémentaires
seraient affectés au programme de vérification de Revenu Canada
qui vise les entreprises non constituées en sociétés et les travailleurs
autonomes. Ainsi, le pourcentage de vérification au sein de ces
groupes augmentera et sera plus conforme à la croissance constante
de ce secteur.
[Français]
J'ajoute que cette démarche coopérative ne se limite pas aux
vérifications effectuées pour le compte des provinces qui ont conclu
des accords de perception fiscale. Ainsi, le Québec perçoit ses
propres impôts, mais nous collaborons étroitement avec les
fonctionnaires dans le cadre de stratégies communes, et nous
coordonnons nos activités avec leurs propres activités de
vérification des entreprises dans le contexte de lutte contre
l'économie souterraine.
Je précise également que le Québec a consacré des ressources
importantes à ce problème et qu'il a adopté une approche ciblée
dans le cadre de sa lutte contre l'évasion fiscale de l'économie
souterraine. Il s'agit de mesures positives qui viendront renchérir
sur notre stratégie de lutte contre l'économie souterraine.
[Traduction]
Quels résultats ont donné nos mesures d'exécution? Il me fait
plaisir de dire que, depuis 1993, ces mesures ont rapporté plus de
1,7 milliard de dollars en recettes additionnelles au gouvernement.
Il faut aussi mentionner, car c'est important pour ses activités de
vérification, les renseignements obtenus par Revenu Canada des
autres ministères fédéraux ainsi que des provinces et des territoires.
Statistique Canada, Transports Canada et Travaux publics et
Services gouvernementaux Canada fournissent des renseignements
importants qui facilitent le choix des dossiers sur lesquels porteront
les mesures de vérification et d'exécution. Pour sa part,
Développement des ressources humaines Canada travaille en étroite
collaboration avec Revenu Canada pour établir des liens entre les
cas de fraude contre l'assurance-emploi et les cas d'évasion fiscale.
De plus, Revenu Canada a signé de nombreux accords avec les
provinces sur l'échange de renseignements, la mise en oeuvre
commune de mesures d'exécution et d'observation ainsi que le
partage de l'expérience.
Ces accords de coopération ne se limitent pas au secteur public.
Ces dernières années, Revenu Canada a consulté plus de 400
associations sectorielles nationales et locales et associations
professionnelles. Ces consultations sont extrêmement utiles, car
elles permettent de mieux cerner les enjeux et d'obtenir la
collaboration du secteur privé. Parmi ces associations, mentionnons
l'Institut canadien des comptables agréés, l'Association canadienne
de la construction, l'Association canadienne des constructeurs
d'habitations et l'Association canadienne des bijoutiers. Chaque
industrie a ses caractéristiques particulières. Pour cette raison,
Revenu Canada ne leur applique pas à toutes les mêmes solutions.
Le gouvernement travaille aussi avec chacune des industries
individuellement pour trouver des solutions possibles.
8686
(1815)
Ces partenariats ont eu, notamment, pour résultat l'annonce, par
le ministre des Finances, dans le budget de 1996, de la création d'un
nouveau système de déclaration des paiements contractuels pour
l'industrie de la construction, y compris celle de la construction de
maisons.
Des groupes industriels clés et divers groupes syndicaux
travaillent de concert avec Revenu Canada pour inciter les
entreprises en cause à déclarer volontairement tous les paiements
versés à des entrepreneurs et à des sous-traitants.
Pour le faible pourcentage de Canadiens qui s'estiment au-dessus
des lois, Revenu Canada a recours à un autre outil efficace, la
publication à grande échelle des cas de poursuites où il a eu gain de
cause.
Le fait d'attirer l'attention du public sur ces poursuites a eu un
important effet sur le nombre de renseignements sur une possible
fraude fiscale que reçoit le ministère. Depuis 1993, les fraudes ainsi
découvertes ont fortement augmenté et se chiffrent à plus de 28 000 $
par année.
