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Vie saine

La stratégie nationale : Aller vers l'avant - Rapport d'étape 2005 sur la lutte contre le tabagisme

Suivi des indicateurs clés

Au Canada, un processus d'apprentissage continu aide à lutter contre le tabagisme. Nous devons faire preuve de persistance en élaborant des mesures pour évaluer, surveiller et améliorer les programmes et les activités de lutte antitabac tout en cherchant sans cesse à combler les lacunes dans nos connaissances.

Une lacune cruciale a été le manque de données issues de sondages effectués dans le Nord. La collecte de données est plus difficile au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) et au Nunavut et, par conséquent, les territoires sont habituellement exclus de grands sondages. À l'hiver 2003, le bureau des statistiques des T.N.-O. a effectué une enquête de surveillance de l'usage du tabac dans le Nord (ESUTN). À l'automne 2004, on a analysé les données des sondages et produit un rapport à ce sujet. Les données provenant de l'ESUTN s'ajouteront aux données de l'Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (ESUTC de 2004) présentées dans le présent rapport.

Depuis 1999, l'ESUTC fournit des données fiables, à jour, comparables et continues concernant le tabagisme au Canada. Cette enquête, réalisée par Santé Canada sur les conseils des provinces, est menée par Statistique Canada. Ce dernier fournit des données semestrielles (Phase 1) et annuelles à l'échelle des provinces, avec un bilan national, en utilisant sur une année complète un échantillon qui regroupe plus de 20 000 répondants. Environ 50 % des personnes interrogées ont de 15 à 24 ans, car c'est ce groupe qui est le plus à risque de commencer à fumer.

Certaines lacunes persistent. Les défenseurs de la lutte contre le tabagisme reconnaissent qu'il est possible, dans le cadre de telles enquêtes, que l'on omette d'interroger des groupes qui sont probablement composés d'un pourcentage important de fumeurs réguliers et invétérés. Ces groupes comprennent les détenus, les personnes placées en établissement et les sans-abri qui comptent parmi eux des jeunes marginalisés.

On mesure habituellement le tabagisme de trois façons :

  • la prévalence (quel est le pourcentage des Canadiens et des Canadiennes fumeurs?);
  • la consommation de cigarettes (combien de cigarettes un fumeur régulier consomme-t-il par jour?);
  • les ventes de produits du tabac.

Chaque évaluation a des forces et des faiblesses, mais si on les regroupe, elles permettent de brosser le tableau du tabagisme au Canada.

Prévalence du tabagisme au Canada

Le premier rapport Aller vers l'avant, publié en 2001, renfermait des données sur la prévalence datant de 1965, année où la surveillance régulière du tabagisme a commencé. Le rapport soulignait la diminution importante du pourcentage des fumeurs au Canada, d'une proportion estimative de 50 % en 1965 à 24 % en 2000. Ces chiffres étaient encourageants. Certaines années se sont représentent des jalons importants dans la lutte antitabac. En 1981, par exemple, la prévalence est tombée sous les 40 %, et en 1994 elle se retrouvait sous les 30 % (figure 1A). Ces taux de prévalence représentent maintenant une ère différente de la lutte antitabac. Depuis les cinq dernières années, les données de l'ESUTC indiquent que même si la prévalence continue à diminuer dans la population en général, les diminutions sont moins importantes. Il semble que nous soyons rendus à une étape où il est plus difficile de joindre les fumeurs canadiens. Le rapport Aller vers l'avant est maintenant axé sur les données sur la prévalence recueillies dans le cadre de l'ESUTC depuis 1999.

FIGURE 1A - Prévalence des fumeurs actuels canadiens âgés de 15 ans ou plus, 1965 à 1999A

FIGURE 1A - Prévalence des fumeurs actuels canadiens âgés de 15 ans ou plus, 1965 à 1999

A Les données datant du 1965 au 1986 ne sont pas nécessairement comparables à cause des variations dans la méthodologie de collection.

Sources : Supplément de l'Enquête sur la population active, 1965–1975, 1981–1986; Enquête sur la santé au Canada, 1978; Enquête sociale générale, 1991; Enquête sur le tabagisme au Canada, 1994; Enquête nationale sur la santé de la population, 1996/97; Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada, 1999.

