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Commissions sur la déjudiciarisation, le pouvoir discrétionnaire et la détermination de la peine

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Juillet 2018

Division de la recherche et de la statistique

Remarque Ă  l’intention du lecteur : la prĂ©sente publication illustre les rĂ©sultats d’un sondage d’opinion publique en ligne auquel a rĂ©pondu un Ă©chantillon des Canadiens qui ont reçu une invitation par courriel, Facebook et Twitter (appelĂ© Ă©chantillon de « lien ouvert Â»; voir la mĂ©thodologie pour obtenir de plus amples renseignements). Le sondage illustre un sondage effectuĂ© auprès d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population canadienne, dont les rĂ©sultats sont disponibles Ă  l’adresse suivante : Recherche sur les questions de justice

La plupart des répondants estiment que la déjudiciarisation des personnes accusées devrait être privilégiée pour certains types d’infractions ou certaines situations. Ils sont également d’avis qu’un recours accru à la déjudiciarisation pourrait rendre le système de justice pénale (SJP) très efficient et efficace.

La majorité des répondants estiment que les juges devraient disposer d’un certain pouvoir discrétionnaire et d’une certaine latitude pour déterminer une peine. De nombreux répondants estiment que des lignes directrices relatives à la détermination de la peine sont le meilleur moyen d’assurer une peine équitable et uniforme. Ils sont aussi d’avis qu’une commission sur la détermination de la peine dont la principale fonction serait de fournir aux juges des lignes directrices en la matière est une idée importante à envisager.

Les répondants au sondage du lien ouvert et du sondage représentatif à l’échelle nationale sont favorables à la déjudiciarisation dans une même mesure. Par rapport à l’échantillon représentatif de la population canadienne, les répondants au sondage du lien ouvert sont plus favorables à un pouvoir discrétionnaire total, mais moins favorables à des lignes directrices sur la détermination de la peine.

Les autres constatsNote de bas de page 1

DĂ©judiciarisation

Pouvoir discrétionnaire

Lignes directrices et commissions sur la détermination des peines

Une analyse plus poussée

DĂ©judiciarisation

La déjudiciarisation a été décrite comme une façon de tenir les accusés responsables par un moyen autre qu’un procès. Cette approche peut être utilisée tant que la société continue d’être protégée et lorsque l’accusé accepte la responsabilité de ses actes. Les possibilités de déjudiciarisation pourraient comprendre le service communautaire, la médiation, les renvois vers des programmes spécialisés à des fins de counseling, de traitement ou d’éducation (p. ex. compétences de la vie, traitement contre l’alcoolisme et la toxicomanie, gestion de la colère), les programmes de réconciliation entre la victime et le contrevenant, des mesures semblables visant la justice réparatrice, ou une lettre ou un texte d’excuses.

Pour le scĂ©nario illustrant l’infraction d’agression sexuelle contre un mineur (voir la mĂ©thodologie), la moitiĂ© (50 %) des rĂ©pondants Ă©taient d’avis que la dĂ©judiciarisation serait la rĂ©ponse la plus appropriĂ©e.

Pour le scĂ©nario illustrant une infraction consistant Ă  dĂ©charger intentionnellement une arme Ă  feu tout en faisant montre d’insouciance, 71 % des rĂ©pondants ont estimĂ© que la dĂ©judiciarisation serait la rĂ©ponse la plus appropriĂ©e.

Pour le scĂ©nario illustrant une infraction de trafic de stupĂ©fiants tout en transportant une arme dissimulĂ©e, 73 % des rĂ©pondants Ă©taient d’avis que la dĂ©judiciarisation serait la rĂ©ponse la plus appropriĂ©e.

Bien que les diffĂ©rences ne soient pas très marquĂ©es, davantage de rĂ©pondants au sondage Ă  lien ouvert que de rĂ©pondants reprĂ©sentant la population canadienne ont estimĂ© que la dĂ©judiciarisation pourrait rendre le SJP plus efficient (84 % contre 79 %) et plus efficace (76 % contre 69 %). Lorsqu’on leur a posĂ© des questions sur la dĂ©judiciarisation dans le cadre des scĂ©narios, la seule diffĂ©rence notable a Ă©tĂ© qu’un plus grand nombre de rĂ©pondants au sondage Ă  lien ouvert comparativement aux rĂ©pondants reprĂ©sentant la population canadienne Ă©taient d’avis que la mère cĂ©libataire qui avait vendu ses opioĂŻdes sur ordonnance alors qu’elle transportait un couteau dans son sac Ă  dos devrait ĂŞtre dĂ©judiciarisĂ©e (73 % contre 65 %, respectivement).

Lignes directrices et commissions sur le pouvoir discrétionnaire et la détermination des peines

Les lignes directrices en matière de détermination de la peine ont été décrites comme un éventail de peines prescrites pour chaque infraction, que les juges utiliseraient pour déterminer la peine appropriée. Les juges tiendraient compte des raisons de l’infraction et de la manière dont chaque infraction a été commise. En cas de situation inhabituelle quelconque, le juge pourrait sortir de l’éventail de peines prescrites, mais serait tenu de fournir une explication.

Une commission sur la détermination de la peine a été décrite comme un organisme indépendant composé de juges, de professionnels de la justice pénale, de défenseurs des victimes de crimes et d’universitaires qui entreprennent diverses activités liées à la recherche (p. ex. les pratiques efficaces de détermination de la peine) et à la communication (p. ex. éducation publique) au sujet de la détermination de la peine.

