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Le traitement des adolescents qui ont des démêlés avec la justice : Nouvelle méta-analyse

Les opinions émises dans cette étude n'engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du ministère de la Justice Canada

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3.0 Résultats

Après un inventaire complet de tous les écrits publiés ou inédits existants, on a retenu un total de 154 documents qui répondaient aux critères de sélection établis. De nombreuses autres études ont été rejetées parce qu'elles ne satisfaisaient pas aux deux seuls critères de l'âge et de la nature de l'infraction et de l'existence d'un groupe témoin ou de référence ou de tests statistiques appropriés. Comme certaines études faisaient état de plus d'un groupe de sujets traités, un total de 195 programmes de traitement distincts ont été examinés dans le cadre de cette méta-analyse, qui ont généré 332 valeurs particulières correspondant à l'ampleur de l'effet.

3.1         Nombre de résultats uniques

La plupart des études retenues pour les besoins de la présente méta-analyse traitaient de l'efficacité du traitement relativement à la réduction de la récidive. Peu d'entre elles, toutefois, mentionnaient d'autres résultats visés comme la bonne entente familiale ou la réduction de la toxicomanie. Le tableau 3.1 indique le nombre de valeurs de l'effet par domaine d'intervention visé.

Tableau 3.1 nombre de valeurs de l'effet par domaine d'intervention visé (N=332)
Domained'intervention visé Nombre de valeurs de l'effet
Récidive

       176

Fréquentation/performance scolaires

       28

Bien-être mental

       26

Rapports familiaux               

       19

Situation d'emploi

       14

Aptitudes sociales

       14

Attitudes antisociales

       12

Toxicomanie

       11

Maîtrise de la colère

       10

Fréquentations antisociales

         6

Aptitudes cognitives

         6

3.2         Caractéristiques des études

Les études retenues aux fins de la méta-analyses ont été publiées entre 1964 et 2002, 1988 étant l'année médiane. Comme l'indique le tableau 3.2, l'étude « type » utilisée a été effectuée en milieu urbain en Amérique du Nord par un évaluateur indépendant, avec un groupe témoin non aléatoire, étude publiée dans une revue spécialisée. Au total, 154 études ont été examinées qui portaient sur près de 75 000 jeunes contrevenants, dont 30 184 dans les groupes étudiés et 44 334 dans les groupes témoins. La période de suivi des résultats visés était généralement de un an.

Tableau 3.2 caractéristiques des études (N=154)
VARIABLE N (%) VARIABLE N (%)
Pays Publication Source

États-Unis

125 (83%)

Revue spécialisée

118 (80%)

Canada

  12 (8%)

Mémoire

  12 (8 %)

Royaume-Uni

  10 (7%)

Rapport gouvernemental

  12 ( 8%)

Australie

    4 (3%)

Rapport non gouvernemental

   6 (4%)

Milieu Modèle d'étude

Urbain

90 (92%)

Groupe de référence simple

64 (42%)

Rural

  8 (8%)

Sélection aléatoire

58 (38%)

 

Comparaisons appariées

25 (17%)

Évaluateur Test avant /après

  6 (   3 %)  

Indépendant

118 (80%)

 

Intervenant

  30 (20%)

   

Nota : les fréquences ne totalisent pas 154 dans la plupart des cas en raison de données manquantes.
Nota :   les pourcentages ne totalisent pas toujours 100 % en raison d'arrondissement.

3.3         Caractéristiques des participants

L'âge a été codé suivant la tendance générale indiquées dans chaque étude. L'âge moyen global pour l'ensemble de l'échantillon est de 15,23 années (écart type = 1,36), l'immense majorité des sujets étant des délinquants de sexe masculin (voir le tableau 3.3). À l'exception du sexe, la plupart des études n'ont pas partitionné les données pour permettre l'examen de groupes particuliers comme les délinquants violents ou les délinquants sexuels. D'autre part, nous avons tenté de coder d'autres variables comme le niveau d'études, la situation de famille et l'origine ethnique, mais il n'y avait pas assez d'information pertinente dans les études.

