Aînés en marge Vieillir pauvre au Canada

Situation économique des aînés

Alors que dans les années 1980 le revenu des aînés a connu une hausse, il s'est depuis stabilisé. Tout indique, par ailleurs, que l'inégalité des revenus à la retraite augmentera dans les années à venir.

La fin du rattrapage

Dans le passé, le revenu des aînés a connu un rattrapage sans précédent. Le pourcentage d'aînés avec un faible revenu est passé de 21 % en 1980 à 7 % en 2003⁴, mais comme l'écrivait récemment le Conseil national du bien-être social, ce rattrapage est maintenant terminé. Depuis le milieu des années 1990, le revenu des aînés s'est stabilisé et l'écart se creuse entre les aînés et les autres Canadiens. Entre 1997 et 2003, le revenu moyen des familles d'aînés a augmenté de 4 100 $ alors que le revenu des autres familles augmentait de près de 9 000 $⁵. La situation est semblable chez les personnes seules.

L'importante augmentation du revenu des aînés des derniers 25 ans s'explique par la maturation des régimes publics de pension. D'une part, plus de personnes touchent une pension du Régime de pensions du Canada (RPC) ou de son équivalent québécois, le Régime de rentes du Québec (RRQ). En 1999, 85 % des aînés recevaient des prestations de ces régimes comparativement à moins de 75 % en 1983. Cette plus grande participation reflète la présence accrue des femmes sur le marché du travail depuis les années 1970. Elle reflète aussi le nombre croissant, au cours des ans, des personnes recevant la pension maximale. En effet, ces régimes ayant été établis en 1966, les premiers à toucher le maximum des prestations ont eu 65 ans en 1976. Ce n'est donc que dans les années 1990 qu'une majorité des retraités pouvaient recevoir les prestations maximales. L'effet du RPC/RRQ sur le revenu de retraite a maintenant atteint son maximum. L'Organisation de coopération et de développement économiques vante les résultats passés du Canada, mais souligne qu'« un système public de retraite assurant une couverture étendue n'arrive à maturité qu'une seule fois »⁶. Entre 1980 et 1995, les inégalités de revenus ont en effet diminué chez les aînés, la tranche des aînés les plus pauvres ayant connu la plus grande augmentation de revenu grâce à leur participation aux régimes publics de pension et à la hausse des prestations du Supplément de revenu garanti (SRG)⁷.

L'ampleur de la vulnérabilité économique

Près de 7 % des aînés vivent sous les SFR. Ce pourcentage est nettement plus élevé pour les aînés seuls, notamment les femmes, comme le montre le tableau qui suit. Au total, 258 000 aînés vivaient sous les SFR au Canada en 2003, dont 154 000 femmes vivant seules.

Les femmes âgées ont tendance à avoir des revenus plus faibles à cause de revenus d'emploi inférieurs pendant leur vie active, et parce qu'elles vivent plus longtemps : elles risquent donc davantage d'épuiser leurs économies avec le temps. Les femmes divorcées et séparées ont des revenus à la retraite beaucoup plus faibles que les célibataires et les veuves⁸ (la plupart des femmes divorcées ne réclament pas leur part du régime de pension de leur ex-conjoint⁹.) Les femmes célibataires ont davantage investi dans leur carrière et ont donc des revenus de retraite plus élevés. Pour leur part, les veuves ont hérité des avoirs de leur mari et ont droit à une pension de survivant.

En 1998, 9 % des aînés canadiens vivaient sous les SFR¹⁰ :

• 18 % des femmes de plus de 80 ans;
• 38 % des femmes séparées, 25 % des femmes divorcées, 17 % des veuves et 16 % des célibataires¹¹;
• 22 % des locataires;
• environ 10 % des aînés handicapés;
• 13 % des immigrants et 22 % des minorités visibles.

En 2003, le pourcentage des personnes âgées vivant sous les SFR allait de moins de 2 % en Saskatchewan à 10,3 % en Colombie-Britannique et au Québec¹².

Incidence du faible revenu chez les aînés — Canada, 2003

Statistique Canada publie des informations sur la persistance et l'intensité du faible revenu¹³. Entre 1996 et 2001, 14 % des aînés ont vécu sous les SFR à un moment ou l'autre, comparativement à 25 % de l'ensemble de la population. Par contre, 4 % des personnes âgées ont vécu sous les SFR pendant toute cette période, ce qui est plus que le taux équivalent de l'ensemble des Canadiens (3 %). La pauvreté des aînés est moins prononcée que celle des autres types de ménages, comme les familles monoparentales. En effet, l'écart de faible revenu – la différence entre le revenu et le SFR – est plus faible chez les ménages d'aînés. En 2003, il y avait quand même un écart de 5 000 $ entre le SFR et le revenu des familles d'aînés vivant sous le SFR. Pour les aînés vivant seuls, cet écart était de 2 600 $ pour les hommes et de 2 300 $ pour les femmes.

Un bon nombre de personnes âgées sont presque pauvres. En effet, 19 % des aînés vivant seuls ont des revenus tout juste supérieurs au SFR avant impôt (voir le tableau). Ces personnes n'ont pas accès aux programmes d'aide basés sur le revenu et doivent se débrouiller avec un budget extrêmement serré.

Répartition des revenus en pourcentage du seuil de faible revenu avant impôt, 2001

[Précédent] [Table des matières] [Prochaine]