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Créer un cadre de sagesse communautaire : examen des services aux victimes dans les territoires du Nunavut, du Nord-Ouest et du Yukon

  1. 2.0 Nunavut
    1. 2.3  Services officiels offerts dans les collectivités du Nunavut
      1. 2.3.1 Portée et méthodologie
      2. 2.3.2 Constatations du recensement

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2.3        Services officiels offerts dans les collectivités du Nunavut

2.3.1     Portée et méthodologie

Au début de la présente étude, comme il a été mentionné plus haut, nous avons décidé d'inclure la gamme la plus étendue possible de fournisseurs de services à la personne dans le recensement des services aux victimes de crime. Comme il existe peu de services d'aide aux victimes et qu'il y a un grand nombre de résidents qui ont été victimes de crime, il est réaliste de supposer que tous les fournisseurs de services à la personne au Nunavut aident les victimes de crime à un titre ou un autre. Par conséquent, nous avons décidé de contacter les services suivants dans chaque collectivité du Nunavut : écoles, centres d'amitié, centres de santé, Églises, programmes d'aide aux toxicomanes, centres de mieux-être, refuges pour femmes battues, centres de programmes pour les enfants et les familles et centres d'orientation. Ces services ne sont pas universels au Nunavut et, en fait, la plupart des collectivités offrent très peu de services à la personne, encore moins des services ayant pour but précis d'aider les victimes de crime. Nous avons contacté les services universels, comme la GRC, par l'entremise de leur administration centrale à Iqaluit au Nunavut[21].

Il y a trois régions comptant vingt-huit collectivités au Nunavut. Le recensement des services a été effectué en fonction de ces régions, à savoir Qikiqtaaluk (auparavant Baffin), Kitikmeot et Kivalliq (anciennement Keewatin). Au total, 148 fournisseurs de services communautaires et sept fournisseurs de services universels ont été recensés dans les 28 collectivités.

Le recensement a été complété par des entrevues personnelles sur place à Rankin Inlet et Iqaluit, et un sondage téléphonique a été mené à partir de Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest[22]. Les numéros de téléphone ont été obtenus par l'entremise du ministère de la Justice du Nunavut, au moyen de l'annuaire téléphonique et par le bouche-à-oreille des fournisseurs de services de la même collectivité ou région.

Au total, les 148 fournisseurs de services communautaires recensés ont rempli 91 questionnaires. Les sept fournisseurs de services universels ont rempli un questionnaire. On a téléphoné à cinq occasions différentes aux 57 autres fournisseurs de services communautaires qui n'avaient pas rempli le questionnaire, mais ils n'ont pas répondu, leur ligne téléphonique venait d'être débranchée et(ou) le service avait été interrompu ou ils ont indiqué qu'ils n'offraient pas de services aux victimes. Les fournisseurs de services qui avaient mis fin à leur programme, mais qui avaient l'intention de recommencer à l'offrir, ont été inclus dans le recensement.

2.3.2     Constatations du recensement

La plupart des fournisseurs de services désiraient participer au recensement des services et ils ont formulé des recommandations en matière de services aux victimes et fourni des données sur leur propre service. Les 91 fournisseurs de services communautaires et les sept fournisseurs de services universels se classent en dix-huit catégories. Les fournisseurs de services universels sont les suivants :

  • responsables de l'assistance aux victimes et aux témoins relevant du procureur de la Couronne (il y a trois responsables qui se rendent dans toutes les collectivités du Nunavut);
  • Gendarmerie royale du Canada (dans chaque collectivité);
  • la ligne d'écoute téléphonique Qikiqtaaluk;
  • « Échec au crime »;
  • ministère de la Santé et des services sociaux du Nunavut, Programmes sociaux communautaires (dans chaque collectivité);
  • conseils de hameau municipaux (dans chaque collectivité);
  • Collège de l'Arctique du Nunavut, dont treize centres d'apprentissage communautaires. 

