L'histoire
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Histoire

Anciens gouverneurs généraux

De 1867 à 1931, c’est le Souverain qui choisissait le gouverneur général et les personnes choisies étaient toujours issues de l’aristocratie britannique. En 1931, le gouvernement canadien obtient la responsabilité de recommander des candidats au Souverain pour le poste de gouverneur général.

Il faut attendre 1952 pour qu’un premier ministre du Canada recommande au Souverain, sans avoir consulté le premier ministre britannique au préalable, un seul nom, celui de Vincent Massey. Cette nomination a été un tournant important dans l’évolution du Canada.

La nomination d’un gouverneur général canadien reflète le nouveau sens d’identité et d’autonomie du pays dans l’après-guerre. Depuis 1952, tous les gouverneurs généraux du Canada ont nécessairement la citoyenneté canadienne. Comme leur biographie le démontre, ces gouverneurs généraux canadiens sont issus de différents milieux de la société et sont représentatifs de la population canadienne.


La très honorable Michaëlle Jean2005-2010

La très honorable Michaëlle Jean Michaëlle Jean est née à Port-au-Prince en Haïti. C’est en 1968 qu’elle est arrivée au Canada en compagnie de sa famille, après avoir fui le régime dictatorial de l’époque.

Après avoir étudié la littérature comparée à l’Université de Montréal, elle a enseigné l’italien au Département de littératures et langues modernes de cette même institution. Parallèlement à ses études, elle a œuvré pendant huit ans auprès des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale et participé à la mise sur pied d’un réseau de refuges d’urgence au Québec et ailleurs au Canada. Mme Jean a ensuite connu une brillante carrière de journaliste, de présentatrice et d’animatrice d’émissions d’information à la télévision de Radio-Canada et au réseau anglais CBC Newsworld. Elle est mariée à Jean-Daniel Lafond et ils ont une fille, Marie-Éden.

Michaëlle Jean a été la 27e gouverneur général du Canada du 27 septembre 2005 au 30 septembre 2010.

La très honorable Adrienne Clarkson 1999-2005

The Right Honourable Adrienne Clarkson

Née à Hong Kong en 1939, Mme Clarkson a trouvé refuge au Canada avec sa famille durant la guerre, en 1942. Elle a d'abord étudié à Ottawa avant de poursuivre ses études à l'Université de Toronto, où elle a obtenu un baccalauréat avec spécialisation et une maîtrise en littérature anglaise. Elle a également effectué des travaux de recherche à la Sorbonne, en France, et elle est devenue bilingue.

Personnalité influente de la vie culturelle au Canada, Mme Clarkson a mené une carrière riche et exceptionnelle dans le domaine de la radiodiffusion, du journalisme, des arts et du service public. Elle a reçu de nombreux prix prestigieux au Canada et à l'étranger qui soulignent sa contribution remarquable dans des domaines professionnels et des œuvres de bienfaisance. Elle a été nommée Officier de l'Ordre du Canada en 1992 et, lors de sa nomination comme gouverneure générale en 1999, elle est devenue Chancelière et Compagnon principal de l'Ordre du Canada.

Madame Clarkson a été la 26e gouverneur général du Canada du 7 octobre 1999 au 27 septembre 2005.

Le très honorable Roméo LeBlanc 1995-1999

The Right Honourable Romeo LeBlanc

Le très honorable Roméo LeBlanc devient gouverneur général du Canada le 8 février 1995, après une longue et brillante carrière publique. Né à Memramcook, au Nouveau-Brunswick en 1927, il est Acadien et le premier gouverneur général originaire des Maritimes.

Il obtient un baccalauréat ès arts et un baccalauréat en éducation à l'Université St-Joseph, à Memramcook, puis fait des études en civilisation française à l'Université de Paris. Il est aussi titulaire d'un certain nombre de diplômes honorifiques.

À la fin de ses études, M. LeBlanc débute sa carrière dans l'enseignement. S'il n'y reste pas longtemps, il y acquiert cependant des convictions profondes, qu'il conserve encore aujourd'hui, au sujet du rôle important que jouent les éducateurs dans notre société.

En 1960, M. LeBlanc passe au journalisme à titre de correspondant de Radio-Canada. Au fil du temps, il devient l'attaché de presse des premiers ministres Lester B. Pearson et Pierre Elliott Trudeau.

M. LeBlanc est élu à la Chambre des communes en 1972 comme député de la circonscription de Westmorland-Kent, au Nouveau-Brunswick. Il sera ministre de 1974 à 1979 et de 1980 à 1984.

Dans le rôle de ministre des Pêches du Canada qu'il assumera plus longtemps que tout autre, M. LeBlanc aide à faire reconnaître la zone de 200 milles pour les pêcheurs canadiens et à façonner le droit international de la mer. Sous sa direction, les efforts de conservation et de gestion des ressources permettront une forte croissance dans l'industrie des pêches pendant les années 1970 et au début des années 1980.

M. LeBlanc devient sénateur en 1984, puis est nommé président du Sénat en 1993.

En tant que gouverneur général, outre ses rôle et responsabilités officiels, M. LeBlanc adopte plusieurs causes personnelles.

Le très honorable Roméo LeBlanc est décédé le 24 juin 2009. Il était marié à Diana Fowler LeBlanc, et ils avaient quatre enfants.

Le très honorable Ramon John Hnatyshyn 1990-1995

The Right Honourable Ramon John HnatyshynRideau Hall a toujours été l'un des plus grands points d'intérêt d'Ottawa. Pendant le mandat du très honorable Ramon John Hnatyshyn, la résidence officielle commence à être un arrêt populaire sur le circuit touristique, et de nombreux Canadiens apprécient les visites guidées des salles publiques et des jardins. En 1991, M. Hnatyshyn crée la Série des concerts d'été du Gouverneur général, qui deviendra un populaire festival de musique annuel. À l'hiver 1992, il procède à la réouverture de la patinoire historique, fermée depuis la saison 1989-1990. Cette patinoire est utilisée par le public durant les fins de semaine et par des établissements scolaires et des associations durant la semaine.

M. Hnatyshyn et son épouse, Gerda, sont déterminés à faire de Rideau Hall une vitrine de l'excellence canadienne. En 1994, Madame Hnatyshyn est coauteure d'un ouvrage intitulé Rideau Hall - Témoin vivant de notre histoire », rédigé dans la perspective de verser le produit des ventes pour augmenter la collection nationale d'oeuvres d'art et de mobilier à la résidence officielle. Madame Hnatyshyn collabore également avec la Fondation du Jardin du patrimoine canadien, un organisme caritatif indépendant, pour construire un Jardin du patrimoine destiné à devenir un point d'intérêt particulier du domaine de Rideau Hall.

En tant que chef d'État de facto du Canada, M. Hnatyshyn reçoit, avec son épouse, des dirigeants et des dignitaires du monde entier, notamment le Président Lech Walesa de la Pologne, le Premier ministre Yitzak Rabin d'Israël, le Président Boris Yeltsin de la Fédération de Russie, Leurs Majestés le roi et la reine de Jordanie, et le Président Vaclav Havel de Tchécoslovaquie. M. et Mme Hnatyshyn accueillent également plusieurs membres de la famille royale, dont Leurs Altesses royales le prince et la princesse de Galles en 1991. Les Hnatyshyn font également des voyages à l'étranger pour assister, par exemple, aux célébrations du 50e anniversaire du Jour J en France, en 1994, et pour des visites d'État qui les mènent dans divers pays comme l'Ukraine, destination qui revêt une signification particulière pour M. Hnatyshyn étant donné qu'il est de descendance ukrainienne.

L'encouragement des Hnatyshyn au domaine des arts au Canada est l'une des réalisations importantes de leur mandat. Ils établissent les Prix du gouverneur général pour les arts de la scène en 1992, ainsi que le Prix Ramon John Hnatyshyn pour le bénévolat dans les arts de la scène. Aujourd’hui, ces prix sont appelés Prix du gouverneur général pour les arts du spectacle et Prix Ramon John Hnatyshyn pour le bénévolat dans les arts du spectacle. Chaque année, la remise de ces deux prix a lieu à Rideau Hall suivie du gala des Prix des arts du spectacle au Centre national des arts à Ottawa, qui est télédiffusé à une date ultérieure par la SRC.

M. Hnatyshyn démontre son engagement à l'égard de l'éducation par le soutien qu'il apporte à un certain nombre d'initiatives. Ainsi, il appuie l'établissement du Prix international du gouverneur général en études canadiennes par le Conseil international d'études canadiennes; du Governor General Ramon John Hnatyshyn Education Fund, administré par le conseil d'administration et la fondation de l'hôpital universitaire de Saskatoon; et du Prix Ramon John Hnatyshyn du droit, lancé en collaboration avec l'Association du Barreau canadien. Il fait la promotion de l'alphabétisation au moyen du Prix « Envol vers la liberté » du gouverneur général, établi en 1992 pour rendre hommage à l'oeuvre d'une vie consacrée à l'alphabétisation.

Durant leur séjour à Rideau Hall, M. et Mme Hnatyshyn raffermissent les liens avec la jeunesse canadienne. Ils veillent à ce que des jeunes soient invités au plus grand nombre possible d'activités et soulignent l'importance d'encourager les jeunes Canadiens à réaliser leur potentiel sur le plan académique. En 1992, M. Hnatyshyn est l'hôte d'un concert rock dans les parterres de Rideau Hall, qui permet d'attirer l'attention sur le Programme anti-décrochage et le programme canadien de bourses . Le concert sera télédiffusé sur la chaîne YTV et qualifié de « très excellent concert rock de Son Excellence ».

Plusieurs autres récompenses et bourses d'études sont créées durant le mandat des Hnatyshyn, notamment la Coupe Ramon John Hnatyshyn, remise chaque année à l'équipe gagnante du festival international canadien de canots dragons, et les Bourses Canada du gouverneur général en génie de l'environnement et en sciences de l'environnement.

En tant que gouverneur général du Canada, M. Hnatyshyn comprend la nécessité cruciale de promouvoir la diversité qui enrichit la société canadienne, et se fait l'ardent défenseur du multiculturalisme.

La vie avant et après Rideau Hall

M. Hnatyshyn fréquente la Victoria Public School et le Nutana Collegiate Institute. Il poursuit ses études à l'Université de Saskatchewan, où il obtient un baccalauréat ès arts en 1954 et un baccalauréat en droit en 1956. Il épouse Karen Gerda Nygaard Andreasen le 9 janvier 1960. Deux fils naîtront de cette union.

Il est admis au Barreau de la Saskatchewan en 1957, et au Barreau de l'Ontario en 1986. Il est élu à la Chambre des Communes pour la première fois en 1974, et prête serment comme membre du Conseil privé le 4 juin 1979. Il se voit confier par la suite un certain nombre de portefeuilles ministériels.

Parmi les distinctions qui ont été octroyées à M. Hnatyshyn, mentionnons sa nomination en 1988 comme conseil de la reine (c.r.) pour le Canada et, un an plus tard, le titre de membre honoraire à vie de la Law Society of Saskatchewan. En 1989, il reçoit la médaille Saint-Vladimir du World Congress of Ukrainians, en reconnaissance de sa « contribution exceptionnelle à la cause de la justice et des libertés civiles. » Après son départ de Rideau Hall et son retour à la pratique du droit à Ottawa, il reçoit le prix Mount Scopus de la Hebrew University, en 1996, pour « avoir fait preuve d'un vif intérêt pour les questions humanitaires en général tout au long de sa carrière. »

La très honorable Jeanne Sauvé 1984-1990

The Right Honourable Jeanne Mathilde SauvéLa longue et distinguée carrière de la très honorable Jeanne Sauvé est jalonnée de « premières » assez remarquables. À la Chambre des communes, elle est la première membre du Cabinet qui soit du Québec; elle est également la première femme élue Président de la Chambre des communes; elle ouvre la première garderie sur la Colline du Parlement; et elle est la première femme à servir comme gouverneur général.

Madame Sauvé défend avec ardeur les questions touchant la jeunesse et la paix dans le monde; la colombe, symbole de paix, est d'ailleurs l'un des éléments de ses armoiries. Bien avant son mandat vice-royal, elle travaille comme adjointe au directeur du Secrétariat à la jeunesse de l'UNESCO, agit comme secrétaire du comité canadien de l'Assemblée mondiale de la jeunesse et lance et anime un une tribune pour la jeunesse. À Rideau Hall, elle établit deux récompenses pour des étudiants désireux de faire carrière dans le domaine de l'enseignement spécial destiné aux enfants doués. À la fin de son mandat, elle instituera la Fondation Jeanne Sauvé pour la jeunesse qui se consacrera à la promotion de l'excellence chez les jeunes du Canada.

Les préoccupations de Madame Sauvé au sujet des jeunes et de la paix constituent deux des trois thèmes centraux de son mandat – le troisième étant l'unité nationale. Elle voyagera beaucoup, rendant ainsi accessible à tous les Canadiens son rôle de gouverneur général – symbole de notre identité commune. Dans son discours d'installation, elle mentionne la nécessité pour les Canadiens d'élargir le sens qu'ils donnent à leur nation et de devenir plus tolérants. « C'est le prix de notre bonheur, dit-elle, mais le bonheur ne résidera jamais dans l'esprit de ceux qui croient au « chacun pour soi ».

Durant le mandat de Madame Sauvé, l'Assemblée générale des Nations Unies a décrété l'année 1986 comme « Année internationale de la paix ». L'une des initiatives que développe alors le ministère des Affaires étrangères en collaboration avec d'autres partenaires est la publication d'un ouvrage intitulé Ma vision de la paix. Cet ouvrage, dont la préface est signée par Madame Sauvé, contient des essais rédigés par divers membres de l'Ordre du Canada, ainsi que les affiches et les essais gagnants d'un concours parrainé par l'Association des Nations Unies du Canada.

En 1986, Madame Sauvé accepte, au nom du « peuple canadien », la médaille Nansen, récompense internationale prestigieuse pour les oeuvres humanitaires qui est décernée en reconnaissance d'efforts importants et soutenus déployés au nom de réfugiés. C'était la première fois depuis la création de la médaille en 1954 que le haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés la remettait à une population toute entière. La médaille Nansen est conservée à Rideau Hall.

L'enthousiasme de Madame Sauvé pour l'importance que revêt le sport a donné lieu à l'établissement du Trophée Jeanne Sauvé pour le championnat mondial de hockey féminin sur gazon et la Coupe Jeanne Sauvé pour les championnes canadiennes de ringuette. Elle crée en outre le Prix Jeanne Sauvé de l'esprit sportif pour reconnaître les athlètes nationaux de sport amateur ayant donné le meilleur exemple d'esprit sportif et de non violence dans le sport. Elle encourage la sécurité dans la société au Canada en établissant le Prix du gouverneur général Service de la sécurité au travail.

Durant son mandat comme gouverneur général, Madame Sauvé effectue des visites d'État en Italie, au Vatican, en République populaire de Chine, en Thaïlande, où elle reçoit un doctorat honorifique en sciences politiques de l'Université de Chulalongkorn à Bangkok, et en France, où elle se voit décerner la Médaille de la Chancellerie des universités de Paris, La Sorbonne, Paris. Elle se rend également en Uruguay et au Brésil en visite d'État. En commémoration de sa visite au Brésil, la « Bourse commémorative du gouverneur général Jeanne Sauvé » sera établie pour récompenser, chaque année, un étudiant diplômé brésilien en Études canadiennes.

Madame Sauvé reçoit également un certain nombre de visiteurs distingués tels que la reine et le duc d'Édimbourg, la reine mère Elizabeth, le prince Andrew, le duc et la duchesse d'York, le roi Carl Gustaf de Suède, la reine Beatrix des Pays-Bas, le roi Hussein de Jordanie, le pape Jean-Paul II, le secrétaire général des N.-U. Javier Perez de Cuéllar, le président américain Ronald Reagan, le président français François Mitterrand, le président chinois Il Xiannian, le président roumain Nicolae Ceaucescu ainsi que les présidents d'Israël, de la Tanzanie, de l'Italie, de la République démocratique du Congo, de la République du Cameroun, de l'Islande et des Philippines. Également, en 1988, Madame Sauvé a rencontré Mêre Térésa de Calcutta à la Citadelle.

Elle reçoit également le prince Édouard, venu présenter les lettres patentes royales signées par Sa Majesté autorisant le rapatriement de l'autorité héraldique au Canada, ce qui permettra l'établissement de l'Autorité héraldique du Canada. En tant que chef de l'Autorité héraldique du Canada, le gouverneur général détient la prérogative de la Souveraine et autorise la création de nouvelles distinctions héraldiques sous forme d'armoiries, de drapeaux, d'insignes et autres emblèmes.

L'une de ses activités préférées est la fête de Noël organisée chaque année pour le Ottawa Boys and Girls Club et son équivalent francophone, le Patro d'Ottawa. En cette occasion, les enfants arrivent à Rideau Hall pour le déjeuner et pour la visite du Père Noël. Madame Sauvé accueille personnellement ses jeunes invités et porte un chapeau de fête en papier pour célébrer cette journée spéciale.

Durant le mandat de son épouse, M. Maurice Sauvé continue de mener ses propres occupations professionnelles tout en participant à de nombreuses activités culturelles canadiennes.

La vie avant et après Rideau Hall

Jeanne Mathilde Benoit fait ses études au couvent Notre-Dame du Rosaire à Ottawa, puis à l'Université d'Ottawa. Participant activement aux affaires étudiantes et politiques, elle devient la présidente nationale de la Jeunesse étudiante catholique à l'âge de 20 ans. Elle épouse l'honorable Maurice Sauvé le 24 septembre 1948 à l'église St-Jean Baptiste, à Ottawa. Un peu plus tard la même année, ils déménagent en Europe, où Madame Sauvé obtiendra un diplôme en civilisation française de l'Université de Paris. Le couple a un enfant.

