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![]() Divulgation proactive Version imprimable ![]() ![]() | ![]() | ![]() Géophysique de la radioactivité Le radon
Le radon (222Rn) est un gaz radioactif incolore et inodore présent naturellement dans notre environnement. C'est un produit de la décroissance radioactive naturelle de l'uranium (238U). On retrouve des traces d'uranium dans la plupart des roches, des sols et des eaux. Le feuillet d'information de Santé Canada sur le radon offre une perspective tournée vers la santé. En ce qui concerne la présence de radon dans les habitations, Santé Canada considère que la limite à partir de laquelle des mesures correctives sont souhaitables est de 800 Bq/m3. Aux É.-U., l'E.P.A. a établi une limite supérieure de 150 Bq/m3. Une évaluation des risques posés par le radon doit prendre en compte les paramètres suivants :
En 1997, Santé Canada et SCHL a publié un document intitulé
« Le radon : guide à l'usage des propriétaires canadiens »
qui décrit les effets sur la santé du radon, la manière de le détecter et les moyens de réduire l'exposition au radon dans les habitations.
Les levés aériens de spectroscopie gamma permettent d'évaluer le premier paramètre (la source) en identifiant les matériaux uranifères présents à la surface terrestre qui risquent de produire du radon. Cette technique constitue un test positif, car des teneurs élevées en U peuvent indiquer un risque accru de surexposition au radon. Les roches et les sols à teneur faible ou moyenne en U, comme certains types d'argile, peuvent tout de même être responsables de concentrations élevées de radon dans les habitations, lorsque les facteurs contrôlant son transport et son accumulation prédominent (Grasty, 1994). Les données obtenues par levés aériens s'appliquent à des groupes d'habitations ou à des agglomérations plutôt qu'à des sites individuels. Les levés aériens ne fournissent pas de renseignements sur une habitation en particulier, mais ils constituent une méthode rapide, systématique et relativement bon marché de déceler les sources potentielles de radon sur une grande zone, même si cette dernière n'a fait l'objet d'aucun aménagement urbain. Dans le cadre de son Programme national de spectrométrie gamma (NATGAM), la Commission géologique du Canada établit, depuis 1967, des cartes de radioactivité naturelle et anthropique grâce à des levés de spectrométrie gamma réalisés par avion et au sol. Les données obtenues dans le cadre de ce programme permettent d'illustrer avec précision les variations des concentrations de potassium, d'uranium, de thorium et d'autres éléments radioactifs présents dans le sol et servent à l'établissement de cartes géologiques, à l'exploration minérale, à la surveillance des rayonnements naturels et à la planification de l'aménagement du territoire. Des études réalisées au Canada (Letourneau et al., 1984; Cocksedge et al., 1993; Jackson, 1992; Doyle et al., 1990), aux États-Unis (Otton et al., 1995), en Suède (Akerblom, 1995) et en Grande-Bretagne (Ball et al., 1995) ont montré que les concentrations d'uranium dans le sol, déterminées grâce à des levés de spectrométrie gamma réalisés par avion, permettent d'obtenir une approximation qualitative d'ordre un des variations régionales des concentrations de radon à l'intérieur des habitations et peuvent être utilisées pour identifier et délimiter les zones à risque élevé. Bien que la mesure de la concentration de radon dans chaque habitation reste
la méthode la plus directe qui soit pour déterminer le risque de surexposition,
notre capacité de prévision n'est guère élevée, en particulier dans les zones non
aménagées. En déterminant la teneur en éléments radioactifs des matériaux géologiques
présents à la surface du sol, les levés aériens de spectrométrie gamma utilisés en
conjonction avec d'autres renseignements géoscientifiques, s'avèrent une technique
efficace pour la détection et la délimitation, sur de grandes étendues, des zones
où le risque d'exposition à de fortes teneurs en radon est élevé. Dans certains cas
exceptionnels, comme à Oka, au Québec, où il existe une étroite corrélation entre
les concentrations d'équivalent uranium (eU) obtenues lors de levés aériens et les
teneurs en radon mesurées directement dans les habitations, cette méthode fournit
une indication directe des risques associés au radon et pourrait être utilisée seule.
