SystĂšme de justice pĂ©nale canadien – Tendances gĂ©nĂ©rales et principaux points de pression

Contexte

Le systĂšme de justice pĂ©nale joue un rĂŽle de premier plan pour ce qui est de veiller globalement Ă  la sĂ©curitĂ©, au mieux-ĂȘtre et Ă  la productivitĂ© des Canadiens. Les efforts visant Ă  assurer au Canada l’existence d’une sociĂ©tĂ© juste et respectueuse des lois, dotĂ©e d’un systĂšme de justice accessible, efficace et Ă©quitable, contribuent directement au bien-ĂȘtre du pays. Aider les Canadiens Ă  se sentir en sĂ©curitĂ© dans leurs collectivitĂ©s et Ă  avoir confiance en leur systĂšme judiciaire permet d’amĂ©liorer leur qualitĂ© de vie ainsi que leur contribution Ă  la prospĂ©ritĂ© du Canada.

Le systĂšme de justice pĂ©nale repose sur des processus et des principes dĂ©coulant des antĂ©cĂ©dents de la common law et du droit civil, des conventions internationales, des engagements visant Ă  maintenir un juste Ă©quilibre entre les besoins des victimes, des dĂ©linquants et des collectivitĂ©s, et du respect du principe de la sĂ©paration des pouvoirs entre les trois organes du gouvernement, c’est-Ă -dire les pouvoirs lĂ©gislatifs, exĂ©cutifs et judiciaires. En outre, la Loi constitutionnelle de 1867 a confĂ©rĂ© au Parlement l’autoritĂ© exclusive de promulguer des lois et des procĂ©dures pĂ©nales. Le Code criminel renferme la plupart des infractions criminelles. L’administration de la justice relĂšve de la compĂ©tence des provinces, ce qui comprend de mettre en Ɠuvre des lois et de les dĂ©fendre par rapport aux contestations fondĂ©es sur la Charte et la Constitution, d’établir et de maintenir les tribunaux et les pĂ©nitenciers, et de poursuivre la plupart des auteurs d’actes criminels. Aucun ordre de gouvernement ne peut s’acquitter avec succĂšs de son mandat sans la collaboration et la participation de l’autre. Au cours de la rĂ©daction des lois pĂ©nales, le gouvernement fĂ©dĂ©ral tient des consultations approfondies avec les provinces et les territoires.

Un systĂšme de justice pĂ©nale efficace est tributaire de la rĂ©ussite de nombreuses composantes distinctes, mais interreliĂ©es, y compris ce qui suit :

Les tendances générales du systÚme de justice pénale canadien actuel

Le taux de criminalité est demeuré stable en 2016

Le taux de criminalitĂ© traditionnel dĂ©clarĂ© par la police, qui mesure le volume des crimes par rapport Ă  la taille de la population, est demeurĂ© stable en 2016 (taux de 5 224 incidents pour 100 000 habitants en 2016; taux de 5 210 incidents pour 100 000 habitants en 2015). Le taux de 2016 a Ă©tĂ© de 28 % infĂ©rieur Ă  celui dĂ©clarĂ© en 2006. Dans l’ensemble, les taux de criminalitĂ© dĂ©clarĂ©s par la police ont enregistrĂ© une baisse, Ă  l’exception notable des annĂ©es 2003 et 2015 oĂč des hausses ont Ă©tĂ© observĂ©es (voir la Figure 1)Note de bas de page 1.

Figure 1. Taux de criminalitĂ© dĂ©clarĂ©s par la police au Canada, de 1962 Ă  2016

Figure 1. Un diagramme représentant les taux de criminalité déclarés par la police au Canada, de 1962 à 2016.
Note : L'information figurant dans le prĂ©sent graphique est tirĂ©e du Programme de dĂ©claraion uniforme de la criminalitĂ© (DUC) agrĂ©gĂ© et elle permet d'Ă©tablir des comparaisons entre les annĂ©es Ă  compter de 1962. De nouvelles dĂ©finitions de certaines catĂ©gories de crimes ont Ă©tĂ© adoptĂ©es en 2009 et ne sont disponibles dans la nouvelle version (Programme DUC fondĂ© sur l'affaire) qu'Ă  compter de 1998. Par consĂ©quent. les chiffres figurant dans le prĂ©sent graphique ne correspondent pas aux donnĂ©es diffusĂ©es selon la nouvelle version. Plus prĂ©cisĂ©ment, la dĂ©finition de « crime violent » a Ă©tĂ© Ă©largie. En outre, le Programme DUC agrĂ©gĂ© comprend diffĂ©rentes infractions dans la catĂ©gorie « Autres infractions ». Les chiffres de population sont fondĂ©s sur des estimations au 1er juillet fournies par la Division de la dĂ©mographie de Statistique Canada.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité.