Madame Sauvé est membre fondateur de l'Institut de recherche en sciences politiques, et sa carrière distinguée comme journaliste à la Société Radio-Canada s'étalera sur une vingtaine d'années. Elle est élue députée libérale du comté d'Ahunstic (Montréal) en 1972 et est nommée par la suite ministre d'État aux Sciences et à la technologie. Elle est réélue en juillet 1974, où elle se voit confier le portefeuille de l'environnement. Puis en 1975, elle est nommée ministre des Communications responsable des pays francophones au ministère des Affaires extérieures.

Après avoir terminé son mandat comme gouverneur général en 1990, Madame Sauvé et son conjoint prennent leur retraite et s'installent à Montréal, où elle s'emploie à faire valoir les intérêts de la Fondation Jeanne Sauvé. Trois ans plus tard, elle meurt à la suite d'une longue maladie, un an après la mort de son époux.

Le très honorable Edward Schreyer 1979-1984

The Right Honourable Edward Richard SchreyerL'un des premiers liens d'Edward Schreyer avec Rideau Hall se noue en 1975 lorsqu'il reçoit le « Prix du gouverneur général Vanier décerné à un éminent jeune Canadien de l'année ». Trois ans plus tard, il est nommé gouverneur général, et lui et sa famille quittent le Manitoba pour Rideau Hall. À 43 ans, Edward Schreyer est le plus jeune gouverneur général depuis lord Lorne en 1878 (33 ans) et lord Lansdowne en 1883 (38 ans).

Le gouverneur général Schreyer est un ardent défenseur de l'unité canadienne et un tenant du bilinguisme. Il voyage dans tout le pays, souvent dans des régions très éloignées, encourageant un climat de bienveillance et d'amitié entre les gens et les provinces. Lily Schreyer accompagne son mari dans ses voyages, et sa grande popularité auprès des Canadiens rehausse leurs apparitions.

Durant son mandat, Edward Schreyer défend l'égalité des femmes et la protection de l'environnement. En 1979, il institue le Prix du gouverneur général en commémoration de l'affaire « Personne », en témoignage du long combat juridique et politique mené par cinq femmes de l'Alberta en faveur du droit fondamental des Canadiennes d'être reconnues comme personnes. Il sait l'importance de défendre la protection de l'environnement, ce qui le pousse à instituer en 1981 les Prix du gouverneur général pour la protection de l'environnement. Il institue aussi la Bourse Edward Schreyer pour les études ukrainiennes à l'Université de Toronto. En 1983 a lieu la première Conférence d'étude canadienne du gouverneur général, qui se tient tous les quatre ans.

L'intérêt de Lily Schreyer pour les questions familiales la conduit à jouer un rôle dans de nombreuses organisations animées des mêmes sentiments, par exemple l'UNICEF. Elle voudrait que la résidence officielle reflète cet engagement, et elle et son mari ouvrent leur domaine aux familles de tous les milieux sociaux à travers le Canada. Son intérêt pour les enfants et les adultes présentant des handicaps physiques incite Mme Schreyer à faire installer à la résidence officielle une entrée et un ascenseur adaptés à ces personnes. Durant l'Année internationale des personnes handicapées, elle est l'instigatrice de la construction de la Fontaine de l'espoir, consacrée à Terry Fox, qui se trouve aujourd'hui devant l'entrée principale à Rideau Hall.

La vie avant et après Rideau Hall

Edward Schreyer étudie au United College, au St. John's College et à l'Université du Manitoba, où il obtient un baccalauréat en pédagogie en 1959, le premier de quatre diplômes. Il reçoit en 1962 un baccalauréat en éducation et, en 1963, une maîtrise ès arts en relations internationales et une deuxième maîtrise ès arts en économie. Sa carrière politique débute lorsqu'il est élu pour la première fois à l'Assemblée législative du Manitoba, à l'âge de 22 ans. De 1962 à 1965, il se hasarde dans le monde de l'enseignement en tant que professeur de relations internationales au Collège Saint-Paul de l'Université du Manitoba. En 1965, il est élu député à la Chambre des Communes. Le 8 juin 1969, il est choisi chef du Nouveau parti démocratique du Manitoba et par la suite occupe la charge de Premier ministre du Manitoba, de 1969 à 1977.

Le 30 juin 1960, Edward Schreyer épouse Lily Schultz, et le couple aura deux filles, Lisa et Karmel, et deux fils, Jason et Tobin.

Lorsque son mandat prend fin en 1984, Edward Schreyer annonce que, pendant cinq années, sa pension de gouverneur général servira à financer la Fondation du Bouclier canadien, une organisation qui étudie la flore et la faune du Bouclier canadien et qui offre des fonds et des emplois dans ce domaine et dont il continue d'être le président. La même année, il est assermenté comme membre du Conseil privé. M. Schreyer est ensuite nommé Haut-commissaire en Australie.

Il est depuis revenu à Winnipeg (Manitoba) où il travaille en tant que représentant national d'Habitat pour l'humanité, un organisme d'habitation à but non lucratif. Il est également directeur honoraire du Sierra Legal Defence Fund, conseiller honoraire auprès de la Fondation canadienne de la préservation des trésors culturels et historiques chinois et membre fondateur de la Winnipeg Library Foundation.

Lily Schreyer continue de s'intéresser et de participer à de nombreuses organisations telles que les Éclaireuses, la Fédération canadienne des associations foyer-école et parents-maîtres, et autres organismes voués aux besoins des enfants. Compte tenu de son intérêt de longue date pour les arts et les travaux manuels, elle s'efforce d'accroître la visibilité et les réalisations des artisans canadiens. Elle donne généreusement à des oeuvres de bienfaisance le produit de la vente de ses propres peintures.

Le très honorable Jules Léger 1974-1979

The Right Honourable Jules LégerSix mois après avoir été assermenté comme gouverneur général, Jules Léger est victime d'un accident cérébro-vasculaire à l'Université de Sherbrooke au Québec, où il devait y recevoir un doctorat honoris causa. Durant sa convalescence, Madame Léger jouera un rôle important. Remplaçant son époux en certaines occasions et l'aidant à s'acquitter de diverses tâches, c'est ainsi qu'elle lira une partie du discours du Trône. La contribution qu'elle apporte durant le mandat de son mari sera reconnue par sa présence, aux côtés de ce dernier, dans le portrait officiel de M. Léger qui se trouve dans le Salon de réception de Rideau Hall. Gabrielle Léger est le seul conjoint à figurer dans un portrait de gouverneur général.

En décembre 1974, Jules Léger reprend ses fonctions en présidant à la cérémonie d'investiture de l'Ordre du Canada, et un an plus tard il accueillera le prince Charles. En 1976, après l'incendie qui détruit plusieurs pièces de la Citadelle, résidence officielle du gouverneur général à Québec, Madame Léger participe activement au projet de restauration.

Après que le gouverneur général eut repris toutes ses activités, les Léger entreprennent des voyages qui les mènent partout au Canada. Leur désir d'encourager l'excellence dans le domaine culturel donnera naissance au Prix Jules Léger de la nouvelle musique de chambre, en 1978, et à la Médaille Gabrielle Léger pour la conservation du patrimoine, en 1979. Également en 1979, le gouvernement canadien rend hommage aux Léger en instituant la bourse Jules et Gabrielle Léger, qui est octroyée à des universitaires exceptionnels pour leurs recherches et leurs écrits sur le rôle, la fonction et la contribution historique de la Couronne et de ses représentants au Canada. En outre, la bourse Jules Léger est établie en 1974 à l'Université de Regina pour promouvoir l'excellence académique dans des programmes bilingues.

Le 19 octobre 1975, M. Léger reçoit un doctorat honorifique en droit de l'Université d'Ottawa, et lors de la même cérémonie, Madame Léger reçoit un doctorat honorifique de l'Université.

Les Léger apprécient également l'art canadien et encouragent constamment l'activité artistique. Ils comptent parmi leurs amis des peintres comme Jean Paul Lemieux, Alfred Pellan et Jean Dallaire.

Lorsqu'il prend sa retraite en 1979, Jules Léger laisse en héritage une oeuvre qui a consisté à encourager l'unité canadienne et l'humanisme, d'une part, et à donner un aspect intellectuel à la fonction de gouverneur général du Canada.

La vie avant et après Rideau Hall

Jules Léger est issu d'une famille où la spiritualité revêt une grande importance; il est le frère cadet du cardinal Paul-Emile Léger. Il épouse Gabrielle Carmel, le 13 août 1938, et le couple aura deux filles.

Après ses études au Collège de Valleyfield puis à l'Université de Montréal, il obtiendra son diplôme en droit avant de recevoir son doctorat de la Sorbonne, à Paris, en 1938. De 1938 à 1939, il est rédacteur adjoint au journal Le Droit à Ottawa et, de 1939 à 1942, il enseigne l'histoire de la diplomatie à l'Université d'Ottawa.

Jules Léger se joint au ministère des Affaires extérieures en 1940, ce qui marque le début d'une carrière de diplomate accompli. En 1953, il est nommé ambassadeur du Canada au Mexique. Il devient ensuite sous-secrétaire d'État aux Affaires extérieures et, en 1958, est désigné ambassadeur et représentant permanent au Conseil de l'Otan et représentant canadien à l'Organisation européenne de coopération économique à Paris. En 1962 et en 1964, il est successivement ambassadeur en Italie puis en France, avant d'être nommé ambassadeur en Belgique et au Luxembourg en 1973.

Après avoir quitté Rideau Hall, les Léger continueront d'habiter à Ottawa. Jules Léger meurt le 22 novembre 1980 et Gabrielle Léger, le 10 mars 1998.

Le très honorable Roland Michener 1967-1974

The Right Honourable Daniel Roland MichenerRoland Michener est nommé gouverneur général l'année du 100e anniversaire de la Confédération canadienne. M. et Mme Michener ont à peine entrepris leur mandat que débute la longue série des visites de dignitaires. On est en 1967 et Rideau Hall est rarement vide -- 53 chefs d'État arrivent pour célébrer le Centenaire et visiter Expo '67 à Montréal.

Le 1er juillet 1967, naît l'Ordre du Canada et le gouverneur général Michener préside en novembre de la même année la première cérémonie de remise des médailles. En 1972, l'Ordre du mérite militaire et la Médaille de bravoure sont institués, et en 1973 Sa Majesté la reine Elizabeth II présente le Collier royal de Victoria au gouverneur général, l'un des deux seuls Canadiens à qui ait été conféré cet honneur (l'autre étant l'ancien gouverneur général Vincent Massey, en 1960).

M. Michener est un fervent sportif et athlète qui s'adonne chaque jour à des exercices -- on pouvait le voir chaque matin faire du jogging. Son encouragement à faire des exercices quotidiens a eu un effet durable sur le bien-être physique de nombreux Canadiens. Nombre de gens se souviennent encore de son appui au Programme Participaction -- une campagne destinée à accroître la bonne forme physique de tous les Canadiens. Il encourage aussi le sport en instituant le Trophée Roland Michener pour le championnats de hockey mineur « AAA » en Ontario, ainsi qu'une récompense pour le championnat de pêche sportive appelée le Trophée Michener du thon.

M. Michener est une grande source de motivation pour les jeunes Canadiens, qu'il encourage à façonner l'avenir extraordinaire du Canada en développant leur plein potentiel. Il croit que son rôle de gouverneur général le place dans une position sans équivalent pour inspirer les Canadiens en applaudissant à leurs meilleures réalisations. Son appui à l'excellence s'étend aussi au journalisme, avec la création, en 1970, des Prix Michener du journalisme.

Durant leur séjour à Rideau Hall, Roland Michener et son épouse Norah allègent le protocole de plusieurs façons -- l'exemple le plus connu est l'abandon de la révérence. Ils forment un gracieux couple vice-royal et la Résidence du gouverneur général devient durant leur mandat un centre de la vie sociale. En 1972, ils rétablissent à Rideau Hall le lever du Nouvel An du gouverneur général, auparavant tenu dans la Chambre du Sénat. M. et Mme Michener se rendent fréquemment à l'étranger et ils instituent également des rencontres périodiques avec les lieutenants-gouverneurs provinciaux, qui ont commencé en 1973.

La vie avant et après Rideau Hall

Roland Michener fréquente l'Université de l'Alberta pour ses études de premier cycle, puis il obtient des diplômes universitaires supérieurs à Oxford, à la faveur d'une bourse Rhodes. À Oxford, il rencontre Lester B. Pearson -- les deux hommes allaient devenir des amis de toujours. Il exerce le droit à Toronto tout en siégeant au Conseil exécutif de l'Ontario, et il devient le secrétaire général de la Fondation Rhodes.

Il épouse Norah Willis le 26 février 1927 à l'église anglicane St. Mary Magdalen de Toronto, et le couple aura trois filles. Malheureusement, l'une d'elles, Wendy, décède à l'âge de 33 ans, le 1er janvier 1969, durant le mandat du couple Michener.

Pour sa thèse sur le philosophe français Jacques Maritain, Mme Michener obtient un doctorat de l'Université de Toronto en 1953. De 1957 à 1962, M. Michener est président de la Chambre des communes, puis haut-commissaire du Canada en Inde et premier ambassadeur du Canada au Népal, de 1964 à 1967.

Après le mandat de M. Michener comme gouverneur général, le couple déménage à Toronto, où M. Michener occupera la charge de chancelier de l'Université Queen's jusqu'en 1980 tout en restant actif dans les affaires partout au Canada.

Durant ses dernières années, une montagne de l'Alberta a été baptisée en son honneur et, encore plein d'énergie à l'âge de 80 ans, il grimpera jusqu'à son sommet pour marquer la cérémonie de baptême. Après son décès à l'âge de 91 ans, ses cendres seront inhumées aux côtés de son épouse à l'église anglicane St. Bartholomew d'Ottawa, de l'autre côté même de Rideau Hall.

Général le très honorable Georges P. Vanier 1959-1967

Major General The Right Honourable Georges Philias VanierTout jeune homme, Georges Vanier est nommé aide de camp du gouverneur général de l'époque, lord Byng, en 1921. Lui et son épouse sont mariés depuis moins d'un an lorsqu'ils viennent s'installer à Rideau Cottage, sur le domaine de Rideau Hall. Trente-huit ans après cette première introduction, Georges et Pauline Vanier s'installent à Rideau Hall en qualité de nouveau couple vice-royal.

La nomination de Georges Vanier est annoncée lors d'une réunion du Cabinet à Halifax, présidée par Sa Majesté la reine Élizabeth II. Le respect et l'affection qu'inspire le général Vanier font de lui le successeur tout désigné du populaire gouverneur général Vincent Massey.

Le Canada connaît des temps difficiles et le général Vanier est cardiaque, mais celui-ci réagit à la nouvelle de sa nomination avec la foi profonde qui l'anime constamment. « Si Dieu me veut pour ce travail, dit-il, il me donnera la force de l'accomplir ». Les fortes convictions religieuses de Georges et Pauline Vanier les poussent à défendre les défavorisés, les jeunes et la famille. Leur intérêt pour l'état de la famille au Canada les conduit à organiser en 1964 la « Conférence canadienne de la famille », à Rideau Hall, événement qui donnera naissance à la fondation de l'Institut Vanier de la famille.

Durant le mandat du général Vanier, la cause séparatiste prend de l'ampleur au Québec. Le général Vanier croit fermement dans l'unité canadienne, et il s'efforce souvent dans ses discours d'apaiser les tensions entre francophones et anglophones. Il maîtrise parfaitement les deux langues et encourage une politique de bilinguisme bien avant d'occuper la charge de gouverneur général. Le vif intérêt qu'il témoigne au Canada est révélé dans un des derniers discours de sa vie, lorsqu'il déclarait: « Le chemin de l'unité est le chemin de l'amour: l'amour de notre pays, la foi dans son avenir, nous donnera une nouvelle orientation et une nouvelle volonté, nous élèvera au-dessus de nos querelles intestines et nous unira au nom du bien commun... Je prie Dieu pour que nous puissions tous marcher main dans la main. Nous ne pouvons courir le risque de voir notre grand pays se désagréger ».

Malgré sa mauvaise santé, le général Vanier ne cessera jamais de voyager à travers le Canada. Son médecin croit que tous ces déplacements exigent de lui un effort excessif, mais chaque fois il constate que le couple revient tonifié. Les voyages de Georges et Pauline Vanier accroissent l'affection des Canadiens pour le couple vice-royal, qui reste dans les mémoires pour son authentique bienveillance envers tous ceux qu'il rencontre, en particulier les enfants et les personnes âgées. Entre autres voyages, le général Vanier assiste à l'inauguration de la voie maritime du St-Laurent à Cornwall, en Ontario, le 29 janvier 1960, et il est fait Chef grand aigle de la tribu des Pieds-Noirs, à Calgary en juin 1965.

Durant ses voyages, le général Vanier encourage les jeunes à travailler avec constance et à viser à l'excellence. Son engagement envers les jeunes apparaît dans le plaisir qu'il éprouve à exercer son rôle de chef scout du Canada, et dans son soutien actif au mouvement scout. Il institue en 1967 les Prix Vanier décernés à de jeunes Canadiens éminents, prix qui reconnaîtront l'excellence de la Jeune Chambre de commerce du Canada. Et pour reconnaître l'excellence dans la fonction publique fédérale, provinciale ou municipale, la Médaille Vanier de l'Institut d'administration publique du Canada est établie en 1962.