FIGURE 1B - Prévalence des fumeurs actuels canadiens âgés de 15 ans ou plus, 1999 à 2004

FIGURE 1B - Prévalence des fumeurs actuels canadiens âgés de 15 ans ou plus, 1999 à 2004

Source : Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (annuelle), 1999 à 2004.

Prévalence globale du tabagisme au Canada

La tendance de la prévalence du tabagisme est à la baisse dans les provinces, mais il semble que nous soyons rendus à un point où les taux de prévalence s'appliquent à des populations difficiles à joindre. Selon les résultats les plus récents de l'ESUTC issus des données recueillies en 2004, un peu plus de 5 millions de personnes, représentant environ 20 % de la population âgée de 15 ans et plus, étaient des fumeurs. (De ce nombre, 15 % ont déclaré qu'ils fumaient tous les jours, tandis que 5 % ont déclaré fumer à l'occasion). Ceci représente une légère diminution par rapport au taux de prévalence de l'année dernière, qui était de 21 % (figure 1B).

Selon les résultats de l'ESUTN, 41 % de la population des T.N.-O. de 15 ans ou plus fument des cigarettes (de ce nombre, 29 % ont déclaré fumer tous les jours). Ce taux est presque le double du taux de prévalence qui est rapporté pour les 10 provinces. On devrait noter que le rapport de l'ESUTN comprend des données sur l'usage du tabac chez les Autochtones. La prévalence du tabagisme chez les résidents autochtones était plus de deux fois celle des résidents non autochtones, à savoir 60 % comparativement à 25 %.

En 2004, environ 22 % des hommes de 15 ans et plus étaient fumeurs. Encore une fois, ceci représente une légère baisse par rapport au taux de l'année dernière, qui était de 23 %. Ce taux est encore plus élevé que le taux chez les femmes de 15 ans et plus, qui a baissé légèrement de 18 % à 17 % en 2003 (figure 2).

Dans les T.N.-O., les hommes fument en plus grand nombre que les femmes, les proportions pour les deux sexes étant de 44 % et de 38 % respectivement.

FIGURE 2 - Prévalence des fumeurs actuels canadiens âgés de 15 ans ou plus, par sexe, 1999 à 2004

FIGURE 2 - Prévalence des fumeurs actuels canadiens âgés de 15 ans ou plus, par sexe, 1999 à 2004

Source : Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (annuelle), 1999 à 2004.

Prévalence du tabagisme chez les groupes de jeunes

Au début des années 80, plus de 40 % des jeunes de 15 à 19 ans fumaient. Au début des années 90, ce taux avait diminué et était légèrement supérieur à 20 %. Puis, au cours des années 90, les taux ont augmenté, atteignant leur niveau le plus élevé - 28 % - en 1999. Mais ils baissent depuis lors. Le taux de 2004 demeure inchangé à 18 % depuis 2003 (11 % des jeunes ont déclaré fumer tous les jours et 7 % à l'occasion) (figure 3). Chez les adolescentes, le tabagisme est passé de 20 % en 2003 à 18 % en 2004. C'est le taux de tabagisme annuel le plus bas enregistré chez les adolescentes depuis le début de la surveillance en 1965

Selon les données de l'ESUTN, 43 % des jeunes de 15 à 19 ans des T.N.-O. fument.

Chez tous les groupes d'âge, les jeunes adultes de 20 à 24 ans ont toujours accusé les taux de prévalence les plus élevés. C'est toujours le cas, mais les taux sont passés de 35 % en 1999 à 31 % en 2002 et à 28 % en 2004 (figure 3). Il s'agit du taux le plus bas consigné depuis que Santé Canada a commencé à surveiller la prévalence chez ce groupe d'âge. Il y a plus de femmes que d'hommes qui fument dans ce groupe d'âge : 30 %, comparativement à 25 %.

Parallèlement à cette tendance, les jeunes adultes de 20 à 24 ans dans les T.N.-O. ont le taux de prévalence (53 %) le plus élevé de tous les groupes d'âge.

