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Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie
Étude sur la taxation avec
remise des véhicules
Note d'information
Octobre 2005
Introduction
La Table ronde nationale sur l’environnement
et l’économie (TRNEE) croit que la recherche d’une
solution aux émissions de gaz à effet de serre (GES)
provenant du secteur des transports est une composante critique
de la réponse canadienne au changement climatique. La TRNEE
applaudit l’intérêt manifesté par le gouvernement
du Canada envers la poursuite du développement d’instruments
économiques pour relever ce défi tel que démontré
dans sa demande à la TRNEE d’élaborer des options
en matière de taxation avec remise des véhicules.
Cette démarche est conforme aux recommandations antérieures
que la TRNEE a présentées au Gouvernement par l’entremise
de son programme Écologisation de la fiscalité (EF).
Recommandations au ministre des Finances
En réponse à la demande du Gouvernement,
dans le budget 2005, visant l’élaboration d’options
en matière de taxation avec remise des véhicules,
la consultation des parties intéressées et la présentation
de recommandations au Gouvernement avant le prochain budget fédéral,
la TRNEE recommande au gouvernement du Canada :
1. De ne pas procéder pour le moment
à la mise en place d’un régime de taxation avec
remise des véhicules;
2. D’élaborer une stratégie complète
et intégrée visant à réduire les émissions
de GES dans le secteur des transports. Un régime de taxation
avec remise des véhicules pourrait faire l’objet d’une
étude plus approfondie dans le cadre de cette stratégie;
3. Publier, de concert avec l'Association canadienne
des constructeurs de véhicules automobiles (CVMA) et l’Association
of International Automobile Manufacturers of Canada (AIAMC), un
plan détaillé pour la mise en œuvre d’un
Protocole d’entente engageant l’industrie canadienne
de l’automobile à réaliser une réduction
de 5,3 mégatonnes (Mt) d’émissions de gaz à
effet de serre (CO2e) des automobiles et camionnettes dès
2010. Ce plan devrait être rendu public au plus tard le 1er
novembre 2006.
Justification
Recommandation no 1 : La TRNEE ne
croit pas que la taxation avec remise des véhicules constitue
l’instrument optimal pour orienter les consommateurs vers
l’achat de véhicules plus économes en carburant.
Il existe de nombreux facteurs inconnus dans l’introduction
d’un régime de taxation avec remise des véhicules,
y compris des questions débordant du cadre de l’exercice
de modélisation, qui pourraient entraîner une augmentation
des émissions de GES des véhicules. (Un exemple concerne
le risque d’arbitrage des véhicules.) Ces questions
devraient être abordées dans le cadre d’une stratégie
plus intégrée et plus complète.
Recommandation no 2 : Toutes les
parties intéressées que la TRNEE a consultées
sont d’accord pour dire que l’apport d’une taxation
avec remise sans autres instruments, mesures d’incitation
et règlements ne réduirait probablement pas de beaucoup
les GES ou n’inciterait pas les consommateurs à adopter
des véhicules plus économes. L’efficacité
énergétique des véhicules doit être envisagée
dans le contexte des cibles et des buts visés par l’État
en matière de changement climatique. Conformément
aux recommandations du programme EF de la TRNEE et du Comité
consultatif externe sur la réglementation intelligente, un
ensemble ou « suite » d’instruments s’avère
plus efficace qu’une seule mesure lorsqu’il s’agit
de réduire de façon marquée les émissions
de GES. Plutôt que d’utiliser un seul instrument économique
– une taxation avec remise, par exemple –, Ottawa devrait
élaborer une Stratégie de transport durable intégrée
et cohérente pour le Canada, axée sur tous les aspects
du secteur des transports.
Recommandation no 3 : La TRNEE croit
que le Protocole d’entente entre les constructeurs automobiles
et le Gouvernement du Canada vaut d’être appliqué.
Cependant, les fabricants n’ont pas communiqué au public
ce qu’ils comptent faire pour atteindre leurs cibles de réduction
des émissions. La publication d’un tel plan servira
à engager les Canadiens et à développer la
confiance à l’endroit du Protocole d’entente.
Résultats clés de la recherche
Pour parvenir à élaborer des options
en vue du budget de 2006, la TRNEE a commandé une recherche
visant à évaluer les répercussions d’une
formule de taxation avec remise des véhicules. Cette recherche
avait les objectifs suivants :
- Décrire la nature du marché de l’automobile
au Canada, les facteurs clés qui influencent les fabricants
et les consommateurs et les principales tendances (y compris les
répercussions du Protocole d’entente sur les émissions
de GES);
- Identifier les principales options de taxation
avec remise qui satisfont aux paramètres obligatoires établis
par le Gouvernement (neutralité fiscale, applicabilité
et souplesse);
- Évaluer ces options en fonction des
critères établis dans le Cadre d’évaluation
des propositions fiscales relatives à l’environnement
(Annexe 4 du Budget de 2005).
