Santé Canada - Gouvernement du Canada
Sautez à la barre de navigation de gaucheSautez des barres de navigation au contenu
Santé de l'environnement et du milieu de travail

Évaluation et gestion des risques de cancer associés aux rayonnements ionisants et aux agents chimiques

2. Cadres d'évaluation et de gestion des risques pour la santé

La protection de la santé publique contre les risques liés à l'environnement est complexe et oblige à prendre en considération de nombreux facteurs. Au Canada et ailleurs dans le monde, plusieurs organisations ont élaboré des cadres décisionnels afin d'adopter une approche structurée d'évaluation et de gestion du risque pour la santé [Krewski et Birkwood, 1987a, 1987b].

En plus de servir à analyser la situation et à structurer le processus décisionnel, de tels cadres offrent la souplesse voulue pour examiner au besoin des risques pour la santé particuliers. Ces cadres reposent généralement sur des principes uniformes, mais ils peuvent présenter des différences quant à la terminologie employée, à l'étendue des facteurs examinés, au degré de précision et à l'importance de certains facteurs, notamment la communication du risque et la participation des parties intéressées à l'ensemble du processus [Krewski et Birkwood, 1987].

Il n'existe pas véritablement de cadre canadien d'évaluation et de gestion du risque, mais deux normes d'application générale pertinentes ont été élaborées par l'Association canadienne de normalisation. L'une d'elles é tablit les exigences et les recommandations quant au choix et à la mise en oeuvre des techniques d'analyse des risques principalement d'origine technologique [CSA, 1991]. L'autre norme a pour objet d'aider les décisionnaires dans la gestion de tous les risques, notamment les risques pour la santé et ceux liés l'environnement [CSA, 1997].

Le cadre élaboré par la Direction générale de la protection de la santé de Santé Canada sert d'exemple dans ce rapport pour illustrer le processus général d'évaluation et de gestion du risque. Ce cadre a été élaboré afin de guider la Direction dans ses activités visant à protéger la santé et à réduire les risques associés aux aliments, aux médicaments et à l'environnement ainsi qu'à prévenir les maladies et les accidents (voir la figure 1).

Figure 1. Cadre d'évaluation et de gestion du risque
Évaluation du risque Appréciation du risque Analyse
du risque

Détection du danger
Image d'une flèche bas
Estimation du risque
Image d'une flèche bas

Évaluation des options Image d'une flèche bas
Définition des options
Image d'une flèche bas
Analyse des options
Gestion du risque Décision
Image d'une flèche bas
Mise en application
Image d'une flèche bas
Surveillance et évaluation
Image d'une flèche bas
Révision

Source: L'évaluation du risque our la santé: La protection de la santé: un défi [DGPS, 1993]

Suivant ce cadre, le risque est défini en tant que danger résultant de l'exposition à un agent et probabilité que ce danger se matérialise [DGPS, 1990]. Le risque pourrait être défini différemment par d'autres organismes. L'appréciation du risque comporte quatre étapes : détection du danger, estimation du risque, définition des options et analyse des options. La gestion du risque compte aussi quatre étapes : décision, mise en application, surveillance et évaluation et révision. La communication avec les parties intéressées peut avoir lieu à toutes les étapes du processus.

La détection du danger est l'action de constater qu'un agent en particulier (par ex. une substance chimique donnée) peut avoir des effets néfastes spécifiques sur la santé. Les dangers peuvent être décelés par divers moyens, notamment les études épidémiologiques, les études toxicologiques et, dans le cas précis des agents chimiques, l'analyse des rapports structure-activité.

Les études épidémiologiques permettent de recueillir des données sur les risques pour la santé des populations humaines et, dans le cas des risques associés aux rayonnements, constituent la source principale de données. Cependant, elles posent des difficultés en raison de leur coût élevé ainsi que de la complexité de l'environnement humain, de l'insensibilité possible aux effets restreints et de la longue durée des études, qui doivent parfois se prolonger de nombreuses années [Santé et Bien-être social Canada, 1991]. Par conséquent, on les remplace souvent par les autres types d'études mentionnées ci-dessous.

Les études toxicologiques sont généralement effectuées en laboratoire sur des sujets non humains et sont largement utilisées pour déterminer les risques possibles de certaines substances pour la santé humaine, en particulier des substances chimiques. Au moyen d'extrapolations, les chercheurs établissent un rapport entre les résultats des expériences consistant à administrer de fortes doses des substances à différentes espèces et les effets que pourraient avoir sur des populations humaines des doses relativement faibles de ces substances. Des épreuves de haute sensibilité permettent d'étudier divers effets nocifs, notamment les épreuves de toxicité aiguë chez des animaux, le métabolisme des substances, les effets sur l'appareil reproducteur et le développement ainsi que les effets à long terme et l'action cancérogène.

Les marqueurs biologiques sont utiles pour étudier les risques associés aux agents chimiques. Ce sont des transformations biologiques consécutives à une exposition, mais qui ne sont pas nécessairement directement associées à des effets nocifs observés. Leur étude permet d'évaluer l'exposition, les effets sur la santé ou la vulnérabilité à la maladie, de déterminer la variabilité intra et inter-sujets, de préciser les mécanismes ou de déterminer la relation dose-effet. La mesure dans laquelle ils permettent de prévoir l'apparition de la maladie détermine leur utilité finale.

L'analyse des rapports structure-activité sert à prévoir les effets toxiques ou cancérogènes d'un composé chimique à partir de sa structure. Les prévisions reposent souvent sur l'activité connue de composés semblables, compte tenu de leurs propriétés et attributs spécifiques. Toutefois, bien que de telles règles de classification soient utiles, elles ne constituent pas des indicateurs infaillibles des effets sur la santé.

L' estimation du risque est l'action de déterminer la probabilité qu'un effet nocif en particulier se matérialise. La détection du danger et l'estimation du risque font partie du processus d'analyse du risque. L'estimation du risque peut se faire au moyen de l'analyse quantitative des données t oxicologiques ou épidémiologiques. Comme les données scientifiques sont souvent incomplètes ou inexistantes, de telles estimations doivent cependant être étoffées au moyen d'approximations qualitatives et de l'examen des incertitudes.

L' évaluation des options comporte la définition et l'analyse des options de limite du risque. Les options peuvent être de nature réglementaire ou non, selon le mandat de l'organisation, les objectifs et les orientations du programme, les règlements existants et les solutions autres que réglementaires. Les options sont évaluées en fonction de plusieurs facteurs, entre autres : la nature des risques sanitaires en cause et la probabilité qu'ils se matérialisent; les incertitudes inhérentes à l'estimation du risque; la perception du risque par le public; les avantages sur le plan de la santé et la faisabilité technique de l'option; les répercussions économiques et environnementales; les répercussions sociales, politiques et culturelles; et les divers points de vues invoqués (individus ou société).

La gestion du risque commence une fois que la décision est prise (choix d'une des options) et que les ressources nécessaires sont affectées. La mise en application est accompagnée de la communication avec les parties touchées, dans le but de leur expliquer les changements qui se produiront.

La surveillance et l'évaluation des répercussions de la décision ont pour objet de déterminer l'efficacité de cette dernière. Les techniques employées comprennent l'échan-tillonnage du milieu, la surveillance post-commercialisation, l'étude épidémiologique prospective, l'évaluation des nouvelles données sur le risque pour la santé ainsi que la cueillette d'information structurée ou informelle auprès du public.

L'étape suivante du processus consiste dans la révision des nouveaux renseignements, ce qui peut obliger à reconsidérer et à réviser toute étape antérieure du processus.

Mise à jour : 2004-05-20 Haut de la page