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Relevé des maladies transmissibles au Canada

[Table des matières]

 

Volume: 23S1 - janvier 1997

Plan canadien d'intervention d'urgence en cas de fièvres hémorragiques virales et autres maladies connexes


PRISE EN CHARGE DU PATIENT

Cinq aspects devraient être pris en considération : 1) l'isolement du patient et la protection du personnel hospitalier; 2) les épreuves de laboratoire et le prélèvement d'échantillons chez le patient; 3) le traitement des échantillons au laboratoire; 4) l'exécution de certaines épreuves de laboratoire; 5) le transport des échantillons pour les tests diagnostiques; et 6) le traitement du patient.

1. Isolement du patient et protection du personnel hospitalier

a. Précautions d'isolement pour les patients en phase d'incubation ou dans les premiers stades d'évolution d'une FHV

Durant la période d'incubation, les liquides organiques autres que le sang présentent peu de risque. Toutefois, il faut prendre des décisions concernant les mesures d'isolement et de précaution en prévision de l'aggravation de l'état du patient. Comme la maladie est imprévisible et que le risque de contagiosité peut augmenter, il peut être prudent de renforcer les précautions d'isolement le plus tôt possible(19) .

Le patient devrait être placé dans une chambre privée. S'il est vrai qu'à ce stade, il n'est pas nécessaire que la chambre soit munie d'un système de ventilation à pression d'air négative, un tel système peut s'avérer nécessaire si la maladie progresse; on pourra ainsi éviter un transfert ultérieur en admettant le patient dans une chambre maintenue en dépression. Une antichambre, équipée des fournitures nécessaires, des installations pour le lavage des mains et d'une aire pour revêtir le matériel de protection est également fort utile.

Il est recommandé que toutes les personnes qui pénètrent dans la chambre enfilent une blouse et des gants. Le port de masque et de lunettes de sécurité étanches ou d'autres types de protection oculaire est recommandé s'il existe un risque d'éclaboussure de sang, plus ou moins importante (p. ex., des éclaboussures de sang et la projection dans l'air de particules de sang sont possibles lorsqu'on met en route une intraveineuse, vide un contenant d'aspiration, prélève du sang pour des épreuves de laboratoire, échappe un contenant renfermant du sang). Il faut être extrêmement vigilant afin de prévenir les piqûres d'aiguille ou d'autres blessures causées par des objets acérés. L'exposition au virus par voie parentérale a été associée à une probabilité élevée de transmission, à de brèves périodes d'incubation et à une maladie grave. Il faut éliminer tous les instruments pointus ou tranchants partout où c'est possible. On utilisera lorsque faire se peut un système pour intraveineuse sans aiguille.

Le matériel de soins (p. ex. thermomètres, manchons de sphygmomanomètre, stéthoscopes, chaise perçée, etc.) devrait être réservé à l'usage d'un même patient. Chaque fois que c'est possible, on emploiera des fournitures jetables. La literie, les vêtements et le matériel protecteur souillé devraient être placés dans des sacs à lessive en plastique hydrosoluble qui sont fermés dans la pièce où ils sont utilisés. Ils devraient être déposés dans un sac à lessive de couleur rouge (ou d'une autre couleur désignée). Le linge très sale devrait être transporté directement à la buanderie (ne pas être placé dans les chutes à linge ou d'autres aires d'entreposage). Le linge souillé doit être placé directement dans la machine à laver, les sacs à lessive étant déposés directement dans l'eau. Les travailleurs de la buanderie devraient porter une blouse, des gants et un masque.

Les soignants et les visiteurs devraient se laver les mains avec une solution antiseptique après tout contact avec un patient ainsi qu'après avoir quitté la chambre du malade (p. ex., chlorhexidine à 2 %, povidone iodé à 10 %, chlorhexidine à 0,5 % dans l'alcool).

b. Isolement du patient souffrant d'une FHV à un stade avancé ou terminal

Le virus peut infecter de nombreux organes, y compris les organes essentiels à sa dissémination tels que les glandes salivaires, le rein, la vessie, les glandes sudoripares et les poumons(19) . Les hémorragies peuvent constituer l'une des caractéristiques principales du tableau clinique, s'accompagnant d'une virémie intense à mesure que la maladie progresse. Plus l'état du patient se détériore, plus le personnel risque d'être exposé à du sang ou à d'autres liquides organiques et plus le risque de suspension dans l'air de particules virales (aérosols) augmente. On recommande fortement le port de blouses ou de combinaisons imperméables, de gants, de masques étanches qui filtrent les particules jusqu'à 0,03 microns et qui s'ajustent bien ainsi que d'écrans faciaux. Le malade doit être placé dans une chambre privée, munie dans la mesure du possible d'un système de ventilation à pression d'air négative.

