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Santé de l'environnement et du milieu de travail

Contamination fongique dans les immeubles publics : effets sur la santé et méthodes d'évaluation (suite)

2. Effets sur la santé associés à la présence de moisissures en milieu intérieur (suite)

2.2 Effets des moisissures sur la santé des groupes sensibles

On a découvert que certaines sous populations présentaient un risque accru de contracter des affections rares à la suite d’une exposition aux moisissures. Une exposition à des niveaux extrêmement élevés de contamination par les moisissures a d’ailleurs été associée à des cas d’hémorragie pulmonaire chez des nourrissons, et on a observé un risque accru de mycose invasive chez des sujets immunodéprimés.

2.2.1 Hémorragie pulmonaire

Une exposition à des moisissures présentes en milieu intérieur a été soupçonnée d’être la cause d’hémorragies pulmonaires idiopathiques chez des nourrissons et de jeunes enfants. Dans la majorité des cas, l’agent étiologique suspect était Stachybotrys chartarum (aussi appelé S. atra), un champignon hydrophile (c.-à-d., ne se multipliant qu’en milieu très humide) qui produit de la cellulase et peut ainsi utiliser la cellulose comme substrat. On compte au moins quatre familles de composés issues de Stachybotrys chartarum : les atranones, les trichothécènes macrocycliques, les spirolactones et les composés de type cyclosporine (Jarvis et coll., 1995; Sakamoto et coll., 1993; Hinkley et coll., 1999). Il semble que deux chimiotypes soient présents dans les souches nord américaines : ceux qui produisent toutes les familles de composés et ceux qui ne produisent pas de trichothécènes, mais toutes les autres familles. Apparemment, ces chimiotypes cohabitent (Nielsen et coll., 2002).

À Cleveland (Ohio), 10 cas d’hémorragie et d’hémosidérose pulmonaires ont été diagnostiqués chez des nourrissons de moins d’un an entre janvier 1993 et décembre 1994. Chacun de ces cas a été apparié selon l’âge à trois témoins. Les données ont été recueillies par le biais d’un questionnaire remis aux parents et par l’échantillonnage de moisissures prélevées sur des surfaces et dans l’air. Les concentrations moyennes de conidies (spores asexuées) de moisissures viables présentes dans l’air des résidences des cas étaient supérieures à celles des résidences des témoins (conidies totales viables : 29 227 UFC/m3 en comparaison de 707 UFC/m3; Stachybotrys chartarum : 43 UFC/m3 par rapport à 4 UFC/m3). Une augmentation de 10 UFC/m3 de la concentration des conidies viables de Stachybotrys chartarum a été associée à un accroissement significatif du risque d’hémorragie pulmonaire grave (RC : 9,83; IC à 95 % : 1,08 à 3×106). Neuf cas sur dix vivaient avec des fumeurs, comparativement à 16 témoins sur 30 (RC : 7,9; IC à 95 % : 0,9 à 70,6), ce qui donne à penser que l’exposition à la fumée de tabac ambiante peut agir en synergie avec les facteurs associés aux bâtiments humides (Montaña et coll., 1997; Etzel et coll., 1998). Les Centres for Disease Control and Prevention (CDC) ont confié le mandat de revoir cette étude à un comité de révision, lequel a conclu que la méthodologie utilisée pour l’échantillonnage des moisissures et le dénombrement des spores viables aéroportées était inappropriée (CDC, 2000).

Aucune autre étude épidémiologique publiée ne s’est penchée sur le lien entre l’exposition à S. chartarum et l’hémorragie pulmonaire, mais des cas de cette maladie ont été signalés chez des nourrissons et de jeunes enfants exposés à S. chartarum (Elidemir et coll., 1999; Flappan et coll., 1999) ou à d’autres espèces de champignons hydrophiles ayant une activité cellulolytique (Novotny et Dixit, 2000). À l’hôpital de Cleveland, où la première éclosion a eu lieu, 30 nourrissons ont été hospitalisés entre 1993 et 2002 en raison d’une hémorragie pulmonaire grave. Du nombre, 26 nourrissons sur 29 vivaient dans des immeubles endommagés par l’eau et 25 nourrissons sur 28, dans des maisons contaminées par des champignons toxigènes (Dearborn et coll., 2002).

En 2000, les CDC ont mis sur pied trois nouveaux groupes de travail ayant pour mandat d’élaborer des protocoles améliorés pour l’étude des futures grappes de cas. En résumé, un examen des dossiers des patients des cas de Cleveland par des pédiatres et d’autres spécialistes a indiqué qu’il n’existait aucune cause possible connue de la maladie signalée dans les études originales. Une définition de cas claire a donc été élaborée par ce premier groupe de travail dans l’éventualité où d’autres grappes de cas d’hémorragie pulmonaire chez des nourrissons seraient détectées. Ainsi, la plupart des nourrissons inclus dans les études originales, de même que ceux étudiés par la suite, seraient englobés dans la nouvelle définition (Dearborn et coll., 2002). Un deuxième groupe de travail a conclu au caractère inadéquat des évaluations menées lors de l’étude originale sur l’exposition aux champignons. Il a décrit un éventail de méthodes d’investigation en prévision du signalement ultérieur de grappes de cas d’hémorragie pulmonaire idiopathique. Certaines de ces méthodes n’auraient pas été disponibles à l’époque de l’étude originale (CDC, 2001). Finalement, un troisième groupe de travail a élaboré un protocole de surveillance, puis les CDC ont amorcé un programme de surveillance en collaboration avec les États (CDC, 2004).

Mise à jour : 2005-08-03 Haut de la page