Revenu Canada adopte une approche analytique pour identifier
les cas d'inobservation de la loi et prendre les mesures qui
s'imposent pour garantir que les ressources d'exécution des lois
soient utilisées avec efficacité et efficience. Le ministère se sert de
la technologie pour analyser les données et évaluer le risque
d'inobservation dans des secteurs particuliers. Des vérifications
sont faites dans ces secteurs.
[Français]
Nous avons fait beaucoup de chemin jusqu'ici, mais la route est
encore longue et il reste beaucoup à faire. Revenu Canada a élaboré
une stratégie à long terme de lutte contre l'économie souterraine,
une stratégie qui assure un juste équilibre entre les mesures
favorisant l'observation volontaire et les activités d'exécution.
Certains éléments sont essentiels pour que cette stratégie porte
fruit. Nous devons sensibiliser la population. Nous devons travailler
en partenariat avec l'industrie et les autres paliers de gouvernement.
Nous devons exercer des activités d'exécution efficaces.
[Traduction]
Nous devons veiller à ce que tous les Canadiens comprennent que
l'économie souterraine menace les services et les programmes
publics, qu'elle impose aux contribuables honnêtes un fardeau
injuste.
En guise de conclusion, je voudrais féliciter la députée de
Guelph-Wellington d'avoir saisi de nouveau la Chambre de cette
question et d'appuyer le gouvernement dans sa lutte contre
l'économie souterraine.
Mme Rose-Marie Ur (Lambton-Middlesex, Lib.): Madame
la Présidente, je suis très heureuse de participer aujourd'hui au
débat sur la motion no 243, parrainée par mon ami, le consciencieux
député de Guelph-Wellington. Cette motion demande au
gouvernement d'élaborer un plan d'action pour contrer l'économie
souterraine au Canada.
L'économie souterraine et l'évasion fiscale font perdre des
revenus considérables aux gouvernements fédéral et provinciaux. Il
est impossible de donner une valeur précise à l'économie
souterraine.
Les estimations les plus crédibles la situent 10 et 20 p. 100 du
PIB. La valeur des activités économiques illégales serait donc
supérieure à celle de toute l'économie de l'Alberta, soit entre 75
milliards et 150 milliards de dollars.
Les taxes et les impôts représentant près de la moitié de
l'économie déclarée du Canada, l'économie souterraine nous ferait
donc perdre entre 35 milliards et 75 milliards de dollars de recettes
fiscales chaque année. Ce phénomène représente également une
menace sérieuse pour le régime fiscal canadien, qui est fondé sur
l'auto-évaluation et l'observation volontaire. Il ne s'agit donc pas
d'un crime sans victime.
Selon Revenu Canada, la récession, la fiscalité lourde,
l'impression que le gouvernement dilapide l'argent des
contribuables, le sentiment d'injustice, la lourdeur de la
réglementation, en particulier dans le cas des petites entreprises,
l'impression que le risque de se faire prendre est peu élevé, la
conviction que l'observation de la loi coûte cher et que les revenus
réels diminuent expliqueraient en partie le phénomène de
l'économie souterraine.
Trop de Canadiens continuent de considérer les raisons que je
viens d'énoncer comme des motifs valables de poursuivre l'activité
économique souterraine, mais ce phénomène n'en a pas moins des
conséquences pour l'économie nationale et pour le mode de vie des
Canadiens.
Les pertes de revenus énormes que nous subissons ont des effets
considérables sur le système et sur les programmes que nous tenons
pour acquis. L'économie souterraine menace les programmes et
services essentiels. Elle impose un fardeau trop lourd aux
Canadiens honnêtes et engendre une concurrence déloyale. Elle
crée également un accès injuste aux crédits d'impôt et à d'autres
programmes sociaux, et nous nous retrouvons avec un déficit plus
élevé et une dette encore plus lourde.
En novembre 1993, Revenu Canada est arrivé à la conclusion que
le problème de l'économie souterraine était tellement grave qu'il
fallait trouver des solutions différentes de celles qui ont été
employées traditionnellement.
(1820)
Lorsqu'il a lancé son initiative en vue de combattre l'économie
souterraine, le ministère a décidé de concentrer ses efforts sur les
trois stratégies suivantes: inciter, au moyen de la sensibilisation,
l'économie souterraine à rejoindre les rangs de l'économie
légitime; encourager l'observation volontaire de la loi; prendre des
mesures exécutoires responsables.
