Un décret sur mesure pour les écoles juives
La ministre admet avoir fait d'une pierre deux coups en changeant le calendrier scolaire
![Michelle Courchesne Michelle Courchesne](https://bac-lac.wayback.archive-it.org/web/20100217213050im_/http://www.ledevoir.com/images_galerie/d_45460_59551/michelle-courchesne.jpg)
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Michelle Courchesne
Québec — La ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, a dû finalement admettre, hier, que les changements apportés au calendrier scolaire qui ouvrent la porte à l'enseignement les fins de semaine visent à donner satisfaction aux écoles privées juives.
Mais la ministre a soutenu que ce n'était pas le seul objectif que poursuit le gouvernement avec le projet de règlement qui a fait l'objet d'un décret publié la semaine dernière. «Je fais d'une pierre deux coups», a reconnu Michelle Courchesne lors d'un entretien accordé au Devoir. Talonnée pour la deuxième journée d'affilée par le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, Pierre Curzi, la ministre a fait valoir que «la seule chose qui nous motive [...], c'est de se battre et de lutter pour la persévérance scolaire» et d'apporter de la «souplesse» au calendrier scolaire afin de faciliter la formation professionnelle et technique dans les écoles publiques. Cette nouvelle souplesse fait partie des demandes patronales, a indiqué Mme Courchesne. Elle a répété que «ça n'a rien à voir avec la religion» et avec un «accommodement déraisonnable» consenti aux écoles juives, comme le dénonce Pierre Curzi.
Taillé sur mesure
Or le projet de règlement semble taillé sur mesure pour la mise en oeuvre de l'entente intervenue l'automne dernier entre la ministre et six écoles privées juives orthodoxes, des écoles illégales en ce sens qu'elles ne respectent pas le régime pédagogique en ne dispensant pas tous les cours requis. Dans une lettre dont Le Devoir a obtenu copie et qui est adressée à Mme Courchesne, les six écoles soulignent qu'elles dispenseront «des cours dans les matières visées au régime pédagogique le dimanche». Datée du 29 septembre dernier, cette lettre faisait suite à une rencontre qui avait eu lieu le 14 septembre entre la ministre et les représentants des écoles. Le «ministère partage [leur] point de vue à l'effet que des cours peuvent être dispensés le dimanche malgré l'article 19 du régime pédagogique, compte tenu des exigences imposées par la religion des personnes fréquentant nos établissements», peut-on lire.
Le projet de règlement abolit justement la liste des congés énumérés à l'article 19, levant ainsi l'interdiction d'enseigner le dimanche, notamment, comme l'ont exigé les écoles juives. En outre, compte tenu des nombreuses heures qu'elles consacrent à l'enseignement de la religion, les écoles juives souhaitent donner des cours imposés par le Régime pédagogique durant l'été. «Tel que discuté lors de notre rencontre, des services éducatifs, tels que les cours d'histoire et d'éducation à la citoyenneté, pourraient être offerts durant l'été», soulignent les écoles juives.
La lettre était accompagnée d'un avis juridique du cabinet d'avocats Langlois Kronström Desjardins selon lequel les écoles juives n'étaient aucunement dans l'illégalité, puisque la formulation du régime pédagogique ne prévoit qu'«un certain nombre d'heures à titre indicatif pour certaines matières obligatoires», comme les mathématiques, le français et l'anglais. «Ce n'est pas une norme légale contraignante», soutiennent les avocats. Or c'est précisément ce que vient corriger le projet de règlement. Il précise que le calendrier scolaire doit consacrer de 900 à 1000 heures aux «services éducatifs», dont au moins 720 aux matières obligatoires.
Deux ans de négociation
«C'est sûr que les communautés juives ont négocié; ç'a pris deux ans», a fait valoir au Devoir Michelle Courchesne.
La ministre a rappelé que l'ex-député de Vachon, Camil Bouchard, avait exigé à plusieurs reprises du ministre de l'Éducation à l'époque, Jean-Marc Fournier, qu'il règle la question des écoles privées illégales. En vain. C'est finalement Michelle Courchesne qui a négocié l'entente en vertu de laquelle six écoles juives s'engagent à respecter le régime pédagogique applicable à toutes les écoles du Québec. «C'est une bonne nouvelle; des centaines de jeunes de la communauté juive vont dorénavant apprendre toutes les matières que tous les Québécois apprennent. Ça, le Parti québécois ne l'a pas fait; nous, on l'a fait.»
Pierre Curzi a dit ne pas croire la ministre quand elle affirme que la motivation qui a conduit au projet de règlement n'est pas d'accommoder des écoles juives illégales afin de leur permettre de consacrer autant d'heures qu'elles le souhaitent à l'enseignement de la religion.
«Le problème des ultrareligieux, et quelle que soit leur confession, c'est qu'ils veulent absolument que l'enseignement religieux soit un bloc et qu'il soit en quelque soit lié à l'école. C'est en ce sens-là que je trouve que c'est déraisonnable», a signalé le député de Borduas.
