Les glissements de terrain, mouvements de masse de sol et de roche, représentent un important danger d'origine naturelle au Canada. Ils ont causé la mort d'un grand nombre de Canadiens et ont endommagé, et parfois détruit, des éléments de l'infrastructure économique du pays. Ils nuisent également à la qualité des ressources du Canada. Ils peuvent être rapides ou lents et se produire dans divers milieux géologiques, notamment subaquatiques. Les dangers que représentent les glissements de terrain peuvent être attribuables à la descente rapide de débris, à la rupture du sol directement sous un ouvrage ou à des effets secondaires comme un embâcle dans un cours d'eau ou la production d'ondes destructrices. Les avalanches sont des mouvements de masse de neige sur des versants et elles représentent un danger important dans les régions montagneuses canadiennes, en particulier pour ceux qui pratiquent des activités récréatives, comme les skieurs et les alpinistes. Dans le passé, elles ont été également la cause de nombreuses mortalités et détruit des installations d'exploitation minière et de transport.

Les glissements de terrain adoptent diverses formes :

• Éboulements

  Les éboulements résultent de la rupture et de la désagrégation d'un gros massif rocheux sur un versant montagneux, suivis par la rapide descente des matériaux vers le fond d'une vallée. Certains atteignent des vitesses très grandes; lors de l'éboulement du ruisseau Pandemonium en 1959, par exemple, les débris ont dévalé à une vitesse atteignant 360 km/h. Les éboulements peuvent être très destructeurs si leur parcours traverse des zones habitées. Le glissement de terrain le plus désastreux à survenir au Canada a eu lieu à Frank en Alberta en 1903 lorsque 90 millions de tonnes de calcaire se sont détachées du mont Turtle et ont enseveli une partie de la ville minière (charbon) de Frank causant la mort de quelque 75 personnes. Les avalanches de débris sont de vastes mouvements de masse rapides entraînant des roches volcaniques sur les versants de volcans. Plusieurs se sont produits au cours du siècle sur les versants de volcans pléistocènes de la ceinture volcanique de Garibaldi dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique; ils représentent donc un obstacle majeur à la mise en valeur de cette région. Le décrochement a lieu lorsqu'un massif rocheux glisse sur une surface de décollement mais sur une courte distance. Deux décrochements ont été recensés au XIXe siècle dans la ville de Québec causant la mort de 77 personnes. Les écroulements englobent un massif rocheux moins volumineux qui se fragmente en de nombreux blocs qui tombent, rebondissent et roulent sur les versants abrupts après le décollement. Les écroulements sont une source de problèmes constants le long des routes bordées de talus rocheux au pays et, malgré leur petite taille, ont été à l'origine de nombreuses morts au cours du présent siècle.

• Coulées de débris

  Les coulées de débris sont moins volumineuses et moins rapides que les avalanches de débris, mais elles peuvent être très destructrices. Elles se produisent lorsque des matériaux superficiels saturés en eau dévalent un chenal fluviatile abrupt. La rupture initiale est souvent déclenchée par des fortes pluies. Les coulées de débris sont une source importante de problèmes en Colombie-Britannique où de nombreux ouvrages ont été construits pour protéger les habitations et les routes. Elles peuvent également se produire après la rupture d'un barrage naturel formé par des débris de glissement, une moraine glaciaire ou un glacier. Dans le ruisseau Klattasine (Colombie-Britannique), une énorme coulée de débris au début des années 1970 a ainsi été provoquée par la rupture d'un lac morainique dans les eaux du cours supérieur du ruisseau.

• Glissements de roche tendre et de sédiment

  Des glissements entraînent des roches tendres et des sédiments dans de nombreuses régions du pays. Les shales crétacés des Prairies canadiennes et les sédiments déposés dans les lacs glaciaires durant le Pléistocène et recouvrant de nombreuses régions du pays sont particulièrement sujets aux glissements de terrain. La surface de glissement dans ce type de matériaux peut être courbe, curviligne ou multiplanaire et le mouvement des matériaux est habituellement rétrogressif. La descente est généralement lente mais elle peut endommager ou détruire les ouvrages dont les fondations reposent sur le massif en mouvement. C'est ainsi qu'un glissement dans les shales crétacés de la culée nord a détruit en 1957 le pont suspendu de la route de l'Alaska enjambant la rivière de la Paix près de Fort St. John en Colombie-Britannique.