Dans le cadre de cette stratégie, le ministère a procédé à une
évaluation du risque afin de cibler ses mesures exécutoires sur les
secteurs où la loi n'est pas observée et sur les activités posant un
risque élevé.
8687
Le ministère a aussi conclu des accords de coopération avec
toutes les provinces pour échanger des renseignements, partager des
stratégies de vérification et coordonner les activités de vérification
et les mesures exécutoires.
Dans le cadre de ses efforts en vue de réhabiliter certains secteurs
identifiés comme susceptibles de ne pas observer la loi, Revenu
Canada a consulté plus de 240 groupes industriels et professionnels
pour demander la participation des personnes préoccupées par
l'activité économique souterraine.
Si aucune mesure en soi ne peut réduire nettement la taille de
l'économie souterraine au Canada, une série de mesures prises pour
accompagner l'initiative de Revenu Canada peut s'avérer plus
efficace.
Par exemple, je pense que nous devons essayer d'établir un
rapport plus étroit entre les impôts et les taxes et les avantages réels
pour les contribuables, qui sont plus susceptibles d'observer la loi
s'ils voient l'avantage direct de la taxe ou de l'impôt.
De nombreuses preuves indiquent que l'observation de la loi,
notamment en ce qui concerne le secteur des petites entreprises, doit
être le plus simple possible. C'est une question importante en ce qui
concerne la TPS et qui découle en partie de la nature de l'assiette de
cette taxe, qui exclut certains produits et en inclut d'autres.
Cette question est encore plus importante dans les provinces où
l'assiette de la TVP est encore différente de celle de la TPS. Le
protocole d'entente du 23 avril 1996 sur l'harmonisation des taxes
du gouvernement fédéral et de celles du Nouveau-Brunswick, de la
Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve montre qu'on peut faire des
progrès réels dans ce domaine, mais nous avons encore beaucoup de
travail à faire avant de pouvoir nous vanter d'avoir une taxe
réellement harmonisée d'un océan à l'autre, au Canada.
On a d'assez bonnes preuves que l'économie parallèle a pris
passablement d'importance, au Canada, dans l'absolu et par rapport
à l'ensemble de l'activité économique. En pensant à cela, on a de
bonnes raisons de consacrer plus de ressources à tâcher de mieux
comprendre le rôle que joue l'économie parallèle dans notre pays et
les facteurs qui contribuent à sa croissance.
Je crois qu'il est indispensable de ne pas dépenser toute notre
énergie à lutter contre les symptômes de ce très grave problème.
Pour réussir à contrer le problème, nous devons faire preuve de
créativité en cherchant à éliminer directement ses causes profondes.
La présidente suppléante (Mme Ringuette-Maltais): Comme
aucun autre député ne souhaite prendre la parole et que cette motion
n'a pas été choisie pour faire l'objet d'un vote, l'heure prévue pour
l'étude des initiatives parlementaires est maintenant écoulée et
l'article est rayé du Feuilleton.
La Chambre consent-elle à l'unanimité à déclarer qu'il est18 h 30?
Des voix: D'accord.
8687
MOTION D'AJOURNEMENT
[
Traduction]
L'ajournement de la Chambre est proposé d'office en conformité
de l'article 38 du Règlement.
M. Derek Wells (South Shore, Lib.): Madame la Présidente, je
suis heureux d'avoir l'occasion de prendre de nouveau la parole en
cette enceinte pour soulever la question du recouvrement des coûts
et de ses conséquences pour les industries de la pêche, de la
transformation du poisson et de l'aquaculture en Nouvelle-Écosse.
Je ne perds jamais une occasion d'attirer l'attention sur le rôle
vital que joue la pêche dans l'économie de la région et plus
particulièrement de ma circonscription, South Shore. Dans le comté
de Shelburne, par exemple, la pêche emploie directement ou
indirectement 80 p. 100 de la main d'oeuvre active.
