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Office de la santé publique du Canada
Relevé des maladies transmissibles au Canada

Volume 23-02
15 janvier 1997

[Table des matières]

ÉPIDÉMIOLOGIE DES OREILLONS AU QUÉBEC DE 1970 À 1995

En 1995, dans le cadre des programmes de lutte contre la rougeole, le Conseil consultatif national en immunisation a émis la recommandation d'utiliser idéalement le vaccin trivalent rougeole-rubéole-oreillons (RRO) lors de la deuxième vaccination contre la rougeole (1) . Cependant, lors de la conférence de consensus sur la rubéole et les oreillons, il s'était avéré que les oreillons étaient considérées comme une maladie ayant un très faible niveau de priorité et un programme à une seule dose de vaccin semble acceptable (2) . La nécessité d'une deuxième dose de vaccin oreillons reste donc un sujet à controverse et il est utile de revoir l'épidémiologie récente des oreillons.

Nous présenterons les données sur la couverture vaccinale ainsi que celles tirées des différents fichiers contenant des données épidémiologiques pour la période 1970 à 1995.

Couverture vaccinale

Le vaccin des oreillons a été introduit dans le programme de vaccination régulière des enfants du Québec en 1976, lors de l'homologation du vaccin trivalent RRO. Il n'existe aucune étude extensive de la couverture vaccinale couvrant toutes les cohortes de naissance depuis 1970. Elle a donc été estimée en faisant une synthèse des données provenant des études transversales de couverture vaccinale recensées dans la province (3) . Dans la figure 1, on peut voir que la couverture vaccinale s'est rapidement élevée dès 1976 et sest maintenue à 95 % et plus depuis 1980.

Données épidémiologiques

Au Québec, il existe trois sources dinformation permettant de connaître l'épidémiologie des oreillons : le système de surveillance des maladies à déclaration obligatoire (MADO), le fichier informatisé d'hospitalisation (Med-Écho) commencé en 1981 et le programme canadien de surveillance des virus (PCSV) commencé en 1970.

Figure 1
Couverture vaccinale pour le vaccin des oreillons par cohorte de naissance de 1973 à 1990
Couverture vaccinale pour le vaccin des oreillons par cohorte de naissance de 1973 à 1990

MADO

Bien que les oreillons ne soient devenues une maladie à déclaration obligatoire qu'en 1986, le ministère de la santé a aussi recueilli des données sur cette maladie pour toute la période étudiée sauf pour les années 1984 et 1985 (tableau 1).

Tableau 1
Nombre de cas rapporté par le PCSV, par le fichier Med-Écho et par le MADO
Année PCSV Med-Écho MADO
1970 19 4010
1971 37 1943
1972 18 116
1973 73 6858
1974 80 5801
1975 27 1140
1976 31 1492
1977 53 2766
1978 28 1043
1979 4 117
1980 1 111
1981 4 3 78
1982 6 7 71
1983 2 13 69
1984 5 8 N/A
1985 13 4 N/A
1986 29 4 2
1987 6 20 12
1988 9 9 125
1989 1 11 377
1990 3 4 56
1991 3 4 60
1992 4 5 57
1993 1 7 79
1994 15 9 83
1995 10 1* 73
* donnée au 31 mars 1995

Entre 1980 et 1985, une seule épidémie importante a été rapportée. Cette épidémie impliquant 440 cas est survenue entre novembre 1988 et juillet 1989 à Rivière-du-Loup et ses environs dans la région du Bas St-Laurent. Tous les cas rapportés à l'unité de santé publique correspondaient à la définition clinique habituelle soit une parotidite durant au moins 2 jours. Le cas index était un adolescent de 13 ans qui a présenté une parotidite au début novembre 1988 et chez qui le diagnostic d'oreillons a été confirmé par sérologie. Il fréquentait une école secondaire de 1 682 étudiants chez qui la couverture vaccinale était de 48 % avant le début de l'épidémie. Dès la confirmation sérologique du cas-index, une campagne de vaccination a été amorcée et 632 enfants ont reçu le vaccin RRO pour une couverture globale de 85 %.