Tableau 3.3 caractéristiques des participants (N=195)
VARIABLE N (%)
Sexe

Prédominance de délinquants de sexe masculin

141 (78%)

Mixte

  33 (18%)

Prédominance de délinquantes

     6 (3%)

Antécédents criminels

Prédominance de délinquants primaires

24 (19%)

Mixte

77 (60%)

Prédominance de récidivistes

27 (21%)

Types d'infractions

Prédominance d'infractions contre les biens

  9 (9%)

Mixtes

81 (80%)

Prédominance d'infractions avec violence

  7 (7%)

Prédominance d'infractions sexuelles

  4 (4%)

Nota : les fréquences ne totalisent pas 154 dans la plupart des cas en raison de données manquantes.
Nota : les pourcentages ne totalisent pas toujours 100 % en raison d'arrondissement.

3.4         Caractéristiques des programmes

Comme l'indique le tableau 3.4, le programme « type » examiné dans le cadre de cette méta-analyse présentait les caractéristiques suivantes : traitement en groupe; communautaire; axé sur l'acquisition d'aptitudes sociales et sur le bien-être mental général. La durée du programme variait de une seule journée à 896 jours, la valeur médiane étant de 112 jours. Pour obtenir une idée plus précise de l'exposition au traitement, nous avons codé le nombre d'heures de participation directe au programme, qui variait de une heure à 1800 heures, la valeur médiane étant de 27 d'heures.

Tableau 3.4 caractéristiques des programmes (N=195)  
VARIABLE N (%) VARIABLE    N (%)
Type d'intervention Cibles de traitement

En groupe

50 (21%)

    Aptitudes sociales

103 (53%)

Pénitentiaire/résidentielle

22 (11%)

    Bien-être mental

  97 (50%)

Individuelle

21 (10%)

    Questions familiales

  82 (42%)

Diversifiée

19 (10%)

    Éducation

  76 (39%)

Surveillance intensive

19 (10%)

    Aptitudes cognitives

  74 (38%)

Justice réparatrice

19 (10%)

    Aptitudes à l'emploi

  49 (25%)

Mixte/Inconnue

17 (8%)

    Toxicomanie

  34 (17%)

Axée sur la famille

13 (6%)

    Fonctionnement dans la collectivité

  33 (17%)

Programme de plein-air

  9 (3%)

    Fréquentations antisociales

  32 (16%)

Camp de style militaire

  6 (3%)

    Loisirs

  31 (16%)

    Maîtrise de la colère

  25 (13%)  

Milieu     Attitudes antisociales

  23 (12%)

    Dans la collectivité

149 (76%)

    Prévention des rechutes

  23 (12%)

    En établissement

  46 (24%)

Des recherches effectuées récemment démontrent que l'intégrité du programme - c'est-à-dire le fait de préparer un guide du programme, d'assurer la formation et l'encadrement du personnel, et de veiller à l'observation des instructions énoncées dans le guide - est un ingrédient clé de la réussite du traitement (Andrews et Dowden, en cours d'examen). Le tableau 3.5 indique que l'immense majorité des programmes de traitement ne remplissent pas ces exigences en matière d'intégrité. En fait, seules 11 des 195 études retenues font état de l'existence d'un guide du programme, de la formation et de l'encadrement du personnel, et de la surveillance de la conformité.

Tableau 3.5 indicateurs de l'intégrité du programme (N=195)  
VARIABLE N (%) VARIABLE N (%)
Guide du programme Encadrement du personnel

Disponible

  29 (15%)

Assuré

  43 (22%)

Non indiqué

166 (85%)

Non indiqué

152 (78%)

Formation du personnel Conformité au programme

Assurée

  90 (46%)

Surveillée

  30 (15%)

Non indiqué

105 (54%)

Non indiqué

165 (85%)

Les chercheurs commencent à examiner les effets de la contribution au traitement d'autres parties comme la victime et la collectivité, particulièrement dans les études sur la justice réparatrice. Le tableau 3.6 indique que la plupart des programmes examinés dans le cadre de cette méta-analyse ne mettent pas à contribution d'autres parties, si ce n'est la famille dans 45 % des cas.

