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Bannière : Encyclopédie de la musique au Canada
Introduction
[graphique : Image des mains du conducteur de musique]

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PREMIÈRE ÉDITION
Introduction à la premiere édition
Le concept
La nécessité
La réalisation
La préparation
Les critères
Les procédés de rédaction

DEUXIÈME ÉDITION
Introduction à la deuxième édition
Vers une deuxième édition
Tâches et techniques
Accessibilité accrue
L'impact des années 1980
Un apport à l'identité canadienne
DEUXIÈME ÉDITION, VERSION ÉLECTRONIQUE, MAI 2001
Introduction à la deuxième édition, version électronique, mai 2001

INTRODUCTION À LA PREMIÈRE ÉDITION

Comme son titre l'indique, l'Encyclopédie de la musique au Canada traite de tous les aspects de la vie musicale au Canada ainsi que des relations du Canada avec le reste du monde dans ce domaine. Elle n'est pas la version canadienne d'un ouvrage général de référence sur la musique; elle s'est appliquée à consigner l'activité et les contributions des Canadiens et des organismes canadiens dans toute leur diversité. Aussi, les sujets généraux ont-ils été traités sous leur seul angle canadien : de brèves définitions et explications de termes techniques les accompagnent et, si nécessaire, leur place dans l'universel est esquissée, mais l'EMC n'a pas jugé bon, par exemple, d'inclure une introduction à la composition électroacoustique dans le monde ou une description du mécanisme des divers types d'harmoniums. Il existe de nombreux et excellents dictionnaires de musique qui peuvent être consultés là-dessus.

Le concept

L'idée de consacrer un dictionnaire à la musique d'un seul pays n'est pas nouvelle et il en existe des exemples. De l'avis des directeurs, aucun cependant n'a eu pour but de présenter la musique d'un seul pays dans toute son ampleur et sous toutes ses dimensions : aspects historiques et contemporains des musiques populaire, folklorique, religieuse, de la musique de concert et autres genres et, en outre, considérations d'ordre pédagogique et critique ainsi que d'ordre administratif et commercial. L'EMC croit que certaines de ses approches de l'information musicale sont innovatrices : ainsi, ses articles sur les relations du Canada musical avec d'autres pays et les rapports de la musique avec les autres arts, les mémoriaux dédiés aux musiciens du pays, les rapports de la musique avec les « Souverains, hommes d'État et autres personnages publics », ou encore avec les « Guerres, soulèvements et rébellions », les « Cours d'eau », les « Lacs » et « Montagnes », les « Sports » et le « Transport » de même qu'avec ce phénomène annuel si caractéristique qu'est l'« Hiver » canadien. Il se peut aussi que les mentions des noms de musiciens et musiciennes originaires d'une ville donnée, des noms des élèves les plus marquants d'un professeur (la plupart des ouvrages de référence citent les professeurs d'un musicien mais rarement ses élèves) et des lieux où sont conservés les documents personnels d'un musicien soient autant d'éléments originaux de l'EMC.

Par définition, encyclopédies et dictionnaires présentent leurs matières en séquence alphabétique. Il n'a donc pas été jugé du ressort de l'EMC d'offrir un « exposé historique » général, ou encore une vue d'ensemble de la composition musicale. Pour des sujets d'une telle envergure, l'EMC a cependant compilé des « guides de l'utilisateur » (par exemple, « Éducation », « Musique contemporaine », « Religions et musique ») où l'on trouvera la nomenclature des articles sur certains aspects spécifiques de ces sujets.

L'utilisateur désireux de se faire une idée des diverses étapes de l'évolution de la musique au Canada trouvera dans les articles de l'EMC certains thèmes fondamentaux récurrents : la coïncidence des trois siècles et demi de développement du Canada avec une période qui a vu naître en Occident la grande majorité des œuvres musicales encore en faveur au XXe siècle; l'expansion et parfois la fécondation réciproque des cultures musicales, à commencer par celles des Indiens, des Inuit et des Français pour en arriver à cette sorte de « nations unies musicales » qu'est devenu le Canada; la diversification des genres à partir des musiques autochtone, folklorique et religieuse qui aboutit à un ensemble de plus en plus complexe de répertoires distinctifs et d'adeptes qui le sont tout autant; l'urbanisation et l'industrialisation de la vie musicale concrétisées par la formation d'organismes d'envergure voués à l'enseignement et à l'exécution de la musique, soutenus par un mécénat diversifié; l'avènement de musiciens professionnels qui vont s'ajouter aux amateurs; les influences constantes et prépondérantes venues de l'extérieur et qui ont agi sur la création et l'enseignement au Canada tout comme sur les goûts du public, ne cédant que peu à peu la place aux traditions issues du pays même.

