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Réglementation
La réglementation en matière d'énergie
s'insère dans le contexte de la politique énergétique.
À l'instar de cette politique, la réglementation a
beaucoup évolué au Canada pendant les 20 dernières
années. Elle a été influencée par les mêmes
tendances mondiales - la mondialisation, la déréglementation,
une sensibilisation accrue à l'environnement et le thème
global de la dépendance aux forces du marché. La réglementation
reflète l'antagonisme fondamental entre, d'une part,
les objectifs économiques et l'importance croissante des forces
du marché et, d'autre part, les objectifs de protection de
l'environnement, de fiabilité et de sécurité
de l'approvisionnement en énergie ainsi que de santé
et de sécurité.
La répartition des pouvoirs entre les
gouvernements fédéral et provinciaux prévue par la
Constitution façonne la politique canadienne
de réglementation en matière d'énergie. Les
différences considérables au chapitre des ressources et
des profils de développement ainsi que les objectifs variables
des gouvernements influent également sur cette politique. Par ailleurs,
il est difficile d'harmoniser les objectifs des 14 aires de compétence
en place au Canada. Les perspectives varient en ce qui a trait au droit
de propriété - public ou privé - aux bénéfices
souhaités - ceux des industries ou ceux des régions - et
à un éventail d'objectifs touchant l'aspect social,
l'environnement et la santé. Les mécanismes à
employer pour atteindre les objectifs communs de la réglementation
peuvent aussi varier grandement.
Dans les années 1970 et au début
des années 1980, la réglementation en matière d'énergie
reposait sur plusieurs préceptes :
- perception de rareté - les ressources
énergétiques étaient limitées et la demande
d'énergie augmenterait forcément. Il fallait réglementer
la demande d'énergie;
- importance de la sécurité d'approvisionnement
- les pays occidentaux risquaient de voir perturber leur approvisionnement
en énergie;
- importance de l'autosuffisance -
le Canada cherchait à réduire sa vulnérabilité
en protégeant et en augmentant son approvisionnement intérieur
en énergie;
- augmentation prévue des prix -
en raison de la rareté, on avait la conviction que les prix de
l'énergie augmenteraient;
- perception du caractère inadéquat
du marché - les marchés du pétrole, en particulier,
étaient déséquilibrés et concentrés,
et ils ont abouti à un contrôle oligopoliste. (Dans un
oligopole, quelques gros producteurs contrôlent une industrie,
limitant ainsi la concurrence.)
Essentiellement, on considérait que le
gouvernement devait exercer un contrôle actif et direct en réglementant
le secteur de l'énergie.
Cependant, au début des années
1980, les principes gouvernant la politique ont changé. Les produits
énergétiques n'étaient plus considérés
comme « uniques » ou « particuliers ». L'énergie
demeurait importante, à vrai dire essentielle, mais en tant qu'élément
d'un contexte économique plus vaste - un élément
contribuant au développement économique durable et au bien-être
de la société. On estimait que la concurrence des marchés
était plus efficace que l'intervention du gouvernement.
Aujourd'hui, la mondialisation, la réforme
des marchés, la libéralisation des échanges commerciaux
ainsi que la sécurité et la viabilité de l'environnement
orientent la réglementation en matière d'énergie
au Canada.
Gestion des marchés de l'énergie
- axée davantage sur les forces du marchés et moins
sur l'intervention gouvernementale
Les tendances de la réglementation
en matière d'énergie témoignent de nombreux
éléments nouveaux, y compris la privatisation, l'intensification
de la concurrence, les activités de restructuration (c'est-à-dire
l'abolition des monopoles pour créer des activités
concurrentielles) et la déréglementation qui a pour effet
non seulement d'alléger la réglementation, mais aussi
de réévaluer les méthodes de réglementation.
Cet état de choses reflète la tendance générale
qui repose sur les marchés et la concurrence.
Par ailleurs, les préoccupations environnementales
vont en augmentant, ce qui dans une certaine mesure porte atteinte d'une
façon disproportionnée au secteur de l'énergie.