Je rencontre régulièrement les dirigeants de l'industrie de la
pêche et leurs organisations. Depuis près de deux ans, le
recouvrement des coûts est un souci constant. Nous avons déployé
des efforts énormes pour faire la preuve des effets de l'imposition
de frais nouveaux ou de la hausse des frais existants perçus par
certains ministères et organismes gouvernementaux pour les
services qu'ils rendent à ces industries. Nous avons repéré 14
catégories de frais qui ont une incidence directe sur le bilan des
entreprises de pêche.
J'ai fait faire une étude des impacts cumulatifs afin d'analyser
l'incidence générale et les effets combinés de ces frais.
(1825)
Nous avons une bonne idée de l'impact du recouvrement des
coûts au niveau de l'entreprise, mais nous manquons de
renseignements sur les impacts cumulatifs ou combinés des frais au
niveau de la localité ou de la région.
Le mois dernier, le Comité permanent des pêches et des océans a
entendu le témoignage de pêcheurs et de transformateurs de poisson
sur le recouvrement des coûts. Des représentants du Conseil du
Trésor ont assisté à ces audiences et nous savons qu'ils en sont
repartis avec un message très clair pour le ministre: si le
recouvrement des coûts se poursuit, sans que soit imposé un plafond
ou des limites, les conséquences seront catastrophiques pour la
compétitivité des entreprises et pour l'économie de tout le Canada
atlantique.
Je suis confiant que le comité des pêches recommandera, comme
je l'ai fait, que l'on procède à une étude détaillée de l'effet
cumulatif du recouvrement des frais sur le secteur de la pêche et que
l'on n'impose ni nouveaux frais ni hausse des frais existants.
J'espère aussi que l'on envisagera sérieusement la réduction de
ces frais dans les cas où l'on aura démontré qu'ils représentent une
charge excessive pour l'entreprise ou la collectivité.
Je recommande la lecture du document déposé à la Chambre le 20
février 1997 qui est intitulé: «Repenser le rôle de l'État: Un
gouvernement pour les Canadiens». Ce document dit clairement
que ceux
8688
qui paient pour des services doivent avoir leur mot à dire dans la
conception et la fourniture de ces services.
À ce jour, il y a déjà eu des séances d'information et des
consultations entre le ministère des Pêches et Océans et ses
principaux clients, mais il n'y a pas encore eu d'occasions de
travailler ensemble à des décisions concernant les services
essentiels et l'application des programmes.
«Repenser le rôle de l'État» parle également d'un processus
d'arbitrage pour les cas où les clients pensent que l'organisme en
charge n'a pas respecté le mandat lui enjoignant de travailler en
collaboration avec les intéressés. Il est de plus en plus clair qu'il
faudra, de façon urgente, un arbitrage entre l'industrie de la pêche et
le gouvernement fédéral.
J'espère et je souhaite que les nouvelles lignes directrices
qu'annoncera le président du Conseil du Trésor reconnaîtront les
craintes que j'exprime depuis plusieurs mois: le ministère doit avoir
avec l'industrie des consultations qui ne soient pas de pure forme;
on doit adopter le principe selon lequel les utilisateurs des services
doivent avoir leur mot à dire; il doit exister un processus permettant
à l'industrie d'en appeler de tout nouveau frais; et il faut exiger des
ministères qu'ils divulguent leurs propres coûts à ceux qui doivent
payer des frais.
Le gouvernement doit prendre cet engagement. Il doit nous
fournir des lignes directrices. Il doit nous assurer que celles-ci
seront suivies et que ce que l'industrie a enduré au cours des deux
dernières années ne se répétera pas.
Au nom de mes électeurs de South Shore et de leurs collègues de
toute la Nouvelle-Écosse et du Canada, je demande aujourd'hui au
président du Conseil du Trésor de me dire: «Oui, nous
reconnaissons le problème du recouvrement des frais et nous
admettons que des mesures doivent être prises pour assurer la
viabilité à long terme de l'industrie de la pêche au Canada.»