Les conclusions suivantes tirées des résultats
de la modélisation sont soumises à d’importantes
limites et hypothèses :
- La taxation avec remise peut être conçue
de manière à être efficace sur le plan environnemental
et rentable sur le plan économique. D’autres mesures
peuvent être plus efficaces et rentables, mais la taxation
avec remise constitue une solution légitime si les autres
mesures devaient s’avérer impraticables;
- L’imposition d’une taxation avec remise
entraînera des ajustements difficiles chez les fabricants
d’automobiles au moment où l’industrie doit
faire face à une offre excédentaire. GM, Ford et
DCX devront assumer le gros de ce fardeau;
- Les mesures de taxation avec remise sont faisables
sur le plan administratif et peuvent être conçues
de manière à être « fiscalement neutres
»;
- Lors de l’identification et de l’évaluation
des options de taxation avec remise, plusieurs risques et incertitudes
importants se dégagent qui affectent l’ampleur des
avantages de la formule et des rajustements du marché.
Risques clés touchant l’évaluation
des options de taxation avec remise:
- importantes limites à la modélisation
;
- connaissance insuffisante des élasticités
canadiennes ;
- connaissance insuffisante de la valeur perçue
des économies de carburant chez les Canadiens ;
- coûts de renonciation pour les consommateurs
;
- risques d’arbitrage de véhicule ;
- coûts de rajustement élevés
pour certains fabricants.
Compte tenu de ces risques et limites, les membres
de la TRNEE ne sont pas en mesure d’appuyer l’application
d’une mesure de taxation avec remise des véhicules
qui soit distincte d’une plus large stratégie intégrée
visant à réduire les émissions de GES dans
le secteur des transports.
Opinions des parties intéressées
Le 31 août 2005, la TRNEE a tenu une réunion
d’experts sur la taxation avec remise des véhicules
afin de recueillir des commentaires au sujet des constatations préliminaires
de l’ébauche du rapport des consultants. Les participants
représentaient des associations de l’industrie, des
constructeurs automobiles, des organismes voués à
la protection de l’environnement et des syndicats. Les positions
exprimées par les principales parties intéressées
sont les suivantes :
Groupes de l’industrie (y compris
les constructeurs automobiles) – Les associations de
l’industrie sont généralement opposées
aux formules de taxation avec remise. Elles sont d’avis que
la taxation avec remise est un règlement, de sorte que sa
mise en œuvre serait contraire à l’esprit de l’accord
volontaire sur les réductions de GES entre les constructeurs
automobiles et le gouvernement fédéral. Les groupes
de l’industrie se sont également opposés à
la formule en partant du principe qu’une taxation avec remise
aurait une incidence négative sur les ventes de véhicules.
Cependant, les groupes de l’industrie étaient d’avis
que le gouvernement devrait prévoir des mesures encourageant
les consommateurs à acheter des véhicules plus économes
en carburant;
Groupes syndicaux – Les groupes
syndicaux sont opposés aux formules de taxation avec remise
par crainte de pertes d’emplois. Même si la modélisation
montre que l’introduction d’un mécanisme de taxation
avec remise stimulerait l’ensemble de l’économie,
elle entraînerait aussi une réduction des ventes de
véhicules chez les constructeurs nord-américains (Ford,
GM et DCX);
ONG à vocation écologique –
Les groupes de défense de l’environnement préféreraient
voir des mesures plus musclées de la part du gouvernement
fédéral pour encourager les consommateurs à
acheter des véhicules économes en carburant. Tout
en appuyant l’idée d’une taxation avec remise,
ils affirment qu’une telle mesure ne suffirait pas, à
elle seule, et devrait être envisagée dans l’optique
d’un ensemble plus large d’instruments et de mesures
d’incitation;
Groupes de consommateurs – Ils
sont d’avis que la taxation avec remise aurait pour effet
d’augmenter le coût des nouveaux véhicules, ce
qui aurait une incidence négative sur la consommation;
Pouvoirs publics – Les représentants
du gouvernement fédéral appuient l’idée
d’une taxation avec remise parce que cette mesure aurait pour
effet de réduire les émissions de GES et que cette
mesure est fiscalement neutre, c’est-à-dire qu’elle
n’entraîne pas de coût pour l’État.
Observations
Les observations générales suivantes
issues de l’étude de la TRNEE sur les mécanismes
de taxation avec remise pourront guider des analyses plus poussées
sur les instruments économiques à des fins de protection
de l’environnement :
- Le Cadre d’évaluation des propositions
fiscales relatives à l’environnement a été
très utile dans l’évaluation des options de
taxation avec remise. C’est aussi l’opinion des consultants
experts de la TRNEE et des parties intéressées.
Le cadre devrait continuer de servir aux fins d’évaluation
des propositions de fiscalité sur l’environnement;
- L’évaluation d’une proposition
fiscale est une opération difficile et complexe. Dans le
cas des mesures de taxation avec remise, il n’a pas été
possible d’en arriver à une solution claire et simple.
On devrait en tenir compte dans l’évaluation des
propositions futures;
- L’absence de données a nui à
la modélisation et à l’analyse des mécanismes
de taxation avec remise. Par exemple, ont connaît mal les
élasticités canadiennes. Pour évaluer efficacement
les futurs instruments économiques visant à réduire
les GES dans le secteur des transports, les pouvoirs publics devraient
engager des ressources aux fins de la collecte des données
et de l’élaboration d’outils analytiques pour
le secteur des transports au Canada.
Conclusion
La TRNEE remercie le gouvernement de lui avoir donné
l’occasion d’identifier, d’élaborer et
d’évaluer les options de taxation avec remise. Elle
encourage le gouvernement à continuer d’examiner l’utilisation
d’instruments économiques en vue d’atteindre
ses buts face au changement climatique.
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