Voici les fournisseurs de services communautaires :

  • 2 services d'aide juridique;
  • 6 refuges pour femmes battues;
  • 2 centres d'amitié;
  • 6 établissements pour personnes âgées;
  • 3 groupes de guérison;
  • 3 établissements résidentiels;
  • 6 programmes pour toxicomanes;
  • 32 programmes distincts pour les familles et les jeunes et en matière de mieux-être (ces programmes sont tous parrainés par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Nunavut, Programmes sociaux communautaires);
  • 25 centres de santé (ceux-ci font tous partie du ministère de la Santé et des Services sociaux du Nunavut, Programmes sociaux communautaires);
  • 32 écoles;
  • 23 Églises. 

Chacune de ces catégories fait l'objet d'un examen ci-dessous. Une description complète des évaluations par les répondants des services aux victimes et de la victimisation dans leur collectivité figure à la partie suivante de la présente section, à savoir « Obstacles au travail des fournisseurs de services au Nunavut ». Leurs recommandations concernant l'amélioration des services aux victimes figurent à la section « Recommandations sur les services aux victimes au Nunavut »[23].

Nous avons contacté les organismes de services universels offerts aux victimes de crime dans l'ensemble du Nunavut par l'entremise de leur administration centrale à Iqaluit. Ce sont : la GRC, les conseils de hameau municipaux[24], le ministère de la Santé et des Services sociaux du Nunavut (les centres de santé sont décrits par collectivité); les centres d'apprentissage communautaires du Collège de l'Arctique du Nunavut (présents dans 13 collectivités) et deux lignes sans frais, « Échec au crime » et « Ligne d'écoute téléphonique Qikiqtaaluk (Baffin) », accessibles dans toutes les collectivités. De plus, le ministère de la Justice Canada, bureau du Procureur de la Couronne de la région du Nunavut, offre un programme d'aide aux victimes et aux témoins à Iqaluit. Trois membres du personnel de ce programme accompagnent les juges de la Cour de circuit au Nunavut. Un résumé de ces services universels figure ci-dessous.

  • Ministère de la Justice Canada - Programme d'aide aux victimes et aux témoins du bureau du procureur de la Couronne

    Il y a actuellement trois responsables de l'aide aux victimes et aux témoins qui travaillent au bureau du procureur de la Couronne à Iqaluit. Ces agents accompagnent les juges de la Cour de circuit dans tout le Nunavut. Ils aident les victimes à faire face au processus judiciaire en leur expliquant la procédure judiciaire et la justice pénale, en les aidant à remplir leurs fonctions de témoins du crime. Ils aident les victimes à préparer la déclaration de la victime. De plus, ils offrent une assistance psychologique et logistique aux enfants et aux adultes et précèdent souvent les membres du tribunal pour travailler avec ces victimes. Ils ont à leur disposition un certain nombre de moyens audiovisuels qu'ils utilisent auprès des victimes et des témoins.

    Dans leurs réponses au sondage, ces travailleurs ont déclaré qu'il faut accroître le soutien et les services communautaires aux victimes et sensibiliser davantage le public aux droits et aux besoins des victimes. De plus, la disponibilité de moyens audiovisuels en inuktitut (langue d'environ 85 % des résidents du Nunavut) permettrait de répondre à leurs propres besoins pour ce qui est d'expliquer le processus judiciaire et d'aider les victimes à jouer leur rôle de témoins. Leur calendrier chargé de voyages et d'entrevues fait également ressortir la nécessité d'accroître la dotation en personnel dans ce domaine des services aux victimes.

  •  
  • Gendarmerie royale du Canada (GRC)

    La GRC offre des services de police types dans toutes les collectivités du Nunavut. Elle collabore également avec les comités de la justice communautaires locaux (là où ils existent) dans le cadre d'initiatives de justice communautaire comme la justice réparatrice, les programmes de déjudiciarisation, les solutions de rechange en matière de détermination de la peine et les services de police sociopréventifs. Les membres de la GRC orientent les victimes vers les services aux victimes, les refuges et d'autres ressources, lorsque ceux-ci sont disponibles. Ils permettent également d'avoir accès aux déclarations des victimes et aident celles-ci à établir leur déclaration.

    Le répondant de la Section des services de police sociopréventifs de la GRC a déclaré que plus de services aux victimes dotés de fonds à long terme étaient nécessaires et il a ajouté que ceux qui aidaient les victimes avaient besoin de plus de soutien pour prévenir l'épuisement professionnel. En outre, il a ajouté que la GRC bénéficierait de la prestation d'un nombre accru de cours sur les méthodes de soutien des victimes. De plus, il a indiqué qu'il fallait sensibiliser le public à la prévention de la violence et amener celui-ci à convenir que le comportement des délinquants est inacceptable.
     
