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Ha Nguyen
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Pour protéger un papillon, doit-on le tuer?
Table des matières
Introduction
L'Initiative des endroits historiques dans un contexte rural
L’Initiative patrimoniale du canal Rideau
La protection des papillons: démarche et méthode
Participation communautaire
Détermination des capacités communautaires
Du cocon à l'envol: Transformations et défis
Transformations
Quatre modèles municipaux de conservation du patrimoine
Défis
Bien comprendre L'Initiative des endroits historiques
Scepticisme envers les advantages de la désignation de lieu historique
Les comités municipaux du patrimoine: des éléments essentiels au développement des compétences
Le lien entre le patrimoine et le développement économique, une arme à double tranchant
Conclusion
Toutes les ressources
Défis
Bien comprendre l'Initiative des endroits historiques
Les membres des collectivités rurales étaient souvent sceptiques envers l'Initiative des endroits historiques. Ils remettaient en question l'utilité du programme ainsi que les avantages concrets d'inscrire une propriété au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux. L'utilisation du Répertoire comme outil d'établissement de normes nationales de conservation du patrimoine présentait peu d'intérêt pour ces gens. Certains se souvenaient de l'Inventaire des bâtiments historiques du Canada des années 1960 et 1970 et se demandaient si l'Initiative n'était qu'une répétition inutile. Toutefois, la présentation des avantages locaux de l'Initiative des endroits historiques et du Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, tels qu'articulés ci dessous, s'est révélée efficace pour convaincre les résidants de leur efficacité :
• Le Répertoire canadien des lieux patrimoniaux permet de mettre en valeur le patrimoine, les valeurs, les récits et lieux qui sont souvent négligés au sein des sites historiques nationaux puisque ce niveau de désignation a pour objet de mettre en valeur les sites d’importance nationale et non locale;
• Le Registre peut servir d'outil de commémoration local puisque la rédaction des énoncés d'importance tend à souligner ce qui est important pour une collectivité;
• L'Initiative des endroits historiques peut encourager les personnes intéressées au patrimoine local à participer aux processus de planification;
• L'Initiative peut aider à gérer les pressions de l'industrie touristique qui augmenteront certainement au cours des prochaines années le long du canal Rideau.
Scepticisme envers les avantages de la désignation de lieu historique
Une des principales difficultés rencontrées au cours du projet pilote est le scepticisme envers la conservation du patrimoine et plus particulièrement la désignation de lieux historiques au sein des collectivités rurales. En Ontario, seuls les lieux historiques reconnus par le gouvernement provincial peuvent être inscrits au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux. Conséquemment, une perception positive des incidences de la désignation est essentielle à la mise en œuvre réussie de l'Initiative des endroits historiques dans les collectivités rurales ontariennes.
La désignation officielle de lieu historique évoque des notions de limites, de maîtrise et de bureaucratie gouvernementales qui suscitent la résistance des gens qui n'y voient que l'imposition de règles arbitraires dans la gestion de propriétés privées assorties de faibles compensations ou incitatifs financiers, s’il en est. De nombreux résidants des collectivités rurales croient encore que la désignation de lieu historique entraîne une diminution de la valeur des propriétés immobilières, un mythe démenti par Robert Shipley et Donovan R. Rypkema.
La vaste majorité des propriétés examinées par l'équipe ont été désignées au début ou au milieu des années 1980 alors que le gouvernement de l'Ontario offrait des incitatifs financiers à cette fin. La diminution graduelle de ces incitatifs a entraîné une diminution correspondante du nombre de propriétés inscrites comme lieu historique, ce qui soulève un problème sérieux pour le développement du Répertoire canadien des lieux patrimoniaux dans les collectivités rurales ontariennes. En l'absence de mesures incitatives ou d'avantages financiers, les agriculteurs n'ont guère le temps, l'énergie ou les fonds pour conserver des bâtiments inutilisés comme des granges et autres dans leur état original. Toutefois, les perceptions négatives des résidants envers la désignation patrimoniale ne reflètent pas leur soutien indéfectible envers les terres et les édifices historiques et les moyens pris par les résidants du corridor du canal Rideau pour préserver et commémorer le passé. Bien que la désignation patrimoniale soit considérée comme une solution viable chez certains, elle n'est pas universellement reconnue ou comprise ainsi dans bien des collectivités rurales le long du canal Rideau.
