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Créer un cadre de sagesse communautaire : examen des services aux victimes dans les territoires du Nunavut, du Nord-Ouest et du Yukon
- 4.0 Territoire du Yukon
- 4.5 Résumé des besoins et recommendations
- 4.5.1 Résumé des besoins
- 4.5.2 Résumé des recommandations présentées par les
fournisseurs de services
- 4.5.3 Recommandations supplémentaires et commentaires
Page précédente | Table des matières | Page suivante 4.5 Résumé des besoins et recommandations
4.5.1 Résumé des besoins
Comme il a été mentionné tout au
long de la présente étude, la plupart des répondants croyaient
que le Yukon, comparativement aux autres régions du Canada et plus particulièrement
aux autres régions du Nord, dispose d'un continuum bien développé
de services professionnels pour les victimes de violence. Ils ont souligné
la variété croissante de services spécialisés pour
les victimes et le volume élevé de travail accompli par l'ensemble
des organismes de services aux victimes. Certains répondants croient
voir les résultats de ces efforts dans une plus grande sobriété,
une sensibilisation accrue de la collectivité et une plus grande participation
aux activités de guérison. Bien qu'il n'existe pas de moyens permettant
de le prouver hors de tout doute, il est possible que la baisse du nombre de
cas signalés de violence familiale, d'agressions sexuelles et de violence
envers les enfants soit le résultat de ces services et de ces interventions.
Cependant, tous les répondants considèrent qu'il existe encore
des lacunes, des obstacles et des besoins en matière de prestation de
services aux personnes, aux victimes de violence, aux familles et aux collectivités.
Ces défis, signalés par les répondants, et un résumé
des conditions sociales générales relatives à la victimisation,
sont les suivants :
- niveaux élevés
de violence non résolue et cachée subie antérieurement;
- niveaux élevés
de personnes souffrant de déficience cognitive, traumatisées de
manière chronique et toxicomanes, dont un grand nombre sont victimes
de violence en permanence;
- croyances traditionnelles
et contemporaines selon lesquelles on blâme les victimes de violence,
minimise et nie les niveaux élevés de violence et protège
les délinquants;
- réseaux de
soutien officieux limités pour les victimes de violence;
- taux élevés
d'alcoolisme et de toxicomanie;
- taux élevés
de violence interpersonnelle : violence conjugale, violence sexuelle et
violence à l'endroit des enfants;
- taux élevé
de grossesse chez les adolescentes;
- taux élevés
de maladies transmises sexuellement;
- manque de soutien
de la collectivité et de la famille aux victimes de violence;
- minimisation et déni
importants par le public de la violence interpersonnelle, de la violence conjugale,
de la violence sexuelle et de la violence envers les enfants, ce qui a pour
effet de protéger les délinquants, de blâmer les victimes
et de garder cachés une grande partie de ces crimes;
- antagonisme du public
envers les activistes sociaux qui travaillent dans le domaine de la victimisation,
en particulier la victimisation des femmes;
- certain degré
de suspicion et de méfiance à l'égard des services aux
victimes officiels disponibles, en particulier dans les petites collectivités;
- manque de compréhension
et de soutien des dirigeants politiques des Premières nations et des
administrations publiques à l'endroit des victimes et des services aux
victimes;
- dirigeants qui n'ont
pas résolu des problèmes de victimisation et(ou) ayant déjà
commis des actes de violence;
- manque de capacité
dans les services existants de répondre au besoin;
- manque de services
pour les femmes ayant déjà été victimes de violence
et pour les hommes et les personnes âgées victimes, les enfants
à risque élevé et les enfants victimes de violence;
- assistance postpénale,
développement communautaire et programmes de sensibilisation insuffisants
au sein des services existants;
- manque de services
d'intervention d'urgence adéquats, y compris une ligne d'écoute
téléphonique et un centre d'aide aux victimes d'agression sexuelle,
en particulier en dehors des heures ouvrables;
- des effectifs insuffisants
en matière de services communautaires et parrainés par les Premières
nations pour les victimes dans les collectivités périphériques
comme les refuges pour femmes battues, les services aux victimes, les ressources
en counseling, les programmes de guérison et les possibilités
de traitement;
