Étude de cas d'Al-Pac
PARTIE III - Obstacles et
options d’ordre fiscal
Daniel
Farr, Biota Research
Steve
Kennett, Institut canadien du droit des ressources
Monique
M. Ross, Institut canadien du droit des ressources
Brad Stelfox, Forem Technologies
Marian
Weber, Alberta Research Council
Cette
étude de cas a été commandée comme
recherche de base pour La Conservation du capital naturel
du Canada: Le programme de la forêt boréale.
Les opinions exprimées dans l’étude de
cas sont celles des auteurs et ne représentent pas
nécessairement celles de la Table ronde nationale,
de ses membres ou des membres du Groupe de travail du programme.
Le
16 juillet 2004
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4. POSSIBILITÉS SUR LE PLAN FISCAL
La documentation publiée
sur l’écologisation de la fiscalité est vaste,
tant sur le plan théorique que pratique. Nous avons sélectionné
des options pour la ZGF d’Al-Pac qui traitent à la
fois des principales préoccupations soulevées par
les intervenants, et qui cadrent avec le climat stratégique
en matière de gestion des terres forestières. La plupart
de ces options sont générales dans le sens où
elles portent sur de nombreux secteurs, ou sur de nombreux objectifs
de conservation. Le niveau de détails fourni dans l’examen
des options ci-dessous dépend de la complexité de
l’instrument, ainsi que du degré d’adaptation
du public à l’usage de cet instrument. Certains instruments,
tels que les redevances d’utilisation, sont simples et s’appliquent
à de nombreuses fins. Ils ont fait l’objet d’une
analyse restreinte. Dans ce document, nous nous concentrons sur
les politiques qui aboutiront à une augmentation de la superficie
forestière totale et à l’établissement
de points de repère écologique, ce qui traduit une
façon d’envisager le maintien du capital naturel selon
un « filtre dégrossisseur ». Nous avons adopté
cette solution parce que tout le monde semble s’entendre généralement
sur le besoin de réduire la perte de couvert forestier afin
de maintenir le capital naturel. En outre, les politiques qui insistent
sur la réduction de la perte de couvert forestier sont relativement
faciles à mettre en œuvre, parce qu’il y a moins
d’accent mis sur les activités propres à un
secteur et à un site, et sur l’hétérogénéité.
4.1 Comptabilité des ressources
naturelles
L’adage voulant que ce qui est mesuré
est géré s’applique à la planification
des activités du gouvernement. Les indicateurs économiques
et sociaux évaluent notre performance sur ces plans, et la
mesure fréquente de ces indicateurs exerce une pression soutenue
sur les gouvernements, les entreprises et les organisations à
but non lucratif pour qu’ils répondent aux besoins
et aux crises qui se manifestent (Canada West Foundation, 2003).
Une option pour améliorer l’aménagement intégré
du territoire entre les secteurs et les ministères consiste
à exiger que ces derniers gèrent selon une série
commune d’indicateurs, et que les utilisateurs des forêts
rendent compte des activités qui se répercutent sur
ces indicateurs et qu’ils gèrent ces activités.
Les comptes de ressources naturelles assurent une
surveillance des indicateurs de réserves matérielles
de capital naturel. La TRNEE recommande la production de rapports
sur les cinq indicateurs de capital naturel : la qualité
de l’air telle que mesurée par l’exposition à
l’ozone troposphérique, la qualité de l’eau,
les émissions totales annuelles de gaz à effet de
serre, la proportion de la superficie totale du sol recouvert de
forêts, et la proportion de la superficie totale du sol recouvert
de terres humides (TRNEE, 2003). Ces indicateurs posent toutefois
un problème : ils ont tendance à retracer les résultats
présents plutôt que la productivité de la réserve
de capital naturel. Les indicateurs tels que le pourcentage du couvert
forestier ne décrivent pas adéquatement la performance
générale du système quant à sa capacité
de maintenir le flux de biens et services environnementaux produits
par le territoire forestier au fil du temps. Ils ne tiennent guère
plus compte de la valeur relative des biens et services produits.
Une définition économique de la durabilité
est le maintien du bien-être social au fil de générations
successives grâce à un dosage adéquat de consommation
et d’immobilisations (y compris le capital naturel) au fil
du temps. Les indicateurs de durabilité et les comptes de
ressources naturelles pourraient servir à améliorer
le modèle de planification des activités en Alberta.
