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L'attitude des jeunes à l'égard de la lutte contre le tabagisme : évaluation préliminaireRésuméLes attitudes des jeunes en Ontario à l'égard de la vente et du prix des cigarettes, de l'interdiction de l'usage du tabac et leur perception de l'honnêteté des compagnies de tabac ont été évaluées en 2001 et comparées aux attitudes des adultes en 2000 et aux attitudes des jeunes en 2003. Les jeunes étaient davantage en faveur de la restriction de la vente de cigarettes et de l'augmentation du prix des produits du tabac que les adultes et ils étaient davantage portés à être d'accord avec l'interdiction par le gouvernement de l'usage du tabac, mais ils étaient moins méfiants à l'endroit des compagnies de tabac. En 2003, les jeunes étaient davantage en faveur de la restriction de la vente et de l'interdiction du tabac et plus méfiants à l'endroit des compagnies de tabac qu'en 2001. Il faudra réaliser des évaluations plus approfondies et assurer une surveillance continue des attitudes des jeunes. Mots clés : adultes; attitudes; cigarettes; industrie du tabac; jeunes; lutte au tabagisme IntroductionLe soutien de la population à la lutte contre le tabagisme est un fondement important des programmes et politiques visant à réduire les conséquences néfastes pour la santé de l'usage du tabac. Nous avons examiné les attitudes des adultes canadiens à l'égard des mesures de lutte contre le tabagisme1-4, mais il n'existe aucun rapport sur ces attitudes chez les jeunes. Étant donné que les interventions destinées à lutter contre le tabac s'adressent souvent aux jeunes, il pourrait être intéressant de recueillir de l'information sur la perception qu'ils ont de ces mesures et sur l'évolution de leurs attitudes au fil des ans. En outre, des données montrant que les jeunes appuient ces interventions pourraient constituer un élément persuasif qui renforcerait la volonté politique de mettre en oeuvre des mesures énergiques de lutte contre le tabagisme5,6. Il importe toutefois de mettre les attitudes des jeunes en contexte et, en particulier, de les comparer aux attitudes des adultes habitant la même région. Nous avons comparé les attitudes des jeunes et des adultes en Ontario à l'égard de la restriction de la vente de tabac et de l'augmentation du prix des cigarettes. De plus, nous avons évalué les attitudes à l'égard de l'interdiction de l'usage du tabac et la méfiance à l'endroit des compagnies de tabac ainsi que les change-ments des attitudes des jeunes au cours d'une période de deux ans. MéthodesSources des donnéesLes données sur les jeunes ont été tirées des Sondages sur la consommation de drogues parmi les élèves de l'Ontario de 2001 et 2003 (SCEDO)7,8. Nous avons procédé à un échantillonnage des élèves de la 7e à la 12e années par un processus de sélection en deux étapes des écoles et des classes stratifiées par région et type d'école (n = 3818 en 2001; n = 6616 en 2003). Les étudiants du cours pré-universitaire de l'Ontario ont été exclus de cette analyse. Les données sur les attitudes des adultes ont été tirées de l'étude « Q2000 » (n = 1607), une enquête téléphonique au sein de la population menée en 2000 auprès des adultes de l'Ontario âgés de 18 ans et plus9. L'échantillon de répondants a été obtenu par composition aléatoire des numéros de téléphone et sélection aléatoire d'un membre du ménage. Questions d'enquêteVoici les questions qui ont été examinées dans le SCEDO :