Cet «accommodement déraisonnable» va à l'encontre du principe de «la séparation de l'enseignement de la religion», juge-t-il, et il ouvre la porte à «une reconfessionnalisation partielle d'une partie du système d'enseignement privé».
Mais la ministre a soutenu que ce n'était pas le seul objectif que poursuit le gouvernement avec le projet de règlement qui a fait l'objet d'un décret publié la semaine dernière. «Je fais d'une pierre deux coups», a reconnu Michelle Courchesne lors d'un entretien accordé au Devoir. Talonnée pour la deuxième journée d'affilée par le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, Pierre Curzi, la ministre a fait valoir que «la seule chose qui nous motive [...], c'est de se battre et de lutter pour la persévérance scolaire» et d'apporter de la «souplesse» au calendrier scolaire afin de faciliter la formation professionnelle et technique dans les écoles publiques. Cette nouvelle souplesse fait partie des demandes patronales, a indiqué Mme Courchesne. Elle a répété que «ça n'a rien à voir avec la religion» et avec un «accommodement déraisonnable» consenti aux écoles juives, comme le dénonce Pierre Curzi.
Taillé sur mesure
Or le projet de règlement semble taillé sur mesure pour la mise en oeuvre de l'entente intervenue l'automne dernier entre la ministre et six écoles privées juives orthodoxes, des écoles illégales en ce sens qu'elles ne respectent pas le régime pédagogique en ne dispensant pas tous les cours requis. Dans une lettre dont Le Devoir a obtenu copie et qui est adressée à Mme Courchesne, les six écoles soulignent qu'elles dispenseront «des cours dans les matières visées au régime pédagogique le dimanche». Datée du 29 septembre dernier, cette lettre faisait suite à une rencontre qui avait eu lieu le 14 septembre entre la ministre et les représentants des écoles. Le «ministère partage [leur] point de vue à l'effet que des cours peuvent être dispensés le dimanche malgré l'article 19 du régime pédagogique, compte tenu des exigences imposées par la religion des personnes fréquentant nos établissements», peut-on lire.
Le projet de règlement abolit justement la liste des congés énumérés à l'article 19, levant ainsi l'interdiction d'enseigner le dimanche, notamment, comme l'ont exigé les écoles juives. En outre, compte tenu des nombreuses heures qu'elles consacrent à l'enseignement de la religion, les écoles juives souhaitent donner des cours imposés par le Régime pédagogique durant l'été. «Tel que discuté lors de notre rencontre, des services éducatifs, tels que les cours d'histoire et d'éducation à la citoyenneté, pourraient être offerts durant l'été», soulignent les écoles juives.
La lettre était accompagnée d'un avis juridique du cabinet d'avocats Langlois Kronström Desjardins selon lequel les écoles juives n'étaient aucunement dans l'illégalité, puisque la formulation du régime pédagogique ne prévoit qu'«un certain nombre d'heures à titre indicatif pour certaines matières obligatoires», comme les mathématiques, le français et l'anglais. «Ce n'est pas une norme légale contraignante», soutiennent les avocats. Or c'est précisément ce que vient corriger le projet de règlement. Il précise que le calendrier scolaire doit consacrer de 900 à 1000 heures aux «services éducatifs», dont au moins 720 aux matières obligatoires.
Deux ans de négociation
«C'est sûr que les communautés juives ont négocié; ç'a pris deux ans», a fait valoir au Devoir Michelle Courchesne.
La ministre a rappelé que l'ex-député de Vachon, Camil Bouchard, avait exigé à plusieurs reprises du ministre de l'Éducation à l'époque, Jean-Marc Fournier, qu'il règle la question des écoles privées illégales. En vain. C'est finalement Michelle Courchesne qui a négocié l'entente en vertu de laquelle six écoles juives s'engagent à respecter le régime pédagogique applicable à toutes les écoles du Québec. «C'est une bonne nouvelle; des centaines de jeunes de la communauté juive vont dorénavant apprendre toutes les matières que tous les Québécois apprennent. Ça, le Parti québécois ne l'a pas fait; nous, on l'a fait.»
Pierre Curzi a dit ne pas croire la ministre quand elle affirme que la motivation qui a conduit au projet de règlement n'est pas d'accommoder des écoles juives illégales afin de leur permettre de consacrer autant d'heures qu'elles le souhaitent à l'enseignement de la religion.
«Le problème des ultrareligieux, et quelle que soit leur confession, c'est qu'ils veulent absolument que l'enseignement religieux soit un bloc et qu'il soit en quelque soit lié à l'école. C'est en ce sens-là que je trouve que c'est déraisonnable», a signalé le député de Borduas.
Cet «accommodement déraisonnable» va à l'encontre du principe de «la séparation de l'enseignement de la religion», juge-t-il, et il ouvre la porte à «une reconfessionnalisation partielle d'une partie du système d'enseignement privé».
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