Version texte : Figure 1 : Taux de criminalité déclarés par la police au Canada, de 1962 à 2016

Un graphique linĂ©aire en couleurs reprĂ©sentant les taux de criminalitĂ© dĂ©clarĂ©s par la police au Canada, de 1962 Ă  2016. L’axe des Y reprĂ©sente une valeur numĂ©rique en intervalles de 2 000 s’échelonnant de 0 Ă  12 000. L’axe des X reprĂ©sente les annĂ©es : de gauche Ă  droite, 1962, 1965, 1968, 1971, 1974, 1977, 1980, 1983, 1986, 1989, 1992, 1995, 1998, 2001, 2004, 2007, 2010, 2013 et 2016. Le nombre total des crimes est reprĂ©sentĂ© par la ligne bleu pĂąle, les crimes contre les biens sont reprĂ©sentĂ©s par la ligne bleu foncĂ©, les autres infractions sont reprĂ©sentĂ©es par la ligne pointillĂ©e rouge et les crimes violents sont reprĂ©sentĂ©s par une ligne verte. En 1962, le nombre de crimes Ă©tait de 2 771 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 1 891 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 659 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 221 incidents pour 100 000 personnes. En 1965, le nombre de crimes Ă©tait de 3 199 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 2 091 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 809 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 299 incidents pour 100 000 personnes. En 1968, le nombre de crimes Ă©tait de 4 336 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 2 826 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 1 087 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 423 incidents pour 100 000 personnes. En 1971, le nombre de crimes Ă©tait de 5 311 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 3 649 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 1 170 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 492 incidents pour 100 000 personnes. En 1974, le nombre de crimes Ă©tait de 6 388 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 4 151 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 1 684 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 553 incidents pour 100 000 personnes. En 1977, le nombre de crimes Ă©tait de 6 971 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 4 466 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 1 933 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 572 incidents pour 100 000 personnes. En 1980, le nombre de crimes Ă©tait de 8 343 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 5 444 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 263 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 636 incidents pour 100 000 personnes. En 1983, le nombre de crimes Ă©tait de 8 470 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 5 608 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 182 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 679 incidents pour 100 000 personnes. En 1986, le nombre de crimes Ă©tait de 8 727 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 5 550 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 392 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 785 incidents pour 100 000 personnes. En 1989, le nombre de crimes Ă©tait de 8 892 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 5 289 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 692 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 911 incidents pour 100 000 personnes. En 1992, le nombre de crimes Ă©tait de 10 040 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 5 904 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 3 052 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 1 084 incidents pour 100 000 personnes. En 1995, le nombre de crimes Ă©tait de 9 008 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 5 292 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 707 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 1 009 incidents pour 100 000 personnes. En 1998, le nombre de crimes Ă©tait de 8 093 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 4 569 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 529 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 995 incidents pour 100 000 personnes. En 2001, le nombre de crimes Ă©tait de 7 592 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 4 004 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 593 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 995 incidents pour 100 000 personnes. En 2004, le nombre de crimes Ă©tait de 7 601 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 3 976 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 668 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 957 incidents pour 100 000 personnes. En 2007, le nombre de crimes Ă©tait de 6 908 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 3 335 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 621 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 952 incidents pour 100 000 personnes. En 2010, le nombre de crimes Ă©tait de 6 160 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 2 802 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 451 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 907 incidents pour 100 000 personnes. En 2013, le nombre de crimes Ă©tait de 5 196 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 2 344 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 085 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 767 incidents pour 100 000 personnes. En 2016, le nombre de crimes Ă©tait de 5 224 infractions pour 100 000 personnes, le nombre de crimes contre les biens Ă©tait de 2 466 incidents pour 100 000 personnes, le nombre « d’autres infractions » Ă©tait de 2 011 incidents pour 100 000 personnes et le nombre de crimes violents Ă©tait de 748 incidents pour 100 000 personnes.

Hausse de la gravité de la criminalité

L’Indice de gravitĂ© de la criminalitĂ© (IGC), qui mesure le volume et la gravitĂ© des crimes dĂ©clarĂ©s par la police au Canada, s’est accru de 1 % en 2016 (passant de 70,1 en 2015 Ă  71,0 en 2016). Toutefois, il est demeurĂ© de 29 % infĂ©rieur Ă  celui enregistrĂ© dix ans auparavant, en 2006 (Indice de gravitĂ© de la criminalitĂ© de 100,0). L’Indice de gravitĂ© des crimes violents est demeurĂ© pratiquement inchangĂ©, passant de 75,0 en 2015 Ă  75,3 en 2016, mais il a Ă©tĂ© de 25 % infĂ©rieur Ă  l’indice de gravitĂ© des crimes violents de 2006 (100,0). De mĂȘme, l’Indice de gravitĂ© des crimes sans violence (qui englobe les infractions contre les biens, les autres infractions au Code criminel, l’ensemble des infractions Ă  d’autres lois fĂ©dĂ©rales et les dĂ©lits de la route) s’est accru de 2 % en 2016 (69,3), tout en Ă©tant de 31 % infĂ©rieur Ă  l’Indice de gravitĂ© des crimes sans violence de 2006 (100,0)Note de bas de page 2.

Baisse du taux de victimisation autodéclarée

Les donnĂ©es tirĂ©es de l’EnquĂȘte sociale gĂ©nĂ©rale (ESG), Ă©dition 2014Note de bas de page 3, ont rĂ©vĂ©lĂ© que prĂšs de 5,6 millions de Canadiens, ou juste un peu plus du cinquiĂšme de la population ĂągĂ©e de quinze (15) ans et plus, ont dĂ©clarĂ© qu’ils ou les membres de leur foyer ont Ă©tĂ© victimes d’un incident de nature criminelle au cours des douze (12) derniers mois (une diminution par rapport Ă  une personne sur quatre en 2009). Environ les deux tiers (65 %) des 6,4 millions d’incidents de nature criminelle dĂ©clarĂ©s en 2014 Ă©taient sans violence (par exemple, vol, introduction par effraction, vandalisme). Les taux d’incidents reliĂ©s aux agressions physiques et aux vols sont en baisse depuis 1999, alors que le taux d’incidents de victimisation en lien aux agressions sexuelles demeure stables (voir la Figure 2)Note de bas de page 4.

