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Ensemble « Syncope » composé d'étudiants en médecine de l'Université de l'Alberta: N. Graham, A. Khan, J. Chiu et D. Leung. (ExpressNews, R. Smith)
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Les Arts et santé : L'intégration des arts aux programmes d'études en santé
Table des matières
Introduction
Exemples d'intégration des arts dans l'enseignement des sciences de la santé
Difficultés et possibilités
Conclusion
Remerciements
Cet article est l’oeuvre de Pamela Brett–MacLean, PhD(C), vice-directrice du programme d’Arts et sciences sociales de la Faculté de médecine et de dentisterie de l’Université de l’Alberta.
L’article a été présenté par Pamela Brett–MacLean, PhD(C), vice-directrice du programme d’Arts et sciences sociales de la Faculté de médecine et de dentisterie de l’Université de l’Alberta, lors d’une conférence sur les arts et la santé le 1er mars 2007, dans le cadre de la série des conférenciers « En perspective » de l’Observatoire culturel canadien.
Susan Pointe, conseillère artistique pour les Amis des hôpitaux de l’Université de l’Alberta, a présenté un article sur les artistes en milieu hospitalier aux hôpitaux d’Alberta, à la même conférence.
Un merci tout spécial à Professeure Kate Collie, Professeur Jim Connor, Professeur Marcel D’Eon, Professeur Ross Gray, Dr Jeff Nisker, Susan Pointe, Dr Ronald Stewart, Dre Verna Yiu et Dre Catherine Younger–Lewis pour leurs commentaires sur l’ébauche de cet article.
Nous remercions le Groupe de recherche sur les politiques de la Direction générale de la politique, planification et recherche stratégiques du ministère du Patrimoine canadien dont l'appui financier a rendu possible cet événement.
Les opinions exprimées dans le présent document sont celles de l’auteure et ne reflètent pas nécessairement celles du ministère du Patrimoine canadien ou du gouvernement du Canada.
Introduction
« L'inclusion des sciences humaines à la formation de base des professionnels de la santé joue un rôle clé dans leur orientation future tant comme praticiens compatissants que comme personnes réfléchies. » [traduction libre]
– Friedman, 1992, p. 320
« Les arts et la façon de voir la vie selon les arts, en les utilisant pour enseigner ou faire de la science, sont vitaux et s'inscrivent donc dans la grande révolution en cours. » [traduction libre]
– Jonas Salk
L'intérêt envers les sciences médicohumaines a suscité une nouvelle appréciation du rôle des arts dans l'enseignement des sciences de la santé.
Les sciences médicohumaines (nommées medical humanities en anglais - faute de mieux selon Campo, 2005 et Kidd et Conner, sous presse), offrent une nouvelle orientation de l'enseignement des sciences de la santé qui favorise la compréhension, la compassion et l'empathie en intégrant des sciences humaines (histoire, éthique, droit et philosophie), des sciences sociales (anthropologie, psychologie, sociologie) et des arts (littérature, beaux-arts, musique, théâtre) . Les sciences médicohumaines ont été décrites en relation avec plusieurs sciences de la santé dont la médecine (Cassel 1984; Murray 1998); les soins infirmiers (Corri 2003; Darbyshire, 1994); l'ergothérapie (Péloquin, 1996); et la physiothérapie (Thow et Murray, 1991).
Dans cet article, je donnerai le contexte historique des sciences médicohumaines et des exemples de l'utilisation de l'art dans l'enseignement des sciences de la santé. J'aborderai également les difficultés et les possibilités de cette nouvelle discipline au Canada.
Malgré les liens étroits entre les arts, les sciences humaines et la médecine, l'enseignement des sciences de la santé place l'accent sur le côté scientifique et technique. On attribue cette orientation au rapport publié par Flexner en 1910 qui plaçait l'accent sur la recherche et les sciences biologiques dans l'enseignement des sciences de la santé ainsi qu'aux progrès des sciences et des techniques au XXe siècle.
Au cours des dernières décennies, plusieurs ont demandé que l'on adopte une démarche plus large et plus équilibrée dans l'enseignement des sciences de la santé.
En 1985, Bruce Squires, rédacteur en chef adjoint du Journal de l'Association médicale canadienne, proposait l'enseignement des arts ainsi que des sciences humaines, naturelles et sociales en portions équilibrées (p. 1000). En 1995, Myra Levine proposa qu'on fasse une plus grande place aux arts et aux sciences humaines dans l'enseignement des sciences infirmières. De nombreux comités et groupes de travail ont également fait des énoncés ou publié des rapports proposant de soutenir le développement des qualités humaines des professionnels de la santé.
En réaction à ces suggestions, les universités proposent des conférences et des cours sur l'éthique, l'histoire de la médecine, le droit et d'autres volets des sciences sociales ou comportementales de la médecine. De plus, les étudiants peuvent enrichir le programme d'études plus scientifiques et techniques par des cours optionnels et des activités offertes par des clubs.
Graduellement, les premiers programmes de sciences médicohumaines ont été mis en œuvre. En 1967, le premier programme de sciences médicohumaines a vu le jour aux États-Unis à la faculté de médecine de l'Université de Pennsylvanie (Hawkins, Ballard et Hufford, 1993). Au Canada, le premier programme de ce genre fut mis en place à l'Université Dalhousie en 1992 (Murray, 2003). On trouve maintenant de tels programmes à l'Université du Manitoba (Magwood, Casiro et Hennen, 2003); à l'Université Memorial de Terre-Neuve (Pullman, Bethune et Duke, 2003); et à l'Université de l'Alberta (Brett-MacLean et Yiu, 2006). Enfin, la faculté Schulich de médecine et de dentisterie de l'Université Western Ontario place l'accent depuis longtemps sur les arts et les sciences humaines tant dans le programme d'études obligatoires que dans les activités parascolaires (Nisker, 2007).
On dit souvent de la médecine qu'elle est un art et on a souvent décrit ses aspects esthétiques. Bleakley, Marshall et Brömer (2006) soutiennent cette thèse :
« Les sciences médicales appliquées sont certainement déjà esthétiques – elles ne sont intrinsèquement ni ennuyantes, ni ennuyeuses (c'est-à-dire inesthétiques) car elles suscitent toujours l'émerveillement en raison de l'application experte de connaissances et de la complexité du corps humain. On doit faire des efforts pour réduire la beauté intrinsèque de la médecine; toutefois, le savoir est souvent transmis sans émotion ou imagination. » [traduction libre], p. 200.
En consignant et en interprétant les maladies, les soins et l'expérience des soins, les arts reflètent le caractère particulier des soins de la santé et des relations afférentes (Scott, 2000). Ce faisant, les arts reconnaissent en la médecine une démarche profondément humaine et favorisent une approche éclairée de l'apprentissage.
Bien qu'aucun examen systématique des activités artistiques dans les facultés de médecine canadiennes n'ait été fait, un examen des programmes de sciences humaines dans les facultés de médecine révèle que les étudiants en médecine ont accès à une foule de cours ou d'activités (Kidd et Connor, sous presse).
Une étude réalisée récemment aux États-Unis montre que les programmes d'études de plus de la moitié des facultés de médecine intègrent des éléments artistiques (Rodenhauser, Strickland et Gambala, 2004). Les chercheurs ont constaté que les activités artistiques visaient à rehausser le bien-être des étudiants, l'enseignement et l'apprentissage ainsi que les compétences cliniques et les relations interpersonnelles, dont les capacités d'observation et de diagnostic, la réflexion et la perspicacité.
Exemples d'intégration des arts dans l'enseignement des sciences de la santé
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