Les mesures de comptes verts ou de produit national net (PNN) ajusté
sont une tentative de tenir compte de la valeur des biens et services
non marchands produits dans l’économie. Ces mesures
offrent au gouvernement et à ses divers ministères
l’occasion de gérer en fonction d’une mesure
globale commune de la « richesse » prévue. En
particulier, l’intégration des mandats de chaque ministère
pourrait être facilitée si tous les ministères
géraient en fonction d’une série commune d’indicateurs
intégrés qui tiennent compte des multiples valeurs
marchandes et non marchandes plutôt que d’indicateurs
propres à la productivité de certains secteurs. Selon
ce système, chaque ministère devrait, dans l’évaluation
de ses programmes, tenir compte des externalités associées
à leurs politiques dans d’autres secteurs. De même,
le rendement général du gouvernement serait mesuré
sur la même base, ce qui assurerait l’uniformité.
Le PNN vert exige l’intégration de l’information
économique et écologique. La plupart des critères
et des systèmes d’indicateurs, tels que ceux qui sont
avancés par le Conseil canadien des ministres des forêts
et le Forest Stewardship Council, séparent les indicateurs
économiques des indicateurs écologiques. Les indicateurs
économiques ont souvent trait à l’emploi, à
la production et aux salaires, et non pas au potentiel de maintenir
un bien-être stable grâce à un dosage approprié
de consommation et d’investissement. Retracer l’état
de ces indicateurs à un moment précis dans le temps
ne nous révèle rien sur la capacité du capital
social (naturel et anthropique) de produire un flux de biens et
services dans l’avenir. En outre, ces mesures ne tiennent
pas compte des avantages économiques qui découlent
des biens et services non marchands (tels que le cycle des éléments
nutritifs) assurés par le maintien du capital naturel.
Adamowicz (2003) critique les systèmes de critères
et d’indicateurs dans lesquels il voit des tentatives d’évaluer
le bien-être des collectivités forestières plutôt
que l’ensemble des économies, et il recommande que
l’on soit plus nettement orienté sur des indicateurs
économiques ajustés à l’environnement
tels que le PNN vert. Les comptes de ressources naturelles sont
nécessaires si l’on veut instituer un PNN vert ou d’autres
indicateurs qui intègrent les éléments écologiques
et économiques dans une mesure globale de bien-être.
Toutefois, la mesure de la valeur des intrants qui sont destinés
aux comptes verts, tels que les avantages autres que le bois et
les services écologiques, ainsi que la dépréciation
ou l’appréciation de la capacité pour ces secteurs
comportent encore de nombreuses difficultés (Adamowicz, 2003).
4.2 Augmentation des droits de propriété
pour les ressources non ligneuses
On pourrait améliorer la gestion de multiples
avantages non ligneux sur les terres publiques en augmentant les
droits de propriété pour les ressources non ligneuses.
En général, les droits d’accès aux ressources
forestières autres que le bois (telles que l’eau, la
faune et le fourrage) sont régis par des droits de propriété
assez faibles. On pourrait améliorer la gestion en fonction
de ces valeurs en attribuant des droits plus forts pour le poisson
et la faune afin d’inciter les chasseurs et les pêcheurs
à gérer l’accès et le braconnage, et
en augmentant la transférabilité des tenures forestières
pour que les titulaires d’EGF, voire le grand public puissent
acheter des contingents ou des concessions d’exploitation
pétrolière et gazière.
Les ententes de cogestion offrent une occasion de
renforcer les droits d’accès aux ressources pour les
chasseurs et les pêcheurs, tout en offrant un moyen d’améliorer
la gestion. La cogestion est importante parce que les plus grands
risques auxquels sont exposées certaines espèces boréales
ne sont pas causés par les éléments linéaires
en soi. Ces risques proviennent surtout de l’élargissement
de l’accès humain à ces éléments,
du braconnage et du nombre d’accidents mortels sur les routes
qui en découlent. Les intervenants ont exprimé leur
crainte que la réglementation existante du poisson et de
la faune soit souvent mal appliquée en raison des restrictions
budgétaires dans les ministères concernés.
Les ententes de cogestion avec les organismes responsables du poisson
et de la faune pourraient alléger les pressions relatives
à l’accès pour des espèces particulières.
Dans ce modèle, les organismes de conservation auraient le
droit d’affecter les ressources halieutiques et fauniques.