Au total, 215 cas sont survenus dans cette école entre novembre 1988 et juillet 1989. Le taux d'attaque chez les non vaccinés était de 26 % (64/244) alors qu'il était de 7 % (54/806) chez les élèves vaccinés avant l'épidémie et de 14 % (88/632) chez ceux vaccinés après la découverte du cas index. La courbe épidémique pour l'ensemble de la région montre que la majorité des cas sont survenus rapidement après la découverte du cas index mais que par la suite, la transmission s'est étalée sur plusieurs mois, les oreillons se propageant aux écoles des villages et municipalités avoisinantes (figure 2). Là encore on a dû procéder à certaines vaccinations pour diminuer l'ampleur de l'épidémie. La distribution des 440 cas selon l'âge montre que les oreillons ont touché surtout les 15 à 19 ans (58 %), puis les 10 à 14 ans (22 %) puis les 20 à 24 ans (13 %). Parmi ces cas, 25 ont subi des complications : 20 orchites, 2 ovarite, 1 otite, 1 perte auditive unilatérale totale. Enfin, un adolescent a été hospitalisé pour une encéphalite et une pancréatite et a lui aussi eu pour séquelle une perte auditive unilatérale.

Malgré le nombre important de cas observé durant cette épidémie, il ne s'est pas produit de dissémination de la maladie dans le reste de la province et aucune autre épidémie d'importance n'a été signalée par la suite. Depuis 1990, année où le système MADO est devenu informatisé et où plus d'information a été recueillie, le nombre de cas a varié de 56 à 78 par année. Le groupe d'âge le plus touché est celui des 5 à 9 ans, suivi des 1 à 4 ans et des 10 à 14 ans. Moins de 10% des cas inscrits dans MADO depuis 1990 sont confirmés par culture ou sérologie. Le statut vaccinal des cas est rarement connu.

Med-Écho

Entre 1981 et 1995, il y a eu 109 personnes hospitalisées avec un diagnostic principal d'oreillons (Classification internationale des maladies code 072) dont 63 % étaient des hommes. La majorité des cas avaient >= 20 ans (38 %) suivis par les 0 à 4 ans (22 %), les 5 à 9 ans (15 %), les 10 à 14 ans (15 %) et les 15 à 19 ans (10 %). La majorité des cas n'avait aucune complication (68 %), alors qu'on retrouvait une méningite ou une encéphalite chez 17 % des cas, une orchite chez 13 % des malades, et 6 % avaient d'autres complications non précisées. Aucun pic correspondant à d'importantes épidémies n'est observé à partir des données de ce fichier.

Figure 2
Courbe épidémique, oreillons, Rivière-du-Loup
Epidemic curve, mumps, Rivière-du-Loup

PCSV

Dans le cadre du PCSV, les laboratoires participants envoient des rapports annuels des cas confirmés d'oreillons soit par sérologie ou par culture virale. Au Québec, les quatre laboratoires qui confirment des diagnostic d'oreillons (Hôpital pour enfants de Montréal, Hôpital Royal Victoria, Hôpital Ste-Justine et le Laboratoire régional de virologie de l'Université Laval) participent à ce programme. Les données du PCSV montrent que le nombre de confirmation d'oreillons était en moyenne de 40 par année entre 1970 et 1978. Par la suite, la moyenne de cas confirmés était de sept par année bien que l'on note un pic de 29 cas en 1986 (tableau 1).

