![]() ![]() ![]() |
![]() ![]() |
|||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
![]() |
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||
|
|
![]() |
![]() Étude sur l'aide juridique et les langues officielles au CanadaPRA Inc. Information Info StrategyMai 2002 Page précédente | Table des matières | Page suivante Résultats de l'étude par provinceVoici les résultats par province de l'examen des services d'aide juridique offerts dans la langue officielle de la minorité, ainsi que les lacunes que semblent comporter ces services et les stratégies proposées pour les améliorer. 3.1 Terre-Neuve et LabradorLe français est la langue maternelle de plus de 2 000 personnes à Terre-Neuve et au Labrador. Ce groupe représente environ 0,5 pour cent de la population. Voici les principales régions où il pourrait exister une demande de services en français : Labrador City, St. John's, Grand Bank, Stephenville et Corner Brook. Le nombre des francophones a diminué d'environ 400 personnes depuis cinq ans. Il y a dans la province près de 22 000 personnes qui parlent les deux langues officielles28. Il n'y a pas d'Association des juristes d'expression française à Terre-Neuve et au Labrador. 3.1.1 ServicesCréée en 1976, la Newfoundland Legal Aid Commission administre la prestation des services d'aide juridique à Terre-Neuve et au Labrador. Le Legal Aid Act, entré en vigueur en 1976, régit les pouvoirs du Board of Commissioners qui comprend sept membres et qui relève du ministre provincial de la Justice. La Commission nomme les directeurs régionaux ainsi que le directeur provincial. La Commission offre ses services par le truchement d'avocats salariés29, et les services d'aide juridique sont fournis par neuf bureaux régionaux. Ces bureaux sont situés à St. John's, Carbonear, Clarenville, Marystown, Gander, Grand Falls-Windsor, Corner Brook, Stephenville et Happy Valley-Goose Bay. Le tableau 3 présente un résumé des principaux services offerts actuellement par la Commission.
3.1.2 Politiques et pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesTerre-Neuve ne possède pas de loi ou de politique officielle traitant précisément de la prestation de services d'aide juridique en français. Dans l'ensemble, la Commission applique comme principe que les clients doivent être servis dans la langue officielle de leur choix. Elle s'efforce donc de répondre aux demandes de services en français.
3.1.3 Capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesLa Commission n'a qu'une capacité limitée de fournir des services en français. Il y a de six à huit membres du Barreau de Terre-Neuve et Labrador qui parlent français et deux des avocats du secteur privé qui fournissaient des services en français à la Commission ont cessé de le faire. La Commission n'offre pas activement de services en français mais tente de répondre aux demandes de services en français. Un des avocats salariés peut communiquer en français mais ne serait pas en mesure de représenter un accusé à son procès en français. D'après nos consultations, les demandes de services d'aide juridique en français sont peu nombreuses. On évalue à environ une demi-douzaine par an le nombre des demandes de ce genre de services et aucun des intervenants clés que nous avons consultés ne connaissait de cas où quelqu'un aurait dû, d'après lui, être représenté par un avocat francophone et ne l'avait pas été. Il existe plusieurs associations francophones mais les intervenants clés ne pensent pas qu'un organisme communautaire ait déjà officiellement demandé à la Commission de modifier sa façon de fournir des services en français. Certains s'efforcent cependant de mettre sur pied une Association des juristes d'expression française à Terre-Neuve. Tous les répondants ont reconnu qu'il est important de toujours avoir une personne en mesure de parler la langue de la minorité, en cas de besoin. En outre, il faudrait s'efforcer d'informer systématiquement les accusés qu'ils ont le droit de subir leur procès en français et qu'ils peuvent demander d'être représentés par un avocat parlant français. Compte tenu de la faiblesse de la demande de services en français, les intervenants clés ont indiqué que la méthode utilisée actuellement répondait probablement aux besoins. 3.2 Nouvelle-ÉcosseD'après les données du recensement de 1996, le français est la langue maternelle d'environ 36 000 personnes en Nouvelle-Écosse. Cela représente 4 pour cent de la population. Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse résident principalement sur l'île du Cap-Breton et sur la côte sud de la province; ils sont majoritaires dans deux des huit municipalités des comtés de Digby et Yarmouth : Clare et Argyle. Les Acadiens vivent principalement dans les zones rurales mais un nombre important d'entre eux (10 000 personnes) vit dans l'agglomération Halifax/Dartmouth. Le nombre des habitants de la Nouvelle-Écosse dont la langue maternelle est le français est relativement stable depuis 50 ans mais a légèrement diminué depuis 1991. Le pourcentage de la population dont la langue maternelle est le français est passé de 6,1 à 4 pour cent depuis 1951. Le nombre de personnes qui parlent français augmente; près de 10 pour cent de la population parle la langue de la minorité officielle30. L'Association des juristes d'expression française de la Nouvelle-Écosse a été créée en 1994 et regroupe aujourd'hui plus de 60 membres. L'Association travaille à élargir l'accès aux services juridiques en français. Voici les objectifs de l'Association :
3.2.1 ServicesMis sur pied à titre d'expérience en 1972, les services d'aide juridique ont été officiellement structurés en 1977 avec l'adoption du Legal Aid Act et la création de la Nova Scotia Legal Aid Commission32. La Commission est indépendante du gouvernement et le lieutenant-gouverneur en conseil en nomme les administrateurs33. Le tableau 4 résume les principaux services offerts actuellement par la Commission.
3.2.2 Politiques et pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLa province de la Nouvelle-Écosse n'a pas de loi ou de politique officielle traitant précisément de la prestation des services d'aide juridique en français. Cependant, il ressort de nos consultations que la Commission fournit de façon ponctuelle des services en français.
3.2.3 Capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesD'après nos consultations, la Commission n'a qu'une capacité limitée de fournir des services en français. Dans certaines collectivités, les avocats salariés sont en mesure de communiquer en français mais aucun avocat n'a déclaré pouvoir plaider en français. La Commission n'offre pas activement de services en français et ne garantit pas non plus que ces services peuvent être obtenus immédiatement. Elle s'engage cependant à s'efforcer de fournir, sur demande, des services en français. Compte tenu de tout ces éléments, les intervenants clés ont mentionné qu'il y avait lieu de tenir compte d'un certain nombre d'aspects pour évaluer la mesure dans laquelle le niveau de service actuel répond aux besoins perçus des groupes de langue officielle.
3.2.4 Stratégies destinées à améliorer les services juridiques bilinguesLes intervenants clés ont présenté un certain nombre de moyens susceptibles d'améliorer les services d'aide juridique en français, soit en faisant mieux connaître ce qui existe actuellement, soit en adoptant de nouvelles mesures. Le tableau 5 résume les conclusions de nos consultations.
Les intervenants clés estimaient qu'un investissement d'environ 150 000 $ permettrait à la Commission d'offrir une formation juridique en français. Cet investissement couvrirait les frais de scolarité, le logement et la nourriture, le voyage et la rémunération d'un remplaçant. On a souligné qu'il est essentiel que le gouvernement fédéral soutienne financièrement les mesures visant à renforcer la capacité linguistique des services d'aide juridique. Dans le cas contraire, cet aspect ne serait pas considéré comme prioritaire, compte tenu des autres besoins et d'un budget déjà insuffisant. 3.3 Île-du-Prince-ÉdouardLes données du recensement de 1996 indiquent que le français était la langue maternelle de 5 722 résidents de l'Île-du-Prince-Édouard (4,3 pour cent de la population). La majorité des collectivités acadiennes et francophones sont situées dans la partie ouest de l'île, dans le comté Prince, où elles représentent près de 10 pour cent de la population. Elles sont principalement concentrées dans les régions rurales mais un millier de francophones et d'Acadiens résident à Summerside et dans les collectivités avoisinantes. La population acadienne et francophone est majoritaire dans certains villages de la région d'Évangéline. Depuis 1951, le pourcentage des francophones a chuté considérablement, passant de 8,6 à 4,8 pour cent en 1981. Le nombre des francophones est toutefois demeuré relativement stable depuis 1981, puisqu'il n'a diminué que d'environ 100 personnes. En outre, le nombre des personnes qui connaissent et parlent le français semble en augmentation; 11 pour cent de la population (15 000 personnes) affirme parler français34. Malgré l'existence de plusieurs organismes communautaires acadiens et francophones dans la province, il n'y a pas d'Association des juristes d'expression française. 3.3.1 ServicesLa province de l'Île-du-Prince-Édouard n'a pas adopté de loi relative à l'aide juridique. L'aide juridique est en fait un programme administré par le Department of Community Services et le procureur général. Le programme d'aide juridique en matière pénale a été créé en 1973, et celui d'aide juridique en matière familiale en 1980. Des employés à plein temps, comprenant quatre avocats et trois secrétaires, fournissent les services d'aide juridique. Le tableau 6 résume les services d'aide juridique offerts actuellement.