- manque de programmes
de longue durée pour les victimes souffrant d'une déficience cognitive
ou ayant subi des dommages neurologiques;
- absence de normes
en matière de programmes et de processus d'évaluation pour les
organismes qui travaillent avec les victimes, y compris le manque de protocole
et de politique concernant la confidentialité et la gestion de cas;
- manque de clarté
concernant les rôles et responsabilités des divers organismes d'aide
aux victimes;
- partage inadéquat
des ressources entre les organismes;
- soutien et information
insuffisants pour les parents, les enseignants et d'autres personnes qui traitent
les enfants et les jeunes qui passent à l'acte;
- manque de compréhension
et d'application d'une approche axée sur la victime dans la plupart des
secteurs de services;
- manque de compréhension
culturelle et historique entre les divers groupes ethniques, en particulier
les groupes des Premières nations et les groupes non autochtones; par
conséquent, les programmes à l'intention des victimes ne sont
pas planifiés ou appuyés conjointement;
- manque de compréhension
dans tous les secteurs de services, y compris le pouvoir judiciaire, la police,
les services correctionnels, les services aux victimes, les services sociaux
et médicaux, concernant la dynamique de la victimisation et le processus
de rétablissement des victimes après un traumatisme;
- manque de compréhension
dans tous les secteurs des déséquilibres du pouvoir dans les relations
entre les femmes et les hommes;
- données statistiques par sexe inadéquates et mises à
jour régulièrement;
- recours inapproprié aux initiatives de justice réparatrice
qui incitent les victimes à participer aux cercles de guérison
et aux conseils de détermination de la peine contre leur volonté;
- communication inappropriée
des déclarations de la victime dans le cadre des initiatives de justice
réparatrice;
- traitement inapproprié
des victimes/témoins par l'avocat de la défense;
- divergence d'opinion
concernant la séparation des délinquants et des victimes pendant
les programmes de traitement ordonnés par le tribunal;
- application insatisfaisante
par la police des ordonnances de non-communication et des mesures prises par
suite d'un manquement aux conditions de la probation.
4.5.2 Résumé des recommandations présentées
par les fournisseurs de services
Les répondants ont formulé une grande
variété de recommandations pendant les entrevues. Ces recommandations
sont résumées ci-dessous sous les rubriques suivantes : sensibilisation
du public, ressources en matière de programmes, ressources communautaires,
système judiciaire et application de la loi et législation.
Sensibilisation du public
- adoption, par la société et les fournisseurs de
services, d'une approche axée sur les victimes afin de mettre fin à
la violence[149];
- campagne vigoureuse
et intense de sensibilisation du public à la violence familiale, à
la violence sexuelle et à la violence à l'endroit des enfants;
- recours aux Aînés,
aux jeunes et à d'autres personnes respectées comme modèles
de comportement dans la collectivité;
- résolutions
du conseil de bande et des Premières nations visant à prendre
l'engagement public de mettre fin à la violence conjugale, à la
violence sexuelle et à la violence à l'endroit des enfants;
- création de
groupes d'hommes qui contribuent à mettre fin à la violence faite
aux femmes et aux enfants, et qui aident les groupes de défense des femmes
dans leur travail à cet égard;
- débat public respectueux concernant les questions de victimisation
et de violence envers les femmes;
- activités sociales
subventionnées sans alcool ou d'autres drogues pour les jeunes et les
adultes.
Ressources en matière de programmes
: formation
- formation pour tous
les fournisseurs de services professionnels, y compris les juges, les policiers,
les travailleurs de la santé, les intervenants en matière de services
aux victimes, les intervenants en toxicomanie et le personnel médical,
qui travaillent avec les victimes de violence dans le domaine de la dynamique
des traumatismes et de la victimisation, du processus de rétablissement
et du déséquilibre du pouvoir dans les relations entre les femmes
et les hommes;
- formation pour tous
les fournisseurs de services sur la culture et l'histoire des Premières
nations;
- plus de soutien, de
ressources et de formation pour les policiers, les enseignants et d'autres personnes
qui sont en mesure d'intervenir dans les cas de violence.
