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Illustration de vapeurs de solvants Attention parents : renifler tue!
 
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Les effets des substances inhalées sur le corps et les substances inhalées en bref
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E n août dernier, on a découvert des jeunes adolescentes d'une école secondaire de Surrey en Colombie-Britannique en train d'inhaler ou de « renifler » un nettoyant pour ordinateur dans les toilettes de l'école. Contrairement à ce que l’on croit, ce type de nettoyant ne renferme pas de l’air comprimé mais un gaz comprimé similaire à celui que l’on retrouve dans d’autres produits chimiques.

Illustration d'une tête de mort

Les parents protègent leurs jeunes enfants en gardant les produits nettoyants et les diluants pour peinture hors de leur portée et en les avertissant de ne pas toucher aux produits affichant une tête de mort. Malheureusement, ce que bon nombre d'entre eux ignorent, c'est qu'en vieillissant, certains enfants inhalent ces produits nocifs dans le but de s'intoxiquer.

Nombreux sont les gens, y compris les jeunes, qui ne savent pas que le reniflement peut tuer, et ce, dès le premier coup. La National Inhalant Prevention Coalition estime qu'entre 100 et
125 Américains meurent chaque année après avoir reniflé les vapeurs d'un aérosol ou d'un autre produit pouvant être inhalé.

N'allez toutefois pas croire que ce problème est exclusif à nos voisins du Sud. Des sondages1 menés récemment dans des écoles du Canada ont révélé que des enfants d'un bout à l'autre du pays admettent avoir inhalé une substance quelconque au moins une fois au cours de l'année dernière. Un autre sondage2 indique que la plupart des Canadiens estiment qu'il s'agit d'un problème très grave. On l'appelle pourtant la drogue invisible, parce que personne n'en parle. Certains adolescents n'en soufflent jamais mot à leurs amis car « sniffer » n'est pas perçu comme étant « cool ». Ce stigmate et la désapprobation font en sorte que cette pratique reste secrète.



Quels sont les produits utilisés aux fins d'intoxication?


Il s'agit en majorité de produits ménagers que l'on retrouve dans la maison, au travail et dans les écoles :

  • liquide correcteur
  • gaz
  • colle
  • dissolvant à vernis à ongles
  • cirage à chaussures
  • fixatif pour les cheveux
  • crème fouettée en aérosol.

Les agents chimiques que renferment ces produits se transforment en vapeur au contact de l'air, et c'est cette vapeur qui est inhalée par la bouche et le nez.

Combien d'adolescents inhalent des solvants?

Dans bien des cas, les premières drogues de choix pour les jeunes sont les solvants (dissolvant de vernis à ongles ou colle), car ce sont des produits peu coûteux, faciles à trouver et à cacher. Si la réalité américaine est une indication de ce qui se passe au Canada, on devrait alors s'inquiéter de l'utilisation de ces substances chez nous. Selon les autorités américaines, même si le taux de consommation de drogues (comme la marijuana) parmi les adolescents semble diminuer, il n'en va pas de même pour les solvants. Un sondage mené en 2004 aux États-Unis a révélé qu'avant d'entamer la 8e année, un jeune sur cinq avait déjà inhalé les vapeurs d'un produit quelconque. Toutefois, le même sondage fait remarquer que le taux de consommation diminue au cours des trois dernières années du secondaire.

D'après des sondages canadiens récents3, de 2 à 7 % des élèves du secondaire ont inhalé les vapeurs d'un solvant au moins une fois l'an dernier. La plupart ont déclaré avoir tout simplement voulu en faire l'expérience. Les filles et les garçons sont tous deux vulnérables et c'est surtout entre l'âge de 12 et 15 ans qu'ils se laissent tenter.

Les enfants à risque sont les plus vulnérables

Il semblerait que les jeunes de la rue ou de quartiers défavorisés et les jeunes inuits et autochtones vivant dans les régions rurales et éloignées soient plus enclins à renifler des solvants. L'usage excessif est souvent en réaction à de mauvaises conditions de vie. Une étude menée en 20044 sur les jeunes sans-abri de Toronto a révélé que 10 % d'entre eux inhalaient les vapeurs de solvants au moins une fois par mois. Un sondage5 mené en 1993 dans les réserves du Canada a indiqué que la plupart des enfants qui avaient déjà inhalé l'avaient fait avant l'âge de 11 ans. Un grand nombre (43 %) ont déclaré l'avoir essayé une seule fois, les autres se sont dit des usagers sociaux (38 %) ou des usagers chroniques (19 %).