M. Barry Campbell (secrétaire parlementaire du ministre des
Finances, Lib.): Madame la Présidente, le Conseil du Trésor est
chargé d'élaborer l'ensemble de la politique et de donner des
directives générales aux ministères au sujet de sa mise en oeuvre. Il
doit donc être sensible aux effets cumulatifs qu'auront les droits sur
ses clients.
Nous estimons que l'évaluation des effets cumulatifs est très
importante en ce qui a trait à l'adoption ou à la modification des
droits d'utilisation. Les fonctionnaires du secrétariat du Conseil du
Trésor réunissent un conseil consultatif composé d'entreprises et de
groupes de consommateurs pour qu'ils les aident à rédiger une
version révisée des lignes directrices sur la politique de
recouvrement des coûts. Nous considérons que l'élaboration de
cette politique constitue un premier pas important pour veiller à ce
que tous les ministères et les organismes visent les mêmes objectifs
lorsqu'ils adoptent ou modifient des droits.
L'examen des programmes a changé la façon dont le
gouvernement dirige l'État. Beaucoup d'activités ont été
entièrement réorganisées pour que les Canadiens en aient pour leur
argent. Le gouvernement ne peut plus continuer d'utiliser les rares
recettes fiscales pour financer des programmes qui offrent à certains
clients des avantages qui dépassent ceux qui sont offerts à
l'ensemble des contribuables.
Dans nos efforts pour mieux cibler les dépenses de l'État, nous
accordons une plus grande attention à ceux qui bénéficient des
activités gouvernementales. Malheureusement, transférer les coûts
à ceux qui bénéficient de ces activités nécessitera forcément
l'adoption ou l'augmentation des droits, qui semblent considérables
lorsqu'on les examine hors contexte. Nous savons tous que
personne ne s'oppose à payer sa juste part, mais ceux qui sont
touchés par ces modifications veulent avoir voix au chapitre et
méritent d'être entendus. Les ministères et les organismes doivent
offrir aux clients l'occasion d'exprimer leur opinion sur la façon
dont les services pour lesquels ils doivent payer peuvent être
améliorés.
Cependant, ce processus n'est pas à sens unique. Les ministères
et les organismes doivent tenir compte de leurs objectifs
primordiaux en matière de politique lorsqu'ils examinent les
propositions de modification. Le Conseil du Trésor n'imposera pas
de plafond sur les droits. Cependant, il veut s'assurer que les
ministères évaluent attentivement les effets de ces droits sur les
clients avant leur mise en oeuvre. Les ministres des ministères
axiaux sont chargés de recouvrer les coûts des programmes dont ils
sont responsables et d'évaluer les effets financiers qu'ont des
initiatives précises.
(1830)
Je ne saurais trop insister sur le rôle que les clients auront à jouer
dans ce processus. Les effets précis qu'auront les droits d'utilisation
varieront grandement d'un client à l'autre, suivant son cas. Par
conséquent, un dialogue ouvert entre les clients et les ministères est
crucial pour comprendre et résoudre les situations injustes qui
risquent de se produire.
[Français]
M. Ronald J. Duhamel (Saint-Boniface, Lib.): Madame la
Présidente, ma question du 11 février dernier était la suivante, et je
la répète:
Que fera la ministre du Patrimoine pour contrecarrer certaines compressions
budgétaires, telles que celles imposées à Radio-Canada, et plus spécifiquement au
bulletin de nouvelles Ce soir? Peut-elle nous éclairer à cet égard?
La ministre a répondu ce qui suit, et je cite:
[. . .] Radio-Canada a décidé de revoir sa décision de fermer la programmation du
Ce soir. Et en effet, la programmation en Saskatchewan et en Alberta restera.
J'espère que le fait que le gouvernement a été capable de
convaincre, ou peut-être la Société Radio-Canada, sera un principe
qui pourra être établi. C'est-à-dire lorsqu'il y a une décision de prise
par un organisme, il est toujours possible de retourner, revoir,
reprendre une décision, si nécessaire.