Le général Vanier est un fanatique de sports. Il institue à la fois la Coupe Vanier pour le championnat universitaire de football à l'Union sportive interuniversitaire canadienne, et le Prix d'escrime du gouverneur général en 1965. Par-dessus tout, il aime le hockey et il est un partisan enthousiaste de l'équipe de hockey des Canadiens de Montréal.

Durant leur séjour à Rideau Hall, les Vanier reçoivent une longue liste d'invités de marque. Parmi les visiteurs, citons le président des États-Unis John Kennedy et Mme Jacqueline Kennedy, l'empereur d'Éthiopie Haile Selassie, le premier ministre d'Israël David-ben-Gurion, le shah d'Iran et le général Charles de Gaulle, président de la France. Les Vanier apportent aussi de nombreux changements à Rideau Hall -- la chapelle est rétablie (la précédente avait été enlevée en 1912), et le fumoir devient le Salon canadien (appelé le Salon Pauline Vanier depuis 2003), avec l'ajout d'antiquités du Québec et de boiseries en pin.

Georges Vanier reçoit plusieurs honneurs durant son mandat de gouverneur général -- il est promu major-général en 1942, puis nommé par la reine au Conseil privé impérial du RoyaumeUni en 1963. Il reçoit aussi de l'Université de Toronto un doctorat honorifique en droit.

En 1966, la santé du général Vanier décline. Le programme habituel de visites et de tournées n'est pas réduit, mais le général Vanier est de plus en plus faible et fatigué. Puis le matin du dimanche 5 mars 1967, après avoir regardé la veille un match de hockey, le général Vanier s'éteint. Il n'est que le deuxième gouverneur général à mourir dans l'exercice de ses fonctions depuis la Confédération. Ses funérailles d'état ont lieu le 8 mars 1967 à la cathédrale Notre-Dame, à Ottawa, et son fils aujourd'hui illustre, le philanthrope Jean Vanier, prononcera l'oraison funèbre. La dépouille sera inhumée dans la chapelle commémorative de la Citadelle de Québec, le 4 mai 1967.

La reconnaissance de leur amour du genre humain et de leur profonde spiritualité a récemment donné lieu à une proposition de béatification de Georges et Pauline Vanier par l'église catholique romaine -- un hommage rendu à ce couple vice-royal qui fut l'exemple de nobles qualités et qui aima si profondément le Canada et le peuple canadien.

Vie avant Rideau Hall

Georges Vanier étudie au collège Loyola de Montréal et obtient un diplôme en droit de la section de Montréal de l'Université Laval. Durant la Première Guerre mondiale, il est l'un des membres fondateurs du 22e bataillon du corps expéditionnaire canadien, le bataillon canadien français qui deviendra en 1920 le célèbre Royal 22e Régiment. Il est décoré de la Croix militaire en 1916 et reçoit l'Ordre du service distingué et la barrette à la Croix militaire en 1919. En 1918, lorsqu'il mène une offensive à Cherisy, en France, il perd la jambe droite. Après une longue convalescence, il revient à Montréal pour exercer le droit. Il épouse Pauline Archer le 29 septembre 1921, et le couple aura cinq enfants.

En 1921, il est nommé aide de camp de lord Byng, fonction qui marque le début de nombreuses années de service au Cabinet du gouverneur général. En 1925, il prend le commandement du Royal 22e Régiment à la Citadelle, et l'année suivante il est nommé aide de camp honoraire de lord Willingdon, puis il est promu lieutenant-colonel en 1924.

En 1928, Georges Vanier entreprend une longue carrière diplomatique, durant laquelle il sera nommé à la délégation militaire du Canada pour le désarmement auprès de la Société des Nations. Puis, en 1931, il est nommé secrétaire du Cabinet du haut-commissaire à Londres. En 1939, il est nommé au poste de ministre canadien en France -- poste qu'il est forcé de fuir au moment de l'invasion nazie en 1940. Il est nommé en 1941 commandant du district militaire de Québec, puis entreprend une politique anticipée de bilinguisme au sein de l'armée. En 1942, il est promu général de division et, après la guerre, il est le délégué du Canada à la Conférence de la Paix à Paris. En 1944, il est nommé premier ambassadeur du Canada en France, poste qu'il occupera avec distinction jusqu'à sa retraite.

Avant de prendre sa retraite en 1953, le général Vanier sert de nouveau comme représentant du Canada auprès des Nations Unies. Après sa retraite, lui et son épouse reviennent à Montréal où ils participent à des activités de travail social dans la ville. Georges Vanier siège également aux conseils d'administration de la Banque de Montréal, du Crédit foncier franco-canadien et de la compagnie d'assurance Standard Life et il siège au Conseil des arts du Canada.

Le Premier ministre Pearson nomme Madame Vanier membre du Conseil privé, et elle est assermentée le 11 avril 1967. Elle est la première femme non-politicienne à recevoir cet honneur, qui lui est décerné parce que son époux est décédé avant la fin de son mandat, au moment où un gouverneur général est habituellement nommé conseiller privé. Madame Vanier est également parmi les premières personnes à être reçues dans l'Ordre du Canada, avec sa nomination comme Compagnon, le 6 juillet 1967.

Pauline Vanier meurt en 1991, à l'âge de 92 ans, à L'Arche, un centre pour adultes handicapés fondé par son fils, Jean Vanier, à Trosly en France. Elle est inhumée aux côtés du général Vanier à la Citadelle.

Le très honorable Vincent Massey 1952-1959

The Right Honourable Charles Vincent MasseyLa nomination de Vincent Massey comme gouverneur général marque le début d'une nouvelle tradition – il est le premier Canadien nommé à ce poste et, par la suite, tous les gouverneurs généraux seront des citoyens canadiens. Même si cette innovation suscite la critique de détracteurs, ceuxci sont vite convaincus des qualités exceptionnelles que possède M. Massey dans ce rôle vice-royal.

Vincent Massey estime que la Couronne appartient aux Canadiens et que, à titre de représentant de la souveraine, son rôle est de raffermir ce lien. Tout en respectant la Couronne et son cérémonial, il est déterminé à utiliser la fonction de gouverneur général pour promouvoir l'unité et l'identité canadiennes. Infatigable voyageur, il visite tous les coins du pays – là où il ne peut aller en avion ou par bateau, il se rend en canot ou en traîneau tiré par des chiens.

Les discours de M. Massey mettent souvent en valeur la diversité culturelle du Canada, et il insiste sur la nécessité d'apprendre l'anglais aussi bien que le français. Peu importe qu'il s'adresse au Jewish Congress, qu'il soit honoré par la première nation Blood en Alberta ou qu'il visite des villages de pêcheurs dans les Maritimes, il se fait le champion de tous les Canadiens.

Favoriser les arts est l'une des réalisations marquantes du mandat de M. Massey. Ses efforts visant à promouvoir un festival national des arts mettent en branle un mouvement dont naîtra éventuellement le Centre national des Arts. À Rideau Hall, il établit des week-ends d'écrivains pour aider à créer une identité littéraire canadienne. Le festival de Shakespeare de Stratford, qui en est alors à ses débuts, reçoit l'appui enthousiaste de M. Massey, et celui-ci honore de sa présence, en tant que gouverneur général, l'inauguration de maintes expositions d'oeuvres d'art. En 1953, il établit les Prix du gouverneur général pour l'architecture et remet les prix du Conseil des arts du Canada à de nombreux artistes, dont le compositeur sir Ernest MacMillan.

Cependant, Vincent Massey évite de se concentrer exclusivement sur un secteur – il encouragera l'excellence dans tous les domaines. Sa plus grande ambition, la création d'un régime canadien de distinctions honorifiques, ne verra le jour qu'après son mandat. Néanmoins, ses efforts n'auront pas été vains puisqu'ils donneront lieu à la création d'un tel régime en 1967, dont il en sera l'un des premiers Compagnons. Il établit la Médaille d'or du gouverneur général pour l'Institut des comptables agréés en 1954, et la médaille Massey reconnaissant l'exploration du pays, l'avancement de la géographie et la description géographique pour la Royal Canadian Geographical Society en 1959. Fort de ses réalisations dans les domaines des sciences, des affaires et des arts, le Canada acquiert une nouvelle identité positive que Vincent Massey a certes contribué à développer.

En 1953, M. Massey renoue avec la tradition du carrosse officiel au Canada lors des célébrations entourant le couronnement de Sa Majesté la reine Élizabeth II. En grande pompe, le carrosse emmène Vincent Massey et son personnel, sous l'escorte des membres de la Gendarmerie royale du Canada, jusqu'à la Colline du Parlement. M. Massey prononce alors une introduction au discours du couronnement de Sa Majesté la reine Élizabeth II, qui est radiodiffusé dans le monde entier à partir de Londres. Ce carrosse est celui-là même qui est encore utilisé lors de l'ouverture du Parlement et des visites d'État. Pour commémorer le couronnement de Sa Majesté, M. Massey a fait remettre des cuillers en argent à tous les enfants canadiens nés ce jour-là, le 2 juin 1953.

M. Massey présente un nouveau drapeau au régiment des Governor General's Foot Guards et, à la Citadelle de Québec, il présente au Royal 22e Régiment, en guise de mascotte, un bouc bien sage d'ascendance persane issu du troupeau royal et appelé « Batisse ». Celui qui reçoit la mascotte ce jour-là est le colonel honoraire du régiment, le général Georges Vanier, qui succédera à Vincent Massey comme gouverneur général.

Le mandat de M. Massey sera reconduit à deux reprises, la première fois par le premier ministre Louis St-Laurent, puis par le premier ministre John Diefenbaker. Il quittera ses fonctions le 15 septembre 1959.

La vie avant et après Rideau Hall

Vincent Massey est issu d'une grande famille canadienne – prospère en affaires et philanthrope. Son frère est l'acteur populaire Raymond Massey, et son père, le président de Massey-Harris Company, entreprise célèbre dans le monde entier pour la fabrication de matériel agricole.

Il fréquente d'abord le collège St. Andrew et poursuit ensuite ses études à l'Université de Toronto, puis à Oxford – cette expérience de l'Angleterre lui fera apprécier à jamais les traditions et les institutions de ce pays.

À son retour au Canada, il devient doyen en résidence pour l'histoire moderne à l'Université Victoria de Toronto. Le 4 juin 1915, il épouse Alice Parkin, fille de sir George Parkin, ancien directeur du Upper Canada College et secrétaire de la fondation Rhodes. Malheureusement, Mme Massey meurt en juillet 1950, 18 mois seulement avant la nomination de son époux comme gouverneur général. C'est ainsi que sa bru, Lilias, agira comme châtelaine de Rideau Hall durant le mandat de M. Massey.

Avant d'amorcer sa carrière diplomatique, Vincent Massey sera pendant quatre ans le président de l'entreprise fondée par son père. Durant cette période, il poursuit ses intérêts philanthropiques en faisant la promotion des arts, de l'éducation et des lettres. Il commence également à constituer l'une des plus importantes collections d'art canadien et, grâce à la fondation Massey, il favorisera la construction de Massey College à l'Université de Toronto.

En 1926, il est le premier à être nommé ministre à l'ambassade du Canada à Washington. Il devient ensuite haut commissaire à Londres, en 1935. Sa réputation en Angleterre est telle que, en 1946, le roi George VI lui décerne le titre de Compagnon d'honneur. En 1949, il est désigné à la présidence de la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Le rapport qui a découlé de ces travaux, publié en 1951 et appelé Rapport Massey, mènera à la création de la Bibliothèque nationale du Canada et du Conseil des arts du Canada.

Après son mandat comme gouverneur général, il prend sa retraite à Batterwood, sa résidence située près de Port Hope en Ontario, d'où il préside le conseil d'administration de la fondation Massey, comme il le faisait de 1926. La Fondation, incorporée en 1918, est la première fiducie du genre à être établie au Canada. Il consacre son temps à deux des institutions établies par la Fondation sur le campus de l'Université de Toronto – Massey College et Hart House, un centre pour étudiants d'une conception magnifique. En reconnaissance de ses réalisations en tant que représentant de la souveraine du Canada, Sa Majesté la reine Élisabeth II lui décernera le Collier royal de Victoria, le 22 juillet 1960. À cette époque, il est le seul Canadien à recevoir ce grand honneur.

En 1961, les conférences Massey sont créées pour honorer Vincent Massey, en reconnaissance de son soutien énergique en faveur des sciences humaines au Canada. Ces conférences permettent à des universitaires de marque ou à des personnalités de donner une conférence sur le sujet de leur choix, et nombreux sont ceux qui les considèrent comme étant les plus importantes séries de conférences publiques au Canada.

Vincent Massey meurt durant un séjour en Angleterre, le 30 décembre 1967. Il aura droit à des funérailles nationales au Canada, au début de janvier. Sa dépouille gît dans un cimetière anglican près de sa résidence de Port Hope.

Le vicomte Alexander 1946-1952

Field Marshal the Earl Alexander of TunisLa nouvelle de la nomination par le roi George VI de celui qui était alors vicomte Alexander comme gouverneur général est accueillie avec grand enthousiasme partout au pays. Héros de la Deuxième guerre mondiale, il est considéré comme le plus grand commandant militaire de la Grande-Bretagne depuis le duc de Wellington.

Outre sa réputation de génie militaire, lord Alexander possède un charisme rare lui permettant de se lier d'amitié facilement et de communiquer avec les gens. Cette qualité fera de lui un gouverneur général populaire et accompli. Il prend son rôle au sérieux – ainsi, lorsqu'on lui demande de donner le coup d'envoi au match de football final de la Coupe Grey en 1946, il passera quelques matinées à se pratiquer. Cette fois, il ne se contentera pas d'un coup d'envoi cérémonial!

Voyant son rôle comme étant un lien essentiel entre les Canadiens et leur chef d'État, c'est avec empressement qu'il transmet ce message là où il va. L'intérêt qu'il porte à communiquer personnellement avec les Canadiens ne s'est jamais démenti, que ce soit à l'occasion d'une rencontre avec des résidents du Territoire du Yukon, d'une allocution lors d'un déjeuner au Canadian Club à Ottawa ou d'un entretien avec des membres de diverses premières nations ou avec un villageois de la campagne ontarienne. Il effectue de nombreux voyages à travers le pays, parcourant au total plus de 184 000 milles durant ses cinq années comme gouverneur général.

Au cours de sa première visite importante dans l'Ouest, il se voit offrir le 13 juillet 1946 un mât totémique fabriqué par le sculpteur kwakiutl Mungo Martin, pour souligner son installation comme chef honoraire des Kwakiutl, un honneur décerné pour la première fois à un homme blanc. Ce mât totémique demeure une attraction populaire dans le parc de Rideau Hall. Lors d'une visite ultérieure en 1950, le vicomte Alexander sera décoré du titre de Chef tête d'aigle des indiens Pieds-Noirs.

Les années de mandat de lord Alexander – l'après-guerre – sont une période de changement pour le Canada. L'économie connaît une rapide croissance, et c'est le début d'une nouvelle ère de prospérité. Dans des lettres patentes de 1947, le roi George VI confère au gouverneur général tous les pouvoirs de Sa Majesté en ce qui a trait au Canada. Ce document demeure la source des pouvoirs que détient le gouverneur général aujourd'hui. En 1949, à la Conférence des premiers ministres du Commonwealth, il est décidé d'utiliser l'expression « membre du Commonwealth » au lieu de « dominion ».

La même année, Terre-Neuve entre dans la Confédération, et lord Alexander visite la nouvelle province cet été-là. Mais en 1950, le Canada se retrouve de nouveau mêlé à une guerre, où les Forces canadiennes combattent en Corée du sud contre la Corée du nord communiste et la République populaire de Chine. Lord Alexander visite les troupes qui partent au front pour les encourager en personne.

Lord Alexander reçoit divers dignitaires, y compris la princesse Élisabeth et le prince Philip qui viendront au Canada pour une visite royale en octobre 1951, moins de deux ans avant que la princesse ne devienne la reine Élizabeth II, reine du Canada. Les Alexander organisent une soirée de danses carrées à laquelle assistent la princesse et le prince. Lord Alexander voyage également à l'étranger pour des visites officielles, visitant le président Truman aux États-Unis en 1947 et effectuant une visite d'État au Brésil en juin 1948.

En général, toutefois, les Alexander mènent une vie simple. Lord Alexander est un fervent sportif qui aime la pêche, le golf, le hockey et le rugby. Adepte du plein air, il participe avec plaisir à la cueillette du sirop d'érable en Ontario et au Québec, supervisant personnellement l'entaillage des érables du domaine de Rideau Hall. Il se passionne également pour la peinture et, en plus d'installer un studio pour lui-même à Rideau Hall, dans le bâtiment de l'ancienne laiterie qui existe toujours, il organise des cours d'art à la Galerie nationale du Canada. Lady Alexander profite de son séjour au Canada pour devenir experte du tissage et fait installer deux métiers dans son cabinet de travail.

Lord Alexander encourage le secteur de l'éducation au Canada. Il se voit décerner de nombreux diplômes honoraires de diverses universités canadiennes et reçoit également des diplômes honoraires en droit des universités Harvard et Princeton aux États-Unis. Il sera également décoré de l'Ordre du Mérite par le roi George VI en 1959.

En 1951, lord Alexander reçoit le chandelier qui sera installé dans la Salle de bal de Rideau Hall. Ce chandelier est un cadeau du gouvernement britannique pour remercier le Canada de sa contribution durant la Deuxième Guerre mondiale.

