New Delhi — Tout pointe non pas vers une grossière fraude électorale, mais vers une manipulation lourdement orchestrée de l'électorat au scrutin présidentiel qui a officiellement réélu hier le président sortant Mahinda Rajapaksa au Sri Lanka. Usage à outrance des ressources de l'État et des médias à des fins de propagande, intimidation flagrante de l'opposition... Cette première présidentielle de l'ère post-Tigres tamouls contenait, quoique faiblement, la promesse d'un tournant dans l'histoire de la fragile démocratie sri-lankaise; les perspectives sont plutôt maintenant qu'elle perpétuera, intacts, les réflexes très nationalistes de la majorité cinghalaise, sans véritable espoir d'ouverture politique et culturelle digne de ce nom, après 26 ans de guerre civile, pour la minorité tamoule. «C'est la situation la plus tragique que le pays ait connue, c'est le mépris le plus complet de l'État de droit», dit carrément l'avocat et militant des droits de la personne, Sunil Jayaratha, joint à Matara, dans le sud de l'île.