3.3.2 Politiques et pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLe French Language Services Act En 1999, l'Assemblée législative de l'Île-du-Prince-Édouard a adopté le French Language Services Act, qui a pour objet de [TRADUCTION] « préciser la mesure dans laquelle les institutions gouvernementales sont tenues de fournir des services en français " et de " contribuer au développement et au renforcement de la communauté francophone et acadienne» 35. L'article 7 de la Loi énonce : [TRADUCTION] « Lorsqu'il est prévisible que la communauté acadienne et francophone a recours régulièrement à un service particulier, l'institution gouvernementale concernée prend les mesures suivantes :
Les articles de la Loi relatifs à l'administration de la justice n'ont pas encore été promulgués. L'Île-du-Prince-Édouard fournit des services dans la langue de la minorité de façon ponctuelle. La politique générale adoptée à l'égard des services en français consiste à les fournir, sur demande, en passant un contrat avec des avocats de la pratique privée.
3.3.3 Capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesLe régime d'aide juridique de l'Île-du-Prince-Édouard n'est pas en mesure de fournir des services dans la langue officielle de la minorité. Les services d'aide juridique attribuent des mandats à des avocats de la pratique privée, mais les intervenants clés ont soulevé des questions importantes au sujet de cette façon de procéder :
Selon les intervenants clés, la demande de services d'aide juridique en français est faible. La plupart des francophones de la province parlent anglais et ne demandent pas d'être servis en français. C'est pourquoi certains intervenants clés considèrent que, sur le plan des langues officielles, le régime d'aide juridique est suffisant. D'autres intervenants clés signalent toutefois plusieurs lacunes dans la prestation de services d'aide juridique dans la langue officielle de la minorité :
D'après les intervenants clés, il faut absolument offrir des services dans les deux langues officielles si l'on veut réduire les malentendus entre les avocats et leurs clients. Une bonne communication, tout comme un manque de communication, peuvent avoir une incidence importante sur les conseils donnés aux clients et sur la façon dont ceux-ci les comprennent. Il est important que les clients francophones reçoivent des services d'aide juridique en français mais puisque la plupart d'entre eux n'ont pas de difficulté à parler anglais, ils ne demandent pas de services en français parce qu'il leur faudrait attendre trop longtemps. Des intervenants clés ont noté qu'il faudrait accorder la priorité aux services qui doivent être fournis rapidement, comme les services d'avocat de garde et la représentation prévue par l'arrêt Brydges. Selon les intervenants clés, voici les principaux obstacles à la prestation ou à l'élargissement des services d'aide juridique en français :
3.3.4 Stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique bilinguesLes intervenants clés ont noté qu'il faut sensibiliser le système judiciaire en général et les services d'aide juridique en particulier à la nécessité de fournir des services en français, avant que l'on puisse améliorer la prestation de ces services. Il faut également que la population reconnaisse l'importance de fournir des services dans la langue officielle de la minorité. D'autres intervenants ont proposé que l'on embauche au moins un avocat bilingue et d'augmenter les fonds consacrés aux mandats de l'aide juridique Les cours de français ont également été mentionnés à titre de stratégie possible; les intervenants clés ont toutefois signalé que cette solution n'était pas efficace. Il n'est pas facile pour une personne qui ne connaît pas le français d'apprendre cette langue et de ne pas la perdre, faute de l'utiliser. 3.4 Nouveau-BrunswickLe recensement de 1996 a rapporté que le français est la langue maternelle d'environ 33 pour cent de la population (242 408 personnes) au Nouveau-Brunswick. Le gros de la population acadienne réside dans la région de Madawaska, dans la péninsule acadienne au nord-est et dans le sud-est de la province. Près de 94 pour cent des francophones du Nouveau-Brunswick vivent dans les sept comtés suivants : Gloucester, Kent, Madawaska, Northumberland, Restigouche, Victoria et Westmorland. La population francophone et acadienne réside principalement dans les régions rurales, mais il y a de plus en plus de francophones à Edmunston, Bathurst et Moncton/Dieppe. Le nombre des personnes dont la langue maternelle est le français augmente constamment depuis 1951. Toutefois, le pourcentage de la population dont la langue maternelle est le français a légèrement diminué depuis 1951 (passant de 36 à 33 pour cent). Par ailleurs, le nombre des personnes qui parlent français a augmenté; d'après les données de 1996, plus de 310 000 personnes (42,7 pour cent de la population) connaissent le français36. L'Association des juristes d'expression française du Nouveau-Brunswick a été créée en 1987 et comprend aujourd'hui près de 250 membres. Cette association a pour objet de favoriser les services juridiques publics en français et de les rendre plus accessibles, de diffuser les documents juridiques et les ressources en français, d'informer la population au sujet de ses droits linguistiques et de représenter les populations francophone et acadienne devant les autorités législatives37. 3.4.1 Les servicesL'adoption en 1971 de la Loi sur l'aide juridique a donné au Barreau du Nouveau-Brunswick le pouvoir de mettre sur pied et d'administrer un régime d'aide juridique pour la province38. En 1972, l'Aide juridique du Nouveau-Brunswick a commencé à fournir des services d'aide juridique en ayant recours à des avocats de la pratique privée. À l'heure actuelle, un avocat pénaliste salarié fournit des services à Edmunston et, depuis mai 1993, le ministère de la Justice provincial a mis en &156;uvre un programme d'aide juridique familiale qui utilise les services contractuels d'avocats spécialisés en droit de la famille39. Le Comité d'aide juridique, nommé par le Barreau, fournit des conseils sur les lignes de conduite et les questions de droit. Ses membres relèvent directement du Conseil du Barreau. Le directeur provincial, nommé par le Barreau avec l'approbation du ministre de la Justice, administre et coordonne le programme à la grandeur de la province. Le Bureau provincial de l'aide juridique est situé à Fredericton. Il y a en outre huit bureaux régionaux, qui comprennent chacun un agent administratif chargé de l'accueil, de la préparation des listes d'avocats inscrits sur les tableaux de l'aide juridique et de la nomination des avocats de garde devant les juridictions pénales. Voici les régions de la province : Bathurst, Campbellton, Edmundston, Woodstock, Moncton, Miramichi, Saint John et Fredericton. Outre les agents administratifs, il y a dans chaque bureau régional des avocats de droit familial qui travaillent au sein du Programme d'aide juridique familiale. Le tableau qui suit résume les services offerts à l'heure actuelle par l'Aide juridique du Nouveau-Brunswick.
