Un chaînon manquant
Le mammifère fossile Puijila darwini est un « chaînon manquant » dans l’évolution d’un animal préhistorique terrestre vers des mammifères marins modernes, notamment le phoque et autres espèces apparentées.
L’étude anatomique du spécimen révèle qu’il s’agit d’une forme intermédiaire et ancienne dans la lente évolution, aux multiples ramifications, allant de la terre ferme à la mer. Puijila possède à la fois les caractéristiques d’animaux terrestres et celles d’animaux semi-aquatiques.
De prime abord, les pieds, les membres et la queue de Puijila semblent bien éloignés des nageoires et du corps fuselé que nous voyons aujourd’hui. Pourtant, un examen minutieux du fossile révèle des tendances aquatiques.
La forme des membres et des épaules de Puijila témoigne de leur puissance, comme si l’animal devait nager ou creuser. Cependant, on l’imagine mal en animal fouisseur, puisque ses griffes sont relativement peu développées. Mais il pourrait être un bon nageur. Les os de ses orteils sont longs et aplatis, semblables à ceux de certains animaux à pattes palmées. Ces traits, conjugués à d’autres caractéristiques physiques, plaident en faveur du caractère semi-aquatique de Puijila.
Des pattes aux nageoires
Malgré le fait que plusieurs de ses traits rappellent ceux de la loutre, Puijila a été identifié comme un parent des pinnipèdes modernes (phoques, otaries et morse). Des reconstitutions virtuelles 3Ddu crâne mettent en évidence d’autres caractéristiques des phoques.
Vous devez avoir la version la plus récente de Adobe Flash Player pour voir ce modèle 3D. Vous pouvez télécharger le logiciel directement du site d’Adobe.
On comprend encore mal la transition des pinnipèdes de la terre ferme à la mer. Les scientifiques croient depuis longtemps que les mammifères marins ont évolué à partir d’ancêtres terrestres. Mais en raison des différences marquées entre les phoques et la lignée des otaries (otaries et morse), ils pensaient que ces animaux avaient probablement des ancêtres différents. Cela signifierait alors que le passage de la vie terrestre à la vie aquatique se serait produit deux fois pour les pinnipèdes.
Des preuves d’ordre anatomique et moléculaire laissent maintenant croire à une origine commune de tous les pinnipèdes. Puisque Puijila vivait en même temps que plusieurs pinnipèdes fossiles à nageoires, il ne serait pas un ancêtre direct des pinnipèdes modernes. Il semble plutôt qu’un ancêtre ressemblant à Puijila ait donné naissance à la fois à Puijila et aux pinnipèdes à nageoires.
Publication scientifique
Le premier compte rendu scientifique concernant l’espèce Puijila darwini et ses implications pour les théories de l’évolution des pinnipèdes est paru dans la revue Nature. Il est cosigné par Natalia Rybczynski, Mary Dawson et Richard H. Tedford.
- Achetez une copie de l'article scientifique auprès de la revue. En anglais seulement.