« Par le passé, les organismes correctionnels se sont isolés des autres organismes à but humanitaire. On n'a jamais bien informé le grand public sur la correction, et cette lacune a engendré une apathie et, le plus souvent, une certaine hostilité. » Le rapport à la Chambre du Sous-comité sur le régime d'institutions pénitentiaires au Canada (Rapport MacGuigan), 1977, p. 139.
« Les comités de citoyens ne devraient jamais servir de médiateurs dans une enquête menée à la suite d'une plainte d'un détenu ou d'un membre du personnel, de même que pendant une mutinerie. [...] Ces comités sont censés observer et commenter le fonctionnement de nos établissements, et ils ne pourront remplir efficacement ce rôle s'ils sont, eux aussi, impliqués dans les conflits qui surgissent au pénitencier. » Le rapport à la Chambre du Sous-comité sur le régime d'institutions pénitentiaires au Canada (Rapport MacGuigan), 1977, p. 141. |
Droit d'accès, droit de parole et responsabilités des membres du CCC envers le public
En reconnaissance des importantes responsabilités qu'ils doivent assumer pendant leur mandat, les membres des CCC ont la chance de participer à la vie de l'unité opérationnelle qui ils relèvent, chance qui n'est habituellement pas offerte aux autres citoyens. Leur participation est toujours complexe, multidimensionnelle et déterminée autant par leur personnalité et leur dynamisme que par les caractéristiques de leur collectivité et le type d'unité opérationnelle de qui ils relèvent. Toutefois, en règle générale, les membres des CCC ont un droit d'accès privilégié aux unités opérationnelles ainsi qu'un droit de parole.
Droit d'accès privilégié
Le Règlement sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (RSCMLC) définit le cadre légal dans lequel s'inscrit le travail des CCC. Le paragraphe 7(5) du RSCMLC se lit comme suit :
Afin de permettre au comité consultatif de citoyens en cause de remplir son mandat, le directeur du pénitencier ou le responsable du bureau de libérations conditionnelles doit veiller à ce que les membres du comité aient accès, dans des limites raisonnables :
a) à tout le pénitencier ou à tout le bureau;
b) à tout agent du pénitencier ou du bureau;
c) à tout délinquant qui se trouve au pénitencier ou sous la supervision du bureau;
d) à toute audition tenue en application de la partie I de la Loi ou de la présente partie au sujet d'un délinquant qui se trouve au pénitencier ou qui est sous la supervision du bureau, si le délinquant y consent.
Cette généreuse liberté d'accès est accordée aux membres des CCC, qui s'efforcent avant toute chose de demeurer impartiaux et objectifs et d'utiliser les renseignements recueillis pour formuler des recommandations visant à améliorer le fonctionnement des unités opérationnelles et du SCC en général. Voici les différentes dimensions de ce droit d'accès.
Accès aux délinquants
À titre de membres d'un CCC, nous avons le droit de nous entretenir avec les délinquants de l'unité opérationnelle visée, de leur poser des questions et de communiquer avec eux par plusieurs autres moyens. Nous avons également le droit de rencontrer les détenus en privé et d'assurer la confidentialité des discussions, à condition qu'elles portent sur des questions relatives à l'unité opérationnelle et que la sécurité de cette dernière ne soit pas en jeu. Les membres des CCC doivent éviter d'aborder des questions particulières à un détenu, sauf si elles se rattachent à des problèmes plus généraux pour lesquels ils aimeraient trouver une solution.
Accès aux établissements
Les membres des CCC peuvent se rendre dans tous les secteurs de l'unité opérationnelle de qui ils relèvent. Ils ont avantage à faire régulièrement le tour de l'unité opérationnelle pour se faire une idée de l'environnement dans lequel vivent les détenus et se faire connaître de ces derniers et du personnel. Ils doivent profiter de cette occasion pour bavarder en toute simplicité avec les détenus et les employés. Les visites peuvent avoir lieu en tout temps et les membres n'ont pas à prévenir la direction très longtemps d'avance. Si, par exemple, ils veulent vérifier si les plaintes concernant la nourriture sont fondées, ils peuvent se présenter à l'établissement pour manger avec les détenus. Évidemment, le directeur peut restreindre l'accès des membres des CCC à l'établissement pour des motifs liés à la sécurité et peut demander à les accompagner pour ces mêmes motifs.
Accès aux audiences disciplinaires des délinquants
Un CCC peut demander à quelques-uns de ses membres d'assister à des audiences disciplinaires ou à des séances du tribunal disciplinaire interne, selon le cas. Cette pratique a pour objet de permettre aux membres du CCC de vérifier si l'équité est respectée et de comprendre le rôle des audiences dans la vie de l'établissement. Tous les membres auraient intérêt à assister à ce genre d'audiences au moins une fois au cours de leur mandat afin de mieux comprendre les différentes facettes des opérations de l'établissement. Pour le personnel de l'établissement ou du bureau du SCC, la présence d'un membre du CCC contribue à assurer la transparence des audiences et de montrer qu'il est possible d'y assister.
Accès aux employés
Les membres des CCC ont le droit de s'entretenir avec tous les employés du SCC, qu'il s'agisse d'employés permanents, occasionnels ou contractuels. Ils peuvent le faire en présence du chef de l'unité opérationnelle ou en privé. Habituellement, les membres des CCC ont de nombreuses occasions de communiquer avec les gestionnaires, car ces derniers sont invités à toutes les réunions officielles des CCC afin de présenter des comptes rendus. Ils doivent toutefois déployer un peu plus d'efforts pour demeurer en contact avec le personnel de première ligne. À cette fin, ils peuvent inviter les représentants syndicaux à assister à leurs réunions ou rencontrer les employés sur leur lieu de travail de temps en temps pour leur permettre d'exposer eux-mêmes les difficultés auxquelles ils doivent faire face dans leurs tâches quotidiennes.
