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Historique du 24, promenade Sussex

Lieu de paix

Au début du XIXe siècle, le Canada, tel un aimant, attire de jeunes immigrants pleins d’ambition. L’un d’entre eux se nomme Joseph Merrill Currier, originaire du Vermont. En 1837, à peine âgé de 17 ans, il se déplace en direction nord et s’installe à Ottawa pour y faire fortune dans le commerce du bois. En 1853, il installe sa jeune famille dans le village de New Edinburgh, sur la rivière Rideau, où il loue une scierie aux chutes Rideau. En 1855, Joseph et Christina Currier ont quatre enfants et prospèrent comme membres de l’élite commerciale d’Ottawa. Puis, le mauvais sort s’abat. Cette année-là, trois des enfants meurent, suivis, trois années tragiques plus tard, par leur mère. Currier touche à la politique provinciale et nationale et se remarie au cours des années suivantes. Sa jeune femme meurt à la suite d’un accident industriel à peine deux mois après le mariage. En 1868, il épouse une troisième femme, Hannah Wright, petite-fille de colons. Joseph fait construire, à titre de cadeau de mariage, une maison située près des forêts et de l’eau, sources de sa fortune. Comme présage de la fin de ses souffrances personnelles, il baptise la demeure « Gorffwysfa », qui signifie « lieu de paix » en gallois.

Le 24, promenade Sussex

Aire de réception et résidence au 24, promenade Sussex

Vie sociale

Hannah et Joseph Currier emménagent dans leur nouvelle résidence en 1868. Presque immédiatement après, ils y organisent une réception pour 500 personnes, soit pratiquement toute l’élite de la jeune Ottawa, y compris sir John A. et lady Macdonald. Deux ans plus tard, ils donnent un bal en l’honneur du jeune prince Arthur, fils de la reine Victoria, qui deviendra duc de Connaught et gouverneur général du Canada. Les mondanités se poursuivent jusqu’à ce que Currier quitte la vie politique en 1882. Il meurt soudainement, deux ans plus tard, d’une crise cardiaque, laissant sa veuve écouler ses jours à Gorffwysfa.

Le 24, promenade Sussex

Vue de l’édifice lorsqu’il était utilisé en tant que Haut-commissariat de l’Australie, 1947.

Politique et affaires

Après le décès de Hannah Currier en 1901, la demeure devient propriété de William Cameron Edwards, membre d’une autre grande famille de l’industrie du bois. À l’instar du précédent occupant, Edwards est à la fois un homme d’affaires prospère et un politicien bien en vue. À partir de 1893, il possède toutes les scieries situées à l’est des chutes Rideau et en fait un important complexe de transformation du bois. Par ailleurs, Edwards est député fédéral de 1891 à 1900, puis il est nommé sénateur. Son épouse, Catherine Wilson, est, elle aussi, issue d’une famille de politiciens illustre. Son frère est député de Russell, tandis que sa belle-sœur, Cairine Wilson, devient la première sénatrice du Canada, en 1930. À la suite du décès d’Edwards, en 1921, la maison est transmise à un neveu, Gordon Edwards.

Continuité

Gordon Edwards est élu député fédéral de la circonscription d’Ottawa en 1926, soit, par pure coïncidence, le même siège qu’avait occupé Joseph Currier auparavant. Il épouse une femme provenant d’une lignée politique; Edna Stewart Meighen est cousine du premier ministre Arthur Meighen. Les Edwards vivent dans une élégance et un raffinement considérables et acquièrent l’une des plus vastes collections d’œuvres impressionnistes et postimpressionnistes d’Amérique du Nord.

Expropriation

La bataille pour l’acquisition du 24, Sussex par l’État est longue et ardue. En 1943, l’État fédéral possède presque tous les terrains qui longent la rivière des Outaouais, de l’ambassade de France à Earnscliffe (ancienne résidence de sir John A. Macdonald). On craint, à cette époque, que les berges soient exploitées selon des critères commerciaux, ce que le gouvernement veut éviter à tout prix. En 1943, donc, un avis d’expulsion est servi à Gordon Edwards, qui consacre les quelques dernières années de sa vie à lutter contre cette ordonnance. L’État remporte la victoire, mais, même après le règlement du différend par les tribunaux en 1946, il semble ne pas savoir quoi faire avec la maison. En 1950, on décide finalement de remettre la demeure en état pour en faire la résidence du premier ministre. Le « modernisme » sévissant à l’époque, de nombreux éléments victoriens de la maison, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, sont enlevés, notamment des fenêtres en baie, des lambris, plusieurs beaux foyers et des boiseries ouvragées.

Vie officielle

Une résidence officielle constitue la dernière priorité du premier ministre Louis St. Laurent, en 1950. Tandis que sa famille habite Québec, il se plait dans sa garçonnière des appartements Roxborough, qui logent de nombreux politiciens lors de leur séjour à Ottawa. St. Laurent consent finalement à emménager, du moment qu’il peut continuer de payer un loyer, pratique qui durera jusqu’en 1971. Plusieurs chefs de gouvernement s’installent ici à tour de rôle, à commencer par John Dienfenbaker, Lester B. Pearson et Pierre Elliott Trudeau. La liste des visiteurs est encore plus brillante : elle inclut des personnalités comme sir Winston Churchill, la reine Elizabeth II ainsi que John et Jacqueline Kennedy.

Le 24, promenade Sussex

Anthony Eden, le premier ministre Winston Churchill, le premier ministre Louis St. Laurent et C.D. Howe à l'extérieur du 24, promenade Sussex, janvier 1952.

Source : Canapress 280519

Le 24, promenade Sussex

Le premier ministre John Diefenbaker et Mme Diefenbaker en compagnie du président J.F. Kennedy et de son épouse au 24, Sussex le 17 mai 1961.

Source : Office national du film, Bibliothèque et Archives Canada, 98442

Aujourd’hui

La maison a relativement peu changé depuis 1950, à l’exception de l’ajout d’un solarium à l’arrière, de la modernisation de la cuisine et de la construction d’une piscine intérieure et d’un sauna. Depuis 1986, le 24, promenade Sussex est géré par la Commission de la capitale nationale, qui est en train de planifier un projet de réfection à long terme visant à faire en sorte que ce précieux vieil édifice du patrimoine demeure dans un état optimal. Les travaux se poursuivront au cours des années à venir.

Chronologie

1868 Joseph Currier édifie une maison qui surplombe la rivière des Outaouais et la baptise « Gorffwysfa » (lieu de paix).
1884 Joseph Currier meurt subitement.
1901 Hannah Currier meurt et W.C. Edwards achète la résidence.
1921 W.C. Edwards meurt.
1922 Catherine Edwards meurt. Sa sœur, Edith Wilson, qui habite avec Catherine depuis plusieurs années, continue de vivre dans la maison.
1923 La propriété est transmise à un neveu, Gordon Cameron Edwards.
1943 Gordon Edwards se voit signifier un avis d’expulsion fédéral et interjette appel de celui-ci devant les tribunaux.
1946 Les tribunaux adjugent à Edwards la somme de 140 000 $ plus les frais pour son domicile. Les Edwards demeurent dans la maison au mois par mois, jusqu’au décès de Gordon, la même année.
1946-1947 L’édifice est vacant.
1947-1950 La maison est louée au haut-commissariat de l’Australie.
1950 Le gouvernement se lance dans des travaux urgents de réfection et de rénovation, au prix d’environ 410 000 $.
1950 La maison est offerte au premier ministre Louis St. Laurent comme résidence officielle.

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Album de photos


Résidences officielles (Commission de la capitale nationale)

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