FIGURE 3 - Prévalence des fumeurs actuels canadiens, par groupe d'âge chez les jeunes (1999 à 2004)

FIGURE 3 - Prévalence des fumeurs actuels canadiens, par groupe d'âge chez les jeunes (1999 à 2004)

Source : Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (annuelle), 1999 à 2004.

Taux de prévalence dans les différentes provinces

Dans les provinces, les taux de prévalence chez les fumeurs de 15 ans et plus continuent à diminuer. En 1991, cinq provinces affichaient des taux supérieurs à 30 %. En 2000, seule une province avait un taux de prévalence de 30 %. D'après les données de l'ESUTC, le taux de prévalence le pus élevé est de 24 % (Nouveau-Brunswick). L'ampleur des différences entre les provinces est aussi encourageante que les taux de diminution. Le Québec a enregistré la diminution la plus importante, de 25 % en 2003 à 22 % en 2004, et la Colombie-Britannique continue d'afficher le taux de prévalence le plus bas, à 15 %, mais toutes les provinces sont actuellement en deçà de 4 à 5 % de la moyenne nationale (figure 4).

FIGURE 4 - Prévalence des fumeurs actuels canadiens, par province, 1991 et 2004

FIGURE 4 - Prévalence des fumeurs actuels canadiens, par province, 1991 et 2004
Source : Enquête sociale générale, 1991 ; Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada, 2004.

Consommation de cigarettes au Canada

Les données sur les ventes de pro-duits du tabac et la consommation de produits du tabac recueillies dans le cadre d'enquêtes donnent divers aperçus sur la consommation, avec leurs forces et leurs faiblesses. Dans le cadre d'enquêtes, la consommation est déclarée par les participants. Étant donné que les fumeurs, inévitablement, déclarent des habitudes de consommation de produits du tabac moindres qu'en réalité, le taux de consommation tend à être inférieur à celui des ventes de cigarettes pendant une même période. L'écart entre les chiffres de consommation déclarée par les participants et les chiffres de vente a déjà atteint 30 % et pourrait être supérieur étant donné que le degré d'acceptation du tabagisme a diminué dans la société.

Consommation globale de cigarettes au Canada

Depuis 1985, lorsque les fumeurs quotidiens consommaient en moyenne 20,6 cigarettes par jour, les Canadiens continuent à déclarer fumer moins de cigarettes par jour. Le nombre de cigarettes fumées par jour a diminué graduellement mais constamment à son niveau actuel de 15,2 cigarettes par jour, conformément au niveau de 2004.

Bien que les taux de consommation chez les fumeurs quotidiens soient à la baisse tant chez les hommes que chez les femmes au cours des vingt dernières années, cette baisse est plus remarquable chez les hommes que chez les femmes puisque historiquement, les homes fumaient davantage de cigarettes par jour. Toutefois, les hommes continuent à fumer plus que les femmes, la consommation étant de 16,4 cigarettes par jour chez les hommes, comparativement à 13,8 cigarettes par jour chez les femmes (figure 5).

FIGURE 5 - Nombre de cigarettes fumées quotidiennement par les fumeurs canadiens quotidiens âgés de 15 ans et plus, 1999 à 2004A

FIGURE 5 - Nombre de cigarettes fumées quotidiennement par les fumeurs canadiens quotidiens âgés de 15 ans et plus, 1999 à 2004A

A Données provinciales seulement.

Source : Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (annuelle), 1999 à 2004.

FIGURE 6 - Nombre moyen de cigarettes fumées par jour par les fumeurs quotidiens canadiens, par groupe d'âge de jeunes, 2004A

FIGURE 6 - Nombre moyen de cigarettes fumées par jour par les fumeurs quotidiens canadiens, par groupe d'âge de jeunes, 2004

A Données provinciales seulement.

Source : Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (annuelle), 1999 à 2004.

Dans l'ensemble des T.N.-O., les fumeurs quotidiens fumaient en moyenne 14 cigarettes par jour. Les hommes fumaient plus de cigarettes par jour que les femmes (15,9 cigarettes comparativement à 11,8). En outre, les fumeurs quotidiens non autochtones fumaient plus de cigarettes par jour que les fumeurs quotidiens autochtones 16,6 cigarettes par jour comparativement à 12,3).

