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Impacts et adaptation liés aux changement climatique : perspective canadienne
Impacts sur la santé

Santé et bien-être humains Table des matières Introduction Travaux antérieurs Impacts sur la santé Adaptation Références Conclusion Lacunes des connaissances et besoins en matière de recherche

"Le changement climatique à l'échelle planétaire perturberait les systèmes physiques et les écosystèmes de la Terre, et ces désordres représenteraient des risques directs et indirects pour la santé humaine." (20)

Les conditions météorologiques et les phénomènes extrêmes influent grandement sur la santé et le bien-être humains. Un changement du climat modifierait les taux de mortalité et de blessure, le nombre de cas de maladies et la santé mentale. Ces effets auraient pour origine la variation de facteurs tels que les températures extrêmes, la baisse de la qualité de l'air, les maladies d'origine hydrique et les maladies transmises par des vecteurs, ainsi que les phénomènes météorologiques extrêmes; ils fluctueraient selon les régions du pays, le problème dominant n'étant pas le même partout. L'encadré 1 présente certaines des préoccupations centrales en matière de santé dans les Prairies.

ENCADRÉ 1: Questions de santé relatives au climat dans les Prairies(21, 22, 23)

Afin de compiler de l'information sur les effets potentiels du changement climatique sur la santé humaine et d'identifier les domaines de recherche prioritaires, des chercheurs des Prairies ont organisé des tables rondes, communiqué par courrier électronique et procédé à un examen de la littérature pertinente.

Ces travaux ont révélé que parmi les questions centrales pour les Prairies figurent les suivantes :

  • répercussions de la sécheresse sur le degré de stress au sein des collectivités agricoles;
  • conséquences des feux de forêt sur la qualité de l'air;
  • augmentation du risque de maladies d'origine alimentaire;
  • effets des vagues de chaleur sur les populations vulnérables;
  • contamination des eaux de surface à cause d'épisodes de fortes pluies;
  • effets des inondations et autres catastrophes sur la sécurité physique et la santé mentale.

Photo : Gracieuseté de l'Administration du rétablissement agricole des Prairies.
Photo : Gracieuseté de l'Administration du rétablissement agricole des Prairies.

Stress liés à la température

D'après les projections, le changement climatique produira des hivers plus doux et des étés plus chauds que ceux que nous connaissons. La population sera en grande partie capable de s'adapter aux modifications progressives des températures moyennes grâce au processus normal d'acclimatation. Cependant, on s'attend à ce que l'élévation de la température de l'air entraîne un accroissement de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur(16). Ces épisodes de chaleur extrême peuvent demander une adaptation physiologique dépassant les capacités de certains groupes vulnérables, par exemple les enfants en bas âge, les personnes âgées et les gens dont la santé est déjà fragile. Les vagues de chaleur ont, en général, des effets plus graves dans les villes que dans les banlieues ou les régions rurales, probablement à cause du phénomène des « îlots thermiques urbains » (voir la figure 2) et du fait que le degré de pollution atmosphérique est supérieur dans les villes(16). Certaines études laissent penser qu'une hausse du nombre de jours d'extrême chaleur (température dépassant 30 ºC) au cours du présent siècle aurait pour résultat de faire grimper la mortalité attribuable à la chaleur dans certains centres urbains des régions méridionales du Canada(24, 25). Néanmoins, il faut mentionner que l'acclimatation saisonnière ainsi que la mise en oeuvre de mesures d'adaptation appropriées, notamment l'accès à des lieux climatisés et aux soins de santé nécessaires, pourraient entraîner une réduction du nombre de décès dus à cette cause(26).

Les recherches révèlent que le moment d'apparition et les caractéristiques des vagues de chaleur peuvent influer sur la gravité de leurs effets sur la santé. À titre d'exemple, les canicules qui surviennent au début de l'été font habituellement plus de morts que celles se produisant plus tard dans la saison parce que, dans le premier cas, les gens n'ont pas encore eu le temps de s'acclimater à la chaleur(27). En outre, d'après les tendances du réchauffement observées à l'heure actuelle, la hausse des températures minimales nocturnes est plus rapide que celle des températures maximales diurnes et, d'après les modèles du climat, ces tendances se maintiendront(28).

