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Impacts et adaptation liés aux changement climatique : perspective canadienne
Adaptation

Foresterie Table des matières Conclusion Lacunes sur le plan des connaissances Adaptation Impacts Travaux antérieurs Introduction Références

"De nombreuses activités d'aménagement forestier liées à l'adaptation au changement climatique font déjà partie de nos activités courantes. Dans le contexte du changement climatique, c'est la localisation de ces problèmes et leur intensité qui changeront et mettront à contribution la capacité du secteur à s'adapter." (92)

Les espèces d'arbres réagiront individuellement au changement climatique par la migration ou par des changements physiologiques, mais l'adaptation du secteur forestier prendra bien des formes. Certains gestionnaires préféreront voir venir, réagissant aux changements au fur et à mesure qu'ils se présenteront, mais il faudra se concentrer sur l'adaptation planifiée, qui consiste à prévoir les changements et à adapter en conséquence les pratiques forestières (p. ex., sylviculture et récolte).

L'adaptation préventive tient compte du changement climatique dans le processus de planification. Elle est particulièrement importante dans le cas de longues phases de rotation des cultures,(93) car les espèces sélectionnées aujourd'hui doivent pouvoir non seulement résister aux futurs climats, mais croître dans ces nouvelles conditions.(94) Bien que l'adaptation préventive vise à limiter les pertes dues au changement climatique, il est difficile de l'intégrer dans l'aménagement forestier car on ne sait pas quand, où et comment se produiront les changements.(95, 96) Les incertitudes concernant les futurs changements de configuration des précipitations et les conséquences qu'ils auront sur la productivité et le régime des perturbations sont particulièrement embarrassantes. Pour résoudre ce problème et encourager l'intégration du changement climatique dans la prise de décision en aménagement forestier, certains préconisent d'utiliser des modèles de simulation,(93) tandis que d'autres proposent l'intensification de la communication entre les chercheurs et les gestionnaires forestiers (voir l'encadré 3).

ENCADRÉ 3: Promouvoir l'adaptation dans l'industrie forestière(97)

Les entrevues et les ateliers auxquels ont assisté des représentants du secteur de l'aménagement forestier ont permis de découvrir des moyens de faciliter l'adaptation au changement climatique. Les principales conclusions de ces réunions sont les suivantes :

  • Il faut obtenir plus d'informations scientifiques sur les impacts du changement climatique.
  • Les échelons - dans l'espace et dans le temps - auxquels on présente les résultats de la recherche doivent être utiles à la planification de la gestion forestière.
  • Il est nécessaire de créer des mécanismes de communication pour pouvoir transmettre les informations sur le changement climatique.
  • Les gestionnaires forestiers doivent participer à la détermination des mesures d'adaptation.

Le message clair qui se dégage de ces réunions porte sur l'urgent besoin d'améliorer la communication entre la communauté scientifique et la communauté chargée de l'aménagement forestier. Cette amélioration est cruciale si l'on veut faciliter l'élaboration de stratégies d'adaptation efficaces.

L'aménagement des forêts a beaucoup d'influence sur la croissance, la santé et la composition de celles-ci.(98) On considère généralement que les forêts qui sont aménagées sont moins vulnérables aux impacts du changement climatique que les autres en raison de leur possibilité d'adaptation.(5) De plus, les forêts aménagées ont des caractéristiques qui les rendent plus aptes à résister aux perturbations. Par exemple, pendant la tempête de verglas de 1998, les arbres fruitiers des vergers aménagés avec soin ont subi beaucoup moins de dommages que les forêts moins structurées d'érables à sucre.(78) Les activités d'aménagement, telles que les coupes de récupération subséquentes, peuvent aussi réduire l'importance des dommages à long terme causés par des perturbations comme les tempêtes de verglas.(99)

Le maintien de la santé et de la biodiversité des forêts constitue un mécanisme d'adaptation important, basé sur les initiatives existantes de gestion durable des forêts telles que celles énumérées dans le tableau 4. Les critères de la gestion durable des forêts, qui sont précisés dans le Processus de Montréal de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, comprennent la conservation de la biodiversité, le maintien de la productivité des forêts, la sauvegarde de la santé des écosystèmes forestiers et la conservation des ressources en sols et en eau.(100) Dans l'ensemble, les forêts aménagées en fonction de ces critères seraient moins vulnérables aux perturbations et, par conséquent, plus résilientes au changement climatique. Par exemple, on a remarqué que, après avoir subi des perturbations causées par les insectes, les peuplements en bonne santé récupéraient mieux et plus rapidement que les peuplements soumis au stress,(72) et que le maintien de la biodiversité et de l'intégrité forestière favorisait la migration des espèces.(43)

Tableau 4 : Initiatives de gestion durable des forêts

Programme ou initiative Objet
Stratégie nationale sur les forêts du Canada Présenter une stratégie de gestion durable des forêts à l'échelle nationale
Système de certification forestière de l'Association canadienne de normalisation Évaluer l'application des pratiques de gestion durable des forêts par les entreprises et les organismes gouvernementaux
Entente sur la mise en valeur des ressources forestières Engager les entreprises à se conformer aux ententes attribuant des volumes et des responsabilités de gestion forestière (p. ex., replantation, protection des habitats)