Accès aux partenaires et aux organismes associés
Dans le cadre de leur travail, les membres des CCC peuvent, s'ils le désirent, rencontrer des représentants de groupes ou organismes communautaires susceptibles de les aider à mieux comprendre les questions et les préoccupations de l'ensemble ou d'une partie de la collectivité. La Société John Howard, les groupes de défense des droits des victimes et les associations policières locales sont des exemples d'organismes qui se préoccupent énormément de la structure et du fonctionnement du Service correctionnel du Canada. C'est pourquoi les membres des CCC devraient prendre le temps de les rencontrer et de discuter avec eux de leurs positions à l'égard des nombreuses questions qui relèvent du Service.
Droit et obligation de parole
Le paragraphe 7(4) du RSCMLC définit en ces termes l'obligation de parole des membres des CCC.
Le comité consultatif de citoyens :
a) peut donner des avis au directeur du pénitencier ou au responsable du bureau de libérations conditionnelles au sujet de toute question relevant de la compétence du directeur ou du responsable;
b) doit être disponible pour des discussions et des consultations auxquelles participent le public, des délinquants, des agents et la direction du Service.
Au fil de l'évolution des CCC, nous avons tenté de définir plus clairement, dans le cadre d'une série de conférences nationales, les mécanismes que nous pourrions utiliser pour nous acquitter de la responsabilité qui nous incombe au chapitre de la communication de nos observations, préoccupations et recommandations. Voici un résumé de nos discussions.
Droit et obligation de parole au sein de l'unité opérationnelle
Les membres des CCC ont le droit de formuler des recommandations sur tous les aspects des activités du SCC et d'espérer une réponse de la part des gestionnaires. Il est conseillé de mettre ces recommandations par écrit et de consigner soigneusement les réponses dans le procès-verbal des réunions des CCC. Les membres des CCC ne doivent pas oublier que le public et les médias peuvent avoir accès aux procès-verbaux de leurs réunions en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. En effet, si une situation de crise se produit dans un établissement, le public et la presse auront envie d'en apprendre davantage sur les activités et les recommandations des comités, comme ils le feraient pour tout autre comité d'examen.
Droit de parole au sein des comités régionaux et national de direction
Les CCC ont le droit d'exprimer leurs points de vue et de formuler des recommandations sur tous les aspects des activités et des politiques du SCC au niveau régional et national. D'ordinaire, ces recommandations sont formulées au nom d'un CCC particulier par l'intermédiaire du Comité régional ou national de direction. Un comité peut toutefois adresser directement ses observations et ses recommandations aux gestionnaires régionaux et nationaux, à condition de préciser qu'il en est la source.
Droit et obligation de parole au sein de la collectivité, médias y compris
Les CCC ont le droit et l'obligation de communiquer leurs observations, leurs points de vue et leurs recommandations à la collectivité et aux médias. Ils s'acquitteront habituellement de cette responsabilité en présentant un rapport annuel ou, encore, en rencontrant des représentants des médias ou de la collectivité pour discuter de questions particulières ou de problèmes et incidents graves survenus dans une unité opérationnelle.
Tous les CCC doivent s'assurer de l'exactitude des faits qu'ils communiquent au public. C'est la raison pour laquelle ils soumettent habituellement une ébauche de leur communiqué à l'approbation de la direction de l'unité opérationnelle avant de le diffuser dans la collectivité. Il incombe à la direction de vérifier l'exactitude des faits. Une fois la vérification effectuée, le comité est libre d'exprimer les opinions et les recommandations qu'il estime pertinentes (se reporter à la section intitulée « Rapports à la collectivité »).
Enfin, les renseignements qui sont communiqués à la collectivité doivent être examinés et approuvés par tous les membres du comité. Si, après la diffusion d'un rapport annuel, un membre du comité souhaite formuler une opinion dissidente, il peut le faire à condition de préciser qu'il s'exprime en son propre nom.
Limites imposées aux CCC
Accès aux dossiers
Les membres des CCC sont autorisés à consulter les dossiers des délinquants s'ils ont au préalable obtenu le consentement écrit du délinquant. Ils peuvent aussi demander au personnel de consulter un dossier pour recueillir des renseignements susceptibles d'avoir une incidence sur la résolution de problèmes plus généraux. Ils peuvent notamment s'enquérir du nombre de fois où un délinquant a rencontré son agent de libération conditionnelle ou des dates auxquelles divers programmes lui ont été offerts. Les membres des CCC ne devraient pas demander des renseignements sur les progrès réalisés par le délinquant dans le cadre de ces programmes ou des détails concernant les différentes évaluations dont il a fait l'objet puisque qu'ils ne devraient normalement pas s'impliquer dans des cas individuels.
Commentaires sur le rendement des personnes
Les membres des CCC doivent d'abstenir d'évaluer le rendement des membres du personnel et de commenter le comportement d'un détenu en particulier. Ils doivent se préoccuper de l'unité opérationnelle en général et de son fonctionnement. Les questions liées au personnel et à la discipline ne les concernent pas.
Mauvais usage de l'information
Les membres des CCC ne doivent pas utiliser l'information obtenue dans le cadre de leur travail à des fins personnelles. Ainsi, ils ne doivent pas communiquer de renseignements à des entrepreneurs désireux de travailler pour le SCC ni informer des éditeurs ou des auteurs des activités quotidiennes de détenus bien connus.
Sommaire
Les membres des CCC ont un très large accès aux installations, aux employés et aux délinquants du SCC. En retour, ils doivent veiller à ce que les renseignements qu'ils recueillent soient utilisés de façon appropriée, pour le mieux-être du Service correctionnel du Canada.
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