  • Ligne d'écoute téléphonique Qikiqtaaluk (Baffin)

    Cette ligne d'écoute téléphonique est accessible à toutes les collectivités du Nunavut et du Nunavik (Nord du Québec) de 19 h à minuit tous les jours de l'année. Elle existe depuis 11 ans. Elle figure dans l'annuaire de chaque collectivité sous les noms de « Ligne d'écoute Qikiqtaaluk (Baffin) » et de « Ligne d'écoute téléphonique ». Le personnel compte environ 50 bénévoles à Iqaluit, et le service est offert en français, en anglais et en inuktitut la plupart du temps.

    Le répondant a indiqué que les appels portent, entre autres, sur le suicide, la violence conjugale et la violence subie par le passé. Les bénévoles reçoivent environ 1 000 appels par année. Tous les appels sont confidentiels et anonymes. La ligne d'écoute téléphonique collabore avec Northwestel et la GRC pour intervenir immédiatement en cas d'urgence ou de volonté de suicide même si l'on n'utilise pas des téléphones à afficheur, et ce fait est annoncé dans la publicité.

    Les bénévoles de la ligne d'écoute téléphonique sont formés dans les domaines de la prévention du suicide, de la violence conjugale et des agressions sexuelles, de la toxicomanie, des traumatismes, du deuil et de l'aiguillage. Les fonds nécessaires à ces lignes téléphoniques, aux locaux à bureau, à la formation et à la publicité sont obtenus au moyen de la collecte de fonds par des bénévoles.
     
  • « Échec au crime »

    Ce programme est encadré par un conseil d'administration communautaire formé de bénévoles que la GRC coordonne à partir de son administration du Nord à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Les habitants de chaque collectivité du Nunavut (et des T.N.-O.) ont accès à un numéro sans frais pour signaler sous le couvert de l'anonymat des renseignements au sujet d'activités criminelles. Un employé rémunéré qui a été formé pour poser des questions concernant les activités criminelles répond aux appels en personne jour et nuit. Les personnes qui appellent reçoivent un numéro de code et peuvent appeler à frais virés au numéro de la GRC à Yellowknife pour décrire en détail le crime et ils peuvent obtenir une récompense si les renseignements mènent à une arrestation. Le répondant a indiqué que les victimes appellent rarement cette ligne pour obtenir de l'aide, et les gens n'y ont pas recours pour signaler sous le couvert de l'anonymat la violence conjugale, les agressions sexuelles et la violence à l'endroit des enfants. La plupart des appels ont trait au trafic de la drogue, au commerce illicite d'alcool, aux incendies criminels, aux vols et à la fraude. Ils reçoivent de 200 à 250 appels par année.
     
  • Gouvernement du Nunavut : ministère de la Santé et des services sociaux, Programmes sociaux communautaires

    Le ministère de la Santé et des services sociaux du Nunavut, Programmes sociaux communautaires, a le mandat d'offrir des services à chaque collectivité du Nunavut dans les domaines du bien-être de l'enfance, de l'adoption, des services correctionnels communautaires, des personnes âgées et handicapées, de la santé mentale, de la violence conjugale et de la réinstallation du conjoint. Dans certaines collectivités de la région de Kitikmeot, le bureau des services sociaux et les Services de santé (poste de soins infirmiers) sont regroupés dans le même immeuble. Dans d'autres endroits, ils se trouvent dans des immeubles distincts.

    Les bureaux de services sociaux prodiguent de l'aide aux victimes de crime, si le temps le permet, en participant avec d'autres organismes communautaires au parrainage de programmes communautaires de counseling, d'aide aux toxicomanes, d'intervention d'urgence et de guérison. De plus, lorsque les victimes ne bénéficient à peu près pas de soutien, les travailleurs des services sociaux aident celles-ci à faire face à la procédure judiciaire, les orientent et leur prodiguent un soutien psychologique. Dans certaines collectivités, les agents des Services sociaux travaillent également avec les enfants dans le système scolaire et avec les enseignants.