3.4.2 Les politiques et les pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLa Charte canadienne des droits et libertésLe paragraphe 16(2) de la Charte canadienne des droits et libertés énonce : « Le français et l'anglais sont les langues officielles du Nouveau-Brunswick; ils ont un statut et des droits et privilèges égaux quant à leur usage dans les institutions de la Législature et du gouvernement du Nouveau-Brunswick. » Avec cette disposition, la Charte déclare que le Nouveau-Brunswick est une province officiellement bilingue - la seule au Canada. Le français et l'anglais ont un statut égal, non seulement devant les tribunaux mais dans tous les services gouvernementaux. Le paragraphe 20(2) énonce en outre : « Le public a, au Nouveau-Brunswick, droit à l'emploi du français ou de l'anglais pour communiquer avec tout bureau des institutions de la législature ou du gouvernement ou pour en recevoir les services. » La province est donc constitutionnellement tenue de fournir tous les services du gouvernement dans les deux langues. Le Barreau a reçu le mandat de la province de fournir les services d'aide juridique et constitue par conséquent une « institution de la législature ou du gouvernement ». Les responsabilités relatives à la prestation de services en français et en anglais ont donc été transférées au Barreau. La Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick Cette loi réitère que les langues officielles de la province sont le français et l'anglais et que tous les services gouvernementaux doivent être offerts dans les deux langues. L'article 10 de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick énonce : « Sous réserve de l'article 15, lorsque quelqu'un lui en fait la demande, tout fonctionnaire ou employé public de la province, de l'un de ses organismes ou d'une société d'État doit veiller à ce que cette personne puisse
Cette loi exige, tout comme la Charte, que les services soient fournis dans les deux langues officielles. Le paragraphe 20(2) de la Charte ne limite pas la prestation de ces services aux personnes qui en font la demande. Autrement dit, l'article 10 de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick n'impose pas l'obligation d'offrir activement40 tous les services dans les deux langues officielles alors que l'article de la Charte impose implicitement l'obligation de les offrir activement . Au Nouveau-Brunswick, l'accès aux services de l'aide juridique dans les deux langues officielles est un droit et par conséquent, une priorité pour l'Aide juridique du Nouveau-Brunswick. Conformément aux obligations constitutionnelles de la province, l'Aide juridique du Nouveau-Brunswick a adopté des mesures ayant pour but de fournir tous les services dans les deux langues officielles, sur demande.
3.4.3 La capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesLa population francophone du Nouveau-Brunswick est répartie dans toute la province mais elle est néanmoins concentrée dans certaines régions. La partie nord de la province est principalement francophone, alors que la partie sud est principalement anglophone. La capacité de l'aide juridique à fournir des services en français varie en conséquence. D'après nos consultations, les services d'aide juridique sont offerts dans les deux langues dans toutes les régions où il existe une population francophone importante. Il est toutefois plus difficile d'avoir accès à des services en français dans les régions dont la population est surtout anglophone.
Le processus à suivre pour demander des services d'aide juridique en français est le même que lorsqu'il s'agit de demander des services en anglais; le client doit se rendre dans le bureau régional de l'aide juridique pour remplir une demande. D'après nos consultations, les services ne sont pas toujours activement offerts dans les deux langues officielles. C'est donc au client de veiller à faire connaître au fournisseur de services son désir d'obtenir des services en français. Les intervenants clés ont mentionné un certain nombre de lacunes et d'aspects clés concernant la prestation de services d'aide juridique dans la langue officielle de la minorité :
D'après nos consultations, la prestation de services d'aide juridique dans la langue officielle choisie par le client est un élément important; le client risque si non de ne pas comprendre la procédure et les choix qui s'offrent à lui. Les clients peuvent mieux se défendre, mieux s'exprimer et donner à leur avocat des directives plus efficaces lorsqu'ils peuvent communiquer dans la langue officielle de leur choix. 3.4.4 Les obstacles à la prestation de services d'aide juridique bilinguesL'Aide juridique du Nouveau-Brunswick a d'une façon générale la capacité de fournir ces services dans les deux langues officielles mais nos consultations ont fait ressortir l'existence d'un certain nombre d'obstacles graves à la prestation de services d'aide juridique en français. En voici quelques-uns :
3.4.5 Les stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique bilinguesChez les intervenants clés, le sentiment général est que l'Aide juridique du Nouveau-Brunswick s'efforce de fournir ses services dans les deux langues officielles. Dans les régions principalement anglophones, ils ont recommandé un très petit nombre de changements parce que l'aide juridique répond de façon satisfaisante aux besoins de services en français qui sont faibles. D'autres intervenants clés pensent que l'aide juridique doit améliorer ses services en français et ont proposé de nouvelles idées. Le tableau qui suit les résume.
Il ressort de nos consultations que, d'une façon générale, les services d'aide juridique sont offerts dans les deux langues officielles au Nouveau-Brunswick. Comme nous l'avons déjà mentionné, la capacité de le faire varie énormément d'une région à l'autre. Les améliorations qu'il conviendrait d'apporter au système touchent principalement, comme l'ont noté les intervenants clés, la façon d'offrir les services et les attitudes. Avec des fonds supplémentaires, la province pourrait donner aux avocats une formation en français et l'Aide juridique du Nouveau-Brunswick pourrait augmenter les honoraires des avocats. 3.5 QuébecSelon le recensement de 1996, l'anglais est la langue maternelle d'environ 660 000 personnes au Québec41, ce qui représente 9,4 pour cent de la population globale de la province. D'après le recensement, 72,5 pour cent de tous les anglophones du Québec résident à Montréal où ils constituent 14,5 pour cent de la population. Cependant, plus de 3 millions de personnes résidant au Québec déclarent parler anglais qui est une deuxième langue pour la plupart. 3.5.1 Les servicesLes premiers services d'aide juridique sont apparus au Québec au début des années 1950, sous la forme d'une initiative lancée par la section du Barreau de Québec. Quelques années après, le gouvernement du Québec et le Barreau de la province de Québec ont signé des ententes concernant la prestation de services d'aide juridique42. En 1972, l'Assemblée législative du Québec a adopté la Loi sur l'aide juridique qui créait à son tour la Commission des services juridiques43. La Commission est indépendante du gouvernement. Elle a le pouvoir de créer des centres d'aide juridique et peut adopter des règlements dans toutes sortes de domaines comme les renseignements à fournir par les demandeurs d'aide juridique, les formulaires de demande à utiliser et d'autres questions touchant la mise en &156;uvre de la loi. À l'heure actuelle, 11 centres régionaux et deux centres locaux supervisent la prestation des services par 128 bureaux de l'Aide juridique (dont 25 fonctionnent à temps partiel). Chaque centre régional et local est dirigé par son propre conseil d'administration dont les membres sont nommés par la Commission. Le Tableau 9 résume les principaux services offerts actuellement par la Commission.
3.5.2 Les politiques et les pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesCertaines dispositions de la Loi constitutionnelle de 1867 et de la Charte de la langue française ne s'appliquent pas directement aux services d'aide juridique mais ajoutent des renseignements contextuels utiles à notre étude. La Loi constitutionnelle de 1867 L'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 énonce : « [...] dans toute plaidoirie ou pièce de procédure devant les tribunaux du Canada établis sous l'autorité de la présente loi, ou émanant de ces tribunaux, et devant les tribunaux du Québec, ou émanant de ces derniers, il pourra être fait usage de l'une ou l'autre de ces langues [l'anglais ou le français] ». Historiquement, l'anglais et le français sont utilisés devant les tribunaux du Québec. Cette disposition n'a pas créé expressément le droit à la prestation de services d'aide juridique dans les deux langues mais elle a introduit l'habitude d'offrir ces services dans les deux langues. La Charte de la langue française L'article 7 de la Charte de la langue française énonce : « Le français est la langue de la législation et de la justice au Québec sous réserve de ce qui suit : (...) toute personne peut employer le français ou l'anglais dans toutes les affaires dont sont saisis les tribunaux du Québec et dans tous les actes de procédure qui en découlent 45. » L'article 9 ajoute : « Tout jugement rendu par un tribunal judiciaire et toute décision rendue par un organisme exerçant des fonctions quasi judiciaires sont traduits en français ou en anglais, selon le cas, à la demande d'une partie, par l'Administration tenue d'assumer les coûts nécessaires au fonctionnement de ce tribunal ou de cet organisme. » La Commission a pour politique d'offrir tous ses services en anglais et en français. Lorsque le client demande de recevoir des services en anglais, les bureaux de l'aide juridique s'efforcent de fournir le service immédiatement. La Commission a noté au cours de notre consultation que, dans les grands centres et dans les collectivités où réside une population anglophone importante, elle est généralement en mesure d'offrir des services en anglais très rapidement. Dans d'autres communautés, il arrive que cela occasionne un certain retard parce qu'il faut faire venir un employé d'un autre bureau. La Commission n'utilise jamais des interprètes pour fournir ses services en anglais.
3.5.3 Capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesD'après nos consultations, la Commission est en mesure de fournir facilement des services en anglais, en particulier à Montréal et dans les autres collectivités où la population anglophone est importante, comme Gatineau, Sherbrooke, Québec et la Gaspésie.