Figure 2. Nombre d’incidents de victimisation avec violence signalĂ©s par type d’infractions, en 1999, 2004, 2009 et 2014

Figure 2 : Graphique reprĂ©sentant le nombre d’incidents de victimisation avec violence dĂ©clarĂ©s par les Canadiens, selon le type d’infraction, pour quatre annĂ©es diffĂ©rentes : 1999, 2004, 2009 et 2014
† catĂ©gie de rĂ©fĂ©rence
* valeur significativement différente de l'estimation pour la catégorie de référence (p < 0,05)
Note : Depuis 2014, l'agression sexuelle comprend les activités sexuelles pour lesquelles la victime n'était pas en mesure de consentir pace qu'elle avait été droguée, manipulée ou contrainte par d'autres moyens que la force physique.
Source : Statistique Canada, EnquĂȘte sociale gĂ©nĂ©rale.

Version texte : Figure 2 : Nombre d’incidents de victimisation avec violence signalĂ©s par type d’infractions, en 1999, 2004, 2009 et 2014

Le graphique vertical Ă  barres groupĂ©es colorĂ©es reprĂ©sente les incidents de victimisation avec violence, selon le type d’infraction, pour quatre annĂ©es diffĂ©rentes : 1999, 2004, 2009 et 2014. Il y a au total 4 catĂ©gories sur l'axe horizontal. L'axe vertical dĂ©bute Ă  0 et se termine Ă  140 avec des mesures Ă  tous les 20 points. Il y a 4 sĂ©ries dans ce graphique. L'axe vertical s'intitule « taux pour 1 000 personnes de 15 ans et plus ». L'axe horizontal s'intitule « Type d'infraction ». Le titre de la sĂ©rie 1 est « 1999 ». La valeur minimale est 9* et ceci correspond Ă  « Vol qualifiĂ© ». La valeur maximale est 111* et ceci correspond Ă  « Total ». Le titre de la sĂ©rie 2 est « 2004 ». La valeur minimale est 11* et ceci correspond Ă  « Vol qualifiĂ© ». La valeur maximale est 106* et ceci correspond Ă  « Total ». Le titre de la sĂ©rie 3 est « 2009 ». La valeur minimale est 13* et ceci correspond Ă  « Vol qualifiĂ© ». La valeur maximale est 118* et ceci correspond Ă  « Total ». Le titre de la sĂ©rie 4 est « 2014† ». La valeur minimale est 6 et ceci correspond Ă  « Vol qualifiĂ© ». La valeur maximale est 76 et ceci correspond Ă  « Total ». Source : Statistique Canada, EnquĂȘte sociale gĂ©nĂ©rale.

Satisfaction Ă©levĂ©e Ă  l’égard de la sĂ©curitĂ© personnelle et confiance modĂ©rĂ©e dans le systĂšme de justice pĂ©nale

En 2009, plus de 9 Canadiens sur 10 se sont dits satisfaits de leur sĂ©curitĂ© personnelle par rapport au crime (93 %), et plus de 8 Canadiens sur 10 se sentaient en sĂ©curitĂ© dans leur quartier la nuit (83 %)Note de bas de page 5. La confiance du public envers le systĂšme de justice pĂ©nale varie en fonction du secteur. Selon l’EnquĂȘte sociale gĂ©nĂ©rale (ESG) sur l’identitĂ© sociale, Ă©dition 2013, trois Canadiens sur quatre (76 %) affichent une grande confiance ou une certaine confiance envers les services de police, par rapport au systĂšme scolaire (61 %), aux banques (59 %), au systĂšme judiciaire et aux tribunaux (57 %), aux mĂ©dias (40 %), au Parlement fĂ©dĂ©ral (38 %) ou aux grandes sociĂ©tĂ©s (30 %)Note de bas de page 6. Les Canadiens sont confiants en l’aptitude de la police Ă  rĂ©soudre les crimes, en celle des tribunaux Ă  condamner les bonnes personnes et en celle des services correctionnels Ă  empĂȘcher les dĂ©linquants de s’évader. NĂ©anmoins, leur confiance est moindre dans la capacitĂ© de rĂ©habiliter les dĂ©linquants, de rendre justice rapidement, de dĂ©terminer adĂ©quatement les peines et de porter assistance aux victimes d’actes criminelsNote de bas de page 7.La confience du public en le systĂšme de justice pĂ©nale est aussi plus faible parmi les victimes d’actes criminelsNote de bas de page 8, et particuliĂšrement parmi les victimes d’agressions sexuellesNote de bas de page 9.

Les principaux points de pression du systÚme de justice pénale canadien actuel

MalgrĂ© une baisse gĂ©nĂ©rale du taux de criminalitĂ© et de la gravitĂ© des crimes, certains points de pression clĂ©s demeurent prĂ©occupants pour le systĂšme de justice pĂ©nale au Canada et sont susceptibles d’influer sur son efficience et son efficacitĂ©.

Questions touchant l’efficience et l’efficacitĂ© du systĂšme

La durée de rÚglement des causes a augmenté.