    Selon le répondant, les agents des services sociaux communautaires ont une très lourde charge de travail et ils bénéficieraient de la disponibilité d'autres services communautaires locaux axés sur les victimes de crime. À leur avis, il faut de toute urgence engager et former des gens de la collectivité qui pourraient aider les victimes et travailler avec l'ensemble de la collectivité à la prévention du crime.
     
  • Conseils de hameau municipaux

    Les conseils de hameau, administration municipale dans chaque collectivité du Nunavut, n'offrent pas directement des services sociaux. Cependant, ils parrainent souvent des comités de la justice communautaire, des comités de loisirs et des comités du mieux-être communautaire. À ce titre, ils aident à obtenir des fonds et ils offrent un soutien administratif aux programmes dirigés par ces comités.
     
  • Collège de l'Arctique du Nunavut, centres d'apprentissage communautaires

    Les centres d'apprentissage communautaires sont situés dans 13 collectivités du Nunavut : Arviat, Baker Lake, Cambridge Bay, Chesterfield Inlet, Coral Harbour, Gjoa Haven, Igloolik, Iqaluit, Kugluktuk, Rankin Inlet, Repulse Bay, Taloyoak et Whale Cove. Ces centres ont un enseignant en éducation des adultes et, parfois, d'autres employés, qui offrent des programmes d'éducation aux adultes en vue de leur perfectionnement scolaire et divers domaines de compétences professionnelles. Ces centres d'apprentissage n'assurent pas un service particulier aux victimes. Toutefois, ils offrent des programmes à long terme de formation au niveau local en toute sécurité au grand public, dont un grand nombre sont des victimes de crime traumatisées de manière chronique et qui se rétablissent.

    De plus, en ce qui concerne les services aux victimes, le Collège de l'Arctique du Nunavut offre un programme de deux ans menant à l'obtention d'un diplôme en travail social et un programme d'un an menant à l'obtention d'un certificat en counseling en matière d'alcoolisme et de toxicomanie dans le Nord. Ces programmes sont coordonnés à partir du campus Kitikmeot du Collège de l'Arctique à Cambridge Bay.

    Les services suivants sont considérés comme des services communautaires parce qu'ils ne sont offerts qu'aux personnes de la collectivité où ils se trouvent. Certains, comme les refuges pour femmes battues, accueillent les victimes d'une collectivité voisine s'ils ont des locaux libres, si la victime est recommandée par le travailleur social local et si ce dernier lui paie son billet d'avion.
     
  • Refuges pour femmes battues

    Sur les 26 collectivités du Nunavut, six ont des refuges pour femmes battues. Ces refuges sont situés à Iqaluit, Cape Dorset, Rankin Inlet, Taloyoak, Cambridge Bay et Kugluktuk. Ils reçoivent des femmes et leurs enfants, qui ont fui la violence qu'ils subissaient chez eux. La plupart des refuges peuvent accueillir des femmes et des enfants pendant un période pouvant aller jusqu'à une semaine même si le refuge d'Iqaluit peut recevoir des femmes et des enfants pendant une période pouvant aller jusqu'à six semaines ou plus. Tous les refuges, sauf celui d'Iqaluit, fonctionnent avec du personnel à temps partiel et sur appel. Tout comme les autres fournisseurs de services du Nunavut, ils doivent faire face à la difficulté de recruter du personnel compétent et à long terme et au manque de fonds.

    Ces refuges entretiennent des liens étroits, car ils tiennent des réunions annuelles et se consultent en permanence par l'entremise de leur organisme d'attache, Sedna, Family Violence Prevention Workers Association du Nunavut et des T.N.-O. ils cherchent à offrir une formation conjointe au personnel et à partager les ressources entre eux. Hormis le Programme d'aide aux victimes et aux témoins du bureau du procureur de la Couronne d'Iqaluit et le Programme d'aide aux victimes au Centre d'amitié de Rankin Inlet, ces refuges sont les seuls services du Nunavut consacrés aux services aux victimes.