Plusieurs intervenants clés ont fait remarquer que l'anglais est la seconde langue de la grande majorité des avocats à l'emploi de l'aide juridique. Il n'y a pas beaucoup d'avocats anglophones qui travaillent au sein de l'aide juridique, ce qui explique que la connaissance de l'anglais des avocats salariés peut varier. Alors que certains avocats salariés sont bilingues et peuvent conduire un dossier uniquement en anglais, y compris la plaidoirie, d'autres ont des aptitudes plus limitées : ils sont en mesure de communiquer en anglais avec leur client mais préfèrent s'adresser au tribunal en français. Cette remarque s'applique également aux avocats de la pratique privée qui font de l'aide juridique. Un certain nombre d'intervenants clés ont noté que les instances, en particulier celles de nature pénale, se déroulent rarement dans une seule langue. Il arrive que le client et son avocat s'expriment en anglais mais que certains témoins ou le juge fassent appel aux services d'un interprète. La Commission n'a toutefois jamais recours à des interprètes pour fournir des services en anglais à un client. Les intervenants clés de l'aide juridique et d'autres groupes ont souligné qu'il est pratiquement impossible de fournir tous les services en anglais, dans tous les bureaux de l'aide juridique, sans qu'il y ait le moindre retard. Comme l'ont souligné certains intervenants, la prestation de services d'aide juridique en anglais est particulièrement vitale pour les groupes les plus vulnérables, comme les personnes âgées ou les personnes qui viennent de s'établir au Québec et éprouvent beaucoup de difficulté à comprendre ou à parler français, ou sont incapables de le faire. 3.5.4 Stratégies destinées à améliorer les services d'aide juridique bilinguesDe nombreux intervenants clés (de tous les groupes consultés) ont déclaré qu'il n'est pas vraiment nécessaire d'améliorer l'accès aux services d'aide juridique en anglais. Néanmoins, étant donné que pour la grande majorité des avocats à l'emploi de l'aide juridique l'anglais est une deuxième langue, il pourrait être utile d'offrir une formation linguistique pour renforcer ou préserver leur capacité de communiquer en anglais. Les intervenants clés ont noté que chaque bureau d'aide juridique dessert un certain territoire. Les clients de l'aide juridique sont obligés de s'adresser au bureau qui dessert la collectivité dans laquelle ils habitent. Dans les grands centres où les anglophones constituent un faible pourcentage de la population, tous les employés administratifs et les avocats salariés ne sont pas parfaitement bilingues. Dans ce genre de situation, la Commission pourrait confier à un seul bureau la responsabilité d'offrir tous ses services dans les deux langues en tout temps. Les organismes communautaires et les clients se trouvant à proximité de ce bureau pourraient s'adresser à lui au lieu d'avoir à s'informer de la capacité du bureau d'aide juridique local de leur offrir des services en anglais. 3.6 OntarioLe français est la langue maternelle d'environ 500 000 personnes en Ontario (4,7 pour cent de la population). Il y a des francophones dans toutes les régions de l'Ontario, mais la plupart vivent dans l'est de l'Ontario (Ottawa, Prescott-Russell, Stormont, Dundas et Glengarry). Il y a des concentrations importantes de francophones dans le nord de l'Ontario (150 000 personnes) et dans la région métropolitaine de Toronto (110 000). Entre 1951 et 1971, le nombre des Ontariens dont la langue maternelle est le français a augmenté mais ce chiffre est demeuré relativement stable depuis ce temps. Bien que le nombre des personnes parlant français continue d'augmenter - en 1996, plus de 1 280 000 personnes parlaient français, ce qui représente 12 pour cent de la population46, le pourcentage des personnes dont la langue maternelle est le français a diminué; depuis 1951, ce pourcentage est passé de 7,4 à 4,7 pour cent. L'Association des juristes d'expression française de l'Ontario a près de 500 membres qui comprennent des avocats, des juges, des traducteurs, des interprètes, des fonctionnaires, des professeurs de droit et des étudiants. L'Association a pour but de préserver et de promouvoir l'utilisation du français au sein du système juridique et de veiller à l'égalité des deux langues officielles au sein du système de justice pénale47. 3.6.1 Les servicesAprès l'examen dont a fait l'objet le Régime d'aide juridique de l'Ontario en 199748, l'Assemblée législative de l'Ontario a adopté la Loi de 1998 sur les services d'aide juridique 49. Cette loi créait, le 1er avril 1999, un nouvel organisme appelé Aide juridique Ontario (AJO). Cet organisme est indépendant du gouvernement mais doit rendre compte de la façon dont il dépense les fonds publics. Le Tableau 10 résume les services offerts actuellement par l'AJO.
3.6.2 Les politiques et les pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLa Loi sur les tribunaux judiciaires La Loi sur les tribunaux judiciaires énonce : « les langues officielles des tribunaux de l'Ontario sont le français et l'anglais 52 ». L'article 126 de cette Loi énonce : « (1) Une partie à une instance qui parle le français a le droit d'exiger que l'instance soit instruite en tant qu'instance bilingue. (2) Les audiences que la partie précise sont présidées par un juge ou un autre officier de justice qui parle français et anglais. » La Loi sur les services en français En adoptant la Loi sur les services en français, le gouvernement de l'Ontario s'est engagé à fournir certains services en français, selon les dispositions de cette loi. L'article 5 de la Loi énonce le droit d'obtenir des services en français : « (1) Chacun a droit à l'emploi du français, conformément à la présente loi, pour communiquer avec le siège ou l'administration centrale d'un organisme gouvernemental ou d'une institution de la Législature et pour en recevoir les services. Chacun jouit du même droit à l'égard de tout autre bureau de l'organisme ou de l'institution qui se trouve dans une région à l'annexe ou qui sert une telle région53». (Il y a vingt-trois régions désignées en Ontario.) L'article 1 de la Loi définit ce qu'est un " organisme gouvernemental " et confirme que l'AJO doit offrir ses services en français dans son bureau central à Toronto et dans certains bureaux désignés. Peu après sa création en 1999, l'AJO a préparé un plan de mise en &156;uvre dans lequel elle exposait sa stratégie d'application de la Loi sur les services en français. Conformément à la Loi, l'AJO a l'intention d'offrir, dans la mesure du possible, des services en français dans son bureau provincial et dans les bureaux régionaux situés dans les 23 régions désignées de l'Ontario. Ce plan aborde les questions touchant la désignation des postes actuels et futurs, l'embauche de nouveau personnel, la formation, l'équipement informatique, l'affichage, les publications et les autres moyens de communiquer avec le public. En collaboration étroite avec les directeurs régionaux, la Direction des communications et des affaires publiques de l'AJO coordonne les activités de l'organisation en matière de services en français. Tous les services essentiels offerts par l'AJO sont offerts en français :
3.6.3 La capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesDans une province aussi hétérogène que l'Ontario, la capacité d'offrir des services en français varie de façon importante. Même au sein des 23 régions désignées en vertu de la loi sur les services en français, les profils linguistiques vont de petites collectivités principalement francophones (comme Prescott) à de grands centres comme Toronto et Hamilton, où les francophones ne représentent qu'un faible pourcentage de la population. Il y a également lieu de tenir compte de la structure particulière des services d'aide juridique en Ontario lorsqu'on évalue la capacité de l'AJO d'offrir des services en français. La responsabilité de trouver un avocat qui accepte les certificats de l'aide juridique incombe principalement aux clients. L'AJO aide les clients dans ce domaine, notamment, en leur fournissant une liste des avocats qui acceptent de travailler pour l'aide juridique, mais c'est en fin de compte au client de se trouver un avocat. Comme certains intervenants clés l'ont noté, les aspects de la prestation de services sur lesquels l'AJO exerce un contrôle plus direct (accueil et examen des conditions d'octroi de l'aide) ne sont pas nécessairement ceux que les clients considèrent comme étant les plus importants. Ces intervenants clés notent que c'est principalement la capacité des clients de se faire représenter par un avocat capable de communiquer avec eux en français qui détermine la vraie mesure de succès par rapport aux services d'aide juridique en français. Pour évaluer la situation, il faut tenir compte d'aspects sur lesquels l'AJO n'exerce pratiquement aucun contrôle, à savoir l'accès à des avocats bilingues qui acceptent de travailler pour l'aide juridique. La majorité des intervenants clés ont signalé des aspects qui influencent la capacité générale de l'AJO d'offrir des services et qui ont, par conséquent, un effet direct sur la prestation des services en français.