Les échantillons de laboratoire devraient être éliminés de la façon couramment indiquée pour les agents pathogènes appartenant au groupe de risque 4. Tous les échantillons de laboratoire doivent être considérés comme étant infectieux et être toujours manipulés avec la plus grande prudence, depuis leur prélèvement jusqu'à leur élimination. Les échantillons devraient être transportés manuellement jusqu'au laboratoire pour y être analysés. Il convient de limiter le nombre de tests effectués à ceux qui sont essentiels au bien-être des patients. Lors de tous les prélèvements et de tous les tests, on s'efforcera de prévenir la production d'aérosols.

c. Désinfection de l'environnement

Les virus responsables de FHV sont des particules virales d'ARN entourées d'une enveloppe lipidique et sont donc inactivés par des désinfectants de faible niveau(19). Ces désinfectants sont efficaces pour nettoyer l'environnement. Au nombre des produits classés dans cette catégorie figurent les produits à base d'ammonium quaternaire, les produits à base de composé phénolique chloré et les formulations d'iodophore.

Toutes les sécrétions, excreta et liquides de l'organisme devraient être désinfectés ou inactivés avant d'être éliminés (p. ex. traitement chimique, autoclavage ou stérilisation avant leur évacuation dans le réseau d'égout municipal).

Le personnel chargé de nettoyer les éclaboussures de sang ou d'autres liquides organiques devrait porter du matériel de protection individuelle, notamment des gants, des masques étanches munis d'écrans faciaux et des blouses imperméables (si une grande quantité de liquide est renversé, il convient de porter des bottes et une combinaison). On utilisera des chiffons jetables pour enlever l'excédent de sang et de liquides organiques. Les chiffons seront jetés dans un récipient doublé de plastique. Après avoir débarrassé la surface de tout matériau organique, on décontaminera la zone avec de l'hypochlorite de sodium (eau de Javel pour usage domestique à 5 %) ou un désinfectant de faible niveau. Avant de rincer, on laissera le désinfectant en place pendant au moins 10 minutes.

d. Isolement du patient durant sa convalescence

Le patient peut excréter le virus dans son urine pendant des semaines après le début de sa convalescence. Il faut ajouter du désinfectant (p. ex. eau de Javel à usage domestique) dans l'eau des cabinets avant d'uriner ou de tirer la chasse pendant les 6 premières semaines de convalescence ou jusqu'à ce que le patient obtienne un résultat négatif aux cultures du virus. Une cuvette normale contient 4 L d'eau avant qu'on tire la chasse. On versera 50 à 100 cc d'eau de Javel dans la cuvette avant d'uriner. Il faut attendre 5 minutes puis tirer la chasse d'eau.

e. Post mortem

En cas de décès, le cadavre du patient devrait être manipulé le moins possible. Il devrait être enveloppé dans du matériel étanche scellé, ne pas être embaumé, puis être incinéré ou enterré rapidement dans un cercueil scellé(7) . Si une autopsie est nécessaire, il convient de consulter le coordonnateur provincial pour connaître les précautions à prendre.


2. Épreuves de laboratoire et prélèvement des échantillons du patient

Lorsqu'un cas possible de FHV se présente, il est obligatoire d'effectuer immédiatement les tests suivants :

  • Un frottis sanguin en goutte mince et épaisse pour la mise en évidence des parasites responsables du paludisme. Un second frottis à partir d'un deuxième échantillon devrait être examiné si l'on ne détecte pas de parasite dans le premier;
  • Deux séries d'hémocultures provenant de ponctions veineuses distinctes, faites à au moins 30 minutes d'intervalle, les quantités totales prélevées par série (deux flacons) étant de 20 à 30 cc;
  • À moins qu'on dispose d'un système automatisé isolé ou que les échantillons aient été inactivés (voir ci-dessous), numération manuelle des leucocytes et formule leucocytaire et soit dosage de l'hémoglobine ou mesure de l'hématocrite; et
  • Uroculture si les résultats de l'analyse des urines semblent indiquer la présence d'une infection.

Il importe de respecter les cinq principes suivants lorsqu'on prélève des échantillons chez un patient.