Les seules différences de formulation relevées dans l'enquête « Q2000 » se trouvaient dans les questions concernant le prix (« que le prix des cigarettes devrait augmenter d'au moins un dollar par paquet ») et l'interdiction du tabac (« que le gouvernement devrait rendre illégal l'usage du tabac »). Analyse des donnéesLes données du SCEDO de 2001 et du « Q2000 » ont été fusionnées dans un ensemble de données tout comme les données des sondages auprès des élèves de 2001 et de 2003. Des variables communes ont été créées pour l'unité d'échantillonnage primaire, la strate et le poids de probabilité, et les plans de sondage complexes des ensembles de données fusionnées ont été pris en compte au moyen du logiciel Stata10. Pour mesurer le soutien à l'égard des politiques relatives à la vente et au prix des cigarettes et à l'interdiction de l'usage du tabac, nous avons regroupé les catégories « tout à fait d'accord » et « plutôt d'accord » et nous avons procédé de la même façon pour mesurer la méfiance à l'égard des compagnies de tabac en regroupant les catégories « disent rarement la vérité » et « ne disent jamais la vérité ». Nous avons eu recours à des tests F fondés sur un plan pour comparer les jeunes (enquête de 2001) aux adultes, et les jeunes entre eux dans les enquêtes de 2001 et 200311. Nous avons également comparé les jeunes et les adultes dans les sous-populations de fumeurs. Enfin, nous avons comparé les adultes aux élèves de chaque niveau scolaire, de la 7e à la 12e années. En raison des multiples tests effectués, nous avons fixé un niveau de signification statistique stricte de p 0,01. RésultatsPolitiques relatives à la vente et au prix des cigarettesDans l'ensemble, les jeunes vivant en Ontaro étaient plus favorables que les adultes à l'augmentation du prix des cigarettes et à la restriction de la vente de ces produits (tableau I). Les jeunes qui ne fumaient pas étaient davantage en faveur de ces mesures que les non-fumeurs adultes. Nous n'avons relevé aucune différence entre les sous-groupes de fumeurs. Les élèves de la 7e à la 9e années étaient davantage en faveur des mesures relatives à la vente et au prix des cigarettes que les adultes, alors que les élèves de la 10e à la 12e années avaient des attitudes qui se rapprochaient de celles des adultes (tableau 2).
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TABLEAU 1
TABLEAU 2
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Interdiction de l'usage du tabacDans l'ensemble les jeunes étaient proportionnellement plus nombreux que les adultes à être d'accord avec l'interdiction par le gouvernement de l'usage du tabac (tableau 1). Qu'ils soient non-fumeurs ou fumeurs actuels, les jeunes étaient aussi davantage enclins à être en faveur d'une telle mesure, mais non les fumeurs quotidiens. L'appui envers cette mesure était plus élevé chez les jeunes de tous les niveaux scolaires que chez les adultes (tableau 2). Méfiance à l'endroit des compagnies de tabacDans l'ensemble, les jeunes, qu'ils soient fumeurs ou non, étaient moins méfiants à l'égard des compagnies de tabac que leurs homologues adultes (tableau 1). Cette différence était également observée dans tous les niveaux scolaires (tableau 2). Attitudes des jeunes en 2001 et 2003Des jeunes sondés en 2003 étaient davantage en faveur d'une interdiction par le gouvernement de l'usage du tabac et étaient plus méfiants à l'endroit des compagnies de tabac, que les jeunes sondés en 2001 (tableau 3). L'augmentation de l'appui à une réduction du nombre de points de vente de cigarettes au cours de la période de deux ans était quasi significative (p = 0,014). TABLEAU 3
AnalyseDans l'ensemble, nous avons noté que les jeunes étaient davantage favorables à la restriction de la vente et à l'augmentation du prix des cigarettes que les adultes. Les non-fumeurs et les élèves les plus jeunes, en particulier, étaient proportionnellement plus favorables à ces mesures. En outre, l'appui général des jeunes en faveur de la restriction de la vente de cigarettes a augmenté entre 2001 et 2003. Nous n'avons toutefois pas observé un appui plus élevé à l'égard de ces mesures chez les élèves plus âgés que chez les adultes. Il serait de bonne augure pour l'acceptabilité future de ces mesures de lutte contre le tabac que les différences observées persistent lorsque les jeunes arrivent à l'âge adulte. Il faudra continuer de surveiller les attitudes des jeunes pour déterminer s'ils continuent d'être favorables à ces mesures en vieillissant. D'une manière générale, les jeunes étaient aussi plus enclins que les adultes à appuyer l'interdiction