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Impacts et adaptation liés aux changement climatique : perspective canadienne
Adaptation

Agriculture Table des matières Adaptation du secteur agricole au changement climatique Effets sur l'agriculture Travaux antérieurs Introduction Références Conclusion Lacunes des connaissances et besoins en recherche

"Par le passé, le secteur agricole a montré une énorme capacité d'ajustement aux stimuli sociaux et environnementaux, qui ressemblent aux stimuli climatiques." (10)

Pour mesurer la vulnérabilité de l'agriculture au changement climatique, il faut prendre en compte le rôle de l'adaptation. Des mesures d'adaptation appropriées peuvent réduire fortement l'ampleur des répercussions du changement climatique (voir l'encadré 4). Dans l'évaluation des mesures d'adaptation possibles, il faut considérer les six grandes questions suivantes : (28,55,58,59)

  • À quelles variables climatiques l'agriculture est-elle le plus sensible?
  • Qui doit s'adapter (les producteurs, les consommateurs, l'industrie)?
  • Quelles sont les mesures d'adaptation qui valent la peine d'être considérées ou mises en place?
  • Quelle est la probabilité que la mesure d'adaptation soit mise en place?
  • Qui prendra en charge les frais financiers?
  • Quels effets aura l'adaptation sur la culture et les moyens de subsistance?

Il est également important de comprendre comment l'adaptation au changement climatique s'inscrira dans l'ensemble du processus décisionnel.(61) Le changement climatique lui-même ne sera pas un facteur directif de l'adaptation; ce seront plutôt les changements des conditions du marché et les changements de politiques qui continueront de dicter aux producteurs la décision à prendre.

ENCADRÉ 4: Quels sont les effets de l'adaptation sur les évaluations des impacts?(60)

En intégrant directement des mesures d'adaptation dans les évaluations des impacts, on a constaté que l'incidence du changement climatique sur le rendement des cultures était négligeable dans les régions agricoles du Canada. En fait, le rendement de nombreuses cultures telles que celles du soja, de la pomme de terre et du blé d'automne augmentait dans un scénario 2 x CO2. Les mesures d'adaptation considérées dans l'étude comprenaient la fertilisation par des engrais azotés en vue de compenser les effets négatifs de l'augmentation du stress hydrique sur le blé de printemps, ainsi que l'avancement des dates de plantation de l'orge.

Mesures d'adaptation possibles

On peut classer les mesures d'adaptation possibles dans une des quatre catégories suivantes :

  • le développement technologique (p. ex., de nouvelles variétés de cultures, des innovations en gestion des eaux);
  • les programmes gouvernementaux et les assurances (p. ex., les subventions à l'agriculture, les assurances privées);
  • les pratiques de production agricole (p. ex., la diversification des cultures, l'irrigation);
  • la gestion financière agricole (p. ex., le métayage, les programmes de stabilisation du revenu).(1)

Ces mesures d'adaptation seraient mises en place par certains groupes comme les producteurs, les organismes gouvernementaux et l'industrie agroalimentaire.(1) Ces groupes ont des priorités et des intérêts différents, parfois conflictuels. Avant de déterminer quelle mesure d'adaptation encourager ou mettre en place, il faut évaluer chacune d'elles soigneusement et en profondeur (voir l'encadré 5).

ENCADRÉ 5: Évaluation des mesures d'adaptation possibles(62)

L'applicabilité et le succès des différentes mesures d'adaptation varieront fortement selon les régions et les types de fermes. Pour déterminer si une mesure d'adaptation est appropriée à une situation donnée, il faudra évaluer son efficacité, sa faisabilité économique et sa compatibilité institutionnelle. De plus, il faudra considérer les caractéristiques du producteur et de l'exploitation agricole ainsi que la nature des stimuli du changement climatique. Les contraintes économiques et politiques possibles doivent également être prises en compte.

Mais le point le plus important, c'est d'évaluer la mesure d'adaptation à adopter dans le contexte d'un processus élargi de prise de décision. Les chercheurs sont d'avis que les agriculteurs s'adapteront au changement climatique en prenant des décisions de gestion actualisées, et que c'est l'interaction des facteurs déterminants climatiques et non climatiques, plus que le changement climatique en soi, qui déterminera la mesure d'adaptation adoptée.

La recherche sur l'adaptation agricole a été principalement axée sur les pénuries d'eau. Les suggestions courantes en vue de régler les problèmes liés à l'eau comprennent l'amélioration des systèmes d'irrigation et l'ajustement des dates de plantation et des cultivars.(60,61) Par exemple, des saisons de croissance plus longues et plus chaudes auront pour effet d'avancer les dates de plantation et de récolte, de manière à éviter les conditions extrêmement arides de la fin de l'été. Pour régler les problèmes traditionnels de pénurie d'eau dans le sud de l'Alberta, on a perfectionné les canaux d'irrigation, augmenté la capacité de stockage de l'eau et amélioré la gestion de l'irrigation.(63) Ces progrès, en plus des transferts d'eau et des changements apportés aux programmes d'assurance-récolte, sont des stratégies d'adaptation souvent suggérées pour composer avec les futurs changements de climat.