Ressources en matière de programmes
: capacité
- recrutement de personnel
supplémentaire pour les organismes surchargés;
- établissements
améliorés pour les organismes offrant des programmes en établissement
et aux grands groupes;
- services de counseling
subventionnés disponibles en dehors des heures ouvrables et services
de counseling subventionnés pour les femmes qui souhaitent avoir accès
à des conseillères féministes;
- plus de logements
de transition pour les femmes traumatisées à Whitehorse.
Ressources en matière de programmes
: soutien pratique
- plus de partage de
ressources et de communication de l'information et de planification conjointe
entre les organismes;
- financement permanent,
et non annuel, des programmes des organismes;
- établissement
de normes en matière de programmes, de compétences de base et
de processus d'évaluation pour les organismes et les pouvoirs publics
qui travaillent avec les victimes, y compris les protocoles et les politiques
concernant la confidentialité et la gestion de cas;
- production de données
statistiques par sexe mises à jour régulièrement.
Ressources en matière de programmes
: nouveaux programmes
- plus de programmes
de loisirs pour les jeunes;
- plus de programmes
d'intervention immédiate pour les familles à risque élevé
ayant de jeunes enfants;
- plus de programmes
axés sur les victimes pour les Aînés, les enfants et les
hommes;
- plus de programmes
d'assistance postpénale, de développement communautaire et de
sensibilisation dans les organismes de services existants;
- plus de services d'intervention
d'urgence : une ligne d'écoute téléphonique sans frais
à l'échelle du territoire et un centre d'aide aux victimes d'agression
sexuelle;
- des services qui offrent
des soins de longue durée aux victimes chroniques et souvent aux adultes
souffrant d'une déficience cognitive;
- un centre de guérison
pour les membres des Premières nations;
- un refuge pour les
jeunes;
- un refuge pour les
hommes victimes et(ou) itinérants;
- ajouts aux programmes
scolaires comprenant des renseignements sur la violence interpersonnelle, les
communications, la résolution de conflits, etc.;
- des groupes de victimes
de violence conjugale, de violence sexuelle et d'autres types de violence;
- un travailleur social
en clinique externe à l'hôpital.
Ressources en matière de programmes
: ressources communautaires
- plus de soutien aux
victimes dans les collectivités dotées de programmes de services
aux victimes, conseillers du programme Mettre fin à la violence, refuges
pour femmes battues, programmes pour les jeunes et programmes d'intervention
rapide dans chaque collectivité;
- plus de soutien aux
organismes communautaires qui travaillent avec les victimes sous forme de programmes
de mentorat, de surveillance clinique et de comptes rendus réguliers;
- soutien accru des
pouvoirs publics aux programmes de rétablissement des Premières
nations et plus grands efforts visant à travailler avec ces pouvoirs
publics et d'autres organismes pour répondre aux besoins des victimes,
des familles et des collectivités des Premières nations.