Tableau 3.6  contribution au traitement d'autres parties (N=195)
VARIABLE
  Contribution de la victime
N (%)
Contribution de la famille
N (%)
Contribution de la collectivité
N (%)

Importante

            20 (10%)

           43 (22%)

             10 (5%)

Limitée

             3 (2%)

           45 (23%)

             15 (8%)

Inexistante

         172 (88%)

         107 (55%)

           170 (87%)

3.5         Récidive

Dans 176 des 195 programmes étudiés dans le cadre de cette méta-analyse, l'efficacité du traitement relativement à la réduction de la récidive était directement mesurée. L'effet global moyen est évalué à + 0,09, avec un intervalle de confiance à 95 % de + 0,06 à + 0,12. Ce résultat peut se traduire par l'énoncé suivant :

Il y avait un écart de 9 % entre les groupes étudiés et les groupes témoins relativement au taux de récidive.

Il convient de noter que cette baisse du taux de récidive résulte de l'exposition à un traitement, quelle qu'en soit la forme et la pertinence. En outre, cet écart de 9 équivaut théoriquement à une baisse de plus de 1 300 du nombre de récidivistes. Ce chiffre est comparable à ceux indiqués dans Lipsey (1995), et Dowden et Andrews (1999), qui signalent une baisse de 10 % de la récidive chez les adolescents. La figure 3.1 présente une illustration graphique de la répartition de l'ampleur de l'effet.

Figure 3.1 Répartition de l'ampleur de l'effet (Récidive)

En général, les interventions non conventionnelles auprès des jeunes contrevenants (c'est-à-dire autres que l'imposition d'une amende, d'une ordonnance de probation ou de garde) semblent effectivement entraîner une baisse du risque de récidive. L'ampleur de l'effet, toutefois, varie considérablement, soit de - 0,44 à + 0,65, l'écart type étant de 0,20. C'est pourquoi nous avons examiné de nombreuses variables modératrices possibles susceptibles d'expliquer un tel écart.

3.5.1      Forme d'intervention

Nous avons commencé par explorer la forme d'intervention en tant que telle. Le tableau 3.7 démontre que les programmes diversifiés, axés sur le counseling individuel, collectif et familial, ainsi que les programmes axés sur la famille sont les plus efficaces pour ce qui est de faire baisser la récidive chez les jeunes, suivi des programmes axés sur l'individu et des programmes pénitentiaires/résidentiels. Les programmes de plein-air   et les camps de style militaire, qui sont souvent qualifiés de punitifs, ont une incidence négative sur l'efficacité du traitement en ce sens que le taux de récidive est plus élevé chez les jeunes qui ont participé à ce genre de programme que dans les groupes témoins.

Tableau 3.7 ampleur de l'effet par type d'intervention (N=176)
Type d'intervention AE moyenne
Diversifiée(k=19)

+ 0,16

Axée sur la famille (k=12)

+ 0,16

Axée sur l'individu (k=20)

+ 0,13

Pénitentiaire/résidentielle (k=22)

+ 0,13

Justice réparatrice (k=17)

+ 0,11

Surveillance intensive (k=19)

+ 0,08

Axée sur le groupe (k=40)

+ 0,05

Mixte/Inconnue (k=16)

+ 0,04

Camp de style militaire (k=5)

- 0,07

Programme de plein-air (k=6)

- 0,09

3.5.2      Cibles de traitement

Nous avons ensuite exploré les cibles de traitement, c'est-à-dire les domaines d'intervention visés comme les problèmes familiaux, la toxicomanie et la maîtrise de la colère. Compte tenu de leurs effets négatifs, les camps de style militaire et les programmes de plein-air ont été exclus de l'analyse. Le tableau 3.8 montre les cibles de traitement dans le cadre de programmes ayant des effets bénéfiques. Les cibles de traitement « encourageantes » et « moins encourageantes » se traduisent par des effets appréciables sur la récidive (soit une baisse de 4 % ou plus du taux de récidive chez les sujets traités par rapport au groupe témoin) tandis que les cibles de traitement « ambiguës » n'ont pas d'effets significatifs.

