Commission de la capitale nationale
Canada
Le récit des tulipes

Durant près de cinq ans, de 1940 à 1945, le Canada est devenu le refuge de la famille royale néerlandaise. Au cours des derniers mois de la guerre, les troupes canadiennes participent activement à la libération des Pays-Bas. Aujourd'hui, un demi-siècle plus tard, les Canadiens et les Néerlandais se rappellent ces événements historiques et soulignent les liens durables qui se sont alors noués entre leurs pays. 

La princesse héritière des Pays-Bas en sécurité

Le 10 mai 1940, l’armée allemande franchit la frontière des Pays-Bas. Une fois le pays envahi, l’un des objectifs principaux est de capturer la famille royale néerlandaise. Ayant temporairement trouvé refuge en Angleterre, la reine Wilhelmina décide d'envoyer sa fille héritière – la princesse Juliana – en sécurité au Canada.

Au début de juin 1940, la princesse Juliana et ses deux petites filles – Beatrix et Irene – embarquent secrètement à bord d’un navire néerlandais en partance pour le Canada. En sécurité dans la région d’Ottawa, la princesse Juliana est en mesure de prendre les rênes du gouvernement en exil si cela s’avère nécessaire.

C’est au Canada que la princesse Juliana donne naissance à sa troisième fille le 19 janvier 1943. Afin de garantir à l’enfant sa citoyenneté néerlandaise, le gouvernement canadien cède temporairement aux Pays-Bas une chambre de l’Hôpital Civic d’Ottawa. La princesse Margriet Francisca est la seule enfant de sang royale à avoir vu le jour en Amérique du Nord. Sa naissance a crée un lien vivant entre le Canada et les Pays-Bas.

Le baptême de la princesse Margriet a lieu le 29 juin 1943 à l’église presbytérienne St. Andrew’s d’Ottawa. Outre la présence de la reine Wilhelmina et du prince Bernhard, l'église est remplie de dignitaires canadiens, dont le premier ministre Mackenzie King. Lord Athlone, gouverneur général du Canada, et Martine Roëll, dame d'honneur et compagne en exil de la princesse Juliana, assistent au baptême en qualité de parrain et marraine.

À bien des égards, la princesse Juliana mène une vie normale à Ottawa. Comme c'est le cas d'un grand nombre de Canadiennes, son mari est à la guerre et elle tricote pour les soldats. La princesse est aussi bénévole dans un magasin d'articles d'occasion mis sur pied pour recueillir des fonds servant à l’effort de guerre.

Le mode de vie de la princesse comporte pourtant des différences. Elle est constamment en contact avec sa mère et son mari, en Angleterre. En tant que représentante de sa mère, elle agit comme ambassadrice de son peuple. Elle se déplace au Canada, aux États-Unis et dans les Antilles néerlandaises, visitant les troupes militaires et suscitant des appuis à l'effort de guerre.

La libération des Pays-Bas

Au cours du dernier mois de la guerre, les Canadiens se déploient au nord et à l'ouest. Leur mission : libérer les Pays-Bas. L’ennemi n’a toujours pas capitulé et les Canadiens avancent difficilement. Ils libèrent villages après villages et les Néerlandais, fous de joie, descendent dans les rues pour fêter.

Le 28 avril, les dirigeants militaires allemands savent que la fin est proche. Une trêve est négociée et des vivres commencent à être acheminés aux populations civiles affamées. Le lieutenant-général Foulkes du 1er Corps d’armée canadien accepte la reddition du général Johannes Blaskowitz, commandant des forces d’occupation, le 5 mai 1945. La guerre aux Pays-Bas est terminée!

Dès le début mai, la reine Wilhelmina et la princesse Juliana rentrent aux Pays-Bas. Les petites princesses Beatrix, Irene et Margriet rejoindront leurs parents plus tard au cours de l’été 1945.

Par milliers, les soldats canadiens déposent leurs armes et participent à la reconstruction des maisons, des digues et des ponts. Les médecins militaires canadiens soignent les civils et plusieurs troupes portent secours à la population durement éprouvée par la guerre.

Sept mille soldats canadiens ont trouvé la mort dans la campagne menant à la libération des Pays-Bas. Les Néerlandais veulent à tout prix témoigner leur gratitude et les enfants cueillent des fleurs sauvages qu'ils déposent sur les tombes des soldats morts au champ d'honneur.

Alors que les canons se sont tus, les idylles fleurissent au milieu des ruines et des liens permanents se nouent entre Canadiens et Néerlandais. Beaucoup de ces idylles se terminent par un mariage. Le gouvernement canadien paie le passage au Canada de plus de 1 800 épouses de guerre néerlandaises et de quelque 400 enfants.

Le don des tulipes

Une fois la guerre terminée, la population des Pays-Bas et la princesse Juliana font parvenir un grand nombre de cadeaux magnifiques aux Canadiens. Le peuple néerlandais envoie 100 000 bulbes de tulipes destinés à la capitale du Canada, en remerciement de l’implication des troupes canadiennes dans la libération. En 1946, la princesse Juliana fait elle-même un don de 20 000 autres bulbes au pays qui lui a donné refuge.

Ces gestes de reconnaissance allaient transformer la capitale canadienne. Depuis 1958, aux 10 000 bulbes de tulipes donnés chaque année par la famille royale, s'ajoutent ceux qui sont fournis à titre gracieux par l'association des producteurs de bulbes néerlandais.

En plus d’être la gardienne des bulbes de tulipes offerts chaque année, la Commission de la capitale nationale achète aussi des milliers de bulbes annuellement. De nos jours, c'est près d'un million de tulipes qui fleurissent chaque printemps dans la région de la capitale du Canada. Les tulipes sont donc très importantes non seulement parce qu’elles offrent un spectacle unique, mais aussi parce qu’elles incarnent le symbole d'une amitié internationale.

La reine Juliana qui a instigué la tradition du don des tulipes est décédée le 20 mars 2004 à l’âge de 94 ans. Son décès a non seulement attristé le peuple néerlandais, mais aussi les Canadiens, avec qui elle a entretenu un lien bien particulier. La famille royale néerlandaise a annoncé son désir de poursuivre la tradition en mémoire de la défunte reine. Ce don annuel de tulipes renforce l’attachement entre les Pays-Bas et le Canada.

 
Mise à jour : Le lundi 5 décembre 2005
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