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INFOS SAINT-LAURENT
Selon les résultats de travaux publiés en 2005 par une équipe du Centre Saint-Laurent, la présence combinée de contaminants et de parasites augmente le stress tissulaire chez les poissons. Ainsi, les poissons parasités sont plus vulnérables à la pollution que ceux qui ne le sont pas et certains parasites sont plus pathogènes que d’autres. Tout au long de leur vie, les organismes aquatiques sont soumis à de multiples agressions d’origine anthropique et naturelle : contaminants, maladies, températures extrêmes, etc. Les répercussions de ces agressions sur la croissance, la reproduction, la physiologie et le comportement des organismes aquatiques ont fait l’objet de nombreuses études, mais peu de travaux se sont penchés sur les effets d’une combinaison de ces agressions. Les quelques travaux réalisés jusqu’à maintenant suggèrent que les effets du parasitisme sont exacerbés par la contamination, et vice versa. Afin de pousser ses recherches sur les interactions de la pollution et du parasitisme chez les poissons, une équipe de scientifiques du Centre Saint-Laurent a mesuré un indicateur de stress oxydatif, la peroxydation lipidique, dans les tissus de Perchaudes prélevées à deux sites du lac Saint-Louis. La peroxydation lipidique est considérée non seulement comme une mesure du stress oxydatif, mais du stress en général et peut donc servir d’indicateur de la santé des poissons.
Deux parasites communs et représentatifs du territoire à l’étude ont été retenus. Le nématode Raphidascaris acus est connu pour causer des maladies du foie et entraîner la mort, notamment de la Perchaude, un hôte intermédiaire du parasite. Quant au métacercaire du digénien Apophallus brevis, il cause une réduction de la croissance et des fonctions reproductives tout en augmentant le taux de mortalité chez la Perchaude.
À la lumière des résultats de cette étude, les Perchaudes provenant du site contaminé présentaient un stress plus important que celles provenant du site de référence, indépendamment des infections parasitaires.
Cependant, les poissons du site contaminé infectés par le nématode Raphidascaris acus avaient un stress tissulaire plus fort que les poissons non infectés du même site. Aucune différence n’a été observée entre les poissons infectés et non infectés au site de référence (figure 1). Les Perchaudes infectées par plus de 10 métacercaires d’Apophallus brevis montraient des taux plus élevés de peroxydation lipidique que celles infectées par moins de 10 métacercaires, tant au site contaminé qu’au site témoin (figure 2). Ces résultats montrent que la présence combinée de contaminants et de certains parasites exacerbe le stress oxydatif chez les poissons, une conséquence possible d’un affaiblissement du système immunitaire induit par la pollution. L’impact des contaminants a longtemps été évalué en exposant des organismes à ce seul stress anthropique en conditions contrôlées, négligeant ainsi l’effet cumulatif de l’ensemble des agressions auxquelles sont soumis les organismes dans leur milieu. La nécessité de tenir compte de ces stress naturels, notamment du parasitisme, dans l’évaluation des impacts des contaminants sur la santé des écosystèmes aquatiques est confirmée par ces résultats. Comme le parasitisme est très fréquent chez le poisson, l’accroissement de la pathogénécité de certains parasites ou la modification des relations hôtes-parasites, causés possiblement par des contaminants, pourraient présenter un problème sérieux pour la santé des populations de poissons.
Marcogliese, D.J., L. Gagnon Brambilla, F. Gagné et A.D. Gendron. 2005. « Joint effects of parasitism and pollution on oxidative stress biomarkers in Yellow perch (Perca flavescens) ». Diseases of Aquatic Organisms, 63 : 77-84.
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