Cette question, ce principe que je viens de soulever est important,
car cette décision que j'ai notée à des implications globales en ce
qui a trait aux services que reçoivent les minorités francophones
hors Québec, surtout dans l'Ouest canadien. Malgré la protection
qu'on leur accorde, les communautés doivent toujours se battre
8689
pour leurs droits élémentaires, et dans ce cas, l'accès aux
informations en français. C'est injuste.
Je suis très heureux que la Société Radio-Canada ait décidé de
garder le Ce soir pour les francophones de l'Ouest. Cependant, il
serait nécessaire que le gouvernement et Radio-Canada
comprennent leur rôle respectif primordial dans l'unité du pays. La
Société Radio-Canada est essentielle à la survie du français comme
langue vivante, parlée, écrite dans l'Ouest et donc, elle doit faire
tout pour assurer une production locale et l'accès à cette
information à tous les francophones du pays.
Est-ce que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour
s'assurer que la Société Radio-Canada puisse continuer à offrir des
productions de qualité en français? Je crois que la réponse est oui. Je
dirais même bien sûr. J'ajoute aussi que je crois que le
gouvernement doit fournir les appuis financiers nécessaires à ses
minorités, que ce soit pour la télévision, la radio, l'éducation, tout
ce dont elles ont besoin pour améliorer leur état actuel.
Je ne veux plus que le gouvernement aille chercher de l'argent
dans nos institutions de langue française, celles qui nous donnent
une infrastructure qui nous permet de vivre en français et de nous
épanouir. Le gouvernement a le devoir d'assurer que les moyens
sont en place pour que nos communautés puissent, non seulement
vivre en français, mais améliorer leurs conditions, leur qualité de
vie. C'est ce que j'exige du gouvernement ce soir.
M. Barry Campbell (secrétaire parlementaire du ministre des
Finances, Lib.): Madame la Présidente, comme l'a déjà déclaré la
ministre du Patrimoine canadien, Radio-Canada prend toutes les
décisions concernant sa programmation et ses opérations
quotidiennes. Cela comprend les décisions concernant les
émissions de télévision en français.
Je me réjouis, toutefois, de fournir à l'honorable député des
précisions sur les mesures que Radio-Canada a annoncées le 30
janvier pour la radio et la télévision françaises. Ces mesures
amélioreront les services offerts par Radio-Canada aux
communautés francophones hors Québec.
Le communiqué de Radio-Canada stipule ceci:
Le bulletin de nouvelles en français d'une demi-heure, diffusé à l'heure du dîner,
Ce soir, sera maintenu dans les quatre provinces de l'Ouest et prendra une nouvelle
forme dès ce printemps.
En ce qui concerne les autres productions des stations de l'Ouest, le service
demeurera sensiblement le même et les équipes régionales continueront de produire
des reportages et des émissions d'information pour diffusion aux réseaux de
Radio-Canada et au RDI.
La radio française fournira un soutien financier supplémentaire, sous la forme de
500 000 $, aux stations les plus touchées de Regina, d'Edmonton, de Vancouver et
de Windsor, afin d'optimiser les émissions régionales et locales.
Sauf à Vancouver, il y aura au moins 36 heures par semaine d'émissions de radio
en français; les émissions régionales diffusées à la radio nationale seront maintenues
et, dans certains cas, augmentées.
En Acadie, des ententes spéciales permettront à la station de Moncton de conserver
des infrastructures pour la protection d'émissions régionales et réseau. Ces
infrastructures pourront aussi être mises à la disposition des producteurs indépendants.
(1835)
Radio-Canada est présente depuis longtemps en région et fait
partie intégrante des collectivités qu'elle dessert. Ces mesures
témoignent de la volonté du radiodiffuseur public d'offrir des
émissions régionales et, particulièrement, de répondre aux besoins
des communautés francophones minoritaires hors Québec.
Le 11 février, la ministre du Patrimoine canadien a annoncé
l'octroi de 10 millions de dollars supplémentaires en financement
annuel aux services de la radio française et anglaise de
Radio-Canada dès avril et un financement pluriannuel stable.