Les recettes de la vente de ces droits seraient ensuite affectées
à l’application des règlements existants et
à la gestion de l’accès. Ceci serait probablement
plus acceptable aux yeux du public qu’une augmentation des
taxes pour financer les efforts d’application de la loi déployés
par le gouvernement.
On pourrait également procéder à
plusieurs modifications dans la politique de gestion du bois en
Alberta pour renforcer les droits fonciers, en élargissant
notamment les dispositions de mise en concurrence comme moyen d’attribuer
les droits d’exploitation du bois. Les restrictions imposées
à la transférabilité et à la divisibilité
des droits d’exploitation du bois entravent la concurrence,
favorisent la concentration industrielle et empêchent l’affectation
de la fibre à sa meilleure utilisation. En outre, le manque
de transférabilité des licences réduit les
possibilités de gestion spatiale et temporelle des récoltes,
et elle entrave la gestion au profit du capital naturel. Si l’on
dissociait le territoire des usines, si l’on regroupait les
tenures forestières et si l’on accroissait la transférabilité,
ces problèmes s’en trouveraient atténués.
4.3 Droits d’aménagement
négociables
Les droits d’aménagement négociables
(TDR) préservent les valeurs naturelles et patrimoniales
en créant des marchés pour les droits d’exercer
des activités qui portent atteinte à ces valeurs.
Les droits d’aménagement négociables sont des
actifs qui sont créés par le gouvernement et qui peuvent
servir à indemniser les détenteurs d’aliénation
en cas d’absence de développement ou d’exploitation
de terres. Les TDR peuvent être envisagés comme un
mode de gestion environnementale qui allie la réglementation
et les forces du marché. Comme dans le cas des méthodes
de commandement et de conduite des opérations, l’autorité
habilitée est tenue d’établir des zones ou des
seuils d’utilisation; toutefois, elle prévoit également
une institution de nature commerciale pour atteindre un objectif
environnemental. Une caractéristique importante des TDR est
qu’ils séparent la propriété du droit
d’exploiter une terre de la propriété de la
terre proprement dite, créant ainsi un marché dans
lequel les droits d’aménagement peuvent être
achetés et vendus. Par conséquent, ils peuvent être
employés, peu importe si le système de droits de propriété
sous-jacents est public ou privé. Dans le modèle traditionnel,
les propriétaires fonciers qui vendent des TDR préservent
leurs terres en permanence, tandis que les acheteurs accroissent
la densité du développement dans un endroit moins
sensible. Le fait que le titre sous-jacent de propriété
de la terre ne soit pas modifié rend les TDR compatibles
avec les structures existantes de tenures et facilite leur mise
en œuvre.
Il y a deux moyens de mettre en œuvre un système
de permis négociables. Dans un système d’échange
bilatéral, le propriétaire d’une terre forestière
excédentaire est payé pour conserver suffisamment
de terres boisées afin de satisfaire les exigences de réserve
de l’acheteur. Toutefois, les frais de transaction dans ce
cas peuvent être élevés : les propriétaires
fonciers doivent prendre le temps de trouver, d’acheter et
d’administrer les propriétés compensatoires,
et le fait que la situation de l’acheteur dépende du
respect de la réglementation par le vendeur accroît
le risque que comporte cette transaction. Par contre, les propriétaires
fonciers peuvent se voir attribuer des droits d’exploitation
équivalents au nombre d’hectares qui risquent d’être
perturbés, jusqu’au seuil de conservation, et ces droits
peuvent ensuite être négociés. Les droits d’aménagement
négociables incitent les entreprises à respecter les
seuils pour la perte de couvert forestier. Les TDR peuvent également
être envisagés comme des mécanismes pour mettre
en œuvre un système de compensation ou d’absence
de pertes nettes pour le couvert forestier ou divers types d’habitat.
Weber et Adamowicz (2002) analysent en détail comment un
système de TDR pourrait être mis en œuvre dans
la forêt boréale du Nord Est de l’Alberta.
4.4 Échanges de droits d’émissions
de GES et crédits de carbone
La forêt boréale joue un rôle
important dans le cycle global du carbone, et la production des
produits forestiers est une activité qui consomme beaucoup
d’énergie. Les activités forestières
ont le potentiel de servir à la fois de sources et de puits
de GES. Les sources de GES résultent des activités
de récolte, des perturbations naturelles telles que le feu,
de la perturbation du sol et de la décomposition des déchets.