La consommation de cigarettes chez les jeunes canadiens

Chez les jeunes de 15 à 19 ans, la consommation quotidienne s'élevait à 11,6 cigarettes, les taux de consommation étant presque identiques chez les garçons et les filles (11,7 pour les garçons et 11,6 pour les filles) Avant 2004, les garçons avaient déclaré fumer plus de cigarettes par jour que les filles. En 2003, la consommation était de 13 cigarettes par jour chez les garçons et de 11,7 chez les filles.

Chez les jeunes adultes de 20 à 24 ans, la consommation de cigarettes chez les deux sexes était de 12,8 cigarettes par jour, et les hommes fumaient un peu plus de cigarettes par jour (13,8) que les femmes (11,6) (figure 6).

FIGURE 7 - Nombre moyen de cigarettes fumées par jour par les fumeurs quotidiens canadiens, par groupe d'âge de jeunes et par province, 2004A

FIGURE 7 - Nombre moyen de cigarettes fumées par jour par les fumeurs quotidiens canadiens, par groupe d'âge de jeunes et par province, 2004
A Données provinciales seulement.

Source : Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (annuelle), 2004.

Consommation de cigarettes par province

La consommation de cigarettes dans les provinces devient plus uniforme. En 2004, le nombre moyen de cigarettes fumées par jour par les fumeurs réguliers variait de 13,9 en Saskatchewan à 16,7 au Nouveau-Brunswick. Conformément aux prévisions, les hommes ont déclaré fumer légèrement plus de cigarettes par jour que les femmes, les écarts les plus importants se situant au Nouveau-Brunswick, où les hommes ont déclaré fumer en moyenne 18,5 cigarettes par jour comparativement à 14,5 chez les femmes. Chez les jeunes de 15 à 19 ans, la consommation allait de 10,5 cigarettes par jour en Saskatchewan à 14,1 à Terre-Neuve-et-Labrador. Habituellement, les personnes de 20 à 24 ans fument plus de cigarettes par jour que celles de 15 à 19 ans, mais dans trois provinces, Terre-Neuve-et-Labrador, Manitoba et Alberta, elles déclarent en fumer moins (figures 7 et 8).

Statistiques de l'industrie du tabac

L'industrie canadienne du tabac est assujettie à plusieurs règlements provinciaux et fédéraux concernant la communication de rapports. Par exemple, en Colombie-Britannique, le règlement sur les essais du tabac et la divulgation des résultats exige qu'on divulgue les résultats d'essais visant à déterminer la présence de produits chimiques, dont le nombre peut atteindre 44, dans la fumée principale (inhalée par le fumeur) et dans la fumée secondaire (fumée d'une cigarette allumée). Il exige également que l'on fasse des essais sur deux manières d'inhaler, normale et intense, et qu'on en divulgue les résultats.

FIGURE 8 - Nombre moyen de cigarettes fumées par jour par les fumeurs quotidiens canadiens âgés de 15 ans ou plus, par sexe et par province, 2004A

FIGURE 8 - Nombre moyen de cigarettes fumées par jour par les fumeurs quotidiens canadiens âgés de 15 ans ou plus, par sexe et par province, 2004
A Données provinciales seulement.

Source : Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada (annuelle), 2004.

À l'échelon fédéral, depuis l'entrée en vigueur du Règlement sur les rapports relatifs au tabac, pris en application de la Loi sur le tabac, les fabricants des produits du tabac sont tenus de divulguer la concentration de plus de 40 produits chimiques présents dans la fumée principale (inhalée par le fumeur) et la fumée des autres (la fumée secondaire inhalée par les non-fumeurs). Six de ces produits doivent figurer sur les paquets des produits du tabac.

On exige des rapports trimestriels sur les ingrédients des produits et les activités publicitaires, et un rapport semestriel sur les émissions. En outre, les fabricants sont tenus de soumettre des rapports annuels sur les ventes et la recherche, et des renseignements sur les constituants. Finalement, on exige des rapports mensuels sur les ventes de cigarettes, de tabac à cigarettes et de bâtonnets de tabac.

