Crise grecque - Un plan d'aide en gestation?
La rumeur rassure les marchés, mais pas les syndicats grecs
![Le ministre grec des Finances, George Papaconstantinou, et son gouvernement s’évertuent à démontrer leur détermination à redresser la situation financière de leur pays. Le ministre grec des Finances, George Papaconstantinou, et son gouvernement s’évertuent à démontrer leur détermination à redresser la situation financière de leur pays.](https://bac-lac.wayback.archive-it.org/web/20100218004443im_/http://www.ledevoir.com/images_galerie/d_45379_59515/george-papaconstantinou.jpg)
Photo : Agence Reuters Yiorgos Karahalis
Le ministre grec des Finances, George Papaconstantinou, et son gouvernement s’évertuent à démontrer leur détermination à redresser la situation financière de leur pays.
La rumeur grandissante d'une aide financière européenne à la Grèce, en échange d'un plan d'austérité musclé, a fait plaisir aux marchés, hier, sans pour autant rassurer les syndicats grecs.
Des déclarations émanant de Bruxelles et Berlin sont venues renforcer hier l'impression qu'un plan d'aide était en voie d'élaboration afin de prêter main-forte au pays, durement secoué par la crise de ses finances publiques, mais aussi pour éviter une contagion à l'ensemble de l'Europe.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, en a appelé à un «soutien clair» de la part des pays européens à la Grèce «en échange d'un engagement clair» du gouvernement grec, qui doit aussi «assumer ses responsabilités». S'exprimant à la veille du sommet des dirigeants de l'Union européenne, demain à Bruxelles, le commissaire n'a pas précisé la forme exacte que cette aide devrait prendre.
Les règles européennes interdisent qu'on apporte une aide à un pays membre aux prises avec une crise de ses finances publiques à moins de circonstances graves et incontrôlables. Or, la situation de la Grèce est «spéciale», a expliqué le commissaire, et présente «un sérieux risque de contagion dans d'autres parties de la zone euro».
Un pare-feu
La décision d'apporter une aide financière à la Grèce est déjà prise en principe au sein de la zone euro, ont déclaré à des journalistes des sources au sein de la coalition gouvernementale au pouvoir en Allemagne. «Il s'agit plus de trouver une sorte de pare-feu qui contiendrait le problème que de chercher principalement à aider les Grecs», a expliqué l'une de ces sources, citées par le Financial Times. «Aucun plan concret» n'aurait encore été convenu. L'Allemagne envisagerait toutefois à la fois une aide bilatérale et des mesures convenues au niveau européen.
«Si la Grèce reçoit une aide, ce sera seulement à des conditions strictes et en échange d'une réforme en profondeur de l'État par le gouvernement grec», a déclaré Michael Meister, haut responsable du parti conservateur allemand CDU.
Tous les pays européens ne seraient pas d'accord pour voler au secours de la Grèce. On craint notamment de créer un précédent qui amènerait tous les autres gouvernements européens en sérieuses difficultés financières, comme l'Espagne, le Portugal ou l'Italie, à venir cogner à leur tour à la porte. Extérieurs à la zone euro, le Royaume-Uni et la Suède ont fait savoir hier qu'ils préféraient que les Européens ravalent leur fierté et laissent la Grèce aux mains expertes du Fonds monétaire international (FMI).
Des réformes en accélération
Le gouvernement grec s'évertue, pendant ce temps, à démontrer sa détermination à redresser sa situation financière. «Notre premier devoir est de sauver l'économie et de réduire la dette en trouvant les solutions les plus justes, qui protègent, autant que possible, les classes moyennes et les plus pauvres», a déclaré le premier ministre, Georges Papandréou, avant de prévenir ses concitoyens que les réformes iraient «en s'accélérant».
Accablé d'une dette qui dépasse les 110 % du produit intérieur brut (PIB), le gouvernement grec s'est fixé comme objectif de ramener ses déficits annuels de 12,7 % du PIB à moins de 3 % d'ici 2012. Hier, il a dit vouloir repousser l'âge de la retraite de 61 à 63 ans et abaisser à 60 000 euros le seuil à partir duquel le taux marginal d'impôt (40 %) s'applique pour les particuliers. Il a déjà annoncé un gel de l'embauche et des salaires des fonctionnaires, l'établissement de nouvelles taxes sur les immeubles et les hydrocarbures, ainsi qu'une lutte féroce contre l'évasion fiscale.
Les marchés financiers et la rue grecque
Les marchés ont bien accueilli hier la rumeur grandissante d'une aide financière à la Grèce. En baisse depuis des jours, l'euro a repris dans la journée plus d'un cent, à 1,38 $US, les principales places boursières européennes ont fini en hausse en fin de séance, en même temps que se réduisaient les primes de risque exigées pour les obligations gouvernementales grecques, portugaises et espagnoles.