Bien que les rĂ©pondants au sondage Ă  lien ouvert et les rĂ©pondants reprĂ©sentatifs de la population canadienne appuyaient fermement au moins un certain degrĂ© de pouvoir discrĂ©tionnaire judiciaire dans la dĂ©termination de la peine (95 % pour chaque groupe), ceux du premier groupe Ă©taient plus fortement favorables au fait d’accorder aux juges un pouvoir discrĂ©tionnaire (34 % contre 24 %). Le groupe reprĂ©sentant la population canadienne Ă©tait plus fortement favorable Ă  l’idĂ©e de fournir aux juges des lignes directrices qui leur permettent tout de mĂŞme d’user de leur pouvoir discrĂ©tionnaire (71 % contre 61 %), ainsi que d’envisager la mise en Ĺ“uvre de lignes directrices au Canada (81 % contre 71 %). Les diffĂ©rences ont Ă©tĂ© moins marquĂ©es en ce qui a trait aux commissions sur la dĂ©termination de la peine – la seule diffĂ©rence Ă©tant qu’un plus grand nombre de rĂ©pondants au sondage reprĂ©sentatif Ă  l’échelle nationale que de rĂ©pondants au sondage Ă  lien ouvert estimaient qu’une commission sur la dĂ©termination de la peine rendrait celle-ci très uniforme (74 % contre 68 %).

MĂ©thodologie

Dans le cadre des discussions gĂ©nĂ©rales relatives au sondage sur la justice nationale de 2017 d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population canadienneNote de bas de page 3, le ministère de la Justice a entrepris un sondage parallèle en ligne auprès de Canadiens de 18 ans et plus, annoncĂ© sur les comptes Facebook et Twitter du ministère de la Justice. Une invitation par courriel a aussi Ă©tĂ© envoyĂ©e aux personnes ou organisations faisant partie d’une liste de distribution tenue par le ministère de la Justice. La liste de distribution a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e par un groupe du ministère responsable de la supervision des consultations. D’autres organismes qui travaillent dans le domaine de la justice ou qui s’y intĂ©ressent ont Ă©tĂ© inclus. Les invitations envoyĂ©es sur Twitter, sur Facebook et par courriel incitaient les destinataires Ă  diffuser le sondage au plus grand nombre. Le sondage proposĂ© sur lien ouvert a Ă©tĂ© rempli par 3 486 rĂ©pondants. La source de l’invitation variait, 40 % des rĂ©pondants ayant eu connaissance du sondage par Facebook (pas nĂ©cessairement par la page Facebook du ministère de la Justice), 2 % d’entre eux sur le site Web du ministère de la Justice, 27 % par une invitation par courriel, 8 % par Twitter et 20 % par d’autres sources (3 % n’ont pas rĂ©pondu).

La collecte de données auprès de l’échantillon consistait à étudier la portée des réseaux des ministères et le nombre de Canadiens disposés à indiquer leur point de vue sur le système de justice pénale, et la façon dont les points de vue d’un échantillon représentatif de Canadiens peut différer d’un échantillon volontaire.

Les questions du sondage du lien ouvert étaient identiques à celles du premier sondage auquel a répondu un échantillon représentatif de la population canadienne et qui portait sur le pouvoir discrétionnaire judiciaire, la détermination de la peine et les peines minimales obligatoires. Ce sondage comprenait des renseignements (p. ex. des statistiques et des définitions de concepts comme les lignes directrices en matière de détermination des peines) et trois scénarios illustrant les infractions passibles de peines minimales obligatoires afin de fournir un contexte pour les réponses.

Aux fins du présent sondage, les trois mêmes scénarios ont été présentés, chacun d’eux illustrant une infraction passible d’une peine minimale obligatoireNote de bas de page 4; on a ensuite été demandé aux répondants s’ils jugeaient la peine minimale obligatoire équitable dans ce cas. Après ces questions, d’autres questions très générales leur ont été posées au sujet des peines minimales obligatoires, notamment l’équité de ces peines en général, leur opinion quant au fait d’accorder davantage de pouvoir discrétionnaire aux juges afin qu’ils infligent une peine inférieure aux peines minimales obligatoires ou une peine non privative de liberté, et la solidité des divers arguments pour et contre les peines minimales obligatoires.

Caractéristiques de l’échantillon

L’échantillon n’était pas reprĂ©sentatif de la population canadienne, et reflète probablement un Ă©chantillon plus investi dans la rĂ©forme du système de justice pĂ©nale ou qui souhaite ĂŞtre consultĂ© sur les rĂ©formes du SJP. Quarante-cinq pour cent d’entre eux travaillaient dans le système de justice pĂ©nale (SJP) ou dans un domaine connexe, et 15 % ont fait du bĂ©nĂ©volat dans le SJP ou dans un autre domaine connexe (ces catĂ©gories n’étaient pas mutuellement exclusives). Seuls 18 % d’entre eux n’avaient jamais participĂ© au SJP auparavant (comparativement Ă  45 % des rĂ©pondants de l’échantillon reprĂ©sentatif).

Comparativement Ă  la population canadienne, les membres de l’échantillon du lien ouvert :

Pour plus de renseignements sur les constatations ou les sondages mentionnés dans le présent document, prière de communiquer avec la Division de la recherche et de la statistique du ministère de la Justice du Canada (rsd.drs@justice.gc.ca)

Notes de bas de la page