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Étude sur l'aide juridique et les langues officielles au Canada

PRA Inc. Information Info Strategy

Mai 2002


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Introduction

Les principes fondamentaux de la justice ne se rapportent pas directement aux « langues officielles » mais un certain nombre de dispositions législatives et constitutionnelles portent sur cet aspect.

Les régimes canadiens d'aide juridique ont tous un objectif commun, à savoir, faciliter l'accès au système judiciaire. À partir de l'arrestation jusqu'à la représentation par avocat devant les tribunaux, les services d'aide juridique sont conçus pour venir en aide aux personnes qui n'ont pas les moyens de retenir les services d'un avocat. Ces services d'aide juridique ont pour effet de renforcer la justice parce qu'ils introduisent une plus grande équité dans le système judiciaire.

La question de la langue ajoute une dimension complexe mais fondamentale à l'aide juridique. Tout comme la pauvreté, la langue peut empêcher certaines personnes d'avoir pleinement accès à la justice. C'est pourquoi il est obligatoire de fournir des services d'interprétation aux parties à une instance judiciaire et aux témoins qui ne comprennent pas ou ne parlent pas la langue dans laquelle se déroule l'instance. Les principes fondamentaux de la justice naturelle2, qui comprennent notamment l'égalité devant la loi, ne font pas de différence entre les « langues officielles » et les autres langues.

Au Canada, l'existence de deux langues officielles introduit une série de droits et d'obligations correspondantes qui ont une origine et un objectif différents de ceux que recherche la justice naturelle. Il existe dans l'ensemble du Canada des dispositions législatives et constitutionnelles qui touchent l'égalité de l'anglais et du français. L'article 530 du Code criminel, qui accorde à l'accusé le droit d'avoir accès aux tribunaux pénaux dans l'une ou l'autre des langues officielles, est un exemple de ces dispositions.

La possibilité d'obtenir les services d'un avocat parlant sa propre langue est susceptible d'influencer la capacité de l'accusé d'exercer pleinement ses droits linguistiques - ou tout autre droit juridique - en matière de procédure pénale. Par conséquent, la prestation de services d'aide juridique bilingues est susceptible de faciliter l'accès à la justice pour les personnes à faible revenu.

Les politiques et les pratiques des différents régimes d'aide juridique canadiens varient sensiblement. L'étude décrit la façon dont les services d'aide juridique fournissent leurs services dans les deux langues officielles.

1.1 Objet de l'étude

Le ministère de la Justice a formulé trois objectifs de recherche précis concernant les services d'aide juridique et les groupes parlant une des langues officielles :

  1. cerner les politiques et les pratiques des régimes d'aide juridique visant à fournir aux francophones et aux anglophones un accès à ces services dans la langue de leur choix;
  2. cerner les difficultés éprouvées par les francophones et les anglophones qui souhaitent avoir accès à des services d'aide juridique;
  3. définir, s'il y a lieu, l'accroissement des niveaux de services requis pour répondre aux normes établies et établir le coût de ces niveaux accrus de service.

Le ministère a préparé une série de questions qui figurent dans le tableau 1 pour orienter l'étude.

Tableau 1 : Questions de recherche

1.

Quelles politiques ont adopté les régimes d'aide juridique pour répondre aux demandes de renseignements et d'aide juridique et offrir ces services dans la langue officielle de leurs clients?

2.

À quels aspects de ces services s'appliquent les politiques? (Premier contact, avocat de garde pour les clients détenus et en liberté, conseils et assistance, représentation au procès?)

3.

D'autres services (ligne d'information, Internet) sont-ils offerts dans la langue officielle des clients?

4.

Dans quelle mesure les membres des groupes de langue officielle n'ont pas accès aux divers services de l'aide juridique dans la langue de leur choix?

5.

Quelles démarches doivent-ils faire pour obtenir des services dans la langue de leur choix?

6.

Quelles sont les conséquences possibles de ne pas fournir des services dans la langue des clients?

7.

Quels sont les principaux obstacles qui empêchent la prestation ou l'expansion des services d'aide juridique dans la langue des clients?

8.

Quels sont les aspects de ces services (c. à d., représentation prévue par l'arrêt Brydges, avocat de garde) qu'il faudrait cibler pour élargir les services offerts aux minorités linguistiques?

9.