Figure 2 : Profil d'un îlot thermique urbain.
Figure 2 : Profil d'un îlot thermique urbain.

Cela signifie que, dans le futur, pendant les vagues de chaleur, le répit accordé par le rafraîchissement nocturne sera moins important, ce qui aggravera d'autant plus le stress lié à la température(29).

En plus d'avoir une incidence sur le nombre de décès, les extrêmes de chaleur sont aussi à l'origine de divers malaises. Parmi les effets directs des chaleurs intenses figurent la fatigue, l'épuisement, la fièvre miliaire, les crampes de chaleur, l'oedème, les coups de chaleur et les insolations. Les conséquences indirectes de ces conditions extrêmes, telles que l'aggravation des problèmes de santé existants, englobent un vaste éventail de troubles des systèmes circulatoire, respiratoire et nerveux.(30) Les facteurs qui accroissent le risque de développer une maladie à cause de la chaleur sont la vieillesse, la prise de médicaments (en particulier d'anticholinergiques ou de psychotropes), l'obésité, les antécédents de lésions causées par la chaleur et les affections de la peau.(31) Les maladies liées à la chaleur représentent une sollicitation supplémentaire pour le réseau de la santé, et peuvent être coûteuses du point de vue économique.(30) Des études indiquent que, même si les effets de la chaleur sur la santé sont reflétés par les admissions à l'hôpital (voir l'encadré 2), la relation chaleur-santé peut être difficile à quantifier parce que les registres des ambulances et les registres d'admission des hôpitaux ne sont pas conçus, à l'heure actuelle, pour consigner des données à ce sujet.

Dans le Grand Nord, les étés sont plus courts et plus frais qu'aux latitudes moins élevées; les gens et la faune y sont donc habitués à des températures plus basses que celles qui prévalent dans le sud du Canada(32). Par conséquent, ce qui constitue une vague de chaleur dangereuse pour la santé dans les régions nordiques peut être ressenti différemment dans les régions situées plus au sud.

Même si les vagues de froid demeureront un problème, dans l'avenir,(33, 34) les chercheurs prévoient que la fréquence des épisodes de froid extrême diminuera, ce qui sera profitable au secteur des soins de santé. Pendant la seconde moitié du XXe siècle, au Canada, le froid extrême a fauché beaucoup plus de vies que la chaleur extrême (2 875 contre 183, respectivement, entre 1965 et 1992).(17) La baisse du nombre d'épisodes de froid extrême sera particulièrement salutaire pour les sans-abri, qui n'arrivent pas toujours à trouver un refuge leur permettant d'éviter d'être malades ou de mourir de froid.

ENCADRÉ 2: Relevé des maladies et des décès liés à la chaleur(30)

Dans cette étude, les chercheurs ont examiné les registres des consultations dans les hôpitaux dans le but de juger si ces documents permettraient de faire une évaluation des effets de la chaleur sur la santé. Ils recherchaient des correspondances entre les maladies liées à la chaleur (voir le texte pour des exemples de ces affections) et les périodes de stress causé par des températures élevées (température de l'air égale ou supérieure à 30 °C) entre 1992 et 1999.

Les chercheurs ont remarqué que l'utilité des registres en question aux fins visées était limitée. Néanmoins, la comparaison des données provenant de deux villes de l'Ontario, Ottawa et London, a permis de constater qu'Ottawa avait connu presque deux fois plus de vagues de chaleur (22 par rapport à 12 pour London) et qu'on y avait traité au-delà du double de patients pour des troubles de santé provoqués par la chaleur (117 contre 53). Les chercheurs en ont conclu que les registres médicaux pouvaient, en fait, aider à surveiller les effets de la chaleur sur la santé et à identifier les groupes vulnérables de la population dans les diverses villes et régions.

