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Représentation des immigrants et des demandeurs du statut de réfugié

John Frecker, Pierre Duquette, Donald Galloway, Fernand Gauthier, William Jackson et Gregory James

Rapport final de l'étude


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5. Interprétation et représentation

5.1 Les défis que pose la présentation des cas par l'entremise des interprètes

Les autorités de l'aide juridique tiennent des statistiques sur les dépenses à l'égard des services de traduction et d'interprétation, mais ces données ne sont pas organisées de manière à pouvoir déterminer immédiatement le pourcentage des cas exigeant de tels services. Il est clair, toutefois, qu'il s'agit d'un poste de dépense important, surtout en ce qui a trait aux demandes du statut de réfugié. Ces services ont représenté plus de 16 p. 100 du total des dépenses totales de l'aide juridique pour les affaires de l'immigration et du statut de réfugié en Ontario et en Colombie Britannique ces dernières années (Frecker, 2002: 64). On peut affirmer sans trop se tromper que dans la grande majorité des cas, ces services sont commandés pour des demandeurs du statut de réfugié. Nous avons demandé aux répondants de commenter les implications du déroulement des procédures par l'entremise d'un interprète, et de dire si la présence ou non d'un interprète faisait une différence dans l'issue des dossiers des immigrants et des demandeurs du statut de réfugié.

Les répondants ont fait valoir la difficulté de transmettre tout l'impact émotionnel et les nuances d'un témoignage par l'entremise d'un interprète. Ils ont dit aussi que des problèmes particuliers peuvent surgir lorsque le demandeur croit que l'interprète provient d'un groupe ennemi dans son pays d'origine. Même si l'interprète est totalement en dehors du conflit, sa seule présence suscite une profonde méfiance. Certains fournisseurs de services ont aussi mentionné qu'il était difficile, surtout au stade de la préparation du dossier, d'amener les requérants à donner des renseignements délicats au sujet de leur demande devant un interprète de la même origine ethnique, parce qu'ils craignent que ces informations soient dévoilées.

Trois répondants seulement ont fait état d'incidents lorsqu'ils ont vu des représentants contester ou corriger la version donnée par l'interprète au cours d'un témoignage en audience. Certains répondants, en particulier ceux des ONG, estiment que les interprètes peuvent jouer un rôle important en expliquant le contexte et la connotation culturelle d'un témoignage, qui, autrement, serait difficile à comprendre pour les décideurs. D'autres répondants, en particulier parmi les décideurs, s'opposent vivement à cela, car ils jugent très important que les interprètes restent neutres et se limitent à traduire correctement ce que disent les témoins. En pareil cas, les représentants et les décideurs doivent trouver le moyen de voir à ce que le témoignage soit compris dans son contexte culturel, sans abandonner leur rôle principal aux mains de l'interprète.

5.2 La relation entre l'avocat et les interprètes

Selon un rapport récent de Aide juridique Ontario, qui a évalué la rentabilité du Refugee Law Office de Toronto, près de 25 p. 100 des demandes acheminées à des avocats de pratique privée proviennent des interprètes (MacDonald, 2001: 7). Dans le cadre de la présente étude, plusieurs fournisseurs de services se sont dits préoccupés du fait que des interprètes dirigeaient des clients vers des avocats et des consultants qui, à leur avis, étaient de piètres représentants. Des répondants de toutes les régions ont signalé que certains interprètes distribuaient les cartes d'affaires de certains services-conseils aux immigrants et aux réfugiés qui se présentaient aux bureaux de CIC pour une entrevue d'admissibilité ou de recevabilité. Un grand nombre de ces répondants croient que les interprètes reçoivent une commission des services-conseils en question et jugent qu'en l'occurrence, il s'agit d'une pratique tout à fait contraire à l'éthique.

Qu'il existe une relation étroite entre les interprètes et les services conseils n'est pas une mauvaise chose en soi. Certains avocats et consultants se sont spécialisés dans les revendications provenant de certains pays en particulier. On peut fort bien comprendre que les interprètes et les chefs de file des communautés ethniques en cause, qui ont appris à les connaître et à leur faire confiance leur envoient des clients. Le problème se pose uniquement si on se sert des interprètes comme représentants commerciaux pour attirer de nouveaux clients. Le problème devient plus grave si les mandataires donnent un mauvais service et exploitent l'ignorance des nouveaux arrivants en ne leur présentant pas les autres options dont ils peuvent se prévaloir.

Des répondants ont signalé aussi que des personnes ayant très peu d'expérience comme interprètes offraient leurs services à titre de consultants en immigration sans avoir les compétences requises pour faire du bon travail. À leur avis, les nouveaux arrivants et les demandeurs du statut de réfugiés sont particulièrement vulnérables face à ces individus et il faut de toute urgence réglementer la pratique pour éliminer les abus.

Les données obtenues au cours des entrevues menées pour la présente étude sont insuffisantes pour confirmer l'ampleur du problème, mais les mêmes préoccupations ont été soulevées par un grand nombre de répondants dans toutes les régions. Il faut y voir un signal clair que la question doit être examinée plus en profondeur et que des mesures doivent être prises pour régler les problèmes qui ressortiront de cet examen.

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