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Comment ils s'y prennent pour inhaler ces vapeurs nocives

Voici une liste des moyens les plus couramment utilisés pour inhaler les vapeurs de solvants :

  • En reniflant directement de la canette. Parfois, les jeunes chauffent la canette pour accélérer la libération des vapeurs, méthode qui s'avère très dangereuse vu la grande inflammabilité de ces produits.
  • Une autre méthode consiste à imbiber un morceau de tissu de solvant et à se couvrir le nez et la bouche. Bon nombre de jeunes utilisent leurs bas ou la manche de leur chandail. Certains vont même jusqu'à se mettre le morceau de tissu directement dans la bouche pour en aspirer les vapeurs.
  • D'autres se couvrent la bouche ou la tête d'un sac de plastique pour inhaler une quantité concentrée de vapeurs.
Les effets des solvants sur l'organisme

Peu importe le moyen employé, la fréquence et la quantité de gaz ou de colle inhalée, tous les solvants peuvent être mortels. On peut en mourir à la toute première tentative comme à la centième.

Les vapeurs inhalées passent par les poumons et une fois dans le sang, elles atteignent rapidement le cerveau et les organes vitaux, produisant une brève euphorie. Certains adeptes sont étourdis, alors que d'autres hallucinent. Une fois l'euphorie passée, à l'instar de l'alcool ou du tranquillisant, le solvant exerce une action dépressive sur le système central nerveux.



Comment puis-je savoir si mon enfant inhale des vapeurs nocives?


Si vous vous rendez compte que des produits ménagers disparaissent, comme le dissolvant à vernis à ongles, l'adhésif de contact et divers nettoyants, redoublez de vigilance. Les signes physiques peuvent être difficiles à déceler, et il est rare que l'on prend l'enfant en flagrant délit.

Toutefois, si vous voyez votre enfant en train d'inhaler une substance quelconque, il importe de ne pas crier, de ne pas l'énerver ni de le poursuivre s'il essaie de se sauver en raison des grands risques pour la santé que présente une montée d'adrénaline (mort subite du renifleur). De nombreux solvants dégagent une odeur assez forte, mais d'autres ne sentent rien du tout. Les premiers symptômes physiques rappellent beaucoup ceux de l'alcool

Quelques signes à surveiller :

  • yeux larmoyants ou rouges
  • maux d'estomac ou vomissements
  • saignement ou écoulement du nez
  • diarrhée et douleurs abdominales
  • salivation et crachats
  • maux de tête
  • étourdissements
  • taches sur les mains et les doigts
  • odeur de produits chimiques sur les vêtements, les cheveux et l'haleine.

Tout comportement inhabituel peut découler d'une toxicomanie. En voici quelques exemples : angoisse profonde, apparition de nouveaux
« amis », problèmes scolaires ou démêlés avec la justice et changements soudains dans la routine quotidienne.

Pourquoi les solvants peuvent-ils être mortels?

Comme pour bien d'autres substances intoxicantes, plus on abuse de solvants, plus on risque d'en mourir, surtout s'ils sont combinés à d'autres drogues ou à de l'alcool.

  • L'inhalation de vapeurs peut entraîner un arrêt cardiaque. Cela se produit chez lorsqu'une montée d'adrénaline due à des efforts soutenus (p. ex., course, frayeur) une personne intoxiquée provoque des battements de cœur irréguliers, entraînant l'arrêt cardiaque. C'est ce qu'on appelle communément la mort subite du renifleur.
  • On a retrouvé des jeunes, un sac de plastique sur la tête, morts asphyxiés. Ils avaient perdu conscience.
  • D'autres se suicident involontairement. Pendant le moment d'euphorie, ils se croient invincibles et pensent pouvoir, par exemple, sauter d'un pont sans se blesser.
  • Certains ont été brûlés vifs lorsque le produit a pris feu.
Des effets à long terme très dommageables

Les effets toxiques des solvants sont tout aussi nombreux que les produits chimiques qu'ils renferment. Si on n'en meurt pas du premier coup, on risque :

  • de développer des problèmes de santé à long terme : saignements de nez chroniques, perte auditive et lésions au cerveau;
  • d'endommager nos organes vitaux : foie, reins, cœur, poumons et moelle osseuse.

