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Agence de santé publique du Canada
Relevé des maladies transmissibles au Canada

Volume 23-02
15 janvier 1997

[Table des matières]

NÉCESSITÉ D'UTILISER UNE DÉFINITION SPÉCIFIQUE D'OREILLONS DANS UNE POPULATION HAUTEMENT VACCINÉE

La définition nosologique des oreillons pour des fins de surveillance au Québec est une parotidite uni ou bilatérale durant > 2 jours accompagnée de fièvre sans autre cause apparente (1) . Cependant, les parotidites qui surviennent chez les sujets vaccinés ont souvent d'autres étiologies que les oreillons (2), . Suite à la déclaration de plusieurs cas de parotidites possiblement dues aux oreillons dans l'agglomération de Québec, le Centre de santé publique de Québec (CSPQ) a mis sur pied un système de surveillance active des parotidites pour évaluer s'il y avait vraiment une éclosion d'oreillons. Cette investigation remet en cause la définition nosologique des oreillons utilisée dans cette province.

Méthodologie

Le 15 avril 1996, le CSPQ a émis un communiqué décrivant la présentation clinique des oreillons et demandant aux infirmières scolaires des écoles où étaient apparus quelques cas et aux médecins de toute la région 03 de nous déclarer tout cas suspect de parotidite. Le communiqué a été transmis par télécopieur à toutes les cliniques médicales possédant cet outil rejoignant ainsi plus de 300 médecins sur les 700 pratiquant sur le territoire. Les autres ont été rejoints par la poste. De plus, les infirmières travaillant au système téléphonique d'assistance santé (Info-santé) pour la population étaient aussi priées de déclarer les cas possibles de parotidites. Par ailleurs, nous avons aussi réévalué les cas de parotidites ou d'oreillons déclarés entre octobre 95 et avril 96. Toutes les personnes affectées avant et après la mise en place de la surveillance active ont été rejoints par téléphone pour recueillir les informations suivantes : l'âge, le sexe, l'occupation, la présence de fièvre et le gonflement uni ou bilatéral de la parotide, le statut vaccinal, la présence dans leur entourage de personnes ayant présenté une parotidite.

Les cas retenus avaient une parotidite uni ou bilatérale durant au moins 2 jours. Ceux-ci ont été évalués en utilisant une définition plus spécifique qui exige que les cas aient soit une sérologie positive ou soit un lien épidémiologique avec un cas confirmé. La confirmation sérologique s'est faite par la recherche d'IgM sur un seul sérum prélevé dans les 2 mois suivant l'apparition des symptômes ou par l'augmentation de quatre fois le titre des IgG dosés en fixation du complément sur des sérums précoce et tardif prélevés à 2 semaines d'intervalle. Les personnes ne répondant pas à cette définition ont été classées comme parotidite non-ourlienne confirmé (PNOC) si leur sérologique était négative et parotidite non-ourlienne (PNOP) s'ils n'avaient pas eu de sérologie.

Résultats

Entre le 15 octobre 1995 et le 25 mai 1996, 28 cas de parotidite d'une durée de >= 2 jours ont été recensés dont 15 avant la mise en place de la surveillance active. Trois des 15 personnes qui ont eu une sérologie étaient positives. Au total, huit cas répondaient à la définition spécifique : les trois cas confirmés auxquels se sont rajoutés cinq sujets qui n'ont pas eu de sérologie mais qui avaient un lien épidémiologique avec les cas confirmés. Parmi ces cas, six étudiaient à une même faculté de l'Université et les deux autres vivaient sous le même toit. Par ailleurs, 12 personnes avaient une PNOC et huit une PNOP (tableau 1). À la différence des parotidites causées par les oreillons, les parotidites non-ourliennes surviennent surtout chez des personnes jeunves (< 20 ans), vaccinées, présentant une parotidite unilatérale et qui ne pouvaient identifier une personne ayant présenté une symptomatologie similaire dans leur entourage (tableau 1).