Système judiciaire et application
de la loi
- mise en accusation
obligatoire dans tous les cas de violence familiale et d'agression sexuelle;
- traitement obligatoire
de tous les délinquants violents;
- imposition de peines
plus sévères aux délinquants violents;
- examen de la politique
consistant à autoriser les délinquants à demeurer avec
les victimes pendant le traitement;
- reconnaissance du
travail non rémunéré des femmes dans les causes entendues
devant le tribunal et annulation du projet pilote consistant à demander
aux conjointes de renoncer à la pension alimentaire pour enfants ordonnée
par le tribunal;
- application par la
police des ordonnances de non-communication et mesures prises en cas de manquements
aux conditions de la probation;
- plus de formation
pour les policiers, les juges et les juges de paix dans les cas de violence
familiale, de violence sexuelle, de victimisation et de déséquilibre
du pouvoir dans les relations entre les hommes et les femmes;
- détachement
sur une période plus longue des policiers dans les territoires du Nord
et affectation d'agents ayant plus d'expérience;
- censurer les avocats
de la défense qui abusent de leur pouvoir au moment des interrogatoires
des témoins pendant les procès;
- plus de formation,
de surveillance et de contrôle dans le cas des comités sur la justice
communautaire et d'autres organismes qui participent aux programmes sur la justice
réparatrice, l'accent étant mis sur les besoins des victimes et
la dynamique du traumatisme;
- exigence selon laquelle
les comités sur la justice communautaire doivent commencer par les petits
crimes contre les biens avant de s'occuper des cas de violence;
- exigence selon laquelle
le système de justice pénale et les programmes de justice réparatrice
doivent collaborer plus étroitement aux plans de traitement, au suivi
des délinquants et à la sécurité des victimes;
- participation d'un
plus grand nombre de jeunes au groupe d'experts sur la justice pour les jeunes.
Législation
- l'adoption d'une loi
sur les victimes de crime validerait et enchâsserait les droits des victimes
dans une loi;
- l'adoption d'une loi
sur la violence faite aux femmes qui reconnaîtrait le déséquilibre
du pouvoir dans les relations entre les hommes et les femmes et obligerait à
tenir compte de cette dynamique dans les affaires juridiques et criminelles;
- l'établissement
d'un procureur de la Couronne du Yukon plutôt qu'un procureur de la Couronne
fédéral;
- l'adoption d'une loi
sur la tutelle des adultes et d'une loi sur la prise de décision assistée
pour aider les adultes souffrant d'une déficience cognitive et du SAF
qui ne sont pas assistés d'un avocat;
- l'adoption d'une loi
sur la défense de l'enfance;
- le rétablissement
d'un Fonds d'indemnisation des victimes d'actes criminels à l'intention
des victimes qui ont besoin d'une aide financière pour leur rétablissement.
4.5.3 Recommandations supplémentaires et commentaires
Les recommandations ci-dessus sont suffisamment explicites,
mais elles ne seraient pas complètes sans référence et
explications supplémentaires sur d'autres questions clés.
Rétablir les ponts
Comme il a été mentionné tout au
long de la présente étude, il y a un nombre relativement important
de services complets universellement accessibles aux victimes de violence au
Yukon, surtout comparativement aux autres territoires du Nord. Selon les répondants
et les observateurs, ces services assoient leur travail sur une fondation de
plus en plus solide de renseignements à jour sur les traumatismes, la
victimisation et le rétablissement. Malgré les recommandations
susmentionnées, ils offrent une gamme d'interventions bien planifiées
à la plupart des secteurs de la société.
Toutefois, selon la plupart des répondants, il
semble que les fournisseurs de services des Premières nations et les
fournisseurs de services publics travaillent en grande partie indépendamment
les uns des autres. En outre, certains fournisseurs de services des Premières
nations ont dit qu'à l'instar de leurs clients, ils ressentent une certaine
méfiance et même un abandon sur le plan des services publics et
des organismes communautaires. Ils ne sont pas convaincus que ces organismes
et services les comprennent ou qu'ils ont leurs intérêts bien compris
à cœur. D'autre part, les répondants qui travaillent au sein des
programmes gouvernementaux et des organismes publics étaient préoccupés
par les difficultés qu'ils ont rencontrées lorsqu'il s'agissait
de travailler en étroite collaboration avec les programmes des Premières
nations.
Étant donné que les membres des Premières
nations sont surreprésentés à titre de clients dans bon
nombre de programmes gouvernementaux et d'organismes communautaires, et que
la plupart des ressources financières du territoire au titre de la victimisation
sont affectées aux fournisseurs de services gouvernementaux et aux organismes
communautaires, il semblerait qu'il faille rétablir les ponts entre les
fournisseurs de services et les clients des Premières nations, et les
fournisseurs de services gouvernementaux et des organismes.
