Aide canadienne en Haïti - Le défilé
Mardi, le premier ministre du Canada Stephen Harper a causé reconstruction d'Haïti avec le président René Préval dans une tente militaire, sur le terrain de l'aéroport de Port-au-Prince. Aujourd'hui, c'est au tour du président Nicolas Sarkozy de payer une visite au nom de la France. L'état de crise bouscule un peu le protocole: l'entretien doit avoir lieu sous une pergola montée dans les jardins du palais présidentiel, car celui-ci a été ravagé par le tremblement de terre.
D'autres chefs d'État suivront sous peu. Le défilé ne fait que commencer. Ces visites officielles, bien sûr, sont des passages obligés, mais rien n'empêche qu'on en critique le bien-fondé: les chefs de gouvernement prétexteront tous la nécessité absolue d'aller «voir» l'ampleur des dégâts afin de mieux soutenir ensuite Haïti dans les années de reconstruction magistrale qui l'attendent.
Qui bernent-ils? Ces périples éclair servent à retourner les projecteurs sur le bienfaiteur plutôt que sur le démuni. Dans des abris de fortune qu'ils visitent à la sauvette, les chefs du défilé colorent leurs albums souvenirs. Sur fond de tragédie défilent des enfants malades, une école délabrée, un hôpital de fortune, de vaillants soldats.
Pendant que tournaient hier les caméras, la Banque interaméricaine de développement dévoilait les «vrais» coûts de la réparation d'Haïti. Selon ses économistes, l'impact sera plus imposant que ce qu'on avait estimé. La reconstruction pourrait coûter entre 7,2 et 13,9 milliards. Lundi, le président Préval a indiqué que la seule opération de déblaiement des décombres s'étirerait sur trois ans. Avant la fin de cette opération, «nous ne pourrons pas vraiment construire», a-t-il conclu.
C'est dans ce contexte que le premier ministre du Canada a annoncé l'octroi de 12 millions à Haïti pour permettre la construction d'une base gouvernementale temporaire. Le séisme a non seulement ruiné de manière symbolique le palais présidentiel, mais aussi les ministères, les édifices publics. Les fonctionnaires et officiels survivants sont des sans-abri réduits à tenir réunion, en période trouble, dans des cours délabrées, sous les manguiers.
Cette nouvelle aide, qui s'ajoute à ce que le Canada a déjà fourni, est donc bien mince en regard des besoins, et ce, si essentielle soit-elle. Elle n'a en outre rien de «neuf» et fait partie d'un plan d'aide connu de 555 millions pour le développement d'Haïti. Il survole 2006 à 2011.
Parmi les objectifs de l'époque, on prévoyait renforcer la bonne gouvernance, aider à «bâtir un gouvernement ouvert et responsable», lutter contre la corruption et rétablir la primauté du droit. Ces visées sont plus que jamais pertinentes. Elles exigeront bien plus que l'érection de nouveaux murs pour abriter le gouvernement haïtien. Le Canada doit veiller à ce que les fondations de la démocratie soient, elles aussi, inébranlables.
***
machouinard@ledevoir.com
D'autres chefs d'État suivront sous peu. Le défilé ne fait que commencer. Ces visites officielles, bien sûr, sont des passages obligés, mais rien n'empêche qu'on en critique le bien-fondé: les chefs de gouvernement prétexteront tous la nécessité absolue d'aller «voir» l'ampleur des dégâts afin de mieux soutenir ensuite Haïti dans les années de reconstruction magistrale qui l'attendent.
Qui bernent-ils? Ces périples éclair servent à retourner les projecteurs sur le bienfaiteur plutôt que sur le démuni. Dans des abris de fortune qu'ils visitent à la sauvette, les chefs du défilé colorent leurs albums souvenirs. Sur fond de tragédie défilent des enfants malades, une école délabrée, un hôpital de fortune, de vaillants soldats.
Pendant que tournaient hier les caméras, la Banque interaméricaine de développement dévoilait les «vrais» coûts de la réparation d'Haïti. Selon ses économistes, l'impact sera plus imposant que ce qu'on avait estimé. La reconstruction pourrait coûter entre 7,2 et 13,9 milliards. Lundi, le président Préval a indiqué que la seule opération de déblaiement des décombres s'étirerait sur trois ans. Avant la fin de cette opération, «nous ne pourrons pas vraiment construire», a-t-il conclu.
C'est dans ce contexte que le premier ministre du Canada a annoncé l'octroi de 12 millions à Haïti pour permettre la construction d'une base gouvernementale temporaire. Le séisme a non seulement ruiné de manière symbolique le palais présidentiel, mais aussi les ministères, les édifices publics. Les fonctionnaires et officiels survivants sont des sans-abri réduits à tenir réunion, en période trouble, dans des cours délabrées, sous les manguiers.
Cette nouvelle aide, qui s'ajoute à ce que le Canada a déjà fourni, est donc bien mince en regard des besoins, et ce, si essentielle soit-elle. Elle n'a en outre rien de «neuf» et fait partie d'un plan d'aide connu de 555 millions pour le développement d'Haïti. Il survole 2006 à 2011.
Parmi les objectifs de l'époque, on prévoyait renforcer la bonne gouvernance, aider à «bâtir un gouvernement ouvert et responsable», lutter contre la corruption et rétablir la primauté du droit. Ces visées sont plus que jamais pertinentes. Elles exigeront bien plus que l'érection de nouveaux murs pour abriter le gouvernement haïtien. Le Canada doit veiller à ce que les fondations de la démocratie soient, elles aussi, inébranlables.
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machouinard@ledevoir.com
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