Et certaines de ces séquelles ne disparaîtront peut-être jamais.

Les effets des solvants sur la société

Le reniflement se fait seul ou en groupe. Dans un cas ou dans l'autre, l'inhalation de solvants peut avoir des conséquences sociales graves sur les enfants et les adolescents. Entre autres :

  • mauvais rendement à l'école
  • désintéressement graduel par rapport aux amis
  • manque d'hygiène personnelle
  • sautes d'humeur extrêmes
  • comportement agressif et violent
  • piètre estime de soi et troubles de comportement généraux.
Que peuvent faire les parents pour éviter que leurs enfants tombent dans le piège?

Tout comme pour l'alcool et les drogues, les jeunes abusent de solvants pour bien des raisons : pour en faire l'expérience, pour prendre des risques, pour faire comme leurs amis ou pour atténuer leur peine. Voici quelques conseils pour faire en sorte que vos enfants n'abusent pas de substances intoxicantes.

  • Parlez-leur — Tenez-vous au courant de ce qui se passe dans leur vie. Sachez qui sont leurs amis et ce qu'ils font. Rappelez-leur qu'ils peuvent toujours se confier à vous ou à un autre membre de la famille en qui ils ont confiance.
  • Soyez au courant des faits — Les solvants sont des poisons. Prévenez vos enfants des risques associés à l'inhalation des vapeurs de solvants.
  • Donnez le bon exemple — Faites vous-même des choix santé au quotidien afin de montrer à vos enfants comment prendre bien soin d'eux-mêmes.
  • Évitez d'acheter des solvants nocifs — Choisissez des produits d'entretien moins dangereux, comme les solvants et les nettoyants non toxiques et les peintures à base d'eau.
  • Aidez vos enfants à résister à la pression des pairs — Renforcez leur assurance et leur autonomie pour qu'ils puissent résister aux pressions des pairs. Montrez-leur que vous êtes fiers d'eux lorsqu'ils prouvent qu'ils sont parfaitement capables de former leur propre opinion, de prendre de bonnes décisions et de dire non aux drogues.
  • Demandez de l'aide — Discutez des dangers de l'usage de solvants avec d'autres personnes, notamment les enseignants.

Soyez au courant de ce qui se passe dans la vie de vos enfants et des enfants du voisinage. Vous pourriez sauver une vie!


1 Adolescent Substance and Gambling Use Survey Report, Alberta Alcohol and Drug Abuse Commission (AADAC), mai 2003.
Nova Scotia Student Drug Use 2002 Technical Report, Service des toxicomanies, ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse, 2002, p.28.
Autres sondages provinciaux menés dans les écoles faisant état de l'usage de solvants.
2 Rapport à paraître du Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies sur l'abus de solvant volatile par les jeunes avec des données compilées à partir de l'Enquête sur les toxicomanies au Canada (ETC).
3 Ibidem
4 D. GOODMAN. Youthlink Inner City : Hepatitis C Support Program, rapport final de l'étude menée en 2004 à Toronto auprès des jeunes sans-abri, Toronto, Société d'aide à l'enfance de Toronto, 2004.
5 Résultats d'une enquête menée en 1993 sur l'abus des vapeurs de solvants parmi les jeunes des communautés des Premières nations et des Inuits, Ottawa, Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones / Toxicomanies et programmes subventionnés par la communauté, Santé Canada et le groupe de ressources humaines Kaweionnehta, 1994.

 
  Publié le 15 novembre 2005
 CreditCet article a été rédigé par Colleen Anne Dell, Ph.D. et Sherry Huff pour les affiliés du Réseau canadien de la santé responsables des volets Toxicomanie et Autochtones. Mme Dell est professeure adjointe au Département de sociologie et d'anthropologie de l'Université Carleton. Elle est également chercheuse principale au Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies. Sherry Huff est journaliste-rédactrice et vit à Sudbury.

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