Au début de 1952, après que son mandat eut été prolongé deux fois, lord Alexander quitte son poste de gouverneur général quand le premier ministre Churchill de Grande-Bretagne lui demande de retourner à Londres pour y occuper le poste de ministre de la Défense. Le retour en Angleterre de lord Alexander se fait dans la discrétion, compte tenu du décès subit du roi George VI, le 6 février 1952. Il est remplacé temporairement par un administrateur, jusqu'à la nomination du très honorable Vincent Massey.

La vie avant et après Rideau Hall

Lord Alexander fait ses études à Harrow, en Grande-Bretagne et poursuit ensuite une carrière militaire après avoir reçu sa formation au collège militaire de Sandhurst. Il sert comme officier dans les rangs des Irish Guards en 1911. Il commandera un bataillon de son régiment sur le front ouest, durant la Première Guerre mondiale, et sera blessé à deux reprises. Pour son service méritoire au front, il sera décoré de la Croix militaire en 1915, de l'Ordre du service distingué en 1916 et de la Légion d'honneur.

Le 14 octobre 1931, il épouse lady Margaret Diana Bingham, deuxième fille du comte de Lucan. Ils auront quatre enfants, y compris une fille adoptée durant leur séjour au Canada.

Au moment où la guerre éclate en 1939, lord Alexander est un major-général en charge de la Première division. Il avait été promu en 1937, à l'âge de 45 ans, faisant de lui le plus jeune général de l'armée britannique. En 1942, il commande les forces en Birmanie et devient ensuite commandant en chef du théâtre d'opération au Moyen-Orient. Il est promu Field Marshall en 1944 après la prise de Tunis en 1943, et il s'emparera de Rome en 1944. En mai 1945, il imposera les conditions de leur capitulation aux armées allemandes dans le sud-ouest de l'Europe.

Le 1er mars 1946, il est élevé à la pairie en tant que vicomte Alexander de Tunis et, en décembre 1946, est fait Chevalier de la Jarretière.

Après son mandat comme gouverneur général, il retourne en Angleterre en 1952 pour siéger à la Chambre des Communes britannique. Il reçoit le titre de 1er comte d'Alexander de Tunis et baron Rideau d'Ottawa, et de Castle Derg, comté Tyrone, le 14 mars 1952. La même année, il est assermenté comme membre du Conseil privé britannique, étant également conseiller privé canadien.

Le Canada demeure cher au coeur des Alexander, et ils y reviendront souvent pour visiter famille et amis et aussi parce que lord Alexander siège au conseil d'administration de l'Aluminium Company of Canada. Lord Alexander meurt en 1969. Ses funérailles ont lieu le 24 juin 1969, à la chapelle St. George du château Windsor, et sa dépouille gît dans l'enclos paroissial de Ridge, près de Tyttenhanger, sa propriété familiale d'Hertfordshire. Lady Alexander mourra en 1977.

Le comte d'Athlone 1940-1946

Major General The Earl of AthloneÀ la suite du décès soudain de lord Tweedsmuir en cours de mandat, le comte d'Athlone, qui est l'oncle du roi George VI, se voit offrir le poste de Gouverneur général. Des demandes avaient été formulées par le gouvernement et par les médias pour qu'un gouverneur général canadien soit nommé, mais le premier ministre Mackenzie King estimait que le temps n'était pas encore venu pour un tel changement. Le Canada est alors en guerre depuis 1939, et le pays tente de s'accommoder de l'obligation de fournir du personnel et du matériel militaires pour l'effort de guerre contre l'Allemagne nazie.

Le voyage qu'il entreprend alors pour se rendre au Canada avec son épouse, la princesse Alice - petite-fille de la reine Victoria - est compliqué en raison de la guerre, et leur navire doit traverser l'Atlantique en faisant des zigzags pour éviter les attaques de sous-marins. Heureusement, ils arrivent sains et saufs à Halifax.

Tandis que se poursuit la Deuxième Guerre mondiale, le comte d'Athlone appuie activement l'effort de guerre en procédant continuellement à l'inspection de troupes, d'écoles et d'hôpitaux militaires. La princesse Alice, quant à elle, est commandante honoraire du Women's Royal Canadian Naval Service, commandante de l'Air honoraire de l'Aviation royale du Canada (Division féminine) et présidente de la division des soins infirmiers de la Brigade de l'Ambulance Saint-Jean. Lord Athlone voyage d'un bout à l'autre du pays pour encourager les Canadiens et pour leur faire savoir que la souveraine du Canada s'est rangée à leurs côtés dans la lutte contre le totalitarisme.

Le comte d'Athlone et la princesse Alice accueilleront le premier ministre Mackenzie King, le premier ministre britannique Winston Churchill et le président américain Franklin D. Roosevelt à la Citadelle, à Québec, en deux occasions différentes, en 1943 et en 1944. Ces réunions, appelées Conférences de Québec, ont permis de définir les stratégies adoptées par les alliés de l'Ouest qui allaient éventuellement mener à la victoire contre l'Allemagne nazie et le Japon en 1945.

Mais les énergies du comte d'Athlone ne sont pas uniquement axées sur la guerre. Il crée la bourse Athlone-Vanier en ingénierie à l'Institut canadien des ingénieurs, qui reconnaît l'excellence académique, le leadership et le potentiel en gestion. Il goûte également aux plaisirs de la vie mondaine à Ottawa et dans les environs, en organisant des parties de toboggan, en s'adonnant au ski dans le parc de la Gatineau et en apprenant à patiner.

Le cabinet de travail du Gouverneur général dans l'Édifice de l'Est sur la colline du Parlement est fermé puis déménagé à Rideau Hall en 1940. Durant cette période, toutefois, Rideau Hall sert essentiellement de refuge temporaire à de nombreux membres de familles royales en exil à cause de la guerre qui, du reste, sont pour la plupart de la même famille que lord Athlone ou la princesse Alice. Parmi eux, mentionnons le prince héritier Olav et la princesse impériale Martha de Norvège, la grande-duchesse Charlotte et le prince Felix du Luxembourg, le roi Pierre de Yougoslavie, le roi George de Grèce, l'impératrice Zita d'Autriche et ses filles, ainsi que la reine Wilhelmine, la princesse Juliana, la princesse Beatrix et la princesse Margriet des Pays-Bas. Cette dernière naît à Ottawa, à l'Hôpital Civic, où la salle d'accouchement sera temporairement déclarée territoire néerlandais pour s'assurer que la princesse naisse aux Pays-Bas. Jusqu'à ce jour, les Pays-Bas envoient des tulipes à Ottawa pour commémorer l'aide fournie par le Canada en cette occasion.

Lord Athlone prend part aux célébrations marquant les victoires en Europe et sur le Japon en 1945. Et lorsqu'il reçoit un diplôme honoraire de l'Université McGill, il parle de l'avenir des jeunes Canadiens -- d'un avenir qui sera sous le signe, non pas de la guerre, mais plutôt de la réconciliation et de la reconstruction, où le Canada sera appelé à jouer un rôle de chef de file.

Lord Athlone est témoin de changements majeurs au Canada au fur et à mesure que le pays émerge de la guerre. Le Canada est alors une nation indépendante jouissant d'une économie forte et dynamique et ayant un rôle actif dans les affaires internationales.

La vie avant et après Rideau Hall

Le prince Alexandre (qui ne deviendra comte d'Athlone qu'en 1917) est issu d'une lignée distinguée. Il est le fils du ler duc de Teck et de la princesse Marie-Adélaïde. Frère de la reine Marie, il est l'oncle du roi George VI, père de la reine Élizabeth II. Après avoir terminé ses études à Eton, le prince Alexandre joint le service militaire. Il reçoit sa formation au Collège militaire, à Sandhurst, et est nommé sous-lieutenant du 7e régiment des Hussars en 1894. Il sert dans la campagne Matabele en Afrique, en 1896-1897, avec ce même régiment et reçoit l'honneur d'être mentionné dans certaines dépêches. Au cours de la guerre de 1899-1901 en Afrique du Sud, il fait partie du régiment des " Inniskilling Dragoons " et se voit décerner l'Ordre du service distingué en 1900. Durant la Première Guerre mondiale, son nom est également mentionné dans des dépêches, à deux reprises.

Le 10 février 1904, il épouse la princesse Alice Mary Victoria Augusta Pauline, fille du prince Léopold et petite-fille de la reine Victoria. Ils auront trois enfants, dont un meurt avant d'avoir un an et un autre, à l'âge de 20 ans.

Le prince Alexandre est nommé Gouverneur général du Canada une première fois en 1914, mais il réussit à persuader le roi George V de le laisser partir à la guerre. Il agit comme Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et, de 1923 à 1930, il sert en qualité de gouverneur général et commandant en chef de l'Afrique du Sud. De retour en Angleterre en 1931, il devient gouverneur et constable du château de Windsor.

Après leur mandat au Canada, le comte d'Athlone et la princesse Alice retournent en Angleterre, où ils vivront au palais de Kensington. Le comte d'Athlone est nommé chancelier de la " London University ", fonction qu'il occupera de 1932 à 1955, et la princesse Alice devient la première chancelière de l'université des Antilles en 1950. Le comte meurt en 1957. La princesse Alice retournera à Rideau Hall, en 1959, comme invitée des Vanier. Elle viendra également à Ottawa en 1963 lorsque, en tant que colonel honoraire des " Princess Louise Dragoon Guards ", elle présentera à ce régiment son nouveau drapeau. La princesse Alice s'éteint le 3 janvier 1981 au palais de Kensington, à l'âge de 97 ans.

Lord Tweedsmuir 1935-1940

Lord Tweedsmuir of ElsfieldLorsque lord Tweedsmuir devient gouverneur général, le Canada est honoré d'un couple vice-royal très intellectuel. Lord Tweedsmuir est un auteur prolifique, qui écrit deux ou trois livres par année -- son roman à suspens, Thirty-Nine Steps, deviendra plus tard célèbre lorsqu'Alfred Hitchcock en fera un film. Lady Tweedsmuir écrit de nombreux livres et pièces sous le nom de Susan Buchan.

Durant son mandat comme gouverneur général, lord Tweedsmuir continue d'écrire, et son livre, Augustus, ainsi que son autobiographie, Memory Hold-the-Door, sont rédigés à Rideau Hall. Il poursuit sa carrière d'écrivain, mais il encourage aussi le développement d'une culture véritablement canadienne. En 1936, encouragé par lady Tweedsmuir, il institue les Prix littéraires du gouverneur général, qui sont encore aujourd'hui la reconnaissance la plus prestigieuse du Canada en matière de mérite littéraire.

Lady Tweedsmuir encourage activement l'alphabétisation au Canada. Elle utilise Rideau Hall comme centre pour la distribution de 40 000 livres qui sont envoyés aux lecteurs des régions éloignés de l'Ouest. Son programme est appelé «Bibliothèque des Prairies de lady Tweedsmuir». Lord et lady Tweedsmuir établissent ensemble la première bibliothèque digne de ce nom à Rideau Hall.

Lord Tweedsmuir prend au sérieux ses responsabilités au Canada et s'efforce de rendre utile pour la vie des Canadiens ordinaires la charge de gouverneur général. Selon ses propres mots, «un gouverneur général occupe une position sans équivalent car il est de son devoir de connaître le Canada tout entier ainsi que chacune de ses populations».

Lord Tweedsmuir voyage partout au Canada, y compris jusqu'au Cercle arctique. Il saisit toutes les occasions de parler aux Canadiens et de les encourager à développer leur propre identité. Il veut construire l'unité nationale en abaissant les barrières religieuses et linguistiques qui divisent le pays. Il sait les souffrances qu'ont connues de nombreux Canadiens à cause de la Dépression et souvent il traite avec compassion de leurs difficultés dans ses écrits.

Lord Tweedsmuir est reconnu par l'Université de Glasgow, les universités St. Andrews et McGill, et les universités de Toronto et de Montréal, qui toutes lui confèrent le grade de docteur en droit, et il est fait membre titulaire honoraire et docteur en droit canonique d'Oxford.

Au décès de Sa Majesté le roi George V, en 1936, la façade de Rideau Hall est drapée d'un crêpe noir, et lord Tweedsmuir annule toutes les réceptions durant la période de deuil. Le nouvel héritier du trône, le roi Édouard VIII, abdique peu après pour épouser Wallis Simpson -- ce qui entraîne une crise au sein de la monarchie. Cependant, lorsque le nouveau roi, Sa Majesté George VI, et Sa Majesté la reine Elizabeth, voyagent à travers le Canada en 1939, la visite royale - la première visite d'un souverain régnant au Canada- est extrêmement bien accueillie.

Comme pour beaucoup de gens de son époque, l'expérience de la Première Guerre mondiale convainc lord Tweedsmuir de l'horreur des conflits armés, et, avec le président Roosevelt des ÉtatsUnis et le premier ministre Mackenzie King, il s'efforce de conjurer la menace croissante d'une autre guerre mondiale.

Alors qu'il se rase le 6 février 1940, lord Tweedsmuir est terrassé par une attaque et, dans sa chute, il se blesse grièvement à la tête. Il reçoit les meilleurs soins possibles -- le célèbre médecin canadien Wilder Penfield l'opère deux fois -- mais la blessure se révèle fatale. Le 11 février, dix mois seulement avant l'expiration de son mandat, lord Tweedsmuir décède. Le Premier ministre Mackenzie King exprimera la perte ressentie par tous les Canadiens en lisant les mots suivants à la radio: « Avec le décès de Son Excellence, les Canadiens perdent l'un des plus grands et l'un des plus vénérés de leurs gouverneurs généraux, ainsi qu'un ami qui, dès le jour de son arrivée dans ce pays, s'est mis à leur service. »

C'est la première fois depuis la Confédération qu'un gouverneur général meurt durant son mandat. Après l'exposition solennelle de la dépouille dans la Chambre du Sénat, des funérailles nationales ont lieu à l'église presbytérienne St. Andrews. Puis les cendres de lord Tweedsmuir sont retournées en Angleterre sur le vaisseau de guerre H.M.S. Orion, pour une dernière sépulture à Elsfield.

La vie avant Rideau Hall

Longtemps avant sa nomination à Rideau Hall, lord Tweedsmuir est déjà un auteur célèbre de poèmes, de récits et de romans. Après des études aux universités de Glasgow et d'Oxford, il reçoit une maîtrise ès arts, puis il est admis au barreau en 1901.

Le 15 juillet 1907, lord Tweedsmuir épouse Susan Charlotte Grosvenor, cousine du duc de Westminster. De leur union naîtront quatre enfants, dont deux passeront la plus grande partie de leurs vies au Canada.

Après la Guerre d'Afrique du Sud, il travaille avec lord Milner, haut-commissaire en Afrique du Sud, à la reconstruction de ce pays. Durant la Première Guerre mondiale, il est correspondant du London Times en France, avant de devenir directeur de l'information sous lord Beaverbrook en 1917. Il occupe de nombreux postes, notamment celui de président de la Société historique écossaise, celui d'administrateur de la Bibliothèque nationale d'Écosse et celui de directeur d'une société d'édition et, à deux reprises, il est accepté comme haut-commissaire de Sa Majesté à l'Assemblée générale de l'Église d'Écosse. Lorsque lord Tweedsmuir embrasse la politique en 1927, il est élu député des universités écossaises.

Au moment où il accepte sa nomination comme gouverneur général du Canada, il reçoit une pairie et est créé baron Tweedsmuir d'Elsfield dans le comté d'Oxford, le 1er juin 1935.

Le comte de Bessborough 1931-1935

The Earl of BessboroughLes communications constituent le point marquant du mandat de lord Bessborough. La cérémonie de son installation est radiodiffusée pour la première fois dans tout le pays. En 1932, il inaugurera le premier réseau téléphonique transcanadien en contactant chaque lieutenant-gouverneur à partir de son cabinet de travail à Rideau Hall, et il fera installer une ligne téléphonique directe entre son bureau et celui du premier ministre R.B. Bennett. Il verra également la création de la Société Radio-Canada.

À l'instar de ses prédécesseurs, lord Bessborough voyage d'un bout à l'autre du Canada – ces visites l'aidant à comprendre l'âme nationale. La Grande Crise sévit alors, et lord Bessborough est témoin de ses répercussions sur le pays. Profondément touché par les souffrances de tant de gens, il admire par ailleurs leur dignité et leur persévérance. Dans un discours qu'il prononce à Shawbridge, au Québec, il dit ceci : « Ayant vu le Dominion durant cette période, je crois avoir eu l'occasion d'apprécier les Canadiens beaucoup plus que je ne l'aurais pu en période de prospérité. Rien n'est plus encourageant et positif que le calme et la ténacité avec laquelle les Canadiens ont vaqué à leurs occupations quotidiennes au cours de la difficile période, en faisant preuve d'une confiance suprême en la destinée de leur pays. » La sympathie qu'il éprouve pour les difficultés que vivent les autres pousse lord Bessborough à recommander une réduction de 10 pour cent de son salaire – suggestion qui est acceptée.

Après que Sa Majesté le roi George V eut approuvé par lettre patente que le gouverneur général du Canada ne représenterait plus le gouvernement britannique, un nouveau drapeau vice-royal est élaboré. En 1931, lord Bessborough est le premier gouverneur général à hisser ce nouveau drapeau spécialement conçu pour le Canada, sur lequel figure un lion héraldique avec le mot Canada au-dessous. Il est hissé pour signaler la présence du gouverneur général à Rideau Hall, ou ailleurs lors de cérémonies officielles, tradition qui se perpétue jusqu'à nos jours.

