csc crest
spacer
 
spacer
 
spacer
 
spacer
spacer
 
spacer
 
spacer
 
spacer
  Ressources
spacer
  Sites en vedette

Recevoir des <br>  courriels sur des<br>  thèmes <br>  correctionnels
Recevoir des
courriels sur des
thèmes
  correctionnels
 
government logo  nav supérieur de saut
English 
Contactez-nous  Aide  Recherche Site du Canada
Page d'accueil Du nouveau!  La recherche Publications  Carrières

Programmes

Aumônerie

Cercles de soutien et de responsabilité -
Guide pour l'élaboration de projets

2003

12. TRAVAILLER AVEC LES VICTIMES ET LES SURVIVANTES

Un CSR ne doit pas s'imaginer pouvoir honorer son engagement en faveur de la sécurité publique sans obtenir la contribution des victimes et des survivantes, par exemple à titre de conseillers membres des comités directeurs et conseils d'administration, de membres des comités de présélection des bénévoles ou encore de bénévoles travaillant directement auprès des participants essentiels (voir le chapitre 5 - Encadrement professionnel des CSR ci-dessus). La consultation avec les membres du Comité consultatif des citoyens de la localité sera bénéfique. On trouvera dans le présent chapitre des lignes directrices pour les relations de travail avec les victimes et les groupes d'aide aux victimes.

A. Les CSR sont comptables à la collectivité

Les gens sont responsables les uns envers les autres de leur conduite. En ce sens, la responsabilité est une composante de la communauté. Les cercles de soutien et de responsabilité demandent à tous leurs participants essentiels et bénévoles de demeurer responsables les uns envers les autres, envers leur comité directeur et, en définitive, envers la collectivité. À cette fin, on peut inviter des membres de la collectivité, dont des représentants des victimes et des survivantes, à siéger au conseil consultatif ou au conseil d'administration.

Le participant essentiel est comptable au CSR et, par son intermédiaire, à la collectivité. Avec le temps, lorsque le CSR devient moins présent dans sa vie, le participant essentiel est plus directement responsable devant la collectivité. Les bénévoles du cercle sont également responsables devant le CSR, dont le participant essentiel, et devant leur collectivité.

Avoir le sens des responsabilités signifie accepter, reconnaître la nécessité de rendre compte de sa conduite dans le contexte de ses rapports avec autrui et, par le fait même, avec la collectivité dans laquelle on vit. Notre conception de la liberté, de la démocratie et du respect des lois est fondée sur les principes relatifs à la responsabilité.

Les coordonnateurs doivent faire passer le message de la responsabilité des CSR aux groupes d'aide aux victimes et aux survivantes, même si un tel message est accueilli avec scepticisme et réserves. Ces groupes veulent des résultats concrets. Bien des citoyens se méfient également de prime abord. Il faut du temps pour nouer des liens basés sur la confiance et l'amitié.

Néanmoins, le CSR devrait rappeler à ses membres et aux groupes représentant les victimes qu'ils sont là, non pas pour réprimander, menacer ni punir le participant essentiel, mais pour lui offrir soutien et amitié, et que le cercle s'en tient à certaines règles de fonctionnement - réunions régulières, relations régies par une alliance et responsabilité.

B. Les victimes/survivantes et le système de justice pénale

Un CSR doit faire preuve de respect envers les organismes représentant les victimes et les survivantes, et comprendre leur position dans la collectivité. Il faut savoir que ces groupes ne sont pas invités à prendre part à l'administration de la justice ni à inclure les délinquants dans leurs plans.

Pour bien des victimes, le système de justice pénale se soucie avant tout des besoins des délinquants. Elles se sentent souvent délaissées et constatent que des milliards de dollars sont consacrés à un système de justice pénale centré sur les délinquants, alors que l'on ne tient pas compte des besoins des survivantes et des victimes du crime. Bien des groupes représentant ces derniers ne tiennent pas à exercer leurs activités dans un système qui n'a jamais consacré beaucoup de ressources aux besoins des victimes.

Certains de ces groupes se disent victimes du système de justice pénale. À leurs yeux, le système de justice pénale se soucie uniquement des besoins des délinquants, au détriment de ceux des victimes. Il est raisonnable de s'attendre à ce qu'ils perçoivent un CSR comme une simple extension de ce système puisqu'il travaille uniquement avec des délinquants. Le cercle peut donc susciter chez ces groupes les mêmes sentiments de peur, de colère et de méfiance que leur inspire le système de justice pénale.