Bien que le nombre de causes rĂ©glĂ©es devant les tribunaux de juridiction criminelle pour adultes ait diminuĂ© de 17 % de 2010-2011 Ă  2015-2016, la durĂ©e mĂ©diane de traitement pour le rĂšglement des cas devant les tribunaux pour adultes a augmentĂ©, passant de 120 jours Ă  127 jours au cours de cette pĂ©riode. En outre, le nombre de jours pour rĂ©gler un cas devant un tribunal de juridiction criminelle pour adultes varie au pays. Le QuĂ©bec (228 jours), la Nouvelle-Écosse (170 jours), Terre-Neuve-et-Labrador (171 jours), et le Manitoba (145 jours) ont dĂ©clarĂ© une durĂ©e mĂ©diane de traitement pour le rĂšglement des cas supĂ©rieure Ă  la durĂ©e mĂ©diane de traitement Ă  l’échelle nationale. De la mĂȘme façon, la durĂ©e mĂ©diane de traitement pour le rĂšglement des causes varie selon l’infraction la plus grave, de 58 jours pour les infractions Ă  la Loi sur le systĂšme de justice pĂ©nale pour les adolescents Ă  277 jours pour les infractions liĂ©es au trafic, Ă  la production et Ă  l’importation et l’exportation de drogues (voir le Tableau 1).Note de bas de page 10

Tableau 1. Nombre médian de jours pour le rÚglement des cas devant les tribunaux au Canada, 2015-2016
Infraction Durée médiane de traitement en jours pour le rÚglement des causes
Loi sur le systÚme de justice pénale pour les adolescents 58
Administration de la justice 81
Possession de drogues 99
Conduite avec facultés affaiblies 106
Crimes contre les biens 113
Lois fédérales restantes 148
Autres infractions au Code criminel 170
Crimes contre la personne 176
Autres dĂ©lits de la route en vertu du Code criminel 177
Trafic, production, importation et exportation de drogues 277
Total 127

Préoccupations en lien avec la mise en liberté sous cautionNote de bas de page 11

En dĂ©pit des donnĂ©es limitĂ©es sur les mises en libertĂ© sous caution Ă  l’échelle nationale, certaines Ă©tudes ont rĂ©vĂ©lĂ© que les cas de mise en libertĂ© sous caution sont souvent ajournĂ©s, si bien que les processus sont retardĂ©s et que les services de police sont plus susceptibles de dĂ©tenir un accusĂ© pour une audience sur la libĂ©ration sous caution que dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Par exemple, une Ă©tude menĂ©e dans cinq administrations en 2013 a trouvĂ© qu’en moyenne, prĂšs de 54 % de tous les cas de mise en libertĂ© sous caution observĂ©s ont Ă©tĂ© ajournĂ©s quotidiennementNote de bas de page 12. Ce pourcentage varie selon les administrationsNote de bas de page 13. De surcroĂźt, une aversion au risque caractĂ©rise l’exercice du pouvoir discrĂ©tionnaire Ă  toutes les Ă©tapes du processus de prise de dĂ©cision relativement Ă  la mise en libertĂ© sous caution et a favorisĂ© la « culture des ajournements Â»Note de bas de page 14.

Les Ă©tudes ont Ă©galement soulignĂ© que les rĂ©formes lĂ©gislatives ont entraĂźnĂ© l’émission d’ordonnances de mise en libertĂ© onĂ©reuses (notamment en raison de l’augmentation du recours aux cautions, aux conditions multiples, et aux assurances monĂ©taires) qui sont imposĂ©es aux accusĂ©s qui ne sont pas dĂ©tenus. L’ampleur de cette situation est perçue comme Ă©tant un problĂšme Ă  la prĂ©somption d’innocence en raison de l’inversion du fardeau de la preuve imposĂ©e Ă  l’accusĂ©Note de bas de page 15.

Ces problĂšmes ont Ă©tĂ© rĂ©cemment reconnus dans un rapport sur la mise en libertĂ© sous caution et la dĂ©tention provisoire en Ontario (2017), qui recommandait un vaste Ă©ventail de mesures pour rĂ©soudre la situationNote de bas de page 16.

Les taux d’admission en dĂ©tention provisoire sont plus haut que ceux en dĂ©tention aprĂšs condamnation

Depuis 2004-2005, la population adulte en dĂ©tention provisoire (nombre moyen de personnes accusĂ©es placĂ©es sous garde en attente de leur procĂšs) s’est accrue en gĂ©nĂ©ral et a dĂ©passĂ© la population de dĂ©linquants qui purgent une peine de dĂ©tention aprĂšs condamnationNote de bas de page 17. En 2015-2016, les adultes en dĂ©tention provisoire reprĂ©sentaient 60 % de la population carcĂ©rale au Canada (voir la Figure 3), une hausse par rapport Ă  50 % en 2004-2005. De la mĂȘme façon, le pourcentage de jeunes (ĂągĂ©s de 12 Ă  17 ans) en dĂ©tention avant la tenue du procĂšs et le pourcentage d’adultes autochtones en dĂ©tention provisoire s’est accru de 2004-2005 Ă  2015-2016 (de 41 % Ă  59 % pour les jeunesNote de bas de page 18, et de 16 % Ă  25 % pour les adultes autochtones)Note de bas de page 19. En 2014-2015, la plupart (78 %) des adultes en dĂ©tention provisoire ont Ă©tĂ© dĂ©tenus pendant un mois ou moins, y compris 53 % qui ont Ă©tĂ© dĂ©tenus pendant une semaine ou moinsNote de bas de page 20.

