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New Delhi — Tout pointe non pas vers une grossière fraude électorale, mais vers une manipulation lourdement orchestrée de l'électorat au scrutin présidentiel qui a officiellement réélu hier le président sortant Mahinda Rajapaksa au Sri Lanka. Usage à outrance des ressources de l'État et des médias à des fins de propagande, intimidation flagrante de l'opposition... Cette première présidentielle de l'ère post-Tigres tamouls contenait, quoique faiblement, la promesse d'un tournant dans l'histoire de la fragile démocratie sri-lankaise; les perspectives sont plutôt maintenant qu'elle perpétuera, intacts, les réflexes très nationalistes de la majorité cinghalaise, sans véritable espoir d'ouverture politique et culturelle digne de ce nom, après 26 ans de guerre civile, pour la minorité tamoule. «C'est la situation la plus tragique que le pays ait connue, c'est le mépris le plus complet de l'État de droit», dit carrément l'avocat et militant des droits de la personne, Sunil Jayaratha, joint à Matara, dans le sud de l'île.
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L'appartement que j'ai loué à Delhi est situé dans un quartier bien sikh appelé Jangpura Extension. Le propriétaire habite à l'étage avec sa femme et leurs deux fillettes. Ses beaux-parents habitent au coin, ses parents derrière. Une communauté tricotée serrée. Dans le parc, devant, de jeunes sikhs jouent passionnément au cricket avec des ados hindous ou musulmans. Tous les soirs, j'entends de l'autre côté du mur les voisins réciter en famille des chants rituels.
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La présente chronique inaugure une collaboration régulière de notre journaliste Guy Taillefer, maintenant basé à New Delhi. D'entrée de jeu, notre correspondant se penche sur le capharnaüm qu'est le système démocratique de l'Inde.