En assumant que seuls les sujets qui avaient une confirmation sérologique ou un lien épidémiologique avaient fait les oreillons, la sensibilité de la définition de surveillance (parotidite avec fièvre) est de 63 % (5/8) et sa valeur prédictive positive est de 28 % (5/18) (tableau 2).

Tableau 1
Comparaison des caractéristiques des cas d'oreillons et de parotidites non-ourliennes
OREILLONS PAROTIDITES NON-OURLIENNES
VARIABLES
n=8
Sérologie
négative
n=12
Sérologie
non faite
n=8
Total
n=20
GROUPE D'ÂGE
(années)
0-9 ans
0%
8%
0%
5%
10-19 ans
0%
67%
38%
55%
20-29 ans
100%
8%
50%
25%
> 30 ans
0%
17%
13%
15%
STATUT VACCINAL
vacciné
38%
75%
50%
65%
non-vacciné
63%
17%
25%
20%
incertain
0%
8%
25%
15%
SYMPTÔMES
parotidite bilatérale 88% 33% 13% 25%
fièvre 63% 67% 63% 65%

Tableau 2
Comparaison du nombre de cas selon la définition de surveillance (parotidite avec fièvre) et la définition spécifique (confirmée par sérologie ou présence d'un lien épidémiologique)
Confirmation sérologique ou lien épidémiologique
+
-
Total
Fièvre +
5
13
18
Fièvre -
3
7
10
Total
8
20
28

Discussion

Durant cette éclosion, les oreillons ont touché uniquement les personnes âgées de 20 à 29 ans, un groupe d'âge parmi lequel on s'attend de retrouver plusieurs personnes non protégées (3) . Parmi les huit personnes classées comme PNOP, il est possible que certaines d'entre elles aient néanmoins eu les oreillons. Cependant, comme ces cas ont souvent une parotidite unilatérale dans une proportion semblable à celle retrouvée dans les PNOC, il est problable que peu d'entre eux soit des cas d'oreillons.

Cette investigation a porté sur un nombre restreint de cas mais elle soulève la question de la validité de la définition de surveillance dans un contexte de population vaccinée. La faible valeur prédictive positive de cette définition s'explique par la faible prévalence des oreillons dans une population vaccinée et par le fait que d'autres virus comme les entérovirus et les virus influenza peuvent aussi provoquer des parotidites (4)

La surestimation du nombre de cas d'oreillons chez les personnes vaccinées occasionnée par l'utilisation de la définition de surveillance est particulièrement préoccupante à un moment où l'on recherche l'élimination de cette maladie et où l'on discute de la nécessité d'une deuxième dose de vaccin qui ne se justifie que par la présence de nombreux échecs vaccinaux. Dans ce contexte, il semble nécessaire d'utiliser la définition spécifique qui est d'ailleurs déjà utilisée dans d'autres provinces. Il faudra recommander aux médecins d'obtenir une sérologie pour toute personne présentant une parotidite dans un contexte non épidémique.

Références

  1. Direction de la santé publique. Surveillance des maladies à déclaration obligatoire au Québec : définitions nosologiques. Ville de Québec, Québec : Ministère de la santé et de services sociaux du Québec, 1991.

  2. Brunell PA, Brickman A, Steinberg S et coll Parotitis in children who had previously received mumps vaccine. Pediatrics 1972;50:441-44.

  3. De Serres G, Boulianne N, Bussières N et coll. Épidémiologie des oreillons au Québec de 1970 à 1995. RMTC 1997;23:9-13.

  4. Chow AW. Infection of the oral cavity, neck, and head. Dans : Mandel GL, Douglas RG, Bennett JE, éds. Principles and practices of infectious diseases, 3 e éd. New York : Churchill Livingstone, 1990:516-28.

Source : Dre Colette Gaulin, MSc, Dr Gaston DeSerres, PhD, Centre de santé publique de Québec, Québec (Québec).

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Dernière mise à jour : 2002-11-08 début