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Surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale (SJP)

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Juin 2018

Division de la recherche et de la statistique

Les jeunes ont décrit la surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale du Canada (SJP) comme étant injuste et résultant en grande partie de la discrimination sociale et de la discrimination systémique dans le système de justice. Ils ont aussi le sentiment qu’une telle surreprésentation est symptomatique de la pauvreté et des traumatismes intergénérationnels existants dans les communautés autochtones.

Les autres constatsNote de bas de la page 1

Une analyse plus poussée

Les jeunes ont relevé que beaucoup d’Autochtones, en particulier ceux qui résident dans les réserves, vivent dans la pauvreté. Comme ils ont peu de ressources financières, les Autochtones peuvent estimer qu’il est difficile de pourvoir à leurs besoins essentiels, d’avoir accès aux services et aux aides dont ils ont besoin, et de s’orienter dans le système de justice, ce qui peut mener à un nombre très élevé d’Autochtones dans le SJP, à toutes les étapes.

Les jeunes s’entendent pour dire que les Autochtones ont vécu des traumatismes intergénérationnels. Les jeunes relèvent que les Autochtones peuvent avoir le sentiment d’être étrangers à leurs cultures et à leurs croyances, ce qui peut mener à des comportements malsains, comme l’abus de drogues ou la violence, comportements qui seraient pour eux des moyens de résoudre leurs problèmes, et cela pourrait expliquer pourquoi il y a autant d’Autochtones dans le SJP.

La plupart des jeunes s’entendent pour dire que les Canadiens doivent avoir une meilleure connaissance des circonstances passées et actuelles auxquelles les Autochtones ont été ou sont exposées dans leurs communautés, et leur surreprésentation dans le SJP, notamment par l’éducation dans les écoles, mais aussi par une exposition accrue à la culture autochtone et des contacts avec celle-ci.

Les jeunes croient qu’une attention et un investissement accrus visant le succès financier et économique des communautés autochtones, y compris l’éducation et des occasions d’emploi dans les réserves, pourraient diminuer la surreprésentation des Autochtones dans le SJP. Ils croient aussi que l’augmentation du recours aux programmes de justice autochtone qui mettent l’accent sur la réconciliation et le tissage de liens entre les Autochtones et leurs communautés pourraient permettre de diminuer la surreprésentation des Autochtones dans le SJP.

Les jeunes appuient la diversité dans les jurys de sorte que ces derniers incluent des Autochtones et d’autres personnes marginalisées.

La plupart des jeunes ont appuyé l’idée d’accroître les plaidoyers pour les Autochtones par l’utilisation des médias sociaux en vue d’informer le public sur les conditions actuelles de vie des Autochtones, les absences d’équité et d’autres enjeux auxquels ils peuvent être exposés. Les jeunes ont dit que les gouvernements devraient être à l’écoute et entreprendre des mesures concernant la surreprésentation des Autochtones dans le SJP.

Dans leurs propres mots :

« Le système de justice rend la "justice" d’une manière très occidentale. Je pense que si les Autochtones Ă©taient en mesure de contrĂ´ler la manière dont la justice fonctionne en ce qui concerne leurs peuples, et s’ils Ă©taient autorisĂ©s Ă  offrir des systèmes de rĂ©habilitation, et Ă  voir leurs systèmes culturels mis en Ĺ“uvre, il y aurait une diminution de leur reprĂ©sentation dans les Ă©tablissements pĂ©nitenciers Â».

« D’autres facteurs socio-Ă©conomiques, par exemple, les conditions dans lesquelles vivent ou sont Ă©levĂ©s les Autochtones en tant qu’enfants [accroissent leurs risques de se retrouver dans le SJP]. De plus, si une sociĂ©tĂ© fait peser un fardeau sur un groupe minoritaire par des stĂ©rĂ©otypes, de tels stĂ©rĂ©otypes et idĂ©es prĂ©conçues peuvent Ă  leur tour amener la police Ă  rĂ©pondre de manière très violente ou Ă  accuser dĂ©raisonnablement ce groupe minoritaire. Â»

MĂ©thodologie

Le ministère de la Justice du Canada, de concert avec la Commission des étudiants du CanadaNote de bas de la page 2, a réalisé un projet de participation des jeunes en 2016 et 2017. Les points de vue, les perceptions et les attentes des jeunes en ce qui a trait au système de justice pénale ont été examinés dans le cadre de chaque projet. L’examen a été effectué par un nouveau comité action jeunesseNote de bas de la page 3 du ministère de la Justice qui a demandé aux jeunes issus de projets d’action communautaire dirigés par des jeunesNote de bas de la page 4 de s’exprimer, et également dans le cadre de la conférence Le Canada que nous souhaitons.Note de bas de la page 5