Tableau 3.8  ampleur de l'effet par cible de traitement (N=165)
Cible de traitement AE moyenne
Encourageante

Ciblé

Non ciblé

Maîtrise de la colère (k=20)

+ 0,20

+ 0,09

Attitudes antisociales (k=15)

+ 0,15

+ 0,10

Aptitude aux études (k=67)

+ 0,13

+ 0,08

Aptitudes cognitives (k=57)

+ 0,13

+ 0,09

Aptitudes sociales (k=87)

+ 0,12

+ 0,08

Fréquentations antisociales (k=31)

+ 0,12

+ 0,10

Prévention des rechutes (k=16)

+ 0,12

+ 0,10

Aptitudes à l'emploi (k=44)

+ 0,11

+ 0,10

Fonctionnement dans la collectivité(k=31)

+ 0,10

+ 0,10

Problèmes familiaux (k=76)

+ 0,09

+ 0,11

Moins encourageante

Bien-être mental (k=79)

+ 0,08

+ 0,12

Loisirs (k=27)

+ 0,07

+ 0,11

Toxicomanie (k=27)

+ 0,06

+ 0,11

En général, les programmes axés sur la maîtrise de la colère, l'aptitude aux études, les attitudes antisociales, les aptitudes cognitives et les aptitudes sociales donnent des résultats encourageants relativement à la réduction de la récidive comparativement aux programmes qui ne sont pas ciblés sur ces besoins. En revanche, les programmes axés sur le bien-être mental, les loisirs et la toxicomanie donnent des résultats peu encourageants (hausse de la récidive comparativement aux programmes qui ne sont pas ciblés sur ces besoins particuliers).

On a codé en besoins plus précis les cibles de traitement « Rapports familiaux », « Aptitude aux études » et « Aptitudes à l'emploi » afin de se faire une idée plus précise de leur incidence sur la récidive. Le tableau 3.9 présente les résultats ainsi obtenus. Les programmes axés sur la communication et la chaleur humaine au sein de la famille, et sur les compétences parentales requises pour bien encadrer les enfants donnent des résultats encourageants pour la réduction de la récidive, tandis que la thérapie familiale générale et les besoins familiaux non spécifiques donnent des résultats moins encourageants. Les programmes axés sur l'apprentissage d'un métier (comme mécanicien d'automobile) donnent des résultats très encourageants comparativement aux programmes axés sur les aptitudes générales à l'emploi (rédaction de curriculum vitae, p. ex.) ou sur des besoins non spécifiques en matière d'emploi. Enfin, le fait d'obtenir la contribution directe des éducateurs (enseignants, directeurs d'école, conseillers d'orientation) au programme de traitement, et de cibler la fréquentation et la performance scolaires donnent des résultats encourageants pour la réduction de la récidive, tandis que les programmes axés sur des besoins non spécifiques en matière d'études donnent des résultats ambigus.

Tableau 3.9  ampleur de l'effet par besoins ciblés (N=165)
Cible de traitement AE moyenne
Rapports familiaux

Ciblé

Non ciblé

Communication/chaleur humaine* (k=18)

+ 0,20

+ 0,09

Encadrement parental (k=20)

+ 0,14

+ 0,09

Thérapie familiale générale (k=51)

+ 0,07

+ 0,11

Besoins non spécifiques (k=6)

+ 0,03

+ 0,10

Aptitudes à l'emploi

Apprentissage d'un métier (k=9)

+ 0,20

+ 0,09

Aptitudes générales à l'emploi (k=35)

+ 0,13

+ 0,09

Besoins non spécifiques (k=7)

+ 0,01

+ 0,10

Aptitude aux études

Contribution directe du système (k=7)

+ 0,20

+ 0,10

Performance scolaire* (k=35)

+ 0,17

+ 0,08

Fréquentation scolaire (k=18)

+ 0,15

+ 0,09

Besoins non spécifiques (k=21)

+ 0,12

+ 0,10

                      * p < 0,05

3.5.3      Durée et intensité du traitement

L'exposition au traitement (le nombre d'heures de traitement direct) et la durée (le nombre total de jours de traitement) ont une incidence significative sur la réussite globale des programmes positifs. Premièrement, la durée du traitement est inversement proportionnelle à son efficacité : l'effet moyen est de + 0,11 (k=67) dans le cas des programmes d'une durée de moins de six mois, et de + 0,05 (k=25) dans le cas des programmes de plus de six mois. Deuxièmement, les programmes à exposition limitée (20 heures de traitement ou moins) sont bien plus bénéfiques que les programmes à intensité plus élevée (plus de 100 heures de traitement ) : l'effet est en moyenne de + 0,11 (k=25) pour les premiers, et de + 0,01 (k=11) pour les seconds. L'effet est en moyenne de + 0,04 (k=34) dans le cas des programmes qui se situent entre les deux (21-100 heures de traitement). Ces résultats sont en contradiction directe avec ceux de Lipsey (1995), qui avait noté que les programmes de plus de 26 semainesou de plus de 100 heures de traitementétaient plus bénéfiques.