Quant aux puits de carbone, ils résultent du potentiel des
forêts de piéger le carbone tant dans le sol que dans
la biomasse (Nelson et Vertinsky, 2003). La gestion du carbone influera
sur les activités de tous les secteurs et modifiera la répartition
des caractéristiques forestières dans le paysage.
Ceci peut donner lieu à deux avantages possibles, outre la
réduction des GES nettes : un investissement dans le matériel
forestier sur pied et une augmentation de la superficie totale du
couvert forestier. Par ailleurs, les incendies et les invasions
de ravageurs sont source d’émissions de GES, donc les
politiques relatives au carbone peuvent aussi inciter à gérer
le feu et les insectes et à réduire les cycles de
perturbation naturelle dans le paysage.
Les crédits négociables de carbone sont
considérés comme un moyen d’exécuter
l’engagement pris par le Canada de réduire les GES
en vertu du Protocole de Kyoto. Les entreprises pourraient envisager
de réduire les récoltes et la production là
où le revenu relatif de la vente de crédits de carbone
(en freinant soit la production, soit le piégeage du carbone)
est plus élevé que celui de l’expansion de la
production à la périphérie. Par exemple, en
Saskatchewan, 200 000 hectares de forêt ont été
éliminés du territoire et placés dans des réserves
de carbone forestier. Les réductions dans la zone récoltée
peuvent être compensées par une gestion forestière
plus intensive ailleurs. Par conséquent, les crédits
de carbone, tels que les TDR, peuvent servir de mécanismes
pour créer des zones de gestion intensive. L’échange
de droits d’émissions de GES peut aussi entraîner
des changements dans les pratiques de récoltes qui réduisent
les émissions au niveau des peuplements par un abattage sélectif
ou en prolongeant la durée de la rotation des récoltes
(Nelson et Vertinsky, 2003). Ainsi, les techniques de récolte
à faible impact risquent aussi de changer la structure des
classes d’âge de la forêt. Nelson et Vertinsky
(2003) soutiennent que même s’il est probable que nous
observions une augmentation de la lutte antiparasitaire, y compris
la récolte sélective des peuplements pour empêcher
la pullulation des ravageurs, il est peu probable que le redoublement
d’efforts de suppression des incendies ait beaucoup d’effet
sur le paysage. C’est parce que la superficie actuellement
brûlée dans la forêt aménagée résulte
presque entièrement du petit nombre d’incendies qui
échappent au confinement et qui prennent des proportions
importantes. D’autres mesures qui pourraient avoir un effet
néfaste sur la fonction des peuplements forestiers comprennent
la réduction des charges de combustible pour réduire
le risque d’incendie, et le recours accru à une réexploitation
des produits forestiers après une perturbation.
Un aspect intéressant du développement
des marchés pour le carbone est la manière dont cela
pourrait se faire dans le cadre de la structure actuelle d’aliénation
des terres publiques et privées qui régit la forêt
boréale. Il faudrait peut être clarifier la relation
entre les tenures de ressources existantes, le régime de
gestion forestière et les cadres juridique et stratégique
qui s’appliquent au piégeage du carbone biotique. Les
lois qui régissent les droits du carbone devraient établir
des mécanismes juridiques précis pour permettre de
négocier le potentiel de piégeage et les compensations
comprenant des puits de carbone, ce qui assurerait aux investisseurs
dans des projets de compensation un droit de propriété
pouvant s’exercer à perpétuité sur les
terres publiques. L’État de Nouvelle Galles du Sud,
en Australie, a réglé la question de la sécurité
et de la transférabilité des droits du carbone en
adoptant une loi : (1) qui établit clairement les droits
de propriété; (2) qui accorde aux détenteurs
de droits une garantie d’accès à la terre et
une capacité de bloquer les injonctions contre les utilisations
du territoire qui comportent une incidence néfaste sur le
piégeage du carbone. Ce type de loi pourrait également
servir à permettre des ententes s’apparentant aux servitudes
du patrimoine pour les terres publiques (voir ci-dessous).
4.5 Servitudes du patrimoine sur les
terres publiques
Les servitudes du patrimoine n’ont jamais été
envisagées comme un mécanisme qui pourrait s’appliquer
aux terres publiques. Toutefois, des politiques novatrices pour
le piégeage du carbone dans ces terres publiques donnent
une idée des innovations possibles pour assurer la gestion
d’autres écoservices.