C. Bien faire passer le message

Bien des victimes et leurs représentants croient que les CSR ne sont rien d'autre qu'un « bon filon » pour les délinquants et qu'ils n'ont rien à offrir aux victimes. Si l'on se contente de demander à des groupes d'aide aux victimes et aux survivantes leur assistance à un projet de CSR sans être attentifs à leurs besoins et à leur point de vue, on peut s'attendre à une fin de non-recevoir.

Pour améliorer la communication, il faut des messages clairs, cohérents et concis. Il faut se soucier en premier lieu des besoins des victimes et des survivantes, et bien expliquer que le but premier du CSR est de faire en sorte que les collectivités soient plus sûres et qu'il n'y ait plus jamais de victimes, en apportant soutien et sens des responsabilités aux participants essentiels à leur retour dans la collectivité.

D. Les victimes ne sont pas comme tout le monde

On associe souvent à tort les besoins personnels des victimes et des survivantes à ceux de la collectivité en général. Cela revient à dépersonnaliser les victimes, à banaliser leurs besoins dans le contexte d'une collectivité sans visage, mal définie et floue.

E. La collectivité comme victime

Il reste que la collectivité est aussi une « victime » en mal de protection, qui doit être reconnue comme telle. Victimes et délinquants y ont des conjoints, des enfants, des parents, des condisciples, des coreligionnaires, des amis et des connaissances. Tous ces gens sont touchés d'une manière ou d'une autre par la délinquance sexuelle. La réinsertion sociale des uns et le rétablissement des autres passent par la reconnaissance des besoins et des intérêts parfois opposés de tous ces gens.

Dans ce contexte plus large, les besoins des délinquants peuvent être décrits et analysés. Le message à transmettre est la volonté des CSR de contribuer à rendre les collectivités plus sûres et plus saines, sans plus de victimes.

F. Victimes/survivantes et délinquants et la question de la responsabilité personnelle

Au stade prélibératoire des rencontres avec le participant essentiel, il importe de poser la question de savoir comment « ramener la paix » dans la collectivité et, en particulier, dans le cœur des victimes. Le participant essentiel doit être incité à réfléchir à cette question et à se préparer à en parler à la prochaine réunion. On pourrait, par exemple, lui demander d'explorer les moyens concrets de réparer le préjudice causé.

NOTA : La réparation ne fait pas partie du mandat du CSR ni le fait de « ramener la paix » entre un participant essentiel et ses victimes. Mais la question est posée pour amener le délinquant à réfléchir à la mesure dans laquelle il assume la responsabilité de ses crimes. S'il rejette une telle responsabilité, il peut être difficile de travailler avec lui. Les contacts avec les victimes ne font pas partie du mandat des CSR.

G. La réconciliation entre victime et délinquant ne concerne pas le CSR

Dans les chapitres précédents (voir la section « Lignes directrices pour la présélection au chapitre 6), on a évoqué la possibilité que le participant essentiel prenne contact avec les victimes ou les survivantes. Il s'agit d'une simple hypothèse !

En fait, le CSR ne doit jamais contacter les victimes des participants essentiels ni les personnes qui ont réchappé aux voies de fait subies. Lorsqu'un participant essentiel veut réparer le tort causé à une victime, il doit être aiguillé vers un programme agréé de réconciliation entre la victime et le délinquant. On devrait l'encourager vivement en ce sens dans l'éventualité où il exprime ce souhait. Il est alors préférable de faire appel à un spécialiste des services aux victimes avant la mise en liberté du délinquant. Le CSR ne doit en aucun cas prendre une telle initiative, qui est complexe et ne fait pas partie de ses attributions.

H. La réconciliation entre victime et délinquant : l'affaire de spécialistes

Aux fins de la réconciliation entre un participant essentiel et une victime, on a tout avantage à faire appel à des professionnels qui apportent leur assistance au CSR, comme les responsables des programmes de réconciliation entre la victime et le délinquant. Le participant essentiel devrait discuter de la question avec un thérapeute. On devrait également l'inciter à parler des victimes et des survivantes avec le CSR. Il serait préoccupant qu'il ne souhaite pas parler avec le cercle des personnes auxquelles il a fait du tort.