Figure 3. Tendances des comptes quotidiens moyens des adultes détenus dans les établissements de détention provinciaux et territoriaux, de 2004-2005 à 2015-2016

Figure 3. Un diagramme représentant les tendances du dénombrement quotidien moyen des adultes détenus dans les établissements de détention provinciaux et territoriaux, de 2004-2005 à 2015-2016.
Note : D'autres donnĂ©es sont offertes dans CANSIM (Tableau 251-0005). Exclut les autres types de dĂ©tention temporaire, comme la dĂ©tention aux fins de l'immigration, qui reprĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement moins de 2 % des personnes en dĂ©tention. Exclut l'Île-du-Prince-Édouard et l'Alberta en raison de l'indisponibilitĂ© des donnĂ©es pour toute la pĂ©riode.
Source
 : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Rapport sur les indicateurs clés des services correctionnels pour les adultes. Tableau 251-0005 - Services correctionnels pour adultes, comptes moyens des adultes dans les programmes provinciaux et territoriaux, annuel. Tableau personnalisé. MinistÚre de la Justice Canada.

Version texte : Figure 3 : Tendances des comptes quotidiens moyens des adultes détenus dans les établissements de détention provinciaux et territoriaux, de 2004-2005 à 2015-2016

Un graphique linĂ©aire en couleurs dans lequel la ligne bleue reprĂ©sente les adultes en dĂ©tention aprĂšs condamnation tandis que la ligne orange reprĂ©sente les adultes en dĂ©tention provisoire (accusĂ©s et mis sous garde en attendant leur procĂšs). L’axe des Y reprĂ©sente une valeur numĂ©rique en intervalles de 2 000 s’échelonnant de 0 Ă  14 000. L’axe des X reprĂ©sente les annĂ©es : de gauche Ă  droite, 2004 2005, 2006 2007, 2007 2008, 2008 2009, 2009 2010, 2010 2011, 2012 2013 et 2014 2015.

En 2004 2005, 8 423 adultes ont été en détention aprÚs condamnation et 8 768 adultes en détention provisoire; en 2006 2007, 8 672 adultes étaient en détention aprÚs condamnation et 10 665 adultes en détention provisoire; en 2008 2009, 8 772 adultes étaient en détention aprÚs condamnation et 11 736 adultes en détention provisoire; en 2010 2011, 9 575 adultes étaient en détention aprÚs condamnation et 11 335 adultes en détention provisoire; en 2012 2013, 9 854 adultes étaient en détention aprÚs condamnation et 11 869 adultes en détention provisoire, et en 2014 2015, 9 223 adultes étaient en détention aprÚs condamnation et 11 533 adultes en détention provisoire.

Infractions contre l’administration de la justice reprĂ©sentent prĂšs du quart des causes

L’incidence des accusations liĂ©es aux infractions contre l’administration de la justice, notamment le dĂ©faut de comparution, le manquement Ă  une ordonnance de probation, le fait d’ĂȘtre illĂ©galement en libertĂ©, et le dĂ©faut de se conformer Ă  une ordonnance, revĂȘt Ă©galement une importance quant Ă  l’efficience gĂ©nĂ©rale des tribunaux. Entre 2006 et 2016, le taux de personnes accusĂ©es d’une infraction contre l’administration de la justice dĂ©clarĂ© par la police s’est accru de 26 % (passant de 412 Ă  519 pour 100 000 personnes) en dĂ©pit de la baisse constante (-16 %) du taux de personnes accusĂ©es d’un acte criminel au CanadaNote de bas de page 21.

En 2015-2016, plus d’un cas sur cinq (23 %) de l’ensemble des cas rĂ©glĂ©s devant les tribunaux de juridiction criminelle pour adultes comprenait au moins une infraction contre l’administration de la justice, et de ce nombre, 72 % ont donnĂ© lieu Ă  un verdict de culpabilitĂ©Note de bas de page 22. Une peine d’incarcĂ©ration a Ă©tĂ© la peine la plus grave pour les cas comportant au moins une infraction contre l’administration de la justice (51 %) par rapport Ă  la proportion des peines d’incarcĂ©ration pour toutes les infractions (y compris les infractions contre l’administration de la justice)Note de bas de page 23. Les coĂ»ts estimĂ©s des infractions contre l’administration de la justice pour le systĂšme de justice pĂ©nale au Canada en 2009 se sont Ă©levĂ©s Ă  prĂšs de 730 millions de dollarsNote de bas de page 24.

La criminalité est plus présente dans le Nord des provinces et dans les territoires