Pollution atmosphérique et affections connexes

La qualité de l'air a une incidence sur de nombreuses affections respiratoires. Au Canada, les concentrations moyennes de polluants toxiques dans l'air ont, dans l'ensemble, été ramenées à des valeurs relatives basses par rapport à ce qu'elles étaient il y a 50 ans; cependant, l'augmentation quotidienne et saisonnière du degré de pollution atmosphérique est encore suivie de très près par des pointes du nombre de personnes admises à l'hôpital pour des problèmes respiratoires ou circulatoires, et du nombre de décès attribubales à ces deux causes.(35, 36) La pollution atmosphérique est à l'origine d'affections aiguës et chroniques, par exemple des maladies pulmonaires, et est responsable d'un accroissement des dépenses de santé et du nombre de morts prématurées.(37) La qualité de l'air est spécialement préoccupante dans les régions les plus peuplées du Canada, notamment le corridor Windsor-Québec et les basses terres du Fraser, en Colombie-Britannique, où la pollution atmosphérique atteint très souvent des niveaux dangereusement élevés en été. En fait, on évalue qu'environ les deux tiers des Canadiens vivent dans des régions où le smog atteint en été des valeurs inquiétantes.(38) Les enfants et les personnes âgées souffrent particulièrement de la mauvaise qualité de l'air.(39)

Le changement climatique pourrait modifier les concentrations tant moyennes que maximales de polluants dans l'air.(24) Par exemple, on s'attend à ce que les concentrations ambiantes d'ozone au niveau du sol (un polluant qui irrite les poumons et rend la respiration difficile) augmentent aux latitudes moyennes, en partie à cause de l'élévation des températures,(16) et à ce que les épisodes de smog intense deviennent plus fréquents pendant l'été.(24) La hausse des températures estivales est susceptible de faire croître la consommation d'énergie à des fins de climatisation et, par conséquent, les émissions polluantes.(38) Toutefois, on pense généralement que la transition vers des sources d'énergie plus propres(40) et la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre(41, 42) auront des effets bénéfiques sur la santé.

Les particules en suspension dans l'air provenant de sources naturelles comme les feux de forêt et l'érosion éolienne pourraient devenir plus abondantes à cause du changement climatique. Pendant les sécheresses qui ont sévi ces dernières années, des feux de forêt énormes ont répandu leur fumée sur une superficie de plus de 200 000 kilomètres carrés.(43) En juillet 2002, la fumée provenant des grands feux de forêt qui faisaient rage au Québec a conduit les autorités de l'État de New York à émettre un avertissement visant l'ensemble de leur territoire, et recommandant à toutes les personnes ayant des problèmes respiratoires ou cardiaques de ne pas aller dehors.(44) L'inhalation des particules produites par les feux de forêt peut irriter les voies respiratoires;(45) or, il est possible que le changement climatique entraîne, dans les années à venir, une augmentation de la fréquence et de la gravité de tels incendies dans certaines régions du Canada (voir le chapitre intitulé « La foresterie »).

S'il y a davantage de sécheresses, les concentrations atmosphériques de poussière pourraient connaître une hausse à cause de l'érosion des sols par le vent,(38) surtout dans les Prairies, où les tempêtes de poussière constituent un risque naturel important.(46) La présence dans l'air de poussière alcaline, attribuable à l'érosion éolienne du lit de lacs salés asséchés et à l'origine de problèmes au nez, à la gorge, aux voies respiratoires et aux yeux chez certains résidants ruraux du sud des Prairies, pourrait devenir plus commune si le changement climatique entraîne l'assèchement d'autres lacs salés dans cette région.(46)