Les servitudes du patrimoine offrent un mécanisme
selon lequel les organismes privés peuvent acheter des droits
auprès des propriétaires fonciers privés et
retirer une terre de la production à perpétuité.
Ainsi, ce sont des mécanismes importants pour permettre au
public de révéler ses préférences concernant
le développement économique et la conservation sur
un marché, et pour indemniser d’autres détenteurs
d’aliénations. L’application des servitudes du
patrimoine aux terres publiques comporte néanmoins une difficulté
: le gouvernement et le public tirent un revenu des terres et ils
ont donc un intérêt dans le potentiel futur des ressources
ancrées dans certaines parcelles de terre. Une façon
de surmonter ce problème consiste à exiger qu’une
partie de la valeur de la servitude du patrimoine soit transférée
au public dans toute transaction qui neutralise les activités
sur le territoire. Une variation intéressante au modèle
de la servitude du patrimoine est la « prime de regroupement
», qui offre des prix préférentiels pour les
servitudes en fonction de leur « contiguïté »
(Parkhurst et al., 2002). La prime de regroupement a pour but de
créer de vastes zones centrales et non morcelées d’habitat.
4.6 Dégrèvement fiscal
pour les investissements forestiers
Le dégrèvement fiscal pour les investissements
forestiers pourrait s’appliquer à un exploitant forestier
(entreprises forestières, sociétés d’énergie,
etc.) qui crée des investissements dans le capital naturel
en créant des points de repère écologique ou
en laissant la forêt intacte. Les dégrèvements
fiscaux offrent un mécanisme qui permet de récupérer
le coût des investissements forestiers qui reflètent
des valeurs non ligneuses. Les dégrèvements fiscaux
pourraient également contrer l’effet d’amortissement
accéléré dans le secteur énergétique.
Le Costa Rica a recouru à des incitatifs fiscaux, et le gouvernement
y a institué un « crédit d’impôt
transférable pour le reboisement » pour que les petits
propriétaires fonciers puissent vendre leurs crédits
à leurs homologues riches qui ont besoin de compensations
d’impôts plus importantes (Panayotou, 1994). Les impôts
fonciers peuvent également être classés selon
l’exploitation du territoire, le taux d’imposition augmentant
selon le degré d’incidence (Panayotou, 1994). Les crédits
fiscaux ont l’avantage d’être applicables dans
tous les secteurs, et ils sont généralement considérés
d’un œil favorable par l’industrie. Par ailleurs,
les dégrèvements fiscaux peuvent également
être perçus comme réduisant les avantages de
l’utilisation du territoire pour le public et comme étant
contraires au principe du pollueur-payeur.
4.7 Certification
La certification est un incitatif du marché
qui a pour but d’intégrer les valeurs non marchandes
dans les prix de la forêt. Elle offre ainsi un incitatif à
produire un avantage social dans les décisions d’extrants.
Plus particulièrement, la certification incite les entreprises
à gérer en fonction du capital naturel en augmentant
le prix des produits et en accroissant la part du marché.
Le degré selon lequel les critères requis pour obtenir
la certification reflète une gestion durable des ressources
et des investissements dans le capital naturel est une question
qui mérite un examen plus approfondi. Les critères
et les indicateurs liés aux programmes de certification sont
la cible des mêmes critiques exposées dans l’analyse
précédente sur les comptes de ressources naturelles.
Al Pac demande présentement sa certification auprès
du FSC, qui est l’un des programmes de certification les plus
exigeants actuellement. Nous avons analysé dans la section
précédente les obstacles auxquels se heurte Al-Pac
pour obtenir la certification du FSC, obstacles qui devraient être
éliminés pour que ce mécanisme devienne efficace.
4.8 Frais d’accès, frais
d’utilisation
Les routes non déclassées qui
servent à des fins récréatives contribuent
aux éléments linéaires. Les adeptes du plein
air qui se servent de ces éléments gratuitement créent
une externalité dans le sens où ils ne tiennent pas
compte des effets de leurs décisions sur le capital naturel
dans leurs décisions individuelles. Le péage pour
les routes non déclassées réduirait les incitatifs
à entretenir des routes qui ne présentent pas une
grande valeur.
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