Il est possible d'intégrer efficacement l'adaptation au changement climatique dans l'aménagement durable des forêts, et cela permettra de mesurer les impacts potentiels du changement climatique et des processus d'adaptation à ce changement au regard des critères de durabilité énoncés précédemment, de la même manière que les gestionnaires mesurent actuellement les impacts des activités de gestion telles que les calendriers de récolte et la construction des routes. Ainsi, on pourra proposer des mesures d'adaptation au changement climatique qui cadreront avec les systèmes existants de planification de l'utilisation des terrains forestiers, plutôt que de les considérer isolément.

Dans certains cas, pour favoriser la conservation de la durabilité des forêts, les gestionnaires forestiers préconi-seront la régénération des forêts, qui consiste à replanter des espèces indigènes ou à introduire de nouvelles espèces, y compris des souches exotiques et hybrides. Certains ont suggéré d'utiliser la régénération assistée dans les forêts boréales méridionales de l'ouest du Canada, si les conditions de sécheresse devaient compromettre la capacité des conifères à se régénérer naturellement.(101) Dans les forêts de pin du littoral de la Colombie-Britannique, il faudra peut-être redistribuer les génotypes à travers le paysage si l'on veut maintenir la productivité des forêts à l'avenir.(6) De nombreux problèmes sont liés à l'utilisation d'espèces non indigènes, le plus important concernant les conséquences imprévisibles, comme l'infestation d'insectes ou la perte d'espèces indigènes due à de nouvelles interactions compétitives.

Les gestionnaires forestiers peuvent également aider la migration des espèces en introduisant des essences soigneusement sélectionnées dans les régions situées au-delà de leurs aires de distribution actuelles. Dans certains cas, comme celui de l'écozone de transition boréale, les forêts apporteront peut-être une solution écologiquement et économiquement viable à l'agriculture marginalement productive.(102) On pourrait installer une nouvelle couverture forestière dans cette région en procédant par la succession végétative des forêts naturelles ou en plantant des essences commerciales.(102) Tout comme la régénération assistée par l'homme, la migration assistée soulève de nombreuses questions dues en grande partie aux résultats imprévisibles.

Dans certains cas, la biotechnologie pourrait jouer un rôle important dans l'adaptation au changement climatique. Par exemple, en ajoutant ou en enlevant un gène ou plusieurs gènes à une espèce, les scientifiques pourraient créer des souches mieux adaptées à des conditions particulières telles que la sécheresse et résistant mieux à des menaces potentielles telles que la prolifération d'insectes et la propagation de maladies.(103) On peut également créer des hybrides végétaux en poursuivant les mêmes objectifs. C'est ainsi qu'on a introduit avec succès des peupliers hybrides dans l'ouest du Canada.(104)

Faire face aux perturbations

"Les pertes dues au dépérissement possible des forêts et à la modification des régimes d'inflammabilité et d'infestation par les insectes, ainsi qu'au stress de sécheresse dans certaines régions, risquent de mettre à contribution la capacité adaptative de l'industrie." (92)

L'ajustement aux changements des régimes de pertur-bations constituerait un des aspects importants de l'adaptation au changement climatique. On insiste toujours sur l'augmentation de la fréquence des perturbations, mais leur diminution nécessiterait aussi une adaptation. Ainsi, l'allongement du cycle des feux, dans l'est du Canada, augmenterait le nombre de peuplements surâgés et vieux, ce qui impliquerait l'adoption de nouvelles pratiques de gestion.(59)

Dans les endroits où la fréquence des feux augmenterait, la priorité de la protection demanderait des ajustements afin que les incendies ne s'étendent pas à de zones plus petites, de grande valeur.(62) Les résultats de travaux effectués récemment dans les Prairies permettent de conclure à l'intérêt de protéger de tels endroits en créant des « paysages intelligents » (voir l'encadré 4). D'autres mesures d'adaptation permettent aussi de faire face aux changements qui se produiront dans les régimes des feux de forêt, notamment l'intensification de la surveillance, le perfectionnement des systèmes d'alerte rapide, l'amélioration de la récupération des forêts après les perturbations causées par le feu et l'utilisation du brûlage dirigé.(105)

ENCADRÉ 4: Comment réduire l'étendue des feux au moyen de "paysages intelligents"(106)

De nombreuses études prévoient que le changement climatique entraînera une augmentation de la quantité de feux de forêt. Pour réduire les pertes causées à l'industrie forestière par le feu, Hirsch et al.(106) préconisent l'intégration de « paysages intelligents » dans la planification à long terme de l'aménagement forestier. Les paysages intelligents utilisent les activités de gestion forestière telles que la récolte, la régénération et les soins sylvicoles pour réduire l'intensité et la propagation des feux de friches ainsi que les impacts des feux. Par exemple, on peut planter des essences à faible inflammabilité (p. ex., le tremble) autour de peuplements de conifères à haute inflammabilité, de valeur commerciale élevée et à forte productivité, afin de les protéger contre la propagation des feux. Les simulations modélisées suggèrent que ce moyen de réduire le danger de feu pourrait faire diminuer considérablement l'ampleur des feux de forêt.

