Volume 24-11
1er juin 1998
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des matières]
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Notes internationales
Progrès réalisés vers l'élimination de la rougeole dans les Amériques
Programme élargi de vaccination de l'OMS
En 1994, les pays de la Région des Amériques de l'OMS se sont fixé pour
but d'éliminer la rougeole d'ici l'an 2000. C'est à cette fin que l'Organisation
panaméricaine de la Santé (OPS) a élaboré une stratégie d'élimination
de la rougeole.
Cette stratégie vise à obtenir et à maintenir un degré élevé d'immunité
antirougeoleuse chez les nourrissons et les enfants et à rechercher toutes
les voies de transmission du virus rougeoleux grâce à une surveillance
attentive. Cette stratégie préconise des opérations de vaccination en
trois temps. Premièrement, on procédera à une vaccination de «rattrapage»
en une fois visant à vacciner tous les enfants âgés de 9 mois à 14 ans,
qu'ils aient eu ou non la rougeole et qu'ils aient été vaccinés ou non.
Deuxième- ment, on cherchera à renforcer l'immunisation des nourrissons
à l'aide des services de vaccination de routine («mise à jour des vaccinations»)
de façon à interrompre définitivement la circulation du virus rougeoleux.
Si l'on parvient à obtenir un fort taux de couverture vaccinale et à le
maintenir, le risque pour un nourrisson d'être exposé au virus rougeoleux
sera faible, et l'âge de la vaccination rougeoleuse pourra sans danger
être porté de 9 à 12 mois, permettant ainsi d'augmenter l'efficacité du
vaccin. Ainsi, on s'efforcera d'obtenir un taux de couverture vaccinale
de 90 % dans chacune des cohortes successives constituées d'après
la date de naissance. Troisièmement, on mènera des campagnes de vaccination
de «suivi», ciblées sur les enfants de 1 à 4 ans. En effet, l'efficacité
du vaccin antirougeoleux n'atteint pas 100 % et il est rare d'obtenir
une couverture vaccinale totale - le nombre de nourrissons et d'enfants
sensibles va donc s'accroître avec le temps, majorant le risque d'une
flambée de rougeole en cas de réintroduction du virus. L'intervalle séparant
chaque campagne de «suivi» est en fonction de la couverture vaccinale
obtenue par les services habituels de vaccination, mais en pratique de
4 ans au maximum.
La surveillance est un élément capital de la stratégie d'élimination
de la rougeole de l'OPS. Dans toute la Région, les efforts ont été axés
sur l'amélioration de la surveillance, notamment en instituant l'étude
au laboratoire des cas présumés de rougeole.
Tous les pays de la Région, à l'exception des États-Unis d'Amérique et
de plusieurs territoires français et néerlandais des Caraïbes, ont mené
sous une forme ou sous une autre des campagnes de vaccination de «rattrapage»,
entre 1987 et 1994; la couverture atteinte pendant ces campagnes a été
de 94 % au niveau de la région, et se situait entre 71 % et
99 % selon les pays. De plus, la couverture vaccinale des nourrissons
s'est progressivement accrue, passant de 42 % en 1980 à 86 %
en 1996. En 1996, sur 47 pays ou territoires de la Région, 27 (57 %)
ont atteint une couverture d'au moins 90 % grâce aux services de
vaccination de routine et seulement 5 (11 %) avaient une couverture de
moins de 80 %. Depuis 1994, 26 des 47 pays ou territoires (55 %)
ont également mené des campagnes de vaccination de suivi.
Suite à la mise en oeuvre des stratégies décrites plus haut, on a observé
un recule sensible du nombre annuel de cas de rougeole rapportés dans
la Région. En 1996, le chiffre sans précédent de 2 109 cas confirmés de
rougeole seulement a été rapporté pour les Amériques. Sur les 47 pays
ou territoires qui transmettent chaque semaine des données sur la surveillance
de la rougeole à l'OPS, 29 (61 %) n'ont eu aucun cas confirmé de
rougeole et 38 (80 %) ont rapporté 10 cas ou moins. En 1996, la circulation
du virus rougeoleux était interrompue dans la majeure partie de la Région.