Seuls les échantillons essentiels au diagnostic ou à la surveillance devraient être prélevés.

  1. Les échantillons devraient être recueillis par du personnel qui connaît bien les techniques requises. Les mêmes vêtements protecteurs que ceux décrits pour les autres membres du personnel hospitalier participant aux diverses étapes de la prise en charge du patient devraient être portés par les employés qui prélèvent et qui analysent des échantillons de laboratoire.

  2. Il faut éviter dans la mesure du possible d'utiliser des contenants de verre. Les objets acérés jetables, tels que lames de scalpel, devraient être placés dans des contenants résistant à la perforation immédiatement après leur utilisation puis être passés à l'autoclave avant d'être jetés ou incinérés.

  3. Il faut prélever les échantillons de sang avec beaucoup de soins pour éviter de s'inoculer le virus. Il faut respecter scrupuleusement les précautions universelles : les aiguilles ne doivent pas être pliées, cassées, retirées des seringues jetables, recapuchonnées ni être manipulées d'aucune autre façon. Le matériel servant au prélèvement du sang devrait être placé tout de suite après son utilisation dans un contenant en plastique rigide rempli d'une solution désinfectante et être stérilisé à l'autoclave avant d'être jeté ou incinéré.

  4. Toute la surface extérieure de chaque contenant d'échantillon devrait être nettoyé avec un désinfectant, et le contenant devrait porter une étiquette où figurent les renseignement suivants : nom du patient, code d'identification de l'hôpital, source de l'échantillon, date du prélèvement et type d'infection soupçonnée. Les échantillons devraient ensuite être placés dans un sac double, hermétique et étanche, dûment étiqueté comme ci-dessus. Les sacs contenant des échantillons devraient être nettoyés avec une éponge imprégnée de désinfectant avant d'être enlevés de la chambre du patient.


3. Traitement des échantillons au laboratoire

Le laboratoire qui reçoit l'échantillon devrait être avisé du caractère potentiellement dangereux du matériel expédié. Chaque laboratoire devrait disposer d'un plan d'urgence pour de telles éventualités.

Le personnel de laboratoire qui manipule des échantillons provenant de patients soupçonnés d'être atteints d'une FHV doivent prendre à tout le moins les mêmes précautions individuelles que le personnel soignant. Le port de gants jetables, de masques chirurgicaux étanches, de blouses imperméables et de lunettes de sécurité est recommandé. Suivant les circonstances, on peut juger prudent d'utiliser des respirateurs à adduction d'air filtré à pression positive intermittente et des respirateurs. Les épreuves de laboratoire doivent être effectuées dans des enceintes de biosécurité. Les hémocultures devraient être préparées dans un système fermé, si possible, sinon toutes les manipulations doivent se faire dans une enceinte de biosécurité testée et homologuée. Il faudrait porter une attention similaire à l'étude des compatibilités sanguines des patients atteints de ces maladies. Les centrifugeuses doivent être dotées de portoirs ou de rotors scellés.

Il faut par tous les moyens éviter de produire des aérosols ou des éclaboussures. Le matériel automatisé normal devrait être utilisé de la façon habituelle pour prévenir des infections. On peut consulter le Bureau de biosécurité concernant les pratiques et mesures de biosécurité.

Il est possible de réduire l'infectiosité du sérum en le chauffant avec du bêta-propiolactone à 0,3 % pendant 30 minutes à 37 oC, en chauffant les échantillons de sérum pendant 60 minutes à 60 oC ou en soumettant l'échantillon à des rayons gamma de 2 mégarads (l'échantillon étant placé sur la glace pour éviter toute surchauffe)(20, 21) . On devrait séparer le sérum en utilisant des centrifugeuses dont les godets ou les rotors sont scellés. En tout temps, on devra avoir facilement accès à des quantités abondantes de solutions désinfectantes. Il peut être utile d'avoir recours à un respirateur à adduction d'air filtré lorsqu'on manipule des échantillons qui n'ont pas été décontaminés.

D'après des recommandations américaines récentes (7) , le sérum utilisé dans les épreuves de laboratoire devrait être pré-traité avec de l'éther de polyéthylèneglycol p-tert-octylphényle (TritonR X-100); le traitement à l'aide de 10 µL de TritonR X-100 à 10 % par 1 mL de sérum pendant 1 heure a pour effet de réduire le titre de certains des virus responsables de FHV dans le sérum, bien qu'il ne faille pas s'attendre à obtenir une inactivation efficace à 100 %.