par le gouvernement de l'usage du tabac, et le degré d'appui parmi les jeunes a augmenté entre 2001 et 2003. Cette évaluation pourrait fournir une indication de l'inacceptabilité sociale croissante du tabagisme et, si tel est le cas, ces résultats sont encourageants12. Le degré inférieur de méfiance observé à l'égard de l'industrie du tabac chez l'ensemble des jeunes et dans tous les sous-groupes, comparativement aux adultes, mérite peut-être qu'on s'y attarde. Encore une fois, il est impossible de déterminer avec certitude si ces jeunes peuvent « acquérir » un scepticisme à l'endroit de l'industrie en vieillissant; la ventilation selon le niveau scolaire n'a pas mis en évidence une augmentation de la méfiance avec l'augmentation du niveau scolaire, ce qui indique qu'un degré de méfiance inférieur n'était pas observé uniquement chez les plus jeunes. Signalons toutefois que les jeunes sondés en 2003 étaient plus méfiants à l'égard de l'industrie du tabac que les jeunes sondés deux ans auparavant. Il y a lieu de continuer de surveiller les attitudes des jeunes à l'égard de l'industrie du tabac. Il semble que les programmes de lutte contre le tabagisme qui intègrent une stratégie de dénormalisation de l'industrie du tabac sont un moyen efficace de réduire l'usage du tabac chez les jeunes13-17. En Ontario1,2 et ailleurs18-20, les non-fumeurs adultes sont plus favorables aux mesures de lutte contre le tabagisme que les fumeurs. Cette tendance est également observée chez les jeunes, les non-fumeurs apparaissant particulière-ment favorables aux mesures de lutte contre le tabagisme. Cette étude comporte certaines limites. Seuls les élèves qui étaient inscrits dans les écoles et étaient présents le jour du sondage ont été échantillonnés. Ainsi, les opinions des décrocheurs et des absents n'ont pas été prises en compte. Il est possible que ces jeunes soient à risque accru en ce qui concerne l'usage du tabac et moins favorables aux mesures de lutte contre le tabagisme7-21. En outre, les sondages réalisés auprès des jeunes et des adultes utilisaient des méthodes de collecte de données différentes : soit un sondage écrit en classe et un sondage téléphonique à la maison, respectivement. Cette différence pourrait réduire la comparabilité des résultats. De plus, les concepts explorés, en particulier la dénormalisation de l'industrie du tabac et l'inacceptabilité sociale du tabagisme sont complexes. Rien ne garantit qu'ils puissent être examinés adéquatement au moyen d'une seule question. Dans une étude réalisée auprès des adultes en Ontario concernant l'industrie du tabac et ses produits, la méfiance à l'égard de l'industrie n'était qu'une des huit mesures qui constituaient une échelle fiable de la dénormalisation de l'industrie du tabac22. De toute évidence, les résultats de la présente étude ne fournissent qu'une indication préliminaire des attitudes des jeunes à l'égard du tabagisme et de l'industrie du tabac. Il faudrait explorer plus à fond ces concepts chez les jeunes. RemerciementsNous souhaitons remercier le Dr Edward Adlaf, du Centre de toxicomanie et de santé mentale, de son aide en ce qui concerne les Sondages sur la consommation de drogues parmi les élèves de l'Ontario et Bo Zhang qui a fourni une assistance technique. Cette recherche a été réalisée grâce à l'appui de l'Unité de recherche sur le tabac de l'Ontario et du Centre de toxicomanie et de santé mentale. Références
Coordonnées des auteurs Bronwen J Waller, Unité de recherche sur le tabac de l'Ontario, University of Toronto, Toronto (Ontario) Canada Joanna E Cohen, Mary Jane Ashley, Unité de recherche sur le tabac de l'Ontario et Department of Public Health Sciences, University of Toronto, Toronto (Ontario) Canada Correspondance : Joanna Cohen, Unité de recherche sur le tabac de l'Ontario. University of Toronto, 33 Russell Street, Toronto (Ontario) M5S 2S1; télécopieur : (416) 595-6068; courriel : joanna_cohen@camh.net
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Dernière mise à jour : 2005-01-28 | ![]() |