Discussion

L'examen des différentes sources d'information disponibles concernant les oreillons montre que depuis le début des années 80, la couverture vaccinale s'est établie à plus de 95 % et qu'il n'y a eu qu'une seule épidémie importante. Cette épidémie présentait les même caractéristiques que celles observées au milieu des années 80 aux États-Unis où les cas apparaissaient dans les écoles secondaires chez les sujets non vaccinés nés dans les années précédant l'introduction du vaccin (3) . Figure 2 Epidemic curve, mumps, Rivière-du-Loup Courbe épidémique, oreillons, Rivière-du-Loup

Le fichier MADO qui fournit le plus grand nombre de cas reste néanmoins peu sensible. De plus, la majorité des cas recensés (> 90 %) dans ce fichier sont des cas cliniques, ce qui pose un problème de spécificité important. En effet, dans une série de 20 cas de parotidite survenue chez des sujets vaccinés, Brunell avait montré que seulement 8 étaient réellement dus aux oreillons (4) . Compte tenu de la forte couverture vaccinale et de la faible incidence actuelle des oreillons, il est probable que la valeur prédictive positive d'un diagnostic basé uniquement sur la présence d'une parotidite soit faible et que plusieurs des cas cliniques rapportés ne soient pas des oreillons (5) .

Par ailleurs, le fichier Med-Écho semble démontrer que les oreillons n'entraînent à peu près plus d'hospitalisation. La sensibilité de ce fichier est bonne car l'information sur le diagnostic principal est obligatoire pour toutes les personnes hospitalisées. Cependant, comme ce fichier ne concerne que les personnes hospitalisées, il ne permet pas de connaître précisément l'incidence générale de la maladie dans la communauté. Quant à la spécificité de ce fichier, en théorie, on pourrait croire qu'elle est bonne, mais il est surprenant d'observer que les deux tiers des cas hospitalisés n'ont présenté aucune complication. Il est donc possible que plusieurs hospitalisations attribuées aux oreillons ne soient pas dues à cette maladie.

Enfin le PCSV souffre lui aussi d'un manque de sensibilité pour estimer l'incidence réelle de la maladie dans la communauté, mais la spécificité de ces informations permet de démontrer qu'il continue d'y avoir des cas d'oreillons.

Malgré la faible sensibilité de ces trois fichiers pour déterminer l'incidence réelle des oreillons dans la communauté, il est probable qu'ils détecteraient des épidémies impliquant > 100 cas. L'absence de telles épidémies et le faible nombre de cas observés au Québec suggèrent que la transmission indigène des oreillons est interrompue. Les cas restant sont des cas isolés ne déclenchant pas d'épidémies importantes, contrairement à ce qui s'est passé avec la rougeole.

En conclusion, l'incidence des oreillons au Québec avec le programme actuel à une dose de vaccin est très faible et dans ce contexte, une deuxième dose ne semble pas nécessaire.

Références

  1. Comité consultatif national de l'immunisation. Déclaration supplémentaire sur l'élimination de la rougeole au Canada. RMTC 1996;22:9-15.

  2. LLCM. Conférence de concertation sur les oreillons et la rubéole. RMTC 1994;20:165-76.

  3. Cochi SL, Preblud SR, Oreinstein WA. Perspective on the relative resurgence of mumps in the United States. Am J Dis Child 1988;142:499-507.

  4. Brunell PA, Brickman A, Steinberg S et coll. Parotitis in children who had previously received mumps vaccine. Pediatr 1972;50:441-44.

  5. Gaulin C, De Serres G. Nécessité d'utiliser une définition spécifique d'oreillons dans une population hautement vaccinée. RMTC 1997;23:14-6.

Remerciements

Nous voudrions remercier John Weber pour avoir fourni les données du programme canadien de surveillance des virus ainsi que Manon Côte et Pierre Mercier pour avoir fourni les données Med-Écho. Par ailleurs, nous remercions Bernard Duval pour avoir révisé le manuscrit et Monique Fradet.

Source : G De Serres, PhD; N Boulianne, Msc, Centre de santé publique de Québec, Québec (Québec); N Bussières, RIN; D r B Pouliot, Unité de santé publique du bas St-Laurent, Rivière-du-Loup; A Marin-Lira, PhD, Unité de santé publique de Laval, Laval (Québec).

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