Ventes de cigarettes sur le marché Intérieur

Bien que l'on puisse consommer le tabac sous diverses formes, la cigarette compte pour la plus la plus grande part de la consommation de tabac. Les produits du tabac autres que les cigarettes, tels le tabac à pipe, les cigares, les cigarillos et le tabac sans fumée représentent une proportion marginale des ventes de tabac, mais leur utilisation semble accuser une légère augmentation.

Il faut noter que les données sur les ventes de cigarettes sur le marché intérieur recueillies en vertu du Règlement sur les rapports relatifs au tabac ne représentent pas les ventes au détail mais plutôt les ventes du fabricant au grossiste pour lesquelles on a payé des taxes d'accise et des droits.

On ne peut ajouter foi aux données sur les ventes de cigarettes. Comme le montre la figure 9, il y a une chute assez marquée des ventes de cigarettes déclarées entre 1991 et 1993. Cependant, cela ne s'est pas traduit par une baisse de la consommation de cigarettes. Pendant cette période, il y a eu une hausse importante des taxes sur le tabac. La hausse des prix, au lieu d'aider à réduire la consommation, a stimulé la contrebande. En 1994, pour faire baisser les ventes non contrôlées, on a réduit provisoirement les taxes fédérales. Ensuite, on les a augmentées progressivement sur près de cinq ans, et on a établi une taxe fédérale uniforme sur le tabac à l'échelle du pays. Depuis, on constate une baisse constante du nombre de cigarettes vendues au Canada.

La contrebande et la question plus récente des cigarettes de contrefaçon continuent de susciter des préoccupations et méritent qu'on leur accorde plus d'attention.

Les mesures fiscales sont coordonnées entre plusieurs ministères et organismes fédéraux, la coordination, la gestion et le financement étant assurés par l'intermédiaire de la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme. Le ministère du Solliciteur général et la Gendarmerie royale du Canada participent aux efforts déployés pour surveiller et évaluer les activités liées à la contrebande du tabac et les crimes connexes. Le ministère de la Justice assure la surveillance et perçoit les amendes imposées aux contrevenants et prend des mesures à l'égard des infractions liées à la contrebande. L'Agence du revenu du Canada est chargée de percevoir les droits et les taxes sur les produits du tabac et d'interdire la circulation de produits du tabac de contrebande à l'intérieur du pays et à la frontière. Leurs activités se déroulent aux points d'entrée terrestres, marins et aériens ainsi que dans les entrepôts d'attente et publics à l'intérieur du pays.

FIGURE 9 - Ventes des cigarettes sur le marché intérieur, entre le fabricant et le grossiste (milliards de cigarettes), Canada, 1980 à 2004A

FIGURE 9 - Ventes des cigarettes sur le marché intérieur, entre le fabricant et le grossiste (milliards de cigarettes), Canada, 1980 à 2004

A Peuvent ne pas représenter la totalité des ventes pour certaines années en raison de non-déclaration occasionnelle ou en marge. Source : Santé Canada, Programme de la lutte au tabagisme, Bureau de la recherche, de la surveillance et l'évaluation.

Effets du tabagisme

Le tabagisme demeure la première cause évitable de décès et de maladie au Canada. Chaque année, plus de 45 000 Canadiens meurent de causes liées au tabac. Parmi ces personnes, certaines n'ont jamais consommé de tabac, mais elles ont été exposées à la fumée secondaire. (D'après l'ESUTC de 2004, 15 % des enfants canadiens de la naissance à 17 ans sont encore exposés régulièrement à la fumée de tabac ambiante.) Bien qu'il soit impossible de mesurer les conséquences affectives et sociales pour les familles touchées, il est possible d'estimer le coût économique que doit absorber notre système de soins de santé, et ce coût est considérable.

Au fil des années on s'est penché sur le calcul des taux de mortalité liés au tabagisme. Cependant, même si on emploie différentes méthodes de calcul, force est de constater qu'un nombre important de décès évitables se produisent chaque année.