La criminalitĂ© dans le nord demeure particuliĂšrement prĂ©occupante. Environ 6 % de la population canadienne rĂ©side dans le nord provincialNote de bas de page 25 et 0,3 % dans les territoires. Toutefois, ces rĂ©gions reprĂ©sentent respectivement 12 % et 2 % des incidents de nature criminelle dĂ©clarĂ©s par la police en 2013Note de bas de page 26. Au-delĂ  des agressions, les rĂ©gions nordiques ont enregistrĂ© des taux significativement supĂ©rieurs d’agressions sexuelles et de violence sexuelle contre des enfants, ainsi que des taux Ă©levĂ©s en matiĂšre de harcĂšlement criminel, de profĂ©ration de menaces et d’appels tĂ©lĂ©phoniques rĂ©pĂ©tĂ©s et menaçants, par rapport au sud. Outre le plus grand volume de crimes dĂ©clarĂ©s par la police, l’Indice de gravitĂ© de la criminalitĂ© a Ă©tĂ© significativement plus Ă©levĂ© dans le nord provincial (113,7) et les Territoires (257,3) que dans la partie sud des provinces (65,1). Le nord de la Saskatchewan a dĂ©clarĂ© l’Indice de gravitĂ© des crimes violents le plus Ă©levĂ© (548,8), suivi par le nord du Manitoba (423,4) et le Nunavut (422,7) (voir la figure 4). De nombreux facteurs influencent les taux Ă©levĂ©s de criminalitĂ© et de violence dans le nord. Bon nombre d’habitants des zones nordiques vivent dans de petites collectivitĂ©s isolĂ©es ou des rĂ©gions Ă©loignĂ©es et font face Ă  des problĂšmes liĂ©s Ă  un faible taux de scolaritĂ©, un taux de chĂŽmage Ă©levĂ©, et de faibles revenus. Ces conditions s’accompagnent souvent de niveaux Ă©levĂ©s de toxicomanie, plus particuliĂšrement en ce qui touche l’alcoolNote de bas de page 27.

Figure 4. Taux de crimes déclarés par la police selon les régions du Nord et du Sud, 2013

Figure 4 : Graphique représentant le taux de crimes déclarés par la police, selon les régions du Nord et du Sud du Canada, 2013
Note : Les taux sont fondĂ©s sur l'infraction la plus grave dans l'affaire. Une affaire peut comporter plusieurs infractions. Le Nord englobe les territoires ainsi que les rĂ©gions septentrionales de Terre-Neuve-et-Labrador, du Quebec, de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Comlombie-Britannique. Le Sud dĂ©signe les rĂ©gions du sud de ces provinces ainsi que l'Ăźle-du-Prince-Edouard, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.
Source : Statistique Canada, Centre canadien dela statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité.

Version texte : Figure 4 : Taux de crimes déclarés par la police selon les régions du Nord et du Sud, 2013

Le graphique Ă  barres horizontales colorĂ©es reprĂ©sente le taux de crimes dĂ©clarĂ©s par la police, selon les rĂ©gions du Nord et du Sud du Canada, en 2013. Étant donnĂ© qu’il s’agit d’un graphique Ă  barres horizontales, les catĂ©gories se trouvent sur l'axe vertical et les valeurs sur l'axe horizontal. Il y a au total 14 catĂ©gories sur l'axe vertical. L'axe horizontal dĂ©bute Ă  0 et se termine Ă  60 000 avec des mesures Ă  tous les 10 000 points. Il y a 2 sĂ©ries dans ce graphique. L'axe horizontal s'intitule « taux pour 100 000 habitants ». L'axe vertical s'intitule « Province et territoire ». Le titre de la sĂ©rie 1 est « Sud ». La valeur minimale est 0 et ceci correspond Ă  « Nunavut, Territoires du Nord-Ouest et Yukon ». La valeur maximale est 9 114 et ceci correspond Ă  « Saskatchewan ». Le titre de la sĂ©rie 2 est « Nord ». La valeur minimale est 0 et ceci correspond Ă  « Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard ». La valeur maximale est 54 978 et ceci correspond Ă  « Saskatchewan ». Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de dĂ©claration uniforme de la criminalitĂ©.

Autochtones surreprésentés dans le systÚme de justice pénale

Bien que les statistiques des services de police et des tribunaux ne soient pas accessibles en fonction de l’identitĂ© autochtone, selon les donnĂ©es correctionnelles, les adultes autochtones reprĂ©sentaient 28 % des admissions dans les Ă©tablissements fĂ©dĂ©raux et 27 % des admissions dans les Ă©tablissements provinciaux/territoriaux en 2015-2016, alors que les Autochtones constituaient environ 4.1 % de la population adulte canadienne. Les femmes autochtones reprĂ©sentaient 31 % des admissions dans les Ă©tablissements fĂ©dĂ©raux et 38 % des admissions dans les Ă©tablissements provinciaux et territoriaux (par rapport Ă  23 % et 26 % pour les hommes autochtones respectivement). Aux Ă©chelons provinciaux et territoriaux, la surreprĂ©sentation des dĂ©linquants autochtones dĂ©passe leur proportion dans la population gĂ©nĂ©rale du double Ă  prĂšs de sept fois (voir la figure 5)Note de bas de page 28.

Figure 5. Pourcentage d’admissions d’adultes autochtones dans les Ă©tablissements et la population gĂ©nĂ©rale par province et territoire, 2015-2016

Figure 5. Un diagramme reprĂ©sentant le pourcentage d’admissions d’adultes autochtones dans les Ă©tablissements et la population gĂ©nĂ©rale par province et territoire, 2015-2016.
Note : Les données correctionnelles de l'Alberta ne sont pas disponibles. Inclut les calculs pour lesquels l'identité autochtone est connue.
Sources : Statistique Canada. Services correctionnels pour adultes, admissions en détention aux programmes provinciaux et territoriaux, selon l'identité autochtone (CANSIM Tableau 251-0022); Le recensement de 2016. Tableau personnalisé préparé par le ministÚre de la Justice Canada.