La capacité du système judiciaire de fonctionner en français influence également la capacité de l'AJO de fournir ses propres services en français. Certains intervenants clés ont signalé qu'un procès en français entraîne parfois des retards importants, en particulier dans les collectivités comme Toronto où les francophones représentent un groupe relativement peu nombreux. Lorsque la rapidité est importante, comme c'est habituellement le cas dans les affaires pénales, les considérations autres que linguistiques l'emportent parfois. L'AJO a amené les bureaux régionaux à collaborer entre eux dans le but d'améliorer la capacité de certains bureaux régionaux de fournir des services en français. Si, pour une raison ou pour une autre, un bureau n'est pas en mesure de servir un client en français, il demande à un autre bureau possédant un personnel bilingue de fournir le service au client. 3.6.4 Stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique bilinguesLes stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique en français devront être appuyées des efforts de toute une série d'intéressés et risquent d'exiger que l'on modifie certains aspects structurels fondamentaux de l'aide juridique en Ontario. Le tableau 11 résume les suggestions formulées par les intervenants clés dans le but d'améliorer les services bilingues.
Les intervenants clés ont été très réticents à fournir une estimation des ressources qu'il faudrait consacrer à l'amélioration de la prestation de services en français. La bonification de la structure tarifaire représenterait un investissement important. Des fonds plus modestes pourraient être utilisés pour la formation, la mise à la disposition des avocats de ressources en français et la collecte de données pour la planification des ressources. Cela pourrait améliorer la capacité de l'AJO d'offrir des services d'aide juridique en français mais ne supprimerait pas les barrières systémiques qui compromettent la prestation de ces services. 3.7 ManitobaD'après les données du recensement de 1996, le français est la langue maternelle d'environ 49 000 Manitobains (4,5 pour cent de la population). La population francophone est répartie dans toute la province mais le groupe principal vit à Winnipeg, et surtout à Saint-Boniface. Entre 1991 et 1996, la population francophone du Manitoba est passée de 50 775 à 49 100. Le pourcentage de francophones dans la population a également diminué, passant de 7 à 4,5 pour cent. Comme la plupart des autres provinces, le nombre des personnes parlant le français a augmenté au cours des 50 dernières années. Aujourd'hui, près de 10 pour cent de la population du Manitoba (104 000 personnes) connaît le français56. Il y a au Manitoba une Association des juristes d'expression française qui regroupe près d'une centaine de membres. Sa mission consiste à faire la promotion des services en français dans le système judiciaire et à sensibiliser la population à l'importance des droits linguistiques57. 3.7.1 Les servicesCréée en 1972, la Société d'Aide juridique du Manitoba (également appelée l'Aide juridique du Manitoba) est chargée d'administrer les services d'aide juridique dans la province58. C'est un organisme ayant la personnalité morale dirigé par un conseil d'administration indépendant, dont les membres sont nommés par le gouvernement provincial. Il y a onze bureaux d'aide juridique répartis dans quatre régions géographiques :
Le Tableau 12 résume les services offerts actuellement par l'Aide juridique du Manitoba.
3.7.2 Les politiques et les pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLa Loi de 1870 sur le Manitoba L'article 23 de la Loi de 1870 sur le Manitoba énonce : « ... dans toute plaidoirie ou pièce de procédure par-devant les tribunaux ou émanant des tribunaux du Canada, qui sont établis sous l'autorité de la Loi constitutionnelle de 1867, et par-devant tous les tribunaux ou émanant des tribunaux de la province, il pourra être également fait usage, à faculté, de l'une ou l'autre de ces langues [langue française ou langue anglaise] ». Cette disposition ne traite pas directement des services d'aide juridique mais elle définit le contexte juridique dans lequel l'Aide juridique du Manitoba doit fonctionner. La Politique sur les services en langue française La Politique sur les services en langue française du gouvernement du Manitoba a un effet plus direct sur l'Aide juridique du Manitoba59. Comme son titre l'indique, il s'agit d'une politique du gouvernement et, à ce titre, elle ne crée donc pas de droits linguistiques susceptibles d'être reconnus par les tribunaux. Cette politique a pour but de « permettre aux Manitobains et Manitobaines d'expression française et aux établissements qui les servent de bénéficier de services gouvernementaux comparables dans la langue des lois du Manitoba ». Elle s'applique, dans la mesure du possible, à tous les ministères gouvernementaux et à un certain nombre d'institutions publiques, notamment à l'Aide juridique du Manitoba. La politique énumère un certain nombre d'objectifs touchant les services en français et notamment ce qui suit :
L'affichage, les renseignements généraux et les sites Web doivent être dans les deux langues officielles. L'Aide juridique du Manitoba est visée par la Politique sur les services en langue française et elle a adopté plusieurs pratiques concernant les services en français :
3.7.3 Capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesIl faut établir une distinction entre les services qui peuvent être planifiés, comme la représentation pour les procès, et les services qui doivent être fournis immédiatement et à de nombreux clients, comme les services d'avocats de garde et la représentation prévue par l'arrêt Brydges. Selon nos consultations, l'Aide juridique du Manitoba est mieux en mesure d'offrir des services du premier type en français mais éprouve des difficultés à offrir en français les services de la deuxième catégorie.
Certains intervenants clés ont noté que c'est habituellement au client de faire savoir s'il désire être servi en français. Comme cela a été déjà mentionné, une petite partie du personnel de la réception et de l'accueil est bilingue, mais cela ne veut pas nécessairement dire que les services sont activement offerts en français. Cela vaut également pour les services d'avocats de garde et la représentation prévue par l'arrêt Brydges. Si le client n'insiste pas pour être servi en français, les services lui seront très probablement fournis en anglais. Les intervenants clés ont noté que le fait de ne pas fournir des services en français entraîne un certain nombre de conséquences :
3.7.4 Les obstacles à la prestation de services d'aide juridique bilinguesUn certain nombre d'obstacles nuisent à la prestation ou à l'élargissement des services d'aide juridique bilingues au Manitoba. Si l'Aide juridique du Manitoba peut s'attaquer à certains de ces obstacles, il y en a d'autres que cet organisme ne peut aplanir. Le tableau 13 résume les principaux obstacles mentionnés par les intervenants clés.
3.7.5 Stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique bilinguesUne étude réalisée en 1988 sur les services en français pour le gouvernement du Manitoba contenait des recommandations visant à améliorer les services, notamment les services d'aide juridique60. Connue également sous le nom de Rapport Chartier, cette étude recommandait la création d'un tribunal bilingue. Pour mettre sur pied ce tribunal bilingue, le rapport recommandait notamment que :
Le gouvernement du Manitoba, le gouvernement du Canada, la GRC, le Commissaire aux langues officielles et des organismes communautaires collaborent à la mise en &156;uvre, décidée pour 2002, d'un projet pilote de tribunal bilingue dans la communauté de Saint-Pierre-Jolys. Ce tribunal va desservir six communautés avoisinantes, y compris Winnipeg, et offrir tous ses services dans les deux langues officielles. Ce projet a pour but de centraliser les services bilingues et de veiller à ce que tous ces services soient activement offerts en français et en anglais. Dans le cadre de ce projet, l'Aide juridique du Manitoba doit fournir des services d'avocats de garde et de représentation judiciaire dans les deux langues officielles. L'Institut Joseph-Dubuc est une source importante de renseignements pour les avocats francophones du Manitoba, ainsi que pour ceux des autres provinces62. Créé en 1984 et intégré aujourd'hui au Collège universitaire Saint-Boniface, l'Institut Joseph-Dubuc offre des services de traduction et un centre de ressources :
L'Institut reçoit des subventions du ministère de la Justice du Canada (Programme national de l'administration de la justice dans les deux langues officielles) et Patrimoine Canada. Par conséquent, la plupart de ses activités sont gratuites ou offertes à un coût minime. Enfin, les intervenants clés ont mentionné d'autres initiatives qui pourraient améliorer la prestation de services en français. Le Tableau 14 en donne le résumé.