Les frottis sanguins (p. ex. pour le paludisme) ne sont pas infectieux une fois fixés dans le solvant. On peut faire appel aux méthodes courantes lorsqu'on utilise des analyseurs automatisés; ces derniers devraient être désinfectés après leur utilisation conformément aux recommandations du fabriquant ou à l'aide d'une solution contenant 500 parties par million d'hypochlorite de sodium (dilution 1:100 d'eau de Javel à usage domestique : 1/4 de tasse pour 1 gallon d'eau).

Le personnel de laboratoire exposé accidentellement à du matériel potentiellement infecté à la suite d'éclaboussures, de projections de liquides, d'injections, de coupures ou d'abrasions devrait laver immédiatement la zone infectée avec du savon ou du détergent, appliquer une solution antiseptique (p. ex. chlorhexidine à 2 %, povidone iodé à 10 %, chlorhexidine à 0,5 % dans l'alcool) et aviser le bureau de santé des employés ainsi que l'unité de lutte contre l'infection. Cette personne de même que celles qui ont été exposées par voie muqueuse à des liquides biologiques ou qui ont inhalé sans protection des aérosols devraient être considérées comme des contacts à haut risque et faire l'objet d'une surveillance (voir «Recherche, surveillance et prise en charge des contacts»).

Les déversements accidentels de matériel potentiellement contaminé devraient être recouverts de serviettes de papier absorbantes, et d'une quantité généreuse de désinfectant, et l'on attendra 30 minutes avant de ramasser le tout. La zone devra être évacuée et l'on devra en interdire l'accès. Une fois qu'on a enlevé la première couche de matériel, on devrait répéter le processus. Les personnes chargées de cette tâche devraient porter des vêtements de protection. Il peut être bon que les préposés au nettoyage utilisent des respirateurs ou des respirateurs avec adduction d'air filtré. Les gants jetables, les blouses imperméables et les lunettes de sécurité, qui doivent être enlevés immédiatement une fois le nettoyage terminé, devraient être placés dans un sac destiné à l'autoclave et stérilisés avant d'être éliminés.

Les Centers for Disease Control and Prevention aux États-Unis sont en train d'évaluer un isolateur mobile qui pourrait être utilisé dans l'avenir comme laboratoire portatif pour l'étude sans danger des cas de FHV suspects ou confirmés. On dispose d'une installation similaire au Canada, mais celle qui existe aux États-Unis n'est pas encore disponible au Canada. Même si l'isolateur canadien n'est pas toujours maintenu de façon à pouvoir être utilisé sur-le-champ, il pourrait être mis en service en peu de temps. On peut obtenir d'autres renseignements sur le laboratoire mobile du Canada en communiquant avec le coordonnateur fédéral ou le Bureau de biosécurité.


4. Exécution de certaines épreuves de laboratoires

Avant d'effectuer d'autres tests, il faut soupeser les avantages que pourrait en retirer le patient par rapport aux risques auxquels pourrait être exposé le personnel de laboratoire. Il ne faut effectuer que les tests essentiels au traitement du patient.

Le diagnostic de FHV est confirmé par l'isolation du virus, par la détection des antigènes au moyen du test ELISA, l'amplification du génome viral par PCR, la mise en évidence des anticorps IgM ou d'une multiplication par quatre du titre des anticorps IgG dans le sérum. Les anticorps peuvent n'apparaître dans le sang que durant la deuxième semaine de la maladie. On retrouve habituellement le virus dans le sang, bien que le virus de Lassa puisse également être isolé dans les sécrétions pharyngées ou dans l'urine. Des échantillons de tissu prélevé après le décès au niveau du foie ou de la rate peuvent également constituer une abondante source de virus. Dans le cas d'une fièvre hémorragique avec syndrome rénal, il faut prélever du tissu rénal, alors que dans le cas du syndrome pulmonaire dû au virus Hantaan, il faut examiner du tissu pulmonaire.

Laboratoires désignés pour les tests diagnostiques de confirmation
De façon générale, il est à conseiller d'effectuer un test sérologique et d'essayer d'isoler le virus. Dans le cas des échantillons porteurs de pathogènes responsables de FHV qui sont des agents appartenant au groupe de risque 4 (p. ex. Ebola, Marburg), l'isolement du virus ne peut être pratiqué que dans un laboratoire de niveau de confinement 4. Les tests sérologiques à partir d'échantillons porteurs d'agents de FHV appartenant au groupe de risque 4 peuvent être effectués au laboratoire suivant * :

Agence de santé publique du Canada
Laboratoire national de microbiologie
Laboratoire national des zoonoses et des agents pathogènes
1er étage, Centre scientifique Canadien
1015 rue Arlington
Winnipeg, Manitoba
R3E 3R2
Tél: (204) 789-6019
Cell: (204) 781-0549
Pagette: (204) 932-2733
Attention: Heinz Feldmann

* Cette section est une modification du plan original.