Projet de participation des jeunes au SJP, de 2016

Quatorze membres du ComitĂ© action jeunesse du ministère de la Justice reprĂ©sentant les populations autochtones, non autochtones, rurales, urbaines et autres ont pris part Ă  des vidĂ©oconfĂ©rences mensuelles de septembre 2016 Ă  fĂ©vrier 2017. Ces vidĂ©oconfĂ©rences Ă©taient axĂ©es sur la façon dont les jeunes perçoivent le crime et le SJP, les principes directeurs et valeurs du SJP, ainsi que le lien entre la vulnĂ©rabilitĂ©, la marginalisation et la criminalisation. Les membres du ComitĂ© action jeunesse ont mobilisĂ© plus de 350 jeunes de tout le pays dans le cadre de projets d’action communautaire afin d’obtenir leur opinion et leurs points de vue sur le SJP. Ils ont eu recours Ă  des sondages (copie papier et numĂ©rique), des entrevues et des groupes de discussion pour obtenir l’information, et ont fait rapport aux facilitateurs du comitĂ© et durant les vidĂ©oconfĂ©rences. Après chacune de ces vidĂ©oconfĂ©rences, les jeunes retournaient dans leur communautĂ© pour obtenir commentaires et suggestions d’autres jeunes Ă  propos des questions discutĂ©es durant la vidĂ©oconfĂ©rence. Quatre projets d’action communautaire ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. La participation s’est poursuivie durant la confĂ©rence Le Canada que nous souhaitons, oĂą l’équipe thĂ©matique Le système de justice que nous souhaitons, un groupe de 17 jeunes de six provinces et un territoire, reprĂ©sentant les populations autochtones, non autochtones, les populations du Nord et un certain nombre d’autres populations diverses, ont pris part Ă  cinq jours de discussion sur les valeurs et objectifs qu’ils espèrent que le SJP adoptera Ă  l’avenir.

Projet de participation des jeunes au SJP, de 2017

Huit membres du comitĂ© action jeunesse du ministère de la Justice reprĂ©sentant les populations autochtones, non autochtones, rurales, urbaines et autres ont pris part Ă  des appels effectuĂ©s aux deux semaines de juin 2017 Ă  mars 2018. Ce projet Ă©tait articulĂ© autour des enjeux pertinents pour le travail du ministère de la Justice, notamment la libertĂ© sous caution et les infractions contre l'administration de justice, la justice rĂ©paratrice, la justice axĂ©e sur les solutions, la surreprĂ©sentation des Autochtones dans le SJP, la surreprĂ©sentation des personnes ayant des troubles de santĂ© mentale et cognitifs dans le SJP, la mesure du rendement au sein du SJP et les points de vue des victimes d’actes criminels. Durant la confĂ©rence Le Canada que nous souhaitons, l’équipe thĂ©matique SJP, formĂ©e de 11 jeunes et de deux jeunes facilitateurs de deux territoires et cinq provinces, reprĂ©sentant les populations autochtones, non autochtones, les populations du Nord et un certain nombre d’autres populations diverses, a discutĂ© de questions touchant la justice.

En ce qui concerne la question de la surreprĂ©sentation des Autochtones dans le SJP, Justice Canada et le SCC ont fourni aux jeunes des donnĂ©es qui Ă©tablissent la surreprĂ©sentation des Autochtones dans le SJP du Canada, Ă  la fois en tant que dĂ©linquants et en tant que victimes. Justice Canada et le SCC ont prĂ©sentĂ© aux jeunes des propositions quant aux raisons d’une telle situation, y compris les incidences du colonialisme, ainsi que des propositions visant Ă  diminuer la surreprĂ©sentation des Autochtones dans le SJP, comme le fait d’avoir davantage de tribunaux autochtones. Le SCC a prĂ©sentĂ© un questionnaire et un lexique de termes. Les jeunes ont partagĂ© le sondage en personne et en ligne, et recueilli les voix de 73 jeunes. La confĂ©rence de 2018 sur « Le Canada que nous voulons Â» a Ă©tĂ© très utile en ce qui concerne la croissance et la diversitĂ© de la portĂ©e gĂ©ographique et de l’engagement des jeunes autochtones. L’équipe de travail reprĂ©sentait toutes les rĂ©gions du Canada, avec 8 de ses 11 membres prĂ©sentĂ©s comme Autochtones, dont 6 d’entre eux rĂ©sident dans le Nord (au Nunavik, au Nunavut, au Yukon). Cela a permis de faire en sorte que nous avons Ă©coutĂ© diverses voix, y compris les voix autochtones. Les membres de l’équipe de travail Ă©taient très au fait des rĂ©alitĂ©s de vie auxquelles les Autochtones sont exposĂ©es (p. ex., la pauvretĂ©, l’absence de fourniture de services de base, l’absence de services de soutien), et les discussions de l’équipe ont offert un contexte qui a Ă©tĂ© validĂ© par les conclusions du sondage.

Pour plus de renseignements sur les constatations ou les sondages mentionnés dans le présent document, prière de communiquer avec la Division de la recherche et de la statistique du ministère de la Justice du Canada (rsd.drs@justice.gc.ca).

Notes de bas de la page