Mortalité attribuable au tabagisme

Nos données les plus récentes indiquent qu'en 1998, 47 581 Canadiens sont morts à cause du tabagisme actif ou passif. De ce nombre, 30 230 étaient des hommes, 17 351 étaient des femmes et 96 étaient des enfants âgés de moins d'un an (voir le tableau 1). Un type de mortalité qui ne figure pas dans ces chiffres est la mort causée par les incendies attribuables au tabagisme. Bien que ces décès soient peu nombreux chaque année, ils sont également évitables.

TABLE 1 - Mortalité attribuable au tabagisme (MAT), par catégorie de maladie et par sexe, Canada, 1998A
CATÉGORIE DE MALADIE CIM-9 MALE FEMALE TOTAL
MALADIES DES ADULTES
(ÂGÉS DE PLUS DE 35 ANS)
29 563 16 815 46 378
Cancers   12 052 6 295 18 347
Lèvres, cavité buccale, pharynx 140-149 610 207 817
Oesophage 150 761 244 1 005
Pancréas 157 415 540 955
Larynx 161 320 62 382
Trachée, poumons, bronches 162 9 067 4 884 13 951
Col de l'utérus
180 - 136 136
Vessie 188 467 161 628
Reins, autre partie des voies urinaires 189 413 62 475
Maladies cardiovasculaires   11 305 6 109 17 413
Rhumatisme cardiaque 390-398 41 55 96
Hypertension artérielle 401-405 145 153 298
Cardiopathie ischémique 410-414      
35 à 64 ans   2 171 489 2 660
65 ans et plus   4 007 2 622 6 629
Cardiopathie pulmonaire 415-417 120 80 200
Autres cardiopathies 420-429 1 645 1 133 2 779
Maladie cérébrovasculaire 430-438      
35 à 64 ans   361 327 687
65 ans et plus   1 310 455 1 765
Athérosclérose 440 356 274 630
Anévrisme de l'aorte 441 794 281 1 075
Autres maladies artérielles 442-448 354 240 595
Maladies respiratoires 6 206 4 411 10 618
Tuberculose respiratoire 010-012 20 6 26
Pneumonie/Grippe 480-487 1 418 1 364 2 782
Bronchite/Emphysème 491-492 751 473 1 224
Asthme 493 55 75 130
Obstruction chronique des voies aériennes 496 3 963 2 494 6 457
MAT PÉDIATRIQUE 612 495 1 107
MAT pédiatrique attribuable à un cancer du poumon   218 143 361
MAT pédiatrique attribuable à la cardiopathie ischémique   394 352 746
MALADIES PÉDIATRIQUES
(LES ENFANTS ÂGÉS DE MOINS D'UN AN)
55 41 96
Insuffisance de poids à la naissance 765 17 15 31
Syndrome respiratoire aigu sévère 769 8 6 14
Affections respiratoires du nouveau-né 770 11 9 21
Mort subite de nourrisson 798.0 19 11 30
TOTAL 30 230 17 351 47 581
MAT en pourcentage des décès, toutes causes confonduesaA 27 17 21
Rapport MAT entre hommes et femmes     1,7

A Au Canada, 113 007 personnes de sexe masculin et 105 084 personnes de sexe féminin sont mortes de toutes les causes en 1998.

CIM-9 = Classification internationale des maladies, 9e révision, Organisation mondiale de la Santé, Genève.

Source : Makomaski Illing EM, Kaiserman MJ, « La mortalité attribuable au tabagisme au Canada et dans ses régions », 1998.
La revue canadienne de santé publique, volume 95, no 1, 2004.

Certaines conséquences pour la santé ne sont pas propres au sexe, c'est-à-dire qu'elles touchent à la fois les hommes et les femmes. Citons, par exemple, le cancer du poumon et d'autres cancers, la maladie cardiovasculaire, les accidents vasculaires cérébraux, la bronchite chronique et l'emphysème. D'autres conséquences pour la santé sont toutefois propres au sexe. Par exemple, les fumeurs risquent la dysérection et une diminution de la fertilité, tandis que les fumeuses risquent davantage la maladie cardiovasculaire lorsqu'elles prennent des contraceptifs oraux, ainsi qu'une diminution de la fertilité, le cancer du col de l'utérus, la ménopause précoce et des fractures des os. En outre, le tabagisme pendant la grossesse peut entraîner la naissance prématurée, une malformation du fœtus, un faible poids à la naissance et la mortinaissance.