Services communautaires
Les services communautaires sont un autre domaine qu'il
faut peut-être aborder et souligner séparément. La plupart
des répondants ont soulevé cette question, dont un grand nombre
offrent des services communautaires et des programmes de sensibilisation. Toutefois,
comme 74 % de la population vit dans une ville, Whitehorse, il est compréhensible
que les services y soient concentrés. D'autre part, il est impossible
de ne pas tenir compte du sentiment d'isolement et de la frustration engendrés
par les ressources communautaires limitées, dont ont fait état
les fournisseurs de services des petites villes. Ils ont mentionné le
manque de programmes de rétablissement des victimes, les refuges pour
femmes battues, les programmes pour délinquants, les programmes d'assistance
postpénale, les programmes d'intervention immédiate, les programmes
pour les jeunes et les services aux personnes âgées et aux autres
personnes ayant des besoins particuliers dans leurs collectivités. Ils
ont également indiqué qu'ils se sentaient isolés des autres
fournisseurs de services lorsqu'ils cherchaient à faire face seuls aux
normes sociales communautaires dysfonctionnelles et bien ancrées sur
la violence interpersonnelle.
La solution idéale
serait la prestation dans chaque collectivité des programmes susmentionnés.
Toutefois, jusqu'à ce que plus de services soient offerts dans chaque
collectivité, il y a quelques mesures qu'on pourrait prendre pour réduire
l'isolement et combler les lacunes en matière de programmes et de soutien[150].
Ressources communautaires
accrues pour les victimes
- la formation de fournisseurs de services communautaires dans
le cadre d'une approche de la prestation de services fondée sur le développement
communautaire[151];
- la formation plus
poussée des bénévoles en matière d'aide aux victimes
rattachés à la GRC dans la plupart des collectivités concernant
la sensibilisation interculturelle, la dynamique de la victimisation et les
ressources auxquelles elles ont accès;
- l'utilisation de programmes
mobiles de rétablissement après un traumatisme, de traitement
et d'assistance postpénale dans les petites collectivités;
- la création
de petits groupes de guérison et de soutien pour les victimes de violence
afin d'accroître le niveau d'aide officielle qui leur est accordée
et d'aider à l'établissement de réseaux de soutien communautaire
officieux;
- le financement de
programmes de rétablissement après un traumatisme et de guérison
parrainés par les Premières nations, qui pourraient comprendre
un ou plusieurs des centres de guérison des Premières nations,
comme l'ont demandé plusieurs répondants.
Soutien des fournisseurs
de services communautaires
- la tenue de réunions
régulières entre les organismes dans chaque collectivité
pour diminuer les sentiments d'isolement des fournisseurs de services qui aident
les victimes;
- l'inclusion des fournisseurs
de services communautaires dans un réseau établi plus étendu
de fournisseurs de services territoriaux, par exemple, un réseau d'intervenants
en matière de refuges du territoire qu tient des réunions régulières
par téléphone et en personne;
- l'établissement de possibilités pour les fournisseurs
de services communautaires de participer à la surveillance clinique régulière
de leur travail ainsi que de possibilités de compte rendu, de formation
et de counseling[152];
- l'établissement
de conférences annuelles et(ou) des possibilités de formation
et de guérison pour tous les fournisseurs de services du territoire qui
travaillent avec les victimes de violence.
Services à l'intention des victimes
souffrant d'une déficience cognitive
Une particularité est ressortie des entrevues réalisées
avec les fournisseurs de services du Yukon : le nombre apparemment élevé
de victimes de crime souffrant d'une déficience cognitive. Certaines
de ces personnes sont régulièrement victimes de violence. Par
exemple, la Section de la prévention de la violence familiale, ministère
de la Justice du Yukon, Services aux victimes, estime que de 60 % à
75 % des personnes auxquelles elle vient en aide souffrent jusqu'à
un certain point d'une déficience cognitive résultant d'un traumatisme
ou du syndrome d'alcoolisation fœtale. De plus, la toxicomanie constitue un
problème dans 75 % de ces cas.