    Comme les autres fournisseurs de services communautaires, ils comprennent les réalités de la victimisation dans les collectivités qu'ils servent et au Nunavut en général. Ils travaillent avec les bureaux de services sociaux locaux dans leurs collectivités pour transférer les femmes et leurs enfants vers d'autres refuges s'ils demeurent en danger dans leur propre collectivité. Ils offrent autant de services d'éducation du public, de défense des droits et d'organisation d'activités de formation et de guérison communautaires que leurs fonds et leur personnel le permettent.
     
  • Centres d'amitié

    Il y a un centre d'amitié dans deux collectivités du Nunavut. Le Centre d'amitié de Rankin Inlet parraine divers programmes, y compris un programme d'aide aux victimes. Ce programme compte un employé et est offert aux victimes de crime de Rankin Inlet qui ont besoin d'être orientées, conseillées et défendues et aidées pour faire face à la procédure judiciaire. Lorsqu'il dispose de fonds, ce centre d'amitié parraine également des programmes d'intervention immédiate, pour les jeunes et les familles. Il espère également parrainer un programme de traitement pour les hommes violents à l'avenir. L'autre centre d'amitié, situé à Arctic Bay, a suspendu temporairement ses activités, mais une entrevue a eu lieu avec le personnel encore en fonction.
     
  • Établissements pour personnes âgées

    Six établissements pour personnes âgées ont été recensés et contactés. Ces fournisseurs de services ont indiqué qu'ils n'offrent pas de services aux victimes même si la plupart ont participé au sondage. Ils offrent des programmes d'hébergement et de jour aux personnes âgées.
     
  • Groupes de guérison

    Une recherche dans l'annuaire téléphonique du Nunavut et le bouche-à-oreille ont révélé que trois collectivités, à savoir Pangnirtung, Clyde River et Cape Dorset comptaient des groupes de guérison officieux pour les hommes et les femmes. Cependant, il n'a été possible de parler qu'à un représentant de ces programmes, car personne n'a répondu aux autres numéros. Des bénévoles de la collectivité, généralement sous la direction d'un organisme communautaire ou d'un comité de hameau, dirigent ces programmes. Selon d'autres sources, ces groupes de guérison organisent des séances de groupe en permanence et dans un délai prévu. Certains groupes de guérison ont recours à l'approche des Alcooliques Anonymes et d'autres tiennent des cercles de la parole afin d'aider les gens à révéler les traumatismes vécus et à en guérir.
     
  • Établissements résidentiels

    Nous avons recensé et contacté un foyer pour enfants, un refuge pour itinérants et un établissement de réadaptation des délinquants (maison de transition), tous à Iqaluit. Tous les représentants de ces établissements ont participé à l'entrevue. Tout comme l'ensemble des fournisseurs de services, ces établissements comprenaient le contexte de la victimisation au Nunavut. Toutefois ils n'ont pas déclaré qu'ils offraient des services expressément aux victimes. À l'instar des autres fournisseurs de services, ils ont affirmé que le problème de la victimisation au Nunavut était beaucoup trop important pour que leur service et d'autres services existants puissent le régler adéquatement.
     
  • Programmes pour toxicomanes

    Six programmes autonomes pour toxicomanes ont été recensés en vue d'une entrevue. Les représentants de cinq d'entre eux ont répondu. L'autre programme a été suspendu temporairement. Comme il est mentionné plus haut, certains programmes pour toxicomanes sont offerts par l'entremise de centres de mieux-être et de centres de consultation familiale. Toutefois quelques collectivités essaient encore de conserver des programmes distincts de traitement des toxicomanes. Les responsables de ces programmes savent qu'ils travaillent avec des victimes de violence, mais leur mandat premier consiste à aborder les questions de toxicomanie de la collectivité. Les programmes pour toxicomanes ne comptent généralement qu'un ou deux employés. De plus, en raison des faibles salaires et du manque de financement de base, le roulement du personnel est élevé.
     
  • Services juridiques

    Deux services d'aide juridique ont été recensés. Les deux services ont fourni une réponse partielle. Ils ont expliqué qu'ils n'offrent pas de services aux victimes de crime.
     
  • Comités de la justice

    Chaque collectivité a son propre Comité de la justice communautaire. Cinq de ces comités ont été contactés. Tout comme les autres fournisseurs de services, ils ont indiqué qu'ils n'offraient pas de services aux victimes de crime, car ils mettaient l'accent sur la détermination de la peine et la réadaptation des délinquants. Toutefois, ils ont dit qu'ils aimeraient être mieux informés au sujet des questions relatives aux victimes et offrir plus d'aide dans ce domaine.