Étendue de trois feux simulés dans un paysage actuel, 22 heures après le début des feux.
Étendue de trois feux simulés dans un paysage actuel, 22 heures après le début des feux.

Étendue de trois feux simulés dans un paysage hypothétique où le danger de feu a été réduit par le traitement approprié, 22 heures après le début des feux. On notera que la superficie brûlée a diminué lorsqu'on a adopté l'approche de l'aménagement 'intelligent'.
Étendue de trois feux simulés dans un paysage hypothétique où le danger de feu a été réduit par le traitement approprié, 22 heures après le début des feux. On notera que la superficie brûlée a diminué lorsqu'on a adopté l'approche de l'aménagement "intelligent".

L'étude suggère qu'en plus de réduire les pertes dues aux feux de forêt, le traitement des matières combustibles pourrait augmenter la possibilité de coupe annuelle.

Certains recommandent de recourir au brûlage dirigé pour rendre les forêts moins vulnérables à la recrudescence des invasions d'insectes,(105) et on a également proposé d'utiliser d'autres méthodes dans ce but. On peut par exemple répandre des insecticides non chimiques qui réduiraient la mortalité des feuilles causée par les insectes, ce qui permettrait de ne pas devoir avancer la date de la récolte des arbres.(107) On explore une autre solution non chimique au contrôle des insectes en utilisant des baculovirus qui attaquent des espèces nuisibles particulières, comme la tordeuse des bourgeons de l'épinette, et qui permettent de mieux contrôler les espèces visées sans entraîner de conséquences fâcheuses pour les autres espèces et l'environnement.(108) Il existe encore une autre méthode pour s'attaquer à la prolifération des insectes : elle consiste à ajuster les calendriers de récolte de manière à ce que les peuplements les plus vulnérables à la défoliation par les insectes soient récoltés avant les autres.(107)

Les changements qui se produiront dans les régimes des feux de forêt à la suite du changement climatique nécessiteront l'ajustement des systèmes de gestion des feux. Le nombre croissant de feux influera sur les budgets, la dotation en personnel, les technologies utilisées, les besoins en équipement et les systèmes de surveillance et d'alerte.(105) En prévoyant ces changements et en intensifiant la coopération entre les organismes concernés, on réduira au minimum les coûts qu'ils entraîneront et on facilitera la transition.

Les études sur les impacts des phénomènes météorologiques extrêmes et sur la réaction que ces phénomènes ont suscitée de la part du secteur forestier peuvent nous aider à comprendre ces impacts et à mieux nous préparer pour l'avenir. C'est ainsi que des chercheurs examinent comment l'aménagement des terrains boisés et des plantations peut réduire la vulnérabilité aux tempêtes de verglas(79) et créent des outils de décision qui pourront aider les gestionnaires forestiers à résoudre les problèmes posés par les peuplements d'arbres endommagés.(109)

Considérations sociales, économiques et politiques

Lorsqu'on évalue les différentes mesures d'adaptation possibles, il faut considérer les implications sociales, économiques et politiques de chacune d'elles. On considère souvent le déménagement des opérations forestières comme une mesure d'adaptation appropriée à la migration des espèces, alors que plusieurs facteurs restreignent sa faisabilité. Les collectivités, plus particulièrement les Premières nations et les Métis qui sont liés à la terre par des attaches culturelles et économiques, peuvent ne pas vouloir ou ne pas pouvoir déménager. Qui plus est, le déplacement d'infrastructures industrielles et de collectivités entières pourrait s'avérer onéreux, sans garantie d'en tirer les avantages escomptés ou de préserver les liens à la terre des collectivités. De plus, des politiques et des ententes limitent la mobilité de nombreuses collectivités autochtones, ce qui compromet la viabilité de cette mesure d'adaptation.(85)

Une des composantes importantes de l'adaptation consiste à déterminer qui devra s'adapter. L'industrie forestière, les différents ordres de gouvernement, les collectivités et les personnes devront tous adapter leurs pratiques pour faire face aux impacts du changement climatique sur les forêts. Comme chaque groupe percevra à sa manière les risques du changement climatique et sa capacité d'adaptation, les réactions au phénomène seront différentes. Dans certains cas, ces perceptions divergentes engendreront des tensions entre les différents groupes et les prio-rités et mandats conflictuels créeront sans doute aussi des problèmes.

Avant d'appliquer des mesures d'adaptation, il faut considérer les impacts qu'elles risquent d'avoir sur toutes les parties intéressées. Ainsi, bien qu'il soit souhaitable d'introduire des essences commerciales exotiques ou hybrides en prévision de certains impacts du changement climatique, cette mesure ne convient pas nécessairement, du point de vue social ou éthique, à toutes les parties intéressées.

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2006-10-06Avis importants