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Office de la santé publique du Canada
Relevé des maladies transmissibles au Canada

Volume 23-08
15 avril 1997

[Table des matières]

RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES DE SHIGELLA SPP., SALMONELLA SPP. ET YERSINIA SPP., ISOLÉS AU QUÉBEC

Salmonella spp., Shigella spp. et Yersinia spp. sont des bactéries entéropathogènes importantes. Le traitement par les antibiotiques est habituellement indiqué pour les infections dues à Shigella et aux cas graves pour les infections à Salmonella et à Yersinia. D'après des études menées dans plusieurs pays, ces bactéries développent une résistance à certains antibiotiques(1,2) . Les nouvelles quinolones, telles que la ciprofloxacine, se sont révélées efficaces in vitro contre les bactéries entéropathogènes usuelles(3) . Il n'existe pas de données québécoises récentes sur l'antibiorésistance de ces entérobactéries.

Méthodes

Le but de cette étude était de démontrer la sensibilité de 125 souches de Salmonella spp., de 118 souches de Shigella spp. et de 53 souches de Yersenia spp. isolées chez 296 patients, à l'Hôpital Saint-Luc, Montréal, entre 1991 et 1995. La sensibilité à l'ampicilline, au triméthroprime/sulfaméthoxazole (TMP/SMX) et à la ciprofloxacine a été déterminée au moyen de méthodes standardisées de diffusion à partir d'un disque (1991 à 1992) et de dilution en gélose (1993 à 1995)(4) . Vingt pour cent des souches de Salmonella spp. ont été isolées à partir d'hémocultures. Dans un cas, il s'agissait de S. typhi et dans deux autres de S. paratyphi A. Parmi les autres souches, 47 appartenaient au groupe B, 42 au groupe C, 25 au groupe D, cinq au groupe E et une au groupe G, alors que deux souches étaient non sérotypables. Les 118 souches de Shigella étudiées se répartissaient de la façon suivante : S. dysenteriae (une souche), S. flexneri (77 souches), S. boydii (cinq souches) et S. sonnei (35 souches). Une des 53 souches de Yersinia appartenait à l'espèce Y. frederiksenii et les 52 autres souches, à l'espèce Y. enterocolitica.

Le tableau 1 indique le nombre et le pourcentage de souches étudiées qui sont résistantes ou multirésistantes aux antibiotiques testés. Aucune souche de Shigella ou de Salmonella ne présentait une résistance à la ciprofloxacine. De même, aucune souche de Yersinia spp. n'était résistante au TMP/SMX ou à la ciprofloxacine.

Tableau 1
Résistance aux antibiotiques de bactéries entéropathogènes
Shigella spp.
118 souches*
Nbre (%) R**
Salmonella spp.
125 souches*
Nbre (%) R**
Yersinia spp.
53 souches*
Nbre (%) R**
Ampicilline
74 (62,7%)
5 (4%)
49 (92,5%)
TMP/SMX***
31 (26,3%)
1 (0,8%)
0 (0%)
Ciprofloxacine
0 (0%)
0 (0%)
0 (0%)
Ampicilline et TMP/SMX *
19 (16,1%)
1 (0,8%)
0 (0%)
*One strain per patient** Resistance *** Trimethroprime/sulfamethoxazole

Le tableau 2 montre le nombre et le pourcentage de souches de Shigella qui sont résistantes ou multirésistantes à l'ampicilline ou au TMP/SMX. L'unique souche de S. dysenteriae était résistante au TMP/SMX. Une résistance à l'ampicilline et au TMP/SMX a été détectée chez l'une des cinq souches de S. boydii . Les souches de S. flexneri étaient beaucoup plus résistantes à l'ampicilline que celles de S. sonnei, dans des proportions de 79,2 % et de 34,3 %, respectivement (p = 0,0000037). Les souches de S. sonnei affichaient une résistance beaucoup plus grande au TMP/SMX que celles de S. flexneri, dans des proportions de 42,9 % et de 18,2 %, respectivement (p = 0,0057). La résistance à l'ampicilline et au TMP/SMX a été observée dans 13 % et 22,9 % des souches de S. flexneri et de S. sonnei, respectivement.