  • Programmes pour la famille, les jeunes et en matière de mieux-être

    Au total, trente-deux programmes distincts, qui offrent divers programmes pour la famille, les jeunes et en matière de mieux- être, ont été recensés au Nunavut, dont les suivants :
    • programmes de santé prénatale comme le programme Bon départ à l'intention des autochtones (Santé Canada), garderies et autres programmes d'intervention précoce;
    • programmes pour les jeunes, notamment divers programmes d'acquisition de compétences, culturels et récréatifs (huit programmes ont été recensés, mais cinq n'ont pas pu être contactés en raison de lignes téléphoniques débranchées, de la suspension de leur programme ou du manque d'accès téléphonique);
    • programmes de consultation familiale (13 ont été recensés, mais quatre sont actuellement suspendus en raison de problèmes de financement;
    • programmes de mieux-être, comptant entre 1 et 5 employés chacun, qui offrent une grande variété de programmes de santé, y compris des groupes de guérison et de counseling en matière de toxicomanie (12 programmes de mieux-être ont été recensés, même si nous n'avons pas pu obtenir les observations des responsables de quatre d'entre eux. 
       
  • Il importe de noter que la plupart de ces programmes sont regroupés, pour des raisons inconnues, dans quelques collectivités. Baker Lake compte le plus de services de ce genre pour une petite collectivité. Iqaluit a le plus de services de ce genre pour une grande collectivité. De plus, Cambridge Bay, Clyde River, Cape Dorset et Kugluktuk semblent compter plus de programmes de ce genre que d'autres petites villes.

    Ces programmes n'offrent pas de services destinés expressément aux victimes même si la plus grande partie de leurs clients sont des personnes et des familles victimes de violence. Les répondants connaissent bien les problèmes de victimisation dans leur collectivité et ils savent que leurs programmes sont le plus souvent la seule ressource communautaire des victimes.

    Certaines collectivités ont réussi mieux que d'autres à offrir ce genre de programmes communautaires. On n'en connaît pas les raisons. Toutefois, le principal problème exprimé par tous les répondants dans cette catégorie est la difficulté de maintenir des fonds qui sont octroyés seulement d'une année à l'autre. De plus, il faut trouver assez d'employés compétents qui acceptent de travailler contre une rémunération de beaucoup inférieure à celle accordée par l'administration publique.
     
  • Centres de santé

    La santé est un service universel au Nunavut. Chaque collectivité a un centre de santé ou un « poste de soins infirmiers », car des infirmiers et infirmières constituent le personnel du centre de santé, les médecins ne s'y rendant que par avion périodiquement. Il a été décidé de contacter chaque centre individuellement, étant donné que le personnel infirmier communautaire connaît généralement mieux le contexte de la victimisation dans sa collectivité que la plupart des autres fournisseurs de services. Au total, vingt-cinq centres de santé ont été contactés; toutefois quatre de ceux-ci ont refusé de participer à l'entrevue. Dans un cas, la langue a constitué un obstacle (personne ne pouvait répondre au questionnaire en anglais) et dans les autres cas, les répondants ont manifesté leur frustration à l'égard des sondages et des questionnaires qui ne semblent jamais mener à un accroissement des programmes ou des services.

    Les centres de santé n'offrent pas de services aux victimes si elles ne sont pas dirigées par les services sociaux dans les cas de violence soupçonnée ou connue, mais ils prodiguent certains conseils lorsqu'ils en ont le temps. Les répondants ont expliqué qu'ils sont souvent surchargés et qu'ils n'ont pas assez de temps pour remplir leurs fonctions médicales, et encore moins pour donner des conseils.
     