De nombreuses décisions quant au choix et à la dimension de l'information offerte furent prises dès la première heure. Il fut convenu que l'EMC devrait s'adresser à un large éventail d'usagers, profanes aussi bien que spécialistes, étudiants aussi bien qu'érudits, et que tout énoncé serait exempt d'ambiguïté et corroboré par des faits. Pour y arriver, les directeurs ont évité de recourir à une langue trop technique, sauf pour quelques entrées à caractère technologique et ethnomusicologique et dans quelques descriptions d'œuvres de compositeurs parmi les plus avant-gardistes. Il fut convenu de compléter les articles par des bibliographies, discographies et autres nomenclatures. Il fut aussi convenu que les musiciens de toutes les régions recevraient une considération adéquate (ce qui est de première importance dans un pays aussi vaste et aussi diversifié que le Canada) et que la tentation d'accorder une importance exagérée à certaines personnalités dominantes des plus grandes villes serait autant que possible évitée.

Il fut également décidé que l'EMC serait publiée dans des éditions française et anglaise mais que le contenu en serait identique. Quelque deux tiers des articles ont été rédigés en anglais et l'autre tiers en français; tous ont été traduits dans l'une ou l'autre langue. Le titre de l'édition en langue anglaise est Encyclopedia of Music in Canada.

La nécessité

Entre la fin du XlXe siècle et le milieu du XXe, les périodiques et ouvrages de référence ont publié peu de renseignements sur la musique et les musiciens canadiens tant en Europe qu'aux États-Unis. La Revue musicale de Paris, le Musical Times de Londres, le Guide musical de Bruxelles, le Musical Courier de Philadelphie et le Musical America de New York ont rarement inclus des chroniques canadiennes et l'Universal-Handbuch der Musikliteratur de Pazdírek, compilation réalisée au tournant du siècle de toute la musique publiée, ignore le Canada (fait peut-être explicable par un autre : peu d'éditeurs canadiens publiaient alors des catalogues). Même à la fin des années 1960, où fleurissait toute une génération de compositeurs canadiens d'âge mûr, les dictionnaires et ouvrages de synthèse sur la musique dans le monde n'accordaient au Canada que des mentions occasionnelles. Ceci n'était pas entièrement imputable aux compilateurs ou auteurs de ces ouvrages; dans bien des cas, il aurait été à peu près impossible d'obtenir des renseignements précis et à jour des diverses régions du Canada.

Les quelques ouvrages canadiens de référence, tels le Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (1935) et le Catalogue of Canadian Composers (1952), étaient d'une envergure restreinte et plus ou moins désuets. Compositeurs canadiens contemporains était encore à paraître et, malgré l'enthousiasme qui salua sa parution en anglais en 1975 et en français en 1977, malgré le fait que ce livre marquait une forte avance sur les publications antérieures, il ne s'en tenait qu'à un domaine et à une période spécifiques : celui des compositeurs et celle du XXe siècle. Ses 160 entrées (144 dans l'édition anglaise) donnaient néanmoins une idée du taux de croissance phénoménal de la création musicale depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et faisaient ressortir le pressant besoin d'une étude et d'une compilation - en réalité d'un inventaire complet - de la musique et de la vie musicale au Canada. Music in Canada (1955) et Aspects de la musique au Canada (1969, 1970) avaient précédemment cherché à pallier ce besoin, mais si ces essais ont été des réussites dans leur genre, ils ont aussi démontré qu'une masse d'informations de plus en plus considérable ne pourrait plus à l'avenir être traitée sous cette forme. Le passage du récit condensé, coiffé de titres généraux, à une approche encyclopédique avec des titres analytiques n'était plus qu'une question de temps : l'urgence d'un tel ouvrage était devenue palpable.