Il convient de noter que les FHV ne sont pas toutes causées par des agents appartenant au groupe de risque 4. Citons notamment la dengue hémorragique qui est causée par un virus appartenant au groupe de risque 2 et la fièvre hémorragique avec syndrome rénal ou le syndrome pulmonaire dû au Hantavirus qui est causé par des hantavirus appartenant au groupe 3. Les échantillons porteurs de ces agents qui n'appartiennent pas au groupe 4 peuvent être analysés adéquatement au Canada.


5. Transport des échantillons pour les tests diagnostiques

Lorsqu'on expédie des échantillons provenant de patients, il faut se conformer aux Règlements sur le transport des marchandises dangereuses. Il est ainsi nécessaire de disposer d'un «numéro de plan d'intervention d'urgence», que l'on peut obtenir uniquement de Transports Canada (613-991-9396) après avoir soumis un plan d'intervention écrit. Il convient de solliciter l'avis et l'aide du laboratoire provincial/territorial avant d'expédier des échantillons, et tous les échantillons expédiés à des laboratoires de l'extérieur devraient, de préférence, passer par le laboratoire provincial/territorial. Il faut coordonner l'expédition des échantillons avec le coordonnateur fédéral des mesures d'urgence ou le directeur du Bureau de biosécurité, LLCM (tél. : (613) 957-1779, fax : (613) 941-0596, et avec le laboratoire auquel les échantillons sont destinés. Le numéro de plan d'intervention d'urgence ainsi qu'un numéro de téléphone en cas d'urgence doivent figurer sur le formulaire d'attestation de l'expéditeur.

Comme nous l'avons mentionné, il est recommandé d'effectuer des tests sérologiques et d'essayer d'isoler le virus. Pour isoler le virus, il est essentiel de fournir les échantillons suivants : un échantillon de sang veineux, un échantillon d'urine permictionnel (technique stérile) et un écouvillon de prélèvement de gorge. Si l'on dispose de prélèvements d'autopsie, on mettra en culture des échantillons de sérum et de tissus prélevés au niveau du foie, de la rate, du poumon et du rein. Il convient de suivre les procédures suivantes :

  1. Il faut recueillir 10 mL de sang total veineux et soumettre le prélèvement tel quel (c.-à-d. coagulé et non séparé).

  2. Des échantillons d'urine du milieu du jet devraient être recueillis au moyen d'une technique stérile. Cinq mL d'urine devraient être placés dans un contenant en plastique à bouchon vissable contenant l'une des solutions suivantes : albumine de sérum de lapin diluée pour obtenir une concentration finale de 25 % , albumine sérique humaine diluée pour obtenir une concentration de 1 % ou albumine de sérum de boeuf à une concentration finale de 10 %. L'échantillon devrait être tamponné.

  3. Les prélèvements de gorge devraient être placés dans des contenants en plastique à bouchon vissable renfermant 1 mL de solution salée neutre tamponnée aux phosphates et composée de 25 % de sérum de lapin, de 1 % d'albumine sérique humaine ou de 10 % d'albumine de sérum de boeuf.

  4. Les échantillons de tissus qui doivent être analysés devraient être placés dans des contenants en plastique à bouchon vissable, être entreposés à -70 oC jusqu'à ce qu'ils soient prêts à être expédiés, puis être expédiés dans de la glace sèche.

Tous les échantillons devraient être placés dans des emballages approuvés par Transports Canada; l'emballage le plus commode qui existe sur le marché est le «Saf-T-Pak», no de catalogue STP 100, vendu par Saf-T-Pak Inc., 10450 Mayfield Road, Edmonton (Alberta) T5P 4P4; tél. : (403) 486-0211; fax : (403) 486-0235. On peut également obtenir d'autres types d'emballages commerciaux d'Environmental Packaging Systems Ltd. (902) 461-1300. L'expéditeur devrait obtenir et transmettre, par téléphone ou fax, le numéro du bordereau d'expédition et le moment prévu d'arrivée de l'échantillon afin de faciliter le suivi.