Maladies d'origine hydrique

La multiplication des épisodes de fortes précipitations et l'élévation des températures provoquées par le changement climatique pourraient rendre plus fréquentes les maladies d'origine hydrique comme la cryptosporidiose et la lambliase. Chez la plupart des gens, les maladies de ce type n'ont habituellement pas de conséquences graves, mais les enfants en bas âge, les personnes âgées et les sujets dont le système immunitaire est affaibli peuvent y être vulnérables. Les fortes précipitations et les inondations peuvent entraîner des bactéries, des eaux usées, des engrais et d'autres déchets organiques dans les cours d'eau et les aquifères (voir le chapitre intitulé « Les ressources en eau »). À défaut d'un traitement adéquat, ces épisodes peuvent avoir pour effet la contamination directe des sources d'approvisionnement en eau potable.

On a connu dernièrement des épidémies de maladies d'origine hydrique liées, en partie du moins, aux conditions climatiques - mentionnons, par exemple, la contamination de l'eau par E. coli à Walkerton, en Ontario, en 2000, par Cryptosporidium à Collingwood, en Ontario, en 1996, et par Toxoplasma dans la région métropolitaine de Victoria, en Colombie-Britannique, en 1995. Des témoins experts ont affirmé que l'épidémie qui a fait sept morts et a rendu malades des milliers de personnes à Walkerton pouvait s'expliquer en partie par la survenue d'un épisode de pluies exceptionnellement fortes après une période de sécheresse.(25) Il est de plus en plus généralement admis que de telles circonstances sont effectivement propices à l'éclosion d'épidémies de maladies d'origine hydrique. Les chercheurs ont établi que plus de la moitié des épidémies de maladies d'origine hydrique qui se sont déclarées aux États-Unis entre 1948 et 1994 avaient été précédées d'épisodes de précipitations intenses.(47) Krewski et al. proposent une analyse poussée des causes et de l'historique des maladies infectieuses liées à la contamination de l'eau potable au Canada.(48)

Il est également possible que l'élévation des températures accentue les problèmes de contamination de l'eau, puisque la chaleur favorise la prolifération des algues, des bactéries et autres micro-organismes, puis leur décomposition, ce qui donne à l'eau une odeur et un goût désagréables et, à l'extrême, la rend toxique (voir la référence 49; voir aussi le chapitre intitulé « Les ressources en eau »). De plus, on a constaté que la hausse des températures et l'intensification du lessivage par les eaux pluviales, alliées à une utilisation accrue des plages, étaient associées à une augmentation des cas de maladies infectieuses chez les gens se livrant à des activités récréatives aquatiques et nautiques.(50)

Maladies d'origine alimentaire

La multiplication des épisodes de fortes précipitations et l'élévation des températures pourraient accroître la prolifération d'algues toxiques en milieu marin (voir la référence 51; voir aussi le chapitre intitulé « Les pêches »). Les populations denses d'algues toxiques peuvent contaminer les mollusques et les crustacés, et ainsi créer pour les humains qui les consomment un risque d'empoisonnement par les phycotoxines paralysantes. Le nombre de cas d'intoxication alimentaire par des aliments importés contaminés pourrait lui aussi augmenter, étant donné que la hausse de la température de l'air favorise la multiplication des microbes.(52)

Maladies transmises par les rongeurs et d'autres vecteurs

Les maladies transmises par des vecteurs sont des infections communiquées à l'humain ou à d'autres animaux par des arthropodes suceurs de sang comme les moustiques, les tiques et les puces. Les maladies transmises par les tiques et les insectes - par exemple, le virus du Nil occidental et l'encéphalite équine de l'Est et de l'Ouest (transmises par les moustiques), de même que la maladie de Lyme et la fièvre pourprée des montagnes Rocheuses (transmises par les tiques) -, (53, 54) sont déjà à la source de problèmes de santé humaine dans certaines régions du Canada. Des virus transmis par les rongeurs, qui peuvent causer des maladies et même la mort chez l'être humain, sont également présents dans presque tout le sud du Canada.(55) Les hantavirus, à l'origine d'infections parfois mortelles (syndrome pulmonaire), sont particulièrement inquiétants du point de vue de la santé publique car les souris sylvestres, qui en sont les vecteurs, ont l'habitude d'infester les demeures et sont très répandues au Canada; vers le nord, on trouve des individus de cette espèce jusqu'au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest.(56, 57) Les rongeurs peuvent également propager des maladies transmises par les tiques telles que la babésiose.(58)