[Traduction]
Mme Rose-Marie Ur (Lambton-Middlesex, Lib.): Madame
la Présidente, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire,
l'ARLA de Santé Canada, a publié dans le numéro du 11 janvier de
la
Gazette du Canada, Partie I, ses propositions quant au
recouvrement des coûts, qui font partie de l'examen du système
d'homologation des pesticides présentement en cours au Canada.
Depuis lors, j'ai reçu au moins 50 réponses aux propositions de
l'ARLA de la part d'agriculteurs et d'organisations agricoles.
Aucune d'entre elles n'est favorable aux propositions.
Le 21 février, j'ai demandé au secrétaire parlementaire du
ministre de la Santé si ce dernier était prêt à examiner encore une
fois les nombreuses doléances des agriculteurs et de leurs
organisations et à apporter d'autres changements au processus de
recouvrement des coûts et aux propositions de l'agence.
La principale doléance portée à mon attention, c'est que l'ARLA
ne tient pas compte de l'effet cumulatif de ses propositions sur les
producteurs.
Il faudra que tous les participants instaurent un climat positif et
soient prêts à collaborer, à réviser et à améliorer les propositions
avant que l'on puisse faire des progrès dans le dossier de
l'efficience de l'ARLA. Peu importe les suggestions des
organisations agricoles, il faudra comprendre qu'elles donnent leur
avis dans le but d'améliorer la situation.
Depuis des années, les organisations agricoles du Canada disent à
l'ARLA qu'elle a surestimé le nombre d'homologations de
produits. Cela signifie que le budget global est encore trop élevé.
Les prévisions budgétaires quinquennales de l'ARLA ne reflètent
pas tous les gains en efficience possibles, notamment
l'harmonisation internationale et l'innovation technologique.
Autrement dit, le budget proposé par l'ARLA est contraire aux
politiques du gouvernement fédéral, comme l'examen des
programmes, qui recommandent de faire plus avec moins.
8690
Étant donné que le Canada n'est généralement pas considéré
comme le principal marché pour les produits antiparasitaires,
l'ARLA aurait pu réduire considérablement ses frais et abréger les
périodes nécessaires pour l'approbation de produits en faisant un
meilleur usage des données obtenues à cet égard dans d'autres pays.
Malgré les demandes maintes fois exprimées par les organismes
agricoles de l'ensemble du pays, l'ARLA a préféré n'en rien faire.
Santé Canada a eu beau réduire de 40 p. 100 le tarif des droits
exigés, l'objectif actuellement en vigueur en matière de
recouvrement des frais, qui se chiffre à 12,3 millions de dollars, met
en péril la compétitivité au niveau international des fabricants et des
utilisateurs de produits antiparataires canadiens, grosso modo, nos
agriculteurs. C'est que les droits proposés sont encore insuffisants
compte tenu de l'ampleur des coûts et de la taille relativement petite
du marché canadien. Les agriculteurs et les organismes agricoles
canadiens prévoient que ces droits sont de nature à entraîner
d'importants retraits de produits et à réduire la capacité des
agriculteurs canadiens de rivaliser avec leurs concurrents du monde
entier.
Il suffit de comparer l'objectif de l'ARLA en matière de
recouvrement des coûts avec d'autres programmes de Santé Canada
pour se rendre compte que la barre est encore placée trop haut.
Ainsi, le recouvrement des coûts à la Direction des médicaments
représente 28 p. 100 de son budget total, comparativement à
seulement 14 p. 100 dans le cas du programme des instruments
médicaux. En revanche, l'ARLA demande à l'industrie de financer
45 p. 100 de son budget total. Voilà de quoi mettre en péril la
compétitivité des agriculteurs canadiens à l'échelle mondiale.
L'ARLA prévoit demander à l'industrie 2 690 $ par an pour
qu'elle conserve un dossier de tous les produits enregistrés. À
l'heure où nous nous parlons, on ignore encore les services que
l'industrie obtiendra en retour.
J'ai vu des études témoignant d'une forte sensibilité des prix sur
ce plan, particulièrement dans le cas des antiparasitaires à faible
volume de consommation qui sont destinés, comme on dit
communément, à des marchés à créneaux.