Compte tenu du type de régime d'aide juridique adopté (avocats de la pratique privée, avocats salariés, ou modèle mixte), quels défis faut-il relever pour étendre les services d'aide juridique offerts dans la langue de la minorité?

10.

Quel est le coût estimatif de la mise en &156;uvre de nouveaux services d'aide juridique dans la langue de la minorité?

L'étude porte uniquement sur les services d'aide juridique offerts dans les dix provinces et ne comprend pas les trois territoires, qui font l'objet d'une étude distincte. En outre, l'étude porte principalement sur les services d'aide juridique offerts dans le domaine du droit pénal mais elle traite également des affaires de droit familial et de droit privé.

1.2 Méthode

Le tableau 2 résume la méthode utilisée pour l'étude.

Tableau 2 : Méthode
ActivitéSources de données

Examen de documents3

Prairie Research Associates (PRA) Inc. a examiné les documents décrivant les services d'aide juridique offerts dans les différentes provinces du Canada ainsi que ceux qui décrivaient le profil linguistique de chaque province. Nous avons en outre consulté les sources primaires comme les lois provinciales sur l'aide juridique, les lois linguistiques provinciales, la Charte canadienne des droits et libertés et le Code criminel. PRA a consulté la jurisprudence et les études relatives aux services d'aide juridique et aux droits linguistiques au Canada. (La liste de tous les documents consultés figure dans la bibliographie.)

Visites sur place

PRA s'est rendu dans six villes et a interrogé en personne ou par téléphone des intervenants clés, notamment les directeurs et le personnel des services d'aide juridique, des avocats du secteur privé, des poursuivants, des membres de la magistrature, des organismes communautaires, le personnel judiciaire et les personnes offrant des services aux enfants et aux familles. Visites effectuées :

  • Nouvelle-Écosse (n = 10 entrevues)
  • Nouveau-Brunswick (n = 18 entrevues)
  • Ontario (n = 10 entrevues)
  • Manitoba (n = 11 entrevues)
  • Alberta (n = 11 entrevues)
  • Québec (n = 16 entrevues).

Entrevues avec des intervenants clés

Nous avons mené des entrevues par téléphone avec les directeurs et le personnel de l'aide juridique, des avocats de la pratique privé, des poursuivants, des juges, et des organismes communautaires, dans les quatre provinces où nous ne sommes pas allés faire des visites sur place:

  • Terre-Neuve et Labrador (n = 6 entrevues)
  • Île-du-Prince-Édouard (n = 5 entrevues)
  • Saskatchewan (n = 4 entrevues)
  • Colombie-Britannique (n = 6 entrevues)

Entrevues avec les clients de l'aide juridique

PRA avait au départ décidé de rencontrer des clients de l'aide juridique au cours des visites sur place. Cette méthode n'a pu être utilisée à cause de la difficulté de trouver des clients à interroger. Pour compenser, nous avons effectué une enquête téléphonique aléatoire dans les provinces visitées (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Québec, Ontario, Manitoba, Alberta). Nous avons ciblé les régions où il existait un pourcentage important de personnes parlant la langue officielle de la minorité. Cent vingt-cinq questionnaires au total ont été administrés entre le 18 et le 23 avril 2002, dont 24 au Québec, et 101 dans les cinq autres provinces.

1.3 Structure du rapport

Notre rapport comprend cinq sections avec l'introduction (section 1). La section 2 présente un certain nombre de considérations linguistiques qui encadrent le fonctionnement des services d'aide juridique. Nous examinons brièvement les dispositions législatives pertinentes, explorons certaines des caractéristiques de la fourniture de services dans la langue de la minorité et traitons de certains aspects linguistiques particuliers aux services d'aide juridique. La section 3 présente les résultats obtenus dans les différentes provinces et la section 4 résume les résultats des sondages effectués auprès des clients et des clients potentiels. La section 5 présente un résumé de toutes les conclusions, et notamment des principaux aspects et sujets.


2 La notion de « justice naturelle » désigne habituellement l'équité procédurale. Comme l'a déclaré la Cour suprême du Canada dans l'arrêt R. c. Jones [1986] 2 R.C.S. 284, cette notion impose aux tribunaux judiciaires et administratifs l'obligation d'« agir équitablement, de bonne foi, sans préjugé et avec sérénité, et... [de] donner à l'accusé l'occasion d'exposer adéquatement sa cause. »

3 On trouvera dans la bibliographie la liste complète des documents consultés.

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