Les intervenants clés ont évalué à environ 250 000 $ l'augmentation du budget annuel qui permettrait à l'Aide juridique du Manitoba de renforcer sa capacité à fournir des services en français. Ils ont souligné qu'il faudrait clairement indiquer que ces ressources supplémentaires sont destinées à améliorer les services en français car il existe d'autres besoins qui pourraient avoir priorité sur les services en français. 3.8 SaskatchewanÀ l'heure actuelle, le français est la langue maternelle de près de 20 000 personnes en Saskatchewan; ce chiffre représente 2 pour cent environ de la population. Les francophones sont dispersés dans la province mais sont concentrés dans les deux régions suivantes :
Un tiers seulement des francophones de la Saskatchewan vivent dans les centre urbains de Saskatoon et Regina; la plupart habitent dans des zones rurales. La population francophone a diminué depuis 1951, année où elle représentait 4,4 pour cent de la population (36 815 personnes). Le nombre de personnes parlant français a très légèrement augmenté au cours des 15 années précédant 1996, lorsque le recensement rapportait que 50 000 personnes de cette province connaissaient le français (5,2 pour cent de la population)63. L'Association des juristes d'expression française de la Saskatchewan a été créée en 1987. Cette association regroupe aujourd'hui entre 40 et 50 membres. Elle a pour objectif de promouvoir les services judiciaires en français et d'en faciliter l'accès ainsi que d'étudier et d'élaborer une documentation juridique en français 64. 3.8.1 Les servicesFondée en 1974, la Saskatchewan Legal Aid Commission est chargée de fournir les services d'aide juridique en Saskatchewan65. La Commission comprend 11 membres et relève du ministre de la Justice. Elle est responsable des 13 bureaux qui fournissent les services d'aide juridique en matière familiale et pénale dans la province. La Commission utilise les services d'avocats de la pratique privée. Le Tableau 15 résume les principaux services offerts actuellement par la Commission.
3.8.2 Politiques et pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLa Loi linguistique L'article 11 de la Loi linguistique66 accorde le droit d'utiliser l'anglais et le français devant les tribunaux de la Saskatchewan : « (1) Chacun a le droit d'employer le français et l'anglais devant les tribunaux suivants de la Saskatchewan :
La province de la Saskatchewan n'a pas adopté de texte législatif ou de politique officielle traitant expressément de la prestation de services d'aide juridique en français. Cependant, la Commission reconnaît qu'elle doit donner suite aux demandes de services en français.
3.8.3 La capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesLa capacité de la Commission de fournir des services en français dépend des aptitudes et de l'expérience demandées. L'avocat salarié bilingue est en mesure de fournir des conseils sommaires mais serait réticent à plaider en français; il y a très peu d'avocats bilingues de la pratique privée qui acceptent de travailler pour l'aide juridique. Les intervenants clés ont souligné la difficulté de trouver une personne ayant à la fois l'expérience et les connaissances linguistiques souhaitées. La principale lacune des services d'aide juridique bilingues concerne la conduite des procès. Les intervenants clés ont mentionné qu'il ne serait pas pratique de donner une formation linguistique en français aux avocats salariés parce que le nombre des affaires où le français est nécessaire est trop faible pour qu'ils puissent développer ces aptitudes. La Commission a récemment conclu une association avec l'Aide juridique du Manitoba pour utiliser un de leurs avocats de la pratique privée pour un accusé francophone qui vient du Manitoba. L'accusé risquait une lourde peine de prison et il était important de trouver non seulement un avocat ayant les connaissances de la langue française nécessaires mais également une expérience du droit pénal. Il y a des avocats francophones en Saskatchewan qui pourraient plaider, mais ils n'ont pas l'expérience requise en droit pénal. En Saskatchewan, 71 pour cent des clients de l'aide juridique sont des Autochtones, de sorte que le gouvernement de la Saskatchewan a mis sur pied un tribunal qui siège en cri et la Commission a désigné un avocat parlant le cri. Par comparaison, les intervenants clés ont déclaré que la Commission recevait seulement deux ou trois demandes de services en français par an. 3.8.4 Stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique bilinguesLes intervenants clés ont mentionné qu'il fallait faire preuve de souplesse pour explorer les diverses façons d'améliorer les services en français. La Commission doit être en mesure de réagir aux circonstances particulières liées à une demande de services en français. Unes des recommandations qui est ressortie de nos consultations était que la Commission retienne les services d'un avocat de la pratique privée, sur une base contractuelle, pour qu'il fournisse des services en français. Une autre recommandation consistait à lancer un projet pilote dans lequel l'Association des juristes d'expression française conclurait une entente officielle avec la Commission pour fournir des services en français. 3.9 AlbertaLe français est la langue maternelle d'environ 55 000 personnes en Alberta, mais ce groupe ne représente que 2 pour cent de la population. Plus de la moitié des francophones de la province vivent à Calgary et à Edmonton. Il y a d'autres groupes importants à Rivière la Paix, Bonnyville, Saint-Paul, Plamondon et Lac La Biche. La population francophone diminue lentement, et entre 1951 et 1996, le pourcentage des personnes dont la langue maternelle est le français est passé de 3,6 à 2 pour cent. Néanmoins, le nombre des personnes qui parlent le français a beaucoup augmenté depuis 50 ans; en 1996, plus de 180 000 personnes (6,7 pour cent de la population) parlent français 68. L'Association des juristes d'expression française de l'Alberta comprend environ 35 membres et s'occupe de promouvoir les services juridiques en français, d'en améliorer l'accessibilité et d'élaborer des documents de référence en français69 . 3.9.1 Les servicesD'après l'entente conclue en 1970 entre le Barreau de l'Alberta et le Procureur général de la province, le Barreau est responsable de la création, de l'administration et de l'opération du régime d'aide juridique; il n'existe pas de texte législatif officiel concernant l'aide juridique. Constituée en 1973, la Legal Aid Society est chargée de l'administration du régime d'aide juridique pour le compte du Barreau70. La province est divisée en onze régions, regroupées en un district nord et un district sud.. Les services d'aide juridique sont principalement fournis par l'intermédiaire d'avocats de la pratique privée. Cependant, à Edmonton, Calgary, Red Deer et à Siksika Nation, des avocats salariés fournissent divers services (services d'avocats de garde et autres). Le Tableau 16 résume les services fournis par la Legal Aid Society of Alberta.
3.9.2 Les politiques et les pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLa province de l'Alberta n'est pas constitutionnellement tenue de fournir des services en français; cependant, le paragraphe 4(1) de la Loi linguistique de l'Alberta reconnaît le droit d'utiliser l'anglais et le français devant les tribunaux : « Chacun peut employer le français ou l'anglais dans les communications verbales dans les procédures devant les tribunaux suivants de l'Alberta :
Bien que ces dispositions ne s'appliquent pas aux organismes gouvernementaux ni aux services d'aide juridique, elles peuvent inciter l'aide juridique à fournir des services dans les deux langues officielles, tout comme le fait l'art. 530 du Code criminel. Il n'existe pas actuellement de politique ou de pratique officielle au sein de la Legal Aid Society of Alberta pour la prestation de services d'aide juridique en français. Lorsqu'ils sont demandés, les services d'aide juridique en français sont fournis par des avocats de la pratique privée, qui reçoivent pour ce faire des certificats, ou par l'intermédiaire d'interprètes. Les demandes de services en français sont traitées de la même façon que les demandes de services dans une langue autre que l'anglais.