Certains craignent que le changement climatique ne crée des conditions plus favorables à l'implantation ou à la prolifération de maladies transmises par les rongeurs et d'autres vecteurs.(24) On prévoit que, de façon générale, l'incidence du changement climatique sur ces maladies sera le résultat des effets de la modification des paramètres de température, de précipitations et d'humidité de l'air sur les espèces porteuses, quoique la vitesse de développement des pathogènes eux-mêmes pourrait aussi varier. Par exemple, l'allongement et le réchauffement du printemps et de l'été dus au changement climatique pourraient faire intensifier la reproduction et accélérer le développement chez les moustiques, en plus d'accroître le nombre de piqûres qu'ils infligent.(29) Ces insectes pourraient également bénéficier de l'adoucissement des hivers puisque, à l'heure actuelle, les basses températures éliminent une certaine partie de leurs populations, qu'il s'agisse d'oeufs, de larves ou d'adultes.(29) En outre, si les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents, en particulier ceux qui déclenchent des inondations, les mares d'eau stagnante peu profondes, sites de reproduction des moustiques, se multiplieraient.(29)

En observant les tendances de la maladie de Lyme et du virus du Nil occidental, on constate avec quelle rapidité les nouvelles maladies peuvent se propager. À titre d'exemple, la maladie de Lyme s'est considérablement répandue aux États-Unis depuis les années 1980 et, à présent, elle est devenue un problème de santé publique.(59) L'affection demeure rare au Canada, mais l'élévation des températures et le déplacement vers le nord de populations d'animaux infestés de tiques porteuses de pathogènes pourraient en favoriser la propagation.(38) La vitesse fulgurante à laquelle s'est répandu récemment le virus du Nil occidental aux États-Unis et au Canada - même si ce n'est pas le changement climatique qui en est responsable - illustre aussi à quel point un virus introduit dans un nouvel environnement peut s'y propager rapidement et à grande échelle. Les conditions qu'on s'attend à voir s'installer avec le changement climatique pourraient faciliter encore davantage l'expansion du virus vers le nord.(38)

On s'inquiète également, au Canada, de la réapparition possible de la malaria dans le futur à cause du changement climatique, de l'augmentation des voyages et de l'immigration et de la résistance croissante des parasites aux médicaments.(60) Les personnes infectées par la malaria et mises en contact avec les moustiques du continent nord-américain capables de transporter Plasmodium, le pathogène responsable de cette affection, peuvent faire éclore des petits foyers d'infections.(60, 61, 62) De plus, si les conditions climatiques y deviennent favorables, on pourrait assister à l'arrivée, dans le sud du Canada, de nouveaux insectes porteurs(38) comme le moustique tigre (Aedes albopictus), qui s'est répandu dans 25 États depuis son introduction en 1987 aux États-Unis, en provenance de l'Asie.(63) Quoi qu'il en soit, il demeure une incertitude considérable quant à la façon dont le cycle de vie des vecteurs et l'incidence de maladies telles que la malaria seront modifiés par le changement climatique, surtout en Amérique du Nord.