Les mesures de conservation de l'eau constituent un autre important mécanisme d'adaptation pour l'agriculture. Par exemple, grâce à la gestion de la neige, on pourrait augmenter les quantités d'eau stockées,(64) et l'entretien de l'équipement pourrait contribuer à réduire le gaspillage d'eau.(62) Les producteurs en régime d'aridoculture dans des régions qui connaissent une sécheresse chronique devront peut-être recourir à la jachère, mais ils auront intérêt à utiliser des techniques de travail minimal du sol et de jachère chimique, qui offrent des avantages certains par rapport à la mise en jachère du sol travaillé en ce qui a trait à l'érosion et à la rétention du carbone organique dans le sol.(65)

Les nouvelles espèces et les espèces hybrides pourraient occuper une place privilégiée dans l'adaptation du secteur agricole. Parmi les mesures d'adaptation fréquemment recommandées, on trouve la recherche de nouvelles variétés de cultures résistant à la chaleur et à la sécheresse. L'amélioration de l'adaptabilité des espèces agricoles au climat et aux parasites constitue un élément important de la recherche menée par les organismes fédéraux, provinciaux, universitaires et industriels.(3) On étudie également le rôle potentiel de la biotechnologie et de l'édaphon dans l'amélioration de la résilience des sols et des plantes.(3)

Dans l'est du Canada, le secteur des vergers devrait bénéficier de l'introduction de nouveaux cultivars et de nouvelles espèces(19) et, dans le sud du bassin de l'Okanagan, une saison de croissance prolongée permettrait de cultiver de nouvelles variétés de fruits.(17) Dans les provinces de l'Atlantique, les chercheurs prévoient une plus forte dominance du maïs et du soja, et l'introduction d'hybrides de maïs couramment utilisés dans le sud de l'Ontario, en vue de tirer profit des températures plus chaudes (voir l'encadré 6).

ENCADRÉ 6: L'adaptation dans les provinces de l'Atlantique(13)

Les saisons de croissance devraient être plus longues et plus chaudes dans les provinces de l'Atlantique (voir la figure ci-dessous). Pour tirer profit de ces nouvelles conditions, les producteurs ajusteront probablement le choix de leurs cultures et introduiront de nouveaux hybrides. Par exemple, on développera les cultures du maïs et du soja, qui domineront, tandis qu'on réduira la culture des petites céréales. Les producteurs devront également se préparer à introduire de nouveaux hybrides de maïs, tels que ceux qu'on utilise actuellement dans le sud de l'Ontario, qui sont adaptés aux conditions plus chaudes.

Mais le réchauffement des températures n'est pas le seul paramètre de la prise de décision concernant les cultures. Les chercheurs soulignent que la culture des petites céréales ne sera probablement pas abandonnée, car celles-ci sont utiles dans la rotation des cultures avec les pommes de terre et elles fournissent de la paille de liture. Les autres facteurs à considérer sont les coûts de production, les niveaux de protéines et le rendement financier des différentes cultures, ainsi que l'adéquation du sol, les conditions d'humidité et l'influence du type de culture sur l'érosion du sol.

Projection des nombres de degrés-jour de croissance (DJC) au-dessus de 5 °C (utilise le MCGA1 du Centre canadien de la modélisation et de l'analyse climatique, avec des aérosols)
Projection des nombres de degrés-jour de croissance (DJC) au-dessus de 5 °C (utilise le MCGA1 du Centre canadien de la modélisation et de l'analyse climatique, avec des aérosols)
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On est généralement optimiste quant à la capacité des exploitations d'élevage de s'adapter à des températures plus chaudes. La distribution géographique étendue du bétail atteste son adaptabilité à différents climats.(24) Parmi les mesures d'adaptation simples à des températures plus chaudes, citons l'ajustement de l'ombrage et l'air climatisé,(24) ainsi que l'utilisation de gicleurs pour refroidir le bétail en cas de chaleur estivale excessive,(57) bien que ces stratégies risquent d'entraîner des dépenses considérables.

L'adaptation aux variations de l'humidité disponible et l'adaptation aux conditions extrêmes seront plus problématiques. Dans le secteur de l'élevage bovin, on a analysé des mesures qui consistent à avancer la date de mise en pacage du bétail, à augmenter le pacage intensif au début de la saison et à prolonger la saison de pâturage.(66) Le succès de ces mesures variera probablement en fonction de l'emplacement et du type de pâturage. L'introduction de nouvelles races ou espèces pourrait également jouer un rôle important dans la réduction des effets du changement climatique sur le bétail.(24) Il faut noter qu'aucune de ces mesures ne devrait atténuer efficacement les répercussions de phénomènes extrêmes semblables à la sécheresse qui a sévi dans les Prairies en 2002 et qui a forcé certains grands éleveurs à vendre une partie de leur bétail.