Toutefois, 1997 a vu la résurgence de la maladie, en particulier dans
l'État de São Paulo au Brésil. Les données provisoires dont disposait
l'OPS jusqu'en février 1998 indiquent un total de 88 485 cas présumés
de rougeole dans les Amériques; 27 635 d'entre eux (31 %) ont
été confirmés, 33 120 (37 %) éliminés, et 27 730 (31 %)
sont encore à l'étude.
Sur l'ensemble des cas confirmés, 26 919 (97 %) ont été confirmés
par des tests de laboratoire ou par un lien épidémiologique avec un cas
confirmé au laboratoire et 716 (3 %) ne l'ont été que d'après les
symptômes cliniques, sans analyse de laboratoire. Le Brésil (26 348 cas
confirmés) et le Canada (570 cas confirmés) comptent à eux seuls 97 %
du nombre total de cas confirmés dans la Région. Parmi les autres pays
ayant notifié > 10 cas confirmés de rougeole en 1997, on citera les
États-Unis (135 cas), le Paraguay (198 cas), la Guadeloupe (116 cas),
l'Argentine (96 cas), le Chili (59 cas), le Venezuela (27 cas) et le Costa
Rica (15 cas). Sur l'ensemble des cas confirmés notifiés par le Brésil,
20 186 (77 %) l'ont été dans l'État de São Paulo, le
seul État n'ayant pas mené une campagne de vaccination antirougeoleuse
de «suivi» en 1995. Lors de cette flambée, la plupart des cas se sont
déclarés chez des personnes vivant dans la zone métropolitaine du grand
São Paulo. Sur les 19 322 cas confirmés notifiés dans l'État
de São Paulo pour lesquels l'âge des patients était connu, 9 938
(51 %) ont touché les 20 à 29 ans. Les taux d'incidence par âge les plus
élevés ont été rapportés chez les nourrissons de < 1 an (456 cas pour
100 000), les jeunes adultes de 20 à 29 ans (156 cas pour 100 000) et
les enfants de 1 à 4 ans (45 cas pour 100 000). On a rapporté
20 décès par rougeole; 17 (85 %) sont survenus chez des enfants de
< 1 an. On procède actuellement à une étude épidémiologique détaillée
afin de déterminer quels ont été les facteurs de risque spécifiques de
la rougeole à São Paulo.
Le Canada a notifié au total 570 cas de rougeole confirmés en 1997. Une
importante flambée de plus de 300 cas s'est produite dans une université
de la Colombie-Britannique. La plupart des cas ont touché des jeunes adultes
ayant été précédemment vaccinés par une dose de vaccin antirougeoleux.
L'analyse génomique du virus isolé chez certains malades au cours de cette
flambée laisse à penser que le virus ayant circulé en Colombie-Britannique
avait été importé d'Europe. Ce virus a gagné la province voisine d'Alberta,
ou 245 cas ont été notifiés; la plupart ont touché des enfants d'âge scolaire
ayant précédemment reçu une dose de vaccin antirougeoleux.
En 1997, les États-Unis ont notifié un total provisoire de 135 cas de
rougeole confirmés. II s'agit là du nombre de cas le plus faible jamais
notifié, qui représente moins de la moitié de l'incidence la plus faible
précédemment enregistrée, à savoir 309 cas en 1995. Durant 8 semaines,
aucun cas autochtone de rougeole n'a été notifié, ce qui indique une interruption
de la transmission de la maladie pendant cette période. Cinquante-sept
des cas notifiés (42 %) ont été provoqués par des virus importés, principalement
d'Europe et d'Asie.
Source : Relevé épidémiologique hebdomadaire de l'OMS, Vol
73, no 12, 1998.
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