Malgré la Crise, le Canada poursuit sa croissance et se donne de nouvelles institutions et un nouveau rôle sur la scène internationale. En tant que gouverneur général, lord Bessborough a un apport majeur dans ce développement. En 1932, il ouvre la Conférence économique impériale à la Chambre des Communes -- première grande manifestation internationale à Ottawa. Il inaugure également le nouveau canal Welland et le nouveau bâtiment du Conseil national de recherches du Canada à Ottawa.,/p>

Que ce soit à Rideau Hall ou à la Citadelle, les Bessborough accueillent un certain nombre de visiteurs de marque – notamment le prince et la princesse Takamatsu du Japon, le roi et la reine de Siam, Winston Churchill et sir Hubert Wilkins, explorateur de l'Arctique.

Lord et lady Bessborough continuent de s'intéresser au théâtre au Canada. Leur fils, le vicomte Duncannon, participera d'ailleurs au Ottawa Little Theatre. L'un des points forts du mandat des Bessborough sera l'organisation du festival dramatique du Dominion. Avec l'aide de Vincent Massey et du colonel Henry C. Osborne du Ottawa Little Theatre, lord Bessborough crée un concours national pour les compagnies de théâtre amateur, dont les finalistes seront annoncés à Ottawa. Le premier festival a lieu en avril 1933, où le trophée Bessborough, la récompense la plus élevée, est décerné à un groupe de Winnipeg. Ce trophée sera plus tard remplacé par le trophée Calvert. Le photographe officiel du festival deviendra éventuellement célèbre – la carrière extraordinaire de Yousuf Karsh sera lancée grâce aux portraits qu'il fera des Bessborough.

Les Bessborough prennent une part active à d'autres aspects de la vie canadienne également. Ils participent notamment à une campagne de recrutement de scouts. En janvier 1935, ils lancent le King's Jubilee Cancer Fund au moyen d'un message radiophonique diffusé à partir de Rideau Hall. Et l'une des dernières réceptions tenues par lord Bessborough sera en l'honneur du Jubilé d'argent du roi George V, en mai 1935.

La vie avant et après Rideau Hall

Après ses études à Harrow et au Trinity college, à Cambridge, lord Bessborough amorce une carrière en droit en 1903. Par la suite, il épouse Roberte de Neuflize, fille unique du baron Jean de Neuflize de Paris (France). Le mariage a lieu le 25 juin 1912, et quatre enfants naîtront de cette union. Leur quatrième enfant, qui naît au Canada quatre mois après leur arrivée, reçoit le nom de George St. Lawrence (du nom du fleuve) Neuflize.

Lord Bessborough se porte candidat pour diverses charges publiques. Il siège au London County Council de 1907 à 1910 et à la Chambre des Communes britannique comme député pour le parti conservateur, de 1913 à 1920. À la mort de son père, il hérite du titre de ce dernier dans la pairie irlandaise, devenant ainsi le 9e comte de Bessborough, et il entre à la Chambre des lords.

Après la guerre, il devient un homme d'affaires accompli, assumant la direction de plusieurs grandes entreprises du secteur privé. Le poste le plus prestigieux qu'il occupera sera celui de vice-président de la société DeBeers Consolidated Mines.

Au terme de son mandat comme gouverneur général, lord Bessborough retourne en Angleterre et reprend brièvement ses anciennes occupations dans le milieu des affaires. Le 2 juin 1937, il est créé ler comte de Bessborough au Royaume-Uni pour ses états de service au Canada. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il aide à établir au sein du Foreign Office un ministère chargé d'assurer le bien-être des réfugiés français en Grande-Bretagne.

Un an avant son décès en 1956, lord Bessborough et son épouse font une dernière visite au Canada durant laquelle ils séjournent à Rideau Hall avec Vincent Massey. Durant ses années passées au Canada, lord Bessborough verra le pays émerger avec succès de la Crise des années 1930, mais également un pays changé par la Deuxième Guerre mondiale et par la Guerre de Corée.

Le vicomte Willingdon 1926-1931

The Marquess of WillingdonLord Willingdon entre en fonction comme gouverneur général en même temps que le Canada s'apprête à prendre une nouvelle orientation, tant sur le plan national qu'international, en devenant une nation indépendante. Le changement de statut du Canada fait suite à la Conférence impériale, tenue le même mois, où les dominions ont obtenu leur autonomie, faisant d'eux les égaux de la Grande-Bretagne. Lord Willingdon est ainsi le premier gouverneur général à représenter la Couronne et à agir sur l'avis des ministres canadiens plutôt qu'en tant que mandataire du gouvernement britannique.

Lord Willingdon voyage partout au Canada et rencontre des Canadiens de tous les milieux. Il est le premier gouverneur général à utiliser l'avion pour ses aller-retours entre Ottawa et Montréal. Dans l'un des discours qu'il prononce peu de temps après avoir assumé ses nouvelles fonctions, lord Willingdon entrevoit pour le Canada une destinée qui ferait aujourd'hui le concensus de bon nombre de Canadiens : « Je prie en espérant que notre pays puisse avancer à pas de géant vers l'accomplissement de sa destinée, celle de devenir une grande nation qui exercera une influence importante sur l'établissement de la paix et du bien-être parmi les peuples du monde ».

Le prince de Galles et le prince George, en compagnie du très honorable Stanley Baldwin, premier ministre de la GrandeBretagne, font une visite au Canada en juillet 1927 pour les célébrations du 60e anniversaire de la Confédération. On fête alors le Jubilé de diamant du Canada, et le son joyeux du nouveau carillon installé dans la tour Victoria du Parlement (maintenant appelée Tour de la Paix) est radiodiffusé à travers le pays, le ler juillet. Cette même année, le gouverneur général Willingdon se rend à Washington, où il est accueilli par le président des États-Unis avec tous les honneurs qui lui sont dus. Durant ce voyage, il est reçu par Vincent Massey, le premier des ministres canadiens affectés à Washington (poste qui est devenu aujourd'hui celui d'ambassadeur), qui deviendra lui-même gouverneur général, de 1952 à 1959.

Le gouverneur général Willingdon est un sportif enthousiaste. Il affectionne particulièrement la pêche, le golf, le tennis, le patinage, le ski, le curling et le cricket, et il profite du fait que bon nombre de ces sports sont pratiqués à Rideau Hall.

Lord et lady Willingdon apprécient tous deux les arts et ils décorent Rideau Hall avec des tapis, des paravents et des objets d'art précieux qu'ils ont collectionnés durant leurs voyages en Chine et en Inde. (En 1993, le Grand Salon à Rideau Hall sera restauré dans le style chinois de l'époque de lady Willingdon.) Ils établissent la Willingdon Arts Competition, un concours sur le modèle de la Lord Grey Competition pour la musique et le théâtre auquel s'ajouteront des prix pour la peinture et la sculpture.

Vers la fin du mandat de lord Willingdon, la grande crise commence à se faire sentir et, bien qu'il s'apprête à quitter le Canada pour une nouvelle affectation en Inde, le gouverneur général se montre souvent préoccupé par le sort des chômeurs.

La vie avant et après Rideau Hall

Avant de devenir gouverneur général, lord Willingdon possède déjà une éducation et une expérience tout à fait appropriées à ce poste. Diplômé du collège Eton et de l'université Cambridge, il possède également une vaste expérience de la fonction publique et de l'administration coloniale. Son mariage à lady Marie Adelaide sera d'un grand soutien à lord Willingdon, qui considérera son épouse comme la compagne de sa vie. En maintes occasions, il reconnaîtra l'appui indéniable que celle-ci lui fournit. « Mon épouse, fait-il remarquer, a été une source constante d'inspiration et d'encouragement. » Ensemble, ils ont eu deux fils, dont l'aîné mourra sur le champ de bataille, au début de la Première Guerre mondiale.

De 1900 à 1910, lord Willingdon siège comme député libéral au Parlement britannique. Sa vie politique prend fin, lorsqu'il occupe son siège à la Chambre des pairs après avoir été élevé à la pairie en tant que baron Willingdon de Ratton, le 20 juillet 1910. Lord Willingdon agira ensuite comme gentilhomme de compagnie et partenaire de tennis enthousiaste de Sa Majesté le roi George V.

Lord Willingdon amorce sa carrière dans l'administration coloniale comme aide de camp de son beau-père, gouverneur de l'Australie de 1897 à 1900. Il occupe ensuite le poste de gouverneur de Bombay de 1913 à 1918, puis de gouverneur de Madras de 1919 à 1924. Le 23 juin 1924, il obtient le titre de vicomte Willingdon. C'est lors d'une mission diplomatique en Chine qu'on lui annonce sa nomination, le 5 août 1926, comme gouverneur général du Canada.

Après avoir quitté le Canada en 1931, lord Willingdon occupera le poste de vice-roi des Indes jusqu'en 1936. Dans ce rôle, il aura à relever de nombreux défis, notamment la campagne de désobéisance civile de Mahatma Gandhi. Lady Willingdon laissera en Inde le souvenir d'une personne ayant oeuvré à l'amélioration des droits humains. Une fois de retour en Angleterre, lord Willingdon est assermenté en tant que membre du Conseil privé et est élevé au rang de 1er marquis de Willingdon. Il est l'un des premiers roturiers à obtenir ce rang.

Lord Willingdon meurt en 1941 et lady Willingdon, en 1960.

Lord Byng 1921-1926

Field Marshal, The Viscount Byng of VimyLord Byng est bien connu des Canadiens avant sa nomination comme Gouverneur général. En 1916, durant la Première Guerre mondiale, il prend le commandement du corps d'armée canadien sur le front ouest. Il remporte son plus grand titre de gloire avec la victoire canadienne du Plateau de Vimy en avril 1917, une victoire militaire historique pour le Canada, qui exalte le sentiment national au pays. Lorsqu'il voyage à travers le Canada durant son mandat, il est accueilli avec enthousiasme par les hommes qu'il a dirigés.

La nomination de lord Byng fut moins controversée que celle de son prédécesseur, le duc de Devonshire. C'est en partie à cause de sa popularité, mais aussi parce qu'il est nommé après consultation directe du gouvernement canadien. Lord Byng s'acquitte de sa charge avec enthousiasme, affermissant encore nombre des traditions établies par ses prédécesseurs. Il rompt également avec la tradition puisqu'il est le premier gouverneur général à nommer des aides de camp canadiens, dont l'un est Georges Vanier, qui occupera plus tard la charge de gouverneur général, de 1959 à 1967.

Lord Byng a toujours été un passionné de sport, et lui et son épouse aiment en particulier le hockey sur glace. Il lui arrive rarement de manquer un match disputé par les Sénateurs d'Ottawa. En 1925, lady Byng présente à la Ligue nationale de hockey un trophée qui, depuis, récompense l'esprit sportif et l'excellence au jeu.

Lord et lady Byng voyagent également davantage qu'aucun de leurs prédécesseurs. Ils font des excursions prolongées dans l'Ouest canadien et dans le Nord, et ils en profitent pour rencontrer de nombreux Canadiens. Lord Byng institue la Coupe du gouverneur général à la Foire royale agricole d'hiver, et lady Byng conçoit à Rideau Hall une rocaille, qui ravit encore les visiteurs aujourd'hui.

L'événement le plus notable à survenir durant le mandat de lord Byng est l' «affaire King-Byng» -- une crise politique qui éclata entre le Gouverneur général et le premier ministre Mackenzie King. Cette affaire, qui fut observée avec attention à la fois par le gouvernement canadien et par le gouvernement britannique, a contribué à redéfinir le rôle du gouverneur général.

Le gouverneur général avait toujours représenté à la fois le roi ou la reine du Canada et le gouvernement britannique, situation qui s'était transformée avec les prédécesseurs de lord Byng, et le gouvernement canadien ainsi que le peuple canadien, en une tradition de non-ingérence dans les affaires politiques canadiennes.

En septembre 1924, le premier ministre Mackenzie King demande à lord Byng de dissoudre le Parlement afin de déclencher des élections. Le Gouverneur général répond favorablement à la demande. Aux élections de 1925, le Parti conservateur remporte le plus grand nombre de sièges, mais sans obtenir la majorité. Comptant sur le soutien du Parti progressiste pour venir à bout de la minorité conservatrice, Mackenzie King, chef du Parti libéral, ne résigne pas ses fonctions de premier ministre et reste au pouvoir à la Chambre des communes jusqu'en 1926.

Éclate alors un scandale politique au ministère des Douanes et de l'Accise, puis, en plein Parlement le Parti conservateur affirme que la corruption s'étend aux plus hauts niveaux de l'administration, y compris le Cabinet du premier ministre. Mackenzie King renvoie le ministre des Douanes et promptement le nomme au Sénat, semant encore davantage la consternation parmi les membres du Parti progressiste, qui ont déjà retiré leur appui au gouvernement libéral.

Devant la menace d'un troisième vote sur la question de la corruption gouvernementale, et ayant déjà perdu deux votes antérieurs sur des points de procédure, M. King demande au Gouverneur général de dissoudre le Parlement. Lord Byng refuse, ce qui marque le début de la crise. Le premier ministre King demande qu'avant de prendre une décision, le Gouverneur général consulte le gouvernement britannique, qu'il représente. Lord Byng refuse de nouveau, alléguant le principe de non-ingérence dans les affaires canadiennes.

Le lendemain, M. King présente à lord Byng un décret de dissolution du Parlement, que celui-ci refuse de signer. Le Canada est donc temporairement sans premier ministre et sans gouvernement, jusqu'à ce que le Gouverneur général invite Arthur Meighen à former un gouvernement. M. Meighen forme un gouvernement, mais perd la semaine suivante un vote de censure à la Chambre des communes. Le premier ministre Meighen demande la dissolution du Parlement, demande qui est acceptée par le Gouverneur général Byng, puis de nouvelles élections sont déclenchées.

Politiquement, il est fait grand cas de l'affaire Byng-King durant la campagne électorale. Les Libéraux sont ramenés au pouvoir avec une nette majorité, et Mackenzie King comme premier ministre. Une fois au pouvoir, le gouvernement de Mackenzie King cherche à redéfinir le rôle du gouverneur général comme un rôle de représentation du souverain et non du gouvernement britannique, et cette nouvelle règle prend effet peu après.

Lorsqu'ils quittent le Canada le 30 septembre 1926, les Byng retournent en Angleterre avec de nombreuses amitiés intimes qu'ils avaient nouées durant leur charge au Canada. Lord Byng s'est employé à représenter les intérêts des Canadiens autant qu'il était possible et, malgré la crise politique, le souvenir qu'il laisse est celui d'un homme très respecté.

La vie avant et après Rideau Hall

Après des études à Eton, lord Byng entreprend une carrière militaire au cours de laquelle il sert aux Indes et en Afrique du Sud, durant la guerre de 1899-1900. Durant cette campagne, il demande la main de Marie Evelyn Moreton, fille unique de sir Richard Charles Morton, contrôleur à Rideau Hall durant le mandat du marquis de Lorne. Il est si impatient de connaître sa réponse qu'il lui demande de la lui envoyer par câble. Lord Byng encadre sa réponse, formulée ainsi «Oui, revenez immédiatement s'il vous plaît», et la conservera sur son bureau durant toute sa vie. Ils se marient le 30 avril 1902 et n'auront pas d'enfant.

Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, lord Byng fait d'abord campagne en France, avec le Corps expéditionnaire britannique, en tant que commandant du corps de cavalerie. Plus tard, il commande le 9e Corps d'armée durant la malheureuse campagne des Dardanelles et surveille le retrait du détroit. En 1916, il exerce le commandement du corps d'armée canadien. Après la victoire du Plateau de Vimy, lord Byng prend le commandement de la 3e Armée britannique, et c'est là qu'il conduit, avec des chars d'assaut, à Cambrai, la première attaque surprise, considérée comme un moment décisif du conflit. Pour ces états de service, il est promu général et, après la guerre, il est anobli et devient le 1er baron Byng de Vimy de Thorpe-le-Soken, à Essex, le 7 octobre 1919.

Après son mandat comme Gouverneur général, lord Byng retourne en Angleterre avec son épouse, et obtient le titre de vicomte. Il occupe alors la charge de commissaire de la police de Londres, et il est promu maréchal, puis il se retire enfin avec son épouse à Essex, en Angleterre. Lord Byng décède en 1935, et lady Byng revient au Canada durant la Deuxième Guerre mondiale pour vivre avec des amis. Elle meurt en 1949.

Le duc de Devonshire 1916-1921

The Duke of DevonshireLa nomination du duc de Devonshire comme gouverneur général causera des problèmes politiques pendant une brève période, le premier ministre britannique ayant omis de consulter le gouvernement du premier ministre Borden à ce sujet. Ce manquement à une pratique établie, allié au fait que le premier ministre Borden se soit senti insulté par cette indélicatesse entraînera, au début, des difficultés considérables.

Vers la fin de son mandat, le duc de Devonshire aura su éliminer les soupçons initiaux entourant sa nomination. Il fait preuve d'une grande dignité et d'une grande sagesse, particulièrement avec les nombreux Canadiens qu'il rencontre. Les premiers ministres Borden et Meighen ont tous deux fini par le considérer comme un ami personnel et un ami du Canada. C'est de lui que M. Borden parlera en soulignant « qu'aucun gouverneur général avant lui n'était ... plus capable de comprendre les grandes questions qui intéressent, non seulement notre pays et le Royaume-Uni, mais encore l'Empire tout entier. »

Durant le mandat du duc de Devonshire, le Canada connaît de grands remous sociaux. La Première Guerre mondiale est loin d'être terminée, et le Canada continue d'envoyer du matériel et des troupes. La victoire canadienne sur le Plateau de Vimy en 1917 vient confirmer la capacité de nos troupes au combat et nourrir la fierté et le nationalisme au pays. La duchesse de Devonshire oeuvre activement au sein d'organisations bénévoles pour aider à soulager la souffrance de ceux que la guerre affecte, et elle visite de nombreux hôpitaux militaires partout au pays.