Lorsque seuls des tests sérologiques doivent être pratiqués au Canada, il est uniquement nécessaire de respecter la procédure suivante :

  1. Le «Saf-T-Pak» est fourni avec toutes les étiquettes requises et des instructions pour faciliter l'emballage.

  2. Après avoir apposé l'étiquette de danger sur la boîte, on inscrira au-dessus «Matières infectieuses pour l'homme UN 2814».

  3. Puis on remplit les espaces «À» et «DE» sur le dessus de la boîte. Il faut également remplir l'«Attestation de l'expéditeur de marchandises dangereuses», fournie avec le «Saf-T-Pak».

  4. Un bordereau d'expédition est fourni par l'entreprise de messagerie. Il faut y inscrire «Marchandises dangereuses d'après l'attestation de l'expéditeur».

Lorsqu'un échantillon est soumis pour isolement du virus, le colis doit être placé sur de la glace sèche. En plus donc de suivre les instructions susmentionnées, il faut placer le «Saf-T-Pak» dans une glacière en mousse de polystyrène et l'entourer de glace sèche. Il faut apposer sur la glacière toutes les étiquettes et les inscriptions figurant sur l'emballage intérieur (p. ex. le «Saf-T-Pak»). Il faut de plus inscrire l'information suivante se rapportant à la glace sèche : «Glace sèche, UN 1845», le poids net de la glace sèche (p. ex. 1 500 g) ainsi qu'une étiquette de danger de classe 9. L'attestation de l'expéditeur devrait être remplie.

Si les échantillons qui doivent faire l'objet soit d'un test sérologique ou d'un isolement du virus sont expédiés aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis, il faut obtenir au préalable un permis d'importation du gouvernement américain. On peut obtenir ce permis en téléphonant à l'Office of Biosafety, CDC, (404) 639-3235. L'Office of Biosafety peut ensuite communiquer par fax un permis d'importation à l'expéditeur. Comme nous l'avons souligné précédemment, il faut coordonner l'expédition de tout matériel aux États-Unis avec le laboratoire provincial intéressé et le LLCM.


6. Traitement du patient

Les soins de soutien dispensés aux patients atteints d'une FHV qui sont gravement malades sont les mêmes que ceux fournis aux autres patients gravement atteints. Il est recommandé de consulter des spécialistes en maladies infectieuses ainsi que des responsables de la lutte contre l'infection.

Tous les cas confirmés de fièvre de Lassa devraient être soumis à un traitement antiviral à la ribavirine. Cette dernière a une certaine activité contre le virus responsable de la fièvre de Congo-Crimée; son usage devrait être envisagé chez les patients atteints d'une fièvre de Congo-Crimée confirmée. En outre, certaines données montrent que la ribavirine peut être efficace contre les virus des fièvres hémorragiques américaines, telles que le virus Junin. L'emploi de la ribavirine ne semble pas être indiqué dans les cas des infections à filovirus (Marburg, Ebola). Si l'on soupçonne fortement qu'une personne est atteinte d'une FHV à filovirus, on peut mettre en route le traitement à la ribavirine en attendant d'obtenir les résultats des tests de confirmation.

La posologie et la voie d'administration sont les suivantes : dose d'attaque de 30 mg/kg de ribavirine par voie intraveineuse (IV), puis 16 mg/kg IV toutes les 6 heures pendant 4 jours et enfin 8 mg/kg IV toutes les 8 heures pendant 6 jours (traitement d'une durée totale de 10 jours). Les préparations parentérales de ribavirine ne sont pas autorisées au Canada. Pour les obtenir à titre de médicaments d'urgence, if faut demander une autorisation au Programme de distribution des médicaments d'urgence, Bureau de l'évaluation des produits pharmaceutiques, Direction des médicaments (613) 941-2108 durant les heures normales de bureau (de 8 h 30 à 18 h 30) et (613) 941-3061 en dehors des heures normales de bureau. Le Centre médical de la Défense nationale à Ottawa peut distribuer des réserves autorisées de ribavirine.

Il importe d'assurer une bonne rééquilibration hydro-électrolytique des patients afin de réduire au minimum le risque de congestion et d'oedème pulmonaires. Il peut être utile pour la prise en charge médicale de ces patients de contrôler la pression centrale, mais il faut également considérer certains problèmes graves associés aux risques auquel est exposé le personnel médical.

 

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Dernière mise à jour : 2005-05-10 début