Contrairement à la tendance à faire confiance aux marchés
et à la concurrence, les préoccupations environnementales,
en particulier celles qui concernent l'énergie, commandent
souvent une réglementation accrue.
La tendance à la restructuration économique
suscite un autre problème quant à la réglementation
dans le domaine de l'énergie. Il s'agit de l'antagonisme
entre l'engagement en faveur des approches de libre marché
et l'existence de monopoles naturels au sein du secteur de l'énergie.
Mentionnons notamment le grand réseau d'installations de transport
d'électricité.
Réglementation de l'énergie
au Canada
Au Canada, la réglementation de l'énergie
classique couvre l'approbation des exportations et l'établissement
des tarifs dans les situations de monopole réglementé. Elle
touche également les questions de santé, de sécurité
et d'environnement.
Les marchés canadiens de l'énergie
fonctionnent dans un cadre de règlements et de traités.
Les principaux organismes et documents fédéraux faisant
autorité dans le domaine sont les suivants :
- L'Office national de l'énergie
et la Loi sur l'Office national de l'énergie.
L'Office réglemente l'exportation d'électricité,
de pétrole et de gaz dans l'intérêt public,
ainsi que les lignes de transport d'électricité et
les pipelines interprovinciaux et internationaux. Bien qu'il réglemente
le marché interprovincial du pétrole et du gaz naturel,
l'Office ne réglemente pas à l'heure actuelle
le marché interprovincial de l'électricité.
L'Office national de l'énergie ne réglemente
plus le tarif du transport par pipeline sur la base du coût des
services comme par le passé. Il accepte et préconise plutôt
les ententes négociées par les parties intéressées.
Lorsque les négociations ne permettent pas d'en arriver
à une entente acceptable, il est possible de faire appel à
l'Office.
- La Loi canadienne sur l'évaluation
environnementale. Tous les projets auxquels participe le gouvernement
fédéral doivent être soumis à une évaluation
environnementale, pour que l'on puisse se fonder sur un jugement
éclairé quant à leurs effets sur l'environnement.
En outre, la Loi encourage les autorités responsables à
prendre des mesures favorisant le développement durable. Enfin,
elle a pour objet de veiller à ce que le public puisse participer
au processus d'évaluation.
- L'Accord de libre-échange nord-américain
(ALÉNA) - chapitre sur l'énergie. L'ALÉNA
s'applique aux organismes canadiens de réglementation. Elle
garantit que les importations bénéficient du traitement
national et limite les restrictions à l'exportation.
- L'Accord sur le commerce intérieur
- chapitre sur l'énergie. Les négociations portant
sur le secteur énergétique sont maintenant terminées.
Les négociateurs sont près d'en arriver à
une entente sur les questions touchant les investissements dans le domaine
de l'énergie. Lorsque les négociations seront terminées,
le chapitre sur l'énergie assurera un accès uniforme
limité au transport d'électricité entre les
territoires et il établira un mécanisme de règlement
des différends.
- La Loi d'urgence sur les approvisionnements
d'énergie et l'Office de répartition des
approvisionnements d'énergie. En cas d'urgence, on
peut mettre en application une série de règlements pour
répartir les approvisionnements d'énergie au Canada.
- Le Règlement sur l'efficacité
énergétique. La Loi sur l'efficacité
énergétique confère au gouvernement du Canada
le pouvoir d'adopter et d'appliquer des règlements
sur l'efficacité énergétique et les énergies
de remplacement, principalement en ce qui a trait :
- au niveau de rendement énergétique
des matériels consommateurs d'énergie;
- à l'étiquetage des
matériels consommateurs d'énergie;
- à la collecte de statistiques et
d'information sur la consommation d'énergie et
les énergies de remplacement.
Parmi
les autres lois pertinentes de nature réglementaire, mentionnons
les lois de mise en œuvre pour les accords sur les hydrocarbures
extracôtiers conclus avec Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse
ainsi que les lois concernant les terres domaniales.
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