3.9.3 La capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesLa Legal Aid Society n'est pas tenue, que ce soit par un texte législatif ou par une politique, de fournir des services en français. Compte tenu de cela, notre évaluation s'est plutôt attachée à examiner la capacité actuelle de cet organisme de fournir ces services et de déterminer si cette capacité répondait suffisamment aux besoins du groupe parlant la langue officielle de la minorité. La Legal Aid Society n'emploie à l'heure actuelle aucun avocat francophone et un petit nombre seulement de son personnel d'accueil parle un peu le français. Les intervenants clés ont mentionné que l'évaluation du niveau des services fournis en français par la Legal Aid Society devait tenir compte d'un certain nombre d'aspects essentiels :
3.9.4 Les stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique bilinguesCompte tenu de la faiblesse de la demande de services d'aide juridique en français, il n'y a pas de lacune apparente ni de nécessité impérieuse d'améliorer la prestation de services en français. Certains intervenants clés ont néanmoins signalé qu'il y aurait lieu d'améliorer les services de première ligne, en particulier pour les affaires d'immigration; il y a des personnes venant de pays francophones qui ont besoin d'aide pour des questions d'immigration. Les autres priorités signalées par les intervenants clés sont la représentation prévue par l'arrêt Brydges et les services d'avocats de garde. Les stratégies qui ont été recommandées en vue d'améliorer la capacité de fournir des services d'aide juridique en français comprennent une formation en français pour les avocats et le personnel et la désignation de postes bilingues. Les intervenants clés ont toutefois noté qu'il existe des obstacles systémiques importants à l'amélioration de la prestation de services d'aide juridique en français :
3.10 Colombie-BritanniqueD'après les données du recensement de 1996, il y a en Colombie-Britannique 56 755 personnes dont le français est la langue maternelle (1,5 pour cent de la population). Les communautés francophones sont dispersées dans l'ensemble de la province et il n'y a pas de région dans laquelle ils représentent un pourcentage important de la population. La plupart des francophones résident à Vancouver et à Victoria, mais ils représentent moins de 2 pour cent de la population de ces deux centres urbains. Bien que le pourcentage des personnes ayant le français comme langue maternelle soit passé de 1,7 pour cent en 1951 à 1,5 pour cent en 1996, en chiffres réels, le nombre de ces personnes a augmenté en Colombie-Britannique (il est passé de 43 415 en 1981 à 56 755 en 1996). En outre, le nombre des personnes qui connaissent le français a augmenté; 6,8 pour cent de la population (250 000 personnes) affirment pouvoir parler français71. En janvier 2001, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) a annoncé la création de l'Association des juristes d'expression française de la Colombie-Britannique. L'Association, qui comprend environ 35 membres, dont des avocats, des juges et des traducteurs, a pour mandat de :
3.10.1 Les servicesLe Legal Services Society Act a été adopté en 1979; il créait la Legal Services Society en tant que personne morale indépendante des professions juridiques et du gouvernement provincial. La Société a pour objet de fournir des services juridiques aux personnes qui n'ont pas les moyens de retenir les services d'un avocat et de fournir aux habitants de la Colombie-Britannique des services d'information, de conseils et d'éducation en matière de droit. Les services sont fournis selon un modèle mixte. Il y a à l'heure actuelle 44 bureaux dans la province, un certain nombre de bureaux locaux, des bureaux communautaires et des bureaux autochtones. Les bureaux locaux utilisent le personnel de la Legal Services Society alors que les bureaux communautaires et les bureaux autochtones sont administrés par leur propre conseil d'administration. Le conseil d'administration de la Société comprend 15 membres. Le conseil élit un comité exécutif et nomme également le directeur général chargé de superviser et de gérer le régime d'aide juridique. Conformément à la loi, le lieutenant-gouverneur en conseil de la province peut charger un administrateur de remplacer le conseil d'administration pour administrer les affaires de la Société s'il estime que cela est dans l'intérêt public et nécessaire pour assurer la prestation des services73. Le Tableau 17 décrit les services fournis à l'heure actuelle par la Legal Services Society.
La province affonte actuellement de graves défis économiques qui ont entraîné des restrictions budgétaires importantes pour ce qui est de la prestation des services d'aide juridique. La Legal Services Society fait l'objet d'une restructuration massive qui touche tous ses services. En février, un administrateur a été nommé pour remplacer le conseil d'administration dans le but de mettre en &156;uvre un nouveau budget et de réorganiser les services d'aide juridique. Les fonds destinés à l'aide juridique seront réduits d'environ 40 pour cent au cours des trois prochaines années, ce qui entraînera la fermeture de 60 bureaux d'aide juridique dans la province, le congédiement de plus de 74 pour cent du personnel, la suppression des subventions à l'information juridique destinée au grand public et l'élimination des subventions versées aux bibliothèques locales. En septembre 2002, un centre d'appels central situé à Vancouver et sept bureaux régionaux remplaceront les bureaux de l'Aide juridique. Au 1er avril, l'accès aux services d'aide juridique sera réduit de façon importante. La représentation dans les affaires de droit familial où il n'y a pas de violence et dans les affaires de droit de la pauvreté sera graduellement supprimée, pour se terminer complètement en septembre 2002. Les services offerts pour les questions de droit pénal, d'immigration, de santé mentale, de jeunes contrevenants et de protection de la jeunesse seront maintenus. L'éducation juridique de la population prendra principalement la forme de services électroniques comme le site Web de la Société, une nouvelle version de LawLine (ligne d'appel téléphonique), certains documents et la formation de défenseurs des droits des collectivités. La Société n'a pas encore décidé si des services, comme les services d'avocats de garde pour les personnes qui ne sont pas détenues et les services fournis pour certains dossiers de droit familial, continueront à être offerts après septembre 200274 . 3.10.2 Les politiques et les pratiques concernant les services d'aide juridique bilinguesLa province de la Colombie-Britannique n'a pas de texte législatif ou de politique officielle concernant les services d'aide juridique en français. Comme pour toutes les langues autres que l'anglais, les services sont fournis de façon ponctuelle. Il ressort de nos consultations que l'on a recours à l'interprétation lorsqu'il n'y a pas de personnel de la Société qui parle le français. La Société ne recrute pas ses employés en tenant compte de leurs aptitudes linguistiques.
3.10.3 La capacité de fournir des services d'aide juridique bilinguesLes entrevues que nous avons eues avec nos intervenants clés indiquent qu'il est difficile d'obtenir des services d'aide juridique en français. La Société s'efforce de répondre aux besoins de ses clients francophones mais sa capacité d'offrir ses services dans les deux langues officielles est limitée. D'après les intervenants clés, il y a un avocat bilingue à la Immigration and Refugee Law Clinic. La Société n'emploie aucun avocat familial qui soit francophone et quatre des 28 avocats salariés qui font du droit pénal sont bilingues. En outre, deux avocats salariés qui fournissent des services dans le domaine du droit de la pauvreté sont fonctionnellement bilingues. Les avocats salariés bilingues ne se rendent pas dans d'autres collectivités pour fournir des services d'aide juridique en français. La Société vise à respecter les normes imposées par l'art. 530 du Code criminel mais ne va pas au-delà. La LawLine (la ligne d'appel téléphonique) n'a pas d'employé bilingue. Il y a environ deux membres du personnel qui prennent les appels et qui connaissent un peu le français; ils peuvent répondre à des questions fondamentales et fournir des instructions simples en français. En outre, le personnel de l'accueil à Vancouver ne parle pas du tout français. Compte tenu de la capacité limitée de la Société de fournir des services en français, elle a largement recours à des interprètes. S'il est en général possible de trouver un avocat francophone dans la collectivité, les services d'accueil et d'information exigent que l'on ait recours à des interprètes. Pour qu'un client reçoivent les services en français, il doit déployer des efforts supplémentaires et accepter des retards. Les intervenants clés ont mentionné un certain nombre d'aspects et de préoccupations concernant le recours aux services d'interprètes :
Les intervenants clés ont noté qu'il est important de fournir des services d'aide juridique en français parce que le français est une des deux langues officielles du Canada. Le fait d'avoir accès directement à des services en français améliore la communication, permet aux clients de mieux comprendre la procédure et tend à éviter les problèmes de communication. On nous a dit que les clients se sentaient soulagés lorsqu'ils avaient accès à des services d'aide juridique en français parce que cela facilitait le processus; ces clients se trouvent déjà dans une situation très difficile et le fait de ne pas pouvoir communiquer dans la langue de leur choix crée chez eux un stress supplémentaire. Ils sont souvent inquiets parce qu'ils ne sont pas sûrs d'être compris. Voici les principales lacunes des services d'aide juridique en français qui ont été mentionnées par les intervenants clés :
Compte tenu de la situation politique et économique actuelle de la province, il est évident que les services en français ne constituent pas une priorité. On a fait remarquer qu'il faudra résoudre des problèmes plus urgents dans les services d'aide juridique avant que l'on puisse s'attaquer à la question de la langue. La Société doit s'adapter à l'heure actuelle à des restrictions budgétaires et s'efforce de continuer à offrir un minimum de services. Les intervenants clés ont mentionné plusieurs autres questions et obstacles importants dont il faudrait tenir compte avant de pouvoir étendre les services d'aide juridique en Colombie-Britannique :
3.10.4 Stratégies visant à améliorer les services d'aide juridique bilinguesLes intervenants clés ont mentionné diverses stratégies susceptibles d'améliorer la prestation de services d'aide juridique en français. D'après nos consultations, il semble qu'une des priorités de la Société soit d'élaborer une politique relative à la prestation de services d'aide juridique dans les deux langues officielles. De nombreux intervenants clés pensent qu'il est nécessaire d'offrir activement ces services et que cette offre doit être systématique et permanente. Cette suggestion tient pour acquis que les clients ont effectivement accès à des services offerts dans la langue officielle de la minorité. Le Tableau 18 résume les solutions proposées.