Par ailleurs, on a examiné la corrélation entre les antécédents criminels, qui équivaut à une forme de risque (Andrews et coll., 1990; Dowden, 1998) et l'exposition au traitement, c'est-à-dire l'incidence de l'exposition au traitement sur sa réussite selon que les sujets traités sont des délinquants primaires (à faible risque) ou des récidivistes (à risque élevé). Selon les résultats présentés au tableau 3.10, un traitement à intensité plus élevée convient mieux aux délinquants à risque élevé, et un traitement à intensité moindre convient mieux aux délinquants à faible risque. Seulement 22 études fournissaient assez d'information sur le degré de risque et l'intensité de traitement, mais cette constatation corrobore les résultats de méta-analyses effectuées antérieurement dans ce domaine (Andrews et coll., 1990; Dowden et Andrews, 1999). Il importe néanmoins de ne pas dépasser la limite de six mois pour la durée de traitement, étant donné que les programmes de moins de six mois donnent de meilleurs résultats, que les clients visés soient à faible risque ou à risque élevé.

Tableau 3.10 degré de risque et durée/intensité du traitement (N=25)
Risque élevé

AE moyenne

Risque élevé

AE moyenne

Faible intensité (k=2)

+ 0,01

Courte durée (k=14)

+ 0,23

Intensité élevée (k=10)

+ 0,12

Longue durée (k=5)

-   0,01

Faible risque Faible risque
Faible intensité (k=4)

+ 0,16

Courte durée (k=11)

+ 0,20

Intensité élevée (k=6)

+ 0,11

Longue durée (k=1)

+ 0,03

3.5.4      Milieu dans lequel le traitement est administré

Des chercheurs ont démontré que le traitement est plus efficace lorsqu'il est administré dans la collectivité plutôt qu'en établissement. Les résultats de la présente méta-analyse ne corroborent pas cette constatation, en ce sens qu'ils ne révèlent aucune différence significative relativement au taux de récidive selon que les délinquants sont traités dans la collectivité (AE = + 0,10, k=126) ou en établissement (AE = + 0,10, k=39). Il semble que les besoins ciblés et la forme d'intervention aient plus d'incidence que le milieu dans lequel le traitement est administré.

3.5.5      Intégrité du programme

Rappelons que l'intégrité du programme est considérée comme étant un ingrédient clé de sa réussite, comme le confirment les résultats de la présente méta-analyse . On a évalué les études en fonction du nombre de principes observés en matière d'intégrité de programme. Comme le montre le tableau 3.11, l'effet moyen est plus important dans le cas des programmes conformes aux quatre principes relatifs à l'intégrité (formation et encadrement du personnel, production d'un guide, mesure de la conformité au programme) que dans celui des programmes qui ne tiennent pas compte de ces principes.

Tableau 3.11
ampleur de l'effet selon l'observation des principes d'intégrité (N=165)
Principes respectés relativement à l'intégrité de programme

AE moyenne

Aucun ou un seul(k= 115)

+ 0,09

Deux ou trois (k=39)

+ 0,12

Les quatre (k=11)

+ 0,15

3.5.6      Âge des participants

En général, les programmes qui traitent principalement des adolescents de moins de 16 ans sont associés à une baisse plus marquée de la récidive. L'effet moyen est de + 0,13 (k=76) dans le cas des programmes qui s'adressent à des adolescents âgés de 12 ans à 15 ans, et de + .07 (k=69) dans celui des programmes pour les adolescents de 16 ans et 17 ans. Selon des études effectuées antérieurement sur l'efficacité du traitement chez les jeunes délinquants, les participants plus jeunes seraient plus réceptifs au traitement que les plus âgés (Dowden, 1998; Latimer, 2001). Les résultats de la présente méta-analyse vont dans le même sens.