Version texte : Figure 5. Pourcentage d’admissions d’adultes autochtones dans les Ă©tablissements et population gĂ©nĂ©rale par province et territoire, 2015-2016

Un graphique Ă  barres horizontales en couleurs reprĂ©sentant les admissions d’adultes autochtones dans les Ă©tablissements et ainsi que leur reprĂ©sentation dans la population gĂ©nĂ©rale par province et territoire, 2015-2016. L’axe des Y reprĂ©sente chaque province et territoire du Canada. En commençant en haut du graphique Ă  barres, en Alberta, les adultes autochtones reprĂ©sentent 6 % de la population gĂ©nĂ©rale de l’Alberta et les donnĂ©es correctionnelles de l'Alberta ne sont pas disponibles. Au QuĂ©bec, les adultes autochtones reprĂ©sentent 2 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 5 % de la population carcĂ©rale de la province. Dans l'Île-du-Prince-Édouard, les adultes autochtones reprĂ©sentent 2 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 6 % de la population carcĂ©rale de la province. En Nouvelle-Écosse, les adultes autochtones reprĂ©sentent 5 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 10 % de la population carcĂ©rale de la province. Au Nouveau-Brunswick, les adultes autochtones reprĂ©sentent 4 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 11 % de la population carcĂ©rale de la province. En Ontario, les adultes autochtones reprĂ©sentent 3 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 13 % de la population carcĂ©rale de la province. À Terre-Neuve-et-Labrador, les adultes autochtones reprĂ©sentent 8 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 26 % de la population carcĂ©rale de la province . En Colombie-Britannique, les adultes autochtones reprĂ©sentent 5 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 31 % de la population carcĂ©rale de la province. Au Yukon, les adultes autochtones reprĂ©sentent 21 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 70 % de la population carcĂ©rale de la province. Au Manitoba, les adultes autochtones reprĂ©sentent 15 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 73 % de la population carcĂ©rale de la province. Au Saskatchewan, les adultes autochtones reprĂ©sentent 13 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 76 % de la population carcĂ©rale de la province. Dans les Territoires du Nord-Ouest, les adultes autochtones reprĂ©sentent 47 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 86 % de la population carcĂ©rale de la province. Au Nunavut, les adultes autochtones reprĂ©sentent 81 % de la population gĂ©nĂ©rale de la province et 100 % de la population carcĂ©rale de la province. Source : Statistique Canada, Services correctionnels pour adultes, admissions en dĂ©tention aux programmes provinciaux et et territoriaux, selon l'identitĂ© autochtone (CANSIM Tableau 251-0022).

Les personnes autochtones sont Ă©galement victimes de maniĂšre disproportionnĂ©e d’incidents de nature criminelle. De ce fait, 28 % des personnes autochtones vivant dans les provinces et les territoires ont dĂ©clarĂ© avoir Ă©tĂ© victimes de l’un des huit types d’infractions mesurĂ©s dans le cadre de l’EnquĂȘte sociale gĂ©nĂ©rale (ESG), Ă©dition 2014 (par rapport Ă  18 % chez les personnes non autochtones). En outre, elles sont deux fois plus susceptibles que les personnes non autochtones de dĂ©clarer ĂȘtre victimes de violence conjugale (9 % contre 4 % respectivement) et les personnes autochtones ont Ă©tĂ© victimes d’homicide Ă  un taux six fois plus Ă©levĂ© que les personnes non autochtones (7,2 par opposition Ă  1,13 pour 100 000 personnes respectivementNote de bas de page 29.

Grande proportion d’infractions Ă  rĂ©pĂ©tition

Une quantitĂ© disproportionnĂ©e d’activitĂ©s criminelles, en ce qui a trait plus particuliĂšrement aux infractions contre les biens et contre l’administration de la justice, sont commises par un petit nombre de dĂ©linquants. Souvent, ces « rĂ©cidivistes Â» sont aux prises avec des problĂšmes de toxicomanie et de santĂ© mentale, et sont de maniĂšre disproportionnĂ©e des AutochtonesNote de bas de page 30. En Colombie-Britannique, plus de deux dĂ©linquants sur trois en 2012 Ă©taient des rĂ©cidivistes, 40 % avaient fait l’objet de dix condamnations ou plus, et 5 % comptaient 24 condamnations ou plus au cours des dix derniĂšres annĂ©esNote de bas de page 31. En 2015, les infractions contre les biens (par exemple, vol de moins de 5 000 $, mĂ©faits) et les infractions contre l’administration de la justice constituaient 71 % de toutes les infractions dĂ©clarĂ©es par la policeNote de bas de page 32 Statistique Canada a mentionnĂ© que 64 % des personnes qui sont entrĂ©es en contact avec la police en Saskatchewan avaient eu au moins un nouveau contact avec la police, et que 21 % des personnes Ă©taient responsables de 57 % des infractions au cours d’une pĂ©riode de trois ans (de 2009-2010 Ă  2011-2012) Note de bas de page 33.

Hauts taux de problÚmes de santé mentale et de toxicomanie

On observe une surreprĂ©sentation importante des accusĂ©s aux prises avec des troubles de santĂ© mentale et du dĂ©veloppement et des problĂšmes de toxicomanie au sein du systĂšme de justice pĂ©nale. En 2012, 34 % des Canadiens ayant un trouble mental ou une toxicomanie ont dĂ©clarĂ© ĂȘtre entrĂ©s en contact avec la police, deux fois plus que ceux qui n’étaient pas atteints d’un trouble mental (17 %)Note de bas de page 34. La police a constatĂ© une hausse des appels de service et un pourcentage important d’entre eux comprennent des incidents liĂ©s Ă  des problĂšmes de santĂ© mentale et de dĂ©pendanceNote de bas de page 35. En pareil cas, la police devient l’intervenant par dĂ©faut.