Allergènes

Les changements dans les températures, les précipitations et la durée de la saison de croissance se répercuteront sur la croissance des végétaux et la production du pollen et, en fin de compte, sur la santé humaine, entre autres à cause de l'allongement de la saison des allergies.(16) Des études ont aussi montré que, en présence de fortes concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone, la croissance et la production de pollen chez l'herbe à poux, espèce provoquant beaucoup de réactions allergiques, peuvent devenir plus importantes que la normale.(64) Toutes les espèces de végétaux qui produisent des substances allergènes ne seront pas nécessairement favorisées par les nouvelles conditions climatiques, mais il n'en reste pas moins que, dans un climat où les orages seraient plus fréquents, davantage d'allergènes seraient entraînés dans l'air et des réactions allergiques surviendraient plus souvent.(65) Les vents qui accompagnent les orages pourraient aussi faire augmenter les concentrations de spores fongiques en suspension, dont on sait qu'ils déclenchent les crises d'asthme.(66)

Rayonnement ultraviolet

On prévoit que l'exposition au rayonnement ultraviolet sera plus importante dans le futur, ce qui rendra plus courants les lésions cutanées (coups de soleil) et oculaires (p. ex., les cataractes) temporaires ainsi que les cancers de la peau.(67, 68) L'accroissement de l'exposition aux ultraviolets pourrait être le résultat de divers facteurs associés au changement climatique, notamment l'appauvrissement de l'ozone stratosphérique causé par l'augmentation des concentrations de certains gaz à effet de serre et la formation plus régulière de nuages de l'étage supérieur.(38) L'allongement de la saison estivale, période des loisirs extérieurs, pourrait également contribuer à augmenter l'exposition des gens au rayonnement ultraviolet.

Effets sur le comportement humain

Le climat influe aussi sur la santé mentale : cela devient particulièrement flagrant lorsque surviennent des catastrophes naturelles d'origine climatique qui forcent les gens à évacuer leur demeure et leur font subir des pertes matérielles. Il se crée alors un stress psychologique important, qui persiste longtemps sous la forme d'anxiété et de dépression.(23) Le bouleversement de l'ordre social qu'entraîne l'éparpillement des familles et des collectivités à la suite de phénomènes météorologiques extrêmes est particulièrement stressant pour les enfants(69) et les plus démunis.(70) On a enregistré une hausse de l'anxiété et du nombre de dépressions chez les agriculteurs dont les cultures avaient été anéanties par la sécheresse et chez les victimes du débordement de la rivière Rouge, en 1997.(8)

Il semblerait que la température influe également sur le comportement humain. Dans la région de Montréal, des chercheurs ont constaté que le nombre de crimes commis chaque jour avait tendance à augmenter lorsque les températures maximales quotidiennes avoisinaient 30 °C.(71) D'après une autre étude, les températures estivales élevées seraient associées à une multiplication des agressions contre la personne.(72) Il se pourrait aussi qu'il existe une relation entre les phénomènes météorologiques extrêmes, le taux d'agression et le taux de criminalité. Par exemple, l'entassement de personnes en état d'hébétude et de détresse dans des abris de fortune pourrait être propice à une augmentation du nombre d'agressions.(73) On a récemment étudié quelle incidence la tempête de verglas de 1998 avait eue sur le taux de criminalité dans trois régions du Québec (voir l'encadré 3).

ENCADRÉ 3: Taux de criminalité pendant la tempête de verglas en 1998(73)

Dans cette étude, on comparait les statistiques de criminalité pour janvier 1997 et janvier 1998 afin de déterminer l'influence des désordres physiques et sociaux causés par la tempête de verglas de 1998 au sein des collectivités de trois régions du Québec (Montréal, Montérégie et Centre-du-Québec) sur les différents types de crimes commis.

L'étude a révélé qu'il n'y avait pas de tendance uniforme quant aux crimes perpétrés dans les trois régions pendant la tempête de verglas, quoique le nombre total de crimes dans la plupart des catégories ait diminué par rapport aux données pour la même période l'année précédente. À Montréal, par exemple, moins de vols avaient été commis, en particulier dans les épiceries, les entreprises non commerciales et les banques, mais le nombre de véhicules volés chez les concessionnaires automobiles avait augmenté. Montréal et la Montérégie avaient aussi connu une hausse des incendies criminels durant cette tempête. Dans le Centre-du-Québec, le nombre de crimes avait diminué dans à peu près toutes les catégories.