La guerre cause également des problèmes sociaux. Le gouvernement canadien établit la conscription peu de temps après l'arrivée du duc de Devonshire. Cette décision aura notamment pour effet de diviser l'opinion entre les Canadiens-français et les Canadiens-anglais. Tout en faisant de son mieux pour encourager la réconciliation, le duc de Devonshire est très conscient de son rôle en tant que gouverneur général qui, à l'époque, demeure étroitement lié au gouvernement britannique. C'est pourquoi il veillera à consulter le premier ministre Borden et les chefs de l'opposition et à ne pas s'ingérer dans les questions d'ordre politique.

Durant cette période, le mouvement des suffragettes prend de l'ampleur, et c'est au cours du mandat du duc de Devonshire que les femmes obtiennent le droit de vote. L'agitation sociale prend également la forme d'une grève générale à Winnipeg, qui reflète les nouvelles exigences que les Canadiens ont à l'égard de leur société et de leur système politique. Le premier ministre Borden prend sa retraite vers la fin du mandat du duc de Devonshire et est remplacé par M. Meighen.

Même si le duc de Devonshire n'intervient pas dans la politique du pays, il s'intéresse manifestement aux Canadiens et à leurs vies, et il effectuera de nombreux voyages d'un bout à l'autre du pays. En 1918, il part pour Washington pour rendre visite, de façon non officielle, au président Woodrow Wilson à la Maison-Blanche. L'année suivante, il recevra le prince de Galles à Ottawa, lors de la première visite de celui-ci au Canada.

Ainsi, compte tenu de sa propre expérience de propriétaire terrien en Angleterre, il est extrêmement intéressé au développement de l'agriculture au Canada. Durant ses voyages, il discute d'agriculture avec des fermiers et autres intervenants de ce secteur industriel. Ces derniers considèrent qu'il possède les connaissances et l'expertise justifiant l'intérêt qu'il porte à ce domaine.

Il visite de nombreuses foires agricoles et horticoles et des expositions, et aime les parties de sucre dans la Gatineau. En 1921, le Trophée du duc de Devonshire pour la Ottawa Horticultural Society est établi. L'un de ses projets importants est d'encourager l'établissement de fermes expérimentales, dont la grande ferme expérimentale du gouvernement du Canada qui, à l'époque, se trouve en banlieue d'Ottawa. Ses discours font souvent allusion au potentiel du Canada à devenir le premier pays du monde dans le domaine de la recherche et du développement agricoles.

Le duc de Devonshire est en outre un mécène. Il visite souvent la Galerie nationale du Canada et encourage la tenue fréquente de spectacles à Rideau Hall. Les parties de patinage et de toboggan continuent d'agrémenter les hivers à la Résidence, ce qui permet à la duchesse de pratiquer de nouveau les techniques de patinage qu'elle avait apprises à Rideau Hall, lorsqu'elle était enfant. Le duc aime également le hockey et assiste à de nombreuses parties. Les Devonshire apportent beaucoup d'améliorations à Rideau Hall en faisant construire des courts de tennis et aménager les jardins. Et en 1918, la duchesse de Devonshire devient la première femme à planter un arbre commémoratif, un érable à sucre, dans le domaine de Rideau Hall. Ce que le duc apprécie le plus de tout ce qu'il aime du Canada, toutefois, ce sont les séjours qu'il fait à la Citadelle de Québec.

La vie avant et après Rideau Hall

Ayant commencé ses études à Eton, il poursuit son éducation au Trinity College à Cambridge avant de se lancer en politique, en 1891. Il épouse lady Evelyn Emily Mary Fitzmaurice, fille aînée de lord Lansdowne (cinquième gouverneur général du Canada), le 30 juillet 1892. De cette union naîtront deux fils et cinq filles. Deux des filles épouseront des aides de camp de leur père pendant son mandat comme gouverneur général : lady Maud Cavendish épousera le capitaine Angus MacKintosh en 1917, et lady Dorothy Cavendish épousera le capitaine Harold MacMillan, en 1920, qui deviendra plus tard premier ministre de la Grande-Bretagne. Le plus jeune fils, Charles Arthur Francis, épousera Adele Astaire, la soeur de Fred Astaire, en 1932.

En 1891, à la mort de son père qui représente le Derbyshire ouest, le duc de Devonshire lui succède sans opposition, devenant ainsi le plus jeune membre de la Chambre des Communes. Il conservera ce siège jusqu'en 1908. Il agira également comme trésorier auprès de la Maison de Sa Majesté de 1900 à 1903, puis comme secrétaire financier auprès du Trésor de 1903 à 1905. Il sera maire d'Eastbourne de 1909 à 1910, puis de Chesterfield de 1911 à 1912, et un « civil lord » de l'Amirauté britannique de 1915 à 1916. Il sera nommé gouverneur général du Canada en 1916.

De retour en Angleterre après son mandat au Canada, il travaille pour la Société des Nations avant de devenir secrétaire d'État aux Colonies, poste qu'il occupera jusqu'en 1924. Une fois retiré de la vie politique, il vivra dans son domaine du Derbyshire jusqu'à sa mort en 1938. Lady Evelyn s'éteint en 1960.

S.A.R. le duc de Connaught 1911-1916

Field Marshall His Royal Highness the Prince Arthur, Duke of Connaught and StrathearnLe prince Arthur, duc de Connaught, est le troisième fils de la reine Victoria et il est le premier membre de la famille royale à occuper la fonction de gouverneur général du Canada.

Pendant le mandat du duc de Connaught, sir Robert Borden est premier ministre du Canada, et le pays continue de prospérer et de grandir en tant que nation. En 1914, toutefois, le Canada doit faire face à l'un de ses plus grands défis, la Première Guerre mondiale. L'appel aux armes auquel répondra le Canada entre 1914 et 1918 en tant que colonie britannique sera lourd de conséquences sur les ressources humaines et matérielles du pays. Par contre, c'est également une occasion de raffermir le nationalisme canadien et de ménager un rôle plus grand au Canada sur la scène internationale. Avec la guerre comme arrière-plan, le duc de Connaught met en valeur la contribution militaire canadienne tout en demandant à la population de se montrer plus charitable. Les Connaught s'efforcent également de participer à la vie sociale de la capitale, faisant de Rideau Hall un des hauts lieux du pays où les Canadiens sont conviés à des cérémonies et des réceptions.

Lorsqu'il est à Ottawa, le duc de Connaught se rend chaque jour à son bureau de l'Édifice de l'Est, sur la Colline du Parlement. Il voyage également partout au Canada avec sa famille, rencontrant des Canadiens de tous les milieux qui les accueillent avec beaucoup d'enthousiasme. Port Arthur, qui fait maintenant partie de Thunder Bay (Ontario), a ainsi été nommée en son honneur. Il insiste sur l'importance de l'entraînement militaire et de la préparation des troupes canadiennes qui partent à la guerre et il donne son nom son nom à la Coupe Connaught, en 1916, pour la Royal North West Mounted Police, afin d'encourager la pratique du tir de précision chez les recrues, un concours établi initialement en 1912 et qui s'appelait Revolver Challenge Cup. Il prend part aux services de guerre auxiliaires et aux oeuvres de bienfaisance et effectue des visites dans les hôpitaux, pendant que la duchesse de Connaught travaille pour la Croix-Rouge et autres organisations afin de participer à l'effort de guerre. Celle-ci est également colonel en chef de son propre régiment, le bataillon des Irish Canadian Rangers qui faisait partie du Corps expéditionnaire canadien.

Leur fille, la princesse Patricia, prête également son nom et son appui à la levée d'un nouveau régiment militaire canadien -- le Princess Patricia's Canadian Light Infantry. La princesse conçoit elle-même l'insigne et les couleurs du régiment, que celui-ci arborera lors de son expédition en France. En tant que colonel en chef du régiment, elle jouera un rôle actif dans ce régiment jusqu'à sa mort.

C'est sa cousine et filleule qui lui succédera à ce titre en 1974, la très honorable lady Patricia Brabourne, devenue comtesse Mountbatten de Birmanie.

Pour Noël 1915, la duchesse enverra une carte avec une boîte de sirop d'érable à chaque Canadien servant outre-mer. Elle possède également une machine à tricoter qui lui servira à fabriquer des milliers de paires de chaussettes pour les soldats. Le duc de Connaught et sa famille pleureront la mort de plusieurs membres de leur personnel partis au front. Après la guerre, il fera faire un vitrail à leur mémoire qui se trouve dans l'église St. Bartholomew à proximité de Rideau Hall, que la famille fréquentait assidûment.

Fervente de patinage, la princesse Patricia jouit d'une grande popularité dans la haute société d'Ottawa. Elle introduit l'usage des dîners travestis, où les invités se présentent vêtus de divers costumes traditionnels, et organise de nombreuses fêtes de patinage à Rideau Hall. Avec son mari, elle est l'hôte de plusieurs bals somptueux et organise de très grandes fêtes d'enfants. En outre, les concours de musique et de théâtre lancés par lord Grey sont maintenus. En septembre 1916, le duc de Connaught pose la première pierre des nouveaux édifices du Parlement, après leur destruction presque complète lors d'un incendie en février, plus tôt cette année-là.

De nombreuses améliorations sont apportées à Rideau Hall durant le mandat des Connaught. La façade actuelle, avec les armoiries royales sculptées dans la pierre, est alors ajoutée à l'édifice. On construit également le Grand Salon, on agrandit les serres et on ajoute un nouveau vestiaire. Un poste de garde, le garage actuel pour trois véhicules ainsi qu'une deuxième résidence pour le personnel sont également ajoutés, sans oublier les centaines d'arbres décidus qui sont plantés.

Vers la fin de son mandat en 1916, il exprime publiquement son regret de quitter le Canada, auquel lui et sa famille s'étaient attachés.

La vie avant et après Rideau Hall

Le duc de Connaught fait une carrière militaire qui débute par des études au British Royal Military College suivies de plusieurs années de service en Afrique du Sud, en Égypte en Inde, en Irlande, ainsi qu'au Canada durant la Rébellion de la rivière Rouge de 1870. Il épouse la princesse Louise Margaret de Prusse, le 13 mars 1879, et ils auront ensemble trois enfants : la princesse Margaret, le prince Arthur et la princesse Patricia. Ils vivront plusieurs années aux Indes avant la nomination du duc de Connaught comme gouverneur général du Canada.

Au terme de son mandat à Rideau Hall, le duc de Connaught retournera dans le service militaire jusqu'à la fin de la guerre. La duchesse, qui avait été malade durant leurs années à Rideau Hall , meurt en mars 1917. Après une longue retraite, le duc de Connaught s'éteint en 1942 à l'âge de 91 ans.

En février 1918, la princesse Patricia épouse l'aide de camp de son père, le capitaine Alexander Ramsay,. Parce que celui-ci est un homme du peuple, elle se sent obligée de renoncer à ses titres royaux et devient alors lady Patricia Ramsay.

Le comte Grey 1904-1911

Earl GreyLe comte Grey est un gouverneur général très actif. Il est en communication constante avec le premier ministre, avec qui il partage ses idées de réforme sociale. Il est en quête d'une participation accrue de tous à la vie politique et s'efforce d'atteindre le plus possible de Canadiens ordinaires. Il est si dévoué et si consciencieux que le premier ministre d'alors, sir Wilfrid Laurier, dit de lui qu'il donne « tout son coeur, toute son âme et toute sa vie au Canada ».

Lord Grey occupe sa charge à une époque marquée par la croissance du développement économique, de l'industrialisation et de l'immigration au Canada. L'Alberta et la Saskatchewan entrent dans la Confédération en 1905. C'est également une période de changement. En 1911, le gouvernement de sir Wilfrid Laurier est défait par sir Robert Borden sur la question de la réciprocité commerciale avec les États-Unis. Le roi Édouard VII meurt en 1910 et le roi George V est couronné en 1911.

Le comte Grey voyage partout au Canada, depuis les Maritimes jusque dans le Nord et dans l'Ouest du Canada. Il est le premier gouverneur général à se rendre à Terre-Neuve, où il lance une invitation chaleureuse à se joindre à la Confédération. Il développe aussi des liens étroits avec le président américain Roosevelt, et il visite les États-Unis à plusieurs reprises.

Animé par son désir de réforme sociale et de cohésion sociale, le comte Grey est un ardent défenseur de l'unité nationale entre Canadiens français et Canadiens anglais, ainsi qu'un partisan de l'unité au sein de l'Empire britannique tout entier. Il prône aussi une réforme du régime pénitentiaire au Canada, au nom d'une meilleure justice sociale.

Le 16 juin 1905, une deuxième commission est émise pour désigner lord Grey comme « gouverneur général du Canada et commandant en chef du Dominion du Canada ». Cette nomination est faite en application de la Militia Act (Loi sur la milice) promulguée en 1904 et vient modifier les Letters Patent Constituting the Office of the Governor General.

Le comte Grey s'efforce de promouvoir la culture parmi les Canadiens. De 1906 à 1908, il participe activement aux préparatifs du Tricentenaire de Québec, dont les célébrations, l'apparat et les fonctions sociales marqueront le 300e anniversaire de la fondation de cette ville. Il joue également un rôle dans la décision consistant à désigner les Plaines d'Abraham comme parc national à Québec, ce champ de bataille où Français et Anglais se sont livrés bataille en 1759 avec comme résultat la chute de la Nouvelle-France.

Il soutient les arts et institue le « Concours Grey de musique et de théâtre », qui a lieu pour la première fois en 1907. Aujourd'hui, des équipes de football professionnel se disputent encore la Coupe Grey, qu'il donna à la Ligue canadienne de football en 1909.

En 1907, lord Grey reçoit la première visite royale étrangère importante, le prince Fushima du Japon. En 1908, dans le cadre des célébrations du Tricentenaire de Québec, il accueille le prince de Galles (le futur roi George V), qui passe en revue 12 000 militaires canadiens, ainsi qu'une flotte croisant devant Québec.

Lady Grey est la première épouse d'un gouverneur général qui soit appelée « Son Excellence », un titre approuvé par Sa Majesté le roi Édouard VII. Elle s'intéresse beaucoup au rôle et à la fonction de son mari. Elle parraine à Ottawa des concours de jardins fleuris, appelés « Concours lady Grey », et fait aussi planter des jonquilles sur les pelouses du côté ouest, que les visiteurs de Rideau Hall peuvent encore voir aujourd'hui.

Durant son mandat, lord Grey ajoute à Rideau Hall le cabinet de travail du gouverneur général et une nouvelle serre (qui sera démolie en 1923-1924). Et, à son départ, il vend au Gouvernement canadien le landau d'apparat qu'il avait acheté du gouverneur général d'Australie, landau qui est encore utilisé pour les fonctions officielles. Lord Grey recommande aussi qu'un «grand» hôtel de gare de chemin de fer soit construit dans la capitale du pays -- une idée qui entraînera la construction du Château Laurier.

Lord Grey et son épouse ont reçu de nombreuses marques d'approbation pour leur travail auprès des Canadiens et pour leur défense des réformes sociales.

La vie avant et après Rideau Hall

Le comte Grey fait ses études à Harrow et au Trinity College et obtient son diplôme universitaire de Cambridge, où il a étudié l'histoire et le droit. Il vient d'une famille qui a connu des carrières politiques accomplies, fondées sur la réforme, y compris la réforme coloniale. En 1846, son oncle, secrétaire des Colonies, est le premier à proposer que les colonies deviennent autonomes et soient gouvernées pour l'avantage de leurs habitants, plutôt que pour celui de l'Angleterre. En 1877, il épouse Alice Holford, qui lui donne cinq enfants, dont l'un décédera en bas âge.

Le comte Grey est député de 1880 à 1886, puis devient membre de la Chambre des lords en 1886. Il voyage beaucoup dans tout l'Empire britannique et il est administrateur de la Rodhésie, de 1896 à 1897. Il acquiert aussi une expérience commerciale en tant qu'administrateur de la South Africa Company, de 1898 à 1904.

À la fin de son mandat en 1911, le comte Grey et sa famille retournent en Angleterre, où il devient président du Royal Colonial Institute (aujourd'hui la Royal Commonwealth Society) à Londres. Lord Grey décède à son domicile en 1917.

Le comte de Minto 1898-1904

The Earl of MintoLongtemps avant sa nomination à la fonction vice-royale, lord Minto passe plusieurs années au Canada en tant qu'aide de camp auprès du général Middleton durant la deuxième rébellion du Nord-Ouest. Au moment où lord Minto quittera le Canada pour retourner en Angleterre, Sir John A. Macdonald aurait apparemment prédit que ce dernier y reviendrait un jour comme gouverneur général. Cette prophétie devait se réaliser à l'été 1898, lorsque lord Minto est nommé gouverneur général du Canada.

Sir Wilfrid Laurier a écrit que lord Minto « prenait son travail au sérieux »; l'histoire de sa vie révèle qu'il était un homme plein d'énergie ne reculant pas devant ses multiples défis et responsabilités.

Le mandat du gouverneur général Minto est marqué par une période de regain nationaliste accompagné d'une croissance économique et de l'arrivée massive d'immigrants au Canada. Les relations avec les États-Unis sont tendues en raison des différends qui continuent de poser des problèmes entre les deux pays au sujet des frontières et des pêches.

En septembre 1901, après le décès de la reine Victoria, le duc et la duchesse d'York (qui deviendront plus tard le roi George V et la reine Mary) visitent le Canada en compagnie de lord et lady Minto, se rendant jusque dans l'Ouest canadien et au Klondike.