Entre 1989 et 1998, le nombre de décès liés au tabagisme au Canada a augmenté, et cette montée a été particulièrement marquée chez les femmes. Pendant cette période, les décès liés au tabagisme sont passés de 38 357 à 47 581, ce qui représente une hausse de 9 224. Parmi ces décès, 6 531 sont survenus chez les femmes. (figure 10)

Cette différence entre les hommes et les femmes en ce qui concerne les décès liés au tabagisme reflète le comportement de notre population en matière de tabagisme il y a deux ou trois décennies. Vers le milieu des années 60, la consommation de tabac a diminué chez les hommes, et ce changement s'est traduit par un nivellement vers le milieu des années 80 et ensuite par une baisse continue des taux de cancer du poumon chez les hommes. Entre 1989 et 1998, le cancer du poumon était la principale cause de décès lié au tabagisme, alors que la maladie cardiovasculaire occupe maintenant ce rang. Chez les Canadiennes, la consommation du tabac a atteint un sommet à la fin des années 70 et diminue progressivement depuis 30 ans. Entre 1969 et 1998, les taux de mortalité attribuables au cancer du poumon chez les femmes ont plus que quadruplé, et l'on peut s'attendre à ce que ces taux continuent de monter pour quelques années encore, avant de commencer à baisser.

À cause de la baisse importante de la prévalence du tabagisme et de la consommation de tabac au cours des 40 dernières années, le taux des décès liés au tabagisme commencera à baisser. Grâce à la mise en œuvre d'une vaste gamme de mesures de lutte contre le tabagisme, depuis la réglementation jusqu'à l'éducation, nous pouvons nous attendre à une diminution des décès liés au tabagisme.

Tabagisme, déterminants de la santé et disparités sur le plan de la santé

La Stratégie nationale est fondée sur un cadre de santé de la population, qui prend en considéra-tion une vaste gamme de déterminants de la santé qui influencent les tendances relatives au tabagisme. Nous reconnaissons aujourd'hui que des interactions complexes entre ces déterminants de la santé influent sur la santé de la personne. Ces déterminants sont, entre autres, le revenu personnel, le rang social, le sexe, la scolarisation, l'origine ethnique ainsi que les caractéristiques biologiques et génétiques. importantes à la grandeur du pays. Ces inégalités ne sont pas réparties aléatoirement, mais plutôt selon des groupes bien précis (les Autochtones, p. ex.), selon le sexe, selon le niveau de scolarisation et de revenu, et selon d'autres indicateurs des désavantages ou des inégalités des chances.

Les plus importantes conséquences des disparités sur le plan de la santé sont la mort, la maladie et l'invalidité évitables. Elles touchent la société canadienne dans son ensemble et vont à l'encontre des valeurs canadiennes.

FIGURE 10 - Proportion et nombre de mortalités attribuables au tabagisme au Canada, par sexe, 1998

FIGURE 10 - Proportion et nombre de mortalités attribuables au tabagisme au Canada, par sexe, 1998

Source : Makomaski Illing EM, Kaiserman MJ, « La mortalité attribuable au tabagisme au Canada et dans ses régions », 1998.

La revue canadienne de santé publique, volume 95, no 1, 2004.

Les disparités sur le plan de la santé sont manifestes dans les modes d'usage du tabac. Par exemple, selon les données de l'ESUTC de 2003, les fumeurs canadiens sont répartis comme suit : chez les groupes ayant les plus faibles revenus, 33,7 % sont des femmes et 44,5 % sont des hommes, tandis que chez les groupes ayant les revenus les plus élevés, 21,2 % sont des femmes et 22,1 % sont des hommes. Les données de l'ESUTC de 2004 révèlent que 43 % des fumeurs ont terminé leurs études secondaires ou moins, tandis que 35 % ont terminé des études collégiales ou universitaires.