  Les glissements sont particulièrement fréquents dans les sédiments glacio-marins sensibles du Pléistocène recouvrant les basses terres du Saint-Laurent de l'est du Canada. Ces sédiments sont collectivement appelés argile de Leda. Parfois, ces ruptures se transforment en coulées particulièrement rétrogressives dans lesquelles les argiles et les silts sont fluidisés et s'écoulent vers les chenaux fluviatiles formant un glissement qui bloque l'écoulement du cours d'eau et provoque l'inondation des rives en amont. La rapidité de la rétrogression et l'écoulement subséquent qui caractérisent ces glissements ont des effets très destructeurs ayant causé la mort d'une centaine de personnes au Québec depuis 1840. En 1971, à Saint-Jean-Vianney au Québec, une coulée rétrogressive rapide a entraîné avec elle 40 maisons, et 31 personnes ont perdu la vie. La rupture a eu lieu dans la cicatrice d'un ancien glissement de terrain visible sur les photographies aériennes. En 1993, un glissement de grande envergure s'est déclenché dans l'argile de Leda à Lemieux en Ontario, bloquant temporairement la rivière South Nation. Comme le danger avait été prévu, le village de Lemieux avait été déménagé avant le glissement de terrain.

• Les effets secondaires

  Les effets secondaires des glissements de terrain peuvent également être très destructeurs. Les ondes causées par la pénétration des matériaux de glissement dans les cours d'eau, les lacs ou autres étendues d'eau ont également causé des dommages considérables au Canada. En 1908, à Notre-Dame-de-la-Salette au Québec, un glissement de terrain vers la rivière du Lièvre a généré une onde d'eau contenant des blocs de glace qui ont détruit 12 maisons et emporté 33 vies, ce qui représente le glissement de terrain le plus désastreux de l'est du pays. Les barrages érigés par les glissements de terrain causent des dommages en amont par l'inondation des terres, et en aval par la rupture soudaine du barrage et la crue qui s'ensuit. Des glissements de terrain dans les sédiments galciolacustres longeant la rivière Thompson en Colombie-Britannique ont bloqué l'écoulement de la rivière à plusieurs occasions depuis le milieu du siècle dernier; en 1880, un gros glissement a bloqué le courant pendant 44 heures, créant un lac sur une distance de 14 km en amont.

• Glissements subaquatiques

  Les glissements subaquatiques se produisent sur les versants abrupts de deltas débouchant sur des lacs ou la mer ainsi que sur les talus continentaux de l'océan. Des dommages peuvent être causés aux ouvrages situés sur le bord des deltas lorsque les glissements subaquatiques entraînent des sédiments deltaïques superficiels. À Woodfibre en Colombie-Britannique, un glissement de ce genre a endommagé les quais et les entrepôts en 1955. Les glissements subaquatiques peuvent en outre produire des ondes. En 1975, à Kitimat, la rupture du talus deltaïque sous-marin a généré une onde de 8 m qui a balayé les rives longeant le bras de Kitimat et a endommagé les installations portuaires.

• Glissement déclenché par séisme

  Les séismes peuvent déclencher des glissements de terrain. Le tremblement de terre qui a secoué l'île de Vancouver en 1946 a ainsi provoqué de nombreux éboulements et plusieurs avalanches de roches. Le tremblement de terre a déclenché une avalanche de roches qui a dévalé le mont Colonel Fosterwhich et qui, en pénétrant dans le lac Landslide a créé une onde qui a détruit une forêt mature sur une distance de 3 km à partir du lac. Dans l'est du pays, le séisme de 1663 dans la région du Saint-Laurent a causé de nombreux glissements de terrain dans l'argile de Leda. Un immense glissement sous-marin, déclenché par un séisme dans les Grands Bancs en 1929, a endommagé les câbles sous-marins qui reposaient sur le plancher océanique et produit un tsunami qui a causé la mort de 27 personnes lorsqu'il a atteint la péninsule Burin à Terre-Neuve.

• Avalanche de neige

  Les avalanches sont fréquentes dans les régions montagneuses de l'Ouest canadien où elles menacent la circulation routière en hiver. Le pire désastre a eu lieu en 1910 lorsque 62 travailleurs ont perdu la vie sous une avalanche de neige qui a recouvert la voie ferrée du Canadien Pacifique. Pour réduire les dangers d'avalanche, on a érigé des ouvrages de protection, retracé la route et utilisé des tirs de contrôle. Les avalanches ont parfois détruit des lieux habités. Ce fut le cas en 1965, lorsque 26 travailleurs ont trouvé la mort sous une avalanche qui a enseveli une partie des installations à la mine Granduc, près de Stewart (Colombie-Britannique).

En résumé, les types de glissements de terrain qui représentent des dangers pour les Canadiens et l'infrastructure économique du pays sont très variés et peuvent se produire dans toutes les régions du pays. Les avalanches de neige représentent un danger pour les amateurs de plein air dans les régions montagneuses de l'Ouest canadien. Les programmes de contrôle des avalanches le long des principales voies de transport, cependant, ont significativement réduit les dangers élevés qui existaient. Néanmoins, les archives indiquent que les glissements de terrain et les avalanches ont tué plus de 600 personnes au Canada depuis 1850 et ont causé des milliards de dommages directs et indirects à l'infrastructure économique canadienne.