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L'économie avant les élections

Mise à jour le mercredi 15 octobre 2008 à 22 h 56

Jean Charest

Déclencher des élections n'est pas une priorité. La priorité, c'est l'économie, d'abord et avant tout. Tel est le message que Jean Charest a tenu à faire passer mercredi au cours d'un point presse.

« On n'a pas la tête, au lendemain d'une élection fédérale, à une autre priorité que [l'économie] », a déclaré le premier ministre du Québec avant d'écarter les questions portant sur la possibilité d'un scrutin dans la province.

M. Charest a toutefois rappelé que son gouvernement était minoritaire et que dans une telle situation, tout restait possible.

Au-delà de la partisanerie

Le premier ministre québécois a réagi en matinée à l'élection, mardi soir, d'un gouvernement conservateur minoritaire dirigé par Stephen Harper.

Tout en disant prendre acte des résultats du scrutin et en félicitant tous les candidats, le premier ministre Charest a appelé son homologue fédéral à respecter le choix des Québécois, même si une majorité de ceux-ci ont rejeté, mardi soir, l'option conservatrice.

Selon M. Charest, qui répondait à une question à savoir, si le Québec sortait affaibli du présent exercice, il importe, une fois élu, de transcender la partisanerie politique et de travailler pour l'ensemble des citoyens.

Stephen Harper décline l'invitation

Jean Charest a aussi rappelé que son rôle demeure encore de défendre les intérêts du Québec, mais qu'il était prêt à travailler de pair avec les conservateurs, surtout pour faire face à la crise financière.

M. Charest a invité à ce propos le premier ministre Harper à une réunion du Conseil de la fédération, lundi, à Montréal, pour discuter de la crise financière mondiale. Une invitation que Stephen Harper a déclinée mercredi.

Mario Dumont déçu

De son côté, le chef de l'opposition officielle à Québec, Mario Dumont, a félicité Stephen Harper et espéré que la collaboration se poursuivra entre les deux paliers de gouvernement pour faire progresser le Québec dans la voie de l'autonomie.

Mario Dumont

Il n'a toutefois pas caché sa déception des résultats. « J'aurais souhaité que cette élection - après les engagements des conservateurs en 2006, des résultats en terme de péréquation, de la reconnaissance de la nation québécoise, d'un siège à l'UNESCO - j'aurais espéré que ce soit l'occasion d'un renforcement, l'occasion d'amener de nouveaux visages québécois au conseil des ministres », a-t-il dit.

Il a vivement critiqué le comportement du premier ministre Charest durant la campagne électorale, un comportement qui aurait affaibli le Québec, selon lui. M. Dumont croit qu'en critiquant les conservateurs, en intervenant une quinzaine de fois durant la campagne, M. Charest a fait en sorte qu'il n'y ait pas davantage de conservateurs élus, limitant ainsi le nombre de Québécois au conseil des ministres. « En aidant le Bloc volontairement ou involontairement, Charest s'est trompé, car il a enlevé des Québécois au conseil des ministres », a-t-il déploré.

Il est même allé plus loin, en affirmant que « c'est Jean Charest qui a sauvé le Bloc québécois dans cette campagne ».

Attaqués par le Parti québécois et le Bloc québécois, les conservateurs ont aussi dû subir les foudres de Jean Charest, les plaçant au milieu d'un tir croisé, ce qui aurait profité au Bloc québécois et nuit au Parti conservateur.

Par ailleurs, M. Dumont ne croit pas qu'il devrait y avoir d'élections au Québec cet automne.

Je sens que les électeurs veulent une période de grâce.

— Mario Dumont

« Les gens veulent plus de stratégie économique que de stratégie électorale », dit-il. Au lendemain d'élections qui ont remis un gouvernement minoritaire au pouvoir, il croit que les gens se disent que les 300 millions de dollars qu'auront coûté les élections auraient été mieux placés dans un investissement.

Le PQ crie victoire

Du côté du Parti québécois, la chef Pauline Marois parle de victoire du Bloc et des souverainistes et dénonce l'intervention du premier ministre Charest durant la campagne.

Pauline Marois

« Je suis étonné d'avoir vu Jean Charest se réveiller pour défendre les intérêts du Québec à deux semaines de la fin de la campagne, alors que depuis cinq ans, il n'est pas capable de résoudre les problèmes majeurs auxquels nous sommes confrontés », a-t-elle dit.

Selon Mme Marois, les souverainistes « ont gagné la bataille », la bataille des valeurs du Québec, et M. Harper ne devrait pas oublier qu'il est toujours à la tête d'un gouvernement minoritaire, « dont le parti a été interpellé tout au long de la campagne par le Bloc québécois ».

Et ces valeurs défendues par le Bloc québécois durant la campagne font notamment référence au projet de loi sur les jeunes contrevenants, à la position du Québec sur l'environnement et, bien sûr, à la culture. Ce qui fait dire à Mme Marois, que l'élection de 50 bloquistes constitue une victoire pour la souveraineté.

« On en sort en quelque sorte renforcé parce qu'il est apparu clairement que les valeurs québécoises étaient mieux défendues par les mouvements souverainistes que par n'importe qul autre parti. [...] Ces valeurs ne sont pas incarnées par le gouvernement Harper », a déclaré la chef péquiste.

Enfin, Mme Marois ne croit pas que le déclenchement des élections fédérales ait été une bonne décision de Stephen Harper et elle ne croit pas non plus que le climat économique actuel soit propice au déclenchement d'élections au Québec.

« Ce que j'ai entendu de la population au cours des derniers jours, c'est que les gens sont davantage préoccupés par la situation économique, leur propre situation personnelle, leur REER, leur emploi, leur hypothèque. Au sortir du scrutin, je n'ai pas entendu la population souhaiter qu'il y ait une élection », a dit Mme Marois.

Par ailleurs, même si elle a critiqué le premier ministre Charest pour son intervention tardive dans la campagne, son parti devrait quand même faire front commun avec les bloquistes, mais aussi avec le parti libéral du Québec pour réclamer plus de pouvoirs d'Ottawa en matière de culture et de communication, ce qui constitue les priorités de son parti, a-t-elle dit.

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