Genre, sexe et tabagisme

Les spécialistes qui étudient les disparités au chapitre de la santé entre les hommes et les femmes font maintenant la distinction entre le genre et le sexe. Le sexe concerne exclusivement les caractéristiques biologiques et physiologiques qui définissent les hommes et les femmes. En revanche, le genre signifie les rôles, les comportements, les activités et les attributs que la société construit pour les hommes et les femmes et considère appropriés pour eux. On apprend typiquement ces rôles et ces comportements en grandissant, et on apprend à les identifier comme soit « féminins », soit « masculins ».

En 2004, Santé Canada a commandé une étude des ouvrages de recherche récents concernant le genre et l'usage du tabac. Le recueil qui en a résulté, intitulé Le genre et l'usage du tabac : une bibliographie commentée, regroupe des ouvrages de recherche publiés entre 2000 et 2005 dans plusieurs pays à revenus élevés tels que l'Australie, le Canada, les pays de l'Union européenne, la Nouvelle Zélande et les États-Unis. Au total, 65 publications sont comprises dans la bibliographie commentée.

Bien que la plupart des chercheurs interprètent leurs résultats avec la plus grande prudence, il semble de plus en plus probable que les hommes et les femmes commencent à fumer pour des raisons différentes. Il y a aussi des preuves qui laissent croire que les hommes et les femmes arrêtent de fumer pour des raisons différentes aussi, et qu'il faut adapter les stratégies de cessation au genre aussi bien qu'à l'âge.

Des facteurs biopsychosociaux semblent exercer une grande influence sur les femmes et les adolescentes, les incitant à commencer et à continuer de fumer. En fait, dans plusieurs études, on a constaté que le prédicteur le plus répandu du tabagisme chez les filles et les femmes est la préoccupation du poids et surtout « l'élan vers la minceur ».

Le tabagisme comme moyen de rehausser son image sociale, de se lier avec ses pairs et de maîtriser son humeur semble être plus important pour les adolescentes que pour les adolescents. Les chercheurs suggèrent également que les filles ont moins de ressources sociales que les garçons pour se faire une image de soi positive.

L'industrie du tabac a certainement profité de ses connaissances des raisons pour lesquelles les jeunes commencent à fumer. Elle a représenté le tabagisme comme le symbole même de l'indépendance, de l'élégance et de l'égalité, et a passé beaucoup d'annonces dans les magazines destinés à une population féminine. Elle a également créé des images de marque pour exploiter des créneaux du marché. Par exemple, l'industrie a non seulement créé certaines marques « légères » et, dans la publicité, les a présentées comme élégantes et sophistiquées, afin d'attirer les adolescentes, mais a aussi fait la promotion d'autres marques comme étant excitantes et hardies, afin d'attirer les jeunes hommes et femmes de la classe ouvrière.

Certaines études semblent indiquer que les taux de cessation sont plus faibles chez les femmes. Cependant, nous savons déjà que les programmes de cessation ne sauraient être efficaces pour tout le monde. Ce qui est efficace chez les adultes ne le sera pas forcément chez les jeunes. En outre, les interventions visant à encourager la cessation devraient peut-être se faire en tenant davantage compte des variations dans les stress qu'éprouvent les femmes, par exemple la grossesse, le fait d'être chef d'une famille monoparentale, et la ménopause.

On aura peut-être besoin d'interventions en matière de cessation et de prévention afin de combattre les facteurs biopsychosociaux déjà mentionnés ainsi que les problèmes de l'estime de soi. La recherche effectuée jusqu'à présent indique l'intérêt de modifier les stratégies et techniques de lutte contre le tabagisme, mais il faut encore approfondir la recherche et l'analyse. Nous avons besoin d'une orientation claire et pratique, fondée sur des preuves scientifiques, sur la meilleure façon de bien intégrer le concept de genre aux politiques et programmes, surtout dans les contexte où on constate une volonté manifeste de réduire les disparités au chapitre de la santé.

Mise à jour : 2005-11-29 Haut de la page