3.5.7      Autres variables démographiques modératrices

Plusieurs autres variables pourraient justifier l'écart constaté relativement à l'ampleur de l'effet, comme le sexe, le niveau d'études, les conditions de vie familiale, les antécédents criminels ou le type d'infraction commise. Aucune de ces variables, toutefois, n'explique la gamme des valeurs enregistrées dans la présente méta-analyse relativement à l'ampleur de l'effet (soit une variation de 4 % des taux de récidive).

3.5.8      Autres participants au programme

Les programmes dans lesquels la famille apporte une contribution significative directe au traitement ont un effet moyen plus marqué que ceux qui ne font pas du tout appel à la famille : l'effet moyen est de + 0,13 (k=42) pour les premiers, et de + 0,08 (k=85) pour les seconds, tandis que l'effet moyen est de + 0,11 (k=38) dans le cas des programmes où la famille joue un rôle modeste. En raison du nombre limité d'études fournissant de l'information à cet égard, nous avons regroupé les programmes prévoyant une contribution importante ou limitée de la collectivité, pour constater qu'ils ont un effet plus marqué sur la réduction de la récidive que les autres, soit + 0,17 (k=19) contre + 0,09 (k=142). Le fait de faire participer la victime au processus de traitement n'a pas d'effet significatif sur la récidive, soit + 0,11 (k=20) contre + 0,10 (k=145).

3.6         Autres résultats de traitement

Nous avons jugé important d'examiner les résultats de traitement dans d'autres domaines, comme la performance scolaire et les rapports familiaux, mais le nombre total d'études répondant aux critères de sélection qui fournissaient des données sur ce point était trop minime pour ce faire. Les effets globaux du traitement sont décrits dans les sections qui suivent, mais nous voulions également dissocier les données pour dégager les caractéristiques uniques des programme liées à leur succès.

3.6.1      Fréquentation/performance scolaires

Il est tout à fait louable d'encourager les jeunes à poursuivre leurs études et à améliorer leurs résultats scolaires, non seulement pour réduire le risque de récidive, mais également pour augmenter leurs chances de réussir dans la vie. Au total, 28 études mesuraient l'efficacité de traitement sur le chapitre de la fréquentation et de la performance scolaires. L'effet moyen enregistré était de + 0,09 (ET = 0,26) avec un intervalle de confiance de - 0,01 à + 0,19. Comme l'intervalle de confiance englobe zéro, cela modère notre confiance relativement à un effet observable du traitement. En outre, l'ampleur de l'effet varie de - 0,79 à + 0,61 (ET =0,26), ce qui est considérable.

3.6.2      Bien-être mental

Le traitement axé sur le bien-être mental n'a pas beaucoup d'effet sur la récidive, mais il a des effets bénéfiques sur la santé mentale des jeunes en général. Au total, 26 études de programme mesurent directement l'effet du traitement sur des variables comme l'estime de soi, la dépression et l'anxiété. L'effet enregistré varie entre - 0,19 et + 0,99, l'effet moyen étant de + 0,24 (N=26). L'intervalle de confiance à 95 % était de + 0,14 à + 0,35, ce qui démontre l'effet bénéfique du traitement.

3.6.3      Toxicomanie

Le traitement de la toxicomanie est depuis longtemps un volet important du traitement correctionnel, étant donné qu'il existe une corrélation élevée entre l'abus de drogue et d'alcool et le comportement délinquant. Les résultats de notre analyse de la récidive, toutefois, démontrent que les résultats de traitement sont moins encourageants en la matière. Selon les 11 études mesurant l'efficacité du programme relativement à la réduction de la toxicomanie, le traitement est effectivement plutôt bénéfique (AE = + 0,15). L'effet varie de zéro à + 0,38, avec un intervalle de confiance à 95 % de + 0,06 à + 0,26.

3.6.4      Situation d'emploi

Au total, 14 études traitent de la situation d'emploi, c'est-à-dire de l'obtention et de la conservation d'un emploi, après la participation au programme. Dans l'ensemble, le traitement est bénéfique pour ce qui est d'accroître l'employabilité des jeunes (AE = + 0,17). L'ampleur de l'effet varie de - 0,26 à + 0,80; toutefois, l'intervalle de confiance à 95 % est de -0,002 à + 0,34. Comme cet intervalle englobe zéro, notre confiance dans ces résultats s'en trouve un peu atténuée. Fait intéressant à noter, la situation d'emploi est directement liée à la récidive. On a fait une analyse multivariables à l'aide de tous les résultats en matière d'emploi pour constater que la seule corrélation significative existe entre l'amélioration de la situation d'emploi et la baisse de la récidive (r = 0,87, p < 0,001). Autrement dit, le fait d'obtenir et de conserver un emploi a une incidence très marquée sur la réduction de la probabilité de comportement criminel.