Le systĂšme de justice pĂ©nale dispose de diffĂ©rents moyens pour rĂ©soudre ces questions, y compris les tribunaux spĂ©cialisĂ©s et les programmes de dĂ©judiciarisation. Ces programmes sont offerts principalement dans les grandes villes et seule une petite proportion d’accusĂ©s et de dĂ©linquants ayant des problĂšmes de santĂ© mentale et de toxicomanie y ont accĂšs. Selon certaines Ă©tudes de recherche, les personnes qui rĂ©ussissent un programme de traitement de la toxicomanie ou de santĂ© mentale prĂ©vu par le tribunal ont des taux de rĂ©cidive plus faibles que les dĂ©linquants dont les dossiers sont traitĂ©s par l’entremise du systĂšme de justice pĂ©nale traditionnel. Toutefois, bon nombre de participants aux programmes spĂ©cialisĂ©s ne terminent pas ces programmesNote de bas de page 36.

Hausse des coûts et des opérations

Les coĂ»ts pour le systĂšme de justice pĂ©nale sont Ă©levĂ©s. Selon un rapport du ministĂšre de la Justice, les estimations des coĂ»ts totaux des infractions au Code criminel en 2008 pour le systĂšme de justice et la sociĂ©tĂ© s’élevaient Ă  environ 100 milliards de dollars, y compris les coĂ»ts tangibles de 31 milliards de dollars. Environ la moitiĂ© de ces coĂ»ts tangibles Ă©taient des coĂ»ts du systĂšme de justice pĂ©nale. Les services de police constituent la plupart des dĂ©penses (57 %), suivi par les services correctionnels (32 %), les tribunaux (5 %), les poursuites (4 %) et l’aide juridique (3 %). Des coĂ»ts supplĂ©mentaires de 14 milliards de dollars sont Ă  la charge des victimes pour des soins mĂ©dicaux, des hospitalisations, des salaires perdus, des jours d’absence scolaire, et des biens volĂ©s/endommagĂ©s.Note de bas de page 37

Tableau 2. Coûts pour le systÚme de justice pénale, 2008
CatĂ©gorie de coĂ»ts CoĂ»ts (millions $) Pourcentage
Services de police 8 587 57 %
Tribunaux 672 4,5 %
Poursuites 528 3,5 %
Aide juridique 373 2.5%
Services correctionnels 4 836 32 %
Adultes 3 869 26 %
Jeunes 967 6 %
Commission d’examen constituĂ©e en vertu du Code criminel 12 0,1 %
Total 15 009 100 %

Source : Les coĂ»ts de la criminalitĂ© au Canada, 2008.

Les coĂ»ts continuent de grimper, en dĂ©pit du recul global du taux de criminalitĂ©, plus particuliĂšrement pour la police qui continue de faire face Ă  des changements au chapitre des activitĂ©s criminelles mondiales en ligne qui ne sont pas suffisamment dĂ©clarĂ©es. L’Institut Fraser a estimĂ© que les coĂ»ts liĂ©s aux services de police ont doublĂ© de 2002 Ă  2012, passant de 6,8 milliards de dollars Ă  13,5 milliards de dollars en 2012. En outre, l’étude a rĂ©vĂ©lĂ© que les dĂ©penses relatives aux services de police, la dĂ©pense la plus importante â€“ 388 $ par habitant en 2012 â€“ ont augmentĂ© de 44 %, Ă  l’instar des dĂ©penses rattachĂ©es aux services correctionnels (33 %) et aux tribunaux (21 %). Les dĂ©penses se sont accrues au cours de la derniĂšre dĂ©cennie, passant de 480 $ Ă  580 $ par habitantNote de bas de page 38.

Conclusion

Le systĂšme de justice pĂ©nale canadien joue un rĂŽle de premier plan pour assurer au Canada l’existence d’une sociĂ©tĂ© juste et respectueuse des lois, dotĂ©e d’un systĂšme de justice accessible, efficace et Ă©quitable. Il s’agit Ă©galement d’un systĂšme complexe comportant de nombreux joueurs, ayant chacun diffĂ©rents rĂŽles et responsabilitĂ©s, qui doivent unir leurs efforts et travailler en tandem.

Les rĂ©ponses fragmentaires (lĂ©gislatives ou autres) aux questions dĂ©finies de maniĂšre plus rigoureuse ont contribuĂ© aux effets cumulatifs qui sont exercĂ©s sur le systĂšme de justice pĂ©nale. Il existe aujourd’hui un besoin pressant envers une vaste rĂ©forme approfondie des politiques en matiĂšre de droit pĂ©nal, axĂ©e sur des mesures qui contribueraient grandement Ă  l’efficience, l’efficacitĂ© et l’équitĂ©. La mise en Ɠuvre efficace d’initiatives stratĂ©giques plus modernes en matiĂšre de droit pĂ©nal nĂ©cessite une approche Ă  plusieurs volets, y compris les lois, les politiques et les programmes. Les rĂ©ponses stratĂ©giques devraient viser Ă  appuyer un systĂšme de justice pĂ©nale plus rĂ©cent, actualisĂ©, efficient et efficace.