Les fournisseurs de services cherchent à faire
face à cette situation dans le cadre de leurs programmes existants. De
plus, des organismes comme la Fetal Alcohol Syndrome Society of Yukon élaborent
des programmes qui visent ce segment de la population victime de violence.
Comme il ne semble pas y avoir beaucoup de renseignements
officiels sur le nombre de ces personnes ou leur situation, la recommandation
serait de procéder à une étude officielle portant sur les
aspects suivants :
- le nombre de victimes
de violence au Yukon souffrant d'une déficience cognitive permanente
ou de dommages au cerveau résultant d'un traumatisme et(ou) du syndrome
d'alcoolisation fœtale et (ou) de la toxicomanie;
- la situation actuelle,
les besoins et le contexte de ces personnes, y compris les conditions de vie,
l'emploi, les soutiens officieux, les problèmes juridiques, les questions
relatives au rôle parental et aux connaissances de base et les traitements
antérieurs;
- le pronostic à long terme dans leur cas, compte tenu des
services offerts actuellement au Yukon;
- les recommandations en matière de prestation des services
qui leur permettra d'obtenir la meilleure qualité de vie possible et
de réduire au minimum leur victimisation et leur passage à l'acte[153].
La question de la déficience cognitive chez les
victimes et les délinquants est un domaine de préoccupation relativement
récent au sein des systèmes d'intervention, de traitement des
toxicomanes, judiciaire, correctionnel et de la police. Les groupes ayant le
plus d'expérience dans ce domaine, à ce stade précoce de
sensibilisation du public, sont les fournisseurs de services de première
ligne qui vivent et travaillent tous les jours avec des personnes souffrant
d'une déficience cognitive. Ces groupes comprennent les associations
de parents d'accueil, le personnel des foyers de groupe, le personnel du traitement
en établissement, les organismes qui s'occupent de déficience
cognitive, les enseignants ainsi que la famille et les amis des personnes souffrant
d'une déficience cognitive. Il conviendrait que ces fournisseurs de services
plus expérimentés et les membres des familles offrent une formation,
un soutien et des renseignements aux ministères et organismes qui font
face à un grand nombre de victimes de violence souffrant d'une déficience
cognitive.
En dernière analyse, il se peut que les programmes
actuels et futurs conçus pour aider les victimes doivent apporter des
modifications importantes à leur approche en matière d'intervention
et de traitement en tenant compte de la possibilité d'une déficience
cognitive (ainsi que de la culture, des symptômes traumatiques et de bien
d'autres facteurs mentionnés tout au long de la présente étude).
De plus, il est probable que les victimes de violence ayant subi des dommages
permanents au cerveau auront besoin de services spécialisés de
longue durée qui débordent le cadre des services officiels existants
et des réseaux de soutien officieux. Pour soutenir ces personnes, il
faudra déployer de multiples efforts à l'échelle de la
collectivité.
[149] Une approche axée
sur la victime fait des besoins et des droits des victimes la principale priorité.
[150] Certains fournisseurs
de services communautaires utilisent déjà avec succès
plusieurs de ces suggestions.
[151] Voir le chapitre de
la présente étude sur le Nunavut pour plus d'explications sur
l'approche fondée sur le développement communautaire.
[152] Ces soutiens aux fournisseurs
de services communautaires doivent être prévus dans le budget
annuel du programme.
[153] Le programme Mettons
fin au SAF du ministère de la Santé du Manitoba constitue un point
de départ possible de l'examen des programmes qui conviennent à
cette population. Il s'agit d'un programme communautaire de mentorat et de soutien
pour les mères ayant subi un traumatisme et des dommages au cerveau qui
risquent d'avoir des enfants souffrant du SAF et qui est fondé sur plusieurs
programmes semblables couronnés de succès aux États-Unis.
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