Au Canada, plusieurs études sur le radon ont été réalisées à l'échelle nationale, regionale et locale. Communautés autochtonesAu Canada, on a utilisé les données obtenues dans le cadre du programme NATGAM de la Commission géologique du Canada pour évaluer les risques de surexposition au radon à l'échelle nationale, régionale et locale. Cocksedge et al. (1993) ont signalé les résultats obtenus lors d'une étude réalisée à la grandeur du Canada pour le compte de Santé et Bien-être Canada, en vue d'évaluer les risques que constitue le radon dans les habitations des Autochtones. Afin de vérifier l'utilité des données géoscientifiques régionales, la Commission géologique du Canada a procédé à des levés aériens de spectrométrie gamma, ainsi qu'à une étude de la géologie de la roche de fond, de la géologie de la subsurface et de la géochimie, pour évaluer la présence potentielle de radon. Par la suite, on a sélectionné 41 communautés autochtones qui risquaient de présenter un risque élevé d'exposition au radon et 16 communautés où ce risque était faible. Des tests ultérieurs ont révélé que la concentration de radon dans toutes les habitations des communautés où le risque était faible était inférieure à 400 Bq/m3 (soit la moitié de la valeur de 800 Bq/m3 indiquée dans la ligne directrice canadienne), tandis que cette concentration dépassait 800 Bq/m3 dans 42 des 740 habitations (5,6 %) situées dans les communautés où le risque était élevé. D'autres mesures ont été effectuées dans toutes les habitations des communautés où la probabilité de mesurer une concentration de radon supérieure à 800 Bq/m3 avait été estimée à plus de 1 %. Nouvelle-ÉcosseDans la province de Nouvelle-Écosse, Jackson (1992) a mis en évidence une bonne corrélation entre le pourcentage d'habitations dans des communautés sélectionnées où les concentrations moyennes de radon étaient supérieures à 74, 148 et 370 Bq/m3 (2, 4 et 10 pCi/L) et les concentrations moyennes correspondantes d'équivalent uranium (eU) déterminées grâce à des levés de spectrométrie gamma réalisés par avion. Jackson a conclu que les données de spectrométrie gamma obtenues par avion seraient utiles tant aux organismes gouvernementaux qu'aux responsables de l'aménagement des terres. QuébecDoyle et al. (1990) ont choisi deux communautés au Québec (Sainte-Agathe et Maniwaki) dont les caractéristiques d'eU déterminées grâce à des levés de spectrométrie gamma réalisés par avion étaient différentes, afin de comparer les concentrations de radon à l'intérieur des habitations. Ils en sont venus à la conclusion que la concentration de radon à l'intérieur des habitations variait de façon essentiellement parallèle aux mesures d'eU, les concentrations moyennes minimum et maximum de radon étant respectivement associées aux concentrations moyennes d'eU les plus faibles et les plus élevées. Oka (Québec)En 1995 - 1996, la Direction régionale de la santé publique des Laurentides (DRSP) a mené un programme de mesure des concentrations de radon près d'Oka, au Québec. La DRSP a utilisé des distributions de radon et des données géologiques préalablement connues pour définir trois zones de risque décroissant en fonction de la proximité d'une intrusion de carbonatites connue. Les résultats ont révélé qu'une proportion plus élevée que prévue d'habitations présentaient une concentration de radon supérieure à 800 Bq/m3, mais ils n'ont pas permis de définir de façon suffisamment précise les limites de toutes les zones à risque. En 1996, la Commission géologique du Canada (CGC) et la DRSP ont appuyé l'exécution d'un levé aérien détaillé de spectrométrie gamma par intervalles de 200 m, afin d'évaluer plus précisément les risques de surexposition au radon dans les habitations et de définir avec précision les limites géographiques des zones à risque élevé. Une analyse des données de spectrométrie gamma obtenues par avion et des concentrations de radon mesurées dans les habitations a permis de dégager certaines associations exceptionnelles entre l'accroissement des concentrations d'eU et le pourcentage d'habitations présentant une concentration de radon à la hausse.
La corrélation étroite entre les concentrations élevées d'eU et les concentrations élevées de radon dans les habitations a permis d'appuyer un certain nombre d'initiatives en matière d'aménagement des terres et d'hygiène publique, dont une recommandation formulée par les responsables de l'hygiène publique demandant à la municipalité d'appliquer, dans ses règlements sur la construction, l'addenda sur le radon du Code national du bâtiment du Canada et de refuser de délivrer des permis de construction dans certaines zones particulièrement touchées par ce problème. Les autorités sanitaires ont offert aux propriétaires habitant dans les zones touchées non visées par la campagne d'échantillonnage initiale, de procéder gratuitement à des prélèvements en vue de déterminer les concentrations de radon. St-André-d'Argenteuil (Québec)
Une étude subséquente a été effectuée sur une intrusion alcaline similaire dans
la région de Saint-André-d'Argenteuil, à 20 km à l'ouest d'Oka, où on a également
réalisé par avion un deuxième levé de spectrométrie gamma. On a aussi mis en oeuvre
un programme visant à déterminer la présence d'uranium dans l'eau des puits à Oka
et à Saint-André-d'Argenteuil. Étant donné la situation unique et extraordinaire
existant à Oka, le gouvernement du Québec a récemment approuvé un programme d'aide
financière en vue d'aider les propriétaires habitant des zones touchées à appliquer
des techniques d'atténuation dans leurs habitations. Ce programme prévoit la détermination
des concentrations de radon après l'application des techniques d'atténuation, en
vue d'en vérifier l'efficacité.
Akerblom, G. 1995. Ball, T.K., Cameron, D.G., Colman, T.B. and Roberts, P.D. 1995. Cocksedge, W., Rankin, W., Tostowaryk, K., Charbonneau, B.W. and Grasty, R.L. 1993. Doyle, P.J., Grasty, R.L. and Charbonneau, B.W. 1990. Ford, K.L., Savard, M., Dessau, J.-C. and Pellerin, E., 2001. Geological Survey of Canada, 1996. Gold, D.F., Vallée, M. and Charette, P. 1967. Grasty, R.L. 1994. Jackson, S.A. 1992. Letourneau, E.G., McGregor, R.G and Walker, W.B. 1984. Otton, J.K., Gundersen, L.C.S., Schumann, R.R., Reimer, G.M. and Duval, J.S. 1995. Savard, M., Dessau, J.-C., Pellerin, E. 1998.
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