Les comités municipaux du patrimoine : des éléments essentiels au développement des compétences
Dans les centres urbains, les membres de l'équipe ont pu travailler directement avec le personnel municipal pour inscrire des lieux au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux et mettre à jour les règlements municipaux. Toutefois, au sein des collectivités rurales, la responsabilité de la mise en œuvre de l'Initiative des endroits historiques n'était pas clairement établie et aucun gouvernement municipal ou de canton n'avait un employé responsable du patrimoine. Souvent, les employés de ces gouvernements municipaux ou régionaux étaient responsables de plusieurs dossiers dont celui du patrimoine.
L'équipe a constaté que l'établissement de comités municipaux du patrimoine était une étape cruciale à l'inscription de lieux au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux. En effet, les membres de ces comités peuvent jouer un rôle de premier plan dans la gestion des sites patrimoniaux et culturels. Le travail dans les collectivités rurales était grandement facilité par la présence d'un comité municipal du patrimoine. L'équipe n'a fait que très peu de progrès dans l'inscription de lieux au Répertoire dans les collectivités dépourvues de comités. Des dix collectivités visées par l’Initiative patrimoniale du canal Rideau, seules quatre avaient un comité municipal du patrimoine au début. Toutefois, à la fin du projet, deux cantons avaient établi des comités municipaux du patrimoine dans le but explicite d'encourager la désignation de lieux patrimoniaux municipaux. On ignore encore si les comités municipaux du patrimoine pourront mettre en œuvre l'Initiative des endroits historiques seuls.
Le lien entre le patrimoine et le développement économique, une arme à deux tranchants
Comme l'a fait remarquer Donovan Rypkema, adopter des stratégies de conservation du patrimoine en opposition au développement économique est contre productif et peut encourager une myopie de planification communautaire à long terme. Le problème n'est pas le changement en soi car celui ci est inévitable, mais plutôt la nature, la portée et le rythme du changement dans les collectivités rurales.
Un des avantages de l'Initiative des endroits historiques est qu'elle peut démontrer que la conservation du patrimoine dans les collectivités rurales n'est pas l'antithèse du développement économique. Les stratégies de développement économique servent à accroître la vitalité des collectivités. Toutefois, lorsque les objectifs des stratégies de conservation du patrimoine et de développement économique sont traités comme des objectifs mutuellement exclusifs, le résultat est souvent la création d'un environnement maussade, caractérisé par un lotissement commercial et une urbanisation débridés qui peuvent bouleverser complètement le caractère et le tissu même d'une collectivité. Un outil de conservation du patrimoine comme l'Initiative peut aider les collectivités rurales à gérer le changement. Elle leur permet de prendre du recul, de cerner, de comprendre et de protéger les caractéristiques uniques de leurs sites patrimoniaux. Munies de cette information, les collectivités rurales peuvent intégrer la conservation du patrimoine à leur développement économique et non seulement d’un point de vue touristique.
Toutefois, l'intégration de la conservation du patrimoine et du développement économique a ses limites, notamment lorsque le tourisme patrimonial est considéré comme la solution. En effet, on doit demeurer attentif à la dynamique des communautés locales et éviter la sur-simplification des infrastructures économiques, sociales et culturelles.
Dans un rapport publié récemment par la Fondation Héritage Canda, J. Friesen explique que le patrimoine au service du tourisme peut devenir trop étroitement lié au développement économique lorsque le message historique livré dans un projet ne vise que le marché externe, c'est à dire les visiteurs. Selon lui, dans de tels cas, à long terme, cette démarche nuit aux résidants et à leur compréhension du passé.
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