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Sky de Sela redescend parmi nous

Caroline Montpetit   5 février 2010  Cirque
Sky de Sela présente son spectacle Maintenant, à la Sala Rossa, dans le cadre du Festival des Amériques.
Photo : Marie Clauzade
Sky de Sela présente son spectacle Maintenant, à la Sala Rossa, dans le cadre du Festival des Amériques.
Trapéziste, puis clown, Sky de Sela redescend parmi nous. Elle sera même à Montréal dimanche pour présenter son spectacle Maintenant, à la Sala Rossa, dans le cadre du Festival des Amériques, qui débute aujourd'hui. Un spectacle «loin du spectaculaire» et autobiographique, annonce-t-elle, sur sa vie dans le monde du cirque. C'est la première fois que Sky présente un spectacle dans cette ville, terre d'asile de sa sœur, la chanteuse Lhasa, qui nous a quittés plus tôt cette année. Pourtant, Sky y a fréquenté l'École nationale du cirque de Montréal, alors qu'elle avait 20 ans, et a même entraîné ici plusieurs des siens.

Je serai trapéziste

C'est lorsqu'elle avait un mois que ses parents l'ont prénommée Sky. Quatorze ans plus tard, la jeune fille assumait pleinement son prénom et décidait de devenir trapéziste, au sein du Pickle Family Circus, au hasard d'un séjour de sa nomade famille à San Francisco. Entre le trapèze et elle, ce fut le coup de foudre immédiat. «J'ai su que ce serait mon art», dit-elle. Encore aujourd'hui, elle se souvient de l'ivresse procurée par le point de vue du trapéziste sur la foule, des efforts intenses que le corps doit fournir pour s'offrir quelques secondes d'indicible liberté. Mais du spectacle de clown, elle aime la communication avec le public, la possibilité d'être au même niveau que lui et la nécessité d'être entièrement présente, disponible, qui mène à l'humour et à la dérision.

«Lorsqu'on fait du trapèze, il y en a toujours un qui est supérieur à l'autre», blague-t-elle. Dans un spectacle de clown, tout le monde est au même niveau, tout le monde est aussi bête...

Après un séjour en Europe, où elle étudie les arts du cirque, Sky de Sela se pose à Montréal, où elle étudiera le trapèze et les arts de la scène à l'École nationale de cirque de Montréal. Plusieurs de ses nombreuses soeurs viennent alors l'y rejoindre, dont Lhasa. Il faut dire que Sky avait neuf frères et soeurs avant la mort de Lhasa, qui ont beaucoup bourlingué. Leur père, professeur d'espagnol et épris de voyage, avait fait l'acquisition d'un autobus scolaire bon marché, qu'il avait transformé en roulotte, avec lequel la famille a sillonné le Mexique et les États-Unis. Toute la famille est versée dans les arts. Chacun y cherche son mode d'expression. Outre Sky, deux des soeurs de Sela pratiquent d'ailleurs des arts du cirque. Ayin est funambule et Myriam, acrobate. Ensemble, dans le cirque Pocheros que Sky a cofondé, elles ont déjà présenté le spectacle La Maison autre, accompagnées de Lhasa de Sela qui avait composé, pour un numéro de Sky, la chanson Marée haute.

Déjà, à sa création, le cirque Pocheros présente des créations axées sur la simplicité et la vérité. Avec Maintenant, Sky poursuit dans cette voie. Son spectacle, intimiste, non spectaculaire, s'ouvre d'ailleurs sur ces mots: «Mesdames et messieurs, j'ai pris une décision. Je ne veux plus rien cacher.»

Car le trapèze fournit à Sky son lot d'usure, de fractures et autres accidents du métier. Progressivement, la trapéziste redescend sur terre pour devenir clown, un art qui lui permettra enfin de prendre la parole.

Une présence exigeante

Cette parole prendra d'ailleurs la moitié du spectacle présenté à la Sala Rossa, au cours duquel Sky devient progressivement un clown. Au début, la transition entre trapèze et clownerie a été douloureuse, raconte-t-elle. L'euphorie des hauteurs lui a manqué. L'apprentissage de la présence absolue sur scène a été exigeant. Aujourd'hui, elle est parfaitement heureuse de ce qui s'est passé. Trois fois mère, elle dit s'inspirer de sa petite dernière, qui a deux ans, pour monter son personnage de clown, même si son spectacle s'adresse aux 12 ans et plus. Parce que les enfants ont précisément cette disponibilité absolue au temps présent qui se perd à l'âge adulte.

«Pour moi, ce n'est pas acquis du tout, cette présence», raconte-t-elle d'ailleurs. Si son spectacle est solidement structuré, il fait la part belle à l'improvisation, ce en quoi ses musiciens la soutiennent beaucoup, assure-t-elle. À Montréal, elle sera accompagnée de Benoit Jayo à la contrebasse et de Pierre-Yves Martel à la viole de gambe.

Comme un bébé

Traditionnellement, le clown est un personnage plutôt androgyne. «Il a quelque chose de non sexuel, dit-elle, comme un bébé!» Pourtant, elle habite le sien avec son expérience de femme et de mère. Les femmes clowns sont d'ailleurs «très à la mode en Europe», dit-elle. Pourtant, un collègue pratiquant un art traditionnel du cirque lui a dit, au moment où elle lui apprenait qu'elle devenait clown: «C'est dommage. T'es jolie!»

Depuis 20 ans maintenant, Sky de Sela vit en France. Sa famille a emménagé dans une petite roulotte près du château de Monthelon, consacré aux arts de la scène. Ce château se trouve d'ailleurs aux abords d'un village médiéval perché nommé Montréal! Et l'aînée de ses trois filles s'est déjà mise au trapèze...
Sky de Sela présente son spectacle Maintenant, à la Sala Rossa, dans le cadre du Festival des Amériques. Sky de Sela
 






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  • Marcel Laprise
    Inscrit
    samedi 6 février 2010 09h20
    Sky de Sela redescend parmi nous
    Très bon article, bien écrit, qui nous donne l'envie d'aller à la Sala Rossa...

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