Le gouverneur général, tout comme ses prédécesseurs, entreprend des voyages qui le mènent d'un bout à l'autre du jeune pays -- traversant l'Ontario, le Québec et l'Ouest canadien et visitant les anciens champs de bataille où il avait servi durant la rébellion du Nord-Ouest. Il parcourra l'Ouest canadien avec la police à cheval du NordOuest et admirera les paysages de la campagne québécoise à dos de cheval.

Lord et lady Minto sont des adeptes de sports, et le Minto Skating Club, qu'ils fondent en 1903, donnera au pays de nombreux patineurs célèbres. Excellant tous deux à ce sport, ils organisent de nombreuses réceptions de patinage durant leur séjour à Rideau Hall. L'été venu, la famille Minto aime se promener à bicyclette et jouer à la crosse. En 1901, lord Minto donne son nom à la coupe Minto de la Canadian Lacrosse Association décernée lors des championnats. Amoureux du plein air, il favorise la protection des richesses naturelles et la création de parcs nationaux.

Dans les domaines de l'éducation et de la santé, le gouverneur général Minto encourage une vision avant-gardiste. Selon lui, le progrès au Canada repose sur la promotion du patriotisme et de l'unité, conviction qui se reflète dans son désir de voir l'élaboration d'un programme d'histoire plus exhaustif dans les écoles canadiennes. Face à la crise causée dans le secteur de la santé par l'épidémie de tuberculose, il réagit en aidant à établir la première fondation de lutte contre cette maladie au Canada.

Le gouverneur général Minto s'intéresse en outre vivement au développement de l'armée canadienne en insistant sur la nécessité d'offrir une formation et un perfectionnement professionnel adéquats. Il est nommé lieutenant-colonel honoraire du régiment des Governor General's Foot Guards le ler décembre 1898, puis colonel honoraire, une tradition qui a été conservée jusqu'à nos jours.

En 1904, durant son voyage de retour en Angleterre à la fin de son mandat comme gouverneur général du Canada, Lord Minto écrit dans son journal que son séjour au Canada est terminé et qu'il a été très déchirant pour lui de faire ses adieux à tant d'amis et de quitter un pays qu'il a aimé et qui a eu pour lui de si grands attraits.

La vie du comte Minto avant et après Rideau Hall

Avant de venir au Canada comme gouverneur général, Lord Minto mène une vie remplie d'exploits et d'aventures. À la fin de ses études au collège d'Eton et à l'université Cambridge, il joint les rangs des Scots Fusilier Guards en 1867, à titre d'officier, et combat dans la guerre russo-turque de 1877 et dans la guerre afghane de 1879. En 1881, il devient secrétaire particulier auprès de Lord Roberts et fait partie de l'armée qui occupe l'Égypte en 1882, poursuivant ainsi sa carrière militaire et son expérience de l'administration coloniale.

En 1883, Lord Minto arrive au Canada en tant que secrétaire militaire du gouverneur général Lansdowne. Il est accompagné de sa femme Mary Caroline Grey, qu'il a épousée le 28 juillet de la même année, en Angleterre. Lors de ce premier séjour au Canada, il s'occupe de constituer un corps de volontaires canadiens pour lutter avec l'armée britannique dans la Campagne du Soudan, en 1884. L'année suivante, il agit comme aide de camp du général Middleton durant la Rébellion du Nord-Ouest. Lorsqu'on lui offre le commandement de la Police à cheval du Nord-Ouest, Lord Minto opte plutôt pour une carrière politique en Angleterre.

Sa défaite lors de l'élection générale de 1886 met un terme à ses aspirations politiques. Il s'emploie ensuite avec beaucoup d'enthousiasme à promouvoir la levée de troupes de volontaires en Grande-Bretagne. Il établit au sein de l'armée britannique un régiment auxiliaire de volontaires de temps de paix appelé Border Mounted Rifles, qu'il transformera rapidement en l'un des régiments les plus efficaces en Angleterre.

Après avoir servi comme gouverneur général de 1898 à 1904, Lord Minto devient vice-roi des Indes en 1905, où il institue de nombreuses réformes et continue les traditions qu'il avait établies au Canada. En 1910, il prend sa retraite et retourne en Angleterre où il est nommé Chevalier de l'Ordre de la Jarretière pour services rendus tout au long de sa vie.

Le comte d'Aberdeen 1893-1898

The Marquess of Aberdeen and TemairAvant même que lord Aberdeen devienne gouverneur général en 1893, lui et lady Aberdeen étaient déjà passionnés par le Canada. Durant un voyage autour du monde entrepris en 1890, dont un long séjour au Canada, les Aberdeen sont tellement impressionnés par ce pays qu'ils achètent le « Coldstream Ranch», situé dans la vallée de l'Okanagan en Colombie-Britannique, en 1891. Ils rebaptisent cette propriété du nom de « Guisachan », d'après le domaine écossais du père de lady Aberdeen, et la maison s'y trouve jusqu'à maintenant.

Lord Aberdeen est gouverneur général durant une période de transition politique qui s'étale sur les mandats de quatre premiers ministres -- sir John Thompson, sir Mackenzie Bowell, sir Charles Tupper et sir Wilfrid Laurier. C'est également une époque où règne la controverse sur des questions qui donnent lieu à maints débats, telles que l'élimination des écoles françaises séparées au Manitoba -- qui ébranlera l'unité -- l'achèvement des travaux de construction du chemin de fer de la Canadian Pacific ou la découverte de l'or dans le Territoire du Yukon. Lord Aberdeen possède les compétences voulues pour relever les défis liés à son poste, grâce à l'expérience et aux connaissances acquises durant ses voyages précédents à travers le Canada et aux nombreux succès que sa famille a connus dans ce pays -- son père ayant joué un rôle majeur dans les négociations sur la frontière entre les États-Unis et le Canada.

Par dessus-tout, lord Aberdeen estime pouvoir, en tant que gouverneur général, améliorer le bienêtre des Canadiens en général; lui et lady Aberdeen effectueront de nombreux voyages d'un bout à l'autre du pays pour tenter de rencontrer des Canadiens de tous les milieux et de s'entretenir avec eux. Le gouverneur général visite les Maritimes, notamment, où il rencontre Alexander Graham Bell ainsi que de nombreux habitants du Cap Breton qui parlent gaélique, étant eux-mêmes originaires des hautes terres de l'Écosse. Il se rend également dans l'ouest pour y rencontrer beaucoup de gens, dont plusieurs membres des Premières nations, et on lui confère le titre de chef honoraire des Six Nations et des PiedsNoirs.

Lord et lady Aberdeen participent à la célébration du jubilé de diamant de la reine Victoria et à la commémoration de divers anniversaires et célébrations à travers le Canada. Lord Aberdeen s'intéresse activement à la vie militaire canadienne. Il effectue des inspections de navires de la Marine canadienne en trois occasions différentes et devient lieutenant-colonel honoraire des Governor General's Foot Guards en 1898.

Pendant le mandat de son époux, lady Aberdeen apporte à la société canadienne une contribution durable. Elle est la première présidente du Conseil international des femmes et elle encourage la création du May Court Club. Sa réalisation la plus significative est l'établissement des Infirmières de l'Ordre de Victoria en 1897. À l'époque, cette organisation vouée au soin des personnes malades à domicile est mal vue par le corps médical, mais lady Aberdeen réussit à faire accepter cette initiative. Aujourd'hui, les Infirmières de l'Ordre de Victoria continuent de jouer un rôle crucial dans notre régime de soins de santé.

Lord Aberdeen laissera en héritage de nouveaux rapports entre la fonction de gouverneur général et la société canadienne. Lui et son épouse manifestent un intérêt véritable à l'amélioration du sort des Canadiens démunis. En rencontrant des Canadiens de toutes les régions du pays et en discutant de leurs préoccupations, lord Aberdeen transforme le rôle du gouverneur général. D'un aristocrate représentant le roi ou la reine au Canada, le gouverneur général devient un symbole représentant les intérêts de tous les citoyens. Conscient des avantages pouvant découler éventuellement de l'ouverture des pays les uns aux autres, il oeuvre à raffermir la communication et les liens commerciaux avec les dominions outre-mer.

La vie avant et après Rideau Hall

Après avoir terminé ses études à l'université St. Andrews et à Oxford, lord Aberdeen succède à son père et devient comte en 1870, occupant désormais son siège à la Chambre des Communes, où il sera un ami intime et un partisan du premier ministre Gladstone. Par la suite, il épouse Isabel Maria Majoribanks, en 1877. Des cinq enfants qui naîtront de cette union, l'un décède peu de temps après la naissance. Lord Aberdeen acquiert une expérience de l'administration coloniale outre-mer grâce à sa nomination comme vice-roi d'Irlande en 1886. Il est également un représentant de Sa Majesté la reine Victoria à l'assemblée générale de l'Église d'Écosse.

Au terme de son mandat comme gouverneur général du Canada, lord Aberdeen retournera au Royaume-Uni pour y occuper le poste de vice-roi d'Irlande. Lady Aberdeen sera présidente du Conseil international des femmes jusqu'en 1939. Le couple maintiendra ses liens d'amitié avec un certain nombre de Canadiens jusqu'à la fin de leurs jours. Lord Aberdeen décède en 1934 et son épouse, en 1939.

Comte de Derby (Lord Stanley) 1888-1893

The Earl of Derby (Lord Stanley of Preston)En 1893, lord Stanley laisse au Canada ce qui deviendra un trésor national -- la Coupe Stanley. À l'origine, il fait don de ce trophée pour récompenser le meilleur club de hockey amateur au Canada. C'est en 1926 que la Ligue nationale de hockey adopte la Coupe Stanley comme prix du championnat en hockey professionnel. Le fait que cette célèbre coupe porte le nom de lord Stanley rend hommage à l'encouragement et à l'amour dont il fait preuve à l'égard des activités et des sports de plein air au Canada. En reconnaissance du geste de lord Stanley, celui-ci sera intronisé au Temple de la renommée du hockey canadien en 1945, dans la catégorie des « bâtisseurs émérites ».

Durant son mandat comme gouverneur général, lord Stanley effectuera de fréquents voyages un peu partout au pays. Sa visite dans l'Ouest canadien, en 1889, lui permettra de garder à jamais le souvenir de la grande beauté naturelle de cette région et de rencontrer des membres des Premières nations du Canada ainsi que de nombreux exploitants de ranches et de fermes de l'Ouest. Également passionné de pêche, il pratique ce loisir aussi souvent que son horaire chargé le lui permet.

Lorsque le premier ministre meurt d'une insuffisance cardiaque, le 6 juin 1891, lord Stanley perd en sir John A. Macdonald un très bon ami. Lord Stanley demande alors à sir John Abbott de prendre la relève comme premier ministre. Une fois la nouvelle administration en place, ce dernier donne sa démission pour des raisons de santé et cède le gouvernement à sir John Thompson.

Lord Stanley aidera à consacrer le rôle apolitique du gouverneur général en refusant d'approuver une motion controversée à la Chambre des Communes. Il s'agissait d'une proposition voulant que le gouverneur général s'oppose au projet de loi du gouvernement du Québec relatif au règlement de la question des biens des Jésuites. Les autres provinces, motivées par leur méfiance à l'égard de l'Église catholique romaine au Québec, étaient à l'origine de l'opposition à ce projet de loi. Lord Stanley refuse d'intervenir, alléguant que la proposition d'opposition est anticonstitutionnelle. En maintenant sa décision, c'est-à-dire en refusant de compromettre la neutralité politique de la fonction vice-royale, il verra sa popularité augmenter.

Lady Stanley, que sir Wilfrid Laurier qualifie de « femme de tête et d'esprit », apporte une contribution durable au cours du mandat de son époux. En 1891, elle fonde le « Lady Stanley Institute for Trained Nurses », la première école d'infirmières à Ottawa, située rue Rideau. Elle est également une adepte enthousiaste des parties de hockey jouées sur la patinoire de Rideau Hall.

La vie de lord Stanley avant et après Rideau Hall

Fils du 14e comte de Derby, politique et premier ministre britannique, lord Stanley de Preston entre en politique après avoir fait ses études aux collèges Eton et Sandhurst. Il sert brièvement comme officier dans les Grenadiers, mais est rapidement appelé à joindre les rangs de la vie politique, en raison du rôle très important joué par sa famille dans ce domaine. Il siège à la Chambre des communes britannique en tant que député conservateur et est membre du Cabinet. Il épouse lady Constance Villiers le 31 mai 1864, et dix enfants naîtront de cette union.

Le mandat de lord Stanley comme gouverneur général du Canada devait se terminer en septembre 1893, mais en avril de cette même année survient la mort de son frère, le 15e comte de Derby. C'est ainsi que lord Stanley quitte le Canada le 15 juillet 1893 et retourne en Angleterre. Un administrateur est nommé pour s'acquitter des tâches de ce dernier en attendant que lord Aberdeen soit assermenté, au mois de septembre.

Une fois de retour en Angleterre avec sa famille, lord Stanley devient lord-maire de Liverpool et premier chancelier de l'université de Liverpool. Au cours des dernières années de sa vie, il vouera un intérêt grandissant au travail philanthropique. Lord Stanley meurt le 14 juin 1908 et lady Stanley, le 17 avril 1922.

Le marquis de Lansdowne 1883-1888

The Marquess of LansdowneLe marquis de Lansdowne occupe la fonction de gouverneur général durant une période turbulente pour le Canada. Le gouvernement de sir John A. Macdonald, qui en est à son deuxième mandat, fait face à des allégations de scandale concernant la construction du chemin de fer, et l'économie est de nouveau en récession. La Rébellion du Nord-Ouest de 1885 et la controverse entourant son instigateur, Louis Riel, constituent une grave menace pour la stabilité du Canada.

Malgré tout, le marquis de Lansdowne entreprend un long voyage dans l'ouest canadien en 1885, où il en profite pour rencontrer de nombreux groupes des Premières nations du Canada. Même si le chemin de fer ne se rend pas encore jusqu'en Colombie-Britannique, cela n'empêche pas le gouverneur général de traverser les Rocheuses à cheval et en bateau. Pour son deuxième voyage dans l'Ouest, lord Lansdowne emprunte le train du Canadien Pacifique, ce qui fait de lui le premier gouverneur général à faire le trajet complet par chemin de fer.

De ses expériences dans l'ouest canadien, le marquis de Lansdowne en retirera une passion pour le plein air et pour la beauté géographique du Canada. Il est un fervent pêcheur de saumon et s'intéresse également beaucoup aux sports d'hiver. Sa passion pour la nature sauvage et la campagne canadiennes l'amènent à acheter une résidence secondaire sur la rivière Cascapedia au Québec.

C'est la question des droits de pêche entre les États-Unis et le Canada qui permettra au marquis de Lansdowne de démontrer ses grandes qualités d'homme d'État. Il aide en effet à négocier un règlement pacifique pour un litige qui risquait d'envenimer les relations entre les deux pays. Il appuie également le développement scientifique en présidant l'assemblée inaugurale de la British Association for the Advancement of Science, en 1884.

Le marquis de Lansdowne quitte le Canada en ayant une appréciation véritable de la nature sauvage du pays aussi bien que de la diversité de la société canadienne. Considéré comme étant un gouverneur général très compétent, il attribue une grande part de son succès au Canada à son épouse, lady Maud Evelyn Lansdowne. L'une des activités les plus réjouissantes et les plus réussies ayant eu lieu à Rideau Hall durant le séjour de cette dernière est la fête qu'elle a organisée pour 400 enfants de l'école du dimanche. Lady Lansdowne a été décorée des Ordres Victoria et Albert et de l'Ordre impérial de la couronne des Indes.

Il est intéressant de souligner que le secrétaire militaire du marquis de Lansdowne, lord Melgund, bénéficiera grandement de ses années de service auprès du gouverneur général. Il deviendra par la suite lord Minto, puis gouverneur général de 1898 à 1904.

La vie avant et après Rideau Hall

Après avoir étudié à Eton et à Oxford, le marquis de Lansdowne succède au titre en 1866, alors qu'il n'a que 21 ans. Trois ans plus tard, il épouse lady Maud Evelyn Hamilton, et le couple aura deux fils et deux filles. Le marquis de Lansdowne est député libéral sous le gouvernement Gladstone, de 1869 à 1872. Il est nommé Sous-secrétaire des Indes en 1880 et, après quelques années d'expérience de l'administration coloniale outre-mer, il est nommé gouverneur général du Canada en 1883.

Il est nommé Vice-roi des Indes l'année même où il quitte le Canada, et ce n'est qu'en 1894 qu'il retournera finalement en Angleterre pour servir le gouvernement britannique jusqu'à 1900.

Le duc d'Argyll (marquis de Lorne) 1878-1883

The Duke of ArgyllLorsque la nomination de lord Lorne est annoncée, tout le Canada s'en réjouit vivement. Pour la première fois, Rideau Hall allait avoir un résident de la famille royale -- la quatrième fille de la reine Victoria, la princesse Louise, avait épousé lord Lorne le 21 mars 1871. Le premier ministre canadien se libère quelque peu de l'horaire surchargé de sa campagne pour préparer l'arrivée de la princesse et pour organiser un carrosse spécial et des gardes du corps pour protéger cette dernière.

Durant le mandat de lord Lorne, la récession économique dont souffrait le Canada prend fin et sir John A. MacDonald est réélu premier ministre du Canada. Un vent d'optimisme souffle alors sur le pays et l'orgueuil nationaliste émerge de nouveau.