Tableau 2
Résistance aux antibiotiques de Shigella
Ampicilline
TMP/SMX***
Ampicilline et TMP/SMX
S. dysenteriae
1 souche*
Nbre (%) R**
0
1
0
S. flexneri
77 souches*
Nbre (%) R**
61 (79.2%)a)
14 (18.2%)
10 (13%)
S. boydii
5 souches*
Nbre (%) R**
1 (20%)
1 (20%)
1 (20%)
S. sonnei
35 souches*
Nbre. (%) R**
12 (34.3%)
15 (42.9%)b)
8 (22.9%)
Total
118 souches*
Nbre (%) R**
74 (62.7%)
31 (26.3%)
19 (16.1%)

* Une souche par patient ** Résistance *** Triméthoprime/sulfaméthoxazole
a)
p = 0,0000037
b)
p = 0,0057 (test du chi-carré)

Analyse

Dans une étude ontarienne de 598 souches de Shigella isolées en 1990, entre 39 % et 89 % des différentes espèces étaient résistantes à l'ampicilline et entre 27 % et 38 %, au TMP/SMX(5) . Aucune souche n'était résistante à la ciprofloxacine. Dans une étude américaine portant sur 798 souches de Salmonella isolées en 1989 et 1990, 13 % étaient résistantes à l'ampicilline, 15 % au TMP/SMX et 0 % à la ciprofloxacine(6) . Selon les études, les souches de Yersinia spp. sont habituellement résistantes à l'ampicilline, mais sont sensibles au TMP/SMX et à la ciprofloxacine(7) .

Dans la présente étude, tout comme dans une étude antérieure(3) , il a été constaté que Shigella spp., Salmonella spp. et Yersinia spp. n'étaient pas résistantes à la ciprofloxacine. Par ailleurs, une proportion élevée de souches de Shigella, mais une proportion relativement faible de Salmonella présentaient une résistance à l'ampicilline, au TMP/SMX, ou à ces deux antibiotiques. Les souches de S. flexneri étaient beaucoup plus résistantes à l'ampicilline, mais beaucoup moins résistantes au TMP/SMX que celles de S. sonnei. La majorité des souches de Yersinia étaient résistantes à l'ampicilline, mais aucune n'était résistante au TMP/SMX ni à la ciprofloxacine. Une surveillance continue de la sensibilité aux antibiotiques s'avère essentielle si l'on veut suivre l'évolution des profils de sensibilité et déterminer les antibiotiques pouvant être utiles au traitement de ces infections bactériennes.

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier le personnel des secteurs de bactériologie aérobie et d'étude de la sensibilité du Laboratoire de microbiologie médicale pour leur précieuse collaboration.

Références

  1. Miller SI, Hohmann EL, Pegues DA. Salmonella (including Salmonella typhi). Dans : Mandell GL, Bennett JE, Dolin R, éds. Principles and practice of infectious diseases. 4e éd. New York : Churchill Livingstone, 1995:2013-32.

  2. Dupont HL. Shigella species (Bacillary dysentery). Ibid:2033-45.

  3. Turgeon PL, Gaudreau CL, Mantha R. Comparative in vitro activity of four quinolones and four other agents against enteropathogens. Cur Ther Res 1987:41:584-88.

  4. National Committee for Clinical Laboratory Standards. Development of in vitro susceptibility testing criteria and quality control parameters. 4e éd. Norme approuvée. Villanova, P.A. : National Committee for Clinical Laboratory Standards, 1994. NCCLS Document No. M23-A.

  5. Harnett N. Sensibilité aux antimicrobiens des espèces de Shigella isolées en Ontario en 1990. RHMC 1991;17:275-77.

  6. Lee LA, Puhr ND, Bean NH et coll. Antimicrobial resistance of Salmonella isolated from patients in the United States, 1989-1990. Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy 1991;186. Abstract 523.

  7. Butler T. Yersinia species (including plague). Dans : Mandell GL, Bennett JE, Dolin R, éds. Principles and practice of infectious diseases. 4e éd. New York : Churchill Livingstone, 1995:2070-84.

Source : Dr C Gaudreau, Dr P Turgeon, Service de microbiologie médicale et des maladies infectieuses, Hôpital Saint-Luc, Montréal (Qc).

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Dernière mise à jour : 2002-11-08 début