3.6.5      Fréquentations antisociales

L'une des corrélations les plus marquées qui existent est entre la délinquance et les fréquentations antisociales. Six études traitent de l'incidence bénéfique de la réduction des fréquentations antisociales, à commencer par la fréquentation des gangs de criminels. L'effet moyen enregistré est de + 0,07, l'écart étant de - 0,31 à + 0,63. L'intervalle de confiance à 95 % est de - 0,26 à + 0,39; toutefois, conjugué au petit nombre de valeurs obtenues sur l'ampleur de l'effet, cela réduit la confiance relativement à l'effet bénéfique du traitement à cet égard.

3.6.6      Attitudes antisociales

Les résultats du traitement sur le chapitre des attitudes antisociales sont jugés « plus encourageants » pour ce qui est de réduire la récidive, d'où leur importance. Selon les 12 études qui mesurent les changements survenus dans les attitudes antisociales, l'effet moyen enregistré est de + 0,12, ce qui signifie que le traitement est plutôt efficace pour ce qui est d'atténuer les attitudes antisociales et d'améliorer le respect envers l'autorité et les institutions du système de justice pénale. L'écart va de - 0,12 à + 0,54 avec un intervalle de confiance à 95 % de zéro à + 0,24. Comme la réduction des attitudes antisociales est jugée encourageante pour ce qui est de réduire la récidive, il convient d'explorer plus avant les interventions efficaces dans ce domaine.

3.6.7      Maîtrise de la colère

La maîtrise de la colère est la cible de traitement la plus encourageante pour ce qui est de réduire la récidive. Les dix études répondant à nos critères de sélection qui mesurent les progrès accomplis dans ce domaine donnent un effet moyen de + 0,26, le plus élevé enregistré dans la présente méta-analyse. L'ampleur de l'effet va de - 0,18 à + 0,91 avec un intervalle de confiance à 95 % de + 0,05 à + 0,96. Comme il existe une corrélation entre les stratégies de maîtrise de la colère et la réduction du risque de comportement criminel, il importe d'approfondir les recherches pour mieux cerner les interventions les plus efficaces dans ce domaine.

3.6.8      Aptitudes sociales

Les aptitudes sociales - comme la sociabilité, la capacité de dialoguer et l'aptitude au travail en équipe - sont jugées importantes pour le développement des adolescents. Les 14 études de programme qui mesurent les améliorations dans ce domaine donnent un effet moyen de + 0,18, avec un intervalle de confiance à 95 % de + 0,01 à + 0,34, l'ampleur de l'effet allant de - 0,17 à + 0,73. Cet écart important met en évidence la nécessité d'approfondir les recherches au sujet des ingrédients clés de la réussite de programmes de traitement dans ce domaine.

3.6.9      Aptitudes cognitives

Seules six études évaluent la mesure dans laquelle le traitement améliore les aptitudes cognitives, notamment en matière de résolution de problèmes et de fixation d'objectifs. Les résultats ne sont pas très fiables. L'effet moyen enregistré est de + 0,22, l'ampleur de l'effet variant de + 0,03 à + 0,76 (le seul résultat avec tous les effets bénéfiques). Toutefois, l'intervalle de confiance à 95 % de - 0,07 à + 0,51 atténue notre confiance relativement à cet effet moyen de + 0,22.

3.6.10 Rapports familiaux

Les rapports familiaux sont jugés importants pour la réduction de la récidive chez les adolescents ayant des démêlés avec la justice. Au total, 19 études examinent l'effet direct du traitement sur les rapports familiaux. L'effet moyen enregistré est de + 0,15, avec un écart allant de - 0,06 à +0,60 et un intervalle de confiance à 95 % de + 0,06 à + 0,23. Ces résultats démontrent l'effet bénéfique du traitement sur la communication au sein des familles et sur la compétence parentale en matière d'encadrement des enfants.

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