De saines pratiques de gestion sont essentielles à la conservation des sols et, si en plus elles sont suffisamment souples, elles contribueront à réduire au minimum les répercussions du changement climatique sur les sols agricoles.(67) Les stratégies de gestion à long terme qui visent à augmenter la matière organique du sol pour que celui-ci ait une concentration élevée en éléments nutritifs et une forte capacité de rétention d'eau, rendront le sol plus apte à supporter les futurs changements de climat.(68)

Politiques agricoles

"La capacité des agriculteurs à s'adapter... dépendra des signaux du marché et des institutions, qui seront probablement partiellement influencés par le changement climatique." (22)

Les politiques et les programmes gouvernementaux tels que les crédits d'impôt, le soutien à la recherche, la réglementation commerciale et les règlements sur l'assurance-récolte influeront fortement sur les pratiques agricoles.(55) Par exemple, la récente réforme de la Loi sur le transport du grain dans l'Ouest a contribué à augmenter la diversification des cultures dans les Prairies.(69) Les programmes et les politiques peuvent soit favoriser, soit freiner l'adaptation au changement climatique.(58) Ainsi, des chercheurs pensent que l'assurance-récolte risque de réduire la propension des agriculteurs à s'adapter.(70)

Certains trouvent que, dans les politiques destinées à encourager l'adaptation au changement climatique dans le secteur agricole, on devrait tenir compte de la nature dynamique des systèmes biophysiques et sociaux dans l'agriculture.(25) Il est également nécessaire de désigner des responsables de l'exécution des mesures décidées, car l'adaptation se fait à différents niveaux.(55) Un des objectifs généraux de l'élaboration des politiques devrait être d'assouplir les systèmes agricoles et d'éliminer les dispositions qui freinent l'adaptation au changement climatique.(25,71) Il faut également encourager les mesures solides, qui améliorent le rendement et la pérennité du secteur agricole, quels que soient les effets du changement climatique.(25)

Attitude des producteurs à l'égard de l'adaptation

Les producteurs agricoles ont montré qu'ils étaient capables de s'adapter aux changements de climat et à d'autres facteurs dans le passé, et ils continueront à s'adapter. Mais la question importante est de savoir si l'adaptation de l'agriculture sera préventive ou réactive. La réponse semble dépendre en grande partie des antécédents, des attitudes et des mesures prises individuellement par les producteurs.(58)

Il ressort des entrevues de producteurs et des groupes de réflexion que, jusqu'à présent, la collectivité agricole canadienne se soucie peu du changement climatique (p. ex., références 57, 58 et 72). Cette attitude est attribuée à la confiance des producteurs en leur capacité de s'adapter aux variations des conditions climatiques et à leur tendance à se préoccuper davantage des facteurs politiques et économiques.(58,73) En fait, de nombreuses études ont montré que les décisions des producteurs sont influencées avant tout par leurs préoccupations financières et économiques. Cela ne veut pas dire qu'ils ne s'adapteront pas au changement climatique, mais cela suppose que cette adaptation sera secondaire par rapport à leur ajustement à d'autres problèmes, et qu'il faut la considérer comme un des éléments d'une stratégie globale de gestion du risque.(73)

Il se peut également que des événements comme la sécheresse de 2001 modifient l'attitude des producteurs à l'égard du changement climatique, en particulier s'ils les considèrent comme un avant-goût de ce que l'avenir leur réserve. Les sécheresses pluriannuelles mettent sérieusement à contribution la capacité d'adaptation du secteur agricole. Dans les ateliers qui se tiennent un peu partout dans les Prairies, il est actuellement de règle d'inclure le changement climatique dans les questions importantes et de reconnaître qu'il est temps de prendre des mesures dans ce domaine.(74)

Conséquences socio-économiques de l'adaptation

Si d'autres pays prennent des mesures pour faire face au changement climatique, le Canada devra lui aussi s'adapter s'il ne veut pas se retrouver dans une position concurrentielle désavantageuse.(55) De plus, en réussissant l'adaptation préventive de l'industrie agroalimentaire, le Canada fournirait un avantage concurrentiel aux producteurs canadiens. Mais avant de favoriser certaines mesures d'adaptation, il est nécessaire de considérer l'éventail complet de leurs effets socio-économiques. Par exemple, le passage d'une culture à une autre, qui devrait normalement augmenter la production agricole globale, ne représente pas nécessairement une solution viable sur le plan économique, en raison des problèmes de commercialisation ou des coûts d'investissement et d'exploitation plus élevés qu'il entraîne.(25) Comme plus de 98 p. 100 des fermes canadiennes sont des exploitations familiales,(5) il faut également considérer les répercussions qu'auraient ces mesures d'adaptation au changement climatique sur la culture familiale et les moyens de subsistance des agriculteurs.

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