L'humeur risque d'être nettement plus maussade en Grèce aujourd'hui alors que les écoles, les hôpitaux, les aéroports et de nombreux bureaux gouvernementaux seront en grève. Les travailleurs du secteur privé ont prévu débrayer le 24 février. Le président de la Fédération des fonctionnaires grecs, Spyros Papaspyros, s'est dit «conscient de la difficile situation économique du pays», mais a estimé que les sacrifices demandés à ses membres étaient «injustes et inefficaces».
Une majorité de Grecs seraient toutefois favorables aux mesures de redressement de l'économie. Six sur dix les estimeraient nécessaires, à en croire un sondage publié la semaine dernière.
*****
Avec l'Agence France-Presse et Reuters
Des déclarations émanant de Bruxelles et Berlin sont venues renforcer hier l'impression qu'un plan d'aide était en voie d'élaboration afin de prêter main-forte au pays, durement secoué par la crise de ses finances publiques, mais aussi pour éviter une contagion à l'ensemble de l'Europe.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, en a appelé à un «soutien clair» de la part des pays européens à la Grèce «en échange d'un engagement clair» du gouvernement grec, qui doit aussi «assumer ses responsabilités». S'exprimant à la veille du sommet des dirigeants de l'Union européenne, demain à Bruxelles, le commissaire n'a pas précisé la forme exacte que cette aide devrait prendre.
Les règles européennes interdisent qu'on apporte une aide à un pays membre aux prises avec une crise de ses finances publiques à moins de circonstances graves et incontrôlables. Or, la situation de la Grèce est «spéciale», a expliqué le commissaire, et présente «un sérieux risque de contagion dans d'autres parties de la zone euro».
Un pare-feu
La décision d'apporter une aide financière à la Grèce est déjà prise en principe au sein de la zone euro, ont déclaré à des journalistes des sources au sein de la coalition gouvernementale au pouvoir en Allemagne. «Il s'agit plus de trouver une sorte de pare-feu qui contiendrait le problème que de chercher principalement à aider les Grecs», a expliqué l'une de ces sources, citées par le Financial Times. «Aucun plan concret» n'aurait encore été convenu. L'Allemagne envisagerait toutefois à la fois une aide bilatérale et des mesures convenues au niveau européen.
«Si la Grèce reçoit une aide, ce sera seulement à des conditions strictes et en échange d'une réforme en profondeur de l'État par le gouvernement grec», a déclaré Michael Meister, haut responsable du parti conservateur allemand CDU.
Tous les pays européens ne seraient pas d'accord pour voler au secours de la Grèce. On craint notamment de créer un précédent qui amènerait tous les autres gouvernements européens en sérieuses difficultés financières, comme l'Espagne, le Portugal ou l'Italie, à venir cogner à leur tour à la porte. Extérieurs à la zone euro, le Royaume-Uni et la Suède ont fait savoir hier qu'ils préféraient que les Européens ravalent leur fierté et laissent la Grèce aux mains expertes du Fonds monétaire international (FMI).
Des réformes en accélération
Le gouvernement grec s'évertue, pendant ce temps, à démontrer sa détermination à redresser sa situation financière. «Notre premier devoir est de sauver l'économie et de réduire la dette en trouvant les solutions les plus justes, qui protègent, autant que possible, les classes moyennes et les plus pauvres», a déclaré le premier ministre, Georges Papandréou, avant de prévenir ses concitoyens que les réformes iraient «en s'accélérant».
Accablé d'une dette qui dépasse les 110 % du produit intérieur brut (PIB), le gouvernement grec s'est fixé comme objectif de ramener ses déficits annuels de 12,7 % du PIB à moins de 3 % d'ici 2012. Hier, il a dit vouloir repousser l'âge de la retraite de 61 à 63 ans et abaisser à 60 000 euros le seuil à partir duquel le taux marginal d'impôt (40 %) s'applique pour les particuliers. Il a déjà annoncé un gel de l'embauche et des salaires des fonctionnaires, l'établissement de nouvelles taxes sur les immeubles et les hydrocarbures, ainsi qu'une lutte féroce contre l'évasion fiscale.
Les marchés financiers et la rue grecque
Les marchés ont bien accueilli hier la rumeur grandissante d'une aide financière à la Grèce. En baisse depuis des jours, l'euro a repris dans la journée plus d'un cent, à 1,38 $US, les principales places boursières européennes ont fini en hausse en fin de séance, en même temps que se réduisaient les primes de risque exigées pour les obligations gouvernementales grecques, portugaises et espagnoles.
L'humeur risque d'être nettement plus maussade en Grèce aujourd'hui alors que les écoles, les hôpitaux, les aéroports et de nombreux bureaux gouvernementaux seront en grève. Les travailleurs du secteur privé ont prévu débrayer le 24 février. Le président de la Fédération des fonctionnaires grecs, Spyros Papaspyros, s'est dit «conscient de la difficile situation économique du pays», mais a estimé que les sacrifices demandés à ses membres étaient «injustes et inefficaces».
Une majorité de Grecs seraient toutefois favorables aux mesures de redressement de l'économie. Six sur dix les estimeraient nécessaires, à en croire un sondage publié la semaine dernière.
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Avec l'Agence France-Presse et Reuters
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