D'après ces études, les frais de maintien proposés entraîneraient
un taux de retrait de 71 p. 100 pour ce qui est des produits dont les
ventes sont de moins de 5 000 $. Ce sera un dur coup pour les
marchés à créneaux dont je viens de parler.
On m'a aussi signalé que l'ARLA n'a pas établi de critères de
rendement pour d'autres propositions concernant, par exemple,
l'utilisation d'un nouveau pesticide ou les modifications à la
formulation d'un produit. Cela va à l'encontre de la politique du
Conseil du Trésor, qui exige que des mesures du rendement soient
établies et acceptées par les groupes intéressés. L'ARLA ne se
comporte pas comme d'autres agences internationales qui ont à
coeur d'améliorer constamment leur rendement.
L'ARLA doit s'engager à élaborer et à toujours respecter des
critères de rendement concurrentiels par rapport à ceux des
meilleurs dans le monde.
Je conclue en faisant une autre observation. À moins que des
changements ne soient apportés à la proposition de l'ARLA, il
s'ensuivra d'énormes conséquences pour les milieux agricoles
canadiens sur les marchés mondiaux. Le moment est venu que
l'agence agisse dans l'intérêt des agriculteurs et des consommateurs
canadiens.
M. Joseph Volpe (secrétaire parlementaire du ministre de la
Santé, Lib.): Madame la Présidente, je suis très heureux
d'intervenir sur cette question. Je sais que la députée se réjouira de
m'entendre répéter certaines prises de position.
La députée de Lambton-Middlesex a un problème avec
l'ARLA. Comme je l'ai dit en réponse à sa question le 21 février, le
ministre de la Santé a examiné les diverses propositions des groupes
s'intéressant à cette question.
La députée sera sans doute heureuse d'apprendre que, le27 février, soit six jours seulement après que j'eus répondu à sa
question, le ministre de la Santé a écrit au président de la Fédération
canadienne de l'agriculture. Dans cette lettre, il a abordé un certain
nombre de questions. Je me ferai un plaisir de déposer une copie de
cette lettre pour que la députée et la Chambre puissent la consulter.
La députée constatera que l'ARLA réalisera, de concert avec la
Fédération canadienne de l'agriculture, une étude d'impact de
l'après-mise en oeuvre. Cette étude comprendra un suivi des prix et
des retraits de produits ainsi qu'une évaluation des effets des deux
facteurs sur la compétitivité.
L'ARLA a participé activement au programme de l'OCDE sur les
pesticides, qui vise à harmoniser à l'échelle mondiale les protocoles
d'essai et la collecte des données afin de réduire les coûts pour
l'industrie.
Le ministre a également indiqué dans sa lettre que l'ARLA
n'avait pas l'intention de réévaluer tous les produits tous les trois à
cinq ans, surtout pas les produits sur lesquels les données sont
suffisantes pour en établir l'innocuité et l'efficacité. L'objectif de la
réévaluation est de moderniser les vieilles bases de données, de
cerner les risques pour la santé des humains et l'environnement et
d'assurer l'efficacité continue des produits. Je suis convaincu que la
députée appuie ces objectifs.
Il convient également de souligner que l'ARLA a apporté des
améliorations majeures au processus d'examen des nouvelles
demandes, à telle enseigne qu'elle prévoit une réduction de 40 p.
100 du coût d'examen des demandes d'homologation de nouveaux
produits au cours des six prochaines années. Les grilles des tarifs
proposées tiennent d'ailleurs compte de ces projections.
D'autres sujets sont abordés dans cette lettre. La députée de
Lambton-Middlesex a soulevé la question avec énergie, insistance
et constance. Les autres députés qui, comme elle, s'intéressent à la
question devraient en prendre connaissance. Je crois qu'elle
calmera leurs préoccupations.
8691
[Français]
La présidente suppléante (Mme Ringuette-Maltais): La
motion portant que la Chambre s'ajourne est maintenant réputée
adoptée. La Chambre demeure donc ajournée jusqu'à demain, à10 heures, conformément à l'article 24(1) du Règlement.
(La séance est levée à 18 h 43.)