L'article « Fausses images de la musique canadienne projetées sur la scène internationale » de John Beckwith (Musicanada, n° 21, juillet-août 1969) illustrait cette pénurie, bien qu'il fût consacré à la présence de la composition canadienne dans les ouvrages de référence les plus cotés et soi-disant d'envergure internationale (présence qui allait d'une ignorance à peu près totale à une condescendance satisfaite, parfois teintée d'un mépris à peine voilé, comme Beckwith le démontrait avec humour et preuves à l'appui).

Pour Floyd S. Chalmers qui lut l'article avec les yeux d'un éditeur, le texte de Beckwith sous-entendait ce qu'il ne disait pas textuellement : l'obligation pour un pays de mener à terme une étude systématique de sa musique afin qu'elle soit d'abord connue et discutée par ses ressortissants, avant d'espérer que d'autres pays s'y intéressent. Il comprit sur-le-champ le besoin impérieux d'une encyclopédie qui serait le propre témoignage du Canada sur sa musique. Il décida de passer à l'action.

Au début de l'automne 1970, M. Chalmers approcha Keith MacMillan, rédacteur en chef de Musicanada, et avec son concours mit sur pied un comité pour étudier les possibilités de réaliser un tel ouvrage. On peut se faire une idée de la conviction et de la détermination de M. Chalmers comme de l'enthousiasme du comité si l'on songe qu'à la fin de 1971, les trois directeurs à la rédaction étaient déjà engagés et que, le 15 décembre 1972, le conseil d'administration se voyait octroyer une charte. Le 30 décembre suivant, les premiers 65 000 dollars d'une subvention de 100 000 dollars promise par la Fondation Floyd S. Chalmers avaient été versés. Tout ceci précéda l'octroi, le 5 février 1973, d'une subvention de 5000 dollars du Conseil des arts du Canada destinée à étudier les aspects concrets d'un tel projet. Une fois le projet lancé, le conseil allait se montrer un allié inconditionnel et un bâilleur de fonds important. À l'été 1973, la rédaction de l'ouvrage était déjà entreprise.

La réalisation

La plupart des encyclopédies musicales en Europe ou au États-Unis ont pu profiter de recherches antérieures fort poussées et faire appel aux connaissances de solides équipes d'experts. Pour sa part l'EMC, dans une large mesure, a dû elle-même jeter en terre la semence et elle s'est révélée un agent multiplicateur de rédacteurs et d'experts en plus d'être un stimulant bénéfique auprès des organismes nationaux, invités eux-mêmes à se tourner vers leur propre passé. Bien sûr, elle a exploité des connaissances déjà acquises - par exemple, les recherches depuis longtemps effectuées dans le domaine de la musique traditionnelle - et il serait exagéré d'insinuer que le Canada manquait de spécialistes en musique ou que ces spécialistes étaient trop occupés ou peu intéressés à collaborer. L'EMC se considère privilégiée d'avoir découvert des experts en plusieurs matières, telles que certains compositeurs contemporains, la vie musicale au sein de groupes ethniques, l'historique de certaines sociétés musicales ou certains secteurs de la musique populaire. Mais ces cas ont été relativement rares face à une pénurie de rédacteurs vraiment compétents, prêts à s'attaquer à des sujets tels que l'histoire musicale de certaines villes, la musique de danse traditionnelle ou la facture de pianos et autres aspects encore ignorés de la musique au Canada.

Pour de nombreux collaborateurs sans doute - et certainement pour les directeurs - l'EMC aura été une aventure riche en découvertes, pleine d'embûches parfois, mais récompensée par la révélation d'un panorama d'immenses accomplissements : l'œuvre de pionniers dans des domaines comme l'enregistrement sonore et les instruments électroniques; une carrière internationale à l'opéra qui, chez un adolescent des Prairies de l'Ouest, naquit d'un entêtement à chanter envers et contre tous; l'étonnante survivance d'hymnes moraves dans un lointain établissement inuit; une monumentale entreprise de facture de pianos qui débuta dans l'atelier improvisé d'un artisan émigré d'Europe; une femme d'âge mûr avec beaucoup d'enfants à nourrir qui traduisit avec humour ses misères en chansons laissant un héritage qui sera à l'origine d'un genre nouveau au Québec. De tels récits* et des centaines d'autres - à propos d'individus, de sociétés et de multiples réalisations - témoignent de cette énergie indomptable qui, au fil des ans, a toujours animé les entreprises musicales au Canada.