À l'âge de 33 ans, lord Lorne est le plus jeune gouverneur général du Canada, mais il est à la hauteur des nombreuses responsabilités liées à son poste. La princesse Louise et lui apporteront de nombreuses contributions durables à la société canadienne, particulièrement dans les domaines artistique et scientifique. Ils encouragent l'établissement de la Société royale du Canada, de l'Académie royale des arts du Canada et de la Galerie nationale du Canada (aujourd'hui appelée Musée des beaux-arts du Canada), choisissant même certains des premiers tableaux qui y seront accrochés. Non seulement lord Lorne agit-il comme protecteur des arts et des lettres au Canada, mais il est l'auteur de plusieurs ouvrages de prose et de poésie. Ses écrits reflètent à quel point il apprécie la beauté naturelle du Canada.

Tout au long de son mandat, lord Lorne s'intéresse vivement au Canada et aux Canadiens. Il voyage d'un bout à l'autre du pays, prêtant leur appui à la création de nombreuses institutions et rencontre des membres des Premières nations du Canada et des Canadiens de toutes les couches sociales. À Rideau Hall, ils organisent de nombreuses réceptions, y compris plusieurs parties de patinage et de luge ainsi que des bals, des dîners et des cérémonies d'État.

La princesse Louise est une écrivaine, sculpteure et peintre accomplie -- elle est aussi douée pour la peinture à l'huile que pour l'aquarelle. On peut voir jusqu'à nos jours une porte qu'elle a décorée de branches de pommier en fleurs peintes à la main, dans le corridor de l'aile Monck à Rideau Hall. Elle donne le nom de Regina (qui signifie Reine en latin) à la capitale de la Saskatchewan, et le Lac Louise en Alberta porte son nom. D'une santé fragile, elle est malgré tout une femme compatissante, soignant elle-même des malades durant une épidémie de fièvre scarlatine.

La vie avant et après Rideau Hall

Étant fils aîné de la lignée Argyll du clan Campbell, lord Lorne porte le titre de courtoisie de marquis de Lorne et est l'héritier du titre de duc d'Argyll, de l'âge de 21 mois jusqu'à l'âge de 54 ans. Il reçoit une excellente éducation dans des établissements comme la Edinburgh Academy, Eton, St. Andrews et Cambridge. Pendant les dix années précédant son arrivée au Canada, le duc représente le comté d'Argyll en tant que député libéral au parlement britannique.

Lord Lorne et son épouse retournent en Angleterre en 1883. Il est gouverneur et connétable du château de Windsor, de 1892 à 1914 et siège à la Chambre des Communes de 1895 jusqu'à la mort de son père, le 24 avril 1900, où il devient alors le 9e duc d'Argyll. Avec la princesse Louise, il résidera au palais Kensington jusqu'à sa mort, survenue en 1914.

La princesse Louise s'éteint le 3 décembre 1939, à l'âge de 91 ans.

Le comte de Dufferin 1872-1878

The Marquess of Dufferin and AvaLord Dufferin a servi en qualité de gouverneur général du Canada durant une période de l'histoire canadienne caractérisée par des changements se succédant rapidement. Au cours de son mandat, l'Île-du-Prince-Édouard a été admise au sein de la Confédération, et plusieurs institutions canadiennes bien connues ont été établies, comme la Cour suprême du Canada, le Collège militaire royal du Canada et le chemin de fer Intercolonial.

Lord Dufferin axe ses efforts essentiellement sur la promotion de l'unité canadienne, et il effectue des visites dans chaque province, cherchant à rencontrer le plus grand nombre possible de Canadiens. Il est à l'aise devant des auditoires des plus variés, que ce soit lorsqu'il prend la parole, en anglais, au National Club à Toronto, qu'il s'adresse, en français, aux membres de la Société StJean-Baptiste à Montréal, ou qu'il s'entretienne avec des résidents d'établissements islandais au Manitoba et des travailleurs de la Colombie-Britannique. En tant qu'orateur et écrivain, lord Dufferin suit également de près le débat politique au Parlement, bien que son rôle de gouverneur général ne l'autorise pas à pénétrer dans la Chambre des communes. C'est lady Dufferin qui assistera alors aux débats et qui l'informera de ce qui s'y passe. Il installe toutefois un bureau du gouverneur général dans l'aile ouest des édifices du Parlement.

Convaincu de l'importance de reconnaître l'excellence parmi les Canadiens, il crée en 1873 les médailles académiques du Gouverneur général destinées aux élèves et étudiants canadiens ayant obtenu les meilleurs résultats – médailles qui sont décernées jusqu'à maintenant dans les écoles, les collèges et les universités. En cette même année est également créée la compétition de tir du gouverneur général, et, l'année suivante, le trophée de curling du gouverneur général est établi pour le « Royal Caledonian Curling Club. »

Lord Dufferin se rend compte qu'il n'y a pas assez d'espace à Rideau Hall pour la tenue de cérémonies, et le gouvernement décide donc d'ajouter la Salle de bal en 1873. Trois ans plus tard, il fait construire la Salle de la Tente pour donner un aspect plus équilibré à l'édifice et pour faciliter la tenue d'un nombre croissant de réceptions offertes par le gouverneur général. Lord et lady Dufferin organisent souvent des bals, des concerts, des dîners, des pièces de théâtre et des réceptions de toutes sortes -- et lady Dufferin aime beaucoup tenir le rôle principal dans les pièces de théâtre qui sont jouées à Rideau Hall. Leur enthousiasme accroît le rôle de Rideau Hall comme lieu de rencontres sociales.

D'autres changements sont apportés au domaine. En 1872-1873, lord Dufferin contribue pour 1 624,95 $, de sa poche, à la construction d'une patinoire, d'une piste de curling et d'une glissade pour toboggans à Rideau Hall. Il sera éventuellement remboursé par le gouvernement. Ces installations étaient accessibles aux membres du public, pourvu qu'ils soient « vêtus adéquatement ». Le gazomètre, maintenant appelé l'édifice du Dôme, sera construit en 1877-1878 pour y fabriquer du gaz à partir de pétrole brut destiné à alimenter Rideau Hall, évitant ainsi la nécessité de se fier sur l'approvisionnement irrégulier de la ville d'Ottawa.

Les Dufferin sont les premiers à utiliser la Citadelle, à Québec, comme seconde résidence vice-royale. À l'instar de bien d'autres gouverneurs généraux, lord Dufferin et sa famille trouvent cette ville magnifique. Lorsque des fonctionnaires municipaux proposent de raser les murs qui encerclaient la vieille, vestiges de l'époque où Québec était une ville de garnison, afin de permettra à la ville de s'étendre, il les convainc d'abandonner cette idée. En sauvant ces murs, le caractère historique de la ville a pu être préservé, ce qui a été reconnu dans les années 1980, lorsque le Vieux Québec a été déclaré site du patrimoine mondial par l'UNESCO. En hommage à sa contribution dans la province de Québec, lord Dufferin est invité en octobre 1878, lors de sa dernière activité officielle, à poser la pierre angulaire de la terrasse Dufferin, une promenade surplombant le fleuve St-Laurent à Québec, construite d'après ses propres dessins.

Lady Dufferin est très active durant le mandat de son époux comme gouverneur général. Elle est la première épouse à accompagner le gouverneur général lors d'un séjour officiel, visitant l'Ontario en 1872. À la fin du mandat, elle aura visité chaque province avec son mari. Au cours d'un voyage au Manitoba en septembre 1877, lord et lady Dufferin enfoncent chacun un crampon dans la voie ferrée qui deviendra celle de la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique. Et en mai 1874, lady Dufferin présente leur drapeau aux Governor General's Foot Guards.

Tout au long du mandat des Dufferin, lady Dufferin écrit chaque semaine à sa mère en Irlande. Ces lettres seront éventuellement publiées sous forme de compte rendu de leur séjour au Canada, intitulé « My Canadian Journal ». Dans ce livre, elle souligne que, de toutes ses expériences, c'est au Canada qu'elle a été le plus heureuse.

La vie avant et après Rideau Hall

Lord Dufferin succède à son père en 1841 et devient 5e baron Dufferin dans la pairie d'Irlande, après avoir fait ses études à Eton et Christ Church, à Oxford. Il est nommé gentil homme de service auprès de la reine Victoria en 1849. En 1850, il est créé baron Clandeboye, de Clandeboye, County Down, dans la pairie du Royaume-Uni. Sa nomination comme Commissaire en Syrie, en 1860, vient s'ajouter à l'expérience de l'administration outre-mer qu'il possède déjà, et est suivie en 1864 de sa nomination au poste de Sous-secrétaire pour l'Inde, puis de Sous-secrétaire de la Guerre, au sein du gouvernement britannique, en 1866. Il occupe également le poste de chancelier du duché de Lancaster en 1868, dans le gouvernement du premier ministre Gladstone et, en 1871, est élevé dans la pairie au rang de 1er comte de Dufferin, County Down et vicomte Clandeboye, de Clandeboye, County Down.

Lord Dufferin épouse Hariot Georgina Rowan Hamilton, le 23 octobre 1862. Ils auront sept enfants, dont les deux plus jeunes, un garçon et une fille, naîtront au Canada.

Après avoir quitté Ottawa en 1878 à la fin de son mandat, lord Dufferin retourne en Grande-Bretagne pour poursuivre sa carrière diplomatique. Il servira comme ambassadeur en Russie, de 1879 à 1881 et en Turquie, de 1881 à 1884, comme vice-roi des Indes de 1884 à 1888, puis comme ambassadeur en Italie de 1888 à 1891 et en France, de 1891 à 1896. Le 17 décembre 1888, il est promu marquis de Dufferin et d'Ava et comte d'Ava, dans le County Down, et en Birmanie. Lord Dufferin s'éteint le 12 février 1902, et lady Dufferin, le 25 octobre 1936.

Lord Lisgar 1869-1872

Lord LisgarLord Lisgar, deuxième gouverneur général du Canada, n'éprouve aucune gêne à formuler ses critiques ou ses opinions. Si certains lui reprochent sa liberté de pensée, Sir John A. MacDonald considère, pour sa part, que lord Lisgar est le gouverneur général le plus apte qu'il ait connu. En passant en revue le mandat de lord Lisgar, il est facile de comprendre la nature de cette haute estime.

Lord Lisgar est nommé administrateur du Canada dès le moment où lord Monck quitte ses fonctions en 1868, jusqu'au moment où il est assermenté comme gouverneur général le 2 février 1869. Dès la première année du mandat de lord Lisgar, la Rébellion de la rivière Rouge éclate, fomentée par Louis Riel. Le 6 décembre 1869, l'espoir d'une accalmie l'amène à déclarer une amnistie durant l'insurrection de Riel. Puis, en 1870, un groupe rebelle d'Américains d'origine irlandaise, appelé Fenians, effectue un raid au Canada dans le but d'obtenir l'indépendance de l'Irlande. Lors de ces deux conflits, lord Lisgar s'avère être un sage médiateur qui aide à atténuer certaines des rancunes potentielles. Il prévient également l'exécution des envahisseurs Fenians capturés, en envoyant un télégramme d'une grande sévérité à ceux qui s'apprêtaient à leur faire un procès sommaire.

Pendant cette époque marquée par une extrême turbulence, le Canada connaît par ailleurs une période de croissance et un sentiment d'unité plus fort. Le Manitoba se joint à la Confédération en 1870, et la Colombie-Britannique, malgré son indécision, envisage tout de même de s'unir. Lorsque les membres d'une délégation de la Colombie-Britannique arrivent en juin 1870 pour discuter de la possibilité de se joindre au Canada, lord Lisgar leur exprime personnellement le désir du jeune pays de voir la colonie intégrer la Confédération. La Colombie-Britannique se joint au Canada en 1871.

Le projet de 1869 prévoyant le transfert du territoire Rupert appartenant à la Compagnie de la Baie d'Hudson à la Couronne est reporté jusqu'en 1870 en raison de l'insurrection de Riel. Entre temps, lord Lisgar est le lieutenant-gouverneur fictif de cette immense parcelle de terre. Grand promoteur de la Confédération, il jouera un rôle positif dans l'édification d'un Canada uni et effectuera de nombreux voyages d'un bout à l'autre du pays.

Lord Lisgar fait progresser d'une manière significative les relations avec les États-Unis. Il est le premier gouverneur général à se rendre aux États-Unis, où il rencontre le président Ulysses S. Grant et inaugure un lien ferroviaire allant de Boston et Portland jusqu'à St. John et Fredericton au Nouveau-Brunswick, en 1871. En 1869, il reçoit également le premier visiteur de la famille royale depuis la Confédération -- le prince Arthur, troisième fils de la reine Victoria, alors âgé de 19 ans. Celui-ci reviendra au Canada en 1911en tant que duc de Connaught pour devenir le gouverneur général.

Lord Lisgar et son épouse, lady Adelaide Annabella Dalton Lisgar, seront à l'origine de nombreuses traditions importantes à Rideau Hall. En 1869, alors que lord Lisgar est administrateur, ils tiennent le premier lever du Nouvel An dont il est fait état dans les registres et organisent des réceptions de Noël et des réceptions en plein air. En 1872, la tradition des douze coups de canon à midi sur la Colline du Parlement est établie ainsi que le régiment des Governor General's Foot Guards. La tâche principale de ce nouveau régiment sera d'être la garde d'honneur de lord Lisgar lors de son départ à la fin de son mandat, en juin de la même année.

La vie avant et après Rideau Hall

À son arrivée au Canada, lord Lisgar possède déjà une longue expérience dans l'arène politique et dans l'administration coloniale. De 1831 à 1835, il siège comme député à la Chambre des Communes britannique. Il épouse lady Adelaide Annabella Dalton, âgée de 14 ans, le 8 avril 1835. De 1841 à 1846, il occupe un poste de ministre du Cabinet au sein du gouvernement de sir Robert Peel.

Au terme de son mandat au Canada, lord Lisgar retourne en Irlande. Il est ensuite nommé lord haut-commissaire des îles Ioniennes, de 1855 à 1859, puis gouverneur de New South Wales en Australie, de 1860 à 1867.

Lady Lisgar se remariera deux fois après le décès de lord Lisgar, le 6 octobre 1876, et mourra à Paris, le 19 juillet 1895, à l'âge de 74 ans.

Le vicomte Monck 1867-1868

Viscount MonckLe vicomte Monck est le premier gouverneur général du Canada, poste qu'il occupe après avoir été gouverneur de l'Amérique du Nord britannique depuis 1861. Ayant consacré beaucoup d'efforts pour unir et stabiliser le jeune pays et donner naissance à la Confédération, il est nommé premier gouverneur général du Canada en 1867.

En 1861, lorsque le vicomte Monck arrive pour occuper ses nouvelles fonctions officielles, les tensions entre le Canada et la république voisine au sud sont tendues. Vingt jours avant son entrée en fonction le 28 novembre, l'« Affaire Trent » éclate -- une crise diplomatique entre la GrandeBretagne et le gouvernement des États-Unis qui menace d'utiliser le Canada comme champ de bataille -- et la guerre semble inévitable. Tout au long de son mandat, le vicomte Monck usera de son influence pour désamorcer non seulement cette crise potentielle mais beaucoup d'autres par la suite.

Les qualités de diplomate dont fait preuve le vicomte Monck dans les relations canado-américaines sont à l'égal de son talent de promoteur de la Confédération. Il aide à édifier la « Grande coalition », soit le regroupement des partis réformiste et conservateur qui est essentiel à l'établissement du fédéralisme. En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, il se fait l'infatigable promoteur de l'unité et joue un rôle majeur dans la préparation d'une union fédérale.

Lors d'une visite de la nouvelle capitale en 1864, le vicomte Monck voit Rideau Hall, villa qui sera achetée en 1868 par le Gouvernement du Canada de la succession MacKay, au prix de 82 000 $. Avant de s'installer à Ottawa, les Monck résident au domaine Spencerwood, près de la ville de Québec. Cependant, même après le déménagement à Rideau Hall, le trajet pour se rendre au coeur d'Ottawa demeure difficile. Souvent, le mauvais état des routes oblige le vicomte Monck à se déplacer sur la rivière Outaouais à bord d'une embarcation pourvue d'un taud pour arriver jusqu'au parlement.

Passionnée d'horticulture, lady Monck apporte des améliorations considérables aux parterres de la résidence officielle.

Le vicomte Monck est un homme qui tient à préserver sa vie privée, aimant la compagnie de sa famille et de ses amis intimes. Ceux qui le connaissaient bien ont souligné sa courtoisie, sa bonté et son sens de l'humour. John A. Macdonald s'est exprimé ainsi à propos du vicomte Monck : « J'ai pour lui une extraordinaire amitié et je serai très malheureux de le voir partir, étant donné qu'il s'est montré un administrateur des affaires publiques très prudent et efficace. »

La vie avant et après Rideau Hall

Avant sa nomination comme gouverneur général du Canada, sir Charles Stanley Monck fait ses études de droit au Trinity College de Dublin, en Irlande, puis devient député à la Chambre des Communes en Angleterre, en 1852. En 1844, il épouse lady Elizabeth Louise Mary Monck, et ils auront sept enfants, dont quatre seulement vivront jusqu'à l'âge adulte. Lord Monck est élevé à la pairie d'Irlande en tant que 4e vicomte Monck et baron Monck de Ballytrammon, comté de Wexford, le 20 avril 1849, à la mort de son père. En 1866, il est créé pair du Royaume-Uni, recevant le titre de 4e vicomte Monck et baron Monck de Ballytrammon, comté de Wexford au Royaume-Uni. Il est nommé Lord of the Treasury au sein du gouvernement Palmerston, de 1855 à 1857.

Au terme de son mandat, le 14 novembre 1868, il retourne directement en Irlande, où il devient le vice-roi du comté de Dublin, de 1874 à 1892. Lady Monck décède le 16 juin 1892, et lord Monck, le 29 novembre 1894.

Date de modification : 10 juin 2013