  • Écoles

    Trente-deux écoles ont été recensées en vue d'un contact. Toutes ces écoles ont répondu au questionnaire. La plupart des écoles du Nunavut ont un conseiller scolaire qui peut assurer certains services de counseling communautaire si le temps le lui permet. Les écoles au Nunavut connaissent les taux élevés de victimisation dans la population générale, mais elles ne peuvent pas offrir de programmes de services spécialisés aux victimes en dehors de l'aide qu'elles cherchent à prodiguer aux élèves et à leurs parents, qui s'adressent directement à elles. Toutefois, un certain nombre ont un programme d'études qui comprend des discussions de la violence interpersonnelle, et la plupart tentent de faire participer les Aînés et d'autres membres respectés de la collectivité à leurs programmes quotidiens.
     
  • Églises

    Vingt-trois Églises ont été recensées. Toutefois, malgré les nombreuses tentatives, treize de ces Églises n'ont pas répondu. Les dix Églises qui ont répondu ont indiqué qu'elles offraient des services de counseling bénévoles à leurs paroissiens et à d'autres membres de la collectivité qui s'adressent à elles. Certaines de ces Églises offrent périodiquement un refuge et des programmes aux jeunes et aux membres indigents de la collectivité si elles peuvent trouver le personnel bénévole et les ressources nécessaires.

En résumé, selon le recensement des services, comme il a été mentionné plus haut, il n'y a actuellement qu'un service au Nunavut réellement appelé « Programme d'aide aux victimes ». Il est parrainé par le Centre d'amitié de Rankin Inlet. Il y avait un autre programme d'aide aux victimes offert par le passé par l'entremise de la Qikiqtaaluk (Baffin) Regional Aggvik Society à Iqaluit, qui parraine également le refuge pour femmes battues à Iqaluit. Ce programme de services aux victimes est suspendu indéfiniment en raison de difficultés financières. Hormis les six refuges pour femmes battues au Nunavut, et le Programme d'aide aux témoins et aux victimes du bureau du procureur de la Couronne associé à la Cour de circuit, il n'y a pas d'autres services au Nunavut dont le seul mandat est d'aider les victimes de crime[25].

Comme il a été mentionné plus haut, la plupart des fournisseurs de services à la personne au Nunavut connaissent bien le fait qu'ils assurent des services à des victimes de violence, et l'on peut s'en rendre compte par les commentaires qu'ils ont faits pendant les entrevues. Il importe de noter ici que l'impression générale qui se dégage des observations formulées par les répondants pendant le sondage est le stress, la tristesse, l'intense frustration et même la colère que suscite ce qu'ils décrivent comme un manque presque complet de sécurité et de programmes de rétablissement offerts aux personnes victimes de violence. Le mandat de certains services peut comprendre des services aux victimes, mais en raison d'un manque de fonds, de l'épuisement professionnel et du roulement du personnel, du manque de personnel formé, de l'attitude de la collectivité et d'autres obstacles décrits dans la section qui suit, la plupart des fournisseurs de services à la personne au Nunavut se trouvent dans l'incapacité d'offrir plus que ce qu'ils considèrent comme des solutions symboliques à un problème qu'ils décrivent comme « monumental ».


[21]  Les résultats détaillés de ce recensement des services figurent dans Mary Beth Levan, Victim Services in the Territories: A Compilation of Contacts and Resources, Ottawa, Centre de la politique concernant les victimes et Division de la recherche et de la statistique, ministère de la Justice Canada, 2002.

[22]   Le territoire maintenant connu sous le nom de Nunavut faisait partie des Territoires du Nord-Ouest, et Yellowknife en était la capitale jusqu'à la subdivision du territoire en deux territoires distincts en avril 1999.

[23]  Il faut donc faire une mise en garde importante. Les constatations examinées dans cette section, 2.3.3, doivent être considérées comme des descriptions des mandats des programmes et non comme des descriptions de la façon dont ces services fonctionnent en réalité, c. -à-d. Une expérience vécue en première ligne. Elles doivent être lues parallèlement à la section 2.3.4 « Obstacles au travail des fournisseurs de services au Nunavut » et dans le contexte de celle-ci.

[24] Les bureaux des conseils de hameau, présents dans chaque collectivité, n'offrent pas de programmes de prestation de services directs. Ils peuvent parrainer ou financer divers comités locaux, mais ils n'offrent pas de programmes eux-mêmes.

[25]  Un poste de spécialiste de la justice communautaire et de coordonnateur de l'aide aux victimes a été créé par le ministère de la Justice du Nunavut après la fin de la collecte des données de la présente étude.

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