On a conclu de l'étude que cinq facteurs avaient eu un effet sur le comportement criminel pendant l'état de crise :

  • le degré de désordre social;
  • les occasions de commettre des crimes;
  • les éléments dissuasifs (p. ex., une surveillance accrue et l'obstruction des accès);
  • les freins sociaux informels (c.-à-d. l'altruisme);
  • le degré de préparation aux catastrophes.

Effets sur la santé dans le Nord canadien

En plus d'être touchées par nombre des problèmes de santé figurant au tableau 1, les collectivités établies dans le Nord canadien seront aux prises avec d'autres difficultés nées des effets du changement climatique sur leur milieu physique et biologique. Beaucoup d'éléments indiquent que les régions nordiques subissent déjà les conséquences du changement climatique, en particulier sous la forme de modifications dans la distribution et les caractéristiques du pergélisol, de la glace de mer et de la couverture de neige.(74, 75, 76) Par exemple, des résidants du Nunavik et du Labrador ont signalé des changements apparus dans leur environnement physique depuis 20 à 30 ans et ayant eu des effets indéniables sur la sécurité des déplacements ainsi que sur la possibilité, pour les gens de ces régions, de chasser les espèces qui font partie de leur alimentation traditionnelle et d'avoir accès à des sources d'eau potable.(75) Les collectivités du Nord s'inquiètent de ce que ces effets perdurent et empirent (voir l'encadré 4).

En outre, les résidants de cette région sont préoccupés par les conséquences possibles du changement climatique sur les sources d'aliments traditionnels (voir le chapitre intitulé « Les zones côtières »). L'élévation des températures pourrait accroître le dépôt de polluants dans le milieu nordique et la libération, dans les réseaux trophiques des écosystèmes, de substances polluantes auparavant prisonnières des sols et des sédiments. Par exemple, des recherches laissent supposer que le réchauffement du climat pourrait aggraver l'absorption de métaux toxiques par les poissons. On a imputé la présence de fortes concentrations de cadmium et de plomb dans les tissus d'ombles chevaliers à une accélération de leur métabolisme induite par le réchauffement des eaux et l'allongement de la période où ces dernières sont libres de glace (voir le chapitre intitulé « Les pêches »; voir aussi la référence 77). L'innocuité et la valeur des sources de nourriture traditionnelle sont des questions primordiales pour les collectivités du Nord.

Enfin, dans un climat plus chaud, il deviendrait plus difficile de conserver les denrées périssables en les entreposant dans la neige ou la glace, ou en laissant le froid ambiant les congeler de façon naturelle.(76) Des intoxications (botulisme) causées par la consommation d'aliments traditionnels conservés à des températures trop élevées se produisent régulièrement en Alaska; on tente d'enrayer ce problème de santé publique par des programmes de sensibilisation.(78)

ENCADRÉ 4: Effets sur la santé au Nunavik et au Labrador(75)

Dans cette étude, les chercheurs se sont penchés sur les effets possibles du changement climatique sur les collectivités du Nunavik et du Labrador et ce, en rassemblant des connaissances scientifiques et des éléments du savoir inuit.

En plus d'analyser la littérature relative à ce sujet et de consulter les scientifiques et les professionnels de la santé, les chercheurs ont discuté avec des groupes d'aînés, de chasseurs et de femmes de ces deux régions. Ils ont ainsi amélioré leur compréhension des principales préoccupations nourries au sujet du changement climatique par les collectivités concernées. Les chercheurs ont utilisé les données compilées pour produire une série de feuillets d'information et pour identifier les secteurs où il est nécessaire d'approfondir les recherches. Ces travaux aideront les décisionnaires et les résidants du Nord à faire face aux effets possibles du changement climatique.

Kuujjuaq (Nunavik). Photo : Gracieuseté de S. Bernier.
Kuujjuaq (Nunavik). Photo : Gracieuseté de S. Bernier.

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2006-10-06Avis importants