Tous les CSR devraient garder à l'esprit le fait que les victimes et les survivantes sont habituellement représentées dans leur collectivité par divers organismes gouvernementaux comme les services d'assistance aux victimes de la police et de la Couronne. Les bureaux de libération conditionnelle et les établissements correctionnels ont leurs propres agents responsables des services aux victimes. En outre, des organisations privées et non gouvernementales, comme les centres d'aide aux victimes d'agressions sexuelles sont en activité dans bien des collectivités. Un CSR devrait mobiliser les représentants locaux des victimes et des survivantes dès les premiers stades de la planification du projet. Dans la mesure du possible, on devrait leur demander de contribuer à la formation des bénévoles et de siéger au comité éventuellement chargé de diriger le projet de CSR dans la collectivité.

Compte tenu de l'importance croissante accordée aux besoins des victimes et des survivantes depuis le lancement des initiatives de justice réparatrice et sur la scène politique, un CSR ne doit jamais agir unilatéralement sur le front des victimes.

I. Les besoins en trois dimensions des victimes/survivantes

Dans un discours prononcé à la conférence internationale sur la justice réparatrice (organisée sur le thème « Un futur à définir » à Winchester, en Angleterre, le 31 mars 2001), Howard Zehr a indiqué que la victime de crime éprouve trois choses, qui donnent des « besoins en trois dimensions » :

  • D1 Déconnexion;
  • D2 Désordre;
  • D3 Déresponsabilisation.

Ce malaise en trois dimensions génère, selon Howard Zehr, cinq catégories de besoins :

  • La sécurité - la victimes de crime a besoin de sécurité affective et physique.
  • La restitution - la nature symbolique de la restitution est aussi importante, voire plus importante encore, pour la victime de crime parce qu'elle lui donne raison, condition primordiale de sa guérison.
  • La vérité - la victime de crime a besoin de raconter sa propre version des faits, de relater ce qui lui est arrivé comme elle le ressent aujourd'hui.
  • La reprise en mains - La victime de crime doit absolument reprendre les commandes de sa propre vie. Elle doit par exemple se libérer de l'emprise de rêves récurrents.
  • Des réponses - la victime de crime a besoin de réponses aux questions qu'elle se pose.

J. Les victimes/survivantes veulent des réponses à leurs questions

Les questions que se posent les victimes peuvent donner matière à discussion entre le CSR et le participant essentiel. Voici des exemples de ces questions. Le cercle devrait tenter de compléter la liste.

  • Pourquoi s'en prendre à moi ? (à mon enfant ?)
  • Est-ce quelque chose en particulier qui a attiré votre attention sur moi (ma famille ? Mon enfant ?)
  • Êtes-vous disposé à changer ?
  • Avez-vous changé ?
  • Dans l'affirmative, comment le saurais-je ?
  • Pourquoi devrais-je vous croire ?
  • Comment puis-je être sûr que vous ne referez jamais, au grand jamais, une telle chose à quelqu'un d'autre ?
  • Vous êtes-vous demandé ce que je pouvais ressentir, ce que je traverse encore ?
  • Pourquoi devrais-je vous donner une chance ?
  • Comprenez-vous à quel point je suis en colère ?
  • Vous dites que vous voulez vivre dans ma collectivité, mais qu'avez-vous à dire pour me convaincre que nous (moi, mes enfants, mes amis) n'ont rien à craindre de vous ?

K. Est-ce « Je veux vous demander pardon » ou « Je veux encore quelque chose de vous » ?

Certains participants essentiels expriment la volonté de contacter leurs victimes pour leur demander pardon. Cette attitude peut être sincère, motivée par le remords et la volonté de réparer le tort causé. Toutefois, le CSR devrait sonder le participant essentiel sur sa motivation profonde et l'aider à bien la définir. Le besoin de s'excuser ou de se faire pardonner peut offenser la victime s'il est mal exprimé.

Par exemple, un participant essentiel a dit qu'il voulait que sa victime lui pardonne, pour son propre bien et sa propre résurrection car si elle ne le faisait pas, Dieu ne le lui pardonnerait pas. Visiblement, il n'avait pas intériorisé les questions de pouvoir, de limites interpersonnelles et de vie privée, insuffisance qui caractérise les délinquants sexuels.

Il est naturel de vouloir s'excuser et se faire pardonner - c'est même l'indice d'une reconnaissance saine du tort causé à autrui. Mais il faut parfois faire comprendre à un participant essentiel que sa victime ne lui pardonnera jamais. Le pardon est une affaire profondément personnelle. Pour retrouver son équilibre affectif et spirituel, le participant essentiel doit, entre autres choses, comprendre tout le mal qu'il a fait, sans nécessairement se faire pardonner par sa victime. En fait, demander son pardon à une victime revient à exiger encore d'une personne à qui on a déjà tant pris.

 

TABLE des MATIÈRESÉCRAN SUIVANT
top