Il semble important que la Legal Services Society commence par reconnaître que le français est une langue officielle du Canada. Les renseignements généraux relatifs aux services d'aide juridique devraient être communiqués à la population francophone. Le réseau communautaire francophone, y compris l'Association des juristes d'expression française, semble constituer une ressource importante pour la diffusion de l'information et l'amélioration des services d'aide juridique dans la langue officielle de la minorité. 28 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada, « Profil de la communauté acadienne et francophone de Terre-Neuve et du Labrador », (Ottawa : FCFA du Canada, 2000.) 29 La Commission qualifie son système de prestation de système mixte mais elle emploie principalement des avocats salariés (voir L'aide juridique au Canada : ressources et nombre de cas 1999 2000)). 30 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada , « Profil de la communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse »,(Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 31 On trouvera d'autres renseignements concernant l'Association des juristes d'expression française de la Nouvelle-Écosse sur le site Web suivant : http://www.pajlo.org/francais/quisomme/ajefne.html. 32 Legal Aid Act, R.S.N.S. 1989, c. 252. 33 Centre canadien de la statistique juridique, « L'aide juridique au Canada : une description des opérations », 34 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada , « Profil de la communauté acadienne et francophone dans l'Île-du-Prince-Édouard »(Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 35 Article 2 du French Language Services Act, R.S.P.E.I., 1988, .C. F-15.1. 36 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada, « Profil de la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick »,(Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 37 On trouvera des renseignements supplémentaires au sujet de l'Association des juristes d'expression française du Nouveau-Brunswick sur le site suivant : http://www.ajefnb.nb.ca/. 38 Voir la Loi sur l'aide juridique, 1970, L.N.B., ch. 11. 39 Avant avril 2001, le Programme d'aide juridique familiale était entièrement administré par les services judiciaires; aujourd'hui, le volet services offerts par les avocats est administré par l'Aide juridique du Nouveau-Brunswick. Par conséquent, cet organisme emploie à contrat des avocats spécialisés en droit de la famille. 40 Michel Doucet, « La Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick respecte-t-elle les obligations linguistiques constitutionnelles de la province que nous retrouvons aux articles 16 à 20 de la Charte canadienne des droits et libertés? », Avis préparé à la demande de l'Association des juristes d'expression 41 Environ 89 pour cent de ces personnes ont l'anglais pour seule langue maternelle. Les autres 11 pour cent ont l'anglais comme une de leurs langues maternelles. 42 Loi sur l'aide juridique, L.R.Q., ch. A-14. 43 On trouvera un profil détaillé de la Commission dans Statistique Canada. (1999). L'aide juridique au Canada : une description des opérations. No de catalogue 85-217. 44 Pour l'année financière 2000-2001, la Commission a accepté 211 485 demandes d'aide juridique. Les avocats salariés ont fourni le service dans 50,4 pour cent de ces dossiers et les avocats de la pratique privée pour les 49,6 pour cent restants. 45 Charte de la langue française, L.R.Q., c. C-11. 46 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada, « Profil de la communauté francophone en Ontario », (Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 47 On trouvera d'autres renseignements concernant l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario sur le site suivant : http://www.web.net/~ajefo/. 48 Voir le Rapport de l'Examen du régime d'aide juridique de l'Ontario : plan d'action pour les services juridiques publics subventionnés. 49 Loi de 1998 sur les services d'aide juridique. Chapitre 26, Loi de l'Ontario, 1998. 50 Ces certificats peuvent être également accordés dans les affaires civiles, dans les affaires d'agression sexuelle civile, de santé mentale, de pension alimentaire, de location de logement, les appels dans les affaires d'agression sexuelle, les accidents de travail et les appels en matière de chômage. 51 Ce chiffre comprend les services de représentation prévue par l'arrêt Brydges. 52 Voir le paragraphe 125(1) de la Loi sur les tribunaux judiciaires, L.R.O. 1990, ch. C-43. 53 Article 5 de la Loi sur les services en français, L.R.O. 1990, ch. F-32. 54 La liste des avocats que nous avons examinée au cours de notre visite au bureau régional d'Ottawa de l'AJO mentionnait les domaines dans lesquels les avocats pouvaient travailler en français (conversation/plaidoirie/documents écrits). 55 L'AJO reçoit des rapports fournissant le profil des personnes qui appellent. Les rapports concernant les mois de décembre, janvier et février 2002 indiquent qu'il y a en moyenne 3 867 appels par mois et que moins de 1 pour cent de ces appels étaient en français. 56 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada, « Profil de la communauté francophone du Manitoba », (Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 57 On trouvera d'autres renseignements sur l'Association des juristes d'expression française du Manitoba, au site Web suivant : http://www.ustboniface.mb.ca/cusb/institut/ajefm/. 58 Voir la Loi sur la Société d'Aide juridique du Manitoba, L.R.M. 1987, ch. L. 105. 59 On peut trouver cette politique sur le site Web suivant : http://www.gov.mb.ca/fls/. 60 ManitobaAvant toute chose, le bon sens : un rapport et des recommandations sur les services en français au sein du gouvernement du Manitoba. . (1998). Ce rapport a été préparé par le Commissaire l'honorable juge Richard Chartier. 61 Ibid., p.p. 82-83. 62 On trouvera des renseignements supplémentaires sur le site Web de l'Institut : www.ustboniface.mb.ca/cusb/institut/index.shtml. 63 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada, « Profil de la communauté francophone de la Saskatchewan », (Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 64 On trouvera des renseignements supplémentaires concernant l'Association des juristes d'expression française de la Saskatchewan sur le site Web suivant : http://www.pajlo.org/francais/quisomme/ajefs.html. 65 Centre canadien de la statistique juridique, L'aide juridique au Canada : une description des opérations, (Ottawa : Statistique Canada, 1999), Catalogue no 85-217. 66 La Loi linguistique, Chapitre L-6.1 des Lois de la Saskatchewan de 1988-89. 67 Ce service est fourni par l'Office de coordination des affaires francophones. 68 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada, « Profil de la communauté francophone de l'Alberta » (Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 69 On trouvera des renseignements supplémentaires concernant l'Association des juristes d'expression française de l'Alberta sur le site Web suivant : http://www.francalta.ab.ca/juristes/default.htm. 70 On trouvera une description de la Legal Aid Society et de ses services sur le site Web suivant : http://www.legalaid.ab.ca. 71 La Fédération des communautés francophones et acadienne [FCFA] du Canada , « Profil de la communauté francophone de la Colombie-Britannique », (Ottawa : FCFA du Canada, 2000). 72 On trouvera des renseignements supplémentaires sur le site Web de l'Association des juristes d'expression française de la Colombie-Britannique : http://www.pajlo.org. 73 Centre canadien de la statistique juridiqueL'aide juridique au Canada : une description des opérations. (Ottawa : Statistique Canada, 1999), no de catalogue 85 217. 74 On trouvera davantage de renseignements sur la restructuration des services d'aide juridique sur le site suivant : www.vcn.bc.ca/lssbc. 75 Voir la section 3.7 sur le Manitoba pour d'autres renseignements sur l'Institut Joseph-Dubuc. |
![]() |
![]() |
|||
Mise à jour : 2005-10-22 | ![]() |
Avis importants |